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Denez Prigent, le poète chantre de la Bretagne
Il n’avait plus sorti d’album depuis douze ans, se produisant uniquement sur scène.
Cette année 2015 a sonné le retour du chanteur breton Denez Prigent. Sorti en
avril dernier, son 7e album Ul Liorzh Vuzhudus (An enchanting garden) est réédité
en édition limitée. Découverte.
Il porte haut et fort la musique bretonne depuis plus de deux décennies maintenant. À 49
ans, Denez Prigent n’a pas changé. Il reste fidèle à ses racines. Vingt-deux ans après la
sortie de son premier album Ar gouriz koar (traduisez « La ceinture de cire »), l’artiste reste
l’un des plus fervents défenseur de « sa » culture et surtout de « sa » langue bretonne. Un
militant ! Comme un symbole, pour son 7e album sorti au printemps dernier, fini le label
Barclay qui produisait et distribuait jusque-là ses disques. Place à la société de diffusion
Coop Breizh, basé à Spézet, une petite commune du Centre Bretagne !
Originaire du Trégor, dans le nord du Finistère, l’artiste y vit depuis toujours « dans la
campagne, à deux pas de la mer et entouré de vieilles pierres protectrices, de vieux
monastères, loin des quatre-voies, des grandes antennes-relais… », raconte-t-il. C’est sa
source d’inspiration. C’est là qu’il donne vie en musique aux gwerzioù qui composent
essentiellement ses albums. Un gwerz est un chant breton qui raconte une histoire se
rapprochant de la légende, souvent triste et mélancolique. Ce chant poétique « pouvant
aller jusqu’à 60 ou 80 couplets » se transmet de génération en génération depuis le Ve siècle
!
Son dernier clip mis en ligne le 11 décembre 2015.
« Je déteste m’enfermer dans une boite »
Dans les années 90, Denez Prigent a contribué à renouveler le monde de la musique
bretonne pour la sortir de son image folklorique, souvent moquée à grand renfort de clichés.
« Le folklore, c’est la mort », déclarait-il à l’époque. Pour son deuxième album notamment,
Me’zalc’h ennon ur fulenn aour (« Je garde en moi une étincelle d’or »), il mêle ses textes
poétiques avec des sons électroniques.
À travers des collaborations riches et variées, il s’essaye ensuite à d’autres styles, telle la
musique classique, se faisant accompagner d’un orchestre philharmonique. Avec la
réédition de son dernier album, il s’attaque cette fois au hip-hop. Quatre titres bonus ont en
effet été remixés par James Digger, alias Arnaud Herry, un musicien DJ et arrangeur breton,
lui aussi originaire du Finistère ; ce dernier a une telle réputation qu’il est très souvent
amené à travailler avec les artistes hip-hop aux États-Unis. Ouvrant la voie à une
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Denez Prigent, le poète chantre de la Bretagne
collaboration avec Masta Ace, un grand nom du rap US, sur le titre « Ar biniou skornet ». «
J’avais du hip-hop une mauvaise image à cause du rap commercial et caricatural que l’on
peut voir, avoue Denez Prigent. Mais tout ça n’est qu’une récupération. J’ai découvert
beaucoup de similitudes avec ma musique, dans la répétition des textes, la rythmique ou le
côté revendicatif. Masta Ace nous a envoyé un superbe flow avec des paroles positives, que
l’on a couplé en chœur avec ma voix ». Le tout réenregistré en dix minutes puis mixé en
trois semaines.
« Bretonniser » les musiques du monde
« Je ne vois la musique que comme des rencontres, explique-t-il. La Bretagne est ouverte sur
la mer du nord au sud ! Les Bretons ont toujours été des voyageurs aimant partir, pour
mieux revenir ensuite ». Sur scène, les musiciens qui l’entourent s’inspirent des musiques
du monde sur des thèmes celtiques, slaves, grecs ou yiddish, avec l’utilisation du duduk,
sorte de flûte originaire d’Arménie. « J’aime trouver puis utiliser des instruments d’ailleurs
qui se « bretonnisent » au contact de ma voix. C’est le sens de la musique. D’ailleurs, la
bombarde, qui est aujourd’hui l’emblème de la musique bretonne, n’est rien d’autre à
l’origine qu’un instrument oriental arrivé chez nous par les croisades ! C’est comme ça, tout
se mélange. »
Une musique qui n’a pas peur d’intégrer des influences slaves et orientales.
« Le Bob Dylan armoricain »
Après un concert à l’Alhambra (Paris) le 9 décembre dernier, Denez Prigent sera à nouveau
sur scène début 2016. Cinq dates sont prévues dans les zéniths de l’Ouest, dans le cadre des
Nuits de la Bretagne, pour celui que la presse bretonne surnomme le « Bob Dylan
armoricain » depuis un de ses concerts, en novembre dernier, à Quimper : « Sûrement pour
mes cheveux, s’amuse-t-il. Je ne les avais pas coupé depuis un moment ».
Xavier GRIMAULT
*Denez, Ul Liorzh Vuzhudus (An enchanting garden) disponible en édition limitée double-cds
+ remix 4 titres.
*En concert dans les cadres des Nuits de la Bretagne le 9 janvier 2016 au zénith de Nantes,
le 15 janvier au Mans, le 16 janvier au zénith de Caen… Toutes les dates sur son site
personnel.
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Pour finir, l’un de ses plus grands succès : « Gortoz A Ran », avec Lisa Gerrard.
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