Dossier Pédagogique / Mahlermania

Transcription

Dossier Pédagogique / Mahlermania
Fiche pédagogique
© Antonella Travascio
Malhermania
Fantaisie scénique sur des transcriptions de Lieder de mouvements
symphoniques de Gustav Mahler
Direction musicale Moritz Gnann
Mise en scène Nicola Hümpel
Contact: Anne Marguerin
Chargée des actions pédagogiques
7 rue du Docteur Rambert
76000 Rouen
02 35 98 50 98
[email protected]
Production du Deutsche Oper Berlin avec Nico and The Navigators
Co-accueil Opéra de Rouen Haute Normandie, Festival Automne en
Normandie
Informations générales
Malhermania
Fantaisie scénique - Théâtre musical
Spectacle en allemand surtitré en français
Vendredi 6 décembre à 20h > Théâtre des Arts
Samedi 7 décembre à 19h30 > Théâtre des Arts
Durée : 1h45, sans entracte
Pour préparer votre venue
Nous sommes très heureux de vous accueillir à l’Opéra de Rouen Haute-Normandie.
Ce dossier pédagogique a été rédigé par Alexis Pelletier, professeur de lettres modernes missionné par le Rectorat. Les informations et les pistes
proposées pour approfondir le travail en classe vous aideront à préparer votre venue avec les élèves. Tous les éléments de ce dossier sont mis à
disposition à des fins purement pédagogiques. Nous nous tenons à votre disposition pour toute information complémentaire. N’hésitez pas à nous
envoyer tous types de retours et de témoignages des élèves à propos du spectacle.
Conditions générales
● Pour les séances scolaires, le placement se fait en fonction du niveau de classe afin d’offrir à tous la meilleure visibilité. Nous vous remercions
de respecter les places qui vous seront proposées par notre personnel d’accueil.
● N’oubliez pas de nous prévenir bien en amont si vous avez besoin de places supplémentaires.
● Les élèves sont sous la responsabilité des enseignants et des accompagnateurs. Nous vous remercions de rester près d’eux afin de veiller à la
bonne écoute du spectacle et au respect de tous.
Pour profiter au maximum du spectacle, voici quelques recommandations à destination des élèves
● Le spectacle commence à l’heure indiquée. Nous vous remercions d’arriver 30 minutes avant le début du spectacle afin d’avoir le temps de vous
installer en salle.
● Les boissons et nourritures sont à consommer dans le foyer bar et non dans la salle.
● Les photographies ainsi que tout type d’enregistrements sont interdits.
● N’oubliez pas de rallumer vos téléphones portables à la sortie du spectacle. Les SMS et jeux pourront attendre la fin de la représentation.
● N’hésitez pas à échanger vos avis pendant les entractes ou à la sortie mais pas pendant le spectacle.
Nous vous souhaitons une très bonne représentation !
Anne Marguerin
Malhermania- Fiche pédagogique
I) Présentation
Le spectacle Mahlermania propose du théâtre musical à partir d’œuvres de Gustav Mahler,
transcrites pour petit ensemble. Il associe du théâtre, de la danse et de la musique qui
évoque d’une manière plus ou moins fictive la vie de Gustav Mahler. L’ensemble est appelé
Fantaisie scénique par le metteur en scène.
© D.R.
© Antonella Travascio
La distribution est la suivante :
Direction musicale > Moritz Gnann
Mise en scène > Nicola Hümpel
Scénographie > Oliver Proske
Costumes > Frauke Ritter
Dramaturgie > Jörg Königsdorf
Mezzo-soprano > Katarina Bradic
Baryton > Simon Pauly
Danseurs > Patric Schott, Annedore Kleist, Anna-Luise Recke, Ioannis Avakoumidis, Franz
Willens (NB: Ce sont les danseurs qui ont réglé eux-mêmes la chorégraphie.)
L’Orchestre de l’Opéra de Rouen Haute-Normandie
L’orchestre se compose des cordes (premiers et seconds violons, altos, violoncelles et
contrebasses) auxquels s’ajoutent 1 flûte, 1 hautbois (prenant également le cor anglais), 2
clarinettes (la seconde prenant également la clarinette basse), 1 basson, 2 cors, 1 trompette, percussions, piano et harmonium. La musique de Mahler est jouée dans des transcriptions, principalement celles d’Anne Champert mais certaines sont de Rainer Riehn ou
d’Arnold Schönberg.
Le dispositif scénique place l’ensemble orchestral sur scène, les évolutions des danseurs et
chanteurs créent un parcours symbolique, comme une sorte de tableau vivant, autour de la
vie de Gustav Mahler, de ses obsessions et de l’interprétation plus ou moins fictive ou fantasmée de celles-ci.
Il convient donc pour dégager un parcours personnel dans ce spectacle d’avoir en tête un
certain nombre d’éléments qui ont construit la vie de Mahler.
© Dieter Hartwig
Malhermania- Fiche pédagogique
II) Le compositeur
Autour de la vie de Mahler
©Von Székely
Malher en 1898
Gustav Mahler (1860-1911) est compositeur et chef d’orchestre autrichien. Pendant la majeure
partie de son existence, si ce n’est la totalité, c’est surtout comme chef d’orchestre qu’il est mondialement connu. Sa carrière l’a d’abord rendu célèbre dans l’Empire d’Autriche puis dans toute
l’Europe et jusqu’aux États-Unis d’Amérique. La famille de Mahler a connu toutes les difficultés que
les familles juives pouvaient rencontrer au XIXe siècle pour gravir les échelons de la société. Son
père fut tour à tour charretier, employé de commerce, artisan, précepteur puis propriétaire d’un
modeste café.
L’éducation musicale tient un peu de cette ascension sociale et du hasard qui fait qu’on découvre
au jeune enfant des talents musicaux. Cependant, dès l’enfance, Mahler peine à s’inscrire dans le
cadre trop traditionnel des écoles de musique et des conservatoires. Les études le conduisent
cependant à Vienne où il rencontre le compositeur Hugo Wolf, qui a le même âge que lui et devient
son ami.
Les premiers pas de sa carrière de chef le conduisent, entre 1878 et 1885, dans des villes de province de l’Empire d’Autriche : Hall, Laibach, Olmütz, puis Kassel. Il y acquiert une réputation de
perfectionniste qui s’accompagne souvent de relations tendues avec les musiciens de l’orchestre.
Puis ses engagements le conduisent dans des villes plus réputées : Prague puis Leipzig. Il devient
un grand chef d’opéra, capable de diriger pas moins de 13 opéras à Leipzig pour le seul mois de
mars 1887 ! En 1888, âgé de 28 ans, il est engagé comme directeur de l’Opéra national hongrois de
Budapest, qu’il réorganise à marche forcée, et où il reste jusqu’en 1891 avant d’aller occuper à
Hambourg le poste très prestigieux de « Kappellmeister » du Stadt-Theater, ce qui ne l’empêche
pas de diriger régulièrement des saisons wagnériennes à Londres. Mahler quitte Hambourg en
1897 et obtient, avec le soutien de Brahms, le poste de directeur artistique de l’Opéra de Vienne
qu’il occupe jusqu’en 1907.
Mahler compose essentiellement pendant ses vacances d’été, cherchant à s’isoler dans la nature
pour y faire de longues marches ou de longues promenades à vélo. Bien qu’il soit un chef très
reconnu, il a parfois du mal à créer ses œuvres qui se heurtent souvent à de l’incompréhension
voire à une hostilité très vive doublée d’un antisémitisme déjà très vif à Vienne. Mahler est toutefois reconnu par de jeunes musiciens qu’il soutient également avec une grande générosité :
Schenberg, Berg et Webern.
Sa vie sentimentale est instable. Mahler a de nombreuses aventures, notamment avec des cantatrices : Johanna Richter à Kassel, Anna von Mildenburg à Hambourg ou Selma Kurz à Vienne. En
1901, il rencontre Alma Schindler qui a 19 ans de moins que lui et devient son épouse en mars
1902. Mahler est un mari tyrannique. Deux phrases d’une lettre écrite en novembre 1901 éclairent
la relation qu’il entretient avec Alma. La première lui interdit toute velléité de composition (activité
à laquelle Alma s’exerçait) : « Tu n’as désormais qu’une seule profession – me rendre heureux ! »
La seconde porte en elle les germes d’un échec amoureux : « Tu dois te donner à moi sans conditions, tu dois soumettre ta vie future dans tous ses détails à mes besoins et ne rien désirer que
mon amour ! » Alma Mahler vécut assez mal ce mariage, oscillant entre des périodes d’admiration,
des périodes de révoltes et des périodes de dépression. C’est surtout le chef d’orchestre qu’elle
admirait, alors qu’elle n’appréciait guère la musique composée par celui-ci. Deux filles naquirent
de leur union : Maria (en 1902) et Anna (en 1904). La fille aînée mourut en 1907 peu de temps
avant la démission de Mahler de l’Opéra de Vienne, victime de violentes attaques, dont certaines
Malhermania- Fiche pédagogique
d’un antisémitisme proprement ordurier. C’est aussi en 1907 que le compositeur apprend qu’il a
une maladie cardiaque : « un rétrécissement mitral compensé » vraisemblablement lié à une
« angine à streptocoques viridans » contractée pendant l’enfance. Mahler doit abandonner toute
activité sportive. Après Vienne, Mahler est accueilli au Metropolitan Opera de New York en 1908. Il
y est le rival du chef italien Arturo Toscanini. Mahler n’est présent à New York qu’au début de
chaque saison. Il retourne ensuite en Europe où il partage son activité entre la composition et des
concerts. C’est au cours de l’été 1910 qu’Alma Mahler rencontre Walter Gropius, l’un des futurs
fondateurs du Bauhaus, avec qui elle a une relation amoureuse intense, que Mahler apprend.
Celui-ci, un peu tard, prend partiellement conscience de ce qu’il a imposé à sa femme. Une
consultation d’une après-midi avec Sigmund Freud pourrait avoir joué un rôle important dans ce
tardif retournement. À partir de 1909 jusqu’en février 1911, il ne dirige plus au Metropolitan Opera
de New York mais donne des concerts avec le New York Philarmonic. Cette dernière saison de
Mahler, écourtée par la maladie, donne une idée de l’intensité de son activité. D’octobre 1910 à
février 1911, Mahler a dirigé 46 concerts avec 20 programmes différents. Rentré épuisé de New
York, il meurt à Vienne, le 18 mai 1911, laissant inachevée sa Xe Symphonie.
Malhermania- Fiche pédagogique
III) Autour de Malhermania
Comme le point de départ de Mahlermania se trouve dans les interactions entre la vie et l’œuvre
de Mahler, on peut guider les élèves avec les axes suivants :
© Antonella Travascio
© Antonella Travascio
● Parce qu’il aimait faire de longues randonnées dans la nature, parce qu’il a dirigé un peu partout en Europe, parce qu’il a connu les voyages transatlantiques, parce qu’il a été victime d’attaques violentes et souvent racistes, parce qu’il a souvent mis en musique la poésie de l’errance,
on attache souvent, d’une manière un peu romantique, la vie de Mahler à la thématique du juif
errant.
On pourra se demander si l’errance est figurée dans Mahlermania. On s’intéressera notamment
à la scénographie, l’utilisation de l’espace scénique ou des images.
● Les relations avec les femmes. L’attitude de Mahler avec les femmes est complexe. Il est
séduit par la voix. Il est impitoyable dans les répétitions. Il peut confondre relations de travail et
relations amoureuses. Avec Alma Mahler, les relations sont problématiques. Il est tyrannique et lui
interdit de composer. Elle est partagée entre l’admiration et la révolte et finit par le tromper. 
partir de ce moment-là, la relation s’inverse : c’est elle qui le domine.
L’image des femmes dans le spectacle est donc à creuser dans ces directions afin de se demander si une dimension des relations complexes que Mahler entretenaient avec elles a été privilégiée.
● L’image de Vienne. Avec Klimt, Kokoschka, Schöenberg et l’école de Vienne, le Bauhaus, Sigmund Freud, Vienne est un carrefour culturel, une ville où s’invente une part de la modernité du
XXe siècle. En même temps, c’est une ville sur le déclin, comme l’Empire d’Autriche Hongrie. Les
nationalismes y sont exacerbés, l’antisémitisme y est très fort (la famille d’Alma fut notoirement
proche des nazis juste après l’Anschluss).
Comment cet arrière-plan apparaît-il dans l’œuvre. Quelles images rencontre-t-on, sur scène,
de cette société « partagée » ?
● La mort de Mahler est pathétique. Sa maladie a entraîné une sorte de légende qui voudrait qu’à
partir de 1907 toute sa vie soit placée sous le signe de la mort, et notamment l’écriture du Chant
de la terre (Das Lied von der Erde) qui se termine par un long poème « L’Adieu » (« Der Abschied »).
C’est cependant un homme qui a retrouvé toute son énergie qui a composé ce cycle de lieder
symphoniques dans la deuxième moitié de 1908.
Comment la mort est-elle figurée dans le spectacle ?
● Mahler a écrit un cycle de 5 Lieder qui s’appelle Chants des enfants morts (« Kindertotenlieder ») entre 1901 et 1904. Sa fille est morte en 1907. Mahler ne s’est jamais exprimé directement
sur la douleur de cet événement. Deux des Kindertotenlieder sont interprétés dans Mahlermania.
Pour quelles raisons ?
© Antonella Travascio
Malhermania- Fiche pédagogique
L’art et l’artiste
Enfin, comme Mahlermania se veut non seulement un spectacle sur l’artiste, mais aussi une réflexion sur l’art et les conditions dans lesquelles il
apparaît et se développe, on pourra travailler sur la représentation de l’art à partir des extraits suivants.
● On pourra partir d’un texte de Balzac extrait du Chef d’œuvre inconnu. Dans cette nouvelle, l’écrivain met en avant un peintre, Frenhofer, qui cherche
à exprimer la vie dans la peinture. Devant le peintre Porbus, qu’il vient visiter, Frenhofer expose ce qu’est pour lui le but de l’art.
« La mission de l’art n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer ! Tu n’es pas un vil copiste, mais un poète ! s’écria vivement le vieillard en interrompant Porbus par un geste despotique. Autrement un sculpteur serait quitte de tous ses travaux en moulant une femme ! Hé ! Bien ! Essaye de mouler la main de ta maîtresse et de la poser devant toi, tu trouveras un horrible cadavre sans aucune ressemblance, et tu seras forcé d’aller trouver le
ciseau de l’homme qui, sans te la copier exactement, t’en figurera le mouvement et la vie. Nous avons à saisir l’esprit, l’âme, la physionomie des choses
et des êtres. Les effets ! les effets ! mais ils sont les accidents de la vie et non la vie. Une main, puisque j’ai pris cet exemple, une main ne tient pas
seulement au corps, elle exprime et continue une pensée qu’il faut saisir et rendre. Ni le peintre, ni le poète, ni le sculpteur ne doivent séparer l’effet de
la cause qui sont invinciblement l’un dans l’autre ! La véritable lutte est là ! Beaucoup de peintres triomphent instinctivement sans connaître ce thème
de l’art. Vous dessinez une femme, mais vous ne la voyez pas ! Ce n’est pas ainsi que l’on parvient à forcer l’arcane de la nature. Votre main reproduit,
sans que vous y pensiez, le modèle que vous avez copié chez votre maître. Vous ne descendez pas assez dans l’intimité de la forme, vous ne la poursuivez pas avec assez d’amour et de persévérance dans ses détours et dans ses fuites. La beauté est une chose sévère et difficile qui ne se laisse point
atteindre ainsi, il faut attendre ses heures, l’épier, la presser et l’enlacer étroitement pour la forcer à se rendre. La Forme est un Protée bien plus insaisissable et plus fertile en replis que le Protée de la fable, ce n’est qu’après de longs combats qu’on peut la contraindre à se montrer sous son véritable
aspect ; vous autres ! vous vous contentez de la première apparence qu’elle vous livre, ou tout au plus de la seconde, ou de la troisième ; ce n’est pas
ainsi qu’agissent les victorieux lutteurs ! Ces peintres invaincus ne se laissent pas tromper à tous ces faux-fuyants, ils persévèrent jusqu’à ce que la
nature en soit réduite à se montrer toute nue et dans son véritable esprit. Ainsi a procédé Raphaël, dit le vieillard en ôtant son bonnet de velours noir
pour exprimer le respect que lui inspirait le roi de l’art, sa grande supériorité vient du sens intime qui, chez lui, semble vouloir briser la Forme. La Forme
est, dans ses figures, ce qu’elle est chez nous, un truchement pour se communiquer des idées, des sensations, une vaste poésie. Toute figure est un
monde, un portrait dont le modèle est apparu dans une vision sublime, teint de lumière, désigné par une voix intérieure, dépouillé par un doigt céleste
qui a montré, dans le passé de toute une vie, les sources de l’expression. Vous faites à vos femmes de belles robes de chair, de belles draperies de
cheveux, mais où est le sang, qui engendre le calme ou la passion et qui cause des effets particuliers ? Ta sainte est une femme brune, mais ceci, mon
pauvre Porbus, est d’une blonde ! Vos figures sont alors de pâles fantômes colorés que vous nous promenez devant les yeux, et vous appelez cela de la
peinture et de l’art. Parce que vous avez fait quelque chose qui ressemble plus à une femme qu’à une maison, vous pensez avoir touché le but, et, tout
fiers de n’être plus obligés d’écrire à coté de vos figures, currus venustus ou pulcher homo, comme les premiers peintres, vous vous imaginez être des
artistes merveilleux ! Ha ! ha ! vous n’y êtes pas encore, mes braves compagnons, il vous faudra user bien des crayons, couvrir bien des toiles avant
d’arriver. Assurément, une femme porte sa tête de cette manière, elle tient sa jupe ainsi, ses yeux s’alanguissent et se fondent avec cet air de douceur
résignée, l’ombre palpitante des cils flotte ainsi sur les joues ! C’est cela, et ce n’est pas cela. Qu’y manque-t-il ? un rien, mais ce rien est tout. Vous
avez l’apparence de la vie, mais vous n’exprimez pas son trop-plein qui déborde, ce je ne sais quoi qui est l’âme peut-être et qui flotte nuageusement
sur l’enveloppe ; enfin cette fleur de vie que Titien et Raphaël ont surprise. En partant du point extrême ici vous arrivez, on ferait peut-être d’excellente
peinture ; mais vous vous lassez trop vite. Le vulgaire admire, et le vrai connaisseur sourit. Ô Mabuse, ô mon maître, ajouta ce singulier personnage, tu
es un voleur, tu as emporté la vie avec toi ! — À cela près, reprit-il, cette toile vaut mieux que les peintures de ce faquin de Rubens avec ses montagnes de viandes flamandes, saupoudrées de vermillon, ses ondées de chevelures rousses, et son tapage de couleurs. Au moins, avez-vous là couleur,
sentiment et dessin, les trois parties essentielles de l’Art.»
Æ Pour définir les finalités du travail de l’artiste selon Frenhofer, on pourra réfléchir notamment au vocabulaire de la lutte dans l’extrait. On pourra aussi
s’intéresser à l’expression de la durée dans le travail artistique.
Malhermania- Fiche pédagogique
● On pourra aussi faire réfléchir les élèves à partir du texte du philosophe Alain, Système des beaux-arts, Chapitre 7, « De la matière », 1953
« Puisqu’il est évident que l’inspiration ne forme rien sans matière, il faut donc à l’artiste, à l’origine des arts et toujours, quelque premier objet ou
quelque première contrainte de fait, sur quoi il exerce d’abord sa perception, comme l’emplacement et les pierres pour un architecte, un bloc de marbre
pour le sculpteur, un cri pour le musicien, une thèse pour l’orateur, une idée pour l’écrivain, pour tous des coutumes acceptées d’abord.
Par quoi se trouve défini l’artiste, tout à fait autrement que d’après la fantaisie. Car tout artiste est percevant et actif, artisan toujours en cela. Plutôt
attentif à l’objet qu’à ses propres passions [; on dirait presque passionné contre les passions, j’entends impatient surtout à l’égard de la rêverie oisive ;
ce trait est commun aux artistes, et les fait passer pour difficiles. Au reste tant d’œuvres essayées naïvement d’après l’idée ou image que l’on croit s’en
faire, et manquées à cause de cela expliquent que l’on juge trop souvent de l’artiste puissant, qui ne parle guère, d’après l’artiste ambitieux et égaré, qui
parle au contraire beaucoup. Mais si l’on revient aux principes jusqu’ici exposés, on se détournera de penser que quelque objet beau soit jamais créé
hors de l’action]. Ainsi la méditation de l’artiste serait plutôt observation que rêverie, et encore mieux observation de ce qu’il a fait comme source et
règle de ce qu’il va faire. Bref, la loi suprême de l’invention humaine est que l’on n’invente qu’en travaillant. Artisan d’abord. »
Æ On pourra proposer, selon les élèves, ce texte en l’abrégeant en suivant les coupes proposées ici entre crochets. L’idée à faire remarquer, c’est
qu’Alain remet en cause la notion d’inspiration au profit de celle du travail. Il refuse donc la représentation romantique de l’artiste inspiré. On se
demandera alors quel serait pour Alain la définition d’un artiste.
● Le tableau suivant est accessible aussi bien pour des élèves de collège que des élèves de lycée. Il s’agit d’une œuvre du peintre Carl Spitzweg, intitu-
lée : Le Pauvre Poète (Der Arme Poet)
©DR
Carl Spitzweg (1808-1885), Le Pauvre Poète (Der arme Poet), huile sur toile, 36,2 x44,6 cm, 1839, Munich, Neue Pinakothek
Æ Évidemment, ce tableau joue de lieux communs pour se moquer de la représentation toute faite du travail de l’artiste. Le but du travail avec les
élèves : leur faire saisir la distance que le peintre prend avec la scène qu’il peint.
Malhermania- Fiche pédagogique
La Musique dans Mahlermania
On entend, dans le spectacle, les extraits suivants :
● La première partie du 3ème mouvement de la Quatrième Symphonie, en sol majeur. Ce mouvement est noté Ruhevoll, ce qui signifie « Tranquille ».
Cette symphonie fut composée entre 1899 et 1900 et créée en 1901, à Munich. Mahler a dit de ce mouvement qu’il est « divinement gai et infiniment
triste. » Pour lui, « C’est Sainte-Ursule elle-même, la plus sérieuse de toutes les Saintes, qui règne sur cette haute sphère de gaieté. Son sourire ressemble à celui des gisants, de ces prélats ou de ces chevaliers que l’on voit dans les églises sur les tombes anciennes, les mains croisées sur la poitrine, avec cette expression sereine et douce de ceux qui ont conquis la suprême félicité. Une paix sacrée, solennelle, une gaieté sérieuse et tendre, tel
est le caractère de ce mouvement qui a aussi des moments de tristesse profonde, comparables, si vous le voulez, à des réminiscences de la vie terrestre, et d’autres où la gaieté devient vivacité expansive. ». Arrangement d’Anne Champert.
Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/watch?v=Zyw7bMYoqDI
● Le premier lied des Lieder eines fahrenden Gesellen. Titre souvent traduit : Chants d’un compagnon errant, même si certains traducteurs préfèrent
Chants du voyageur. La composition de cet ensemble, entre 1884 et 1885 est liée à une aventure amoureuse, assez orageuse, que Mahler a eue avec
une cantatrice, Johanna Richter en 1883 à Kassel. Trois des quatre poèmes sont de la main de Mahler. Mais celui qui est chanté, le premier, prend son
origine dans le recueil de Brentano et von Arnim, Le cor magique de l’enfant (en Allemand, Knaben Wunderhorn, 1805-1808). La partition note que les
lieder doivent être chantés par une voix grave, ce qui ne précise pas le sexe du chanteur. Arrangement d’Anne Champert.
Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/watch?v=84f5ADoRkng
Wenn mein Schatz Hochzeit macht,
Fröhliche Hochzeit macht,
Hab’ ich meinen traurigen Tag!
Geh’ ich in mein Kämmerlein,
Dunkles Kämmerlein,
Weine, wein’ um meinen Schatz,
Um meinen lieben Schatz!
Quand ma bien-aimée célèbre ses noces
Célèbre joyeusement ses noces,
Ce sont pour moi des jours plein de tristesse !
Je vais dans ma petite chambre,
Ma petite chambre lugubre !
Je pleure et pleure ma chérie,
Ma chérie tant aimée !
Blümlein blau! Verdorre nicht!
Vöglein süß! Du singst auf grüner Heide.
Ach, wie ist die Welt so schön!
Ziküth! Ziküth!
Petite fleur bleue, ne fane pas !
Doux petit oiseau, tu chantes dans la lande verte :
Ah que le monde est joli,
Cuicui ! Cuicui !
Singet nicht! Blühet nicht!
Lenz ist ja vorbei!
Alles Singen ist nun aus.
Des Abends, wenn ich schlafen geh’,
Denk’ ich an mein Leide.
An mein Leide!
Ne chante point, ne fleuris pas.
Le printemps est révolu !
C’en est fini de toute chanson.
Le soir, quand je m’endors
Je pense à ma douleur,
À ma douleur… !
● On entend ensuite la première partie du 3ème mouvement de la Première symphonie en ré majeur. Cette symphonie composée entre 1885 et 1888 a
été modifiée jusqu’en 1896. Le troisième mouvement commence par une variation grinçante autour du thème de « Frère Jacques ». C’est cette variation
qui est jouée. Mahler a rédigé, en 1893, un programme pour cette symphonie (qu’il a abandonné par la suite). Voici ce qu’il écrivit pour ce mouvement :
« Échoué (sur le sable) (Marche funèbre à la manière de Callot). Pour expliquer ce morceau, les commentaires suivants ne seront pas inutiles. L’auteur
en a trouvé l’inspiration initiale dans une gravure parodique bien connue des enfants autrichiens, « l’Enterrement du chasseur », qui se trouve dans un
vieux recueil de contes de fées. Les animaux de la forêt accompagnent jusqu’au cimetière le corps du chasseur défunt. Des lièvres portent le fanion,
tandis qu’un petit orchestre bohémien conduit le cortège dans une démarche grotesque, accompagné par des chats, des corneilles et des crapauds
musiciens, avec des cerfs, des chevreuils, des renards et autres animaux de la forêt, à poils et à plumes. Ce morceau doit ici créer une impression tan-
Malhermania- Fiche pédagogique
tôt ironique et gaie, et tantôt sombrement méditative. »
Les commentateurs s’accordent par ailleurs pour dire que l’origine de cette symphonie est un amour impossible pour l’épouse du petit-fils du compositeur Weber, Marion von Weber.
©DR
Moritz von Schwind, Wie die Tiere den Jäger begraben, 1876 (traduction littérale : « Comment les animaux enterrent le chasseur ») Arrangement d’Anne
Champert.
Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/watch?v=U5A5tFyXQio (Vidéo remarquablement filmée)
● Une version instrumentale d’un bref lied de jeunesse, Starke Einbildungskra‘ qu’on peut traduire Puissance de l’imagination. Voici la traduction
française du texte, qui n’est pas chanté dans Mahlermania. Arrangement d’Anne Champert.
Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/watch?v=DdByqTEUlX0 (Uniquement la musique, pas d’image.)
ELLE – Tu m’as dit que tu voulais me prendre
Dès que l’été viendrait !
L’été est venu,
Tu ne m’as pas prise,
Allez, mon gars, allez, prends-moi ! Hein, oui ?
Tu me prendras encore ?
LUI – Comment puis-je te prendre,
Alors que je t’ai déjà ?
Et lorsque je pense à toi, ma foi,
Il me semble, il me semble tout le temps
Être déjà près de toi !
● Un autre lied de jeunesse, Erinnerung (Souvenir). Arrangement d’Anne Champert.
Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/watch?v=GsT7e_Mvsgg (Uniquement la musique, version avec accompagnement au piano,
chantée par Dietrich Fischer-Dieskau, Leonard Bernstein au piano)
Malhermania- Fiche pédagogique
Errinerung
Es wecket meine Liebe
Die Lieder immer wieder!
Es wecken meine Lieder
Die Liebe immer wieder!
Souvenir,
Mon amour éveille encore
Et encore mes chants.
Mon amour éveille encore
Et encore mes chants.
Die Lippen, die da träumen
Von deinen heißen Küssen,
In Sang und Liedesweisen
Von dir sie tönen müssen!
Mes lèvres qui rêves
De tes baisers ardents
Par des chants et des hymnes
Doivent te célébrer.
Und wollen die Gedanken
Der Liebe sich entschlagen,
So kommen meine Lieder
Zu mir mit Liebesklagen!
Et s’il me venait l’idée
De briser cet amour
Mes chants viendraient à moi
Se plaindre amoureusement.
So halten mich in Banden
Die Beiden immer wieder!
Es weckt das Lied die Liebe!
Die Liebe weckt die Lieder!
Ainsi mes tiennent dans leurs liens
Les deux ensemble et toujours
Mon amour éveille encore
Et encore mes chants.
● Le quatrième mouvement de la Deuxième Symphonie, en ut mineur, est ensuite interprété. Il s’agit d’un bref mouvement chanté par une contralto
dans la symphonie, sur un poème extrait du recueil du Knaben Wunderhorn (Le Cor magique de l’enfant). Le poème s’appelle Urlicht, Lumière originelle.
La publication de ce recueil entre 1805 et 1808 est un événement majeur de l’histoire littéraire allemande. Les auteurs, Achim von Arnim et Clemens
Brentano ont puisé dans le folklore national. Mahler a mis en musique 24 poèmes de ce recueil, parmi lesquels celui-ci qui figure dans la Deuxième
Symphonie et le poème du cinquième mouvement de la Troisième symphonie. Pour la Deuxième Symphonie, Mahler a écrit le programme suivant :
« Dans le premier mouvement, ‘‘le héros symphonique’’ est porté en terre après un long combat ‘‘contre la vie et le destin’’, il lance un regard rétrospectif sur son existence, d’abord sur un moment de bonheur» (deuxième mouvement), puis sur le tourbillon cruel de l’existence , sur ‘‘la mêlée des
apparences’’ et sur ‘‘l’esprit d’incrédulité et de négation’’ qui s’est emparé de lui (Scherzo). Il doute de lui-même et de Dieu, le dégoût de toute existence et de tout devenir le saisit comme un poing d’acier et le torture jusqu’à lui faire pousser un grand cri de désespoir ». Dans le quatrième mouvement, ‘‘la voix touchante de la foi naïve’’ résonne à son oreille et lui promet la lumière ». Quant au Finale, ‘‘c’est la terreur du Jour d’entre les Jours qui
se déchaîne’’. La terre tremble, les tombeaux s’ouvrent, les morts se lèvent et s’approchent en cortèges sans fin. Les grands et les petits de la terre, les
rois et les mendiants, les justes et les athées, tous se précipitent. Les cris de grâce et les supplications prennent à notre oreille une sonorité effrayante.
Ils se transforment en hurlements de plus en plus terribles. Toute conscience s’évanouit à l’approche de l’Esprit Éternel. Le Grand Appel résonne, les
trompettes de l’Apocalypse hurlent. Dans un affreux silence, nous croyons reconnaître un rossignol lointain, comme un dernier écho de la vie terrestre.
Doucement résonne alors le chœur céleste des bienheureux: ‘‘Ressusciter ! Oui, tu vas ressusciter !’’. C’est alors que paraît la splendeur divine. Une
douce et merveilleuse lumière nous pénètre jusqu’au cœur. Tout n’est plus que calme et bonheur. Et voici qu’il n’existe plus ni justice, ni grands ni petits,
ni châtiment ni récompense ! Un sentiment tout puissant d’amour nous emplit de certitude et nous révèle l’existence bienheureuse. »
Arrangement d’Anne Champert.
Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/watch?v=Vt5plD04lAU Version chantée par Jessye Norman.
Malhermania- Fiche pédagogique
URLICHT
O Röschen rot!
Der Mensch liegt in größter Not!
Der Mensch liegt in größter Pein!
Je lieber möcht ich im Himmel sein!
LUMIÈRE ORIGINELLE
Oh petite rose rouge !
L’Homme gît dans la plus grande détresse !
L’Homme gît dans la plus grande douleur !
J’aimerais plutôt être au Ciel !
Da kam ich auf einen breiten Weg:
Da kam ein Engelein und wollt’ mich abweisen.
Ach nein! Ich ließ mich nicht abweisen!
Ich bin von Gott und will wieder zu Gott!
Der liebe Gott wird mir ein Lichtchen geben,
Wird leuchten mir bis in das ewig selig Leben!
Je suis arrivé sur une large route :
Un angelot est venu qui voulait me repousser.
Ah non ! Je ne me laisserai pas repousser !
Je viens de Dieu et veux retourner à Dieu !
Le Bon Dieu me donnera une petite lumière,
Il m’éclairera jusqu’à la bienheureuse vie éternelle !
● Encore un lied de jeunesse Selbstgefühl, Conscience de soi. Arrangement d’Anne Champert.
Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/watch?v=THfV9rn_EBU (Uniquement la musique, version avec accompagnement au piano,
chantée par Dietrich Fischer-Dieskau, Leonard Bernstein au piano)
Selbstgefühl
Ich weiß nicht, wie mir ist!
Ich bin nicht krank und nicht gesund,
Ich bin blessiert und hab’ kein’ Wund’,
Conscience de soi
Je ne sais pas ce que j’ai !
Je ne suis ni malade ni bienportant,
Je suis blessé sans aucune plaie.
Ich weiß nicht, wie mir ist!
Ich tät’ gern essen und schmeckt mir nichts,
Ich hab’ ein Geld und gilt mir nichts,
Je ne sais pas ce que j’ai !
J’aimerais manger et rien ne me plaît !
J’ai de l’argent et rien ne me dit !
Ich weiß nicht, wie mir ist!
Ich hab’ sogar kein’ SchnupÓabak,
und hab’ kein’ Kreuzer Geld im Sack,
Je ne sais pas ce que j’ai !
Je n’ai pas même de tabac à priser
Et pas un centime en poche !
Ich weiß nicht wie mir ist, wie mir ist!
Heiraten tät’ ich auch schon gern,
Kann aber Kinderschrei’n nicht hör’n,
Je ne sais pas ce que j’ai !
Je me marierais aussi volontiers
Mais je ne supporte pas les piaillements !
Ich weiß nicht, wie mir ist!
Ich hab’ erst heut’ den Doktor gefragt,
Der hat mir’s in’s Gesicht gesagt:
Je ne sais pas ce que j’ai !
Aujourd’hui, j’ai consulté le docteur
Qui m’a dit en pleine face :
“Ich weiß wohl, was dir ist, was dir ist:
Ein Narr bist du gewiß!”
Nun weiß ich, wie mir ist!
« Je vois bien ce qu’il en est :
Un fou assurément, voilà ce que tu es ! »
Maintenant, je sais ce que j’ai !
● Un lied extrait du Knaben Wunderhorn : Revelge, Réveil. Mahler tenait ce chant pour « le plus important de tous ses lieder ». Arrangement d’Anne
Champert.
Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/watch?v=4FUmuCoS8NE (Mauvaise qualité de l’image. Version avec orchestre chantée par
Dietrich Fischer-Dieskau)
Malhermania- Fiche pédagogique
REVELGE
Des Morgens zwischen drei’n und vieren,
da müssen wir Soldaten marschieren
das Gäßlein auf und ab,
trallali, trallaley, trallalera,
mein Schätzel sieht herab!
RÉVEIL
Le matin entre trois et quatre heures,
nous devons marcher, nous les soldats
dans la ruelle en haut et en bas,
tralali, tralalei, tralala,
ma bien-aimée nous regarde !
Ach Bruder, jetzt bin ich geschossen,
die Kugel hat mich schwere, schwer getroffen,
trag’ mich in mein Quartier,
trallali, trallaley, trallalera,
es ist nicht weit von hier!
« Ah, frère, je suis touché,
La balle m’a frappé gravement,
porte-moi au quartier,
tralali, tralalei, tralala,
il n’est pas loin d’ici. »
Ach Bruder, ich kann dich nicht tragen,
die Feinde haben uns geschlagen,
helf’ dir der liebe Gott!
Trallali, trallaley,
trallali, trallaley, trallalera,
ich muß, ich muß marschieren bis in’ Tod!
« Ah, frère, je ne peux pas te porter.
Les ennemis nous ont battu,
Que Dieu te vienne en aide ;
tralali, tralalei,
tralala,
je dois marcher jusqu’à la mort. »
Ach Brüder, ach Brüder,
ihr geht ja mir vorüber,
als wär’s mit mir vorbei,
als wär’s mit mir schon vorbei!
Trallali, trallaley,
trallali, trallaley, trallalera,
ihr tretet mir zu nah!
« Ah, frère, vous passez devant moi,
comme si tout était fini avec moi,
Vous, gueux d’ennemis, vous êtes ici,
tralali, tralalei,
tralala,
vous m’approchez de trop près.
Trallali, trallaley, trallali, trallaley.
Ich muß meine Trommel wohl rühren,
trallali, trallaley, trallali, trallaley,
sonst werd’ ich mich verlieren.
Die Brüder, dick gesät,
sie liegen wie gemäht.
Je dois battre mon tambour
sinon je me perdrai moi-même entièrement,
les frères semés serrés,
tralali, tralalei,
tralala,
ils sont couchés comme s’ils étaient fauchés. »
Er schlägt die Trommel auf und nieder,
er wecket seine stillen Brüder,
trallali, trallaley, trallali, trallaley,
sie schlagen und sie schlagen ihren Feind,
trallali, trallaley, trallalerallala,
ein Schrecken schlägt den Feind!
Il bat et bat son tambour,
il réveille ses frères silencieux,
ils battent l’ennemi,
tralali, tralalei,
tralala,
une épouvante frappe l’ennemi.
Er schlägt die Trommel auf und nieder,
da sind sie vor dem Nachtquartier schon wieder,
trallali, trallaley, trallali, trallaley.
In’s Gäßlein hell hinaus!
Sie zieh’n vor Schätzleins Haus.
Trallali, trallaley,
trallali, trallaley, trallalera,
Il bat et bat son tambour,
ils sont à nouveau dans leur quartier de nuit,
ils entrent dans la ruelle,
tralali, tralalei,
tralala,
ils marchent vers la maison de la bien-aimée.
Malhermania- Fiche pédagogique
sie ziehen vor Schätzeleins Haus,
trallali.
Des Morgens stehen da die Gebeine
in Reih’ und Glied, sie steh’n wie Leichensteine
in Reih’, in Reih’ und Glied.
Die Trommel steht voran,
daß sie ihn sehen kann,
trallali, trallaley,
trallali, trallaley, trallalera,
daß sie ihn sehen kann!
Le matin ils se tiennent là, les corps,
en rangs et en files comme des pierres tombales
le tambour est en tête
tralali, tralalei,
tralala,là
pour qu’elle puisse le voir !
● Un extrait des Kindertotenlieder, la première moitié du troisième de cinq lieder de ce cycle, Wenn dein Mütterlein, Lorsque ta petite mère. Version
pour orchestre de chambre de Rainer Riehn. Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/watch?v=F8CSyLSgMm0
Wenn dein Mütterlein
tritt zur Tür herein,
Und den Kopf ich drehe,
ihr entgegen sehe,
Fällt auf ihr Gesicht
erst der Blick mir nicht,
Sondern auf die Stelle,
näher nach der Schwelle,
Dort, wo würde dein
lieb Gesichten sein,
Wenn du freudenhelle
trätest mit herein,
Wie sonst, mein Töchterlein.
Quand ta petite mère
arrive sur le pas de la porte
Et que je tourne ma tête
pour la voir,
mon regard ne tombe pas
d’abord sur son visage,
mais sur l’endroit
plus près du seuil,
là où devrait être
ton cher visage,
quand rayonnante de joie
tu rentrais avec elle,
comme d’habitude, ma petite fille.
Wenn dein Mütterlein
tritt zur Tür herein,
Mit der Kerze Schimmer,
ist es mir, als immer
Kämst du mit herein,
huschtest hinterdrein,
Als wie sonst ins Zimmer!
O du, des Vaters Zelle,
Ach, zu schnell
Erlosch‘ner Freudenschein!
Quand ta petite mère
arrive sur le pas de la porte,
Avec la lueur d’une bougie,
il me semble toujours
que tu arrives aussi
te glissant derrière elle,
juste comme tu entrais dans la chambre !
Ô toi, élément de ton père,
hélas, trop vite
éteinte, lumière de joie !
● Un second extrait des Kindertotenlieder, O‘ denk ich, sie sind nur ausgegangen, Je me dis souvent qu’ils n’ont fait que partir. C’est le quatrième de
cinq lieder du cycle. Version pour orchestre de chambre de Rainer Riehn. Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/
watch?v=ABNBMD4Xk9U
Malhermania- Fiche pédagogique
OÓ denk’ ich, sie sind nur ausgegangen,
Bald werden sie wieder nach Hause gelangen,
Der Tag ist schön, o sei nicht bang,
Sie machen nur einen weiten Gang.
Souvent je pense qu’ils sont allés marcher dehors
Et qu’ils reviendront bientôt à la maison.
La journée est belle, oh n’aie pas peur.
Ils font seulement une longue promenade.
Ja wohl, sie sind nur ausgegangen,
Und werden jetzt nach Hause gelangen,
O, sei nicht bang, der Tag is schön,
Sie machen nur den Gang zu jenen Höh’n.
Oui, ils sont seulement allés marcher dehors
et ils vont rentrer maintenant.
Oh n’aie pas peur, la journée est belle,
Ils marchent juste vers ces sommets.
Sie sind uns nur voraus gegangen,
Und werden nicht wieder nach Hause verlangen,
Wir holen sie ein auf jenen Höh’n
Im Sonnenschein, der Tag is schön auf jenen Höh’n.
Ils sont juste allés devant nous
et ils ne veulent pas rentrer à la maison.
Nous les rattraperons sur ces sommets
Dans le soleil, la journée est belle sur ces sommets !
Pour les cinq lieder des Kindertotenlieder, Mahler a choisi les poèmes funèbres que Friedrich Rückert (1788-1866) a écrit après la mort de ses deux
enfants en 1833 et 1834. Sur la partition le compositeur a pris soin de noter : « Ces cinq chants forment un tout complet et indivisible et, pour cette raison, la continuité doit être maintenue (en empêchant les interruptions, et notamment les applaudissements à la fin de chaque morceau). » C’est un
cycle marqué par la résignation et la douleur. Mais la conclusion du lied O‘ denk’ ich met en évidence un apaisement lié à la croyance religieuse : les
« sommets » nommés désignent le paradis.
● Reprise de la première partie du troisième mouvement de la Symphonie n°1.
● On entend alors le dernier lied des Lieder eines fahrenden Gesellen. Die zwei blauen Augen von meinem Schatz. Les deux yeux bleu de mon trésor.
Version pour orchestre de chambre d’Arnold Schönberg : https://www.youtube.com/watch?v=fsZXTJjJqqo
Die zwei blauen Augen von meinem Schatz,
Die haben mich in die weite Welt geschickt.
Da mußt ich Abschied nehmen vom allerliebsten Platz!
O Augen blau, warum habt ihr mich angeblickt?
Nun hab’ ich ewig Leid und Grämen.
Les deux yeux bleus de ma bien-aimée
m’ont envoyé dans le vaste monde.
Alors je dois dire adieu à cet endroit très cher.
Oh, yeux bleus ! Pourquoi m’avez-vous regardé ?
Maintenant j’ai un chagrin et une douleur éternels !
Ich bin ausgegangen in stiller Nacht
Wohl über die dunkle Heide.
Hat mir niemand Ade gesagt.
Ade! Mein Gesell’ war Lieb’ und Leide!
Je suis parti dans la nuit tranquille,
à travers la lande sombre.
Personne ne m’a dit adieu.
Adieu ! Mes compagnons étaient l’amour et le chagrin.
Auf der Straße steht ein Lindenbaum,
Da hab’ ich zum ersten Mal im Schlaf geruht!
Unter dem Lindenbaum,
Der hat seine Blüten über mich geschneit,
Da wußt’ ich nicht, wie das Leben tut,
War alles, alles wieder gut!
Alles! Alles, Lieb und Leid
Und Welt und Traum!
Sur la route se tenait un tilleul,
et là pour la première fois j’ai dormi.
Sous le tilleul,
qui faisait tomber sur moi ses fleurs comme de la neige,
je ne savais pas ce que la vie fait,
et tout, tout, s’est arrangé !
Tout, tout ! Amour et chagrin,
et le monde et le rêve !
Malhermania- Fiche pédagogique
● Retour au Knaben Wunderhorn avec Wo die schönen Trompeten blasen, Où sonnent les belles trompettes.
Henry-Louis de la Grange commente ainsi ce lied. « Le tableau nocturne et désolé des soldats morts sur le champ de bataille désert est évoqué avec
une intensité poétique saisissante dans ce poème symphonique en miniature. Les échos militaires ne cessent de se transformer pour évoquer la plaine
peuplée de spectres, avec une intensité suggestive presque insoutenable, par le seul fait de sa douceur étrange. »
Arrangement d’Anne Champert.
Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/watch?v=Gpjug7AOyRw (Version sans image, interprétation très prenante de Jessye Norman)
WO DIE SCHÖNEN TROMPETEN BLASEN
Wer ist denn draußen und wer klopfet an,
Der mich so leise, so leise wecken kann?
Das ist der Herzallerliebste dein,
Steh auf und laß mich zu dir ein!
OÙ SONNENT LES BELLES TROMPETTES
- Qui donc frappe au dehors à ma porte?
Qui si doucement me réveille?
- C’est le plus cher à ton cœur,
lève-toi et me laisse venir à toi!
Was soll ich hier nun länger stehn?
Ich seh die Morgenröt aufgehn,
Die Morgenröt, zwei helle Stern,
Bei meinem Schatz, da wär ich gern,
bei meiner Herzallerliebsten.
Pourquoi devrais-je rester ici plus longtemps à t’attendre?
Je vois se lever l’aube, l’aube,
deux pâles étoiles.
Près de mon amour j’aimerais être,
près de la plus chère à mon cœur !
Das Mädchen stand auf und ließ ihn ein;
Sie heißt ihn auch wilkommen sein.
Willkommen, lieber Knabe mein,
So lang hast du gestanden!
La jeune fille se leva et le laissa entrer,
elle lui souhaita la bienvenue.
- Bienvenue mon cher enfant,
qui a si longtemps patienté !
Sie reicht ihm auch die schneeweiße Hand.
Von ferne sang die Nachtigall
Das Mädchen fing zu weinen an.
Elle lui tend aussi sa main, blanche comme neige.
Au loin chantait un rossignol,
et là elle se mit à pleurer.
Ach weine nicht, du Liebste mein,
Aufs Jahr sollst du mein eigen sein.
Mein Eigen sollst du werden gewiß,
Wie’s keine sonst auf Erden ist.
O Lieb auf grüner Erden.
- Ah, ne pleure pas ma chérie,
d’ici un an tu seras mienne.
Mienne, sûrement
comme nulle autre au monde.
Ô mon amour, sur cette verte Terre.
Ich zieh in Krieg auf grüner Heid,
Die grüne Heide, die ist so weit.
Allwo dort die schönen Trompeten blasen,
Da ist mein Haus, von grünem Rasen.
Je pars pour la guerre sur la lande verte;
lande verte si vaste !
Partout où sonnent les fières trompettes,
c’est là qu’est ma demeure, ma demeure de vert gazon !
● On retrouve le poète Friedrich Rückert avec le lied Ich bin der Welt abhanden gekommen, J’ai pris congé du monde.
Ce lied fait partie des Cinq Rückert Lieder composés entre 1901 et 1902. Mahler a dit de ce lied : « C’est moi-même. » L’expression très dense et pathétique est paradoxalement liée à une grande immobilité qui donne l’impression d’un suspens temporel. Arrangement d’Anne Champert.
On trouve une version originale inoubliable de ce lied : http://www.youtube.com/watch?v=11mfvRIKgUA
Malhermania- Fiche pédagogique
Ich bin der Welt abhanden gekommen,
Mit der ich sonst viele Zeit verdorben,
Sie hat so lange nichts von mir vernommen,
Sie mag wohl glauben, ich sei gestorben.
J’ai pris congé du monde,
Avec qui j’ai perdu beaucoup de temps ;
Il n’a rien entendu de moi depuis si longtemps,
Qu’il peut bien me croire mort !
Es ist mir auch gar nichts daran gelegen,
Ob sie mich für gestorben hält,
Ich kann auch gar nichts sagen dagegen,
Denn wirklich bin ich gestorben der Welt.
Et il m’importe peu
Si le monde pense que je suis mort.
Je ne peux rien y redire,
Car je suis vraiment mort au monde.
Ich bin gestorben dem Weltgetümmel,
Und ruh’ in einem stillen Gebiet.
Ich leb’ allein in meinem Himmel,
In meinem Lieben, in meinem Lied.
Je suis mort au tumulte du monde
Et je repose dans une région tranquille.
Je vis seul dans mon ciel,
Dans mon amour, dans mon chant.
● Retour à une symphonie. La Cinquième en ut dièse mineur, dont on entend la première partie du quatrième mouvement, le célèbre adagietto, magni-
fié, notamment par Visconti dans son film Mort à Venise. Cette symphonie fut composée entre 1901 et 1902. Il s’agit presque d’un lied pour orchestre,
sans paroles. L’esprit est presque le même que dans le lied J’ai pris congé du monde. Version pour piano à quatre mains d’Otto Singer. Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/watch?v=yeaCjyxrgGY
● Le dernier Lied du Chant de la terre (Das Lied von der Erde). Ce lied s’appelle Der Abschied, L’Adieu. Mahler a composé Le Chant de la Terre en 1908.
Henry-Louis de la Grange a montré qu’après l’année 1907 marquée par la mort de sa fille, le diagnostic d’une malformation cardiaque et son départ de
l’Opéra de Vienne, la composition de cette œuvre lui a permis de « retrouver le chemin de lui-même ». Le Chant de la terre fut composé sur des poèmes
chinois rassemblés par Hans Bethge. Celui de L’Adieu est à l’origine un poème écrit d’après Mong-Kao Jen, poète mort en 740. Mahler a réécrit la version de Bethge : les derniers vers, notamment, sont de sa propre main. Le Chant de la terre est une symphonie à laquelle Mahler n’a pas voulu donné ce
nom par superstition. En effet, elle aurait été sa Neuvième, chiffre fatidique pour Beethoven, Schubert (croyait-on à l’époque) et Bruckner. L’Adieu est le
dernier mouvement de cette symphonie de lieder. À lui seul, il est plus long que tous ceux qui l’ont précédé, il dure plus d’1/2 heure. Il s’agit évidemment d’un adieu au monde et à la vie. Mais c’est sur la lumière qui émane de la nature que se conclut ce Chant de la terre.
Version pour orchestre de chambre d’Arnold Schönberg, complétée par Rainer Riehn.
Vidéo de la version originale : https://www.youtube.com/watch?v=_pxPYWJqaPI
Der Abschied
Die Sonne scheidet hinter dem Gebirge.
In alle Täler steigt der Abend nieder
mit seinen Schatten, die voll Kühlung sind.
L’Adieu
Le soleil disparaît derrière les montagnes.
Sur toutes les vallées s’étale le soir
avec ses ombres emplies de froid.
O sieh! Wie eine Silberbarke schwebt
der Mond am blauen Himmelssee herauf.
Ich spüre eines feinen Windes Wehn
hinter den dunklen Fichten!
Ô regarde ! Comme une barque d’argent
la lune suspendue sur la mer céleste.
Je sens un léger souffle du vent
derrière les sombres sapins !
Der Bach singt voller Wohllaut durch das Dunkel.
Die Blumen blassen im Dämmerschein.
Le ruisseau chante en pleine harmonie dans l’obscurité ;
Les fleurs pâlissent dans la nuit qui tombe.
Die Erde atmet voll von Ruh und Schlaf.
Alle Sehnsucht will nun träumen,
La terre respire emplie de repos et de sommeil.
Tous les désirs aspirent désormais au rêve.
Malhermania- Fiche pédagogique
die müden Menschen gehen heimwärts,
um im Schlaf vergessenes Glück
und Jugend neu zu lernen!
Les gens fatigués rentrent chez eux
pour réapprendre dans le sommeil
le bonheur oublié et la jeunesse.
Die Vögel hocken still in ihren Zweigen.
Die Welt schläÓ ein ...
Les oiseaux se taisent sur leurs branches.
Le monde s’endort !
Es wehet kühl im Schatten meiner Fichten.
Ich stehe hier und harre meines Freundes;
ich harre sein zum letzten Lebewohl.
Il passe un vent frais dans l’ombre de mes sapins.
Je suis là et j’attends mon ami:
Je l’attends pour le dernier adieu.
Ich sehne mich, o Freund, an deiner Seite
die Schönheit dieses Abends zu genießen.
Wo bleibst du? Du lässt mich lang allein!
Je désire ardemment, mon ami, à tes côtés,
jouir de la beauté de ce soir.
Où es-tu ? Tu me laisses longtemps seul !
Ich wandle auf und nieder mit meiner Laute
auf Wegen, die von weichem Grase schwellen.
O Schönheit! O ewigen Liebens, Lebens trunkne Welt!
J’erre de-ci de-là avec mon luth,
sur des sentiers gonflés d’une herbe tendre
Ô beauté ! Ô monde à jamais ivre d’amour et de vie !
Er stieg vom Pferd und reichte ihm den Trunk
des Abschieds dar. Er fragte ihn, wohin
er führe und auch warum es müsste sein.
Il descendit de cheval et lui tendit la coupe
de l’adieu. Il lui demanda où il allait
et aussi pourquoi cela devait être ainsi.
Er sprach, seine Stimme war umflort:
Du, mein Freund,
mir war auf dieser Welt das Glück nicht hold!
Il parla, sa voix était voilée :
Toi mon ami, sache que
sur cette terre, le bonheur ne m’a pas souri !
Wohin ich geh? Ich geh, ich wandre in die Berge.
Ich suche Ruhe für mein einsam Herz.
Où je vais ? Je vais, je marche dans les montagnes.
Je cherche le repos pour mon cœur solitaire.
Ich wandle nach der Heimat, meiner Stätte.
Ich werde niemals in die Ferne schweifen.
Still ist mein Herz und harret seiner Stunde.
Je chemine vers mon pays, mes territoires !
Je ne vagabonderai plus jamais dans les lointains,
Calme est mon cœur et il attend son heure !
Die liebe Erde allüberall blüht auf im Lenz und grünt
aufs neu! Allüberall und ewig blauen licht die Fernen!
Ewig ... ewig ...
La terre bien-aimée partout fleurit au printemps et reverdit comme neuve !
Partout et éternellement les lointains bleuissent de clarté !
Éternellement, éternellement.
Pour aller plus loin
Æ Le site de la compagnie Nico and the navigators avec un extrait vidéo du spectacle
Æ Henry-Louis de La Grange, Gustav Mahler, Fayard 2007. Version condensée en 1 volume, avec l’aide de Joël Richard, de la biographie en trois
volumes que l’auteur avait fait paraître entre 1979 et 1984, chez Fayard.
Æ Stephane Friederich, Gustav Mahler, Actes Sud/Classica, 2004.
Æ Françoise Giroud, Alma Mahler ou l’art d’être aimée, Robert Laffont, 1988. Repris chez Pocket, 1989.
Æ Un site internet : http://www.mediathequemahler.org/
Fondée en 1986 par Maurice Fleuret et Henry-Louis de La Grange, la Médiathèque Musicale Mahler s’est imposée comme une source de documentation
musicale d’une richesse exceptionnelle. Ouverte à tous, elle offre un corpus bibliographique et discographique ainsi qu’une collection d’archives qui
comptent parmi les premiers fonds privés de France.
Malhermania- Fiche pédagogique

Documents pareils