Article du Courrier de St-Hyacinthe sur la pénurie de

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Article du Courrier de St-Hyacinthe sur la pénurie de
Pénurie de traitements contre la grippe
Une entreprise maskoutaine
à la rescousse
Il n’y a pas que les vaccins contre la grippe
A (H1N1) qui soient en forte demande par
les temps qui courent. Le Tamiflu liquide,
ce fameux traitement permettant de
soigner la grippe chez les enfants, est lui
aussi devenu une denrée rare à travers
tout le Québec. Or, c’est à Saint-Hyacinthe,
chez Gentès & Bolduc Pharmaciens /Galenova, que toutes les pharmacies et tous
les hôpitaux du Québec se procurent
désormais le liquide de remplacement
pour pallier la pénurie.
Ceux qui soignent la grippe des petits
Québécois travaillent donc ici même, à
Saint-Hyacinthe. Ironie du sort, leurs locaux
sont situés à deux pas de la clinique de
vaccination installée dans l’ancienne usine
Labatt.
« Le Tamiflu est un traitement très efficace contre la grippe qui s’offre en capsule ou
en liquide, pour les enfants. Mais voilà, le
Tamiflu liquide n’est plus disponible nulle
part », a expliqué le pharmacien Bertrand
Bolduc, copropriétaire de l’entreprise.
Chez Gentès & Bolduc, un laboratoire
spécialisé en préparation de mélange de
médicaments qui sont discontinués ou trop
rares pour être produits en grande quantité,
l’équipe a su saisir la balle au bond. Dans
les grands laboratoires, les employés
peuvent préparer le précieux sirop en
écrasant des capsules de Tamiflu et en les
mélangeant à un liquide de suspension. La
division Galenova vend aussi les produits
nécessaires à la fabrication de tels mélanges
de médicaments.
« Je peux vous dire que la grippe est réapparue très précisément le mercredi 21 octobre un peu partout au Québec. Un matin,
notre téléphone s’est mis à sonner et ça n’a
jamais plus arrêté », raconte le pharmacien.
La semaine der nière, l’entreprise
maskoutaine a ainsi vendu plus de 3 700
bouteilles d’un liquide de remplacement
pour préparer la suspension de Tamiflu à
partir des capsules, l’Ora-Sweet SF. « En
général, on peut en vendre une centaine de
bouteilles par année au maximum, s’est
exclamé M. Bolduc. C’est du jamais vu. Nous
sommes en attente de 7 500 autres bouteilles
qui ont déjà été vendues, mais l’entreprise
A 6
• Jeudi 5 novembre 2009 • Le Courrier de Saint-Hyacinthe
L’entreprise maskoutaine Gentès & Bolduc Pharmaciens/Galenova fournit actuellement le Tamiflu
liquide, ce traitement de la grippe chez les enfants, aux hôpitaux et aux pharmacies partout en
province.
américaine qui produit le liquide est ellemême en souffrance de 200 000 bouteilles. »
Le plan B de l’industrie pharmaceutique
n’a donc pas tenu bien longtemps. Mais
devant la crise, le laboratoire maskoutain a
rapidement offert une troisième recette à ses
clients, un sirop fabriqué à base de méthylcellulose 1 %.
« En temps normal, on produisait une
vingtaine de bouteilles de 500 ml par mois,
mais on vient d’en expédier 200 en cinq
jours seulement. On essaie de travailler à un
rythme de 60 à 80 bouteilles par jour », estime M. Bolduc. En comptant qu’une bouteille représente une dizaine de traitements
pour enfant, ce sont donc de 600 à 800
traitements que les 62 employés envoient
chaque jour aux quatre coins du Québec, et
même ailleurs au Canada. Non seulement
l’entreprise est-elle la seule au Québec à
pouvoir actuellement répondre à la demande, mais elle assure aussi la livraison du
traitement partout en province le jour suivant
la commande!
Pour ar river à soutenir ce rythme infernal, l’entreprise a mis de côté la production
d’autres mélanges de médicaments moins
en demande et ses effectifs sont tous appelés à faire des heures supplémentaires.
« C’est intéressant de penser que c’est une
compagnie de la région qui est en mesure
d’aider, de répondre à la crise en ce
moment, a noté M. Bolduc. Nous faisons
partie de la solution. »
Bien que les affaires roulent particulièrement bien par les temps qui courent, M. Bolduc
demeure conscient que la grippe A (H1N1),
elle, finira bien par passer. « Nous devrons
tenir la cadence au moins jusqu’en mars.
D’ici là, il n’est pas question d’augmenter
nos prix ou d’engager trop de personnel.
Toutefois, c’est une opportunité d’affaires
puisque nous travaillons avec de nouveaux
clients. En leur montrant que nous sommes
capables de leur fournir ce que les autres ne
font pas, en les aidant en temps de crise, on
pourra sans doute conserver plusieurs de ces
partenaires. »
En attendant, le pharmacien encourage
ses employés et la population à se faire vacciner. « On ne peut pas obliger personne à se
faire vacciner, mais c’est la meilleure arme
pour éviter de contracter le virus et... d’avoir
besoin de Tamiflu! »
Dans ses laboratoires, l’entreprise maskoutaine prépare les traitements contre la grippe pour les
enfants en écrasant des capsules de Tamiflu et en les mélangeant à un liquide de suspension pour
fabriquer un sirop.
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Marie-Pier Gagnon Nadeau