« Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui

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« Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui
« Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un
frère, une sœur et une mère ».
C’est aujourd’hui la Présentation de Marie au Temple, fête chère aux
religieuses, mais c’est aussi l’anniversaire de Sœur Nelly, et quel anniversaire !
De qui faut-il donc parler ? De la Vierge Marie ou de Sr Nelly ? L’humilité de
chacune voudrait qu’on parle seulement de l’autre, mais comme je suis
normand, je ne vais pas choisir vraiment, et je vais parler des deux.
. Parce que c’est d’elle que nous parle l’Evangile
de ce jour. « Ta mère et tes frères sont là dehors, qui cherchent à te parler ».
Marie ne devait pas être très gênante pour son fils, elle s’était habituée à son
indépendance depuis l’épisode du temple lors du pèlerinage à Jérusalem,
quand il était enfant. Elle suivait probablement les déplacements de Jésus et de
ses disciples au long des routes de Palestine et elle écoutait son enseignement
avec joie, mais, si on en croit l’évangile elle avait aussi charge de famille et
devait s’occuper de ces cousins que notre texte appelle ses frères. « Qui est ma
mère et qui sont mes frères ? » demande alors Jésus, comme pour refuser
d’être dérangé encore, comme pour nier sa parenté naturelle et affirmer qu’il
est libre. Et ces mots devaient paraître bien durs pour sa famille, et donc pour
Marie elle-même. Jusqu’à ce qu’il ajoute, en montrant ceux qui l’écoutaient :
« Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux
cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère ». Jésus prend
distance avec les liens du sang pour nous révéler une autre pauvreté, une autre
appartenance familiale : « Celui qui fait la volonté de mon Père est pour moi un
frère, une sœur, une mère ». Qui mieux que Marie s’est livré tout entier à la
volonté du Père ? Elle déclare à l’ange : « Que tout se passe pour moi comme
tu l’as dit ». Marie a accueilli la Parole de Dieu, elle l’a reçue et elle l’a conçue,
elle lui a donné de prendre chair en elle, pour que le salut de Dieu parvienne
jusqu’aux extrémités de la terre, pour que se réalise la promesse de Dieu faite à
son peuple. Marie est la première à entrer dans cette filiation nouvelle pour
l’humanité. Plus tard, Jésus dira aussi à Pierre : « Ce n’est pas la chair et le sang
(la famille de la terre) qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est aux
cieux ». Et, sur la croix, il dira pour finir à sa mère : « Femme, voici ton Fils ».
Marie apprend donc ce jour-là, celui que nous conte l’évangile d’aujourd’hui,
un peu plus ce que désire Jésus et ce qu’il est venu nous apprendre, elle entre
un peu plus dans la compréhension du mystère de l’amour de Dieu, elle fait un
pas dans la foi, et comme disait le pape Jean-Paul II, elle avance sur le chemin
de la foi tout comme nous, et même elle nous ouvre ce chemin.
Il y a vous, ma sœur, qui avancez depuis un certain
temps sur ce chemin de la foi. Nous fêtons aujourd’hui vos cent ans selon la
chair, mais j’imagine que vos cent ans d’enfant de Dieu par le baptême ne sont
pas loin et même qu’ils sont tout proches, parce qu’à l’époque, en 1914, alors
que la guerre était déjà déclarée, on baptisait vite après la naissance. Voilà
donc cent ans que vous marchez dans la foi, à la recherche de ce Dieu que vous
aimez et dont vous attendez comme nous tous qu’il vienne. Entre temps, vous
avez appris jour après jour, année après année à le connaître, à l’accueillir, lui
qui vient à nous et qui se révèle dans sa parole et surtout dans la fraction du
pain. Vous avez appris aussi à la faire connaître, à le faire aimer, à je ne sais
combien d’enfants et de jeunes, pendant toutes ces années données au service
des paroisses. Vous avez aussi appris à le reconnaître comme celui qui est au
milieu de nous, celui qui se révèle à travers nos gestes de fraternité, qu’il
s’agisse de notre famille humaine ou de notre famille spirituelle. Vous avez été
fidèle à l’une et à l’autre, à vos sœurs de Cabourg et de la famille humaine,
comme à vos sœurs de Douvres et de la Sainte Famille. Fidèle aussi en amitié,
je peux en témoigner, et d’autres avec moi. En imaginant les sentiments qui
sont les vôtres aujourd’hui, je pense avec émotion à Sr Paul quand il dit aux
Philippiens qu’il est partagé : il voudrait bien être avec le Christ mais il veut
aussi être avec eux, pour leur bien. J’imagine, ma sœur, que vous portez un
grand désir d’être avec ceux que vous avez aimé et qui vous manquent, mais
aussi d’être avec ceux qui vous aiment encore. Je pense qu’en regardant toutes
ces années, vous êtes plutôt dans la paix et dans la reconnaissance.
« Comment rendrai-je au Seigneur le bien qu’il m’a fait ? », demande le
psalmiste dans le psaume 115 (verset 12). Comment rendre tout cela à Dieu ?
Alors même que vous avez au moins deux plus à rendre que quelqu’un qui a
vécu 50 ans, ce qui n’est déjà pas rien. Heureusement il ne s’agit pas de calcul
ni de compte à rendre mais simplement d’une manière de dire au Seigneur
combien son amour pour nous est grand. Voilà ce que je voudrais retenir de ce
jour : avoir 100 ans comme vous les avez, comme vous les portez, c’est dire que
la vie est un cadeau magnifique, ce qui ne veut pas dire que tout est rose et
facile, bien sûr ; c’est dire que nous sommes faits pour aimer et que le temps
perdu à autre chose risque d’être vraiment perdu.
Alors oui, il est bon, il est nécessaire que la Parole de Jésus nous remette
devant l’essentiel, devant ce qui est peut-être la vérité la plus profonde :