Synthèse savoir-faire châtaignier PNRPL

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Synthèse savoir-faire châtaignier PNRPL
SAVOIR-FAIRE DU CHÂTAIGNIER DANS LE
PARC NATUREL REGIONAL
PERIGORD-LIMOUSIN
Document de synthèse
Vannerie, menuiserie, artisanat du châtaignier
Savoir-faire du bois de châtaignier du Périgord-Limousin – PNRPL – mars 2014
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La spécificité du Parc en Limousin est d’être boisé à 34 % et d’avoir une forêt a très large
dominance feuillue (environ 80 % de la surface boisée totale). Parmi les essences les plus
courantes utilisées par les artisans locaux se trouvent le châtaignier, les chênes « de pays »
(chênes sessile et pédonculé), le frêne, les feuillus précieux : érable, merisier, cormier…
Zoom sur le châtaignier
Le châtaignier est présent sur environ 30 000 ha, soit à peu près la moitié des forêts du
Pnr Périgord-Limousin.
L'exploitation du taillis de châtaignier sur le territoire du Périgord-Limousin existe
depuis l’époque gallo-romaine, et s'est surtout développée au XVIII et XIX siècles, période à
laquelle, grâce à sa croissance rapide, il fournissait le bois nécessaire aux fours des forges.
Le développement de la vigne dans le Sarladais, dans les années 1840, a entraîné un important
besoin en piquets, assuré par du châtaignier de taillis rond ou fendu, idéal car robuste et peu
putrescible. La création du "feuillard", bois de petit diamètre fendu en deux qui sert à cercler
les barriques a aussi augmenté l’intérêt économique de ce bois. Mais la crise de la petite
sidérurgie a imposé la diversification de l'utilisation du châtaignier. Le métier de feuillardier a
évolué vers de nouveaux débouchés tels que la menuiserie et le mobilier extérieur.
Les principaux produits en châtaignier :
Piquets : La demande en piquet reste importante, de gros besoins dans le milieu
agricole soutiennent cette filière.
Clôtures croisillons : produits de qualité, à développer
Parquets / lambris : le marché du parquet a fortement
chuté ces dernières années. Il vivote difficilement.
Vannerie : le marché est à développer sur du produit de
qualité mettant en avant son côté rustique.
Mobilier : le marché est à développer, en faisant connaître le bois châtaignier
Il existerait des pistes de développement avec les artisans dans le mobilier issu des
techniques traditionnelles de vannerie et des techniques modernes pour des produits design.
La vannerie :
Le savoir-faire à la base de la fabrication
artisanale de mobilier et objets courants en châtaignier
trouve son origine dans la diversification de l'utilisation
du châtaignier suite au déclin des forges. Il a
probablement été utilisé pour la première fois pour la
fabrication des fauteuils par des artisans d'un hameau du
Parc, les Trois cerisiers.
Les meubles en vannerie de châtaignier ont une
origine ancrée dans le territoire du Périgord-Limousin. La
fabrication de paniers en vannerie de châtaignier s'est
développée au XIX siècle, dépassant la production
consommée localement pour s'exporter dans toute l'Europe.
La production s'est développée dans le sud-ouest du
Limousin et le Nord de la Dordogne, notamment dans les
années 50, pour répondre à la demande importante de
grands magasins parisiens.
Fauteuil en cours de réalisation
P. Raffier
Savoir-faire du bois de châtaignier du Périgord-Limousin – PNRPL – mars 2014
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Les artisans ont su diversifier les applications de la vannerie au mobilier, en fabriquant
des tabourets, tables, meubles de salon, coffres, et en utilisant des petits bois non fendus. Les
matériaux utilisés dans la fabrication de vannerie châtaignier sont essentiellement locaux :
- Le bois de châtaignier :
o sous forme de gaulette, bois de taillis de 5 à 7 ans (généralement exploité par
l'artisan),
o sous forme de bois d'œuvre, bois de 15-20 ans, dont seul le billon de pied,
partie basse du tronc, est utilisé (généralement acheté aux scieurs)
- Des éléments de petite quincaillerie (pointes, agrafes…)
- Le rotin peut être utilisé pour la finition.
Les techniques consistent en :
- le tressage : à partir d’éclisses, des « rubans » de bois rabotés depuis un morceau de
châtaignier puis tressés ensemble pour faire des parements ou des fonds de sièges.
- l’assemblage : avec des chevilles, des clous ou des agrafes, des tenons et des mortaises,
assembler des pièces entre elles (pieds de chaise / dossier – pied de chaise / assise…).
- l'utilisation de gaulettes de bois écorcé ou non écorcé, fendues ou non
Exemple d’utilisation de gaulettes en fascine pour aménagements extérieurs
Aujourd'hui, sur le territoire du Parc naturel régional, moins de 10 artisans pratiquent
encore cette production traditionnelle, même si des marchés existent pour les aménagements
extérieurs (jardins paysagers, sentiers équipés…).
La sculpture, le tournage sur bois
Présente sur le territoire, à partir de matériaux bruts (bois massif, écorcé ou non
écorcé) ou de bois lamellé-collé.
Sculpture sur lamellé-collé de châtaignier, Graham Millar
Certains sculpteurs ou tourneurs travaillent aussi des billons de vieux châtaigniers,
souvent d’anciens arbres de verger dont les multiples tailles et greffage sont créateurs de
couleurs et de formes très variées.
L’usage du lamellé-collé permet de valoriser au maximum les bois issus de nos forêts,
même les bois de faible qualité. En effet, on peut coller ensemble des morceaux de moindre
qualités pour constituer de grandes sections de qualité, ou plus simplement encoller ensemble
des pièces avec des défauts mais qui, d’un point de vue de résistance et d’esthétisme, pourront
être bien valorisées (meuble, aménagement public, éléments de décoration…).
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L’artisan menuisier, l’ébénisterie
L’artisan va transformer des bois issus de la première transformation.
Cet artisanat s’appuie sur l’utilisation de machines adaptées au travail du bois, et
souvent offre une large variabilité de produits finis. Les artisans peuvent travailler par rapport
à des commandes spécifiques, entièrement réfléchies avec le client, ou proposer des produits
plus courants commercialisables directement. La rénovation est un secteur d’activité
important de cette partie de la filière bois.
Les artisans menuisiers innovent régulièrement en proposant aussi des éléments
mixant les matières (bois et pierre, bois et verre) et en cherchant de nouveaux débouchés
(luminaires, fauteuils, jouets).
Aménagements intérieurs, Vincent DUPONT
La charpente et la construction
Filière en développement, sur le Parc se trouvent des professionnels désireux de
valoriser le châtaignier en construction traditionnelle (charpente). La mise en œuvre des bois
de charpente ainsi que des parquets, lambris, lames de terrasse valorise les productions des
scieries locales.
Le design
Des objets au design moderne et innovant peuvent être conçus grâce à la grande
variabilité de qualité des bois locaux (bois tordus, bois noueux, coloration…). Ils utilisent des
bois directement issus de la forêt aussi bien que des bois issus des scieries, et réalisent
l’assemblage et la mise en forme. Ces produits peuvent être décoratifs ou fonctionnels.
Pomme en gaulettes de châtaignier
R. Dijoux
Fauteuil design, AB Forêt et étudiants lycée Loewy
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Synthèse
Le travail du bois identitaire du territoire est celui lié à l’usage du châtaignier qui
a toujours accompagné le développement de la société locale. Les excellentes propriétés
chimiques et mécaniques de ce bois en font un très bon matériau pour tout usage en
extérieur, en structure, en parement… La concentration sur le territoire du Parc de tous
ces savoir-faire développés autour de la même essence est unique en France.
Malheureusement, depuis quelques années la filière châtaignier connaît des difficultés
(perte de vitesse du parquet, moindre consommation de produits d’aménagement extérieur…).
Cette filière manque notamment de reconnaissance, les productions étant plutôt
confidentielles malgré des volumes parfois importants. Plusieurs entreprises ont fermé leurs
portes, désormais le nombre d’entreprises transformant exclusivement ce bois est très faible.
Quels besoins pour cette filière ?
Le principal besoin semble être de se regrouper. Que ce soit pour mutualiser des
équipements, des services ou pouvoir compter sur une importante force de communication, il
est nécessaire que des projets collectifs se mettent en place. Aussi, de nombreux artisans n'ont
pas de démarche commerciale particulière : ils vendent essentiellement à une clientèle fidèle,
par bouche à oreille. Peu sont équipés de sites Internet régulièrement actualisés qui leur
permettent de cibler d’autres publics.
La communication et la recherche de marché sont des enjeux car les artisans
manquent de temps et de moyens. Ils ont du mal à créer de nouveaux produits et à assurer en
même temps leur production. Et les artisans sur le départ peinent à trouver des successeurs car
le manque de rentabilité n’attire pas les jeunes.
Quelles voies de développement ?
La très grande variabilité des savoir-faire du bois locaux, et la grande souplesse du
matériau bois permettant de concevoir presque sans limite des produits originaux, sont deux
points forts de la filière châtaignier locale.
Le territoire, par son attrait touristique, est une vitrine importante pour ces artisans. Un travail
sur la conception de produits au design plus moderne peut permettre de proposer des produits
plus rentables. De nouveaux marchés peuvent être accessible, sous réserve également d’une
communication moderne et vivante.
Une quinzaine d’artisans du Parc sont déjà rassemblés en association, l’Union
Professionnelle Châtaignier Bois (www.upcb-chataignier.fr), dont les objectifs sont de
promouvoir et partager leurs savoir-faire autour du châtaignier, dans un but de redynamisation
économique. Deux projets avec des lycées ont déjà vus le jour depuis la création de l’UPCB.
Porteuse d’une image identitaire forte et garante d’une qualité d’exécution locale, la Marque
Savoir-Faire accompagne cette dynamique en offrant une nouvelle visibilité aux artisans
engagés. C’est pourquoi les artisans châtaignier et le Parc naturel régional Périgord-Limousin
sont rassemblés dans ce projet de Marque, dans l’idée de continuer à travailler ensemble et
dans la durée pour la reconnaissance et le développement de cette filière locale créatrice de
valeur ajoutée locale.
Savoir-faire du bois de châtaignier du Périgord-Limousin – PNRPL – mars 2014
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