Pourquoi vouloir diviser le peuple d`un même pays

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Pourquoi vouloir diviser le peuple d`un même pays
Pourquoi vouloir diviser le peuple d’un même pays ?
Écrit par Ghys Fortuné DOMBE BEMBA
Vendredi, 08 Janvier 2016 11:00 - Mis à jour Vendredi, 08 Janvier 2016 11:34
Régionalisme, tribalisme, sectarisme, clanisme, népotisme, favoritisme, tels sont les maux
d’une liste non exhaustive, qui ruinent la société congolaise. Les gestionnaires de la cité
instaurent une politique basée sur ces pratiques pourtant décriées par les lois et règlements du
pays et par le bon sens.
Le Congo pourrait être le premier du classement des pays africains où le tribalisme est presque
institutionnalisé. «Il ne manque qu’au législateur de prendre une loi garantissant ces pratiques
dans l’administration et la société congolaise», se lamentait un jeune officier victime de
tribalisme dans les Forces armées congolaises (FAC). Sous le Monopartisme, la nation était plus soudée, plus unie, qu’aujourd’hui. Le mérite était
reconnu comme critère de choix des travailleurs. L’utilisation des cadres et l’intégration des
jeunes dans le service public se faisaient objectivement. L’instauration du Multipartisme a
malheureusement accentué la scission du pays, les partis et associations politiques s’identifiant
par l’origine tribale ou régionale de leurs leaders.
Lorsqu’on parle par exemple, du Parti Congolais du Travail (PCT), on fait allusion au nord
parce que son leader, Denis Sassou-N’Guesso, est originaire de la partie septentrionale du
pays. Lorsqu’on parle du Mouvement Congolais pour la Démocratie et le Développement
Intégral (MCDDI), on lui colle l’étiquette du Pool. L’Union Panafricaine pour la Démocratie
Sociale (UPADS) est attachée au grand Niari. Le Rassemblement pour la Démocratie et le
Progrès Social (RDPS) serait la propriété du Kouilou et Pointe-Noire. Brazzaville, la capitale du
Congo qui devrait être en principe une ville cosmopolite, sans couleurs ethniques, présente
malheureusement des clivages tribaux. Il suffit de demander l’adresse d’un citoyen pour lui
attribuer une tribu ou une ethnie. Les populations de Madibou, Bacongo et Makelekelé, sont
assimilées aux ressortissants du Pool ; celles de Mfilou, Diata et La Poudrière aux originaires
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du grand Niari, et celles de Ouenzé, Talangaï, Djiri aux fils et filles du nord. Tous les Congolais sont devenus anthropologues, même les moins intellectuels. Ils savent
qu’un nom commençant par une voyelle ou une consonne appartient à un originaire tel ou tel
département. Les dirigeants de l’Etat et le premier citoyen congolais semblent baigner dans
cette nébuleuse. Conséquence : nominations dans l’administration, recrutements, amitié, se
font sur la base de l’appartenance tribale ou régionale de l’autorité qui décide.
Des nominations aux hautes fonctions de l’Etat
Au Congo, il y a des postes clés qui ne sont occupés que par les proches, géographiquement
parlant, du dirigeant. Certes, il est des fonctions qui ne peuvent être assumées que par des
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hommes de confiance du chef, mais, au Congo, on exagère. C’est sur la base de ce critère que
sont désignés les ministres de la Défense, des Finances, des Affaires étrangères, de l’Intérieur,
le Chef d’Etat- Major Général (CEMG) et d’autres directeurs clés des FAC, les Directeurs
généraux des Régies financières (Douanes, Impôts) et des Caisses de sécurité sociale, des
sociétés de distribution d’eau et d’électricité, de la Délégation Générale aux Grands Travaux
(DGGT), de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP), le Directeur général de la
police, etc. Si donc un chef d’Etat n’a d’hommes de main que les originaires des mêmes
localités que lui, susceptibles d’occuper des fonctions clés du pouvoir, ce premier citoyen est
dangereux ! Par effet domino, la plupart des ministres s’entourent des collaborateurs, des gens du même
coin qu’eux : directeurs de cabinet, conseillers, directeurs généraux et centraux. Ces derniers, à
leur tour, choisissent des attachés et chefs de service de même département ou de même
patois. Du recrutement à la Fonction publique et dans les FAC ; de l’octroi des bourses et de
l’attribution des marchés publics.
C’est à ce niveau que le bât blesse. Si tout le monde ne peut pas occuper de hautes fonctions,
tout Congolais de tout bord a néanmoins le droit d’exercer un emploi décent selon sa
qualification et son mérite. Faudrait-il appartenir à l’ethnie du chef de l’Etat au pouvoir pour
prétendre trouver une place au soleil ? Il y a des administrations au Congo où l’on n’accède que
sur recommandation : Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC), Délégation Générale
aux Grands Travaux (DGGT), etc. Pendant ce temps, on fait croire aux jeunes finalistes nés
des parents pauvres que dans ces structures on ne recrute pas. Par contre, les filles et fils à
papa, de retour de leurs études à l’étranger trouvent un portefeuille alléchant. Malheur à celui
qui n’a pas de parents dans le système ! Le recrutement à la Fonction publique et dans les FAC, l’octroi d’une bourse étrangère se font
sur recommandations. Les entrepreneurs non parrainés par les faucons du régime gagnent difficilement les appels
d’offre. Mais ceux qui sont originaires des ethnies proches du Chef de l’Etat ou du ministre
concerné se frottent les mains.
Au finish, on observe une société à double vitesse. D’une part, une ethnie qui s’enrichit de plus
belle et, d’autre part, des ethnies, plus nombreuses, qui s’appauvrissent davantage. Ce qui crée
des mécontentements et suscite la haine et l’esprit revanchard.
Personne n’est épargné
La fibre tribale est tellement entretenue par les dirigeants du pays à tous les niveaux que tout
Congolais est devenu tribaliste. Dans son langage, il ne tient que des propos haineux et
dénigrants contre les autres ethnies du pays, qui seraient inférieures à la sienne. Si aujourd’hui les dirigeants au pouvoir sont accusés, c’est parce qu’ils ont la responsabilité de
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gérer le pays. En fait, ceux de l’Opposition ne sont pas eux aussi épargnés. Il suffit d’observer
leur entourage actuel pour s’en rendre compte.
Pour y remédier, seul le Chef de l’Etat, garant de l’unité nationale, peut influer sur la gestion
des hommes. C’est lui qui nomme aux hautes fonctions civiles et militaires. Si le président de la
République se laisse prendre en otage ou se laisse téléguider par son clan, le pays se dirigera
de plus en plus vers le gouffre. Il est temps que Sassou-N’Guesso reprenne les commandes ou
le gouvernail de son bateau pour que la nouvelle République du Congo n’aille pas à vau-l’eau
demain, comme ce fut le cas dans l’ancienne. Ghys Fortuné DOMBE BEMBA
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