Elaboration et caractérisation de céramiques ferroélectriques de
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Elaboration et caractérisation de céramiques ferroélectriques de
N° d'ordre : 99 ISAL 0074 Année 1999 THESE présentée DEVANT L'INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON pour obtenir LE GRADE DE DOCTEUR FORMATION DOCTORALE : CHIMIE INORGANIQUE ECOLE DOCTORALE : CHIMIE par Benoit GUIFFARD Ingénieur ENSCR ELABORATION ET CARACTERISATION DE CERAMIQUES FERROELECTRIQUES DE TYPE PZT FLUORE Soutenue le 1er octobre 1999 devant la Commission d'Examen Jury :MM. BINON P. GOUDMAND P. (Rapporteur) GUYOMAR D. LEJEUNE M. (Rapporteur) PLESKA E. TROCCAZ M. Ingénieur Société SAGEM - Montluçon Professeur Université Lille Professeur INSA Lyon Professeur ENSCI Limoges Ingénieur DGA - Paris Professeur INSA Lyon Cette thèse a été préparée au Laboratoire de Génie Electrique et Ferroélectricité de l’INSA de Lyon. 2 3 INSA de LYON Département des Etudes Doctorales ECOLES DOCTORALES • MATERIAUX DE LYON INSAL - ECL – UCB Lyon 1 - Univ. Chambéry - ENS Responsable : Professeur A. HOAREAU, UCBL (tél 04.72.44.85.66) Formations doctorales associées : - Génie des matériaux - Matière condensée surfaces et interfaces - Matériaux polymères et composites • MECANIQUE, ENERGETIQUE, GENIE CIVIL, ACOUSTIQUE (MEGA) Responsable : Professeur J. BATAILLE, ECL (tél 04.72.43.80.79) Formations doctorales associées : - Acoustique - Génie Civil : Sols, matériaux, structures, physique du bâtiment - Mécanique - Thermique et Energétique • (Pr. R. FOUGERES, tél 04.72.43.81.49) (Pr. G. GUILLOT, tél 04.72.43.81.61) (Pr. H. SAUTEREAU, tél 04.72.43.81.78) (Pr. J.L. GUYADER, tél 04.72.43.80.80) (Pr. P. LAREAL, tél 04.72.43.82.16) (Pr. G. DALMAZ, tél 04.72.43.83.03) (Pr. M. LALLEMAND, tél 04.72.43.81.54) ELECTRONIQUE, ELECTROTECHNIQUE, AUTOMATIQUE (EEA) INSAL - ECL – UCB Lyon 1 - Univ. de Savoie - Univ. de Saint-Etienne Responsable : Professeur G. GIMENEZ, INSAL (tél 04.72.43.83.32) Formations doctorales associées : - Acoustique - Automatique industrielle - Dispositifs de l'électronique intégrée - Génie biologique et médical - Génie Electrique - Signal, Image, Parole • (Pr. J.L. GUYADER, tél 04.72.43.80.80) (Pr. S. SCAVARDA, tél 04.72.43.83.41) (Pr. P. PINARD, tél 04.72.43.80.79) (Pr. I. MAGNIN, tél 04.72.43.85.63) (Pr. J.P. CHANTE, tél 04.72.43.87.26) (Pr. G. GIMENEZ, tél 04.72.43.83.32) ECOLE DOCTORALE INTERDISCIPLINAIRE SCIENCES-SANTE (EDISS) INSAL – UCB Lyon 1 – Univ. de Saint-Etienne – Univ. Aix-Marseille 2 Responsable : Professeur A. COZZONE, CNRS-Lyon (tél 04.72.72.26.75) Formations doctorales associées : - Biochimie - Génie Biologique et Médical (Pr. M. LAGARDE, tél 04.72.43.82.40) (Pr. I. MAGNIN, tél 04.72.43.85.63) 4 INSA de LYON Département des Etudes Doctorales AUTRES FORMATIONS DOCTORALES • ANALYSE ET MODELISATION DES SYSTEMES BIOLOGIQUES Responsable : Professeur S. GRENIER, INSAL tél : 04.72.43.83.56 • CHIMIE INORGANIQUE Responsable : • Professeur P. GONNARD, INSAL tél : 04.72.43.81.58 CONCEPTION EN BATIMENT ET TECHNIQUES URBAINES Responsable : Professeur M. MIRAMOND, INSAL tél : 04.72.43.82.09 • DEA INFORMATIQUE DE LYON Responsable : Professeur J.M. JOLION, INSAL tél : 04.72.43.87.59 • PRODUCTIQUE : ORGANISATION ECONOMIQUE POUR L'ENTREPRISE Responsable : Professeur J. FAVREL, INSAL tél : 04.72.43.83.63 • SCIENCES ET TECHNIQUES DU DECHET Responsable : Professeur P. MOSZKOWICZ, INSAL tél : 04.72.43.83.45 ET GENIE INFORMATIQUE 5 INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON Directeur : J. ROCHAT Professeurs : S. J.C. B. D. G. C. M. J.M. C. M. H. G. J. M. M. J.C. J.Y. J.P. B. B. M. M. A. R. J.C. H. C. L. G. J. M. G. Y. L. P. A. R. F. L. R. M. G. P. P. M. R. G. G. M. G. A. J.L. D. J.M. J.F. A. R. H. J. M. M. A. M. P. A. Ch. AUDISIO BABOUX BALLAND BARBIER BAYADA BERGER (Melle) BETEMPS BLANCHARD BOISSON BOIVIN BOTTA BOULAYE BRAU BRISSAUD BRUNET BUREAU CAVAILLE CHANTE CHOCAT CLAUDEL COUSIN DIOT DOUTHEAU DUFOUR DUPUY EMPTOZ ESNOUF EYRAUD (Prof. émérite) FANTOZZI FAVREL FAYET FERRARIS-BESSO FETIVEAU FLAMAND FLEISCHMANN FLORY FOUGERES FOUQUET FRECON GAUTHIER GERY GIMENEZ GOBIN (Prof. émérite) GONNARD GONTRAND GOUTTE (Prof. émérite) GRANGE GUENIN GUICHARDANT GUILLOT GUINET GUYADER GUYOMAR JOLION JULLIEN JUTARD KASTNER KLEIMANN KOULOUMDJIAN LAGARDE LALANNE LALLEMAND LALLEMAND (Mme) LAREAL LAUGIER LAUGIER PHYSICOCHIMIE INDUSTRIELLE G.E.M.P.P.M.* PHYSIQUE DE LA MATIERE PHYSIQUE DE LA MATIERE MODELISATION MATHEMATIQUE ET CALCUL SCIENTIFIQUE PHYSIQUE DE LA MATIERE AUTOMATIQUE INDUSTRIELLE L.A.E.P.S.I.*** VIBRATIONS - ACOUSTIQUE MECANIQUE DES SOLIDES EQUIPE DEVELOPPEMENT URBAIN INFORMATIQUE CENTRE DE THERMIQUE GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE MECANIQUE DES SOLIDES THERMODYNAMIQUE APPLIQUEE G.E.M.P.P.M.* COMPOSANTS DE PUISSANCE ET APPLICATIONS UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL L.A.E.P.S.I.*** UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL THERMODYNAMIQUE APPLIQUEE CHIMIE ORGANIQUE MECANIQUE DES STRUCTURES PHYSIQUE DE LA MATIERE RECONNAISSANCE DES FORMES ET VISION G.E.M.P.P.M.* GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE G.E.M.P.P.M.* G.R.P.I.S.M.**** MECANIQUE DES SOLIDES MECANIQUE DES STRUCTURES GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE MECANIQUE DES CONTACTS G.E.M.P.P.M.* INGENIERIE DES SYSTEMES D'INFORMATION G.E.M.P.P.M.* G.E.M.P.P.M.* INFORMATIQUE PHYSIQUE DE LA MATIERE CENTRE DE THERMIQUE CREATIS** G.E.M.P.P.M.* GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE COMPOSANTS DE PUISSANCE ET APPLICATIONS CREATIS GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE G.E.M.P.P.M.* BIOCHIMIE ET PHARMACOLOGIE PHYSIQUE DE LA MATIERE G.R.P.I.S.M.**** VIBRATIONS - ACOUSTIQUE GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE RECONNAISSANCE DES FORMES ET VISION UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL AUTOMATIQUE INDUSTRIELLE UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE INGENIERIE DES SYSTEMES D'INFORMATION BIOCHIMIE ET PHARMACOLOGIE MECANIQUE DES STRUCTURES CENTRE DE THERMIQUE CENTRE DE THERMIQUE UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL PHYSIQUE DE LA MATIERE BIOCHIMIE ET PHARMACOLOGIE 6 P. A. Y. H. P. J. J.P. M. N. R. P. P. A. A. M. J.P. G. J. G. J. P. J.M. D. J. P. R. M. J.M. E. J. D. P. C. J.F. H. S. D. M. R. J. G. A. P. LEJEUNE LUBRECHT MARTINEZ MAZILLE MERLE MERLIN MILLET MIRAMOND MONGEREAU (Prof. émérite) MOREL MOSZKOWICZ NARDON NAVARRO NOURI (Mme) OTTERBEIN PASCAULT PAVIC PERA PERACHON PEREZ (Prof. émérite) PINARD PINON PLAY POUSIN PREVOT PROST RAYNAUD REYNOUARD RIEUTORD (Prof. émérite) ROBERT-BAUDOUY (Mme) ROUBY RUBEL RUMELHART SACADURA SAUTEREAU SCAVARDA THOMASSET TROCCAZ UNTERREINER VERON VIGIER VINCENT VUILLERMOZ GENETIQUE MOLECULAIRE DES MICROORGANISMES MECANIQUE DES CONTACTS INGENIERIE INFORMATIQUE INDUSTRIELLE PHYSICOCHIMIE INDUSTRIELLE G.E.M.P.P.M.* G.E.M.P.P.M.* PHYSICOCHIMIE INDUSTRIELLE UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL MECANIQUE DES FLUIDES L.A.E.P.S.I.*** BIOLOGIE APPLIQUEE L.A.E.P.S.I.*** MODELISATION MATHEMATIQUE ET CALCUL SCIENTIFIQUE L.A.E.P.S.I.*** MATERIAUX MACROMOLECULAIRES VIBRATIONS - ACOUSTIQUE UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL THERMODYNAMIQUE APPLIQUEE G.E.M.P.P.M.* PHYSIQUE DE LA MATIERE INGENIERIE DES SYSTEMES D'INFORMATION CONCEPTION ET ANALYSE DES SYSTEMES MECANIQUES MODELISATION MATHEMATIQUE ET CALCUL SCIENTIFIQUE GR RECH. APPRENTISS., COOPERAT. ET INTERF. MULTIMOD. C.R.E.A.T.I.S.** CENTRE DE THERMIQUE UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL MECANIQUE DES FLUIDES GENETIQUE MOLECULAIRE DES MICROORGANISMES G.E.M.P.P.M.* INGENIERIE DES SYSTEMES D'INFORMATION MECANIQUE DES SOLIDES CENTRE DE THERMIQUE MATERIAUX MACROMOLECULAIRES AUTOMATIQUE INDUSTRIELLE AUTOMATIQUE INDUSTRIELLE GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE C.R.E.A.T.I.S.** L.A.E.P.S.I.*** G.E.M.P.P.M.* G.E.M.P.P.M.* PHYSIQUE DE LA MATIERE Directeurs de recherche C.N.R.S. : Y. BERTHIER P. CLAUDY N. COTTE-PATTAT (Mme) P. FRANCIOSI J.F. GERARD M.A. MANDRAND (Mme) J.F. QUINSON A. ROCHE MECANIQUE DES CONTACTS THERMODYNAMIQUE APPLIQUEE GENETIQUE MODECULAIRE DES MICROORGANISMES G.E.M.P.P.M.* MATERIAUX MACROMOLECULAIRES GENETIQUE MOLECULAIRE DES MICROORGANISMES G.E.M.P.P.M.* MATERIAUX MACROMOLECULAIRES Directeurs de recherche I.N.R.A. : G. BONNOT G. FEBVAY S. GRENIER Y. MENEZO BIOLOGIE APPLIQUEE BIOLOGIE APPLIQUEE BIOLOGIE APPLIQUEE BIOLOGIE APPLIQUEE Directeurs de recherche I.N.S.E.R.M. : A-F. PRIGENT (Madame) I. MAGNIN (Madame) BIOCHIMIE ET PHARMACOLOGIE C.R.E.A.T.I.S.** * GEMPPM GROUPE D'ETUDE METALLURGIQUE PHYSIQUE ET PHYSIQUE DES MATERIAUX ** CREATIS CENTRE DE RECHERCHE ET D'APPLICATIONS EN TRAITEMENT DE L'IMAGE ET DU SIGNAL *** LAEPSI LABORATOIRE D'ANALYSE ENVIRONNEMENTALE DES PROCEDES ET SYSTEMES INDUSTRIELS **** GRPISM GROUPE DE RECHERCHE EN PRODUCTIQUE ET INFORMATIQUE DES SYSTEMES MANUFACTURIERS Sommaire 9 SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE 13 CHAPITRE I GENERALITES 17 I.1. Introduction et définition de la piezoélectricité 19 I.2. Les matériaux piézoélectriques 19 I.3. Les matériaux ferroélectriques I.3.1. Définition I.3.2. Polarisation d'un matériau ferroélectrique I.3.3. Vieillissement et champ interne dans les matériaux ferroélectriques 19 19 21 I.4. Transition de phase d'un matériau ferroélectrique I.4.1. Définition I.4.2. Le point de Curie ferroélectrique Tc I.4.3. Type et ordre de la transition ferroélectrique – paraélectrique 23 23 23 24 I.5. Les équations de la piézoélectricité I.5.1. Les coefficients piézoélectriques I.5.2. Quantification du couplage électromécanique 25 25 27 I.6. Classification et applications des matériaux piézoélectriques 29 I.7. Les céramiques ferroélectriques de structure perovskite. Cas particulier des céramiques PZT I.7.1. Introduction I.7.2. Description de la structure perovskite I.7.3. Critères de stabilité de la structure perovskite I.7.4. Les solutions solides PZT à base de PbTiO3 et PbZrO3 I.7.4.1. Diagramme de phase du système binaire PbTiO3 – PbZrO3 I.7.4.2. Les domaines ferroélectriques dans les PZT I.7.4.3. La substitution cationique ou dopage dans les PZT I.8. Contribution des murs de domaines ferroélectriques aux propriétés des céramiques PZT I.8.1. Contribution intrinsèque et extrinsèque dans les matériaux ferroélectriques I.8.2. Stabilisation de la configuration des domaines ferroélectriques dans les céramiques PZT dur 22 31 31 31 31 32 32 34 35 37 37 38 10 I.9. Etude bibliographique I.9.1. Céramiques PZT à fréquence de résonance stable en température I.9.1.1. Cas des matériaux PZT non dopé I.9.1.2. Cas des matériaux PZT dopé I.9.2. Céramiques PZT à constante de charge d 33 stable sous contrainte mécanique uniaxiale 39 42 CHAPITRE II. SYNTHESE ET CARACTERISATION DES POUDRES DE PZT 43 II.1. Rappel sur les différents procédés d'élaboration des poudres de PZT II.1.1. La voie solide II.1.2. La voie liquide 45 45 45 39 39 41 II.2. Synthèse de la poudre de PZT à partir de la coprécipitation d'hydroxydes et d'oxalate II.2.1. Synthèse de la poudre de précurseurs II.2.2. Introduction des dopants II.2.2.1. Introduction des dopants du site A de la perovskite PZT II.2.2.2. Introduction du dopant du site B de la perovskite PZT II.2.2.3. Introduction du dopant du site anionique de la perovskite PZT II.2.3. Distribution granulométrique et surface spécifique des différents constituants de la poudre avant réaction II.2.4. Calcination de la poudre de précurseurs obtenue par coprécipitation II.2.4.1. Analyse thermogravimétrique et calorimétrique différentielle II.2.4.2. Analyse radiocristallographique II.2.4.3. Conclusion 51 53 56 II.3. Caractérisation des poudres de PZT dopé II.3.1. Analyse radiocristallographique II.3.2. Analyse de la morphologie des poudres de PZT II.3.2.1. Distribution granulométrique des poudres de PZT II.3.2.2. Mesures BET II.3.2.3. Analyse par microscopie électronique à balayage 57 57 62 62 63 64 CHAPITRE III. ELABORATION ET CARACTERISATION DES CERAMIQUES MASSIVES 67 III.1. Elaboration des céramiques III.1.1. Le frittage : définition et généralités III.1.2. Mise en forme de la poudre de PZT avant frittage III.1.3. Conditions opératoires du frittage 69 69 69 70 46 46 48 48 48 49 49 51 Sommaire 11 III.2. Caractérisation physico-chimique des céramiques PZT III.2.1. Premières observations III.2.2. Analyse radiocristallographique III.2.2.1. Evolution du taux de phase rhomboédrique avec le taux de fluor III.2.2.2. Evolution du taux de phase rhomboédrique en fonction du rapport Zr/Ti III.2.2.3. Evolution du volume de maille des PZT en phase cubique en fonction du taux de fluor III.2.3. Etude de la morphologie des céramiques PZT III.2.3.1. Densité des céramiques III.2.3.2. Taille des grains des céramiques 81 82 82 83 III.3. Conclusion 87 CHAPITRE IV. PROPRIETES DIELECTRIQUES ET ELECTROMECANIQUES DES PZT 89 IV.1. Introduction 91 IV.2. Polarisation des céramiques 91 IV.3. Grandeurs mesurées et moyens d’investigation utilisés 91 IV.4. Influence des différents dopants sur les caractéristiques diélectriques et électromécaniques des PZT IV.4.1. Influence des dopants du site A IV.4.2. Influence du dopant du site B IV.4.3. Influence du dopant du site anionique IV.4.4. Mécanisme de stabilisation de la configuration des murs de domaines dans le PZT fluoré stoechiométrique 72 72 73 75 80 94 94 94 96 100 IV.5. Influence du rapport Zr/Ti sur les propriétés diélectriques et piézoélectriques des PZT 101 IV.6. Cycle d’hystérésis des PZT 104 IV.7. Point de Curie des PZT 108 IV.8. Conductivité des PZT 110 IV.9. Conclusion 114 CHAPITRE V. STABILITE EN TEMPERATURE ET SOUS CONTRAINTE MECANIQUE UNIAXIALE DES CERAMIQUES PZT 117 V.1. Introduction 119 12 V.2. Techniques expérimentales V.2.1. Mesures en température V.2.2. Mesures sous contrainte mécanique uniaxiale 119 119 120 V.3. Influence de la fluoration sur la stabilité thermique et mécanique des PZT V.3.1. Stabilité en température V.3.2. Stabilité sous contrainte mécanique uniaxiale 120 120 122 V.4. Discussion V.4.1. Instabilité en température V.4.2. Instabilité sous contrainte mécanique uniaxiale 123 123 126 V.5. Influence du rapport Zr/Ti sur la stabilité thermique et mécanique des PZT V.5.1. Stabilité en température V.5.2. Stabilité sous contrainte mécanique uniaxiale 129 129 133 V.6. Conclusion 134 CONCLUSION GENERALE 137 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 143 ANNEXE 151 Introduction générale 13 INTRODUCTION GENERALE 14 Introduction générale 15 Les céramiques ferroélectriques de formulation générale Pb(ZrxTi1-x)O3 (PZT) sont massivement utilisées dans de nombreux domaines comme la médecine ou l’aéronautique en raison de leurs propriétés diélectriques et électromécaniques. Il est possible de moduler ces propriétés et d’obtenir des caractéristiques spécifiques pour des applications précises en réalisant des substitutions cationiques dans le réseau cristallin de la perovskite PZT. L’objet de l’étude est la recherche de céramiques PZT dur possédant des caractéristiques stables et reproductibles en fonction de la température et de la contrainte et sans comportement hystérétique. Ces spécificités sont requises pour des dispositifs tournant à grande vitesse comme les gyromètres et les gyroscopes vibrants qui peuvent être soumis à des variations de température importantes et dans lesquels les céramiques subissent des contraintes mécaniques élevées. Pour cette application particulière, le matériau doit également présenter une faible permittivité diélectrique relative (εr < 1000) ainsi qu’un coefficient de surtension mécanique élevé (Qm ≥ 2000). Certaines compositions PZT dites “fluorées” élaborées au Laboratoire de Génie Electrique et Ferroélectricité de l’INSA de Lyon présentent des caractéristiques qui répondent en partie au cahier des charges et semblent prometteuses pour le type d’application souhaitée. Ces nouveaux matériaux sont donc obtenus après substitution anionique fluor – oxygène partielle (ou fluoration) et constituent à notre connaissance les seuls PZT fluorés. Le présent travail structuré en cinq chapitres traite de l’élaboration et la caractérisation de céramiques PZT fluoré ainsi que de la stabilité de leur fréquence de résonance du mode longitudinal et de leur coefficient de charge d33 respectivement en température et sous contrainte mécanique uniaxiale. Le premier chapitre rappelle d’abord quelques généralités sur la piézoélectricité et la ferroélectricité. Il donne ensuite les caractéristiques et propriétés générales des céramiques PZT ainsi que quelques résultats de travaux antérieurs sur la stabilité thermique et mécanique des PZT. Dans le deuxième chapitre, la synthèse des poudres de PZT par voie liquide est décrite et les caractéristiques physico-chimiques des poudres sont présentées. Le troisième chapitre est consacré à l’élaboration et à la caractérisation des échantillons massifs après frittage. Le quatrième chapitre concerne l’étude des propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT fluorés. Enfin, le cinquième chapitre traite de la stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale des différentes compositions fluorées étudiées. Plus globalement, cette étude vise à déterminer l’influence de la fluoration sur le comportement diélectrique et électromécanique des céramiques PZT multisubstitué dans le sous–réseau cationique et sur leur stabilité relative sous 16 différentes sollicitations externes. Nous avons également cherché à appréhender le mécanisme de fluoration en corrélant les propriétés macroscopiques des matériaux substitués avec différents taux de fluor à leur symétrie cristalline. Chapitre I. Généralités 17 CHAPITRE I GENERALITES Ce chapitre rassemble des généralités sur la piézoélectricité et la ferroélectricité. Il comprend également une partie sur les céramiques ferroélectriques de structure perovskite et sur les solutions solides PZT en particulier. Enfin, une étude bibliographique concernant les céramiques PZT à fréquence de résonance et à coefficient de charge d33 stable respectivement en température et sous contrainte mécanique uniaxiale est présentée. 18 Chapitre I. Généralités 19 I.1. Introduction et définition de la piezoélectricité La piézoélectricité est l'aptitude de certains matériaux cristallins à produire une charge électrique proportionnelle à la contrainte mécanique qui les déforme. C'est l'effet piézoélectrique direct et ce phénomène est réversible: l'application d'un champ électrique externe provoque une déformation mécanique (effet piézoélectrique inverse). Ce sont les frères Pierre et Jacques Curie qui expliquent l'effet direct en 1880 [1]. L'existence de l'effet inverse fut suggéré théoriquement par Lippmann l'année suivante et confirmée expérimentalement par les frères Curie. I.2. Les matériaux piézoélectriques L'effet piézoélectrique dans un cristal résulte essentiellement de l'existence de dipôles électriques internes. Ces dipôles sont crées par la séparation à l'échelle de la maille du centre de gravité des charges positives de celui des charges négatives sous l'effet d'une contrainte externe. Parmi les 32 classes cristallines existantes, 20 présentent l'effet piézoélectrique. Elles sont toutes dépourvues de centre de symétrie. Dix des vingt classes cristallines piézoélectriques présentent une polarisation électrique spontanée – ou moment dipolaire permanent – en l'absence de contrainte ou champ extérieur: elles sont dites polaires. Les cristaux appartenant à ces 10 classes sont appelés pyroélectriques en raison de la variation de la polarisation spontanée avec la température. I.3. Les matériaux ferroélectriques I.3.1. Définition Les cristaux ferroélectriques forment un sous-groupe des cristaux pyroélectriques (Fig. I.1) pour lesquels la direction de la polarisation spontanée peut être réorientée ou même renversée sous l'action d'un champ électrique externe. 20 32 classes cristallines 21 non centrosymétriques 11 centrosymétriques non piézoélectriques 20 piézoélectriques 10 pyroélectriques 1 non piézoélectrique 10 non pyroélectriques ferroélectriques non ferroélectriques non ferroélectriques Figure I.1. Classes cristallines. A l'origine, le choix du terme ferroélectricité par Muller en 1935 a pour but de rappeler l'analogie entre le comportement hystérétique de la polarisation électrique macroscopique en fonction du champ électrique appliqué (Fig. I.2) et celle de l'aimantation en fonction du champ magnétique dans les substances ferromagnétiques. Le champ coercitif Ec est le champ électrique externe nécessaire pour la réorientation des dipôles du matériau ferroélectrique et sa direction d'application définit le nouvel axe de polarisation. La polarisation rémanente est la valeur de la polarisation à champ nul. Ps -Ec Ps: Polarisation spontanée Pr: Polarisation rémanente Ec: Champ coercitif EcEc Ps Figure I.2. Cycle d'hystérésis d'un matériau ferroélectrique. Chapitre I. Généralités 21 Par opposition, il existe également des cristaux antiferroélectriques. Ce sont des cristaux anti-polaires, c'est-à-dire que les dipôles élémentaires sont antiparallèles entre eux contrairement aux cristaux polaires dont les dipôles s'orientent spontanément parallèlement aux dipôles des mailles voisines. L'application d'un champ électrique suffisamment intense peut induire une transition de phase antiferroélectrique – ferroélectrique (Fig. I.3) qui correspond à une orientation parallèle des dipôles. Ea est la valeur du champ externe pour laquelle cette transition réversible se produit. P -Ea Ea E Figure I.3. Cycle d'hystérésis d'un matériau antiferroélectrique. Représentation schématique des dipôles élémentaires. I.3.2. Polarisation d'un matériau ferroélectrique Un matériau ferroélectrique est divisé en régions dans lesquelles les dipôles sont orientés de façon unidirectionnelle. Chaque région appelée domaine présente donc une polarisation spontanée homogène et uniforme. Comme la répartition des domaines est aléatoire, le matériau est globalement non polaire et possède une symétrie sphérique ∞ ∞ m. La frontière entre deux domaines est appelée mur de domaines. Les axes de polarisation des domaines forment entre eux des angles bien définis. Lorsqu'on applique un champ externe, les domaines dont la direction de polarisation est voisine de celle du champ vont croître en volume au détriment des autres domaines moins favorablement orientés. Ce processus s'appelle la polarisation du matériau. Celui-ci présente alors une polarisation macroscopique, il devient anisotrope et possède une symétrie conique ∞ m. La réorientation des domaines dépend donc de leur configuration initiale. D'après Berlincourt [2], dans les matériaux de structure perovskite, le basculement des domaines à 180° est total car il ne nécessite pas de déformations structurales, contrairement aux réorientations des domaines à 71°, 90° et 109° dits ferroélastiques qui entraînent des distorsions importantes de la maille. La figure I.4 donne une description qualitative du processus de réorientation des domaines lors de la polarisation d'une céramique ferroélectrique. 22 Céramique non polarisée Céramique polarisée Figure I.4 Représentation planaire du processus de polarisation dans une céramique polycristalline. (Ep :champ polarisant et PR : polarisation rémanente). I.3.3. Vieillissement ferroélectriques et champ interne dans les matériaux Le vieillissement est défini comme étant le changement des propriétés d'un matériau avec le temps et il peut être provoqué par des sollicitations externes mécaniques, électriques ou thermiques. Dans les matériaux ferroélectriques, la variation d'une propriété p avec le temps t peut généralement être décrite sur plusieurs décades de temps par la dépendance logarithmique suivante: p(t) = p(to) + A ln(t/to) (I.1) où to est le point de départ de la mesure de p. La constante A, qui donne la vitesse de vieillissement peut être positive ou négative. La relation (I.1) n'est pas valable indéfiniment, sinon p prendrait une valeur infinie ou nulle. Le vieillissement est généralement relié à la variation progressive de la configuration de domaines avec le temps. Ainsi, les matériaux vieillis présentent une configuration de domaines stabilisée qui peut se traduire par la présence d'un champ interne. Ce champ interne Ei vient s'ajouter au champ coercitif et se manifeste par un déplacement du cycle d'hystérésis le long de l'axe du champ externe dans le cas d'un matériau polarisé ou sinon par un cycle d’hystérésis non saturé (Fig. I.5). Chapitre I. Généralités 23 (a) (b) Champ interne Ei Figure I.5. Cycle d’hystérésis de matériaux ferroélectriques vieillis : (a) polarisé, (b) non polarisé. I.4. Transition de phase d'un matériau ferroélectrique I.4.1. Définition La transition de phase d'un matériau ferroélectrique correspond à un changement dans la structure cristalline, qui se produit généralement à une température bien définie et qui s'accompagne d'une modification de l'orientation et\ou de l'amplitude de la polarisation électrique. I.4.2. Le point de Curie ferroélectrique Tc Le point de Curie Tc est la température à laquelle un matériau ferroélectrique subit une transition de phase structurale vers un état où la polarisation spontanée disparaît. Au point de Curie, la permittivité diélectrique relative εr (εr = ε ) atteint une ε0 valeur maximale. Au delà de Tc, le matériau ferroélectrique devient paraélectrique et εr suit la loi de Curie: εr = C (I.2) T − To avec C: constante de Curie T: température absolue (K) To: température de Curie-Weiss (K). 24 grandeur physique εr 1/εr To Tc T Figure I.6. Evolution de la permittivité diélectrique d'un ferroélectrique en fonction de la température. La phase paraélectrique a toujours une symétrie cristallographique plus grande que celle de la phase ferroélectrique et elle est généralement non polaire. I.4.3. Type et ordre de la transition ferroélectrique – paraélectrique Quand un matériau est refroidi à une température inférieure à Tc, la transition de phase qui se produit peut être de type ordre – désordre et\ou de type displacif. Dans le premier cas, les dipôles permanents sont d'amplitude fixe et à T≤ Tc, ils s'orientent selon les axes préférentiels de la structure basse température. Dans le second cas, les dipôles sont d'orientation fixe. A T≤ Tc, les ions s'écartent de leur position d'équilibre occupée dans la phase haute température pour créer une polarisation spontanée; c'est le cas des matériaux de structure perovskite (Fig. I.7). Ti4+ Ba2+ O2- T ≥ Tc T ≤ Tc Figure I.7 Transition de phase de type displacif dans BaTiO3 de structure perovskite. Le déplacement relatif des ions Ti4+ et O2- dans des directions opposées est à l'origine de la polarisation spontanée. Chapitre I. Généralités 25 La transition de phase ferroélectrique – paraélectrique est dite du 1er ordre quand le volume, l'entropie et la polarisation spontanée varient de façon discontinue au point de Curie et du 2nd ordre quand ces grandeurs varient de façon continue au point de Curie et leurs dérivées premières présentent une discontinuité. Par exemple, la transition de phase du titanate de baryum est du 1er ordre alors que celle du niobate de lithium est du 2nd ordre. I.5. Les équations de la piézoélectricité La piézoélectricité étant un phénomène de couplage entre l'énergie électrique et l'énergie mécanique, les équations de l'état piézoélectrique, si on néglige les effets thermiques, relient une variable mécanique – déformation S ou contrainte T – et une variable électrique – champ électrique E ou induction électrique D. Selon le choix de ces variables indépendantes (imposées par les conditions aux limites de la sollicitation extérieure sur l'échantillon étudié), les équations peuvent se présenter sous les formes suivantes [3] : D = dT + ε T E S = s ET + d t E E = β T D − gT S = s DT + g t D D = ε S E + eS T = c ES − et E E = β S D − hS T = c DS − ht D (I.3) [ ]t est la transposée de la matrice [ ]. ( )x indique que la grandeur est considérée à X constant ou nul. En raison de la dépendance directionnelle des propriétés du matériau (anisotropie), les paramètres de l'équation (I.1) doivent être représentés par des tenseurs. I.5.1. Les coefficients piézoélectriques On dénombre quatre tenseurs de rang 3 des différents coefficients piézoélectriques formant une matrice (3 x 6) et traduisant le couplage entre les grandeurs mécaniques et les grandeurs électriques. En fait, le nombre de coefficients composant ces tenseurs peut être réduit par des considérations de symétrie du matériau. Des équations précédentes, nous pouvons déterminer les relations entre les coefficients piézoélectriques [4] : 26 d mi = ε Tnm g ni = e mj S Eji T g mi = β nm d ni = hmj S D ji (I.4) S e mj = ε nm hni = d mj c Eji avec i, j = 1 à 6 et m, n = 1 à 3 T hmi = β nm e ni = g mj c D ji Les deux indices des coefficients piézoélectriques désignent respectivement la direction de l'axe de polarisation et celui de la déformation de l'échantillon. Les indices i, j, m et n respectent la notation tensorielle de la Figure I.8. 3 6 5 2 4 Polarisation 1 Figure I.8. Notation tensorielle utilisée dans les équations (I.4) (axe de polarisation suivant l'axe 3). définition des coefficients piézoélectriques: La constante de charge d. Elle traduit la proportionnalité entre la contrainte et l'induction électrique à champ nul ou constant (en C/N ou m/V). La constante de tension g. Elle traduit la proportionnalité entre la contrainte mécanique et le champ électrique à induction nulle ou constante (en Vm/N ou m 2/C). La constante piézoélectrique e. Elle traduit la proportionnalité entre la déformation et l'induction électrique à champ nul ou constant (en C/m2 ou N/Vm) La constante piézoélectrique h. C'est le coefficient piézoélectrique traduisant la proportionnalité entre la déformation et le champ électrique à induction nulle ou constante (en V/m ou N/C). Chapitre I. Généralités 27 définition des coefficients mécaniques et électriques Grandeur Termes Définition Matrice D Déplacement électrique ou induction (C/m2) (3 x 1) E Champ électrique (V/m) (3 x 1) ε Permittivité électrique (F/m) (3 x 3) β Constante d'imperméabilité diélectrique (m/F) (3 x 3) S Déformation relative (6 x 1) T Contrainte (N / m2) (6 x 1) s Compliance ou susceptibilité (m2/N) (6 x 6) c Raideur ou constante élastique (N/m2) (6 x 6) ELECTRIQUE MECANIQUE Tableau I.1. Grandeurs électriques et mécaniques. I.5.2 Quantification du couplage électromécanique A chacune des fréquences d'excitation d'une céramique piézoélectrique est associé un mode de vibration. La nature de ces modes autrement dit la distribution géométrique selon laquelle se déforme la céramique considérée, dépend de & & ses dimensions, de la direction du champ d'excitation E et du vecteur polarisation P .Les principaux modes sont illustrés dans la Figure I.9. P P P mode longitudinal mode latéral mode de cisaillement P P mode épaisseur mode radial Figure I.9. Modes de vibrations fondamentaux d'une céramique piézoélectrique. 28 Le couplage électromécanique est défini comme étant l'aptitude de la céramique piézoélectrique à transformer l'énergie électrique en énergie mécanique (ou inversement), il est caractérisé par un coefficient de couplage [5]. En accord avec les normes I.R.E. [4, 6], nous utiliserons la définition suivante : k= Um (I.5) U EU D où UE, UD, et Um sont respectivement l’énergie élastique, l’énergie électrique et l’énergie d'interaction (ou mutuelle) élastoélectrique. Ce coefficient de couplage est obtenu à partir d'une étude thermodynamique du système considéré comme linéaire en négligeant les effets thermiques. Ainsi, on peut quantitativement écrire : k2 = énergie transformée énergie fournie L'expression du coefficient de couplage dépend de la forme de la céramique et de son mode de vibration. Le tableau I.2. donne la définition des principaux coefficients de couplage utilisés en fonction des coefficients élastiques, diélectriques et piézoélectriques. Les coefficients k sont calculés à partir des courbes d’admittance en fonction de la fréquence (cf Chapitre IV). Coefficient de surtension mécanique Le coefficient de surtension mécanique appelé aussi facteur de qualité mécanique, traduit les pertes mécaniques dans la céramique. Ce facteur est défini de la façon suivante : Q= énergie maximale emmagasiné e pendant une période énergie dissipée pendant une période Chapitre I. Généralités Forme de l'éprouvette 29 Sens de polarisation Direction de vibration Coefficient de couplage k31 = d 33 E E s11 ε 33 Transversal k33 = d 33 E T s11 ε 33 Longitudinal k p = k31 2 1 + s12 s11 Planaire kt = e33 S c11D ε 33 En épaisseur k15 = d15 E T s44 ε11 En cisaillement Tableau I.2. Définition des coefficients de couplage électromécanique. I.6. Classification et applications des matériaux piézoélectriques Il est possible de distinguer trois grandes classes d'application des matériaux piézoélectriques selon qu'il s'agisse de l'effet piézoélectrique direct et/ou inverse qui est mis en jeu (Tableau I.3). 30 Applications basées sur l'effet piézoélectrique direct Applications basées sur l'effet piézoélectrique inverse Applications basées sur les deux effets Générateurs d'impulsion haute tension: - allumage des gaz, - briquets, - allumage des explosifs. Transducteurs ultrasonores Transducteurs ultrasonores de faible puissance: de puissance: - nettoyage ultrasonore, - contrôle non destructif, - perçage et soudage par - diagnostic médical, ultrasons, - lignes à retard. - projecteur sonar en acoustique sous-marine Capteurs Dispositifs de Filtres électromécaniques - microphones, positionnement hydrophones, - contrôle des petits - accéléromètres, mouvements en - jauges de dureté, de mécanique, contraintes, - actuateurs pour le - télécommande. positionnement des miroirs. Moteurs piézoélectriques Capteur sonar Imprimante jet d’encre Tableau I.3. Applications des matériaux piézoélectriques. Depuis de nombreuses années, les applications industrielles de la piézoélectricité sont réalisées au travers de matériaux ferroélectriques. La plupart des matériaux ferroélectriques sont élaborés et utilisés industriellement sous la forme de céramiques massives, polymères composites ou encore de couches minces à une échelle moindre. Il est en effet très difficile de synthétiser des monocristaux ferroélectriques contrairement aux céramiques polycristallines qui, de surcroît, offrent une large variété de compositions facilement réalisables et permettent donc d'obtenir une gamme importante de propriétés (Tableau I.4). Enfin, les céramiques présentent l'avantage de s'usiner facilement et il est donc possible d'obtenir des formes géométriques particulières destinées à des applications spécifiques. Pour ces diverses raisons, la suite de l'étude est consacrée uniquement aux céramiques ferroélectriques dont l'élaboration sera décrite ultérieurement. Matériau εr sαβ (10-12 m2.N-1) diβ (pC/N) kiβ monocristaux Quartz 5 10 2.3 0.1 LiNbO3 30……80 6 2 20 0.03 0.3 Céramiques ferroélectriques 200 5000 10 20 100 1000 0.3 0.8 Pb(Zr, Ti)O3 Polymères 10 400 20 0.15 PVDF Tableau I.4. Caractéristiques principales des plus importants groupes de matériaux piézoélectriques. Chapitre I. Généralités 31 I.7. Les céramiques ferroélectriques de structure perovskite. Cas particulier des céramiques PZT I.7.1. Introduction Le matériau ferroélectrique de structure perovskite le plus connu est le titanate de barium (BaTiO3). Sa très grande permittivité fut mise en évidence en 1941 par Thurnauer [7] et il fut reconnu comme étant ferroélectrique en 1945. Les zirconotitanates de plomb (PZT) apparus en 1954 [8] constituent maintenant la première grande source de ferroélectriques de structure perovskite. I.7.2. Description de la structure perovskite La formule générale d'une perovskite est ABO3, où la valence des cations A est comprise entre +1 et +3 et la valence des cations B entre +3 et +6. Dans le cas d'une symétrie cubique, les cations A sont situés aux sommets du cube, les cations B au milieu du cube et les atomes d'oxygène au centre des faces. La structure perovskite est ainsi constituée d'un réseau d'octaèdres BO6 reliés entre eux par les sommets et entourés par les cations A (Fig. I.10). O A B Figure I.10. Structure perovskite cubique. I.7.3. Critères de stabilité de la structure perovskite Il existe deux paramètres principaux qui rendent compte de la stabilité de la structure perovskite. Le premier est le facteur de tolérance t défini par Goldschmit : t= Ra + Ro 2 ( Rb + Ro ) (I.6) 32 avec Ra, Rb et Ro les rayons ioniques respectifs des cations A, B et de l'oxygène. Le facteur de tolérance t quantifie globalement la compacité de la perovskite et la liberté de mouvement des cations A et B. Si t est compris entre 0.88 et 1.09, la structure perovskite est stable et elle l'est d'autant plus que t est proche de 1. Le second paramètre qui définit un critère de stabilité est l'ionicité de la liaison anion – cation. Le caractère ionique d'une composition ABO3 est quantifié d'après l'échelle de Pauling [9] à partir de la différence d'électronégativité ∆E = (ΧA-O + ΧB-O)/2 (I.7) où ΧA-O et ΧB-O sont respectivement les différences d'électronégativité entre A et O et B et O. La structure perovskite est d'autant plus stable que les liaisons mises en jeu présentent un fort caractère ionique. Ainsi, les perovskites à base de plomb de type covalent sont moins stables que des perovskites plutôt ioniques comme BaTiO3 ou SrTiO3 [10]. I.7.4. Les solutions solides PZT à base de PbTiO3 et PbZrO3 Le titanate de plomb PbTiO3 est un composé ferroélectrique de structure perovskite qui forme des solutions solides avec de nombreux autres matériaux de même structure. C'est le cas notamment du zirconate de plomb PbZrO3, matériau antiferroélectrique qui est soluble en toutes proportions avec PbTiO3. La solution solide résultante est le zircono-titanate de plomb, de formulation générale Pb(ZrxTi1-x)O3. Il présente des propriétés diélectriques et piézoélectriques remarquables [11]. I.7.4.1. Diagramme de phase du système binaire PbTiO3 – PbZrO3 La figure I.11 montre le diagramme de phase du mélange PbTiO3 – PbZrO3 en fonction du pourcentage de mole de PbTiO3 et de la température proposé par Jaffe [11]. Chapitre I. Généralités 33 Pc 500 450 Température (°C) Pc 220 FR(HT) 210 400 350 230 AO 0 300 200 4 2 AQ FQ 250 FR(HT) 200 150 100 AO FR(BT) 50 10 20 30 40 50 60 70 80 90 % PbTiO3 (molaire) Figure I.11. Diagramme de phase du mélange PbTiO3 – PbZrO3 d'après [11]. Nature des phases : Pc Paraélectrique cubique, FQ: Ferrolélectrique quadratique, FR(HT): Ferroélectrique rhomboédrique (haute température), FR(BT): Ferroélectrique rhomboédrique (basse température), AO Antiferroélectrique orthorhombique, AQ Antiferroélectrique quadratique. La structure perovskite de la phase haute température est de symétrie cubique quelle que soit la composition. En dessous de Tc, les compositions riches en titane adoptent une symétrie quadratique (groupe spatial 4 mm) alors que le changement de symétrie des compositions riches en zirconium avec la température est plus complexe. Néanmoins, une symétrie rhomboédrique est observée pour la majeure partie de ces compositions. Les mélanges binaires des phases quadratiques et rhomboédriques sont ferroélectriques. Ces phases sont séparées par une frontière appelée Frontière de Phase Morphotropique (FPM). La FPM correspond en fait à un mélange biphasique quadratique/ rhomboédrique comme le montre le diagramme de phase proposé par Mishra [12, 13] pour un taux de zirconium compris entre 49 et 55% (Fig. I.12). On peut remarquer que la FPM s'incline vers les compositions riches en zirconium quand la température augmente. La largeur de la zone morphotropique dépend fortement du procédé de fabrication des céramiques [14]. Certains auteurs considèrent qu'il est également possible de modifier cette largeur en introduisant des impuretés dans le réseau cristallin [15]. 34 400 Température (°C) 300 200 Q 100 49 50 R Q + R 51 52 53 54 55 % PbZrO 3 (molaire) Figure I.12. Diagramme de phase du mélange PbTiO3 – PbZrO3 au voisinage de la FPM d'après [13]. Q :phase quadratique et R :phase rhomboédrique. I.7.4.2. Les domaines ferroélectriques dans les PZT Dans le cas des matériaux PZT, la transition de phase ferroélectrique – paraélectrique est de type displacif (cf § I.4.3.). En dessous de Tc, la distortion de la structure perovskite s'accompagne d'un déplacement relatif des ions qui entraîne l'apparition de la majeure partie de la polarisation spontanée à l'échelle de la maille. Le reste de la polarisation spontanée est dû au caractère très covalent de la liaison Pb-O. La direction de la polarisation spontanée dépend à la fois de la symétrie de la phase paraélectrique et de celle de la phase ferroélectrique (Fig. I.13). Ainsi, dans la phase quadratique, la polarisation spontanée Ps se développe suivant un axe parallèle à cQ joignant les milieux des deux faces opposées de la maille et comme les six directions (100) suivant les trois axes ac de la maille cubique sont équivalentes, Ps peut se développer de manière équiprobable le long de ces six directions quand la température est inférieure à Tc. Dans la phase rhomboédrique, Ps se développe suivant les diagonales joignant deux sommets opposés (direction (111)) de la maille cubique. Il existe donc huit directions possibles de la polarisation spontanée. En conséquence, les domaines ferroélectriques qui se forment pour minimiser l'énergie élastique associée aux contraintes mécaniques subies par le matériau à la transition de phase forment entre eux des angles de : Chapitre I. Généralités - 35 90° et 180° dans la phase quadratique, 71°, 109° et 180° dans la phase rhomboédrique. Phase ferroélectrique rhomboédrique Phase paraélectrique cubique Phase ferroélectrique quadratique aR CQ aC aR aC aQ Figure I.13. Distortions de la structure perovskite. Représentation des axes de polarisation dans les deux phases ferroélectriques. La polarisation rémanente maximale (Pr)max qui peut être obtenue après polarisation du matériau dépend du nombre de directions possibles de Ps. Ainsi, pour un PZT rhomboédrique, (Pr)max = 0.87Ps et pour un PZT quadratique, (Pr)max = 0.83Ps [16]. Les compositions incluses dans la FPM présentent une polarisation rémanente importante car il existe 14 directions possibles de Ps en raison du mélange de phase rhomboédrique/quadratique. En fait, les coefficients piézoélectriques, les coefficients de couplage électromécanique, la permittivité diélectrique et la polarisation rémanente des céramiques PZT passent par un maximum dans la région de la FPM mais pas nécessairement pour le même rapport Zr4+/Ti4+ [16]. Mishra [17] considère que la réponse électromécanique maximale est obtenue pour des compositions monophasiques quadratiques et des températures juste à l'extérieur de la FPM. Quoiqu'il en soit, les compositions PZT de la zone morphotropique ou proches de celle-ci sont d'un grand intérêt sur le plan technologique car elles présentent des fortes activités diélectriques et piézoélectriques. I.7.4.3. La substitution cationique ou dopage dans les PZT Les céramiques PZT sont rarement utilisées pour des applications techniques dans leur formulation simple. Elle est généralement modifiée par l'ajout d'un ou plusieurs cations étrangers qui vont se substituer au Pb2+ en site A de la perovskite ou au couple (Zr4+/Ti4+) en site B. On parle alors de dopage du matériau. Le rayon ionique du dopant doit être voisin de celui de l'ion auquel il se substitue. Les dopants sont généralement classés en trois catégories selon leur valence et celle de l'ion substitué [11, 18] : • Les dopants de valence égale à celle de l'ion substitué (dopants isovalents): C'est le cas par exemple de Ba2+, Sr2+, Ca2+ en site A et Ce4+ en site B de la perovskite. Ces dopants augmentent le caractère ionique de la maille, ce qui se 36 traduit par une diminution du point de Curie et une augmentation de la permittivité diélectrique du PZT à température ambiante. • Les dopants de valence inférieure à celle de l'ion substitué (dopants accepteurs) : On peut citer K+ et Na+ en site A et Fe2+/3+ et Ni2+/3+ en site B. L'électroneutralité du PZT est assurée par l'apparition de lacunes d'oxygène qui rendent le matériau non stoechiométrique. Ainsi, la formulation d'un PZT dopé avec du fer(II) (y % molaire) devient Pb[(ZrxTi1-x)1-yFey2+]O3-y y si on considère que les lacunes d'oxygène sont doublement chargées positivement (VO.. d’après la notation de Kröger [19]). Les dopants accepteurs entraînent un vieillissement des propriétés du PZT et donc la présence d'un champ interne. Ils provoquent également une augmentation : - du facteur de qualité mécanique, - du champ coercitif, - de la conductivité et une diminution : - de la permittivité, - des pertes diélectriques, - des coefficients de couplage, - de la taille des grains de la céramique. Les matériaux PZT dopés avec des accepteurs sont dits durs car ils se dépolarisent difficilement sous l’action d’une contrainte . Le rôle essentiel joué par les lacunes d'oxygène dans les céramiques PZT dur sera présenté ultérieurement. • Les dopants de valence supérieure à celle de l'ion substitué (dopants donneurs) : L'excès de charge positive apporté par les dopants donneurs comme La3+ (site A) ou Nb5+ et W 6+ (site B) est compensé par des lacunes cationiques comme '' des lacunes de plomb (VPb ) ou un changement de valence de Ti4+ en Ti3+. Par exemple, la formulation d'un PZT dopé avec y % molaire de Nb5+ devient : Pb1-y/2 y/2[(ZrxTi1-x)1-yNby5+]O3. Les dopants donneurs entraînent généralement une augmentation : - de la permittivité, - des pertes diélectriques, - des coefficients de couplage, - de la compliance élastique. On observe également une diminution: - du facteur de qualité mécanique, - du champ coercitif, - de la conductivité, - du point de Curie. De plus, les matériaux PZT dopés avec des donneurs ne sont pas ou peu affectés par le viellissement. Ils sont dits doux car facilement dépolarisables et les dopants donneurs entraînent des effets opposés à ceux induits par les dopants accepteurs. On peut également noter que les substituants donneurs ont en général une solubilité plus grande dans les matériaux PZT que celle des substituants accepteurs [20]. Chapitre I. Généralités 37 Enfin, il est aussi possible de doper une céramique avec plusieurs substituants donneurs et/ou accepteurs. L'influence globale du dopage sur les propriétés du matériau dépend alors de la concentration et de la valence de chaque substituant. I.8. Contribution des murs de domaines ferroélectriques aux propriétés des céramiques PZT I.8.1. Contribution intrinsèque et extrinsèque dans les matériaux ferroélectriques On appelle contribution intrinsèque du matériau la part des propriétés diélectriques, élastiques et piézoélectriques due à la polarisation spontanée à l'échelle de la maille élémentaire. Le reste des propriétés est la contribution extrinsèque du matériau. Elle est principalement due aux mouvements des murs de domaines auxquels on attribue plus de la moitié des réponses diélectriques et électromécaniques du PZT à la température ambiante [21]. Ces mouvements peuvent être la vibration ou rotation autour d'une position d'équilibre ou des petits déplacements vers un nouvel état d'équilibre sous champ faible ou modéré. Les murs de domaines à 90°, 71° et 109° ferroélastiques affectent à la fois les propriétés diélectriques et piézoélectriques alors que les murs de domaines à 180° non ferroélastiques affectent uniquement la réponse diélectrique du matériau. Comme la mobilité des parois de domaine est un phénomène thermiquement activable, il est possible de distinguer les deux types de contribution – intrinsèque et extrinsèque – en mesurant les coefficients du PZT à très basse température. En effet, à des températures voisines de 0 K les murs de domaines sont figés et les valeurs des grandeurs mesurées sont celles correspondant à la réponse intrinsèque. Ainsi, dans le cas des PZT dopés, l'effet du dopage qui influe principalement sur la réponse extrinsèque disparaît à très basse température [22]. La figure I.14 montre que les différentes valeurs de d31 aux températures élevées sont dues aux différents dopants qui affectent les mouvements des murs de domaines. Aux basses températures, la contribution extrinsèque disparaît; seule la contribution intrinsèque subsiste et est indépendante du type de dopant. 38 Figure I.14. Evolution de la constante de charge du mode transversal d31 de céramiques PZT avec la température. Chaque PZT est dopé avec un dopant différent (Type I, II, III et IV) mais le rapport Zr/Ti est fixe. D'après [22]. I.8.2. Stabilisation de la configuration ferroélectriques dans les céramiques PZT dur des domaines Dans les céramiques PZT dur, la contribution extrinsèque des murs de domaines est considérablement réduite par les défauts anisotropiques que sont les lacunes d'oxygène. On parle alors de stabilisation de la configuration des domaines ou des murs de domaines car leur mobilité est beaucoup moins grande. Dans la littérature [20, 23, 24], trois mécanismes différents sont proposés pour expliquer le phénomène de stabilisation qui est à l'origine du vieillissement et du champ interne : - L'effet de volume : Les lacunes d'oxygène forment avec les dopants accepteurs des dipôles électriques et élastiques anisotropiques (ou défauts dipolaires) initialement orientés de façon aléatoire. En raison de la mobilité des lacunes d'oxygène dans le réseau cristallin, ces dipôles s'orientent progressivement avec le temps vers des positions énergétiquement plus favorables qui sont dictées par la direction de la polarisation spontanée Ps à l'intérieur de chaque domaine. Les défauts dipolaires sont alors alignés dans la direction de Ps et la stabilise. - L'effet de murs de domaines : Les lacunes d'oxygène diffusent jusqu'aux murs de domaines et les piègent c'està-dire fixent leur position. La neutralisation de contraintes mécaniques ou la compensation de charges électriques dans la région des murs de domaines sont à l'origine de cette diffusion de lacunes d'oxgène. Chapitre I. Généralités - 39 L'effet de joints de grains : La présence de phases secondaires contenant ou pas des dopants ségrégés aux joints de grains de la céramique entraîne l'apparition de charges surfaciques. Ces charges d'espace créent un champ qui stabilise la configuration de domaines dès lors que celle-ci a été établie après vieillissement. Dans ce mécanisme, la polarisation spontanée d’un grain est majoritairement orientée dans une direction cristallographique privilégiée mais les murs de domaines restent mobiles [24]. Quel que soit le mécanisme considéré, les dopants et les lacunes d'oxygène jouent un rôle essentiel dans la stabilisation de la configuration de domaines dans les PZT durs. Thomann [23] et Härdtl [24] pensent que les trois effets peuvent se produire en même temps dans un matériau; néanmoins, l'effet de volume semble être le plus important. Les travaux de ces auteurs laissent donc penser que la présence et la stabilité des lacunes d’oxygène sont une condition nécessaire pour la stabilité des murs de domaines. Cependant, Eyraud [25-27] considère que cette condition n’est pas suffisante. Elle doit s’accompagner de la stabilité des charges des ions de constitution ou des dopants comme Ti3+/4+ ou Fe2+/3+. I.9. Etude bibliographique I.9.1. Céramiques PZT à fréquence de résonance stable en température Un des objectifs de l'étude est l'élaboration de céramiques PZT dont la fréquence de résonance du mode longitudinal varie linéairement et de façon non hystérétique en fonction de la température. I.9.1.1. Cas des matériaux PZT non dopé Durant les trente dernières années de nombreux travaux ont été réalisés pour obtenir des céramiques ferroélectriques ayant une fréquence de résonance fr peu dépendante de la température [15, 23, 28]. Cette spécificité est surtout requise pour des applications comme les filtres fréquentiels mécaniques, capteurs de vibration ou capteurs de direction dans les systèmes de navigation de voiture. Dans la littérature, on définit généralement un coefficient de température de la fréquence de résonance TCF par TCF = 1 fr dfr dT (I.8) avec T: Température (en °C ou K). Par exemple, on trouve couramment [23, 29]: TCF = fr ( 60 °C ) − fr ( 20 °C ) . fr ( 20 °C )x 40 Une valeur de TCF proche de zéro est souhaitée pour toutes les applications citées ci-dessus. Il est possible de contrôler le signe et la valeur de TCF en modulant 40 le rapport Zr/Ti qui détermine la proportion des phases quadratique et rhomboédrique dans le matériau. La majeure partie des compositions du type Pb(ZrxTi1-x)O3 présente un TCF négatif, caractéristique de la plupart des corps solides en raison de l'effet de D dilatation thermique qui augmente la compliance s33 telle que : fr = 1 D 2 l s33 ρ (I.9) (en mode longitudinal) l et ρ étant respectivement la longueur et la densité de la céramique. Toutefois, des anomalies élastiques sont observées pour des compositions dans la phase quadratique proches de la frontière de phase morphotropique ou encore à la transition de phase rhomboédrique (Basse Température)/ rhomboédrique (Haute Température) (FR(BT)/ FR(HT) dans le diagramme Figure I.11): la fréquence de résonance de ces compositions augmente avec la température, c'est-à-dire TCF est positif (Fig. I.15). T Q FPM R PbZrO3 PbTiO3 fr fr T fr T T Figure I.15. Représentation schématique de l'évolution de la fréquence de résonance en fonction de la température au voisinage de la FPM. Les mêmes types de courbes sont observées à la transition FR(BT)/ FR(HT). L'anomalie élastique au voisinage de la FPM est induite par une anomalie diélectrique d'après Mishra [13] et Thomann [23] qui observent une réponse diélectrique maximale dans cette gamme de composition. Ce n'est pas le cas de Chapitre I. Généralités 41 l'anomalie élastique à la transition FR(BT)/ FR(HT) qui est la conséquence de la rotation alternative des octaèdres d'oxygène le long de l'axe polaire. Le signe de TCF change donc avec la composition d'une part dans la phase quadratique au voisinage de la FPM et d'autre part aux deux transitions de phase structurales ferroélectrique/ ferroélectrique. Il y a ainsi trois façons possibles d'obtenir TCF ≈ 0. Toutefois, le minimum atteint par la fréquence de résonance à la FPM est communément utilisé en raison des propriétés intéressantes des compositions dans cette région. I.9.1.2. Cas des matériaux PZT dopé Les propriétés électromécaniques et le TCF des céramiques PZT sont généralement améliorés par des substitutions cationiques en site B de la perovskite. Les principaux dopants utilisés sont Cr3+ et Mn2+ et sont communément appelés stabilisateurs [15] (Fig. I.16a). De plus, des matériaux à fréquence de résonance stable en température sont également développés en utilisant des couples de dopants – appelés aussi dopants complexes – comme 5+ ( Mn12 /+ 3 , Sb2/3 ) 5+ ) , parfois associés à Fe3+ ou Sm3+ [28] (Fig.I.16b). ou ( Mg 12 /+ 3 , Nb2/3 800 (a) (b) 10000 5000 400 200 ∆fr (ppm) TCF (ppm.°C)-1 600 0 0 -5000 -200 -10000 -400 -15000 46 48 50 52 54 % Zr4+ (molaire) 56 -40 -20 0 20 40 60 80 100 T (°C) Figure I.16. (a) Evolution du coefficient TCF de céramiques PZT non dopé (•) et dopé avec Cr3+ (ο) en fonction du taux de zirconium. 5+ (b) Evolution du ∆fr de céramiques PZT dopé avec ( Mn12 /+ 3 , Sb2/3 ) (ο) 5+ et avec ( Mn12 /+ 3 , Sb2/3 ) et Sm3+ (▲) en fonction de la température. Toutes les études référencées ci-dessus concernent des matériaux PZT dont la fréquence de résonance varie peu avec la température. Toutefois, les différents auteurs ne tiennent pas compte d'une possible réponse non linéaire de fr. En effet, une céramique PZT peut présenter simultanément un TCF très faible et une variation 42 non linéaire de fr dans la gamme de température considérée. De plus, un éventuel comportement hystérétique observé au cours d’un cycle de température n'est jamais évoqué. Cet hystérésis thermique peut être désastreux pour des applications comme les gyroscopes vibrants. I.9.2. Céramiques PZT à constante de charge d33 stable sous contrainte mécanique uniaxiale Le présent travail est également consacré à la recherche de matériaux PZT dont la constante de charge d 33 varie linéairement et sans hystérésis en fonction de la contrainte mécanique uniaxiale. Il existe peu d'études concernant la stabilité des caractéristiques diélectriques, piézoélectriques et mécaniques des PZT sous contrainte uniaxiale [30-32]. On peut citer les récents travaux de Damjanovic [33, 34], qui observe une réponse linéaire et hystérétique du coefficient d33 de céramiques PZT doux dopé avec du niobium sous faible contrainte uniaxiale. Il interprète le phénomène en appliquant la loi de Rayleigh [35] à l'effet piézoélectrique mais ne propose pas de solutions pour obtenir une variation de d33 non hystérétique. Dans les années 90, les études menées au Laboratoire par Eyraud [36-39] et Audigier [40] sur les céramiques PZT fluoré montrent à partir d’un modèle simplifié que la fluoration permet d’obtenir une composition PZT dure et stable. Ces matériaux présentent en particulier une grande stabilité sous forte contrainte mécanique uniaxiale. C'est la raison pour laquelle notre travail porte sur l'élaboration et la caractérisation d'une famille de PZT fluorés, ainsi que sur l'étude de leur stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale. La substitution de l'oxygène par le fluor est réalisée sur une composition du type Pb0.89(Ba, Sr)0.11(ZrxTi1-x)O3 dopée avec du magnésium. Les raisons du choix de tels dopants seront explicitées ultérieurement. L'influence du dopage avec du fluor – ou fluoration – sur les différentes caractéristiques des poudres ou céramiques PZT sera discutée à chaque chapitre. Chapitre II. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT 43 CHAPITRE II. SYNTHESE ET CARACTERISATION DES POUDRES DE PZT Les céramiques ferroélectriques sont élaborées par frittage de la poudre polycristalline obtenue après une étape de calcination de précurseurs solides (réaction). Ce chapitre décrit d’abord le procédé de coprécipitation qui mène à la poudre de précurseurs. L’étape de calcination est ensuite suivie par analyse thermogravimétrique – calorimétrique différentielle et par Diffraction des Rayons X (DRX). Les solutions solides PZT pur et dopé sont caractérisées également par analyse par DRX et la morphologie des poudres est étudiée (mesures BET, granulométrie laser et microscopie électronique). 44 Chapitre II. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT 45 II.1. Rappel sur les différents procédés d'élaboration des poudres de PZT On distingue communément deux voies d'élaboration des poudres de PZT : la voie solide conventionnelle qui est utilisée industriellement et la voie liquide ou voie chimique. II.1.1. La voie solide Cette méthode de synthèse consiste à faire réagir à haute température (vers 900°C) un mélange pulvérulent d'oxydes et/ou de carbonates des espèces à introduire. Les réactifs de départ (ou précurseurs) sont généralement l'oxyde de plomb (PbO), le dioxyde de titane (TiO2) et le dioxyde de zirconium (ZrO2). Bien que facile à mettre en œuvre et peu coûteuse, la voie solide présente quelques inconvénients : la réaction à haute température peut entraîner la volatilisation de PbO, ce qui rend le PZT non stoechiométrique. De plus, la poudre calcinée est généralement inhomogène en composition à cause de la formation de phases mixtes intermédiaires comme PbTiO3 pendant le chauffage, TiO2 étant plus réactif que ZrO2 [11]. En effet, l'apparition de PbTiO3 dans le mélange réactionnel vers 500°C implique des diffusions solide - solide longue distance qui provoquent des fluctuations de composition, c'est-à-dire une distribution non uniforme des ions Ti4+ et Zr4+ en site B de la perovskite Pb(ZrxTi1-x)O3 [41]. Enfin, la poudre de PZT obtenue après calcination est souvent constituée de gros grains et à distribution granulométrique large. Cet inconvénient peut toutefois être atténué par un broyage mécanique. II.1.2. La voie liquide La voie liquide diffère de la voie solide par le type de précurseurs solides mis en jeu lors de la réaction. La fabrication de précurseurs finement divisés et plus réactifs que ceux utilisés par voie solide permet la réaction à plus basse température et l'obtention de poudres de PZT homogène en composition, à grains fins et à distribution granulométrique étroite. Parmi les techniques de synthèse en voie liquide, nous pouvons citer : le procédé sol-gel [42-44], la synthèse hydrothermale [45] ou la coprécipitation [46-49]. Le procédé de coprécipitation est la technique voie liquide la plus largement utilisée. Elle consiste à préparer une solution liquide homogène des différentes espèces et à provoquer leur insolubilisation par effet d'ion commun. Le précipité obtenu peut être constitué d'hydroxydes [46], de dioxalates [48] ou d'oxalates et de dioxalates [47]. Le procédé de coprécipitation mis au point au Laboratoire par Eyraud [49] est original dans la mesure où le précipité final est composé d'hydroxydes et d'oxalate. On peut noter qu'il existe également une voie semi-liquide pour obtenir de la poudre PZT [41, 50, 51]. Elle consiste à disperser un oxyde mixte ZrxTi1-xO2 fraîchement préparé dans une solution aqueuse d'acide oxalique dans laquelle on introduit du nitrate de plomb Pb(NO3)2. Le plomb précipite alors sous forme d'oxalate PbC2O4 et on obtient finalement un précurseur solide homogène constitué de PbC2O4 et ZrxTi1-xO2. 46 L'oxalate de plomb très réactif permet une réaction basse température (700°C) et la distribution homogène de Zr4+ et Ti4+ est déjà réalisée. Cette voie semi-liquide est toutefois contraignante car elle nécessite la préparation de ZrxTi1-xO2 par chauffage des hydroxydes de zirconium et de titane à 900°C ou des oxydes TiO2 et ZrO2 à 1400°C. Dans la suite, nous allons décrire la méthode voie liquide utilisée pour préparer toutes les compositions PZT étudiées. II.2. Synthèse de la poudre de PZT à partir de la coprécipitation d'hydroxydes et d'oxalate II.2.1. Synthèse de la poudre de précurseurs Les réactifs de départ sont le butoxyde de titane Ti(OC4H9)4, le butoxyde de zirconium Zr(OC4H9)4 (Huls) et l'acétate de plomb tétrahydraté (CH3CO2)2Pb, 4H2O (Merck). La synthèse de la poudre de précurseurs peut être décrite par une succession de réactions: • Les butoxydes de titane et de zirconium sont introduits dans une solution aqueuse d'acide oxalique (2.5 mol.l-1). Il se forme alors les dihydrogénodioxalates de titanyle et de zirconyle solubles selon : Ti(OC4H9)4 + 2H2C2O4 + H2O → H2TiO(C2O4)2 + 4C4H9OH Zr(OC4H9)4 + 2H2C2O4 + H2O → H2ZrO(C2O4)2 + 4C4H9OH On peut noter que les dihydrogénodioxalates de titanyle et de zirconyle sont très hydrolysables et que l'action de l'eau conduit à la formation d'un gel. Mais si la quantité d'acide oxalique est suffisante (c'est notre cas), le gel est détruit et on obtient des produits solubles. • Après une heure d'agitation, une solution aqueuse d'acétate de plomb est ensuite ajoutée au mélange réactionnel. Les ions précipitent alors sous la forme d'oxalate de plomb PbC2O4 : Pb 2 + + H2C2O4 + 2H2O → PbC2O4 + 2H3O + • L'oxalate de plomb réagit ensuite avec les oxalates métalliques solubles pour donner des dioxalates insolubles selon : PbC2O4 + TiO(C2O4)22 - + 4H2O → PbTiO(C2O4)2 ,4H2O + C2O 42 − PbC2O4 + ZrO(C2O4)22 - + 6H2O → PbZrO(C2O4)2 ,6H2O + C2O 42 − Le pH de la solution est alors égal à 1.25. Chapitre II. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT 47 A ce niveau de la synthèse, le rendement molaire est de 97%, si on considère que les quantités de réactifs de départ correspondent à la synthèse d'une mole de la composition Pb(Zr0.52Ti0.48)O3. Battarcharjee [52] obtient un précipité exclusivement constitué de dioxalate de titanyle et de plomb à partir de Pb(NO3)2, TiO(NO3)2 et H2C2O4 à un pH de coprécipitation égal à 0.45. Au dessus de cette valeur, un mélange de dioxalate de titanyle et de plomb et d'oxalate de plomb constitue le précipité. De plus, ces mêmes auteurs observent une augmentation de la quantité de PbC2O4 avec le pH. Il est donc très probable dans le cas de notre synthèse qu'il subsiste des ions TiO( C 2O 4 )22 − et par conséquent de l'oxalate de plomb libre dans la solution en raison du pH égal à 1.25. L'abaissement du pH à une valeur inférieure ou égale à 0.45 devrait entraîner la précipitation complète de PbTiO(C2O4)2, 4H2O et PbZrO(C2O4)2, 6H2O mais ce coprécipité requiert une calcination haute température (900°C) pour obtenir une poudre monophasée de PZT en raison de la formation de PbTiO3 vers 420°C [48]. Pour éviter cela et permettre la précipitation des espèces encore solubles à pH acide, une solution aqueuse d'ammoniaque est ajoutée au mélange après une heure d'agitation, ce qui porte son pH à 9.5. • Les dioxalates de titanyle et de plomb et de zirconyle et de plomb ainsi que les ions dioxalate de titanyle réagissent avec les ions hydroxydes OH- pour donner les hydroxydes de plomb, titanyle et zirconyle stables en milieu basique : PbTiO( C 2O4 )2 ,4H 2O + 4OH − → Pb( OH )2 + TiO( OH )2 + 2C 2O42 − + 4 H2O PbZrO( C 2O 4 )2 ,6 H 2O + 4OH − → Pb( OH )2 + ZrO( OH )2 + 2C 2O 42 − + 6 H2O TiO( C 2O 4 )22 − + 2OH − → TiO( OH )2 + 2C 2O42 − Choy [47] montre en traçant le diagramme de solubilité du système Pb2+ H2C2O4 – H2O à 25°C que Pb(OH)2 est instable en présence de C 2O42 − , même à pH basique. A pH = 9.5, il se produit donc l'équilibre suivant : Pb( OH )2 + C 2O 42 − PbC2O4 + 2OH − • Après quatre heures d'agitation, la solution est filtrée et le précipité obtenu est lavé plusieurs fois à l'eau distillée pour éliminer les ions oxalate et ammonium NH 4+ . Le précipité est alors séché à 100°C pendant dix heures. La poudre de précurseurs est alors désagglomérée par broyage dans de l'alcool éthylique pendant une heure et séchée de nouveau à 80°C pendant quinze heures. Finalement, le précipité séché est théoriquement composé des précurseurs suivants : xPbC2O4 – (1-x)Pb(OH)2 – 0.52ZrO(OH)2 – 0.48TiO(OH)2 (en moles) si on veut obtenir une mole de Pb(Zr0.52Ti0.48)O3 après réaction. La pesée du précipité donne x ≈ 0.40, ce qui correspond à 98.7% du poids théorique. Ainsi, le plomb est présent dans le précipité sous forme d'oxalate et d'hydroxyde avec la répartition molaire suivante : 0.40PbC2O4 – 0.60Pb(OH)2 48 II.2.2. Introduction des dopants Le dopage est réalisé avant calcination de la poudre de précurseurs et la formation de la phase PZT. Le ou les cations étrangers qui vont jouer le rôle de dopants peuvent être introduits à différentes étapes de la synthèse de la poudre de précurseurs. Cela dépend de leur aptitude à rester sous forme insoluble après ajustement final du pH de la solution à 9.5. Les dopants considérés dans l'étude sont Ba2+, Sr2+, Mg2+ et F-. II.2.2.1. Introduction des dopants du site A de la perovskite PZT Les substituants sont Ba2+ et Sr2+ de rayon ionique rBa2+= 1.34c et rSr2+= 1.12c, proches de celui du plomb: rPb2+= 1.20c. Les réactifs utilisés sont l'acétate de baryum (CH3CO2)2Ba (Carlo Erba) et l'acétate de strontium hémihydraté (CH3CO2)2Sr, 1/2H2O (Carlo Erba). Les ions Ba2+ et Sr2+ sont introduits dans le milieu réactionnel en même temps que les ions Pb2+ par ajout d'une solution aqueuse contenant les trois ions. Fillot [53] et Rimlinger [54] constatent qu'à la manière de Pb2+, les ions Ba2+ et Sr2+ précipitent d'abord sous forme d'oxalate et réagissent ensuite avec les ions dioxalates de titanyle et de zirconyle. L'élévation du pH à 9.5 provoque l'apparition dans le précipité d'hydroxydes et d'oxalates de baryum et de strontium selon le mécanisme décrit précédemment pour le plomb. Le dopage du PZT avec du baryum et du strontium peut donc être effectué pendant la synthèse de la poudre de précurseurs par coprécipitation, ce qui assure une répartition très homogène de ces dopants dans le mélange. II.2.2.2. Introduction du dopant du site B de la perovskite PZT Le dopant à introduire est l'ion Mg2+, substituant du couple Zr4+/ Ti4+. Son rayon ionique (rMg2+= 0.66Å) est voisin de celui de Zr4+ (rZr4+= 0.79Å) et de celui de Ti4+ (rTi4+= 0.68Å). Comme dans le cas du site A, la somme molaire des cations du site B est égale à 1. Le réactif de départ est l'acétate de magnésium tétrahydraté (CH3CO2)2Mg, 4H2O (Merck) ou l'hydroxyde de magnésium Mg(OH)2 (Merck). A la manière des cations constituant le PZT et des dopants du site A de la perovskite, on pourrait envisager la précipitation des ions Mg2+ sous forme d'hydroxyde et/ou d'oxalate. En fait, ce n'est pas possible car l'oxalate de magnésium MgC2O4 est très soluble dans les solutions d'acide oxalique et la précipitation de l'hydroxyde de magnésium Mg(OH)2 est très incomplète si l'agent précipitant utilisé est NH4OH. De plus, Mg(OH)2 ne peut pas être dispersé dans la solution principale après passage en milieu basique car il est soluble dans les sels ammoniacaux du type (NH4)2C2O4. Le dopage du PZT avec du magnésium n'est donc pas réalisable pendant la synthèse de la poudre de précurseurs. Le magnésium est finalement ajouté au précipité final au moment du broyage sous forme d'acétate ou d'hydroxyde. On peut noter que ce n'est pas le cas d'autres dopants du site B comme Fe3+ et Mn2+ qui forment des oxalates solubles mais précipitent sous forme d'hydroxydes [55]. Ils peuvent donc être introduits directement dans la solution mère d'acide oxalique. Chapitre II. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT 49 II.2.2.3. Introduction du dopant du site anionique de la perovskite PZT Le substituant de l'oxygène est le fluor (rO2-=1.32c et rF-=1.33Å). Il est également ajouté à la poudre de précurseurs par mélange en phase solide pendant l'étape du broyage sous forme de fluorure de plomb PbF2 préparé au laboratoire à partir de NH4F et (CH3CO2)2Pb, 4H2O. L'introduction de PbF2 dans la solution basique finale n'est pas souhaitable car il réagit avec NH4OH pour donner de l’hydroxyde de plomb. Il faut tenir compte dans la synthèse de la quantité de plomb apportée avec PbF2 qui impose la quantité d’acétate de plomb initialement introduite dans la solution. L'influence de la quantité de fluor sur la stoechiométrie et l'électroneutralité des PZT fera l'objet de discussions ultérieures. II.2.3. Distribution granulométrique et surface spécifique des différents constituants de la poudre avant réaction La poudre avant réaction est en fait constituée de la poudre de précurseurs obtenus par coprécipitation (baryum et strontium inclus), de Mg(OH)2 et de PbF2. Comme ces trois constituants sont mélangés en phase solide, il est intéressant de connaître leur répartition granulométrique et leur surface spécifique. - Analyse granulométrique : L'appareil utilisé est un granulomètre laser LS130 Coulter qui mesure des diamètres équivalents de particule compris entre 0.1 et 900 µm. La longueur d'onde du laser est de 750 nm. Les analyses se font dans l'eau désionisée. La poudre est préalablement dispersée dans une solution d'hexamétaphosphate de sodium (HMP) (2g/l). Le mélange est ensuite soumis aux ultra-sons pendant 40 minutes pour obtenir une désagglomération la plus complète possible de la poudre. La figure II.1. donne l'évolution du nombre de particules en fonction du diamètre équivalent dans les trois poudres mélangées au moment du broyage. On ne peut pas donner la répartition granulométrique exacte de chacune des poudres car le seuil de détection de l'appareil est atteint et une partie de la courbe est tronquée. Il s'avère donc que les trois poudres sont très finement divisées avec une partie non négligeable de grains de diamètre inférieur à 0.1 µm. 50 30 25 Nombres (%) 20 15 10 5 0 0.1 0.2 0.4 1 2 4 Diamètre des particules (µm) 6 10 Figure II.1. Distribution granulométrique en nombres de la poudre : ( ) de précurseurs, (∆) de Mg(OH)2 et (ο) de PbF2. - Mesure de surface spécifique (mesure BET) : Les mesures des surfaces spécifiques des poudres sont réalisées à l'aide d'un appareil Monosorb MS12 Quantachrome. La technique de mesure est basée sur la théorie BET et elle met en jeu un phénomène d'adsorption gazeuse. L'adsorbat est un mélange hélium-azote (teneur en azote égal à 30%) et le volume gazeux adsorbé à la surface de la poudre est mesuré à la désorption. Chaque échantillon est préalablement dégazé sous balayage helium-azote pendant environ une heure par paliers de 20 minutes à 150, 200 et 220°C. Les surfaces spécifiques de la poudre de précurseurs, de Mg(OH)2 et de PbF2 sont données dans le tableau II.1. type de poudre précurseurs (coprécipités) 45 Mg(OH)2 PbF2 surface spécifique 21 0.4 2 (m /g) Tableau II.1.Surface spécifique des poudres avant réaction. La poudre de PbF2 présente une surface spécifique étonnamment faible compte tenu de sa courbe granulométrique (Fig. II.1). On pourrait en effet s’attendre à trouver une surface spécifique du même ordre de grandeur que celles de la poudre de Mg(OH)2 et de précurseurs. La différence provient certainement du fait que la Chapitre II. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT 51 poudre de PbF2 reste fortement agglomérée comme le montre sa distribution granulométrique en volume (Fig. II.2). 4 3.5 Volume (%) 3 2.5 2 1.5 1 0.5 0 0.1 0.2 0.4 1 2 4 6 10 20 4060 100 200 400 900 Diamètre des particules (µm) Figure II.2. Distribution granulométrique en volume de la poudre de PbF2. II.2.4. Calcination coprécipitation de la poudre de précurseurs obtenue par II.2.4.1. Analyse thermogravimétrique et calorimétrique différentielle La décomposition thermique (ou réaction) de la poudre de précurseurs qui conduit à la formation de la phase PZT a été suivie par analyse thermogravimétrique (ATG) couplée à une analyse calorimétrique différentielle (ACD). L'appareil utilisé est l'analyseur thermique Labsys TG-DSC-16 Setaram du Laboratoire de Thermodynamique Appliquée de l'INSA de Lyon*. Les mesures sont réalisées sous air entre 25°C et 800°C avec une vitesse de montée en température de 10°C/min. La figure II.3 donne les courbes ATG et ACD de la poudre de précurseurs. On peut distinguer trois étapes dans la décomposition du mélange d'hydroxydes et d'oxalate. La première étape correspond à la perte de masse entre 25 et 200°C accompagnée d'un pic endothermique large et peu intense, caractéristiques de la déshydratation de l'échantillon (libération de l'eau liée et adsorbée en surface). * Nous remercions J.M. Létoffé pour les mesures ATG-ACD. 52 La seconde étape est la décomposition des hydroxydes à partir de 300°C, visualisée par le premier pic exothermique intense et une chute brutale de la masse de l'échantillon. La décomposition des hydroxydes est suivie de celle de l'oxalate de plomb qui débute à environ 350°C où un deuxième pic exothermique et une perte de masse sont observés. La troisième étape commence vers 400°C, caractérisée par un pic exothermique large et peu intense associé à une diminution de la pente de la courbe d'ATG. Il peut s'agir de la formation de la phase PZT avec diffusion de PbO et ZrO2 dans la structure perovskite. La faible perte de masse observée entre 400 et 550°C est difficilement explicable. Elle ne peut pas être attribuée à la fin de la décomposition de PbC2O4 car la courbe d'ATG de l'oxalate de plomb montre une décomposition en une seule étape à 350°C et ne révèle aucune perte de masse après 400°C. Quoiqu'il en soit, si on considère l'oxyde mixte Pb(Zr0.52Ti0.48)O3 comme étant le produit final de la calcination, la perte de masse totale enregistrée entre 200 et 800°C (déshydratation exclue) confirme la présence des précurseurs suivants dans le précipité et leur quantité molaire respective : 0.60Pb(OH)2 – 0.40PbC2O4 – 0.52ZrO(OH)2 – 0.48TiO(OH)2. Enfin, un très faible pic exothermique sans perte de masse associée est observé à 550°C. D'après Balachadran [56] et Choy [46, 47], il est caractéristique de la cristallisation de la phase PZT. On peut constater que la masse de l'échantillon reste constante jusqu'à 800°C, il n'y a donc pas de volatilisation progressive de PbO. Figure II.3. Courbes ATG-ACD couplée de la poudre de précurseurs. Chapitre II. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT 53 II.2.4.2. Analyse radiocristallographique La synthèse de la poudre de la solution solide PZT a également été étudiée par diffraction des rayons X (DRX). Les diagrammes de diffraction sont réalisés à l'aide d'un diffractomètre D-500 Siemens au centre de diffractométrie Henri Longchambon de l'Université de Lyon I. Le rayonnement X monochromatique est produit par une anticathode de cuivre ( longueur d'onde de la raie Kα : λ = 1.5418 c). La figure II.4 donne les diagrammes de DRX de la poudre de précurseurs et des produits de sa calcination à différentes températures pendant 10 heures (vitesse de montée en température : 2°C/min). Le diagramme de DRX du précipité présente des pics de diffraction peu intenses que l'on identifie comme étant les réflexions caractéristiques de PbC2O4. Aucune autre phase cristallisée n'est observée. L'analyse radiocristallographique de la poudre obtenue après calcination à 500°C met en évidence deux nouvelles phases : du PbO issu de la décomposition de PbC2O4 et une phase PZT "naissante" (pics peu intenses). Après un chauffage de la poudre de précurseurs à 600°C, les pics de diffraction de la phase PZT deviennent plus intenses contrairement aux raies principales de PbO qui diminuent en intensité. La quantité de PZT augmente dans le mélange solide alors que celle de PbO libre diminue. Finalement, une calcination de la poudre de précurseurs à 700°C pendant 10 heures mène à une solution solide PZT sans phase secondaire, ce qui indique que la réaction est complète. Figure II.4 Diagrammes de DRX de la poudre de précurseurs et des produits de sa calcination pendant 10 heures aux températures données. X : PbC2O4. O : PbO. 54 On peut présager du mécanisme réactionnel en étudiant l'évolution du profil du groupe de raies (002)Q, (200)Q (de la phase quadratique) et (200)R (de la phase rhomboédrique) et de leur intensité respective en fonction de la température. En effet, l'observation de ce groupe de raies permet d'estimer la quadraticité du PZT et donc de visualiser une éventuelle variation de la symétrie du PZT au cours de sa formation (Fig. II.5). On utilise le diffractomètre Siemens du Laboratoire équipé d'un tube à anticathode de cobalt ( longueur d'onde de la raie Kα : λ = 1.7903 c) pour faire ces observations. La figure II.5 montre, malgré une superposition des pics, que la raie de la phase quadratique (200)Q diminue en intensité alors que la raie (200)R de la phase rhomboédrique apparaît. Ainsi, la quadraticité de la phase PZT diminue quand la température de calcination augmente, c'est-à-dire au fur et à mesure de sa formation. 550°C (200)R (002)Q Intensité (200)Q (002)Q (200)Q 500°C 48 49 50 51 52 53 54 55 56 2θ (degrés) Figure II.5. Evolution du profil de groupe de raies (002)Q, (200)Q et (200)R en fonction de la température de calcination (temps de réaction : 10h). Il est donc très probable qu'une phase PZT majoritairement quadratique se forme préférentiellement vers 500°C, en raison de la plus grande réactivité de TiO2 par rapport à celle de ZrO2. Ensuite, à plus haute température, la zircone qui n'a pas réagi et l'oxyde de plomb obtenu par calcination de PbC2O4 diffusent dans la structure perovskite. Chapitre II. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT 55 En résumé, la réaction peut être décrite de la façon suivante : c ~ 500°C 0.60 Pb( OH )2 + 0.48TiO( OH )2 + 0.52 ZrO( OH )2 → Pb0.6 Zr 0.12Ti 0.48O1.8 + 0.40 ZrO 2 ∆ 0.40 PbC 2O 4 → 0.40 PbO + CO + CO2 d 0.40 PbO + 0.40 ZrO2 + Pb0.6 Zr 0.12Ti 0.48O1.8 → PbZr 0.52Ti 0.48O 3 La présence de plomb dans le précipité sous deux formes distinctes (hydroxyde et oxalate) permet d'une part, la formation de la phase PZT à basse température (∼500°C) car Pb(OH)2 est plus réactif que PbC2O4 et empêche d'autre part, la formation de phases intermédiaires comme PbTiO3. En effet, la calcination à 700°C pendant 10 heures d'un mélange d'hydroxydes comprenant Pb(OH)2, 0.52ZrO(OH)2 et 0.48TiO(OH)2 donne un mélange biphasé de PbTiO3 et PbZrO3 et non pas une phase PZT comme le montre le diagramme de DRX de la poudre obtenue après réaction (Fig. II.6). On obtient une poudre de PZT en chauffant la poudre d'hydroxydes à 900°C pendant deux heures. Figure II.6. Diagramme de DRX de la poudre obtenue après calcination à 700°C pendant 10h d'un mélange d'hydroxydes : Pb(OH)2, 0.52ZrO(OH)2 et 0.48TiO(OH)2 (en moles). X : PbZrO3; O : PbTiO3. 56 II.2.4.3. Conclusion Finalement, la synthèse par voie liquide du Laboratoire conduit à la poudre de PZT souhaitée en faisant réagir le mélange de précurseurs à 700°C pendant 10 heures. Toutes les poudres de PZT mentionnées dans la suite sont préparées de la même façon (Fig. II.7). Cela permet d'étudier l'influence des différents dopants et de leur concentration sur les caractéristiques physico-chimiques de ces poudres. Butoxyde de zirconium Butoxyde de titane Solution aqueuse d'acide oxalique Mélange (1h) Acétate de plomb Acétate de strontium Acétate de baryum Mélange (1h) Hydroxyde d'ammonium Mélange (4h) Lavage à l'eau/ Filtration/ Séchage à 100°C (10h) Acétate de magnésium ou Hydroxyde de magnésium Fluorure de plomb Broyage/ Mélange (1h) Séchage à 80°C (15h) Calcination 700°C/ 10h Figure II.7. Schéma de synthèse de la poudre de PZT. Chapitre II. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT 57 II.3. Caractérisation des poudres de PZT dopé La formulation théorique d'un PZT dopé avec 11% molaire de (Ba2+, Sr2+) et x % molaire de Mg2+ est : Pb0.89(Ba, Sr)0.11[(Zr0.52Ti0.48)1-xMgx]O3-x. La solubilité des dopants sous-valencés est très limitée dans la structure perovskite des PZT et en général, elle ne dépasse pas 2% molaire. Nous avons donc choisi de doper les PZT avec 1% de magnésium. La solubilité du dopant fluor dans la perovskite PZT est inconnue. En théorie, la substitution F-O crée un défaut de charges négatives en site anionique et l'électroneutralité de la composition est assurée par le magnésium qui entraîne un défaut de charges positives dans le sous-réseau cationique. La quantité de fluor maximale que l'on peut introduire dans le réseau dépend donc de la quantité de magnésium en site B. La formulation théorique stoechiométrique et électriquement neutre d'un PZT oxyfluoré peut s'écrire : Pb0.89(Ba, Sr)0.11[(Zr0.52Ti0.48)1-xMgx]O3-2xF2x. Toutefois, pour ne pas préjuger du mécanisme de fluoration et étudier l'influence du seul dopant fluor, nous avons fait varier le taux de fluor – et donc de PbF2 – de façon systématique sans tenir compte du taux de Mg2+. II.3.1. Analyse radiocristallographique Tous les diagrammes de diffraction des rayons X présentés dans la suite de l'étude ont été réalisés avec le diffractomètre du Laboratoire (cf II.2.4.2). Si le seuil de détection de l'appareil est suffisamment bas, l'analyse radiocristallographique des poudres de PZT dopés permet l'observation ou non de phases secondaires minoritaires dont la présence est caractéristique du dépassement de solubilité maximale des ions dopants. De plus, si la phase PZT est suffisamment bien cristallisée et que les pics de diffraction sont assez intenses, on peut évaluer l'influence des différents dopants sur la symétrie du PZT. La figure II.8 présente les diagrammes de DRX des poudres de PZT pur et dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+). On ne détecte aucune phase secondaire dans le diagramme de poudre du PZT dopé et les pics de diffraction sont quasiment identiques à ceux de la phase PZT pur. L'incorporation homogène de 11% molaire du couple de dopants (Ba2+, Sr2+) dans le réseau est donc réalisable pendant la réaction. 58 Intensité (1) 35 40 45 50 2θ (degrés) 55 60 65 70 60 65 70 Intensité (2) 35 40 45 50 2θ (degrés) 55 Figure II.8. Diagramme de DRX des poudres de PZT : (1) non dopé; (2) dopé avec 11% molaire de (Ba2+, Sr2+). Les diagrammes de DRX des poudres de PZT dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+) et 1% de Mg2+ non fluoré et fluoré à 4% présentent la même allure (Fig. II.9). Là encore, tous les pics observés sont ceux de la phase PZT et ne sont pas déformés par rapport à ceux de la poudre de PZT pur. Chapitre II. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT 59 Intensité (1) 35 40 45 50 55 2θ (degrés) 60 65 70 60 65 70 Intensité (2) 35 40 45 50 55 2θ (degrés) Figure II.9. Diagramme de DRX des poudres de PZT dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+) et 1% de Mg2+: (1) non fluoré et (2) fluoré à 4%. Des diagrammes de DRX semblables sont obtenus avec des poudres de PZT dopés avec 11% de (Ba2+, Sr2+) et 1% de Mg2+ et des taux de fluor compris entre 0 et 7% molaire. Ce n'est pas le cas du diagramme de DRX d'une poudre de PZT dopé avec 4% de fluor.(Fig. II.10). 60 Intensité (200)Q (002)Q 35 40 45 50 55 2θ (degrés) 60 65 70 Figure II.10. Diagramme de DRX d'une poudre de PZT dopé avec 4% de fluor. On observe un changement de l'allure des pics de la phase PZT qui semble mieux cristallisée. Le profil du groupe de raies (002)Q, (200)Q et (200)R indique une augmentation de la quadraticité du PZT après dopage avec du fluor. La fluoration a donc modifié la symétrie du matériau après réaction et il est possible de donner le rapport Zr4+/Ti4+ théorique du PZT en calculant le rapport des paramètres de maille cQ/aQ si on considère que le PZT est purement quadratique après introduction de fluor. Le rapport cQ/aQ est calculé à partir des raies (002) Q et (112)Q et on reporte cette valeur sur la courbe proposée par Jaffe [11] qui donne l'évolution du rapport cQ/aQ en fonction du taux de titane dans le système PbZrO3-PbTiO3 (Fig. II.11). Le cQ/aQ du PZT dopé avec 4% de fluor correspond à un rapport Zr 4+/Ti4+ égal à 50/50. La variation du rapport Zr4+/Ti4+ (ou "décalage en Zr/Ti") du PZT dopé avec du fluor signifie certainement que l'introduction d'une telle quantité de fluor n'est pas possible dans le réseau. En effet, la fluoration en site anionique de la perovskite PZT ne devrait pas faire varier le rapport molaire des cations du site B. L'augmentation de la quadraticité après ajout de 4% de fluor laisse supposer que le PZT s'est formé avec un défaut de zirconium et donc un défaut de plomb, en l'occurrence celui de PbF2. Cette hypothèse confirme en outre le mécanisme réactionnel proposé au II.2.4.2 et qui implique la formation à basse température d'un PZT majoritairement quadratique avec incorporation complète du titane dans la phase PZT. Ainsi, si on considère que tout le titane est présent dans le PZT dopé avec 4% de fluor, c'est-àdire 48% et que le fluor n'est pas dans le réseau, alors la formulation réelle est Pb0.96(Zr0.48Ti0.48)O3(0.96). Il y aurait donc 4% de ZrO2 et 2% de PbF2 (4% de fluor) qui n'auraient pas réagi mais ces quantités sont trop faibles pour que l'on puisse détecter sans ambiguité ces phases par DRX. Par contre, les diagrammes de DRX de poudres de PZT dopés avec des quantités croissantes de fluor jusqu'à 48% présentent des phases secondaires identifiées comme étant de la zircone, du fluorure de plomb et une autre phase qui pourrait être un fluorure de plomb et de Chapitre II. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT 61 zirconium. On constate également une augmentation du rapport cQ/aQ avec le taux de fluor et donc un décalage en Zr/Ti de plus en plus important (Fig.II.11). 1.055 c Q /a Q 1.050 1.045 1.04 48% 1.035 1.03 4% 32% 24% 1.025 16% 8% 1.02 45 50 55 60 65 % Ti4+ (molaire) 70 75 80 Figure II.11. Evolution du rapport cQ/aQ en fonction du taux de titane dans le système PbTiO3-PbZrO3. (•) : PZT purs; (∆) PZT dopés avec différents taux de fluor. En résumé, l'étude diffractométrique des poudres semble montrer que l'introduction de fluor dans la solution solide PZT est possible pendant la réaction si elle est accompagnée d'une substitution cationique par un dopant sous-valencé en site B comme le magnésium. Toutefois, bien que ce résultat soit prévisible théoriquement, l'analyse des poudres n'est pas suffisante pour prouver si le taux de fluor que l'on peut introduire dépend uniquement du taux de magnésium, c'est-à-dire si le seul PZT fluoré possible est du type A(B 1-xMgx)O2-2xF2x. L'observation des diagrammes de poudres des PZT dopés avec (Ba2+, Sr2+), Mg2+ et des taux de fluor compris entre 0 et 7% laisse présager le contraire. La phase PZT semble donc tolérer plusieurs taux de fluor après réaction. Quoiqu'il en soit, seule la caractérisation des échantillons massifs et l'étude de leurs propriétés diélectriques et électromécaniques après polarisation permettront de répondre à cette question. La céramique PZT est en effet le matériau ultime et le frittage peut être une étape déterminante pour la fluoration. 62 II.3.2. Analyse de la morphologie des poudres de PZT Des mesures granulométriques et BET, ainsi que des observations au microscope électronique à balayage (MEB) sont réalisées pour étudier l'influence des différents dopants sur la morphologie des poudres de PZT. II.3.2.1. Distribution granulométrique des poudres de PZT Les poudres de PZT pur et dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+) présentent des répartitions granulométriques unimodales (en nombres de particules), dont les diamètres moyens correspondants sont respectivement 0.38 et 0.43 µm (Fig. II.12). Le dopage isovalent en site A du PZT semble faire grossir légèrement les grains pendant la réaction. Nombres (%) 8 7 PZT pur 6 PZT dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+) 5 4 3 2 1 0 0.1 0.2 0.4 1 2 4 6 10 20 diamètre des particules (µm) 40 60 100 Figure II.12. Distribution granulométrique des poudres de PZT pur et dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+). Les distributions granulométriques des poudres de PZT dopés avec 11% de (Ba2+, Sr2+), 1% de Mg2+ et des taux de fluor croissants sont présentées Figure II.13. Quel que soit le taux de fluor, la répartition granulométrique de poudres est unimodale. Toutefois, on observe une augmentation du diamètre moyen des particules dès que l'on ajoute 1% de fluor, ensuite il reste à peu près constant jusqu'à 4% de fluor et il augmente à nouveau (Fig. II.14). L'introduction de fluor fait également grossir les grains de la poudre de PZT. Chapitre II. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT 63 Nombres (%) 8 7 0% fluor 6 7% fluor 5 1-6% fluor 4 3 2 1 0 0.1 0.2 0.4 1 2 diamètre des particules (µm) 4 6 10 diamètre moyen des particules (µm) Figure II.13. Distribution granulométrique des poudres de PZT dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+), 1% de Mg2+ et différents taux de fluor. 0.65 0.6 0.55 0.5 0.45 0.4 0 1 2 3 4 5 taux de fluor (% molaire) 6 7 Figure II.14. Evolution du diamètre moyen des particules en fonction du taux de fluor. II.3.2.2. Mesures BET Les surfaces spécifiques des poudres de PZT pur et dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+) sont respectivement égales à 3.3 et 3 m2/g. La figure II.15 donne l'évolution de la surface spécifique des poudres de PZT dopés avec 11% de (Ba2+, Sr2+), 1% de Mg2+ en fonction du taux de fluor. La surface spécifique reste constante jusqu'à 4% de fluor et ensuite diminue. Cette tendance confirme l'augmentation de la taille des grains avec le taux de fluor. La surface spécifique est effectivement inversement proportionnelle au diamètre moyen calculé de grains de forme supposée sphérique, ces deux paramètres étant reliés entre eux par la relation suivante : 64 φ= 6 ρ .S (II.1) avec φ : diamètre (µm) ρ : masse volumique (g.cm-3) S : surface spécifique (m2.g-1) 3.6 PZT pur surface spécifique (m2.g-1) 3.4 PZT dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+) 3.2 3 2.8 2.6 2.4 2.2 2 1.8 1.6 0 1 2 3 4 5 taux de fluor (% molaire) 6 7 Figure II.15. Evolution de la surface spécifique des poudres de PZT dopés avec 11% de (Ba2+, Sr2+), 1% de Mg2+ et différents taux de fluor. II.3.2.3. Analyse par microscopie électronique à balayage La microscopie électronique à balayage apporte des informations sur la structure et la texture de la poudre mais aussi sur la taille et la forme des grains élémentaires ou agglomérats selon le grossissement choisi. L'appareil utilisé est le JSM 840 (Jeol) du Centre de Microscopie de l'INSA de Lyon. L'observation au MEB de poudres de PZT pur ou dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+) ne révèle aucune différence dans la morphologie ou la taille moyenne des grains. De même, les poudres de PZT dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+), 1% de Mg2+ et avec des taux de fluor compris entre 0 et 7% présentent une grande similitude morphologique. On n'observe pas un grossissement des grains au fur et à mesure que le taux de fluor augmente qui viendrait confirmer les résultats des mesures granulométriques et BET. Toutefois, bien qu'elles soient fortement agglomérées, les différentes poudres sont constituées de grains de forme sphérique dont la taille est bien de l'ordre du demi micron (Fig. II.16). Chapitre II. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT 0005 17KV X 25,000 1µm 65 WD19 Figure II.16. Cliché MEB de la poudre de PZT pur. Chapitre III. Elaboration et caractérisation des céramiques massives 67 CHAPITRE III. ELABORATION ET CARACTERISATION DES CERAMIQUES MASSIVES Ce chapitre décrit dans un premier temps le procédé de fabrication des céramiques. Il donne ensuite les résultats de l’étude radiocristallographique sur les PZT fluorés, en l’occurrence l’influence de la fluoration sur la symétrie du matériau. Un mécanisme de fluoration est proposé et discuté. Enfin, l’étude de la morphologie des céramiques PZT fluoré est présentée. 68 Chapitre III. Elaboration et caractérisation des céramiques massives 69 III.1. Elaboration des céramiques III.1.1. Le frittage : définition et généralités La céramique est la forme du matériau qui résulte du processus de frittage de la poudre obtenue après réaction. Le frittage peut être décrit comme étant la consolidation par action de la chaleur d'un agglomérat granulaire plus ou moins compact, avec ou sans fusion d'un ou plusieurs constituants [57]. On distingue communément trois étapes dans le frittage qui se produisent successivement pendant la montée en température et le palier de frittage : - Réarrangement et collage des particules, quelque fois favorisés par la présence d'une phase liquide, - densification et élimination des porosités intergranulaires, - grossissement des grains et élimination progressive des porosités fermées. III.1.2. Mise en forme de la poudre de PZT avant frittage Avant sa mise en forme par compactage, la poudre de PZT est broyée manuellement à l'aide d'un mortier puis tamisée (ouverture du tamis φ < 250 µm) de manière à éliminer les gros agglomérats. Une solution aqueuse d'alcool polyvinylique (APV) à 10% en masse appelée liant organique est ensuite ajoutée à la poudre (environ 15% en masse) pour faciliter le compactage. En effet, les grains sont alors enrobés d'une fine couche plastique, ce qui entraîne la formation d'agglomérats dits "mous" facilement déformables et qui peuvent glisser les uns sur les autres pendant le compactage. Pour cela, le mélange poudre – APV doit conserver un certain taux d'humidité car la température de transition vitreuse du liant dépend de sa teneur en eau (Fig. III.1). Le mélange est donc séché à 60°C pendant deux heures de façon à obtenir une poudre facilement malléable. En effet, si la poudre est trop sèche, (évaporation d'eau trop importante), il se forme des agglomérats durs nuisibles au compactage. Après séchage contrôlé, le mélange poudre – APV est compacté par pressage uniaxial (1000 kg/cm2) à l'aide d'une matrice cylindrique en acier. Le diamètre de la matrice dépend de celui de la céramique souhaitée. Classiquement, on utilise des matrices de diamètre φ = 20 mm et φ = 8 mm dans lesquelles on introduit respectivement 20 g et 5 g de poudre. Les bruts (ou céramiques "crues") obtenues après compactage sont ensuite déliantés par chauffage à 600°C pendant quatre heures (rampe de température : 2°C/min). Cette étape de déliantage permet d'éliminer l'APV. En effet, l'emprisonnement dans la poudre de résidus carbonés issus de la calcination du liant pendant le frittage pourrait conduire à la formation de larges porosités et donc de céramiques peu denses et fragiles au moment du traitement de polarisation. 70 80 70 Température de transition vitreuse (°C) 60 visqueux 50 40 30 20 rigide 10 0 0 5 10 15 Humidité (% massique) Figure III.1. Evolution de la température de transition vitreuse de l'APV en fonction de la teneur en eau. D’après [58]. III.1.3. Conditions opératoires du frittage Deux paramètres prépondérants interviennent pendant l'étape du frittage. Il s'agit du profil de température (cinétique et palier) et de l'atmosphère de frittage qui influent directement sur la densité, la taille des grains de la céramique, ainsi que sur l'homogénéité en composition du matériau. L'idéal est d'obtenir des céramiques denses constituées de petits grains de l’ordre de 5 µm de diamètre avec une température de frittage la plus basse possible. Le frittage à environ 1230°C des poudres préparées par voie liquide conduit à des céramiques PZT relativement denses [58]. Nous avons donc choisi cette température de manière à évaluer l'influence de la composition du matériau et plus particulièrement celle des différents dopants. Le palier de frittage à 1230°C dépend de la quantité de brut à fritter; il sera précisé ultérieurement. Toutefois, une température de frittage supérieure à 1200°C entraîne inévitablement une perte de plomb par volatilisation du PbO [48, 59]. Pour éviter ce départ de plomb qui rend le matériau non stoechiométrique, on maintient une atmosphère de PbO dans l'enceinte de frittage en introduisant une poudre d'oxyde mixte à base de plomb comme PbZrO3, PbTiO3 ou même un PZT (Pb(Zr0.5Ti0.5)O3) [60, 61]. On préfère utiliser une poudre de PbZrO3 car son activité de PbO est plus grande que celle de PbTiO3 et du PZT (Fig. III.2). La tension de vapeur dans l'enceinte de frittage est alors plus importante. Chapitre III. Elaboration et caractérisation des céramiques massives 71 1 aPbO P : PbO 0.1 PT : PbTiO3 PZ : PbZrO3 PZT : PbZr0.5Ti0.5O3 0.01 0.001 1160 980 830 730 Température (°C) Figure III.2. Evolution de l'activité de PbO en fonction de la température pour différents mélanges de poudre . D’après [62]. Le brut à fritter et la poudre de PbZrO3 sont placés dans un creuset d'alumine fermé par un couvercle scellé par un mélange de PbO et de ZrO2 (2/3 – 1/3 en masse) préalablement mouillé. Kingon et Clark [60] insistent sur la nécessité d’isoler le brut de la "poudre d'atmosphère" pour éviter la diffusion des ions titane du PZT vers PbZrO3. Cette séparation est réalisée en entourant le brut d'une poudre de MgO qui sert également de tampon thermique pendant le refroidissement naturel du four (Fig. III.3). Afin d'étudier l'influence des différents dopants du PZT, on fritte simultanément dans le même creuset un brut de diamètre φ = 20 mm et cinq bruts de diamètre φ = 8 mm de chaque composition à 1230°C pendant 4 heures (cinétique de chauffage: 2°C/min). On utilise toujours le même four de frittage. 72 Figure III.3. Configuration de frittage. III.2. Caractérisation physico-chimique des céramiques PZT III.2.1. Premières observations Après frittage des différentes poudres de PZT pur et dopé, une simple observation visuelle des céramiques dopé avec du fluor permet de constater une évolution de la couleur et de la forme des échantillons en fonction du taux de fluor. Effectivement, avec 6 et 7% de fluor, les céramiques de composition Pb0.89(Ba, Sr)0.11(Zr0.52Ti0.48)O3 dopée avec 1% de Mg2+ sont rouge – orange en surface et légèrement coniques, alors qu'avec des taux de fluor inférieurs, elles sont toutes marron clair comme le PZT pur et ont conservé la forme de l'échantillon brut avant frittage. Cette première observation laisse à penser que la fluoration à des taux élevés rend le matériau non stoechiométrique, ce qui se traduit par la présence de phases secondaires dans la céramique comme du PbO litharge, de couleur orange. L'observation d'un disque taillé au cœur de l'échantillon dopé avec 7% de fluor permet de vérifier cette hypothèse (Fig. III.4). En effet, le disque apparaît bicolore : la zone intérieure est blanche et la région extérieure est rouge. Chiang [61] constate le même phénomène dans des céramiques PZT issues de poudres contenant un excès de PbO (2 à 5% en masse). Cet excès de PbO sert en fait d'adjuvant de frittage car pendant celui-ci, il se forme une phase liquide d'oxyde de plomb qui contribue normalement à la densification de la céramique à des températures relativement basses. Le gradient de couleur du disque est tout d'abord dû au gradient de densité qui se crée pendant le compactage. Les régions du brut adjacentes à la surface sont mieux densifiées et forment une cage rigide pendant le frittage qui retarde la densification de la région intérieure. Cette situation affecte la distribution de PbO à l'intérieur de la céramique que l'on retrouve en plus grande quantité dans la zone périphérique d'où sa couleur rouge. L'étude diffractométrique des céramiques devrait pouvoir confirmer la présence de PbO libre à la surface des bruts. Chapitre III. Elaboration et caractérisation des céramiques massives 73 Sauf indication contraire, toutes les compositions PZT étudiées par la suite contiennent 11% de (Ba2+, Sr2+) et le rapport Zr/Ti choisi avant la synthèse des poudres est égal à 52/48. (a) (b) Figure III.4. Céramique PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 7%. (a) : surface de l’échantillon ; (b) : cœur de l’échantillon. III.2.2. Analyse radiocristallographique L'analyse aux rayons X est réalisée sur la poudre obtenue par broyage au mortier de la céramique. Comme ceux des poudres avant frittage, les diagrammes de DRX des céramiques PZT dopé avec 1% de Mg 2+ et fluorés jusqu'à 7% ne révèlent pas de phase minoritaire (Fig. III.5). Par contre, on détecte bien la raie principale de PbO litharge dans le diagramme de DRX de la surface – rouge-orange – de la céramique PZT dopé avec 7% de fluor (Fig.III.6). La phase PZT s'est donc formée avec un déficit de plomb. On peut toutefois noter qu'aucune phase fluorée n'est observée. 74 Intensité (1) 35 40 45 50 55 60 65 70 55 60 65 70 2θ (degrés) Intensité (2) 35 40 45 50 2θ (degrés) Figure III.5. Diagrammes de DRX de céramiques PZT. (1) : non dopé en site B et non fluoré; (2) : dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 7%. Chapitre III. Elaboration et caractérisation des céramiques massives PZT 75 PZT (2) Intensité (1) PbO 33 35 37 39 33 35 37 39 2θ (degrés) Figure III.6. Diagrammes de DRX de la céramique PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 7%. (a) : cœur de l’échantillon ; (b) : surface de la céramique. III.2.2.1. Evolution du taux de phase rhomboédrique avec le taux de fluor L'analyse radiocristallographique des céramiques PZT dopé avec 1% de Mg2+ permet également de constater une évolution du profil du triplet de raies (200)Q, (002)Q et (200)R – et donc du rapport de phases quadratique/ rhomboédrique – en fonction du taux de fluor. Grâce à une méthode mise au point au Laboratoire [63], il est possible d'évaluer le taux de phase rhomboédrique du PZT (TR). Cette méthode consiste à mesurer les surfaces (assimilées à des triangles isocèles) des pics du triplet (013)Q, (310)Q et (310)R vers 2θ = 88°. On préfère utiliser ce groupe de raies plutôt que les raies (h00) et (00l) car la mesure est plus précise aux grands angles (Fig. III.7). L'incertitude de mesure sur TR est de l'ordre de 5%. 76 (310)Q (310)Q (310)R (013)Q (013)Q Figure III.7. Profil du groupe de raies (013)Q, (310)Q et (310)R. (a) : PZT purement quadratique Pb0.89(Ba, Sr)0.11 (Zr0.48Ti0.52)O3; (b) : PZT dopé avec 1% de Mg2+ Pb0.89(Ba, Sr)0.11[(Zr0.52Ti0.48)0.99Mg0.01]O2.99 0.01. On prend comme référence une composition purement quadratique S( 013 )Q Pb0.89(Ba, Sr)0.11 (Zr0.48Ti0.52)O3 et on calcule le rapport des surfaces . S( 310 )Q réf On mesure alors les surfaces des pics de l'échantillon PZT considéré et on calcule le rapport : S( 013 )Q . α= S( 013 )Q + S( 310 )Q + S( 310 )R éch Le taux de phase rhomboédrique du PZT est donné par : 1 TR = 1 - 1 + α S ( 013 )Q 310 S ( ) Q réf (III.1) La figure III.8 montre la variation du taux de phase rhomboédrique à la température ambiante dans les matériaux PZT dopé avec 0.4 et 1% de Mg2+ en fonction du pourcentage molaire de fluor. On peut remarquer que toutes les Chapitre III. Elaboration et caractérisation des céramiques massives 77 compositions étudiées appartiennent à la frontière de phase morphotropique et sont majoritairement quadratiques en raison de leur rapport Zr/Ti égal à 52/48 et des faibles quantités de dopants. Les deux séries de PZT fluorés présentent la même évolution : le taux de phase rhomboédrique TR passe par un minimum pour un taux de fluor qui augmente avec la quantité de magnésium introduite. Cette tendance semble prouver qu'il existe un taux de fluor critique pour le matériau et que celui-ci dépend du taux de Mg2+ en site B. 50 T = 25°C Taux de phase rhomboédrique (%) 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 2+ 0% Mg , 0%F 0 1 - 2 3 4 5 Taux de fluor (% molaire) 6 7 Figure III.8. Evolution du taux de phase rhomboédrique en fonction du taux de fluor. (ο) : PZT dopé avec 0.4% de Mg2+; (x) : PZT dopé avec 1% de Mg2+. En effet, dans un premier temps la substitution progressive (à des taux croissants) de l'oxygène par le fluor dans le réseau cristallin modifie la symétrie des PZT car elle entraîne une diminution de TR. Cette variation peut être reliée au changement des distortions de la maille perovskite ABO3 au niveau des octaèdres BO6 et des plans AO3 en supposant que le rapport Zr/Ti reste constant dans le matériau tant que le taux de fluor est inférieur au taux critique. Dans le cas des PZT dopés avec Mg2+, le sous-réseau anionique contient des lacunes d'oxygène qui tendent à contracter la maille et donc font varier les distances A — O et O — O causant ainsi des distortions rhomboédriques [64]. Ce n'est pas le cas des PZT fluorés dans lesquels le taux de lacunes est plus faible ou même nul. La composition théorique non stoechiométrique d'un PZT fluoré peut s'écrire: Pb0.89(Ba, Sr)0.11[(Zr0.52Ti0.48)1-xMgx]O3-x-y x-yF2y. 78 Le taux de lacunes d'oxygène diminue donc progressivement au fur et à mesure que le taux de fluor augmente, c'est-à-dire jusqu'au PZT fluoré stoechiométrique qui présente un taux de phase rhomboédrique minimum et proche de celui du PZT non dopé en site B et en site anionique. Le taux de fluor correspondant à la stoechiométrie devrait être égal à deux fois celui du magnésium ; or les minima de TR des PZT dopés avec 0.4 et 1% de Mg2+ sont respectivement atteints pour environ 2 et 4% de fluor. Cela peut signifier qu'il existe une certaine concentration de cations sousvalencés intrinsèques au matériau – autres que le dopant magnésium – qui permet d'assurer la stoechiométrie et l'électroneutralité du PZT dopé avec un taux de fluor supérieur au taux théorique. Il peut s'agir des ions Ti3+ dont la présence dans le réseau cristallin du PZT pur ou dopé avec du manganèse a été démontrée par Warren [65, 66] et Bykov [67] par Résonance Paramagnétique Electronique (RPE). Toutefois, on ne sait pas si la concentration de Ti3+ est constante quel que soit le PZT ou si elle dépend de la concentration de dopants. Dans le cas d'un PZT fluoré stoechiométrique dopé avec x% de Mg2+ et 2y% de fluor, elle serait théoriquement égale à (2y-2x)%, soit avec (x = 0.4, 2y = 2) et (x = 1, 2y = 4), on obtient respectivement 1.2 et 2% de Ti3+. Le TR d'un PZT non dopé en site B (x = 0) passe également par un minimum (Fig. III.9) et ce pour un taux de fluor égal à 2%, ce qui signifie que ce PZT contiendrait 2% de Ti3+. De même, le TR d'un PZT dopé avec 0.75% de Mg2+ présente un minimum à 3% de fluor. Il est donc difficile de dire si le taux de Ti3+ dépend de celui de Mg2+ et/ou de fluor. On pourrait s'attendre à ce que la présence de Mg2+ en site B incite Ti3+ à passer en Ti4+ par effet de compensation de charge mais ce n'est pas le cas, peut-être à cause du fluor qui stabilise Ti3+, toujours par effet de compensation. Quoiqu'il en soit , si on tient compte des ions Ti3+ alors la composition théorique stoechiométrique d'un PZT fluoré devient : Pb0 .89(Ba, Sr)0 .11 [(Zr0.52Ti 04.+48 −zTi z3 + )1− x Mg x ] O ( 1− x ) z 3 −2 x + 2 F ( 1− x ) z 2 x+ 2 Chapitre III. Elaboration et caractérisation des céramiques massives 79 Taux de phase rhomboédrique (%) 30 25 20 15 10 5 0 0 1 2 Taux de fluor (% molaire) 3 Figure III.9. Evolution du taux de phase rhomboédrique d'un PZT non dopé en site B en fonction du taux de fluor. Dans un second temps, la fluoration entraîne une augmentation du TR. Celle-ci peut avoir trois origines possibles : une augmentation du rapport Zr/Ti pendant le frittage, la présence de lacunes de plomb dans le PZT qui, comme les lacunes d'oxygène augmentent la rhomboédricité du matériau [68] ou bien les deux phénomènes simultanément. On peut penser que le PZT est lacunaire en plomb puisque du PbO libre est détecté dans la céramique PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 7%. Toutefois, cette céramique est inhomogène en composition car l'analyse par DRX d'un disque d'épaisseur 0.5 mm coupé à partir de la surface (rouge-orange) révèle un PZT purement rhomboédrique alors que le taux de phase rhomboédrique global (i.e. de toute la céramique) est d'environ 40%. Cette fluctuation de composition semble confirmer qu'il y a bien variation locale du rapport Zr/Ti dans les régions adjacentes à la surface. Mais cette augmentation est certainement induite par la dissolution de TiO2 dans PbO liquide au cours du frittage, la solubilité de TiO2 étant beaucoup plus grande que celle de ZrO2 [51, 60]. L'augmentation de TR avec le taux de fluor est donc vraisemblablement due à la présence de lacunes de plomb qui assurent l'électroneutralité du PZT si on considère que la substitution de l'oxygène par du fluor est encore possible. Schématiquement, un PbF2 remplace deux PbO, ce qui entraîne un départ d’oxyde de plomb. Il est toutefois probable qu'au delà du taux de fluor critique, le PZT soit déficitaire en zirconium. En effet, nous avons vu au chapitre précédent (cf § II.3.1.) 80 que l'incorporation complète de 4% de fluor dans le PZT pur n'est pas possible pendant la réaction. Il subsiste certainement du PbF2 et du ZrO2 dans la poudre de PZT. Pendant le frittage, la substitution F – O se poursuit et finalement on obtient un PZT fluoré lacunaire en plomb présentant des fluctuations de composition et des phases secondaires comme PbO, ZrO2 et TiO2 qui proviennent respectivement : de la fluoration elle même, de la réaction incomplète avant frittage et de la dissolution dans PbO liquide au voisinage de la surface. On pourrait penser que la phase PZT est lacunaire en site B à cause du défaut de zirconium dans un premier temps et de TiO2 dans un deuxième temps mais Jaffe [11] et Kingon [60] considèrent qu'un tel type de défaut n'est pas possible dans la structure perovskite. En tout cas, il est très difficile de donner une formulation théorique des PZT fluorés au delà du taux de fluor critique. III.2.2.2. Evolution du taux de phase rhomboédrique en fonction du rapport Zr/Ti La Figure III.10 donne l'évolution de TR du PZT non dopé en site B et dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4% en fonction du rapport Zr/Ti. On peut remarquer que pour les deux matériaux TR évolue de la même façon et pour un Zr/Ti donné , les valeurs de TR des deux PZT sont très proches. La fluoration à un taux correspondant à celui du PZT fluoré stoechiométrique ne modifie donc pas le rapport de phases quadratique/ rhomboédrique du PZT non dopé en site B et non fluoré, bien que celui-ci soit faiblement lacunaire en oxygène en raison des ions Ti3+ dans le sous-réseau cationique. En d'autres termes, la largeur en composition de la Frontière de Phase Morphotropique (FPM) à la température ambiante n'est pas changée par une fluoration au taux de fluor critique. On peut noter que le taux de zirconium dans les compositions appartenant à la FPM est compris entre 51 et 57% molaire. Chapitre III. Elaboration et caractérisation des céramiques massives 81 Taux de phase rhomboédrique (%) 60 50 40 30 20 10 0 49 50 51 52 % de Zr4+ (molaire) 53 54 55 Figure III.10. Evolution du taux de phase rhomboédrique en fonction du rapport Zr/Ti. (ο) : PZT non dopé en site B et non fluoré; (∆) : PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4%. III.2.2.3. Evolution du volume de maille des PZT en phase cubique en fonction du taux de fluor Le volume de maille des PZT dopés avec 1% de Mg2+ en phase cubique est évalué à partir des diagrammes de DRX des poudres de céramiques chauffées à 450°C (Fig. III.11). Cette température est donc supérieure au point de Curie des différents PZT étudiés. L'incertitude de mesure sur le volume est estimée à 0.01 Å3. On constate que le volume de maille augmente brutalement jusqu'à environ 3% de fluor et ensuite diminue progressivement. La variation du volume de maille avec le taux de fluor est à corréler avec celle de TR. En effet, comme nous l'avons suggéré précédemment, s'il y a insertion de fluor dans la phase perovskite alors le taux de lacunes d'oxygène qui contractent la maille diminue, ce qui entraîne simultanément une diminution de TR et une augmentation du volume de maille. Cette augmentation de volume confirme également qu'il ne se produit pas de décalage en Zr/Ti – dû à un défaut de zirconium - à cause d'une réaction incomplète; si c'était le cas, le volume diminuerait, le rayon ionique de Zr4+ étant plus grand que celui de Ti4+. On peut toutefois noter que le volume maximum n'est pas atteint au taux de fluor critique qui est d'environ 4% pour la série de PZT considérée, alors que le PZT 82 fluoré stoechiométrique devrait théoriquement présenter le plus grand volume. Cela peut être dû à la faible précision des mesures. Quoiqu'il en soit la diminution de volume après 3% de fluor et l'augmentation de TR après 4% ont certainement la même origine à savoir les lacunes de plomb dans le PZT et éventuellement une diminution du rapport Zr/Ti à cause du ZrO2 libre après réaction. 67.77 2+ 0% Mg , 0% F - volume de la maille (c) 67.76 67.75 67.74 67.73 67.72 67.71 0 1 2 3 4 5 taux de fluor (% molaire) 6 7 Figure III.11. Evolution du volume de maille des PZT dopés avec 1% de Mg2+ en fonction du taux de fluor. III.2.3. Etude de la morphologie des céramiques PZT III.2.3.1. Densité des céramiques Les mesures de densité sont réalisées à partir des mesures géométriques sur des échantillons de dimension précise après rectification des bruts de frittage. Il s'agit pour chaque composition de trois disques de diamètre φ = 16 mm et d'épaisseur e = 2 mm et de cinq cylindres de diamètre φ = 6.35 mm et de longueur l = 15 mm. On fait alors la moyenne des densités de chaque type de pièce. La densité de PZT dopés avec trois taux de magnésium différents est donnée Figure III.12. Les trois séries présentent globalement la même évolution : la densité diminue lorsque le taux de fluor augmente mais la chute est d'autant moins brutale Chapitre III. Elaboration et caractérisation des céramiques massives 83 que le taux de magnésium est grand. Pour des taux de fluor inférieurs au taux critique, la diminution de densité peut être dûe à la disparition progressive des lacunes d'oxygène. Il est en effet admis que l'oxygène limite la diffusion en volume au cours du frittage et que la création de lacunes anioniques par un dopant sousvalencé facilitera la densification. La substitution F – O entraînera donc l'effet contraire. La variation de la densité après fluoration au delà du taux critique peut être attribuée à la présence de PbO liquide pendant le frittage. PbO liquide est considéré comme un adjuvant de frittage et doit aider à la densification mais c'est souvent l'effet contraire qui se produit pour les raisons déjà citées au paragraphe III.2.1 (densité plus faible dans le cœur de la céramique). La méthode de frittage dite en phase liquide conduit à des céramiques denses et homogènes en composition si elle est associée à une contrainte mécanique externe (frittage sous charge) [61]. 7.8 0.4% de Mg 7.7 2+ 0.75% de Mg densité (g/cm3) 7.6 2+ 1% de Mg2+ 7.5 7.4 7.3 7.2 7.1 7 0 1 2 3 4 5 Taux de fluor (% molaire) 6 7 Figure III.12. Evolution de la densité des céramiques PZT en fonction du taux de fluor. (ο) : PZT dopés avec 0.4% de Mg2+, (∆) : PZT dopés avec 0.75% de Mg2+ et (x) : PZT dopés avec 1% de Mg2+. III.2.3.2. Taille des grains des céramiques La taille moyenne des grains des céramiques PZT est estimée par la méthode des segments à l'aide d'un Microscope Optique (MO) et d'un Microscope Electronique à Balayage (MEB). 84 • Observations au Microscope Optique : L'appareil utilisé est un Olympus BH. Les observations sont réalisées au cœur des échantillons frittés après polissage à l'aide de pâtes de diamant. La surface polie subit ensuite une attaque chimique à l'acide fluosilicique de façon à révéler les joints de grains. Pour les trois séries de PZT dopés avec du magnésium (0.4, 0.75 et 1%), l'évolution de la taille moyenne des grains en fonction du taux de fluor est la même. Elle se situe entre 1 et 3 µm pour des taux de fluor compris entre 0 et le taux critique de chaque série à savoir 2, 3 et 4% et elle augmente progressivement avec le taux de fluor jusqu'à 8 - 10 µm pour un PZT fluoré à 4% (pour 0.4% de Mg2+) et 7% (pour 1% de Mg2+). De plus, une observation au bord de la céramique PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 7% (zone rouge-orange) révèle des grains dont la taille est comprise entre 12 et 15 µm. PbO liquide a favorisé la croissance granulaire dans les régions adjacentes à la surface. Les clichés des différentes céramiques ne sont pas présentés en raison de leur définition médiocre. • Observations au Microscope Electronique à Balayage : L'appareil utilisé est celui qui a servi à l'étude de la morphologie des poudres de PZT (cf § II.3.2.3). Les observations sont faites au cœur d'échantillons polis puis attaqués thermiquement (10°C/min jusqu'à 1150°C) pour révéler les joints de grains et au cœur de céramiques fracturées. La figure III.13. montre les clichés de MEB de quatre céramiques PZT dopés avec 1% de Mg2+ non fluoré et fluorés à 4, 6 et 7%. On constate une évolution identique à celle observée au MO, à savoir une augmentation de la taille des grains avec le taux de fluor surtout à partir du taux critique. La céramique PZT stoechiométrique (4% de fluor) présente des grains légèrement plus gros que la céramique PZT non fluoré dont certains grains ont une taille inférieure au micron. En effet, les céramiques PZT dur lacunaire en oxygène sont typiquement constituées de petits grains. On peut enfin remarquer que la mauvaise définition des clichés des céramiques PZT fluorés à 6 et 7% n’est pas due à une mauvaise mise au point mais certainement à une gangue vitreuse qui ségrège en surface de l’échantillon. Cette phase vitreuse est l’oxyde de plomb liquide pendant le frittage. Chapitre III. Elaboration et caractérisation des céramiques massives 0005 20KV X 5,000 1µm 85 WD39 PZT dopé avec 1% de Mg2+ et non fluoré. 0045 20KV X 5,000 1µm 2+ PZT dopé avec 1% de Mg WD16 et fluoré à 4%. Figure III.13. Clichés de MEB de céramiques PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré. 86 0046 20KV X 5,000 1µm WD21 PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 6% 0093 20KV X 5,000 1µm 2+ PZT dopé avec 1% de Mg WD11 et fluoré à 7% Figure III.13. Clichés de MEB de céramiques PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré. Chapitre III. Elaboration et caractérisation des céramiques massives 87 III.3. Conclusion Comme nous le pressentions après l’analyse aux RX des poudres de PZT, il est possible de fluorer de façon continue une solution solide PZT. Il existe néanmoins un taux de fluor critique qui dépend du taux de magnésium et qui semble correspondre au PZT fluoré stoechiométrique. En deçà de ce taux, la fluoration entraîne une diminution de la rhomboédricité et une augmentation du volume de maille cubique du matériau. De plus, le PZT fluoré est lacunaire en oxygène. Au delà, l’insertion de fluor n’est pas complète pendant la réaction mais se poursuit vraisemblablement pendant le frittage. La substitution F – O provoque alors la formation de lacunes de plomb qui augmentent la rhomboédricité et diminuent le volume de maille cubique du PZT. Celui-ci subit également des changements de composition à cause du ZrO2 qui n’a pas réagi et des fluctuations de composition à cause de TiO2 qui se dissout dans PbO liquide à la surface des céramiques. La fluoration au taux critique associée à un dopage avec Mg2+ ne modifie pas à température ambiante le rapport de phase quadratique/ rhomboédrique du PZT non dopé en site B et non fluoré. Enfin, la taille moyenne des grains des céramiques PZT augmente avec le taux de fluor introduit contrairement à la densité qui diminue. Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 89 CHAPITRE IV. PROPRIETES DIELECTRIQUES ET ELECTROMECANIQUES DES PZT Ce chapitre présente l’influence des différents dopants sur la permittivité diélectrique relative et les pertes diélectriques à haut niveau (400V/mm) du PZT, ainsi que sur trois coefficients électromécaniques du mode longitudinal : - le coefficient de charge d33, - le coefficient de couplage électromécanique k33, - le facteur de qualité mécanique Qm. Un mécanisme de stabilisation de la configuration des murs de domaines dans les PZT fluorés est suggéré. La dureté des PZT fluorés est confirmée par l’étude de l’influence du rapport Zr/Ti sur les propriétés diélectriques et piézoélectriques, le tracé de cycles d’hystérésis et l’évolution du point de Curie en fonction du taux de fluor. Des mesures de conductivité des différentes compositions étudiées sont également présentées. 90 Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 91 IV.1. Introduction Après avoir donné les caractéristiques physico-chimiques des céramiques PZT fluoré, nous allons étudier l’influence de la fluoration sur les propriétés diélectriques et électromécaniques du matériau ferroélectrique PZT. La connaissance de ces propriétés macroscopiques est bien sur primordiale du point de vue applicatif et de plus elle peut donner des informations sur le caractère accepteur ou donneur du dopant fluor. Théoriquement, le fluor est un donneur car il se substitue à l’oxygène de valence supérieure [11] mais les études antérieures menées au laboratoire [40] semblent montrer le contraire. IV.2. Polarisation des céramiques Avant polarisation, les céramiques sont rectifiées aux dimensions données au III.2.3.1 (sous forme de disques et de barreaux). On procède ensuite à la métallisation des céramiques (ou électrodage) en déposant par sérigraphie une couche de pâte d’argent (AG ES 7315 Cerdec). La pâte d’argent est alors séchée à 60°C pendant 30 min puis les espèces carbonées sont brûlées à 700°C pendant 15 min dans un four dit à passage. L’étape de polarisation s’effectue dans un bain d’huile silicone porté à 150°C. Le champ électrique externe est de 3kV/mm et il est appliqué pendant 1 min. Les conditions de polarisation sont les mêmes pour toutes les compositions PZT considérées. IV.3. Grandeurs mesurées et moyens d’investigation utilisés • Caractéristiques diélectriques : On détermine la permittivité diélectrique εr et les pertes diélectriques tgδ de chaque céramique PZT (disque et barreau). Les mesures sont faites sous faible niveau d’excitation (1 V) et à 1 kHz à l’aide d’un impédancemètre (HP4284A). La valeur de εr est calculée à partir de la capacité C selon : eC εr = (IV.1) Sε 0 avec e : distance inter-électrode, S : surface de l’électrode et ε0 : permittivité du vide. On mesure également les pertes diélectriques sous haut niveau (400V/mm, 1kHz) sur les disques. L’appareil utilisé est un Pont de Schering. 92 • Caractéristiques électromécaniques : On considère trois coefficients du mode longitudinal. - Le coefficient de charge d33 de chaque céramique qui est mesuré à l’aide d’un Berlincourmètre (Channel Products Inc.). Le principe de mesure consiste à appliquer une force F de 1 N à 100Hz sur l’échantillon et à recueillir la variation de la charge Q résultante. Le coefficient d33 est égal à : d33 = - Q en pC/N F (IV.2) Le coefficient de couplage électromécanique k33 et le coefficient de surtension Qm qui sont déterminés grâce à un analyseur de réseau (HP4194A) piloté par un ordinateur. Les mesures sont réalisées uniquement sur des barreaux sous 1 V. Le k33 est calculé avec la relation suivante [69] : 2 = k 33 fM π fM cotg 2 fm 2 fm (IV.3) où fm est la fréquence de résonance et fM la fréquence d’antirésonance (Fig. IV.1). 10 10 10 Y (S) 10 10 10 -2 -3 -4 -5 -6 -7 fm 10 fM -8 1 1.1 1.2 1.3 f (Hz) 1.4 1.5 5 x 10 Figure IV.1. Evolution du module de l’admittance d’un barreau PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4% au voisinage de la fréquence de résonance et d’antirésonance du mode longitudinal. Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 93 Le Qm est calculé selon : Qm= f1f2 f2 − f1 (IV.4) où f1 et f2 sont les fréquences quadrantales correspondant respectivement à une phase de +45° et –45° (Fig. IV.2). 80 Phase (degrés) 45 0 -45 f1 -80 1.118 1.1185 f2 1.119 f (Hz) 1.1195 1.12 5 x 10 Figure IV.2. Evolution de la phase d’un barreau PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4% au voisinage de la fréquence de résonance. Les caractéristiques diélectriques et électromécaniques sont mesurées à température ambiante et 24 heures après polarisation, délai indiqué par les normes I.E.E.E. [6]. Pour chaque composition, on calcule la moyenne des grandeurs mesurées de chaque céramique. On préfèrera donner les pertes diélectriques à haut niveau (400V/mm, 1kHz) plutôt qu’à bas niveau (0.5V/mm, 1kHz) car l’augmentation de tgδ avec l’amplitude du champ électrique permet une comparaison plus marquée entre les différents PZT. 94 IV.4. Influence des différents dopants diélectriques et électromécaniques des PZT sur les caractéristiques Dans cette étude, le rapport Zr4+/ Ti4+ est fixé égal à 52/48 lors de la synthèse des poudres de PZT. IV.4.1. Influence des dopants du site A Le tableau IV.1. permet de comparer les caractéristiques du PZT pur avec celles du PZT dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+). PZT pur εr tgδ (%) (400V/mm) d33 (pC/N) k33 Qm 1100 3.2 230 0.58 640 PZT dopé avec 11% de 1400 3.8 280 0.64 410 2+ 2+ (Ba , Sr ) Tableau IV.1. Caractéristiques des PZT pur et dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+). Comme nous l’avons mentionné au Chapitre I (cf § I.7.3), l’insertion de dopants isovalents dans le réseau cristallin stabilise la structure perovskite en augmentant le caractère ionique de la maille. On constate également une augmentation de la permittivité du matériau. De plus, un tel dopage accroît généralement la polarisabilité [58], ce qui se traduit par une élévation du d33 et k33. Ce sont essentiellement pour ces raisons que toutes les compositions étudiées sont dopées avec le couple (Ba2+, Sr2+), malgré un Qm moins grand et un tgδ plus élevé. Le rapport Ba2+/Sr2+ est imposé par la relation suivante qui fait intervenir les rayons ioniques des cations du site A [70] : 3 3 3 x.rBa2 + + y.rSr2 + = (x + y) rPb2 + (IV.5) Dans le cas de notre étude, x et y sont choisis tels que x+y = 0.11. Le rayon ionique moyen du site A est alors proche de celui de Pb2+ car rSr2+ < rPb2+<rBa2+. IV.4.2. Influence du dopant du site B La figure IV.3 donne l’évolution des grandeurs diélectriques et électromécaniques en fonction du taux de Mg2+. Malgré le faible nombre de points de mesures, on peut considérer que chaque caractéristique passe par un extremum pour une concentration de magnésium comprise entre 0.75 et 1% molaire. Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 95 En deçà de cette valeur, Mg2+ joue son rôle de dopant accepteur puisqu’il durcit le PZT (chute de εr, tgδ, d33, k33 et augmentation de Qm). Au delà, la tendance s’inverse et tout se passe comme si le magnésium adoucissait le PZT le plus dur c’est-à-dire dopé avec le taux de Mg2+ correspondant aux extrema des cinq caractéristiques. Ce taux critique correspond en fait à la solubilité limite de Mg2+ dans le PZT qui est donc de l’ordre de 0.75-1%. Cette valeur est confirmée par l’étude de Wu [71] sur la résistivité des PZT dopés avec Mg2+ qui fixe la solubilité limite à 1%. tg δ (%)(400V/mm) 1400 εr 1350 1300 1250 1200 0 280 0.5 1 2+ % Mg (molaire) 1.5 4 3 2 1 0 0.5 1 2+ % Mg (molaire) 1.5 0 0.5 1 2+ % Mg (molaire) 1.5 0.64 k33 d33 (pC/N) 0.65 270 260 250 240 0.63 0.62 0 0.5 1 2+ % Mg (molaire) 1.5 0.61 800 Qm 700 600 500 400 0 0.5 1 % Mg2+ (molaire) 1.5 Figure IV.3. Evolution de εr, tgδ, d33, k33 et Qm en fonction du taux de Mg2+. 96 L’effet adoucissant de Mg2+ au delà de la solubilité limite peut être dû à la formation d’une phase secondaire constituée de plomb et de magnésium ce qui rendrait le PZT lacunaire en plomb. L’intérêt du magnésium par rapport à d’autres dopants accepteurs comme le manganèse ou le fer est sans conteste sa valence fixe. En effet, dans une solution solide PZT ces dopants peuvent coexister sous la forme Mn2+, Mn3+ et Mn4+ [72, 73], et Fe2+, Fe3+ [74]. Ces différents états de valence rendent difficile le contrôle des caractéristiques du matériau et la compréhension de l’effet du dopant sur les propriétés diélectriques et électromécaniques. IV.4.3. Influence du dopant du site anionique La Figure IV.4 donne la variation de εr et tgδ (400V/mm) des PZT dopés avec 0.4, 0.75 et 1% de Mg2+ en fonction du taux de fluor. Les trois séries de PZT fluorés présentent la même évolution pour les deux grandeurs considérées : εr et tgδ passent par un minimum au taux de fluor critique défini au chapitre précédent (2, 3 et 4% respectivement pour 0.4, 0.75 et 1% de Mg2+). On peut être surpris par ce résultat. En effet, nous avons vu au Chapitre I (cf § I.8.1 et I.8.2) que les lacunes d’oxygène stabilisent la configuration des murs de domaines ferroélectriques dans les PZT durs, c’est-à-dire diminuent la contribution extrinsèque dans le matériau et en l’occurrence la réponse diélectrique du PZT. Or, la substitution F – O continue diminue dans un premier temps le taux de lacunes d’oxygène dans le PZT qui devient théoriquement nul au taux de fluor critique. On devrait donc s’attendre à une augmentation de εr et tgδ avec la concentration de fluor car la mobilité des parois de domaines devrait être accrue. En fait, c’est le contraire qui se produit. Le fluor dans le réseau semble encore plus stabiliser la configuration des murs de domaines et ce quel que soit le taux considéré. Toutefois, l’augmentation de εr et tgδ observée au delà du taux critique peut être vue comme un adoucissement du PZT fluoré stoechiométrique dû à des les lacunes de plomb. Dans ce cas, le fluor semble donc se comporter comme un dopant donneur classique au vu des caractéristiques diélectriques. Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 97 1400 (a) 1300 1200 2+ 0.4% Mg εr 1100 1000 0.75% Mg 2+ 2+ 900 1% Mg 800 700 0 1 2 3 4 5 Taux de fluor (% molaire) 6 7 3.5 (b) tg δ (%) (400V/mm) 3 0.4% Mg 2.5 2+ 2 2+ 1% Mg 1.5 1 0.75% Mg2+ 0.5 0 0 1 2 3 4 5 Taux de fluor (% molaire) 6 7 Figure IV.4. Evolution de εr (a) et tgδ (b) de PZT dopés avec Mg2+ en fonction du taux de fluor. (∗) : 0.4% de Mg2+, (∆) : 0.75% de Mg2+ et ( ) : 1% de Mg2+. 98 L’évolution de d33 et de k33 pour les trois séries de PZT dopés avec Mg2+ est présentée Figure IV.5. On observe une chute brutale de d 33 jusqu’au taux critique. Ensuite d33 augmente pour la série de PZT dopés avec 0.4% de Mg2+ et reste à peu près constant pour les deux autres séries. La variation de d33 confirme l’effet stabilisant du fluor qui diminue également la réponse piézoélectrique du PZT uniquement lacunaire en oxygène (sauf dans le cas du PZT dopé avec 0.4% de Mg2+ et fluoré à 4%). La variation de k33 avec le taux de fluor est surprenante, compte tenu de celle de d33. On pourrait en effet s’attendre à une chute brutale de k33 dès les faibles concentrations de fluor mais pour les trois séries de PZT, le coefficient de couplage reste approximativement constant jusqu’au taux critique et ensuite diminue progressivement. Les PZT fluorés lacunaires en oxygène et stoechiométrique conservent donc un k33 élevé, parfois supérieur au PZT dopé uniquement avec Mg2+. La diminution du coefficient k33 des PZT fluorés lacunaires en plomb est difficile à interpréter. La présence de lacunes cationiques et surtout l’absence de lacunes anioniques devraient entraîner l’effet contraire. Elle peut être due au caractère rhomboédrique prononcé de ces compositions très fluorées (cf § III.2.2.1). En effet, dans le cas du PZT pur, les coefficients de couplage électromécaniques diminuent quand le taux de phase rhomboédrique augmente [11, 13]. 280 (a) 260 0.4% Mg d33 (pC/N) 240 2+ 220 0.75% Mg 200 2+ 180 2+ 1% Mg 160 140 0 1 2 3 4 5 Taux de fluor (% molaire) Figure IV.5. 6 7 Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 99 0.66 0.4% Mg 0.64 2+ 0.75% Mg 2+ 0.62 0.6 k33 0.58 0.56 (b) 2+ 1% Mg 0.54 0.52 0.5 0.48 0 1 2 3 4 5 Taux de fluor (% molaire) 6 7 Figure IV.5. Evolution des coefficients d33 (a) et k33 (b) de PZT dopés avec Mg2+ en fonction du taux de fluor. (∗) : 0.4% de Mg2+, (∆) : 0.75% de Mg2+ et ( ) : 1% de Mg2+. Par contre, l’évolution de Qm en fonction du taux de fluor (Fig. IV.6) confirme la tendance déjà constatée avec l’évolution de εr, tgδ et d33, à savoir la fluoration progressive durcit dans un premier temps le PZT dopé avec Mg2+ et non fluoré et dans un deuxième temps adoucit le PZT fluoré stoechiométrique. Le facteur de qualité mécanique passe effectivement par un maximum au taux critique pour les trois séries de PZT. On peut remarquer que les PZT fluorés stoechiométriques présentent des Qm très grands environ quatre fois supérieurs à celui du PZT non fluoré. 100 3000 2500 0.75% Mg 2+ Qm 2000 1% Mg 2+ 1500 1000 0.4% Mg 500 0 0 1 2+ 2 3 4 5 Taux de fluor (% molaire) 6 7 Figure IV.6. Evolution du coefficient Qm de PZT dopés avec Mg2+ en fonction du taux de fluor. (∗) : 0.4% de Mg2+, (∆) : 0.75% de Mg2+ et ( ) : 1% de Mg2+. En résumé, le taux de fluor critique mis en évidence au chapitre III en ce qui concerne la symétrie cristalline des PZT l’est également pour les propriétés diélectriques et électromécaniques de ces mêmes matériaux. En deçà de ce taux, on observe un durcissement – inattendu – du PZT dur non fluoré lacunaire en oxygène et au delà un adoucissement du PZT fluoré stoechiométrique qui est donc le PZT le plus dur des PZT fluorés. Le coefficient k33 présente une évolution particulière dans le sens où il reste stable jusqu’au taux critique et ensuite diminue. IV.4.4. Mécanisme de stabilisation de la configuration des murs de domaines dans le PZT fluoré stoechiométrique Dans le PZT dopé avec Mg2+ et non fluoré, on peut considérer qu’il existe des défauts dipolaires Mg2+ - V ..o qui stabilisent la configuration des murs de domaines par effet de volume . Dans le PZT fluoré stoechiométrique, il peut alors exister des défauts dipolaires Mg2+ - F- qui stabilisent encore plus les murs de domaines. Si c’est le cas, la stabilité devrait croître avec le nombre de ces défauts et donc le taux de ûG 33 û0 r Mg2+. C’est ce que semble confirmer l’évolution de et en fonction du (0 r )0 F (d 33 )0 F taux de Mg2+, c’est-à-dire l’évolution de l’écart relatif entre εr et d33 du PZT non fluoré ((εr)0F et (d33)0F) et ceux du PZT fluoré stoechiométrique (Fig. IV.7). Ces deux Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 101 grandeurs augmentent avec le taux de Mg2+, ce qui signifie que la fluoration a d’autant plus d’effet stabilisant que le taux de Mg2+ est grand. 0.4 û0 r 0.35 (0 r )0 F 0.3 0 0.4 0.75 2+ Taux de Mg (% molaire) 1 0 0.4 0.75 2+ Taux de Mg (% molaire) 1 0.3 ûG 33 0.2 (d 33 )0 F 0.1 Figure IV.7. Evolution de ûG 33 û0 r et en fonction du taux de Mg2+. (0 r )0 F (d 33 )0 F Les dipôles Mg2+ - F- stabilisent plus que les dipôles Mg2+ - V ..o car ils sont certainement beaucoup moins mobiles. En effet, sous l’action de sollicitations externes comme la température ou le champ électrique, les dipôles Mg2+ - V ..o peuvent changer d’orientation car les lacunes d’oxygène sont les seuls défauts du réseau ayant une mobilité significative dans la structure perovskite [75]. Par conséquent, la configuration des murs de domaines n’est plus stabilisée, ceux-ci ne sont plus piégés et ils peuvent vibrer et même se déplacer de façon irréversible. Ces deux types de mouvements contribuent à la réponse diélectrique et piézoélectrique du matériau non fluoré et augmentent sa polarisabilité, contrairement au PZT fluoré dont les murs de domaines sont bloqués par les dipôles Mg2+ - F- très peu mobiles. IV.5. Influence du rapport Zr/Ti sur les propriétés diélectriques et piézoélectriques des PZT La Figure IV.8 donne la variation de εr et d33 en fonction du taux de Zr4+ de trois compositions : un PZT non dopé avec Mg2+ et non fluoré, un PZT dopé avec 1% de Mg2+ et non fluoré et un PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4%. 102 Les deux PZT non fluorés présentent une évolution classique, à savoir εr et d33 passent par un maximum pour les compositions majoritairement quadratiques de la Frontière de Phase Morphotropique (FPM). Rappelons que la FPM du PZT non dopé en site B et non fluoré correspond à un taux de Zr4+ compris entre 51 et 57% à température ambiante. De plus, la fluoration à 4% d’un PZT dopé avec 1% de Mg2+ ne modifie pas la largeur de la FPM. Toutefois, le PZT fluoré stoechiométrique se comporte différemment puisque εp εr et d33 varient très peu en fonction du taux de Zr4+. L’évolution du rapport (p : εnp polarisé et np : non polarisé) du PZT fluoré diffère également de celui des PZT non fluorés car il est inférieur à 1 quel que soit le taux de Zr4+ (Fig. IV.9). Classiquement, εp est supérieur à 1 pour les compositions purement quadratiques et εnp majoritairement quadratiques appartenant à la FPM et inférieur à 1 pour les autres compositions. En effet, après polarisation, la contribution des murs de domaines augmente dans la phase quadratique alors qu’elle diminue dans la phase rhomboédrique [76]. Quelle que soit la symétrie du PZT fluoré, εp reste inférieur à εnp, preuve que les murs de domaine sont fortement bloqués dans la céramique PZT fluoré non polarisée et qu’ils le restent après polarisation. Le tableau IV.2 donne les propriétés diélectriques et électromécaniques de PZT dopés avec 1% de Mg2+ et fluorés à 4% avec différents rapports Zr/Ti. 1500 εr 1000 500 0 50 52 54 56 4+ % Zr (molaire) 60 52 54 56 % Zr4+ (molaire) 60 d33 (pC/N) 300 250 200 150 100 50 Figure IV.8. Evolution de εr et de d33 en fonction du taux de Zr4+. (∗) : PZT non dopé avec Mg2+ et non fluoré, (∆) : PZT dopé avec 1% de Mg2+ et non fluoré, ( ) : PZT dopé avec1% de Mg2+ et fluoré à 4%. Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 103 1.3 1.2 1.1 εp/εnp 1 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 50 52 54 56 4+ % Zr (molaire) 58 60 Figure IV.9. Evolution de εp/εnp en fonction du taux de Zr4+. (∗) : PZT non dopé avec Mg2+ et non fluoré, (∆) : PZT dopé avec 1% de Mg2+ et non fluoré, ( ) : PZT dopé avec1% de Mg2+ et fluoré à 4%. Zr/Ti 51 52 53 54 55 56 58 εr polarisé 730 770 650 660 590 510 620 d33 (pC/N) 155 160 169 165 160 155 160 k33 0.56 0.62 0.59 0.56 0.60 0.60 0.55 Qm 2000 2580 2100 910 1260 1200 1400 tg δ (%)(400V/mm) 0.29 0.26 0.20 0.31 0.20 0.30 0.58 Tableau IV.2. Propriétés diélectriques et électromécaniques de PZT dopés avec 1% de Mg2+ et fluorés à 4% en fonction du rapport Zr/Ti. 104 IV.6. Cycle d’hystérésis des PZT Le tracé du cycle d’hystérésis d’un matériau ferroélectrique permet de déterminer ses polarisations spontanée et rémanente (PS et PR), ainsi que son champ coercitif Ec à une température donnée. Les mesures sont réalisées à l’aide d’un montage de type Sowyer – Tower (Fig IV.10) sur des disques de diamètre φ = 6.35 mm et d’épaisseur e = 2 mm plongés dans un bain d’huile silicone thermostaté. V C V’ V’ V0 C0 Figure IV.10. Schéma du montage Sowyer – Tower La céramique de capacité C est mise en série avec une capacité C 0 telle que C0 >> C (C0 = 10µF). Le cycle d’hystérésis qui donne l’évolution de la polarisation P en fonction du champ électrique E correspond en fait à la variation de la tension V0 Q CV C0V0 en fonction de V’. En effet, nous avons : P = = = avec Q charge S S S électrique sur les armatures de la céramique et S la surface des armatures. De plus, V’ = V0 + V et comme C0 >> C alors V0 << V d’où V’ ≈ V. Finalement, V0 = f(V’) équivaut à P = f(E) avec E = V’ / e où e est l’épaisseur de la céramique. Les figures IV.11 et IV.12 montrent les trois premiers cycles d’hystérésis à 80°C de céramiques non polarisées de trois compositions : un PZT non dopé en site B et non fluoré, un PZT dopé avec 0.75% de Mg2+ et non fluoré et un PZT dopé avec 0.75% de Mg2+ et fluoré à 3%. Le rapport Zr/Ti est fixé égal à 52/48 lors de la synthèse des poudres. Les PZT non fluorés présentent un cycle d’hystérésis non saturé typique d’un PZT dur lacunaire en oxygène, non polarisé et vieilli (cf Chap. I). Cette allure de cycle est caractéristique de la présence d’un champ interne [20, 77]. Le comportement du PZT fluoré est totalement différent . En effet, dans les mêmes conditions de mesure, la polarisation reste positive pendant tout le cycle ; en d’autres termes, il n’est pas possible d’inverser l’orientation des dipôles. Ce résultat est encore une preuve du “piégeage” important des murs de domaines dans les PZT fluorés. Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 105 0.25 0.2 0.15 (a) P (10-4 C/cm2) 0.1 0.05 0 -0.05 -0.1 -0.15 -0.2 -0.25 -3 -2 -1 0 E (V/m) 1 0 E (V/m) 1 2 3 6 x 10 0.2 0.15 (b) P (10-4 C/cm2) 0.1 0.05 0 -0.05 -0.1 -0.15 -3 -2 -1 2 3 6 x 10 Figure IV.11. Cycle d’hystérésis non saturé de PZT : (a) non dopé en site B et non fluoré et (b) dopé avec 0.75% de Mg2+ . Fréquence de E : 50mHz et T=80°C. 106 0.3 0.25 (b) P (10-4 C/cm2) 0.2 0.15 0.1 0.05 0 -0.05 -0.1 -3 -2 -1 0 E (V/m) 1 2 3 6 x 10 Figure IV.12. Cycle d’hystérésis non saturé de PZT dopé avec 0.75% de Mg2+ et fluoré à 3%. Fréquence de E : 50mHz et T=80°C. On peut néanmoins tracer un cycle saturé symétrique des trois PZT en portant préalablement les échantillons à 400°C pendant 30 min pour accélérer le phénomène dit de relaxation d’hystérésis des PZT durs [20]. En effet, cette relaxation est obtenue en “cyclant” de façon répétée le PZT, le nombre de cycles nécessaire pouvant être supérieur à 500. Un préchauffage de la céramique annule donc le vieillissement et évite une relaxation sous champ alternatif. Notons toutefois que le début de la relaxation des PZT non fluorés est visible Figure IV.11. Le champ coercitif Ec est alors le champ électrique nécessaire au basculement de la polarisation des matériaux complètement relaxés. La Figure IV.13 présente les cycles d’hystérésis saturés à 110°C des différentes compositions. On observe une diminution de PS et PR et une augmentation de Ec après dopage avec 0.75% de Mg2+ et après fluoration à 3% du PZT dopé avec du magnésium, ce qui confirme le durcissement du matériau par substitution anionique. Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT (a) 107 P (µC/cm2) PS = 37 µC/cm2 PR = 31.5 µC/cm2 EC = 1.23 kV/mm T = 110°C 8 0.25 E (kV/mm) P (µC/cm2) (b) T = 110°C PS = 34 µC/cm2 PR = 29 µC/cm2 EC = 1.66 kV/mm 8 0.5 E (kV/mm) P (µC/cm2) (c) PS = 20 µC/cm2 PR = 17 µC/cm2 EC = 2.27 kV/mm T = 110°C 5 0.38 E (kV/mm) Figure IV.13. Cycle d’hystérésis saturé de PZT : (a) non dopé en site B et non fluoré , (b) dopé avec 0.75% de Mg2+ et (c) dopé avec 0.75% de Mg2+ et fluoré à 3%. 108 IV.7. Point de Curie des PZT Le point de Curie des différents matériaux (de rapport Zr/Ti = 52/48) est mesuré à l’aide de l’impédancemètre sous 1V et à 1kHz. Les céramiques sous forme de disque (φ = 16 mm et e = 2 mm) non polarisées sont chauffées dans un four dit à miroirs (Fig. IV.14). De par sa configuration, ce four assure une excellente homogénéité thermique de l’échantillon. La température est lue avec une précision de ±0.5°C. Commande Alimentation Lampes Impédancemètre °C thermocouple contact en cuivre lampe céramique miroir Plaques isolantes Figure IV.14. Schéma du four à miroir. Les courbes εr = f(T) des deux PZT non fluorés présentent une allure classique (Fig IV.15). La transition de phase ferroélectrique – paraélectrique du PZT sans Mg2+ et sans fluor est relativement brutale (largeur du pic à mi-hauteur ∆T ≈ 67°C) et celle du PZT dopé avec 1% de Mg2+ est diffuse (∆T ≈ 108°C). Le dopage du PZT avec Mg2+ accroît le désordre dans le sous-réseau cationique , ce qui entraîne l’état diffus de la transition à Tc. Le PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4% présente une transition de phase encore plus diffuse (∆T ≈ 175°C). La substitution F – O crée vraisemblablement un désordre dans les sites anioniques qui augmente le caractère diffus de la transition. Ce comportement est à rapprocher de celui de BaTiO 3 dopé avec Li+ et F- mis en évidence par Ravez [78] : pour des taux de fluor supérieurs à 12% molaire, le matériau devient même relaxeur. Ce n’est toutefois pas le cas du PZT fluoré dont la courbe εr = f(T) ne présente pas de dispersion en fréquence et dont Tc n’augmente pas avec la fréquence dans la gamme 1kHz –100kHz. Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 109 4 x 10 2 1.8 2+ 0% Mg , 0%F 1.6 εr - 1.4 1.2 1 0.8 0.6 1% Mg2+, 0%F- 0.4 0.2 0 0 1% Mg2+, 4%F- 100 200 300 400 500 T(°C) Figure IV.15. Evolution de εr en fonction de la température. L’évolution du point de Curie Tc des PZT fluorés en fonction du taux de fluor est surprenante (Fig. IV.16). Contre toute attente, on observe une augmentation brutale pour les trois séries de matériaux dès les faibles taux de fluor. La substitution F – O progressive devrait théoriquement entraîner la chute de Tc induite par la diminution de la distortion des octaèdres MX6 (M : Zr, Ti, Mg ; X :O, F) et donc de l’anisotropie en raison de la diminution de la covalence des liaisons M-X. La transition de phase des PZT fluorés est certainement à la fois de type ordre – désordre et de type displacif. La fluoration diminue le caractère displacif mais augmente le désordre, d’où une augmentation de Tc. Le point de Curie des trois séries de PZT passe par un maximum vers le taux critique, ce qui traduit encore l’extrême dureté du PZT stoechiométrique. Au delà du taux critique, la présence de lacunes de plomb entraîne une diminution de Tc. 110 325 320 Tc (°C) 2+ 1% Mg 315 310 0.4% Mg2+ 305 0.75% Mg2+ 300 295 290 2+ 0% Mg 0 1 2 3 4 5 Taux de fluor (% molaire) 6 7 Figure IV.16. Evolution du Tc de PZT dopés avec Mg2+ en fonction du taux de fluor. (x) : 0% de Mg2+, (∗) : 0.4% de Mg2+, (∆) : 0.75% de Mg2+ et ( ) : 1% de Mg2+. IV.8. Conductivité des PZT L’étude de la conductivité – ou résistivité – des différentes compositions étudiées (Zr/Ti = 52/48) peut donner des informations sur le rôle joué par le fluor dans le processus de conduction. Il est intéressant de savoir si le fluor va favoriser ou défavoriser le mouvement des espèces chargées dans le PZT, phénomène largement indésirable pour de nombreuses applications. Il est admis qu’il existe trois espèces mobiles qui participent à la conduction dans les oxydes perovskites ferroélectriques : les électrons , les trous et les lacunes d’oxygène de loin l’espèce ionique la plus mobile [75, 79]. La concentration de ces porteurs de charge dans le PZT dépend des dopants. Schématiquement et par analogie avec les cristaux semi-conducteurs, les dopants accepteurs augmentent la concentration de trous et donc favorisent la conductivité de type p. Les dopants donneurs augmentent la concentration d’électrons et donc favorisent la conductivité de type n. La conductivité des PZT est mesurée sous 1V par spectroscopie d’impédance sur des disques (φ = 16 mm et e = 2 mm) à l’aide de l’impédancemètre pour des fréquences comprises entre 20Hz et 1MHz. Les mesures sont réalisées entre 200 et 300°C grâce au four à miroir pour permettre l’activation du processus de conduction. L’évolution de la partie imaginaire en fonction de la partie réelle de l’impédance complexe Z de deux PZT dopés avec 1% de Mg2+ est donnée Figure Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 111 IV.17. Le tracé d’un tel diagramme – appelé diagramme d’Argand – permet de séparer la résistance du grain, du joint de grain et de l’interface électrode – céramique (E.C.). Typiquement, à chaque contribution est associé un demi-cercle qui se situe respectivement à haute fréquence, moyenne fréquence et basse fréquence et dont le diamètre est égal à la résistance correspondante. Le diagramme d’impédance est donc idéalement constitué d’une succession de trois demi-cercles. 4 7 x 10 T = 280°C 6 Im(Z) (Ohm) 5 Fréquence 4 2+ 1% Mg , 4%F 3 2 - 1% Mg2+, 0%F- 1 “Queues” B. F. R 0 0 0.5 1 Re(Z) (Ohm) 1.5 2 5 x 10 Figure IV.17. Evolution de la partie imaginaire en fonction de la partie réelle de l’impédance complexe Z de deux PZT dopés avec 1% de Mg2+. Dans notre cas, les diagrammes des différents PZT sont constitués d’un seul demi-cercle et d’une “queue” basse fréquence qui caractérise vraisemblablement la contribution résistive du joint de grain et de l’interface E. C. Cette contribution est d’autant plus visible que la température est élevée et donc la résistance R du grain petite (Fig. IV.18). 112 140 T = 500°C 120 Im (Z) (Ohm) 100 Fréquence 0.75% Mg2+, 0%F- 80 60 40 20 0 0 100 200 300 Re (Z) (Ohm) 400 500 Figure IV.18. Evolution de la partie imaginaire en fonction de la partie réelle de l’impédance complexe Z d’un PZT dopé avec 0.75% de Mg2+. Le diamètre R permet donc d’accéder à la conductivité σ ou résistivité ρ intragranulaire selon : ρ= 1 RS = σ e (IV.6) où S est la surface du disque. La conductivité des PZT vérifie la loi empirique [80] : − Ea kT σT = A exp (IV.7) avec A : terme pré-exponentiel, Ea :énergie d’activation, k : constante de Boltzmann. comme le montre le diagramme d’Arrhenius de PZT dopés avec 0.75% de Mg2+ (Fig. IV.19). Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 113 -2 0 ≤ %F ≤ 3 1.005 ≤ Ea ≤ 1.05 eV ln(σ.T) (Ω-1.m-1.K) -3 -4 6%F Ea =0.72 eV -5 -6 4%F Ea =0.83 eV -7 -8 1.7 1.8 1.9 2 1/T (K-1) 2.1 2.2 -3 x 10 Figure IV.19. Evolution du produit σT en fonction de l’inverse de la température pour des PZT dopés avec 0.75% de Mg2+ et fluorés. On observe un légère diminution de σ au fur et à mesure que le taux de fluor augmente jusqu’à 3%. Entre 0 et 3% de fluor, l’énergie d’activation est à peu près constante et proche de 1eV et dès 4% de fluor, Ea diminue (Fig.IV.20). Ces résultats sont à rapprocher de ceux de nombreux auteurs qui étudient la conductivité de BaTiO3, SrTiO3 ou PZT purs équilibrés à haute température sous pression partielle d’oxygène (p02) [75, 79, 81]. Dans une large gamme de pO2, la conduction ionique est prédominante et Ea est voisine de 1 eV, énergie d’activation caractéristique du phénomène de conduction par les lacunes d’oxygène dans les oxydes perovskites. Sous forte pO2 (environ 1 atm), il se produit la réaction d’oxydation suivante, Oo + 2 h. . Dans le cas des PZT fluorés, la génératrice de trous :Vo.. + 1 / 2O2 concentration en lacunes d’oxygène diminue progressivement pour devenir théoriquement nulle au taux de fluor critique (PZT stoechiométrique), ce qui explique la diminution de σ jusquà 3% de fluor pour 0.75% de Mg2+. Toutefois, la contribution ionique (σi) reste prédominante dans nos conditions de mesure, d’où une même Ea de l’ordre de 1 eV. A 4% de fluor, le mécanisme de conduction change car Ea = 0.83 eV. σi ne prédomine plus et la fluoration crée des lacunes de plomb qui sont des centres accepteurs et dont l’ionisation libère des trous avec une énergie d’environ 0.7 eV, très proche de l’Ea de la conductivité du PZT fluoré à 6%. 114 La substitution F – O ne modifie pas de façon drastique la conductivité des PZT. Néanmoins, le changement progressif du type de conductivité vers le taux critique semble confirmer le mécanisme de fluoration à savoir disparition des lacunes d’oxygène et apparition de lacunes de plomb. Enfin, on peut noter que le PZT fluoré stoechiométrique (3% de F-) tel que nous l’avons défini ne l’est peut-être pas puisqu’il présente une Ea de 1 eV. En fait, il est très difficile de donner le taux exact de fluor correspondant à la stoechiométrie en raison du taux de Ti3+ qui est inconnu. En tout cas, le PZT dopé avec 0.75% de Mg2+ et fluoré à 3% est certainement le moins lacunaire de sa série. Dans la suite de l’étude, nous considérerons encore les PZT fluorés au taux critique comme étant stoechiométriques. 1.15 1.1 1.05 Ea (eV) 1 0.95 0.9 0.85 0.8 0.75 0.7 0.65 0 1 2 3 4 Taux de fluor (% molaire) 5 6 Figure IV.20. Evolution de l’énergie d’activation de la conductivité de PZT dopés avec 0.75% de Mg2+ en fonction du taux de fluor. IV.9. Conclusion Les PZT dopés avec Mg2+ et fluorés présentent certaines caractéristiques de PZT très durs. En effet, par rapport au PZT dur classique lacunaire en oxygène , on observe une diminution : - de la permittivité diélectrique relative εr - du coefficient de charge d33 - des pertes diélectriques à haut niveau tg δ (400V / mm) Chapitre IV. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT 115 et une augmentation : - du facteur de qualité mécanique Qm - du champ coercitif Ec - du point de Curie Tc. Toutefois, deux caractéristiques ne confirment pas cette tendance après fluoration. Il s’agit du coefficient de couplage électromécanique k33 qui reste élevé et de la conductivité σ qui varie très peu. Le taux de fluor critique mis en évidence au chapitre précédent correspond au PZT fluoré le plus dur car il présente le minimum de εr, d33 et tg δ et le maximum de Qm, Ec et Tc de la série de PZT dopés avec le même taux de Mg2+ et fluorés. Les mesures de σ confirment qu’il est le plus proche de la stoechiométrie. Le PZT fluoré au taux critique est donc un matériau très intéressant pour des applications de puissance. La stabilisation de la configuration des murs de domaines dans les PZT fluorés est traitée en terme d’effet de volume. Les défauts dipolaires Mg2+ - F- très peu mobiles piègent de façon plus importante les murs de domaines que les défauts dipôlaires Mg2+ - V ..o beaucoup plus mobiles. Chapitre V. Stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale des céramiques PZT 117 CHAPITRE V. STABILITE EN TEMPERATURE ET SOUS CONTRAINTE MECANIQUE UNIAXIALE DES CERAMIQUES PZT Ce chapitre est consacré à l’étude de l’influence de la fluoration sur la stabilité de la fréquence de résonance du mode longitudinal et du coefficient d33 respectivement en fonction de la température et de la contrainte mécanique uniaxiale. Les causes des deux instabilités thermique et mécanique éventuelles sont discutées et un modèle concernant les mesures sous contrainte est appliqué. Enfin, l’influence du rapport Zr/Ti sur la stabilité en température et sous contrainte est présentée. 118 Chapitre V. Stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale des céramiques PZT 119 V.1. Introduction La présente étude est également consacrée à la recherche de matériaux PZT dont la fréquence de résonance du mode longitudinal et le coefficient de charge d33 varient linéairement et de façon non hystérétique respectivement en fonction de la température et de la contrainte mécanique uniaxiale (T3). Les travaux d’Audigier [40] montrent que les PZT dopés avec du fer et fluorés présentent un coefficient d33 stable sous T3 dans la gamme 0 – 120 MPa. Il est donc intéressant de connaître le comportement des PZT dopés avec Mg2+ et fluorés soumis aux deux types de sollicitations thermique et mécanique. V.2. Techniques expérimentales La gamme de température considérée est –40°C - +80°C et celle de la contrainte 0 – 120 MPa. V.2.1. Mesures en température La fréquence de résonance fr des PZT est mesurée sur des barreaux (φ = 6.35 mm et l = 15 mm). Les échantillons polarisés et vieillis au moins une semaine à température ambiante sont placés dans une étuve climatique et reliés à l’analyseur de réseau HP 4194A. Les deux appareils sont pilotés par un même ordinateur qui permet l’acquisition simultanée de fr et de la température. Celle-ci est lue avec une précision de ±0.3°C. La céramique subit successivement : un chauffage de +25°C à +80°C, un refroidissement de +80°C à –40°C, de nouveau un chauffage de –40°C à +80°C et enfin un refroidissement de +80°C à 25°C (Fig. V.1). La cinétique de chauffage / refroidissement est constante pendant le cycle de température et égale à 1°C/min. L’incertitude de mesure sur la fréquence de résonance est de l’ordre de 5%. Température (°C) +80 +25 Temps -40 Figure V.1. Schéma du cycle de température. 120 V.2.2. Mesures sous contrainte mécanique uniaxiale On étudie l’évolution du coefficient d 33 des PZT en fonction de T3 également sur des barreaux polarisés et vieillis. Le principe de la mesure consiste à soumettre la céramique à une force statique uniaxiale importante parallèle à la direction de polarisation comprise entre 0 et 5000 N et à lui superposer une force dynamique sinusoïdale basse fréquence de faible amplitude (quelques mN) [40]. La force statique est égale à FS = T3.S où S est la surface de l’électrode. Le d33 est calculé à partir de la charge débitée Q et de la force sinusoïdale appliquée F selon : Q d 33 = (à champ électrique constant). L’incertitude de mesure sur le coefficient F E de charge est de 5%. V.3. Influence de la fluoration sur la stabilité thermique et mécanique des PZT Les différents PZT étudiés sont dopés avec 1% de Mg2+ et leur rapport Zr/Ti est fixé égal à 52/48 lors de la synthèse des poudres. V.3.1. Stabilité en température La figure V.2 représente l’évolution de la constante de fréquence N33 (N33 = fr . l) de PZT dopés avec 1% de Mg2+ et différents taux de fluor en fonction de la température. Quel que soit le PZT, N33 augmente avec la température, ce qui confirme leur appartenance à la Frontière de Phase Morphotropique et qu’ils sont majoritairement quadratiques entre –40°C et +80°C (cf § I.9.1 et III.2.2.1). Le PZT fluoré à 4% est le plus stable car il présente une variation de N33 linéaire et non hystérétique. Pour comparaison, nous avons étudié la stabilité de N33 de deux PZT commerciaux : PZT 7A (Morgan Matroc) et P189 (Quartz et Silice) (Fig. V.3). Le coefficient N33 du PZT 7A diminue lorsque la température augmente car il est purement rhomboédrique entre –40°C et +80°C et sa stabilité en température est comparable à celle du PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4%. Ce n’est pas le cas du P189 qui présente un large hystérésis entre les premières montée et descente en température. Chapitre V. Stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale des céramiques PZT 121 1740 4% F 1720 2% F 0% F 1700 N33 (Hz.m) - - 1680 - 5% F- 1660 1640 7% F 1620 - 1600 1580 -40 -20 0 20 40 60 80 100 T(°C) Figure V.2. Evolution de N33 de PZT dopés avec 1% de Mg2+ et fluorés en fonction de la température. 1750 PZT dopé avec 1% de 2+ Mg et fluoré à 4% N33 (Hz.m) 1700 1650 1600 P189 PZT 7A 1550 1500 -40 -20 0 20 40 60 80 100 T(°C) Figure V.3. Evolution de N33 de deux PZT commerciaux en fonction de la température. Comparaison avec le PZT dopé avec 1% de Mg 2+ et fluoré à 4%. 122 V.3.2. Stabilité sous contrainte mécanique uniaxiale La stabilité relative du coefficient d33 des PZT dopés avec 1% de Mg2+ et fluorés en fonction de la contrainte uniaxiale est donnée Figure V.4. Quel que soit le taux de fluor, les PZT fluorés présentent une réponse piézoélectrique qui dépend peu de la contrainte, ainsi qu’un faible hystérésis par rapport au PZT non fluoré. Les deux PZT commerciaux sont quand à eux instables sous contrainte car leur d33 varie de façon non linéaire et hystérétique (Fig. V.5). -10 3.5 x 10 0% F - 3 2% F- d33 (C/N) 2.5 7% F 2 1.5 5% F 1 0 20 4% F - 40 60 80 T3 (MPa) - - 100 120 140 Figure V.4. Evolution du d33 de PZT dopés avec 1% de Mg2+ et fluorés en fonction de la contrainte. La courbe du PZT fluoré à 2% a été translatée vers le haut pour rendre la figure plus claire. Chapitre V. Stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale des céramiques PZT 123 -10 x 10 4 3.5 P189 3 d33 (pC/N) 2.5 PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4% 2 1.5 1 PZT 7A 0.5 0 0 20 40 60 80 T3 (MPa) 100 120 140 Figure V.5. Evolution du d33 de deux PZT commerciaux en fonction de la contrainte. Comparaison avec le PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4%. V.4. Discussion Les mesures en température et sous contrainte révèlent qu’un seul PZT est stable à la fois thermiquement et mécaniquement. Il s’agit du PZT fluoré à 4% (stoechiométrique). Pour appréhender le ou les phénomènes qui sont à l’origine de cette double stabilité, il est d’abord nécessaire de connaître l’origine de l’instabilité – hystérésis et/ou non linéarité – d’un matériau soumis aux deux types de sollicitations. V.4.1. Instabilité en température Wi [76] et Mueller [82] considèrent que la variation des propriétés élastiques d’un matériau ferroélectrique (et donc de N 33) avec la température est largement affectée par les mouvements de murs de domaines thermiquement activables (contribution extrinsèque). Il est communément admis qu’il existe deux types de mouvement : les déplacements réversibles comme les oscillations et les déplacements irréversibles qui modifient complètement la configuration globale des murs de domaines [33, 34, 82]. 124 Les mesures montrent que pour un taux de fluor inférieur à 4% l’hystérésis de N33 se produit principalement entre le premier chauffage (+25°C - +80°C) et le premier refroidissement (+80°C - -40°C) ; ensuite il disparaît. Pour des taux supérieurs, l’hystérésis est visible pratiquement sur tout le cycle. De plus, le comportement hystérétique réapparaît de façon identique si l‘échantillon subit le même cycle de température quelques jours après. Ces observations font penser que l’hystérésis est dû au déplacement réversible des murs de domaines. En deçà de 4% de fluor, les murs de domaines adoptent une nouvelle position d’équilibre à +80°C après le premier chauffage. Cette position reste la même dans la suite du cycle car 80°C est la température maximale atteinte et un refroidissement a pour seul effet de figer la position haute température des murs de domaines. L’hystérésis est en effet nul si on soumet le PZT à un cycle “inversé” dans lequel la température ne dépasse pas +25°C et ce malgré une même variation de température ∆T (Fig. V.6). 1720 “Départ” du cycle 1710 1700 N33 (Hz.m) ∆T ∆T 1690 1680 1670 1660 1650 1640 -40 -20 0 20 40 60 80 100 T(°C) Figure V.6. Evolution de N33 du PZT dopé avec 1% de Mg2+ soumis à deux cycles de température différents. La température initiale de chaque cycle (t = 0) est +25°C. De plus, la même évolution de N33 observée lors d’une mesure consécutive quelques jours après un premier cycle “classique” montre qu’il s’agit bien d’un mouvement réversible. Entre chaque cycle, les murs de domaines reviennent progressivement vers une position d’équilibre énergétiquement plus favorable, en l’occurrence celle acquise après vieillissement à +25°C avant la première mesure (Fig. V.7). Finalement, tout se passe comme si le déplacement des murs de Chapitre V. Stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale des céramiques PZT 125 domaines est irréversible pendant le cycle de température mais réversible pendant le stockage. 1610 ère 1600 1 position d’équilibre stable des murs de domaines N33 (Hz.m) 1590 1580 1570 1560 ème 2 position d’équilibre instable des murs de domaines 1550 1540 -40 -20 0 20 40 60 80 100 T(°C) Figure V.7. Evolution de N33 du PZT non dopé en site B et non fluoré et des positions des murs de domaines au cours du cycle de température. Au delà de 4% de fluor, il se produit comme un adoucissement du PZT fluoré stoechiométrique (cf Chapitre IV) et donc la mobilité des parois de domaines est accrue. Ceux-ci sont alors plus sensibles aux variations de température, ce qui entraîne un hystérésis visible sur une plus large gamme de température. C’est le cas du PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 7% qui présente un hystérésis lorsqu’il est soumis à un cycle “inversé”. La stabilité en température de N33 du PZT fluoré stoechiométrique est donc liée à celle de sa configuration des murs de domaines, plus grande que celle des PZT lacunaires en oxygène. Après étude des propriétés diélectriques et piézoélectriques, nous avons vu que la fluoration au taux critique a d’autant plus d’effet stabilisant que le taux de Mg2+ est grand. C’est ce que confirme l’évolution du coefficient N33 de PZT fluorés stoechiométriques (Fig.V.8). L’hystérésis diminue quand le taux de Mg2+ augmente, ce qui signifie que la stabilité en température croît avec le nombre de défauts dipolaires Mg2+ - F-. 126 1740 1720 2+ 0.75% Mg , 3% F 2+ N33 (Hz.m) 1700 1% Mg , 4% F - - 1680 1660 2+ 0.4% Mg , 2% F - 1640 1620 -40 -20 0 20 40 60 80 100 T(°C) Figure V.8. Evolution de N33 des PZT fluorés stoechiométriques en fonction de la température. V.4.2. Instabilité sous contrainte mécanique uniaxiale Le comportement hystérétique et non linéaire du d33 du PZT dopé avec 1% de Mg2+ et non fluoré et du PZT commercial P189 peut être dû à des forces de rappel induites par des champs locaux et/ou des interactions importantes entre les murs de domaines qui se déplacent sous l’effet de la contrainte. On peut remarquer que le coefficient d33 après cycle de contrainte est différent mais proche du d33 initial parfois associé à une “boucle”. Le comportement sous contrainte du PZT 7A est différent dans le sens où on observe une dépolarisation partielle importante du matériau après cycle (d33final ≈ 1/3 d33 initial). Si la réponse piézoélectrique est linéaire (c’est le cas des PZT fluorés à 2, 4 et 5%) alors l’hystérésis éventuel peut être aussi traité en terme de déplacement de murs de domaines. Par analogie, on peut appliquer le modèle de Néel [83] qui considère le mouvement des murs de domaines ferromagnétiques induits par un champ magnétique dans un milieu contenant des défauts qui piègent les murs. L’énergie potentielle des murs de domaines devient une fonction irrégulière de leur position (Fig.V.9). Chapitre V. Stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale des céramiques PZT 127 Energie potentielle Déplacement réversible Déplacement irréversible Position du mur de domaines Figure V.9. Evolution de l’énergie potentielle du mur de domaines en fonction de sa position dans un milieu contenant des défauts piégeurs. D’après [34]. Le déplacement de murs de domaines est donc la combinaison d’un mouvement réversible autour d’une position d’équilibre (minimum d’un puits de potentiel) et d’un mouvement irréversible lorsque la contrainte est suffisamment grande pour permettre le franchissement de la barrière de potentiel séparant deux minima locaux d’énergie. L’hystérésis correspond donc au “piégeage” et au “dépiégeage” successifs des murs lorsqu’ils passent d’un puits de potentiel à un autre. Les murs de domaines des PZT fluorés sont certainement piégés dans des puits de potentiel plus profonds que ceux des PZT durs lacunaires en oxygène. Ils contribuent donc peu de façon irréversible à la réponse piézoélectrique. C’est ce que l’on vérifie en appliquant la loi de Rayleigh à l’effet piézoélectrique direct en écrivant : d33 = d33(T3=0) + kT3 (V.1) où k est le paramètre de Rayleigh qui mesure le déplacement irréversible des murs de domaine lorsque la contrainte augmente. On peut alors estimer la fraction de d33 due au déplacement irréversible des murs de domaines (α) en calculant α = kT3max / (d33(T3=0) + kT3max) où T3max = 120MPa. (V.2) 128 Le tableau V.1 donne les valeurs des paramètres k et α pour les PZT fluorés à 2, 4 et 5%. Taux de fluor (% molaire) 2 4 5 k (pC.N-1.MPa-1) 0.358 0.225 0.284 α (%) 22 14 20 Tableau V.1. Valeur des paramètres k et α pour les PZT fluorés à 2, 4 et 5%. Le PZT fluoré à 4% présente donc la plus faible dépendance en contrainte et la plus faible contribution irréversible des murs de domaines de la série des PZT dopés avec 1% de Mg2+ et fluorés. La grande stabilité de la configuration des murs de domaines du PZT fluoré stoechiométrique entraîne une réponse piézoélectrique linéaire sous contrainte mécanique uniaxiale. Toutefois, comme pour la stabilité en température de N33, il faut un nombre suffisant de défauts Mg2+ - F- pour obtenir un d33 stable sous contrainte (Fig.V.10). -10 3.5 x 10 3 2+ d33 (C/N) 0.4% Mg , 2% F - 2.5 2+ 0.75% Mg , 3% F - 2 2+ 1% Mg , 4% F - 1.5 1 0 20 40 60 80 T3 (MPa) 100 120 140 Figure V.10. Evolution du coefficient d33 des PZT fluorés stoechiométriques en fonction de la contrainte. Chapitre V. Stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale des céramiques PZT 129 V.5. Influence du rapport Zr/Ti sur la stabilité thermique et mécanique des PZT V.5.1. Stabilité en température Les figures V.11, V.12 et V.13 représentent la variation du coefficient N 33 avec la température de PZT non dopés en site B et non fluorés et de PZT dopés avec 1% de Mg2+ et fluorés à 4%. La fluoration au taux critique améliore la linéarité et annule l’hystérésis de la fréquence de résonance des PZT de rapport Zr/Ti égal à 51/49, 52/48 et 53/47. 1700 (a) 1680 Zr/Ti = 51/49 N33 (Hz.m) 1660 Zr/Ti = 53/47 1640 1620 1600 Zr/Ti = 52/48 1580 1560 1540 -40 -20 0 20 40 T (°C) 60 80 100 Figure V.11. Evolution de N33 de PZT non dopés en site B et non fluorés en fonction de la température. 130 1730 (b) 1720 Zr/Ti = 52/48 1710 N33 (Hz.m) 1700 1690 1680 Zr/Ti = 53/47 1670 Zr/Ti = 51/49 1660 1650 1640 1630 -40 -20 0 20 40 T (°C) 60 80 100 Figure V.12. Evolution de N33 de PZT dopés avec 1% de Mg2+ et fluorés à 4% en fonction de la température. 1640 Zr/Ti = 56/44 1630 1 58 4 1620 PZT dopé avec 1% de 2+ Mg et fluoré à 4% 1 58 2 N33 (Hz.m) 1 58 0 1610 1 57 8 1 57 6 1600 1 57 4 1 57 2 1590 1580 1570 -40 PZT sans Mg -20 2+ 1 57 0 -4 0 ni fluor 0 20 40 60 -2 0 80 0 20 40 60 80 1 00 100 T(°C) Figure V.13. Variation du coefficient N33 avec la température de PZT non dopés en site B et non fluorés et de PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4%. Chapitre V. Stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale des céramiques PZT 131 Le coefficient N33 du PZT sans Mg2+ ni fluor avec un rapport Zr/Ti égal à 56/44 présente une évolution particulière dans la mesure où il passe par un maximum vers 60°C. Ce comportement est caractéristique d’une transition de phase structurale ferroélectrique / ferroélectrique, plus précisément celle qui se produit à la Frontière de Phase Morphotropique (FPM). En effet, la largeur de la FPM à 25°C des compositions du type Pb0.89(Ba, Sr)0.11(ZrxTi1-x)O3 est comprise entre 51 et 57 % molaire de Zr4+ (cf § III.2.2.3). On peut néanmoins noter des différences par rapport à l’évolution du N33 du PZT pur. Dans le cas des compositions du type Pb(ZrxTi1-x)O3, nous avons vu au chapitre I que la traversée en température de la FPM dans le diagramme (x,T) est caractérisée par un minimum de la fréquence de résonance, ce qui traduit une transition de phase rhomboédrique / quadratique (R/Q) à cause de l’inclinaison de la FPM vers les compositions riches en zirconium. De plus, Mishra [13] montre que le minimum de fr en fonction de la température se produit non pas dans la FPM mais au passage entre la FPM et la phase quadratique. Pour ce qui est du PZT dopé avec 11% de (Ba2+, Sr2+), on observe au contraire une transition de phase Q/R en température et un maximum de fr qui survient entre la FPM et la phase rhomboédrique. Le dopage isovalent en site A du PZT pur a donc modifié la FPM qui s’incline vers les compositions riches en titane quand la température augmente, ainsi que sa largeur déterminée à 25°C par analyse radiocristallographique (Fig.V.14). Le même phénomène est également observé par Medeiros [84] après dopage du PZT pur avec Nb5+ et La3+. On peut noter que le dopage avec Mg2+ du PZT déjà dopé avec le couple (Ba2+, Sr2+) a pour seul effet de translater la FPM vers les taux élevés de titane sans en faire varier l’inclinaison. Le coefficient N33 du PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4% augmente quasi linéairement avec la température entre –40°C et +80°C et ce malgré un rapport de phase Q/R à 25°C très proche de celui du PZT sans Mg2+ ni fluor (cf § III.2.2). Il ne se produit donc pas de transition de phase pour le PZT fluoré dans la gamme de température considérée, ni au delà de +80°C car N33 augmente jusqu’au point de Curie (T = 301°C). La fluoration a donc changé la pente de la FPM qui est devenue infinie mais pas sa largeur (Fig. V.14). En d’autres termes, le fluor, à la manière du chrome [15, 85], stabilise le mélange de phase Q/R en température. On observe le même effet stabilisant à la transition de phase rhomboédrique (basse température) / rhomboédrique (haute température) (Fig.V.15). Comme nous l’avons indiqué au Chapitre I, la fréquence de résonance fr des PZT non fluorés dépend très peu de la température aux transitions de phases ferroélectrique / ferroélectrique. Après fluoration, ces transitions disparaissent, le coefficient de température de la fréquence de résonance n’est donc jamais nul mais la variation de fr est linéaire malgré un hystérésis du même ordre de grandeur que celui du PZT non fluoré pour les compositions majoritairement ou purement rhomboédriques. 132 FPM 1 FPM 3 T(°C) FPM 2 R3 Q1 R1 Q3 Q2 R2 25 51 53 57 55 % Zr4+ (molaire) Figure V.14. Représentation schématique du diagramme de phase : (1) : du PZT pur ; (2) : du PZT dopé avec 11% de (Ba2+,Sr2+) et (3) : du PZT dopé avec 11% de (Ba2+,Sr2+), 1% de Mg2+ et fluoré à 4 %. Q : phase quadratique et R : phase rhomboédrique. 1760 1740 PZT dopé avec 1% de 2+ Mg et fluoré à 4% 15 82 1720 15 80 1700 N33 (Hz.m) 15 78 1680 1660 15 76 Zr/Ti = 60/40 15 74 1640 15 72 1620 1600 15 70 2+ PZT sans Mg ni fluor 15 68 -40 -20 0 20 40 60 1580 1560 -40 -20 0 20 40 T (°C) 60 80 100 Figure V.15. Variation du coefficient N33 avec la température de PZT non dopé en site B et non fluoré et de PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4%. 80 10 0 Chapitre V. Stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale des céramiques PZT 133 V.5.2. Stabilité sous contrainte mécanique uniaxiale L’influence du rapport Zr/Ti sur la variation du coefficient d 33 avec la contrainte de PZT non dopés en site B et non fluorés et de PZT dopés avec 1% de Mg2+ et fluorés à 4% est montrée Figure V.16 et V.17. Quel que soit le rapport Zr/Ti, la fluoration au taux critique améliore la linéarité du d33 et diminue l’hystérésis. Le rapport de phases quadratique / rhomboédrique ne joue donc pas un rôle prépondérant dans la stabilité sous contrainte des PZT fluorés. Néanmoins, les compositions fluorées majoritairement quadratiques sont les plus stables (dépendance en contrainte et hystérésis les plus faibles). -10 3.5 x 10 Zr/Ti = 53/47 3 d33 (C/N) Zr/Ti = 51/49 2.5 2 Zr/Ti = 56/44 1.5 0 20 40 60 80 T3 (MPa) 100 120 140 Figure V.16. Evolution du coefficient d33 de PZT non dopés en site B et non fluorés en fonction de la contrainte. 134 -10 2.2 x 10 Zr/Ti = 53/47 2 Zr/Ti = 52/48 d33 (C/N) 1.8 Zr/Ti = 51/49 1.6 1.4 Zr/Ti = 56/44 1.2 1 0 20 40 60 80 T3 (MPa) 100 120 140 Figure V.17. Evolution du d33 de PZT dopés avec 1% de Mg2+ et fluorés à 4% en fonction de la contrainte. V.6. Conclusion La fréquence de résonance du mode longitudinal du PZT (Zr/Ti = 52/48) dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4% (taux critique) varie linéairement avec la température et sans hystérésis entre –40°C et +80°C. Le coefficient de charge d33 de ce PZT présente également le même type d’évolution en fonction de la contrainte mécanique uniaxiale entre 0 et 120 MPa. La stabilité du PZT fluoré stoechiométrique soumis aux deux types de sollicitations correspond à la stabilité de la configuration des murs de domaines qui sont piégés dans des puits de potentiel encore plus profonds que ceux du PZT non fluoré lacunaire en oxygène. L’hystérésis en température qui est principalement dû au déplacement réversible des murs de domaines disparaît donc après fluoration au taux critique. La réponse linéaire et non hystérétique du coefficient d33 jusqu’à 120 MPa des PZT fluorés à 2, 4 et 5% indique que ces matériaux ne se dépolarisent pas sous forte pression et confirme leur grande dureté. En appliquant la loi de Rayleigh à l’effet piézoélectrique (d33 = d33(T3=0) + kT3), le calcul du paramètre k et l’estimation de la fraction de d33 due au déplacement irréversible des murs de domaines montre que le PZT fluoré à 4% présente la plus faible dépendance en contrainte et la plus faible contribution irréversible de la série des PZT dopés avec 1% de Mg2+ et fluorés. Chapitre V. Stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale des céramiques PZT 135 La stoechiométrie du PZT fluoré n’est pas une condition suffisante pour obtenir la stabilité thermique et/ou mécanique. Dans les deux cas, il est nécessaire d’avoir un nombre de défauts dipolaires Mg2+ - F- suffisant dans le matériau. L’étude de l’influence du rapport Zr/Ti sur la stabilité thermique révèle que la fluoration au taux critique stabilise en température un type d’interface dans le matériau autre que les murs de domaines, à savoir les frontières de phases morphotropique (FPM) et rhomboédrique (BT) / rhomboédrique (HT). De plus, les compositions fluorées appartenant à la FPM et majoritairement quadratiques sont plus stables en température et sous contrainte que les compositions majoritairement rhomboédriques. Finalement, la double stabilité en température et sous contrainte du PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4% rend ce matériau très intéressant pour une éventuelle application gyroscopique. Conclusion générale 137 CONCLUSION GENERALE 138 Conclusion générale 139 Cette étude a été principalement consacrée à la recherche de céramiques ferroélectriques de type PZT dont la fréquence de résonance du mode longitudinal et le coefficient de charge d33 varient linéairement et de façon non hystérétique respectivement en fonction de la température et de la contrainte mécanique uniaxiale. En plus d’une grande stabilité thermique et mécanique, les compositions retenues doivent présenter une faible permittivité diélectrique relative (εr < 1000) ainsi qu’un coefficient de surtension mécanique élevé (Qm ≥ 2000). Ces spécificités sont essentiellement requises pour des applications gyroscopiques. Pour atteindre ces objectifs, nous avons élaboré par voie liquide et caractérisé de nouveaux matériaux PZT fluoré. La substitution partielle de l’oxygène par le fluor a été réalisée sur une composition du type Pb0.89(Ba, Sr)0.11(ZrxTi1-x)O3 dopée avec du magnésium. L’influence du dopage avec du fluor – ou fluoration – sur les caractéristiques des poudres et céramiques PZT a été systématiquement étudiée. Principaux résultats obtenus : 1. Synthèse et caractérisation des poudres de PZT fluoré La poudre de PZT est obtenue après calcination (réaction) de la poudre de précurseurs solides. Cette poudre de précurseurs est élaborée par voie liquide selon un procédé de coprécipitation mis au point au Laboratoire. C’est un procédé original dans la mesure où le précipité final est composé d’hydroxydes et d’oxalate. Ce mélange d’hydroxydes de plomb, titanyle et zirconyle et d’oxalate de plomb permet une réaction à basse température (700°C) et donc une poudre de PZT homogène en composition, à grains fins et à distribution granulométrique étroite. Le magnésium et le fluor sont ajoutés à la poudre de précurseurs par mélange en phase solide pendant l’étape du broyage. L’analyse par diffraction des rayons X (DRX) a montré que la phase PZT tolère plusieurs taux de fluor après réaction. Des mesures granulométriques et BET, ainsi que des observations au microscope électronique à balayage (MEB) ont été réalisées pour étudier l’influence des dopants sur la morphologie de la poudre de PZT. Les poudres sont constituées de grains de forme sphérique dont la taille est de l’ordre du demi micron. La fluoration progressive fait grossir les grains et diminuer la surface spécifique de la poudre de PZT. 2. Elaboration et caractérisation des céramiques massives L’analyse radiocristallographique des céramiques PZT fluoré a confirmé que le fluor était bien inséré dans le réseau cristallin. De plus elle a permis d’appréhender le mécanisme de fluoration et de montrer qu’il est possible de fluorer de façon continue une solution solide PZT. On peut mettre en avant deux résultats importants : 140 - Il existe un taux de fluor critique qui dépend du taux de Mg2+ et qui semble correspondre au PZT fluoré stoechiométrique. En deçà de ce taux de fluor critique, le PZT fluoré est lacunaire en oxygène. Au delà, la substitution F – O se poursuit et provoque la formation de lacunes de plomb. - La fluoration au taux critique ne modifie pas le rapport de phase quadratique / rhomboédrique du PZT non dopé à température ambiante, ce qui confirme que le PZT fluoré est très faiblement lacunaire. Enfin, la fluoration progressive affecte la morphologie des céramiques PZT car on constate une augmentation de la taille moyenne des grains avec le taux de fluor introduit contrairement à la densité qui diminue. 3. Propriétés diélectriques et électromécaniques des PZT Les PZT dopés avec Mg2+ et fluorés présentent certaines caractéristiques de PZT très durs. En effet, par rapport au PZT dur classique lacunaire en oxygène , on observe une diminution : - de la permittivité diélectrique relative εr, - du coefficient de charge d33, - des pertes diélectriques à haut niveau tg δ (400V / mm) et une augmentation : - du facteur de qualité mécanique Qm, - du champ coercitif Ec, - du point de Curie Tc. Toutefois, deux caractéristiques ne confirment pas cette tendance après fluoration. Il s’agit du coefficient de couplage électromécanique k33 qui reste élevé et de la conductivité σ qui varie très peu. Le taux de fluor critique mis en évidence par analyse par Diffraction des Rayons X correspond au PZT fluoré le plus dur car il présente le minimum de εr, d33 et tg δ et le maximum de Qm, Ec et Tc de la série de PZT dopés avec le même taux de Mg2+ et fluorés. Les mesures de σ confirment qu’il est le plus proche de la stoechiométrie. L’extrême dureté du PZT fluoré au taux critique est dû à la présence de défauts dipolaires Mg2+ - F- qui stabilisent par effet de volume la configuration des murs de domaines ferroélectriques. La fluoration a d’autant plus d’effet stabilisant que le taux de Mg2+ est grand. Les PZT fluorés sont plus durs que les PZT lacunaires en oxygène car les défauts dipolaires Mg2+ - V ..o sont beaucoup plus mobiles que les défauts Mg2+ - F-. 4. Stabilité en température et sous contrainte mécanique uniaxiale des céramiques PZT La fréquence de résonance du mode longitudinal du PZT (Zr/Ti = 52/48) dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4% (taux critique) varie linéairement avec la température et sans hystérésis entre –40°C et +80°C. Le coefficient de charge d33 de ce PZT Conclusion générale 141 présente également le même type d’évolution en fonction de la contrainte mécanique uniaxiale entre 0 et 120 MPa. La stabilité du PZT fluoré en température et sous contrainte correspond en fait à celle de sa configuration de murs de domaines. L’étude de l’influence du rapport Zr/Ti sur la stabilité thermique révèle que la fluoration au taux critique stabilise en température un type d’interface dans le matériau autre que les murs de domaines, à savoir les frontières de phases morphotropique (FPM) et rhomboédrique (BT) / rhomboédrique (HT). De plus, les compositions fluorées appartenant à la FPM et majoritairement quadratiques sont plus stables en température et sous contrainte que les compositions majoritairement rhomboédriques. Finalement, le PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4% présente les spécificités requises pour une éventuelle application gyroscopique : - sa permittivité diélectrique relative est inférieure à 1000 (εr = 770), - son coefficient de surtension est supérieur à 2000 (Qm ≈ 2600), tout en conservant un grand coefficient de couplage électromécanique (k33 = 0.62). Enfin, il est stable à la fois en température et sous contrainte mécanique uniaxiale. Perspectives Des céramiques PZT dopé avec 1% de Mg2+ et fluoré à 4% de diamètre φ = 34 mm et d’épaisseur e = 10 mm ont été réalisées et envoyées à la société SAGEM pour être testées sur des gyromètres et/ou des gyroscopes vibrants. La polarisation de ces grosses céramiques est délicate et nécessite une température élevée. Des essais seront prochainement entrepris pour améliorer la polarisabilité du matériau, notamment en augmentant la taille des grains et en resserrant la distribution granulométrique de la céramique. Durant les prochaines années, de nouvelles compositions seront également recherchées, toujours dans le souci de faciliter la polarisation des échantillons sans altérer la stabilité. Les essais consisteront d’une part à optimiser les taux de magnésium et de fluor et d’autre part à réaliser une trisubstitution hétérovalente sur les sites A, B et anionique de la perovskite. Cette deuxième solution devrait permettre d’augmenter la réponse piézoélectrique et éventuellement minimiser la conductivité aux températures de polarisation. Références Bibliographiques 143 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] CURIE, P., CURIE, J. Développement par compression de l’électricité polaire dans les cristaux hémièdres à faces inclinées. C. R. Acad. Sci. Paris, 1880, Tome 91, p 294. [2] BERLINCOURT, D., KRUEGER, H.H.A. Domain processes in lead titanate zirconate and barium titanate ceramics. J. Appl. Phys., 1959, vol. 30, n°11, p 18041810. [3] EYRAUD, L. Diéléctriques solides anisotropes et ferroélectricité . Paris : GauthierVillard, 1967. 183p. [4] IRE Standards on Piezoelectric Crystals – Measurements of piezolectric Ceramics, 61 IRE 14. S1. Proceedings of IRE, 1961, vol. 49, n°7, p 1161-1169. [5] MATHIAS, B. Ferroelectricity. Science. 1959, vol. 113, p 591-596. [6] IEEE Standard on Piezoelectricity, ANSI / IEEE Std, 176, 1987, 54p. [7] THURNAUER, H., DAEDERICK, J. 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Propriétés Désignation Unité BG 23 Masse volumique ρ 103 Kg/m3 7.38 E c 11 1010 N.m-2 8.41 E c 12 -2.40 Constantes élastiques à E c13 5.63 champ constant E c 33 12.11 c E44 3.70 c E66 3.04 D c11 1010 N.m-2 9.11 D c12 -19.80 Constantes élastiques à D c13 15.92 induction constante D c 33 16.15 c D44 5.79 c D66 3.03 E s11 10-12 m2/N 11.88 E s12 -4.16 Compliances à champ E s13 4.23 constant E s 33 12.90 s E44 26.80 s E66 32.92 152 Propriétés Désignation Unité BG 23 D s11 10-12 m2/N 10.98 D s12 -5.05 D s13 6.28 Compliances à D s 33 7.94 induction constante s D44 26.80 s D66 32.92 coefficient de poisson σ 0.35 Facteur de Qualité mécanique (longitudinal) Qm 2600 T 770 S 474 0 33 /0 0 Constantes diélectriques relatives 0 33 /0 0 T 11 /0 0 972 0 11 /0 0 622 0 S Tangente de l'angle de pertes à 1 kHz (400V / mm) Constantes piézoélectriques tg δ % 0.26 d31 d33 d15 pC/N -78 180 230 g31 g33 g15 10-3 Vm/N -11.45 26.40 26.74 e31 e33 e15 C/m2 5.44 13.01 10.70 h31 h33 h15 108 V/m 7.98 31.02 19.45 Annexe 153 Propriétés Désignation Unité BG 23 (%) Constantes de couplage k31 kp k33 kt k15 -0.27 0.39 0.62 0.50 0.60 N33 N31 Nt Np Hz.m Constantes de fréquence 1680 1690 2078 2348 Température de Curie Tc °C 320 FOLIO ADMINISTRATIF THESE SOUTENUE DEVANT L'INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON NOM : GUIFFARD Prénom : Benoit DATE de SOUTENANCE 1er Octobre 1999 TITRE : ELABORATION ET CARACTERISATION DE CERAMIQUES FERROELECTRIQUES DE TYPE PZT FLUORE NATURE : Doctorat Numéro d'ordre : 99 ISAL 0074 Formation doctorale : Chimie Inorganique Cote B.I.U. – LYON : T 50/210/19 / et bis CLASSE : RESUME : Les céramiques ferroélectriques de formulation générale Pb(ZrxTi1-x)O3 (PZT) sont massivement utilisées dans de nombreux domaines comme la médecine ou l’aéronautique en raison de leurs propriétés diélectriques et électromécaniques. L’objet de l’étude est la recherche de céramiques PZT dur possédant des caractéristiques stables et reproductibles en fonction de la température et de la contrainte et sans comportement hystérétique. Ces spécificités sont requises pour des dispositifs tournant à grande vitesse comme les gyromètres et les gyroscopes vibrants qui peuvent être soumis à des variations de température importantes et dans lesquels les céramiques subissent des contraintes mécaniques élevées. Pour cette application particulière, le matériau doit également présenter une faible permittivité diélectrique relative (εr < 1000) ainsi qu’un coefficient de surtension mécanique élevé (Qm ≥ 2000). Pour atteindre ces objectifs, nous avons élaboré par voie liquide et caractérisé de nouveaux matériaux PZT fluoré. La substitution partielle de l’oxygène par le fluor a été réalisée sur une composition du type Pb0.89(Ba, Sr)0.11(ZrxTi1-x)O3 dopée avec du magnésium. Le travail structuré en cinq chapitres traite de l’élaboration et la caractérisation de céramiques PZT fluoré ainsi que de la stabilité de leur fréquence de résonance du mode longitudinal et de leur coefficient de charge d33 respectivement en température et sous contrainte mécanique uniaxiale. Plus globalement, cette étude vise à déterminer l’influence de la fluoration sur le comportement diélectrique et électromécanique des céramiques PZT multisubstitué dans le sous –réseau cationique et sur leur stabilité relative sous différentes sollicitations externes. Nous avons également cherché à appréhender le mécanisme de fluoration en corrélant les propriétés macroscopiques des matériaux substitués avec différents taux de fluor à leur symétrie cristalline. MOTS-CLES : Céramique, PZT, Ferroélectricité, Fluoration, Caractérisation, Température, Contrainte mécanique. Laboratoire(s) de recherche : Laboratoire de Génie Electrique et Ferroélectricité Directeur de thèse : Professeur Michel TROCCAZ Président du jury : Professeur Pierre GOUDMAND Composition du jury : MM. P. BINON, P. GOUDMAND, D. GUYOMAR, M. LEJEUNE, E. PLESKA , M. TROCCAZ