CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT DURABLE – ÉLÉMENTS DE

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CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT DURABLE – ÉLÉMENTS DE
CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT DURABLE – ÉLÉMENTS DE CORRECTION
Analyse du sujet
La croissance est un phénomène de long terme d'augmentation de la production de richesse. Elle est considérée comme nécessaire pour
assurer le développement, puisqu'elle améliore la satisfaction des besoins de la population, à condition toutefois que les richesses soient
partagées. La croissance permet aussi de financer des dépenses publiques (santé, éducation notamment) assurant le développement humain,
c'est-à-dire le développement de « tout l'homme » et de « tous les hommes ». Pourtant, la croissance a des conséquences néfastes sur le
capital naturel, à la fois en termes d'épuisement des ressources et en termes de pollution : le mode de croissance que les Occidentaux ont
adopté depuis la Révolution Industrielle, et qui se répand dans les pays émergents et les pays en développement, n'est pas durable, dans le
sens où les atteintes, multiples, au capital naturel amoindrissent la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins. La
notion de développement durable, qui apparaît en 1987 dans le rapport Brundtland, suppose un triple arbitrage, entre l'efficacité économique,
l'équité sociale et la préservation de l'environnement, afin de promouvoir un mode de développement à la fois viable, vivable et équitable.
On est alors amené à s'interroger : quelle place accorder à la croissance pour assurer un développement durable ? Faut-il renoncer à la
croissance compte-tenu de ses limites écologiques ? La croissance pourrait-elle être au contraire la solution aux questions soulevées par la
notion de développement durable, tant sur le plan des inégalités que sur le plan environnemental ? Nous verrons donc que, si la croissance
peut jouer un rôle pour atteindre un développement durable, sa place doit être néanmoins repensée en profondeur pour assurer « notre avenir
à tous ».
Analyse des documents
Document 1 : Document très riche qui permettait de bien faire le tour des atteintes à l'environnement consécutives à la croissance
économique. Son exploitation supposait de mettre en relation le niveau du PIB/hab et différents indicateurs d'atteintes à l'environnement, afin
de montrer que plus un pays est riche, et plus il porte atteinte au capital naturel. Par ailleurs, en comparant le niveau du PIB/habitant et le
classement en termes d'IDH, on pouvait souligner le lien étroit entre croissance et développement. On pouvait également souligner que ce
sont les pays les plus riches (tels que la Norvège) qui tentent de réduire leur impact environnemental (notamment en matière d'émission de
GES)
Document 2 : Permet d'illustrer l'idée de « réchauffement climatique ». Au-delà des oscillations cycliques de la température, on note une
élévation de la température depuis le début du XXème siècle. Attention à la lecture : il s'agit de l'écart à la moyenne des températures 19511980.
Document 3 : Des exemples d'innovations permettant de diminuer les atteintes au capital naturel, tant du point de vue des déchets que du
point de vue de l'utilisation des ressources non-renouvelables (comme l'énergie) : nouvelles motorisations, principes de construction
économique sur le plan énergétique, recyclage... L'innovation, nourrie par la croissance et les investissements en R&D qu'elle permet de
financer, est la clé du développement durable, ou du moins un élément essentiel pour l'atteindre.
Document 4 : La voiture est un élément clé du mode de vie des Occidentaux, mais qui est source de nombreuses atteintes à
l'environnement : épuisement des énergies fossiles, pollution et émission de GES donc dérèglement climatique. L'augmentation du nombre
de voitures individuelles illustre l'étalement urbain dans les pays développés, et le processus de développement à l’œuvre dans les pays du
Sud, notamment en Asie (Chine). Permet de s'interroger sur les conséquences environnementales du rattrapage des pays du Sud.
Plan détaillé
Pbq : Si la croissance peut jouer un rôle pour atteindre un développement durable, sa place doit être néanmoins repensée en profondeur pour
assurer « notre avenir à tous »
I – La croissance actuelle n'est pas soutenable, et sa place doit être repensée dans le cadre d'un
développement durable
Le modèle de croissance des pays développés se heurte à de nombreuses limites écologiques (A) et il semble nécessaire de repenser la place
de la croissance pour assurer un développement réellement durable (B).
A. La croissance porte gravement atteinte au stock de capital naturel et menace le développement futur car
elle épuise les ressources naturelles
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Épuisement des ressources non-renouvelables du fait d'une utilisation sans cesse croissante pour produire des biens et
services :
→ épuisement des ressources pétrolières, des minerais. L'omniprésence de l'automobile individuelle dans le mode de vie
occidental (document 4) pousse à une consommation forte de carburants et à une importante pollution atmosphérique. Les
pays d'Asie en plein boom économique connaissent depuis les années 1980 une très forte augmentation du nombre de
voitures, et la marge de progression est encore énorme compte tenu de la population potentiellement concernée.
•
Mais aussi épuisement des ressources renouvelables (tragédie des biens communs) :
→ Déforestation pour l'agriculture (Brésil et le soja pour la production d'agro-carburants), l'orpaillage ou l'exploitation
pétrolière. Cas de l’Équateur (document 1) qui a vu sa surface forestière diminuer d'un quart entre 1990 et 2008.
→ Diminution des réserves halieutiques du fait de la surpêche.
→ Plus généralement, perte de la biodiversité, animale et végétale (document 1 : beaucoup d'espèces sont menacées par la
destruction de l'habitat naturel, mais aussi du fait de l'agriculture intensive : France, États-Unis).
•
Pollution et dérèglement climatique sont la conséquence des activités de l'avis unanime des chercheurs du Giec
(Groupe d'experts intergouvernemental sur l'Evolution climatique), et vont provoquer de nombreuses catastrophes à
moyen terme.
→ Élévation de la température moyenne (document 2 : près d'un d° en plus par rapport à la moyenne 1951-1980 en
2010).
→ Conséquences nombreuses : fonte des glaciers et élévation du niveau de mers, phénomènes climatique extrêmes plus
fréquents (sécheresse, ouragans), modification des courants marins et des cultures.
B. Il apparaît donc nécessaire de repenser la place de la croissance économique si l'on souhaite instaurer
un réel développement durable : c'est la thèse de la soutenabilité forte.
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Les atteintes au capital naturel sont en grande partie irréversibles : même en stoppant totalement les émissions de gaz
à effet de serre, l'augmentation de la température se poursuivrait d'au moins 1° C.
Il faut modifier en profondeur le fonctionnement de nos économies : relocaliser les productions pour diminuer les
transports, recycler, réparer, récupérer (décroissance) et limiter les consommations « inutiles » (laver sa voiture avec
de l'eau potable...). L'objectif est de diminuer l'empreinte écologique. Cela passe par un changement radical de la
conception de nos modes de vie et par la désacralisation de la croissance.
Depuis plus d'un siècle, l'augmentation des richesses produites s'est accompagnée d'atteintes graves à l'environnement, qui menacent
aujourd'hui l'avenir de la planète. La prise de conscience de l'urgence d'agir pour protéger l'environnement amène à réfléchir à des
solutions qui permettraient de concilier croissance économique et préservation de la planète.
II – La croissance peut et doit être mise au service du développement durable
La croissance permet de dégager les ressources nécessaires au développement durable (A) et de financer le progrès technique qui permettra
de concilier développement durable et bien-être (B).
A. La croissance est une condition indispensable pour assurer la satisfaction des besoins de tous
aujourd'hui et demain
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Produire des biens et services en quantité suffisante pour assurer la satisfaction des besoins primaires, pour permettre
la distribution de revenus, pour faire reculer la pauvreté.
La croissance permet aussi de dégager des ressources supplémentaires pour développer des politiques publiques
indispensable au développement humain d'aujourd'hui et de demain.
→ Constat du lien entre le niveau d'IDH et le PIB/habitant (document 1) : les pays les plus riches sont mieux classés en
termes d'IDH, et les pays dont le PIB est faible ont aussi un niveau de développement faible : la croissance économique
permet donc d'améliorer le développement.
→ Dépenses d'éducation : construction d'écoles, formation d'enseignants, ... Cela améliore le taux d'alphabétisation et de
scolarisation, permet de diminuer le travail des enfants .
→ Dépenses de santé : construction d'hôpitaux, de dispensaires ... Amélioration de l'état sanitaire de la population,
augmentation de l'espérance de vie, baisse de la mortalité infantile.
→ Les richesses supplémentaires peuvent également servir à développer les infrastructures du pays : construction de
routes et de voies de communication (qui favorise le développement des échanges et l'extension des marchés et stimule la
croissance), construction des réseaux d'électricité, d'eau ou d'assainissement, qui améliorent les conditions de vie de la
population, font progresser l'hygiène et augmentent l'espérance de vie.
B. Les innovations permettent de développer de nouvelles technologies plus propres et plus économies en
énergie, donc plus durables
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La croissance permet de financer les investissements dans la recherche et développement qui conduisent à la mise au
point d'innovations essentielles pour dépasser les limites écologiques de la croissance et concilier développement
durable et bien-être
→ L'innovation permet de compenser les atteintes au capital naturel et de diminuer la consommation des ressources :
exemple des agrocarburants, du développement de l'énergie solaire, de nouveaux plastiques obtenus à partir de matière
végétale, de nouveaux matériaux plus isolants pour diminuer la consommation d'énergie pour le logement... (document
3).
→ La courbe environnementale de Kuznets montre que, passé un certain stade de développement économique,
l'augmentation des richesses s'accompagne d'une diminution des atteintes à l'environnement.
→ Ce sont les pays les plus riches qui sont le plus capables de lutter contre la pollution, car adopter des modes de
production « propres » suppose d'importants investissements. Dans le document 1, on peut voir par exemple que les
niveaux de pollution urbaine sont beaucoup plus faibles dans les pays riches que dans les pays émergents ou en
développement.
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Les pouvoirs publics ont un rôle essentiel à jouer pour orienter la croissance économique dans le sens d'un
développement durable. Ils peuvent accélérer la « transition énergétique » et stimuler la « croissance verte » qui
permettrait de concilier croissance et développement durable.
→ Orientation de la recherche et développement vers les innovations « vertes », soit dans les laboratoires publics, soit par
le biais d'aide aux entreprises innovantes.
→ Développement de politique publique de développement durable : tri des déchets et recyclages, urbanisme et
transports en commun, ferroutage, subventions pour l'agriculture biologique… + solidarité N/S et aide publique au
développement.
→ Politique d'incitations visant à développer les comportements compatibles avec un développement durable (éco-taxe,
bonus-malus écologique sur les voitures,...) → principe d'internalisation des externalités générées par la production de
richesses.
→ Réglementations pour imposer certains comportements ou en interdire d'autres (filtres à particules, normes d'isolation
des nouveaux logements, interdiction des ampoules à incandescence, ...).