L`Ordre souverain - Magazine Racines

Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous
Dossier coordonné par
Yvelise Richard
(Photographies : Ordre de Malte France)
L’Ordre souverain
Une médecine pionnière
de M
Au service des malades et des
déshérités, l'Ordre Souverain de
Malte a toujours consacré un effort
à la recherche et à l'innovation.
Du XIe au XXIe siècle, son savoir et ses
pratiques médicales et sociales se sont
enrichis des connaissances des civilisations qu'il a traversées et par les travaux
de recherche qu'il a initiés et soutenus.
Nombreuses sont les innovations indissociables de la règle statutaire de l'Ordre : “Quand un malade viendra, qu'il soit
porté au lit, et là, tout comme s'il était le
Seigneur reçu, donnez ce que la Maison
peut offrir de mieux”.
Hygiène et prophylaxie
Dès le XIIe siècle, les Hospitaliers appliquaient des mesures d'hygiène et de prophylaxie très en avance sur leur temps.
Les lits étaient individuels (voir gravure)
et fermés par d'épais rideaux – contrairement à l'usage alors commun en
Europe. Les draps
étaient changés trois
fois par semaine et
l'utilisation de la vaisselle d'argent, métal
non poreux et facile
à entretenir, présentait des avantages
pour l'asepsie. Les
malades, baignés à
l'arrivée pour éviter
les risques de contagion, recevaient une
toilette régulière.
Dès ses origines, l'Ordre souverain de Malte,
ordre hospitalier, chevaleresque et militaire
se dévoua au service des pèlerins de Jérusalem
et des indigents. Résumé de l’histoire et dates clés
qui jalonnent les neuf siècles de son existence.
1048 : l’origine à
Jérusalem
La Quarantaine
C'est à Rhodes, au XIVe siècle, que l'Ordre de Malte édicta, par l’observation de
la survenance d’épidémies concomitantes
à l’arrivée de bateaux dans le port, les premières consignes de quarantaine. À Malte,
l'Hôpital de la Sacrée Infirmerie, installé
au niveau du port, fut doté de quartiers
d'isolement accueillant les malades
contagieux dès la descente des bateaux.
…
Les Hospitaliers de Saint-Jean-deJérusalem sont connus aux environs
de 1048 comme communauté
monastique qui soigne les pèlerins et
les malades et recueille les indigents.
Sous le Bienheureux Gérard, et par
décision du Pape Pascal II en 1113,
l'Hôpital de Saint-Jean devient un
Ordre de l'Église, jouissant d'exemptions. Pour assurer la défense militaire des malades et des territoires
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chrétiens, l'Ordre devient un Ordre
chevaleresque et militaire.
1310 : la conquête de
Rhodes
En 1291, à la suite de la perte de
Saint-Jean-d'Acre, l'Ordre s'établit à
Chypre, puis prend possession de
l'île de Rhodes en 1310 et acquiert
une souveraineté territoriale. Pour
défendre le monde chrétien, l'Ordre
constitue une flotte et patrouille les
mers orientales. Gouverné par un
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U…
ne médecine pionnière
e Malte
Des écoles de médecine
capitale de l'île de Malte), puis la flotte
de l'Ordre de Saint Jean (désormais
appelé Ordre de Malte) contribue à la
défaite des Ottomans à la bataille de
Lépante en 1571.
1798 : l’exil
6 octobre 1736 : bataille navale
dans les eaux de Marbella, entre la frégate
Saint Vincent et trois navires venant d’Algérie.
Grand Maître, prince souverain de
Rhodes, et par un Souverain Conseil,
il bat sa propre monnaie et entretient
des relations diplomatiques avec d'autres états.
Les chevaliers repoussent avec succès maints assauts des Ottomans
mais, attaqués par le sultan Soliman
le Magnifique avec une puissante flotte
et une armée nombreuse, ils doivent
capituler et quitter l'île avec les honneurs de la guerre, en 1522.
1530 : souverain à Malte
L'Ordre, tout en conservant sa souveraineté, se trouve sans territoire
jusqu'au moment où l'empereur Charles
Quint lui cède les îles de Malte, Gozo
et Comino ainsi que la ville de Tripoli
en fief souverain. Le 26 octobre 1530,
l'Ordre prend possession de Malte.
Lors du Grand Siège, de mai à septembre 1565, les Ottomans sont mis
en déroute par les chevaliers sous la
conduite du Grand Maître Fra’ Jean de
La Valette (qui donne son nom à la
En 1798, Bonaparte, en route pour
l'Égypte, occupe Malte. Les chevaliers,
en raison de la règle de l'Ordre qui leur
interdit de se battre contre d'autres chrétiens, ne résistent pas et sont obligés
de fuir.
Après le départ des Français, ce sont
les Anglais qui occupent l'île de Malte
et obligent les derniers chevaliers à partir.
Malgré la reconnaissance des droits
souverains de l'Ordre sur l'île de Malte
par le traité d'Amiens (1802), l'Ordre
ne peut en reprendre possession.
1834 : le siège sera à
Rome
Après s'être installés temporairement
à Messine, à Catane et à Ferrare, l'Ordre s'établit finalement à Rome en
1834, où il possède le Palais Magistral
de Malte, via dei Condotti et la Villa
Malta sur l'Aventin qui jouissent de l'extraterritorialité. La mission originelle de
l'Ordre, le service des pauvres et des
malades, est alors redevenue sa mission principale. Les activités hospitalières et caritatives entreprises à grande
échelle pendant la Première Guerre
mondiale sont largement poursuivies
pendant celle de 1939-1945.
Depuis lors, elles se sont considérablement développées sous le règne du
Grand Maître Fra’ Angelo de Mojana
(1962-1988) et sous celui de son successeur, l'actuel Prince et 78e Grand
Maître, Fra’ Andrew Bertie.
Alain de Tonquedec,
Directeur des relations
extérieures de l'Ordre
de Malte France
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Dès 1676, plusieurs écoles de médecine expérimentales furent créées au sein
de l'Hôpital de la Sacrée Infirmerie à La
Valette (île de Malte) : anatomie, chirurgie, pharmacie. Les pharmaciens y pratiquaient la recherche pharmaceutique
et élaborèrent plus de 780 substances
médicinales.
L'opération de la cataracte
En 1725, la Sacrée Infirmerie de Malte
était le plus grand hôpital d'Europe et le
plus moderne sur le plan clinique. Les
médecins et chirurgiens de l’Ordre Souverain avaient assimilé au cours de
leurs différentes implantations, le savoir
et le savoir-faire appris de la médecine
arabe.
D'importants travaux scientifiques,
notamment en ophtalmologie y furent
publiés. C'est là que les premières opérations de la cataracte furent pratiquées.
Tous au service
des malades
Dès l'origine de la fondation de l'Ordre de Malte, tous les membres de l'Hôpital, des novices au Grand Maître,
devaient assurer régulièrement le soin
aux malades.
Le grand maître Roger des Pins (13551365) mourut ainsi de la peste contractée auprès des malades.
Première mission
internationale
En 1693, les chevaliers de l’Ordre
de Malte organisèrent la première mission internationale humanitaire d'urgence en envoyant cinq galères
chargées de médicaments, d’aliments,
accompagnées de médecins et de personnels soignants, au secours des victimes du tremblement de terre qui avait
ravagé la cité d'Augusta en Sicile.
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Religieuse et chevaleresque : une organisation unique
F
ort d'une histoire ininterrompue de près de neuf siècles,
l'Ordre Souverain de Malte
a aujourd'hui la fierté d'être l'unique
successeur de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.
Lui seul est à la fois un ordre religieux de l'Église catholique et un
ordre catholique de chevalerie. Il
est le seul à avoir des chevaliers
profès(1), successeurs directs de ses
fondateurs, parmi lesquels le Grand
Maître et la majorité des membres
du Souverain Conseil sont choisis.
religieux de l'Ordre (les Profès) gouverne l'Ordre à la fois en tant que
souverain et supérieur religieux.
État souverain
L'action de l'Ordre de Malte au
service des pauvres s'exerce à la
fois par la voie diplomatique et
dans l'action caritative. Considéré
comme un sujet de droit international public, l'Ordre ne dispose
plus de territoire depuis 1798 mais
il n'a jamais cessé d'être reconnu
comme souverain.
Le Grand Maître – élu parmi les
Installés à Rhodes,
les Hospitaliers espéraient
reconquérir la Terre sainte, comme
ils le tentèrent en 1344 à Smyrne.
Il est assisté du Souverain Conseil
– le gouvernement de l'Ordre – qui
est composé des quatre hautes
charges : le Grand Commandeur,
le Grand Chancelier, le Grand Hospitalier et le Receveur du Commun
Trésor, ainsi que de six autres membres, tous élus pour cinq ans par
le Chapitre général. Ils doivent être
choisis parmi les chevaliers profès
et les chevaliers en obédience. Le
Grand Maître, qui doit être un chevalier profès ayant prononcé ses
vœux perpétuels, est élu à vie.
Deux assemblées, le Conseil du
Gouvernement et la Chambre des
Comptes, dont les compositions
reflètent le caractère international
de l'Ordre, assistent le Grand Maître et le Souverain Conseil.
Au travers de ses ambassades,
l'Ordre entretient des relations
diplomatiques avec 96 états (dont
beaucoup ne sont pas Catholiques)
et dispose du statut d'observateur
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permanent auprès des Nations
Unies (New York, Genève, Rome,
Vienne et Paris) et de représentants
dans toutes les grandes organisations internationales : Haut
Comité de la Croix Rouge, FAO
ainsi qu'auprès de la Communauté européenne. L'Ordre souverain est présent en permanence
dans 55 pays par l'intermédiaire
de six Grands Prieurés, de quatre
sous-Prieurés et de 45 associations
nationales, ainsi que par ses nombreux hôpitaux, dispensaires, corps
de secours, fondations et établissements spécialisés répartis dans
120 pays. L'Ordre de Malte et la
France ont toujours entretenu des
liens exceptionnels, renforcés par
la signature d'un protocole signé
le 5 septembre 1993 en vue de
renforcer leur coopération dans le
domaine humanitaire.
Organisation
humanitaire qualifiée
Aujourd'hui, la plus grande force
de l'Ordre sont ses 11 500 membres et ses 80 000 volontaires permanents, appuyés par un personnel
qualifié composé de plus de 10 000
médecins, infirmières, aidessoignantes et bénévoles se consacrant au service des pauvres, des
malades et des plus démunis.
Les actions de secours d'urgence
en cas de catastrophe naturelle et de
conflits armés, caractérisées par l'assistance médicale des victimes et des
réfugiés ainsi que par la distribution
de médicaments, d'eau et de denrées de première nécessité, constituent un important volet de l'action
humanitaire de l'Ordre de Malte.
Alain de Tonquedec
1) Se dit d'un homme qui a prononcé ses
vœux dans un ordre religieux.
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Toujours engagé en 2007
L
es œuvres hospitalières
françaises de l'Ordre de
Malte, connues sous le nom
d’Ordre de Malte France, reconnues d'utilité publique depuis
1928, exercent en France les missions hospitalières et humanitaires. Sans être exhaustifs, citons
les suivantes :
La lutte contre la lèpre :
actions au travers de programmes
de détection et de soins : recherche
en léprologie, actions de prévention, réhabilitation fonctionnelle,
formation de médecins et d’infirmiers. Léproseries dans de nombreux pays d'Afrique et d'Asie.
La mère et l'enfant : la
maternité de Bethléem, en Palestine, qui a vu la naissance du
30 000e bébé au cours de l'année
2004, poursuit son œuvre dans
une région meurtrie et assure environ 3 200 naissances par an ; une
maternité à Madagascar, une
maternité et des dispensaires à
Bagdad…
Accueil des personnes
handicapées physiques
ou mentales : onze établissements spécialisés en France accueillent plus de 500 personnes
polyhandicapées, atteintes d’autisme ou de la maladie d’Alzheimer.
Expédition de produits
de santé : l'Ordre de Malte
France a développé une activité
d’expédition de médicaments sous
le contrôle de pharmaciens, de
matériel médical et de produits de
première nécessité. Celle-ci est complétée d'une action de collecte et de
tri de lunettes au profit des personnes démunies de France et des
pays du Tiers monde. En 2006, près
de 150 tonnes de médicaments et
de matériel médical ont été expédiées vers les six établissements
hospitaliers africains et les 1 500
centres de santé et dispensaires
agréés par l'Ordre dans 64 pays.
Secours humanitaire et
d'urgence : en coordination
avec d'autres associations nationales, l’Ordre de Malte France a
créé une structure internationale de
Secours d’Urgence dont le siège est
en Allemagne (Malteser International). Capable d’intervenir très rapidement en faveur des victimes de
catastrophes naturelles ou de faits
de guerre (Mozambique, Irak, Darfour, Haïti…) et comme en Asie (tsunami en 2004) et au Liban en
2006.
L'Odre de Malte a fait son choix.
Formation de secouristes et d'ambulanciers :
36 unités départementales de
secourisme forment des personnes
à différents diplômes, et enseignent
les gestes qui sauvent dans les
entreprises. Les quatre instituts de
formation d'ambulanciers, qui forment environ le quart des ambulanciers en France, assurent la
formation professionnelle et la présentation des candidats à l'obtention du diplôme d'ambulancier.
Contacts dans la région : en Vendée,
Roger Hardy, au 02 51 33 66 13. Dans le
Maine-et-Loire, Alain de Perthuis, au
02 41 78 72 01. Dans les Deux-Sèvres,
Pascal Begard au 05 49 33 55 96.
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