Zoonoses et risque allergique - clinique veterinaire de la tour de

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Zoonoses et risque allergique - clinique veterinaire de la tour de
Thème n°8
Zoonoses et
risque allergique
RPC B C hat et femme enceinte :
chat, grossesse­ et risque de
toxoplasmose­ congénitale
Recommandation
Il y a lieu d’envisager des mesures de prévention vis-à-vis de la toxoplasmose
chez les seules femmes enceintes ayant une sérologie toxoplasmose négative.
Chez ces dernières, il y a lieu de rappeler les conseils de prévention de la toxoplasmose non liés au chat ciblant les risques majeurs de transmission :
- n e pas consommer d’aliments crus ou insuffisamment cuits ;
- b ien laver les légumes avant leur consommation et les peler si possible ;
- b ien nettoyer les ustensiles de cuisine ayant été au contact d’aliments crus ou
non lavés ;
- p orter des gants pour jardiner et se laver les mains après le jardinage.
Durant la grossesse, il n’y a pas lieu d’éliminer tout contact avec un chat, ni de
préconiser l’éviction du chat qui vit habituellement à la maison, ni a fortiori de
répondre favorablement à une demande d’euthanasie pour ce motif.
Il y a lieu en revanche de rappeler à ces femmes enceintes des conseils d’hygiène­
liés aux soins du chat :
- faire changer la litière idéalement par une autre personne ou la changer en portant
des gants avec un renouvellement quotidien de la litière ;
- b ien se laver les mains après avoir touché la litière ;
- n e nourrir l’animal qu’avec des aliments préparés de façon industrielle ;
- g arder, dans la mesure du possible, le chat dans la maison.
Compte-rendu des débats : voir Le Point Vétérinaire n° 272 - Janvier/Février 2007
Argumentaire
Stéphane Guez
Médecin hospitalier (allergologue)
Service de médecine interne, CHU de Bordeaux
Thème n°8 Zoonoses et risque allergique
RPC B Chat et femme enceinte : chat, grossesse­ et risque de toxoplasmose­ congénitale
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1. Résultats des études épidémiologiques
Des études ont montré que les femmes enceintes pensent souvent que le chat est le
principal vecteur du risque de toxoplasmose.
En réalité, aucune étude n’a montré que le fait de posséder un chat était un facteur de
risque plus impor­tant de développer une toxoplasmose ou d’induire une toxoplasmose
au cours d’une grossesse, ni exposait le fœtus à un risque plus élevé de toxoplasmose­
congénitale [2].
Des travaux portant sur le risque de toxoplasmose chez des femmes en âge de procréer et étant soit vétérinaires, soit employées chez un vétérinaire montrent que la
prévalence d’une sérologie positive à Toxoplasma gondii est beaucoup plus faible que
dans la population générale (14 % contre 25 %). Il n’y a pas de différence entre les
praticiennes ayant ou non un chat à domicile [5].
Plusieurs études confirment l’absence de relation entre le fait de posséder un chat à
domicile et un risque plus élevé de développer une toxoplasmose ou de présenter une
sérologie positive [3].
Dans de nombreuses études épidémiologiques portant sur les facteurs de risque d’une
toxoplasmose, le chat n’arrive qu’en 5 e ou 6 e position après la consommation d’aliments
crus, non lavés ou mal cuits et le jardinage à mains nues. Il faut néanmoins rappeler
qu’il n’est pas actuellement possible de recon­naître la source de contamination lors
d’une toxoplasmose, en raison de l’absence de marqueur biologique spécifique de tel
ou tel mode de transmission [7].
2. Mesures de prévention préconisées aux propriétaires d’un chat
Le chat transmet l’infection par l’intermédiaire des oocytes émis par le protozoaire et
qui sont contenus dans les fèces. Il n’apparaît de risque de contamination qu’après
1 à 5 jours, une fois que l’oocyte a sporulé. En changeant la litière tous les jours, en
utilisant des gants et en effectuant ensuite un nettoyage soigneux des mains, il n’y a
pratiquement aucun risque de contamination humaine.
L’animal peut contracter le parasite soit par l’ingestion d’aliments crus ou insuffisamment
cuits, soit en chassant des petits animaux sauvages. En nourrissant le chat avec des aliments préparés de façon industrielle, ne contenant aucun parasite, et en gardant le chat
à l’intérieur de la maison, il n’y a pratiquement aucun risque de contamination du chat
par Toxoplasma gondii.
3. Facteurs bien identifiés de transmission de la parasitose
Le chat n’étant pas un facteur de risque majeur de toxoplasmose, il convient de rappeler
les facteurs bien identifiés de transmission de cette parasitose.
Les facteurs de risque les plus importants de contamination sont la consommation
d’aliments crus, insuffisamment cuits ou mal lavés et le contact avec de la terre
souillée, en particulier lors des travaux de jardinage [1]. Le port de gants et des règles
d’hygiène alimentaires simples comme ne pas manger­ d’aliments crus ou mal cuits,
bien laver les légumes et les éplucher, se laver souvent les mains en particulier après
un contact avec de la terre ou du sable, sont les mesures les plus efficaces à recommander, seulement chez les femmes enceintes séro-négatives, pour éviter leur contamination [6].
Thème n°8 Zoonoses et risque allergique
RPC B Chat et femme enceinte : chat, grossesse­ et risque de toxoplasmose­ congénitale
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4. Validité des mesures de prévention
Les mesures de prévention sont valables seulement pour les femmes n’ayant jamais
été contaminées.
Une sérologie positive réalisée avant la grossesse est suffisante pour rassurer la
patiente sur un risque­ de toxoplasmose car la transmission au fœtus n’est possible
que lors d’une primo-infection après la conception. L’infection par Toxoplasma gondii
confère en effet une immunité solide et durable [4].
Références
(1) KAPPERUD G et coll. Risk factors for toxoplasma gondii infection in pregnancy. Results of a prospective case-control study in Norway. Am J
Epidemiol. 1996;144(4):405-12.
(2) KRAVETZ JD et coll. Toxoplasmosis in pregnancy. Am J Med. 2005;118(3):212-6.
(3) NASH JQ et coll. Risk factors for toxoplasosis in pregnant women in Kent, United Kingdom. Epidemiol Infect. 2005;133(3):475-83.
(4) Preventig Congenital Toxoplasmosis. Recommendations and reports. MMWR 2000 / 49 (RR02) : 57-75.
(5) SHUHAIBER S et coll. Seroprevalence of Toxoplasma gondii infection among veterinary staff in Ontario, Canada (2002) : Implications for
teratogenic risk. BMC Infectious­ Diseases. 2003;3:8.
(6) TAYLOR MRH et coll. Community study of toxoplasma antibodies in urban and rural schoolchildren aged 4 to 18 years. Arch Dis Child.
1997;77:406-409.
(7) TORDA A. Toxoplasmosis. Are cats really the source ? Prim Care Update Ob Gyns. 2001;8(3):122-26.

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