Le contexte européen de la mort d`Armand IV.
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Le contexte européen de la mort d`Armand IV.
Le contexte européen de la mort d’Armand IV. « Armand IV d’Alegre, baron d’Allègre ». Suite 2 1361. Armand IV n’a plus de successeur mâle. Il déshérite la famille de son épouse, de Chalencon, contre laquelle il vient de mener une guerre privée. Il nomme pour lui succéder, son neveu Bertrand de Saint-Nectaire, fils de sa sœur Odine. Il réserve à sa femme Alix de Chalencon la jouissance sa vie durant du château d’Allègre. Armand IV est tué en défendant son château, en août 1361. La succession est complexe à Allègre. La situation est complexe dans le royaume, plongé dans une spirale de grandes difficultés économiques, de guerres privées des pouvoirs locaux, et de guerres dynastiques. Allègre connaîtra 7 seigneurs en 32 ans, de 1361 à 1393. Il est intéressant de voir ce qui se passe dans le royaume dans cette même période. Quel est le contexte européen ? La démographie européenne croît tant qu’en certaines zones la production agricole n’est plus suffisante. De 1314 à 1316 le climat est froid et la famine fait sa réapparition. A Allègre le seigneur est Eustache, baron du lieu. Les paysans émigrent vers les villes où la pauvreté engendre l’insécurité. A l’opposé les classes riches s’enrichissent. La possession de la Guyenne et autres contentieux opposent France et Angleterre. Charles de Valois avait déjà confisqué des places en Guyenne. Grâce au climat la France connaît une période favorable, ce qui n’est pas le cas outre Manche. L’Angleterre importe du vin de ses terres de Guyenne, du sel de Bretagne, tandis que la Normandie, la Picardie et Calais sont des portes d’entrée en France pour les exportations anglaises (laines et produits industriels) vers les foires de Champagne et le comté de Bourgogne. L’Angleterre compte 4 millions d’habitants, est industrialisée et vit du commerce de la laine. L’importation du vin est importante. L’eau se conservant mal, on l’assainit en la coupant de vin, ou on la remplace par des vins titrant moins que ceux que nous connaissons. Edouard III roi d’Angleterre Jean II le Bon, roi de France Le dauphin Charles, futur Charles V La France compte 12 à 16 millions d’habitants, dont 200 000 « parisiens », que dominent la hiérarchie religieuse et la chevalerie féodale pour laquelle les guerres (privées ou de plus grande ampleur) sont une source de revenus essentielle. La charge de cavalerie lourde est de tradition. Le roi jouit d’un grand prestige. Le roi d’Angleterre conserve en France une Guyenne réduite et un petit comté de Ponthieu. Le royaume r de France en 1361 Il y est vassal du roi de France. En 1332 le roi d’Angleterre voit sa suzeraineté contestée par le roi d’Ecosse qui, vaincu, trouve refuge en France, au ChâteauChâteau Gaillard. Les Anglais acquièrent une expérience « de la chevauchée », suite de razzias rapides en terre ennemie. En Aquitaine, Aragon, Bourgogne, Bretagne, Castille, Champagne, Flandre, Gènes, Guyenne, Hainaut, Luxembourg, Navarre, Portugal, la pression fiscale des suzerains est contestée et les alliances vacillent. Les rois s peuvent appeler au combat le « ban et l’arrière-ban ». ce sont tous les hommes valides de 18 à 60 ans. Ils peuvent racheter leur participation au combat en payant une taxe. Les femmes, les hommes de plus de 60 ans, les enfants, tenant un fief, peuvent aussi ssi racheter leur absence en payant une taxe. Les combattants payent leur équipement. Les « hommes d’armes » sont principalement la chevalerie. Ils sont protégés, d’abord par une cotte de mailles, ensuite remplacée par une « armure à plaques » de fer, puis par une armure plus ou moins complète, en acier résistant aux flèches. Les « gens de pied » sont protégés par des habits rembourrés (gambisons (gambisons) ou en cuir, éventuellement complétés par des éléments d’armure en acier. Ces équipements sont coûteux et sont une ne monnaie d’échange, une rançon, en cas de capture. Les « gens de trait » sont les archers et arbalétriers. Ce sont souvent des paysans, en général jugés plus habiles. Les archers anglais sont réputés car entraînés par de fréquents concours. Les armées peuvent être levées en peu de temps. En 1347 Philippe VI dispose de 50 000 hommes. Les combattants anglais coûtent moins cher, nourris sur l’habitant du pays occupé. Mais les Anglais doivent être envoyés par mer, ce qui limite à 20 à 30 000 hommes les troupes pes d’Edouard. En général l’Anglais a l’avantage d’engager le combat où il l’entend, rapidement. L’expérience anglaise acquise par les chevauchées en Ecosse sera mis à profit. Edouard privilégie les actions courtes, ne cherche pas à conserver toutes les places prises et autofinance ses chevauchées par le pillage et la rançon. La chevalerie française est très expérimentée, mais, lente et coûteuse. Elle présente le « profil » inverse des troupes anglaises. Le roi de France sera ainsi contraint à une guerre défensive et de poursuite derrière l’ennemi. Certains auteurs voient dans les comportements opposés des troupes anglaises et françaises, un reflet des deux sociétés. La société française, féodale et religieuse, induit le prestige de la chevalerie et son comportement. Les chevaliers, de tous rangs, forment une caste guerrière souvent avide de se mettre en valeur par le combat. Ils s’opposent fréquemment aux stratèges qui demandent du temps pour observer l’ennemi. Dans l’esprit de la chevalerie, on ne tue pas l’adversaire, on l’amène à reconnaître sa défaite, on le fait prisonnier et on le rançonne. La société anglaise, commerçante et industrieuse, vise à l’efficacité, à l’organisation, et fait peu de cas du prestige. Le conflit dynastique. Selon divers auteurs, le conflit dynastique est loin d’être la principale raison des guerres dites de Cent-Ans. Depuis 939, les Capétiens ont gouverné de génération en génération. Pour comprendre ce problème dynastique, il faut remonter à Philippe III le Hardi (1245, 1270-1285)). De son épouse Isabelle d’Aragon, Philippe III aura Philippe IV le Bel. Charles de Valois, fils cadet de Philippe III et frère cadet de Philippe IV, ne règnera pas… mais sera tige de la dynastie des Valois. A Allègre, le seigneur est Hugues, chevalier. Philippe IV le Bel va régner de 1285 à 1314. On se rappellera qu’il fit emprisonner les Templiers, et que, sur le bûcher, en 1314, Jacques de Molay lança sa malédiction vers les descendants de Philippe le Bel, les « rois maudits »... Louis X (1289, 1314-1316) aîné des fils de Philippe IV le Bel, n’a qu’une fille. Il fait condamner sa première épouse, se remarie, mais meurt laissant sa seconde épouse enceinte. Philippe V le long (1292, 1316-1322), deuxième fils de Philippe le Bel, assure la régence. De la seconde épouse de Louis X, naît en 1316, Jean 1er, dit « posthume » car il meurt âgé de seulement cinq jours, des auteurs le disant même mort-né. Charles IV, troisième fils de Philippe le Bel 1294, 1322-1328, sera le dernier Capétien direct régnant, dernier fils de Philippe le Bel. Philippe le Bel a eu une fille, Isabelle de France. Elle a épousé Edouard II d’Angleterre. Ils ont un fils, Edouard III, roi d’Angleterre qui peut donc prétendre à la couronne de France en tant que petit fils de Philippe le bel, et vivant à la mort du dernier de ses « oncles ». Contrairement à une idée répandue, ce n’est pas la « loi salique (qu’on n’évoquera que vers 1350, à Saint-Denis) qui est alors invoquée, mais la crainte du passage du royaume de France sous couronne étrangère en cas de mariage de Jeanne avec un souverain, et la « règle de masculinité » de Philippe le Bel, à la fin du XIIIe s. C’est Philippe VI (1293, 1328-1350), de la branche des Valois, descendant de Charles de Valois, frère cadet de Philippe IV le Bel, qui est préféré à Edouard III d’Angleterre. Hommage du roi d’Angleterre au roi de France pour la Guyenne En tant que vassal de Philippe VI de Valois, qu’il reconnaît, Edouard III fait hommage de la Guyenne en 1328, tout en se réservant le droit de réclamer les terres confisquées, en échange de sa liberté d’action contre l’Ecosse. En 1337 Philippe VI refusant et confirmant la confiscation d’une partie de la Guyenne, Edouard III lui déclare la guerre. Chronologie des « Guerres de Cent Ans ». Les Guerres de Cent Ans, entrecoupées de trêves et de paix plus ou moins longues dureront 116 ans, de 1337 à 1453. 1. De 1337 à 1364. Edouard III remporte une série de victoires. En 1361, lors du traité de Brétigny, la France est en grande partie sous domination anglaise. De 1361 à 1364 les Grandes Compagnies ravagent les campagnes. 2. De 1364 à 1380. Charles V reconquiert les terres de sa couronne et peu à peu se débarrasse des Grandes Compagnies avec l’aide de Duguesclin. Les Anglais ne conservent que Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux, Bayonne et des places en Auvergne. 3. De 1380 à 1420. Les nobles profitent des moments de folie de Charles VI. Les Armagnac, Orléans, Bourgogne contrôlent le royaume et entraînent le peuple dans la guerre civile. 1420. Henry V, roi d’Angleterre épouse la fille de Charles VI et se dit régent de France. En 1422, son fils Henry VI sera roi d’Angleterre et de France. 4. De 1422 à 1453. Sous Charles VII, réfugié en Berry, la France sera reconquise, un sentiment « national » naîtra, les Anglais ne conserveront que Calais. Août 1361. La mort d’Armand IV à Allègre intervient en 1361, au mois d’Août, dans la première partie des guerres, juste après le traité de Brétigny, et, d’une certaine manière, à cause de ce traité de paix. Les 32 ans que nous étudions, de 1361 à 1393, s’inscrivent dans les deux périodes centrales. Le début des Guerres de Cent Ans. En France comme en Angleterre, les rois ne sont pas fortunés. Ils ont dû négocier avec leurs parlements avant de lever des armées. Or le commerce cesse entre les deux pays ainsi qu’en Flandre et d’une moindre façon en « Espagne ». Ces royaumes s’appauvrissent encore un peu plus. Les marchands voient leurs profits s’effondrer. En Bretagne une guerre de succession s’engage. En Flandre les drapiers se soulèvent contre le représentant de la France. La Flandre prend le parti anglais puis finit par se rallier à la France (guerre des Chaperons Blancs). Le commerce anglais reprenant, la France tente de bloquer le canal de Bruges à la Mer du Nord. 1340. La flotte française est écrasée à l’Ecluse. La France ne pourra donc pas aider l’Ecosse, ce dont profite Edouard III en 1346. Bataille de l’Ecluse. 1339. Première chevauchée. Elle oppose 10 à 20 000 Anglais (1600 chevaliers ; 1500 archers à cheval ; 1650 archers à pied ; 800 mercenaires germaniques. 200 villages sont ravagés en Normandie et Picardie. Elle aboutit à Crécy en 1314 1314,, et à la lourde défaite française, notamment de sa chevalerie. Edouard se réfugie dans Calais, et c’est alors qu’a lieu l’épisode des Bourgeois de Calais. Philippe VI de Valois Jean le Bon (1319, 1350--1364) 1364) succède à Philippe VI, continuant la lignée des Valois. 1347-1348 : la Grande Peste, Peste ou Peste Noire, décime l’Europe et contraint à une trêve de 1349 à 1355. La Grande Peste (carte InternetInternet Wikipedia) 1356. Le roi Jean est fait prisonnier à Poitiers et emmené à Londres jusqu’au paiement de sa rançon. Il y mourra en 1364. Bataille de Poitiers Jean II est fait prisonnier. 1360. Le traité de Brétigny marque une longue paix et scelle la domination anglaise. La France est réduite à une bande de terres allant de la région parisienne au nord de Paris, jusqu’à la Méditerranée. Brie, Centre, Auvergne et Cévennes sont en résumé ce qui demeure Français. Les troupes, tant anglaises que françaises errent dans les campagnes. Pour vivre elles pillent tant les villes que les châteaux. Elles ne sont pas souhaitées sur les terres tenues par l’Angleterre. C’est pourquoi ces « Grandes Compagnies » sillonnent l’Auvergne où on les trouve en 1361, devant Alegre-Grazac. Mais il n’y a pas qu’elles… A suivre… Texte établi d’après : Jean Favier (1980). L. Theis (1992). Françoise Autrand (1994). M. Zink (2002). M. Balard, JPh. Genet, M. Rouche (2003). Noël Coulet (2007). Boris Bove (2009). Consultations : Archives Nationales Archives Départementales de Haute Loire. Chroniques contemporaines des Guerres de Cent-Ans : Jean Froissart (1337-1405) Grandes Chroniques de France (1370-1380), des religieux anonymes de Saint-Denis. Jean Jouvénal des Ursins (1360-1431) Jean II Jouvénal des Ursins (1388-1473) Enguerrand de Monstrelet (1400-1453) Journal d'un bourgeois de Paris (1405-1449) Thomas Basin (1412-1491) évêque de Lisieux. Illustrations Duflos Amis d’Allègre Internet Wikipedia