Zibeline n°31 en PDF

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Zibeline n°31 en PDF
31
du 17/06/10 au 15/07/10 | un gratuit qui se lit
Festivals d'été
et Saisons
nouvelles
Politique culturelle
La réforme des collectivités territoriales
Les conversations de Salerne
Marseille Provence 2013, Mucem
Festivals
Le Off, Avignon
Théâtre
Danse
Pluridisciplinaire
Musique lyrique
Musique classique
Jazz
Actuelles
6, 7
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9
10, 11
12, 13
14
15
16, 17
18 à 21
22, 23
24 à 27
Musiques
Actuelles
Jazz
Baroque
Contemporaine
Récitals
De chambre
Opéra
Arts de la rue
Jeunesse
Théâtre
La Criée, Martigues, Nîmes, Avignon
Port-de-Bouc, Scènes et Cinés
Théâtre des Ateliers, 3bisf, les Bernardines
Le Gymnase, la Minoterie,
les Bernardines, les Bancs publics
Danse
MOD, Châteauvallon, le Toursky,
le Ballet d’Europe
Fin de saisons
48, 49
50, 51
Saisons
La Criée, le Gyptis, Gymnase/ Jeu de Paume, Arles
Les Salins, le Sémaphore, Scènes et Cinés, Nîmes
Théâtres en Dracénie, Théâtre Durance, Cavaillon
Pavillon Noir, Opéra de Marseille, SMCM, GTP
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54, 55
56, 57
58, 59
Cinéma
Cinécole, la Quinzaine, AFLAM
Les Rendez-vous d’Annie, tournage de P. Faucon
Arts visuels
Au programme
Spécial photo
Musée Granet, Artéum, Palais Carli, Ap’Art
Voyons Voir, Sm’Art, Arts éphémères
Rencontres
À vous de lire, CIPM, Libraires à Marseille
Prix des lycéens et apprentis,
au programme, adhérents
Festival du livre de la Canebière
RetrouveZ nos éditions précédentes
sur www.journalzibeline.fr
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À l’ombre
des stades
Voilà que la douce saison estivale s’annonce, la promesse de
fraîches soirées passées dans les cours à dévorer, émerveillé, les
spectacles et les mots. En ce début d’été toutes les villes de la
région préparent leurs cimaises, font résonner les usines et les
cloîtres, montent les plateaux et les ponts lumière. Le public
prépare ses agendas, tout en gardant un œil sur les saisons qui
s’annoncent, aux abonnements à prévoir pour l’année prochaine.
Il n’y aura pas assez de soirées, pas assez de journées même
pour rassasier toutes nos envies, et lire tous les livres !
Vive le début d’été et ses promesses ! Pourtant, certains désertent les lieux de spectacle pour regarder la coupe du monde, cet
événement qui occupe jusqu’aux conversations des ministres,
des journalistes, des people. Nettement moins d’ailleurs celles
des passants, les matchs n’étant pas passionnants. Et pour cause,
les footballeurs font aujourd’hui de bien piètres héros.
Un édito contre le foot ? Encore ? Non. Mais à l’heure où les
collectivités territoriales peinent à tenir leurs engagements
d’investissements pour la culture, à l’heure où les chantiers
s’accumulent, où Marseille Provence 2013 a pris un retard considérable dans le démarrage des travaux, voilà qu’on nous annonce
qu’on va recouvrir le Vélodrome, et l’agrandir pour 2016. 150
millions de travaux a minima ! 200 € par habitant ! La Ville de
Marseille, sous la pression des clubs de supporters qui voudraient
d’ailleurs un stade encore plus grand, rembourserait cet investissement à raison de 5 millions par an sur 30 ans !
Certes l’OM est deux fois champion ; mais l’OL paie son stade,
l’équipe de Lille le sien. Pourquoi devrait-on engloutir de l’argent
public dans un équipement qui ne sert qu’une équipe privée, aux
salaires mirobolants ? Pourquoi l’OM ne verse-t-elle qu’une faible
redevance pour l’utilisation exclusive du stade ? La Capitale
culturelle a besoin de cet argent public, et les associations sportives aussi, qui voient fondre leurs subventions.
Un édito contre le foot ? Non. Mais on aimerait pouvoir dire
simplement, sans paraître élitiste ou bégueule, que ce sport
spectacle pas toujours très propre n’est qu’un divertissement peu
formateur, et qu’on ne voit pas pourquoi il faut tant qu’il nous
coûte… La pression exercée par les lobbies de supporters sur
les politiques n’a rien de l’épopée glorieuse, et entraîne un
consensus contre lequel il est temps d’oser s’élever.
AGNÈS FRESCHEL
06
POLITIQUE CULTURELLE
LA RÉFORME DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
Centralisme,
Socialisme
et Culture
Le 26 mai se tenait à la Friche une grande réunion
publique organisée par le Parti Socialiste à propos
de la réforme territoriale, et de ses conséquences
sur le monde culturel. Artistes, directeurs de
structures, chargés de mission des collectivités
territoriales, tous étaient là, attendant l’arrivée de
Laurent Fabius, retardé par les mouvements sociaux
pour la défense des retraites. Il arriva tout de
même, mais laissa ainsi à Jean-Noël Guérini puis à
Michel Pezet l’occasion d’expliquer clairement la
réforme et ses dangers.
Suppression de la compétence
générale
La loi et l’argent
Pour conclure le Président du Conseil Général
affirma que «si cette réforme s’applique, les acteurs
culturels seront laissés à l’abandon», que «ce sera un
© Agnès Mellon
Les conséquences en seraient énormes. Il faut dire
que la culture en régions est financée par les
collectivités locales ou territoriales. Malgré la
décentralisation la grande majorité des dépenses
de l’État (les crédits centralisés) restent à Paris, et
les dépenses des Directions Régionales (Drac) du
Ministère ne représentent pas plus de 20% des
budgets de la culture en régions, et moins encore
si on exclut de ces statistiques l’Île de France. La
réforme des collectivités territoriales ne pourrait
qu’aggraver fortement ces inégalités entre Paris et
«Province», mettant à bas les bénéfices de 25 ans
de décentralisation, qui ont permis l’émergence
puis l’affirmation d’une vie culturelle souvent plus
inventive, et démocratique, qu’à Paris.
De quoi est-il question dans «cette prétendue
réforme qui n’est en fait qu’une entreprise de
régression», comme l’affirme Jean-Noël Guérini ?
De diminuer le pouvoir des collectivités territoriales
«qui sont actuellement majoritairement de gauche»
en vue «d’éliminer l’opposition et de recentraliser le
pouvoir», mais aussi d’éviter «que le Sénat bascule
à gauche», les grands électeurs étant justement ces
élus locaux dont le gouvernement veut diminuer le
nombre. Guérini balaya ensuite l’argument
économique avancé par le gouvernement,
expliquant que les émoluments des élus
représentaient «0.01% du budget des collectivités»,
que «diviser par deux leur nombre n’allait pas diviser
leur coût», et qu’en revanche construire de
nouveaux services à l’échelle des métropoles allait
© Agnès Mellon
coûter cher, et faire perdre du temps. «Les élus
locaux démêlent les conflits, écoutent les besoins
des citoyens, des associations et des entreprises.
75% des investissements nationaux se font
localement. Et on veut faire croire qu’on paye les
élus de proximité à ne rien faire ?»
retour sans précédent au centralisme, avec en plus
un État en mauvaise santé.» Michel Pezet rappela
le bilan positif du Département 13 et de la Région
Paca en matière culturelle, et précisa qu’on ne peut
sans danger, ni sans réforme constitutionnelle,
supprimer le «principe de subsidiarité» : celui-ci est
inscrit dans la Constitution, et veut que la
responsabilité d’une action publique soit allouée à
la plus petite entité capable de résoudre le
problème d’elle-même. Cette recherche du niveau
pertinent d’action publique devrait, selon Michel
Pezet, rendre simplement illégale la suppression de
la compétence générale des collectivités
territoriales.
Mais est-ce vraiment le problème ? Que les
collectivités gardent ou non le droit d’intervenir
dans le champ culturel, par exception comme l’a
laissé entendre le Président Sarkozy, n’a pas une
grande importance. La diminution des recettes
(suppression de la taxe professionnelle, diminution
des droits de mutation) et l’alourdissement
vertigineux des charges obligatoires (la moitié du
budget du CG 13 est consacré au versement des
minima sociaux, dont 67% aux Marseillais)
empêcheront de fait les collectivités d’intervenir
hors de leurs missions obligatoires. Le CG 13 et la
Région PACA parviennent à maintenir un budget
constant (dire qu’on s’en réjouit alors que cette
stagnation est déjà si préjudiciable !), mais de
nombreux départements ont appliqué une
diminution de 20% de leurs subventions aux
associations culturelles, et n’investissent plus du
tout.
L’arrivée de Laurent Fabius sur scène lui permit de
rebondir sur cette idée d’illégalité de la réforme,
en rappelant que le Conseil Constitutionnel «où
siègent Giscard et Chirac», n’allait pas
s’opposer à une «réforme qui favorise
la droite». «Cette réforme politicienne,
véritable régression territoriale, a pour
but de détruire les magnifiques acquis
d’une décentralisation chère aux
Français. La levée de bouclier a
provoqué une réaction du Président et
fait germer cette idée d’exception pour
la compétence culturelle. Mais
conserver cette compétence si rien ne
change au niveau financier ne sert à
rien. Un effet de ciseau est imposé aux
collectivités, à qui on coupe les
recettes tout en augmentant les
charges. Vous pouvez disposer des plus
belles compétences du monde, sans
moyen elles sont un leurre. Les
conserver permettrait même de
responsabiliser les collectivités qui
seront obligées de diminuer leurs
subventions tout en conservant une
compétence illusoire... Il faut donc
mettre en cause l’étranglement
financier.»
Le programme culturel
du PS ?
Vint ensuite, rapidement, le temps
des questions, dans une rencontre qui
se voulait ouverte. Elles furent
intelligentes, nombreuses, inquiètes.
Chacun semblait d’accord pour se
battre contre la réforme, le Synavi
appelant les députés à «voter contre
une loi qui renforcera les inégalités
territoriales», et demandant comment
agir. Mais chacun s’interrogea
également sur la pertinence des
politiques décentralisées de la
culture. Ainsi Raphaël Imbert,
directeur de Nine Spirit, remercia le
CG de programmer des actions
culturelles en collège, mais rappela
que les élus locaux ont tendance à
exiger des artistes des actions sans
rapport réel avec leur activité.
Annette Breuil, directrice des Salins,
rappela que les élus locaux, y compris
les
élus
PS,
diminuaient
régulièrement les budgets de la
culture, et que le PS au niveau
national «restait souvent silencieux
quant à son programme pour la
culture». Raoul Lay, directeur de
l’Ensemble Télémaque, s’excusa de
trouver le propos «un peu léger»,
demanda à Laurent Fabius de parler
en termes idéologiques, d’annoncer
des mesures et un programme,
rappelant que le monde culturel
attendait de la gauche qu’elle ait une
vision de la culture.
Laurent Fabius répliqua que le PS y
travaillait. Que la troisième étape de
la décentralisation n’était pas
envisageable si cette réforme
s’appliquait. Que «si on n’arrivait pas
à mettre un coup d’arrêt durant ce
mandat il faudrait y revenir après
2012». «Nos concitoyens ont de plus
en plus conscience des liens entre ce
qu’ils vivent et les phénomènes
nationaux», assura-t-il, et pour cela
il affirma «boire du petit lait quand il
entendait parler vraiment de
politique.» Le gouvernement agit
pour «le tout fric» et pour «le bénéfice
de 5% de la population, c’est
effectivement
une
question
d’idéologie.» Répondant donc aux
sollicitations sur une vision nationale
qui aille au-delà d’un simple combat
sur la réforme territoriale, il dessina
quelques lignes d’un programme «en
cours d’élaboration» visant à «renouer
le dialogue avec les artistes pour
remettre au centre la vie culturelle»,
«entrer dans une décentralisation
nouvelle avec plus de moyens
financiers et juridiques donnés aux
collectivités territoriales, sans diminuer
le rôle de l’État» et «une redéfinition
des missions du Ministère de la Culture
qui devra devenir aussi un ministère
des territoires.»
Sollicité, Laurent Fabius s’avança,
donc. «La culture est un pivot du
développement, y compris du strict
point de vue économique. Nous
voulons la mettre au centre du projet
tel que nous allons le bâtir.» Mais il
ne calma pas pour autant les
inquiétudes. Celles de Pierre Grafféo,
directeur du Sémaphore, qui
expliquait qu’en 2012 son théâtre
serait déjà mort. Ou de ceux qui
déplorent la paupérisation déjà à
l’œuvre pour tous les artistes : «dans
deux ans il faudra des années pour
remonter la pente.»
Le soupçon que le parti socialiste
s’interesse au monde culturel surtout
lorqu’il a besoin de son appui pour
combattre une réforme flottait
discrètement dans l’air. Reproche
injuste ?
AGNÈS FRESCHEL ET RENÉ DIAZ
08
POLITIQUE CULTURELLE
AP-HM
L’assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, avec ses 15000 agents, ses 3500 lits et plus
d’un milliard de budget, est le premier employeur de la région. Quand elle initie un projet culturel,
c’est avec une ampleur inaccoutumée : ses Conversations de Salerne sont ambitieuses,
et promettent de devenir dans les années à venir un laboratoire pertinent
Le corps
est esprit
L’idée est de construire une pensée autour de la
santé. Parce que les hôpitaux sont des lieux où des
questions existentielles cruciales se posent quotidiennement, interrogations liées à la naissance et
à la mort, au rapport au corps et au genre, à l’esprit et
à la santé mentale, à la foi aussi, historiquement.
Mais la référence à Salerne est loin d’être innocente:
il est aussi question de bâtir une culture méditerranéenne de l’hôpital, une alternative à
l’homogénéisation de l’OMS qui repose sur un
modèle économique et idéologique anglo-saxon.
De construire des rencontres médicales qui ne se
centrent pas sur la diffusion des techniques, des
savoirs et de l’hygiène, mais sur la place humaine
du patient à l’hôpital. Avec pour ambition affichée
de contribuer à infléchir le référentiel de l’OMS, afin
qu’il puisse «bénéficier d’un rayon de soleil du Sud.»
Dans ce projet-là, l’AP-HM n’avance pas seul :
centres universitaires, les Hôpitaux de Marseille
s’associent à l’Université de la Méditerranée et à
ses 74 labos, mais aussi aux hôpitaux universitaires
de Bab-el Oued (Algérie), Rabat (Maroc), Tunis
(Tunisie), Alexandrie (Égypte), Beyrouth (Liban),
Gênes (Italie) et Barcelone (Espagne). Les conversations auront lieu jusqu’en 2016 à Marseille chaque
année, et dans une des autres villes du pourtour
méditerranéen. Avec pour point d’orgue 2013, puisque le projet est labellisé par la Capitale Culturelle,
et un thème pour chacune des 16 conversations.
Les problèmes abordés mettront le patient et la
prise en compte de sa culture au centre des interrogations. Par exemple on se demandera quelle est
la culture alimentaire de l’hôpital, pourquoi les
repas y sont insipides, et si on ne peut y concevoir
une nourriture méditerranéenne qui échappe aux
normes gustatives anglo-saxonnes… À Beyrouth,
en novembre, il sera question de religions et de
spiritualité, à Rabat du Beau à l’hôpital, puis de la
prise en compte de la famille, de la diffusion des
savoirs thérapeutiques…
Le premier jour
Le 29 mai à l’Alcazar a donc eu lieu la première
conversation : L’Humain à part-entière. Il y fut
question le matin de «médicalisation et humanisation dans l’histoire de la médecine et de l’hôpital».
Pierre le Coz précisa les divers sens du mot
culture: la recherche de valeurs universelles
fondées sur les Humanités s’oppose aux cultures
anthropologiques particulières, mais la prise en
compte des diversités culturelles, leur étude
approfondie pourrait rejoindre l’universel et, en
© AP-HM
plaçant l’humain au centre, retrouver l’Humanisme.
Puis Rafik Khalil rappela l’histoire, les Grecs et leur
Asclopeion, les premiers hôpitaux publics musulmans, le moyen-âge en Europe et ses léproseries,
puis les premiers établissements ouverts conçus au
retour des Croisades… Quelques conceptions humanistes du soin furent développées : le courant
holiste qui appelait à un approfondissement du
rapport médecin/patient dès les années 30,
l’hygiène de l’eau en Tunisie, la prise en charge des
infirmiers, fondée sur le soin aux personnes et non
aux maladies…
L’après-midi fut consacré à des échanges autour de
l’éducation et l’art à l’hôpital. De la place des enseignants auprès des enfants malades, des «soins
culturels» auprès d’adolescents en difficulté psychi-
que. Christophe Haleb, chorégraphe, en résidence
à l’Hôpital Psychiatrique Montperrin (pavillon 3bisf),
expliqua l’importance de l’art en ces lieux, qui
parlent différemment du corps, de l’espace et du
temps.
Autant de Conversations qui ont donné à chaque
patient potentiel, puisque nous sommes tous un
jour ou l’autre voués à occuper ces lits de malades,
l’impression qu’il n’est pas perçu par l’univers
hospitalier comme une mécanique qui se coince,
mais comme un être symbolique doté d’un esprit et
de sens. Rassurant, et formidable.
AGNÈS FRESCHEL
www.ap-hm.fr
Pourquoi
Salerne ?
L’École a une légende idéale… Elle rapporte que le foyer médical de Salerne, ville de la côte amalfienne,
a été fondé conjointement par un Grec, un Romain (Salernus), un Juif et un Sarrasin à l’époque de la
chute de l’Empire Romain. Quoi qu’il en soit, à côté d’un hôpital bénédictin fondé au VIIe siècle, une
université est attestée dès le IXe siècle : on y traduit activement
les textes grecs, on y enseigne bien sûr, et on observe, examine,
soigne les patients, tout en rassemblant et diffusant les savoirs.
La médecine est pratiquée et enseignée par les deux sexes,
dépasse les doctrines religieuses, œuvre à ce que les langues de
publication ne soient pas un obstacle, et répand les pratiques
héritées ou découvertes. L’École de Salerne voit son apogée au
XIe siècle, avec l’arrivée de Constantin l’Africain, et la
publication par Trotula d’un traité des maladies des femmes…
Miniature représentant l'École de Médecine de Salerne à partir
d'une copie du Canon de la médecine d'Avicenne
MARSEILLE PROVENCE 2013 | MUCEM
POLITIQUE CULTURELLE
09
Investir pour 2013, et après
Il est plus que temps. De confirmer
clairement les engagements quant
aux investissements prévus pour
2013… et d’avancer les travaux.
Si Bernard Latarjet affirme qu’il n’y a «aucune difficulté
quant au budget de fonction-nement et au programme
des activités de préfiguration de 2013», s’il avance «ne
pas avoir d’inquiétude sur les engagements», l’État
devant confirmer son programme d’investissement
dans les prochains jours, ainsi que la Ville de Marseille,
il avoue aujourd’hui son «inquiétude quant aux délais».
La «gestion du compte à rebours est extrêmement
tendue. C’est encore jouable, mais de nombreuses
épées de Damoclès sont entre les mains des maîtres
d’ouvrage, et flottent au-dessus des têtes.»
Et lorsqu’on lui demande, étant donnés les problèmes
de la Criée, de l’Opéra de Marseille, les retards d’allumage du MuCEM etc… si des solutions de repli sont
prévues, sa réponse est claire «Nous réfléchissons forcément à des plans B, mais la grande expo par exemple
dépend de la rénovation du Palais Longchamp. Non
seulement aucun plan B n’est envisageable pour une exposition de cette ampleur, mais aucun échec n’est
possible. Vous imaginez-vous que nous puissions renvoyer les tableaux à l’Ermitage, au British Museum ou
au Moma avec un mot d’excuse ?»
Pourtant, il confesse que certaines difficultés proviennent d’un état d’esprit particulier à Marseille, qui transforme
l’inquiétude en une paralysie méfiante, et non en force
positive. Il est vrai qu’ici personne ne semblait croire
à la candidature, et que depuis chacun fait la moue
devant les avancées. «Il faut absolument coordonner
les projets, nous avons un besoin de cohérence et de politique commune qui sorte des prés carrés politiques»
affirmait Michel Pezet.
Car cette conférence de presse sur les investissements
pour Marseille 2013 avait lieu au Conseil général 13,
Michel Pezet voulant «lever les malentendus» sur la
confiance et l’engagement du CG envers l’association
Marseille Provence 2013. «Nous ne savons pas où en
est le calendrier, il n’y a pas de plan de financement
inscrit dans le temps. Mais cela concerne les engagements de la Ville de Marseille et de l’État : pour ce
projet c’est Monsieur Latarjet qui a tout fait, et il a toujours eu le soutien entier du Conseil général, depuis le
début de la candidature.»
Un soutien qui se traduit aujourd’hui en budgets supplémentaires : on sait que le Conseil général 13 a
maintenu les sommes globales allouées régulièrement
à la culture -investissement et fonctionnement- et voté
des budgets spécifiques de fonctionnement (12,5 Md’€)
pour Marseille 2013 sans entamer ces dépenses courantes. Jean-Noël Guérini annonce à présent «les
investissements spécifiques pour préparer 2013. Et
après !». Ces dépenses correspondent, pour Marseille,
«aux besoins dont a fait part Monsieur Latarjet» : le CG
financera à sa demande une partie du Palais Longchamp, de l’Ilot 3 de la Friche, de l’aménagement de
l’espace du J1, la salle de concert du Palais Carli
(Conservatoire) et cela pour un montant de 5 millions
d’euros, en dehors des 19,5 Md’€ du MuCEM (déjà voté).
L’autre partie des dépenses se concentrera sur la ville
d’Arles : outre les travaux du Museon Arlaten (30 Md’€)
et du Théâtre Antique (7 Md’€) déjà votés, «le Conseil
général votera le 18 juin une enveloppe supplémentaire pour l’extension du Musée départemental Arles
Antique». Les résultats formidables du MdAA, à la
grande pertinence, à la muséographie magistrale, aux
actions pédagogiques exemplaires, et au succès
phénoménal (216.000 visiteurs de l’exposition César)
expliquent cet investissement supplémentaire, financé
totalement par le Conseil général, et destiné en grande
partie à la barge romaine de 30m de long découverte
dans le Rhône, et qu’il conviendrait de sortir, de restaurer et d’exposer.
Une entreprise passionnante… qui ne suffit pas à expliquer le déséquilibre territorial : si Arles et Marseille
ont grand besoin du CG, elles ne sont pas les seules
qui nécessitent des investissements culturels. La
disparition de la taxe professionnelle va faire plonger
bien des territoires.
AGNÈS FRESCHEL
Regards neufs sur le MuCEM
En prélude à l’inauguration du Musée des
Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée en 2013, les jeunes créateurs
entrouvrent la porte du Fort Saint-Jean
pour 4 jours. Un événement car les ruines
du Fort sont rarement accessibles au
public. L’initiative est portée par Marseille Provence 2013 et s’inscrit dans le
cadre de la manifestation nationale Imaginez maintenant du ministère de la
Jeunesse et des Solidarités actives. Quel-
que 60 artistes âgés de moins de 30 ans
ont été choisis par un comité artistique
composé d’acteurs culturels du territoire
attentifs à mettre en valeur leurs projets et à créer des passerelles avec les
jeunes et le monde professionnel : ainsi,
de nombreux étudiants spécialisés en
arts et culture participent aux préparatifs de l’opération et contribuent à son
bouillonnement…
Au-delà des valeurs de transmission et
Les beatboxers
MicFlow et Tiko
© X-D.R.
de partage qui animent Imaginez maintenant, quid de la création ? Dès les
premiers instants, le collectif WagonLandscaping nous plonge dans «un
jardin éphémère, imaginatif et contemporain, inspiré des folies du 18e siècle»,
invitation à regarder différemment l’environnement naturel du Fort, terrasses en
pierre blanche, pelouses sèches et
ruines, revisité au travers d’un parcours
déambulatoire, sonore, visuel et aromatique. Surprises, surprises… La visite
continue avec le projet in situ de Last
Compagnie autour de sa prochaine création Une liquidation d’après un texte de
Liliane Giraudon (à découvrir à Act’Oral
2010), la programmation d’artistes de la
scène émergente régionale en musiques
actuelles (avec le festival Mimi). Avec
la projection en boucle à la Caserne de
8 courts et moyens-métrages (avec le
FID Marseille) ou encore les œuvres de
4 chorégraphes du bassin méditerranéen (avec L’Officina)… Jour et nuit les
formes artistiques se succèderont toutes les 30 minutes pour nous faire goûter
maintenant aux délices du futur MuCEM,
lieu emblématique de l’histoire et de
l’avenir de Marseille.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Comité artistique : actOral /
montévidéo, A.M.I, Daki Ling,
DFragment, FID Marseille, La MesÓn,
L’Officina / Festival Dansem, MuCEM,
OSF Production
Imaginez maintenant
Du 1er au 4 juillet
Fort St-Jean, Marseille
www.imaginezmaintenant.com
Une liquidation, Last Cie © Elise Tamisier
10
FESTIVALS
AVIGNON OFF
Complètement OFF !
Du 8 au 31 juillet, le Festival Off,
continue à multiplier spectacles et
événements (1100) avec plus de 900
compagnies dans 123 lieux (105 en
2009). Le Off dépassera-t-il également
le nombre de billets vendus en 2009,
soit 1,2 millions ?
Mené par l’association Avignon Festival
& compagnies, sous la présidence
désormais entérinée de Greg Germain,
le Off poursuit ses efforts de
coordination et de structuration. Au
risque de perdre quelquefois en qualité
artistique, il tente de devenir le plus
grand festival de théâtre du monde, en
rivalisant avec son principal concurrent,
le Festival Fringe d’Edimburg, qui
accueille 2000 spectacles en août.
Cette édition est dédiée à André
Benedetto : Greg Germain, rappelle que
le fondateur du Off «en présentant
Statues en 1966, a créé un appel d’air
dans lequel d’autres artistes se sont
engouffrés». Une exposition lui sera
consacrée à l’Espace Vaucluse.
Le Village du Off, situé dans l’école
Thiers, sera un nouveau lieu de réflexion
et de rencontre. Ouvert au public, aux
artistes, aux professionnels, il abritera le
Bar du Off, les débats professionnels et
les chroniques critiques, une salle
d’exposition retraçant 40 ans de théâtre
et de danse en Belgique Francophone,
des rencontres danse, des forums.
Les salles incontournables
Le programme papier, tiré à 130 000
exemplaires, ne sortant des cartons que
le 1er juillet et le 15 juin sur le site,
Zibeline a opéré une sélection forcément
non exhaustive de spectacles reconnus
ou alléchants, dans les théâtres établis
de la ville.
Au Théâtre des Carmes 6 spectacles
alimenteront le festival, dont l’Asticot de
Shakespeare avec Clémence Massart. En
clé de voûte et fin de soirée du 15 au
24, Urgent Crier, autour de l’œuvre
poétique de Benedetto mis en scène par
Claude Djian, avec chaque soir un thème
et des intervenants différents dont
Bernard Lubat et Philippe Caubère.
Le Théâtre du Chêne Noir, qui reste en
dehors de l’adhésion au Off, reçoit une
foule d’artistes : Jean-Michel Ribes,
Jérôme Savary, Romane Bohringer,
François Bourcier, Daniel Mesguich,
Marc Hollogne, Michel Dussarat, Diana
Dobreva, Patrick Robine… À noter, la
dernière création de Gérard Gélas avec
Olivier Sitruk et Jacques Frantz,
Ernesto Che Guevara, la dernière nuit et le
très sensible Carmenseitas d’Edmonde
Franchi, mis en scène par Agnès
Régolo, qui retrace la mémoire des
Simples mortels d’Alain Timar au Théâtre des Halles © Manuel Pascual
femmes ouvrières à la Manufacture des
tabacs de Marseille.
Alain Timar présente au Théâtre des
Halles ses deux dernières créations.
Simples mortels adapté du roman de
Philippe de la Genardière, un objet
étonnant entre dépression et lumière, et
Rhinocéros de Ionesco revisité en langue
coréenne (surtitré). 6 autres spectacles
seront présentés, dont Menschel et
Romanska de Hanokh Levin par la Cie
La jolie Pourpoise et La Madone des
Dancings par la Cie la Bouche d’ombre.
Sur la scène du Balcon, Serge Barbuscia
reprend J’ai soif et la Cie Uppercut Huis
Clos, dans une mise en scène simple
fondée sur le talent des jeunes acteurs,
qui tourne dans la région depuis trois
ans. À la Fabrik’Théâtre, qui vient
d’apprendre son interdiction d’organiser
des concerts et autres évènements trop
sonores, le festival continue avec
notamment 3 créations du Kronope dont
la dernière Rumeurs… Les possédées de
Loundun, entre vérité historique et
société d’aujourd’hui. Le Théâtre du
Petit Chien accueille Le Jeu de la
Mémoire de Gérard Vantaggioli, dans
lequel Stéphanie Lanier, seule en
scène, joue un voyage intérieur
captivant. Motobécane par la Cie
Macartan avec Bernard Crombey, succès
du festival 2009, y sera également
repris.
La scène belge des Doms a concocté à
nouveau un programme appétissant avec
pour la 1ère fois l’accueil d’un spectacle
jeune public, Boites du Nuna Théâtre, et
5 autres spectacles à aller voir les yeux
-presque- fermés. D’autant que les Doms
restent les seuls à accueillir les
compagnies dans des conditions
financières décentes… Mais le lieu
précisément dédié au jeune public, reste
le Festival Théâtr’Enfants, qui offre 14
propositions artistiques à partager en
famille, du 7 au 24 juillet. L’Auguste
Théâtre présentera L’Arche part à 8 h, et
le collectif 2 Temps 3 mouvements
reprendra sa remarquable création Sous
nos yeux.
DELPHINE MICHELANGELI
Festival Off, Avignon
Du 8 au 31 juillet
www.avignonleoff.com
Réjouissances alternatives
Plus éphémères ou plus confidentiels, certains lieux accueilleront
des compagnies qui méritent pourtant un éclairage fort et durable
Le Musée Fujak offre une programmation originale riche de
talents. Signalons, entre autres, un événement du 11 au 13
juillet Autour de la folie avec spectacles, films, débat et
performance, Les Phasmes, trio d’improvisation du collectif
Inouï les 21 et 22 juillet et Reconstitution de Gabily avec Alain
Cesco-Resia du 23 au 29.
La Manufacture pour la dixième saison, combine une
programmation pointue à un vrai lieu de vie et de rencontres,
avec notamment Christian Mazzuchini dans Mythomane
d’après Serge Valletti et les soirées Nightshot où se mêlent
théâtre, musique et vidéo.
Au Théâtre de la Poulie, la Cie du Grand soir débarque avec La
Vie de Galilée de Bertolt Brecht, un cabaret débridé, lyrique et
musical dans lequel on ne devrait pas s’ennuyer. De l’autre côté
des Remparts, la Cie Mises en Scène continue à affirmer ses
liens entre artistique et social avec sa nouvelle création La
Répartition des mouches de Jean Cagnard, mise en scène par
Michèle Addala, à l’Entrepôt. Tandis que le Théâtre des
Remparts accueille une mise en scène limpide et forte créée
au Gyptis à Marseille : La Chute de Camus, portée avec talent
par Philippe Séjourné, de la Cie Tetra Art.
La Cie Fraction de Jean-François Matignon présente au 23
place des Carmes La Peau dure de Guerin dans une version
déambulatoire en appartement. Du 9 au 11 juillet à la Maison
des Vins, la Cie de l’Imprimerie s’associe au Délirium et au chef
étoilé Christian Etienne pour créer Fables, un objet surprenant
et gourmand, véritable braquage des sens, qui réunit une
dégustation de 8 plats de maître, vins d’excellence et
comédiens fabuleux autour de la Fontaine.
La Cie Illico/Thomas Lebrun multiplie son ancrage dans le
festival en jouant d’une part dans le Off à l’Espace Pasteur
Allone #3 puis la Constellation consternée, et en intervenant
dans les Sujets à vif avec la création du solo Parfois, le corps
n’a pas de cœur.
Et une bonne surprise : le chapiteau Mazouing au centre de
loisirs de la Barthelasse renaît sous la houlette de la Cie Onstap.
Leur duo gagnant Parce qu’on va rien lâcher sera bien sûr
présent, à côté d’invités tout aussi talentueux, dont le génial
Hamid Ben Mahi dans La géographie du danger, un solo «coup
de poing» sur le parcours d’un sans-papiers.
DE.M.
La Peau dure au 23 place des Carmes © X-D.R.
AVIGNON
FESTIVALS 11
La performance dans le viseur
Du 7 au 27 juillet,
le 64e Festival d’Avignon,
dédié à Alain Crombecque,
directeur du festival de 1985
à 1992, entend réaffirmer
sa place de laboratoire
de la création contemporaine
En associant le metteur en scène suisse Christoph
Marthaler et l’écrivain Olivier Cadiot, deux artistes qui
circulent hors des sentiers balisés du théâtre, les
directeurs du Festival désirent sans doute retourner aux
fondamentaux qui ont fait la réputation d’Avignon : un
goût du risque, de la performance, de la danse, un
appétit de nouveaux talents et un intérêt affirmé pour
les représentations du monde.
Du côté des textes
Le répertoire a néanmoins une place dans cette édition,
notamment avec la reprise de La Tragédie du Roi Richard
II, créé en 1947 par Jean Vilar, dans la Cour
d’Honneur. Denis Podalydès, dans le rôle-titre du
spectacle mythique du festival, sera mis en scène par
Jean-Baptiste Sastre, qui s’appuie sur une nouvelle
traduction de Frédéric Boyer. François Orsoni monte
Baal de Brecht avec Clotilde Hesme et Valérie Dreville
revient avec Didier Galas, dans Délire à deux de
Ionesco. Le Procès de Kafka sera revisité «façon Buster
Keaton» par Andreas Kriegenburg. Et le metteur en
scène flamand Guy Cassiers revoit L’Homme sans
qualités de Robert Musil : un monument de la
littérature par un des plus grands metteurs en scène
actuels, à l’écriture scénique proprement bouleversante.
Quant à Stanislas Nordey, un autre habitué du festival,
il «fait le pari d’une aventure un peu commando» avec
My Secret Garden, sur un texte de Falk Richter.
Mélange de genres
Les artistes associés, aux univers opposés mais
finalement très complémentaires, ne s’étaient jamais
éprouvés avant cette édition. À eux deux, ils vont
«musicaliser» le festival et lui offrir, de surcroit, de
belles échappées humanistes.
Christoph Marthaler, dont l’univers est pétri d’airs
d’opéra fredonnés, d’un imaginaire d’entomologiste
expérimentateur, et de références visuelles décaties,
inaugurera le festival avec sa scénographe Anna
Viebrock, en créant un mini-événement inspiré et créé
exclusivement pour la Cour d’Honneur : Papperlapapp.
Puis l’intrigant Schutz vor der Zukunft (se protéger de
l’avenir), monté à l’origine dans un hôpital à Vienne,
sera repris dans un dispositif déambulatoire au Gymnase
du collège (très) privé Champfleury, un nouveau lieu
extra-muros.
Olivier Cadiot, qui verse nettement plus dans l’écriture
textuelle, s’avancera pourtant lui aussi sur des
territoires moins écrits : après avoir fait une halte dans
le décor de Marthaler au Palais des Papes avec une
lecture de l’Affaire Robinson, crée une boite à images
dans Un Nid pour quoi faire avec 9 acteurs
performers, autour de l’histoire un peu folle de l’exil
d’un roi d’aujourd’hui au Gymnase Gérard Philipe. Il
monte ensuite, avec son complice Ludovic Lagarde, le
La danseuse malade, Boris Charmatz © Fred Kihn.
monologue Un Mage en été, «une drôle de chose entre
livre ouvert et performance» interprété par son double
scénique Laurent Poitrenaux, à l’Opéra théâtre du 21
au 27.
Performance, danse et rock
Rodolphe Burger est le ciment rock de cette édition.
Plusieurs rendez-vous, sans compter la création
musicale du Nid de Cadiot, vont ouvrir sans aucun doute
le festival à un nouveau public. Un Bal du 14 juillet sur
les bords du Rhône en entrée libre, la reprise du
Cantique des Cantiques le 16 (créé à l’origine pour
Bashung) au temple St Martial (un coup de fouet au
Cycle de Musiques Sacrées !) et un singulier Concert
Dessiné à la Cour le 24 juillet. Pascal Dusapin, musicien
rôdant parfois hors des chapelles françaises de la
musique contemporaine, sera également de la fête, avec
un Concert le 19 juillet au Cloître des Carmes.
Puis, un véritable défilé d’artistes performers, dans des
styles différents et souvent radicaux, sur les planches
du festival. L’espagnole Angélica Liddell («pour ceux
qui veulent vivre des expériences physiques fortes»)
livrera une geste artistique de 5 heures sur la violence
faite aux femmes dans La Casa de la Fuerza. Massimo
Furlan revisitera l’événement de l’Eurovision avec 1973.
La plasticienne chorégraphe Gisèle Vienne créera This
is how you will disappear. La bande déjantée de
Philippe Quesne, proche de la démarche de Marthaler,
fera le buzz, on l’espère, comme l’an passé avec La
Mélancolie des Dragons, avec Big Bang. Julie Andrée T.
divaguera sur le Rouge dans une expérience plastique et
Jean-Lambert Wild offrira une Fable d’après la Chèvre
de Monsieur Seguin au Gymnase Mistral.
Côté danse le Festival renoue avec une programmation
ambitieuse et variée, avec trois chorégraphes
incontournables Anna Teresa De Keersmaeker, Josef
Nadj et Alain Platel (qui inaugurera une nouvelle salle
du festival à Vedène du 9 au 12 juillet), puis le groupe
acrobatique de Tanger, toujours sublime, les
recherches facétieuses de Pierre Rigal. Quant à Boris
Charmatz, l’artiste associé 2011, il présentera deux
facettes de son travail, dont La danseuse malade avec
Jeanne Balibar.
Et encore…
Pour finir but not least : le Festival d’Avignon donne
toujours l’occasion d’assister à des cycles passionnants
de lectures, à des petites formes de danse, à des expos
(voir p 65), à des rencontres (voir p 74), théâtre d’idées
ou prise de paroles des artistes quant à leur travail. C’est
là aussi (surtout ?) que le théâtre de demain se pense
et se fabrique. Ne vous privez pas de ces bonheurs
offerts en journée…
DELPHINE MICHELANGELI ET AGNES FRESCHEL
Festival d’Avignon
Du 7 au 27 juillet
04 90 14 14 14
www.festival-avignon.com
12
FESTIVALS
THÉÂTRE
Chartreuse pointue
et 4 sept., dans le cadre du 20e anniversaire d’Inouï
Productions, le groupe inclassable Volapük en
concert et les performances musicales de Piero
Coiffard dans Répercussions.
DE.M.
Cloitre St-Jean © X-D.R.
Pour la 37e saison, le Centre national des écritures
du spectacle de la Chartreuse a concocté du 7
juillet au 4 sept. un programme riche de parcours
artistiques transdisciplinaires et de talents novateurs, voire performers. À noter le renouvellement
de la collaboration avec le Festival d’Avignon, dont
le spectacle La Mort d’Adam (deuxième mélopée de
l’Hypogée) de Jean Lambert-Wild créé du 8 au 15
juillet et Car j’étais avec eux tout le temps, un
parcours sonore de Sébastien Roux et Célia Houdart,
avec Laurent Poitrenaux.
Une pléiade d’expérimentations, très technologiques, sont programmées en ces murs médiévaux
peuplés de silence et de chapitres sans voix : Le
Bardo par la Cie Haut et court, pour 1 spectateur
toutes les 6 minutes ; Distorsions urbaines, une installation performance du groupe t.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e
2010. Tout le mois de juillet, dans le cadre de Théâ-
Rencontres d’été
Du 7 juillet au 4 sept
La Chartreuse, Villeneuve-Lez-Avignon
04 90 15 24 24
www.chartreuse.org
tres du Globe, auront lieu des micro-débats, des
échanges avec le public, des lectures, des installations, dont Astéroïde, performances avec mon
ordinateur conçu par Valérie Cordy. À noter, les 3
Le courant passe
Festival Contre courant 2009 © Eric Raz
Les Comités d’entreprises sont
aujourd’hui fort rares à faire leur
travail culturel, préférant promouvoir
des artistes Zenith que la création
contemporaine ! Le CCAS, Caisse
Centrale d’Activités Sociales des
personnels
électriciens-gaziers,
persiste dans les hautes missions
d’éducation populaire, et de soutien à
la création, que s’étaient fixés les CE
dans les années 70, en particulier en
proposant chaque année depuis 7 ans
un Contre courant passionnant, lieu
où la réflexion sur l’art n’est jamais
éloigné du politique, et du social.
Pour preuve cette année encore ? Un
Brecht, Jean la Chance de la Cie
Villeneuve en scène s’affirme aujourd’hui comme l’événement phare du
Théâtre Itinérant. De l’autre côté du Rhône, à Villeneuve les Avignon, sous
la Chartreuse, hors du four (passionnant !) du festival et du off, Villeneuve en
scène propose une autre pléthore, mais avec un sens différent de l’accueil : des
chapiteaux, des guinguettes, des spectateurs assis en famille sur l’herbe haute
entre deux spectacles… mais surtout 25 spectacles de choix jouant presque
tous les jours de 10h à minuit, une journée professionnelle, trois belles
propositions jeune public… Au programme ? Le Buchinger’s boot marionette
qui revient, un texte inédit de Vaclav Havel, Kaina Marseille de Catherine
Zambon, les ArTpenteurs qui montent le délicieux texte de Roy Lewis Pourquoi
j’ai mangé mon père… du théâtre visuel, du théâtre de texte, et beaucoup
d’histoires venues du monde entier et transportées avec enthousiasme et
générosité !
A.F.
Villeneuve en scène
Du 3 au 23 juillet
04 32 75 15 95
www.villeneuve-en-scene.fr
Du theatre in vivo avec Opera Pagai © X-D.R.
L’itinérance se pose
Nénéka, Rosa la Rouge de Claire
Diterzi et Marcial di Fonzo Bo, des
fables sur la perception de l’art (Le
RoOua ou le peuple des rois), une
journée avec Villeneuve en scène
(avec L’opéra Pagaï et la Cie
Oposito). Tout cela en entrée libre
(sur réservation !), sur l’Île de la
Barthelasse, entre deux mondes,
avec deux ou trois propositions par
soirée.
A.F.
Contre courant, Avignon
Du 9 au 17 juillet
06 80 37 01 77
www.ccas-contre-courant.org
Grand public
dans les Cours
Les Trois Mousquetaires © R. Dauphin
Depuis vingt et un ans, à quelques pas
de la suractivité avignonnaise, le
festival Théâtre Côté Cour, à Salon, promeut un théâtre populaire au rythme
d’un spectacle tous les deux jours. Il
offre ainsi un rendez-vous grand public
alliant plaisir et exigence dans le cadre
exceptionnel des Cours d’Honneur et
Renaissance du Château de l’Emperi.
Au programme cette année, du théâtre
classique et musical, quatre pièces à
commencer par la création 2010 de la
Cie Comédiens et Compagnie, La Nuit
des rois de Shakespeare, qui fait l’ouverture le 5 juillet : les douze comédiens
allient jeu de masques, danses, acrobaties et musique avec la farce et la
poésie dans un spectacle total. Puis le
8, les fameux Trois Mousquetaires se
trouveront transformés par une mise en
scène moderne, mais toujours en
costume et fidèle au texte de Dumas,
de la dynamique et ludique Cie Qué
Séra. Avant-dernier spectacle, le 10, Un
de la Canebière, l’opérette marseillaise
de Vincent Scotto est complètement
dépoussiérée par la troupe des Carboni: Fred Muhl signe-là une mise en
scène vive, rythmée, enjouée qui
touche au but, l’émotion se transformant souvent en éclat de rire général.
Puis place aux stars pour clore le festival, le 12, avec un classique du vaudeville,
Chat en Poche de Georges Feydeau :
Valérie Mairesse, Jean Benguigui, Arthur
Jugnot, Gérard Rinaldi… joueront des
quiproquos autour d’un Faust d’anthologie !
DO.M.
21e festival Théâtre Côté Cour
Du 5 au 12 juillet
Château de l’Emperi, Salon
04 90 56 00 82
http://theatrecotecour.perso.neuf.fr
Douces nuits…
Le Festival des nuits de l’Enclave des
Papes embrasse tout autant le théâtre
que la musique, la littérature que la
peinture. Par la voix de Marie-Christine
Barrault, les poèmes de Robert et Clara
Schumann rencontrent le quatuor Ludwig, celle de Francis Huster fait renaître
La Traversée de Paris de Marcel Aymé.
Quand ce n’est pas Knock de Jules Romains qui prend corps avec le théâtre
Kronope (voir Zib’17) ou Albert Camus
avec la Cie Tetra-Art (La Chute, voir
Zib’24). Nuits de la littérature ou Nuits
théâtrales ? toujours le même amour du
texte avec la création Madame Shakespeare, lettres imaginées par Anca Visdei,
où l’on retrouve deux acteurs aux
Molières : Sonia Vollereaux et Nicolas
Vaude. La musique aussi berce les nuits
à l’heure où l’on inaugure l’orgue
restauré de l’église Notre dame de
Nazareth, où Coline Serreau fait chanter
sa chorale du Delta et le Congo Square
swinguer les rues. Bien avant que l’Antioch Chambers Ensemble ne clôture
les festivités… Entre deux représentations, on pourra participer aux conférences
de Jean Lacouture et Bruno de Cessole,
déambuler dans la cité au rythme du
grand orchestre de Michel Zenino ou
découvrir au Salon de l’Enclave les
œuvres d’Yvon Taillandier et les sculptures de Jean-Alexandre Delattre. Le
thème de l’exposition ? La musique, le
théâtre, l’écriture et la peinture bien
sûr !
M.G.-G.
Festival des nuits de l’Enclave
des Papes, Valréas
Du 16 juillet au 15 août
04 90 28 12 51
www.festivaldesnuits.com
14
FESTIVALS
DANSE
Un festival d’exceptions
Vaison Danses fête ses 15 ans dignement avec un programme de choix.
Dans un des plus beaux théâtres romains de la région, le Festival poursuit
la politique qui a fait son succès, en
proposant des spectacles qui peuvent
ravir un public large, du touriste international aux habitants de cette
Provence vallonnée… tout en misant
sans concession sur une exigence esthétique chorégraphique et musicale :
quiconque a assisté aux éditions précédentes sait la grande qualité technique
de ces représentations où l’équilibre
sonore n’a rien à envier à la précision
des éclairages. Un travail de pros,
envié par bien des festivals.
Le programme est à la hauteur du
perfectionnisme technique : côté
international, le festival de Vaison-laRomaine s’ouvre le 9 juillet avec
l’univers indien de Madhavi Mudgal,
qui avec sa création pour 26 danseuses
reste la meilleure ambassadrice du
style Odissi, plurimillénaire. Le Fuenteovejuna de la compania Antonio
Gades mêle, quant à lui, flamenco et
danses espagnoles (les 21 et 22
juillet), tandis que l’Africa Umoja (27
juillet) nous plonge dans l’énergie tellurique des danses Zoulou sud-africaines.
Trois propositions accompagnées de
musique live, spécificité trop rare…
L’univers contemporain de Sidi Larbi
Cherkaoui, qui depuis quelques années
explore les échos traditionnels qui
peuvent nourrir sa danse, rencontre
celui de Maria Pages : ils ont élaboré
un flamenco fluide comme le sable,
pour explorer des dunes communes
(Dunas le 19 juillet). Le Ballet Preljocaj,
heureux familier de ce théâtre magique,
vient danser son programme Stravinsky :
Noces et Le Sacre du printemps (le 16
juillet), sans musique live, mais avec
la violence émouvante des corps qui
Madhavi Mudgal & Dancers © Ajay Lal
Vaison danses
Du 9 au 27 juillet
04 90 28 74 74
www.vaison-danses.com
s’affrontent avec les élans de leur
désir, dans un univers trop champêtre,
ou sur des bancs de bois… Et puis il
y aura le Cirque invisible, spectacle
magique, tout public mais réservé aux
poètes : Jean-Baptiste Thiérrée et
Victoria Chaplin restent, après 30
ans, de sublimes maîtres d’œuvre (les
12 et 13 juillet)… A.F.
Développement décentralisé
Cie Dorina Fauer © D. Fauer
Non content de produire chaque année, l’hiver, un
des festivals de danse contemporaine les plus
aventureux qui soit, le Centre de développement
chorégraphique Les Hivernales prend depuis 2005
ses quartiers d’été en invitant chez lui, durant deux
semaines au cours du Festival d’Avignon, des
compagnies promues par les régions… voisines
d’une manière ou d’une autre ! Ainsi le Piémont, qui
n’est pas loin, et la Wallonie (le théâtre des Doms
est tout proche, qui programme du théâtre belge) et
bien sûr le Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes,
promeuvent chacun une ou deux compagnies qui
travaillent dans leur territoire. Quoi de mieux pour
décentraliser les échanges ? Les Hivernales servent
donc chaque jour de plateau interrégional de la
danse… Cela commence dès 10h avec la Cie
piémontaise Tecnologia Filosofica, puis à 11h30 le
Collectif 2 Temps 3 Mouvements (PACA) qui
présente une malicieuse Stratégie de l’échec (voir
Zib’24). On retrouve également le monde particulier
de Fabrice Ramalingon (Languedoc-Roussillon) et
Espaço Contratempo, la création 2009 de Kubilai
Kahn Investigations (voir Zib’25). Pour finir vos
soirées à 21h la Cie Dorina Fauer dans un trio de
danseurs acrobates : la programmation de danse
belge, élaborée avec le voisin des Doms, est
toujours fructueuse… Et bien sûr, comme toujours
aux Hivernales, des stages émaillent les journées,
et des rencontres nombreuses font parler la danse !
A.F.
Quand les régions s’en mêlent
Les Hivernales, Avignon
Du 11 au 23 juillet (relâche le 17)
04 90 82 33 12
www.hivernales-avignon.com
Bienvenue chez vous
Cie M'Bolo © X-D.R
Le titre du festival peut paraître bien
modeste… Mais Danser dans le canton
signifie vraiment inscrire l’art dans la
réalité d’un territoire. En travaillant
avec les enfants de Jouques, mais
aussi en tournant en Afrique, la Cie
Campo fait des rencontres, qu’elle met
en rapport avec l’histoire et le patrimoine du pays où elle vit. Ainsi de la
pièce C(h)oeur de pierre qui prend ses
appuis dans les murs médiévaux et les
décors naturels, et la musique de
Baroque Graffiti ; la Cie Campo invite
aussi d’autres artistes à rejoindre sa
démarche : la Cie le Souffle avec un
Malade imaginaire très remuant, la Cie
Marie Hélène Desmaris, qui propose
aux enfants un conte dansé japonais,
et la Cie Gabonaise M’Bolo, qui travaille sur un mythe des origines qui
rejoint par certains aspects la démarche de C(h)oeur de pierre.
A.F.
Danse dans le canton
Meyrargues, Peyrolles, Saint-Paul
les Durance, Pertuis
du 24 juin au 31 juillet
04 91 42 21 46
http://cie.campo.free.fr
PLURIDISCIPLINAIRE
FESTIVALS
15
Le Var met son été en quatre
création d’Oïnos dans l’Atrium du Conseil général :
300 enfants des écoles du Var encadrés par quelques
chœurs constitués et Musicatreize créeront cette œuvre
Le SNOB et Cie Glisssssssssendo © Vincent Lucas
Attentif à la spécificité de son territoire, vaste et
contrasté par ses paysages et ses populations, le
département du Var conçoit depuis plusieurs années
des événements culturels qui irriguent ses pays enclavés
et s’adressent à tous : en été, plus de 50 manifestations
sont offertes aux habitants, mais aussi aux nombreux
touristes. Horace Lanfranchi, Président du Conseil
général du Var, précise clairement son objectif, qui est
de «mettre la culture à portée du plus grand nombre» en
diminuant «les obstacles financiers» et «l’éloignement
géographique». Et pour cela, cette année, un nouveau
festival s’ajoute aux trois tournées estivales.
Les 25 et 26 juin la ville de Toulon va animer ses places,
ses ruelles et ses marchés grâce au savoir-faire de Lieux
publics, Centre National des Arts de la Rue : au
programme, après deux jours d’interventions urbaines
discrètes pour entrer dans l’ambiance (les 23 et 24
juin), la fanfare glissante de Glissendo, la dernière
création de Kubilaï Khan Investigations (voir p 40),
un concert de public initié par Pierre Sauvageot, un
FlashRue où Caroline Selig entraîne les volontaires dans
des actes incongrus qui secouent les habitudes… En
tout une trentaine de compagnies, venues de toute
l’Europe et des rives méditerranéennes, pour la première
édition d’un festival destiné à grandir.
Autre forme d’intervention durant ce week-end : la
de François Rossé, reprise le lendemain à Marseille.
La tournée départementale des arts de la rue, organisée
par Karwann, a débuté le 5 juin et se poursuit jusqu’au
20, avec la Cie Transphalt, l’Orphéon Théâtre et le Bus
expo (voir Zib’ 29) : Saint Maximin (le 19 juin) et Le
Cannet des Maures (le 20 juin) accueilleront ces
journées poétiques et pédagogiques, relevant d’une
autre conception de l’art en espaces publics.
Comme chaque année lui succèdera la Tournée Opéra :
c’est l’ensemble de la Maison toulonnaise qui part sur
les routes, en commençant par le Ballet le 3 juillet à La
Celle, le 8 à Régusse, le 11 au Plan de la Tour, et en
continuant par l’Orchestre : Flayosc le 16, Cabasse le
18, Cuers le 20 et Tourrettes le 21. Enfin, pour
conclure, dans l’immense basilique de Saint Maximin,
le Choeur se joindra au Chœur régional PACA pour
interpréter Marie Magdelena de Massenet (le 21).
Pour le troisième temps de cette valse, la passionnante
Tournée Jazz en août… nous y reviendrons !
A.F.
En lieux et places de Toulon
Du 23 au 26 juin
Tournées départementales d’été, Var
Jusqu’au 27 août
www.var.fr
Les mômes font leur festival
À Auriol et Aubagne, Festimôme réinvente l’espace
urbain par le spectacle à travers 40 représentations
gratuites dans les rues, les jardins et sous chapiteaux.
9 lieux pour accueillir 7000 festivaliers curieux de
découvrir l’inventivité de 13 compagnies venues
Juan Postcard © X-D.R.
coups de poing (Et ta Sœur ?). La carte de France se
dessine avec Fanfan la Marguerite et son Le mini
cabaret, le conteur Philippe Allari, Momo seul avec sa
guitare (Une journée dans la vie de Colia), la ménagerie
de puces savantes de la Cie Les petits miracles, Big
Noise et son Train d’en(fer)faire ou encore Nacim
Battou et son Premier pas bourré d’énergie hip-hop. Le
OFF, lui, accueille les enfants des centres aérés
d’Aubagne, son Festiminimôme pour les tout-petits de
3 mois à 4 ans, avec la complicité de la Cie Tapage
piéton et de l’association Au bout du conte.
d’Europe et d’ailleurs. De quoi transformer les enfants en
adeptes de l’art, d’autant que Festimôme ménage une
scène à ciel ouvert où ils peuvent s’initier à différentes
disciplines, participer à des jeux anciens et, surtout,
rencontrer vraiment les artistes. Car le môme est un
spectateur avisé dont les questions surprennent souvent
les grands !
Dans cette déferlante de saltimbanques qui compose la
cartographie du IN, on lorgnera du côté de l’Espagne
avec Los 2 Play qui fait son Comeback en écrivant «un
nouveau chapitre de l’histoire du cirque» et Sebas qui
mêle dans Gestio théâtre d’objets, cirque et ancien
théâtre forain. De l’Argentine aussi avec les circassiens
d’Eguap pour une Rodando a saco vertigineuse, et de la
Belgique représentée par Les Daltoniens, vices
champions du monde de human beatbox 2006 (Tag) et
Les royales Marionnettes qui n’ont pas peur de donner
en public un pugilat familial en deux actes et trois
M.G.-G.
Festimômes
Du 19 au 21 juillet, Auriol
Du 28 au 30 juillet, Aubagne
www.arteuro.fr
Pour la 4e année consécutive, le festival de l’Etang d’Art
prend ses aises à Saint-Chamas, proposant, sur trois
lieux distincts -le terrain de boules, la Poudrerie et
l’Ecole du Port, un marché du monde et solidaire, une
guinguette et ses apéros-concerts, un salon Aménager
et construire durable, des après-midi consacrés au
théâtre et, bien sûr, des soirées-concerts fournies. Cette
année, notez la création d’un «village festival» qui
regroupe l’espace jeunesse, le marché du Monde et
solidaire, la guinguette. Au menu, les plateaux-concert
(avec, entre autres, la venue de Rona Hartner, des
Patates Rats ou de The Washing Machine Cie), la fanfare
dans les rues de la ville, dès 11h le 3 juillet, l’espace
jeunesse et ses animations-jeux… Notez aussi les
plateaux théâtre à la Poudrerie, avec les sketchs de
L’Atribu (le 3 à 14h30 et le 4 à 16h30), la dernière
création de Christine Hinque, Tabous, (le 3 à 14h30 et
le 4 à 11h), le cabaret La Vie de Galilée de Brecht de la
Cie Le Grand Soir dans lequel joue notre collaborateur
philosophe Régis Vlachos (le 3 à 16h30), ou encore le
retour de la Cie Kamaléon avec Odalo (le 4 à 11h et
16h30) et les impros de la Cie A l’Improv’istres (le 4 à
14h30). Laissez-vous charmer, vous avez de quoi faire !
DO.M.
Festival de l’Etang d’art
Les 2, 3 et 4 juillet,
Saint-Chamas
06 85 42 37 03
www.etangdart.fr
Rona Hartner © Amanda Rougier
Culturel et durable
16
FESTIVALS
MUSIQUE LYRIQUE
L’estampille Foccroulle
Quatre nouvelles productions lyriques et la commande
d’un opéra de chambre en création mondiale font
l’affiche du Festival d’Aix
Avec l’aboutissement de la Tétralogie l’an
dernier et l’adieu au Berliner Philharmoniker, la page Lissner semble définitivement
tournée à Aix et Bernard Foccroulle imprime son sceau exclusif à la 62e édition
du festival d’art lyrique.
C’est à la sauce baroque que sont naturellement mitonnés l’«Acte de ballet»
Pygmalion et les fragments d’Hyppolite
et Aricie de Rameau dirigés par l’inoxydable William Christie, ses Arts
Florissants et Sophie Karthäuser comme
soprano de proue. On retrouve Trisha
Brown, (depuis son mémorable Orfeo)
pour une mise en scène «chorégraphique» qui fait sa marque de fabrique.
La présence dans la fosse du Freiburger
Barockorchester indique assurément
que le Don Giovanni mozartien et l’Alceste de Gluck pencheront du même
versant. On attend pour le «Fourbe de
Séville» une vision dynamisante du
metteur en scène prodige russe Dmitri
Tcherniakov (direction Louis Langrée
et Andréas Spering) et la soprano Véronique Gens dans le rôle de l’«Orphée au
féminin» (mise en scène Christof Loy et
direction Ivor Bolton).
Le XIXe siècle étant, cet été, banni des
plateaux aixois, on effectue un bond
séculaire pour découvrir le fantastique
conte lyrique Le Rossignol (1914) de Stravinsky: l’oiseau enchanteur imaginé par
Andersen est flûté par la séduisante
soprano russe Olga Peretyatko alors que
le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra national de Lyon sont dirigés par Kazushi
Ono, pour une mise en scène fabuleuse
et féerique du québécois Robert Lepage.
Le Conte moderne Un retour d’Oscar
Strasnoy (parmi les sept commandés par
Musicatreize et Roland Hayrabedian)
voit son destin magnifié par une création scénique durant le prestigieux
festival aixois. Les marseillais en ont
découvert, en mars, une version musicale (voir Zib’ 28). La mise en scène de
Thierry Thieû Niang devrait exalter le
texte d’inspiration antique d’Alberto
Mangel et une partition qui «fait la part
belle aux percussions… à la luminosité
des deux pianos» et dont «l’orchestration
réverbère cette clarté en miroir au duo de
trompette et trombone, fil conducteur du
tissu instrumental.»
Le Rossignol et autres fables de Stravinsky © DR M. Cooper
Concerts
Un nouveau cycle de résidence symphonique est initié pour quatre ans. Le
London Symphony Orchestra dirigé par
Sir Colin Davis joue avec la soprano
Sophie Koch (Nuits d’été de Berlioz, le
17 juillet) et le violoniste Nikolaj Znaider
(Concerto de Beethoven, le 18 juillet).
Une série de concerts est proposée aux
festivaliers en parallèle aux productions
d’opéras. On y découvre de jeunes musiciens «Lauréats HSBC» de l’Académie
Européenne de Musique ou «Révélations de l’ADAMI», à côté d’Eric Le Sage
et Helmut Deutsch (pianos) pour un
hommage à Schumann (11 juillet), Jordi
Savall et Hesperion XXI pour un florilège méditerranéen (14 juillet), le Gabrieli
Consort dans Monteverdi (15 juillet) et un
immanquable récital du baryton Matthias
Goerne dans Schumann et Brahms (19
juillet).
JACQUES FRESCHEL
Festival d’Aix
Grand Théâtre de Provence,
Archevêché, Grand Saint-Jean
du 1er au 21 juillet
08 20 922 923
www.festival-aix.com
Voix et Voies
Vocal Deliria Extended, né de la rencontre de quatre chanteurs d’influences diverses,
nous conduit vers un mode oral singulier : le Camerounais Gino Sitson,
l’improvisatrice Emilie Lesbros, la Grecque Maria Simoglou et le contre-ténor
Alain Aubin ouvrent et bouclent le 7e festival De Vives Voix (le 1er juillet à 21h à
l’Auditorium de la Cité de la musique et le 9 juillet à 22h15 au Théâtre de la
Sucrière, 15e arr.). Entre-temps, on découvre des Chants de la Mer Noire (le 5 juillet
à 21h à l’église St Laurent), quand Lo Cor de la Plana et l’occitan Manu Théron,
Anis del Mundo (Sylvie Paz et Bruno Allary) présentent leur dernière création
avant Kabbalah et leur Klezmer revisité (le 8 juillet de 19h30 à 0h30, la Sucrière).
Le dernier concert affiche aussi Fred Nevchehirlian en quintette pour des titres
de son album Monde nouveau, Monde ancien (le 9 juillet à 20h30, la Sucrière).
J.F
De Vives Voix, Marseille
du 1er au 9 juillet
04 91 62 78 57
www.lesvoiesduchant.org
Pauline enchanteresse
À la suite de Djamileh de Bizet en 2009 (voir Zib’ 22),
l’association qui fait vivre l’Opéra au village de Pourrières retourne à la source de Pauline Viardot après la
représentation en 2008 de son «opéra de salon» Cendrillon composé en 1904.
Pauline Viardot (1821-1910) triompha, comme sa sœur
La Malibran, sur les scènes européennes dans Rossini,
Meyerbeer, Gounod… C’est une figure féminine importante et méconnue de l’histoire musicale. Ses multiples
talents de pianiste, cantatrice, pédagogue et compositrice
fascinèrent ses contemporains qui fréquentaient régulièrement ses salons, de Tourgueniev à Saint-Saëns, Berlioz,
Liszt, Clara Schumann, Delacroix, George Sand…
C’est avec curiosité qu’on attend les représentations
d’un opus oublié que la musicienne composa lors de
son exil à Baden Baden (créé en 1867 à la cour du roi
de Prusse) alors qu’elle fuyait Napoléon III. Le dernier
Sorcier est plein de légèreté et de fantaisie et la mise
en scène signée Bernard Grimonet souligne les
références au Second Empire et l’esprit bouffon proche
d’Offenbach. La distribution (Pierre Villa-Loumagne,
Premiere repetition © X-D.R
Bérengère Mauduit, Cyril Costanzo, Céline Laly,
Camille d’Hartoy, Laury Littolff), en partie constituée
de jeunes talents du CNIPAL et l’orchestre, réduit à six
instruments, sont dirigés par Luc Coadou.
Et chacune des représentations est précédée d’un repas
gastronomique et convivial, sous les arbres, devant le
couvent rénové où ont lieu les représentations, au
parfum enchanté des soirées d’été provençales.
JACQUES FRESCHEL
Le dernier Sorcier
Conférence les 5 et 6 juillet
Représentations les 15, 17, 19, 21 et 23 juillet.
Couvent de Pourrières (83)
06 98 31 42 06
www.loperaauvillage.fr
Le cru d’Orange
©Yves Berge
Raymond Duffaut, directeur général
des Chorégies, a présenté dès avril
l’édition 2010 de ce Festival prestigieux dans les salons du magnifique
château de Beauregard (Jonquières,
Vaucluse). Au programme, les plus
grandes voix lyriques : Roberto Alagna et Catherine Naglestadt dans
Tosca (15 et 18 juillet), deux jeunes
talents au devenir lumineux dans
Mireille, Nathalie Manfrino et Florian
Laconi (4 et 7 août), un récital exceptionnel, duo de feu avec Nathalie
Dessay et Juan Diego Flores (17
juillet), et le concert symphonique
emmené par le brillant pianiste turc
Fazil Say, qui s’attaque au 1er concerto
de Tchaïkovski (6 août). Au pupitre
quatre chefs reconnus de la nouvelle
génération : Mikko Franck, Alain Altinoglu, Giovanni Antonini, Kwamé
Ryan, dirigeront deux orchestres majeurs, le Philharmonique de Radio
France et Bordeaux-Aquitaine. On
saluera l’enthousiasme et l’engagement
de M. Duffaut lors de la conférence :
il a rappelé que les Chorégies sont
auto-financées à 85% ! Et cité les
aides : Conseil général du Vaucluse,
Conseil régional Provence-Alpes Côte
d’Azur, Ministère de la Culture et de la
Communication, Caisse des dépôts,
espérant bien sûr un plus de la Ville
d’Orange, si particulière… Pour la
mise en scène de Mireille, Robert
Fortune, né à deux pas de Maillane,
proposera «un chant d’amour à la
Provence.» Nadine Duffaut signera
une Tosca sobre mais engagée avec
un Scarpia plus complexe, insistant
sur le personnage de Tosca, superbe
musicalement mais nombriliste comme une cantatrice ! Souhaitons à la
cuvée 2010 le même succès qu’à
l’édition 2009 ! Les retransmissions
en prime time ont vu exploser l’audimat : Paillasse et Cavalleria ont été
vus par 2 500 000 téléspectateurs. Un
volet pédagogique permet aussi à des
collégiens de participer à un travail
de sensibilisation et de création en
lien avec les Chorégies. En l’absence
du Président Thierry Mariani, Patrick
Menucci, à la gouaille communicative, se félicita le 4 avril d’apporter
son «regard bienveillant mais vigilant
sur ce moment important de la saison
lyrique.» Il se réjouit d’être «l’artisan
d’une opposition politique», clin d’œil
à Mario Cavaradossi résistant au terrible Scarpia dans Tosca : résister en
culture semble un mot d’ordre essentiel du nouveau Vice-président à la
Culture ! Un moment convivial qui
annonçait des soirées inoubliables.
YVES BERGÉ
Les Chorégies d’Orange
Du 15 juillet au 6 août
www.choregies.asso.fr
18
FESTIVALS
MUSIQUE CLASSIQUE
Montpellier à jamais
C’est un peu loin, de l’autre côté de l’autre Rhône, mais tellement excellent…
Les formations musicales publiques de Radio France
participent naturellement aux 25 ans du Festival
de Montpellier. L’Orchestre National de France
joue avec les Sœurs Labèque (15 juillet), le Chœur
de Radio France chante Reger et Bernstein (19
juillet), l’Orchestre Philharmonique est dirigé par
Kirill Petrenko dans la 14e symphonie de
Chostakovitch (28 juillet), quand la Maîtrise ou les
percussionnistes du National enchantent en région
à Collioure, Sète, Bédarieux, Narbonne…
Mais que de belles œuvres lyriques à redécouvrir !
Andromaque de Grétry est mise en scène par
Lavaudant et dirigé par Hervé Niquet (12 et 13
juillet). On exhume ensuite, en version de concert,
Les Hauts de Hurlevent de Bernard Hermann (14
juillet), Piramo et Tisbe de Hasse avec Europa
Galante et Vivica Genaux (22 juillet), Artemisia
de Cavalli par La Venexiana (24 juillet), L’Étranger
de Vincent d’Indy avec Cassandre Berthon et
Ludovic Tézier (26 juillet) !
On entend, comme de coutume, de merveilleux
solistes : les pianistes Alexandre Korobeinikov (20
juillet), Boris Berezovsky (17 & 29 juillet), Fazil
Say (23 juillet), le violoniste Vadim Repin (29
juillet), la soprano Sandrine Piau (16 juillet)…
Sans oublier la prestigieuse cheville ouvrière du
festival : l’Orchestre National de Montpellier
dirigé par Alain Altinoglu, Laurence Foster,
Enrique Mazzolla… Et bien d’autres festivités :
Fazil Say © Luc Jennepin
une Fiesta criolla baroque, un circuit d’orgues, de
jeunes solistes, du jazz et du reggae, des musiques
électroniques… Franchir le Rhône n’est pas le
Rubicon !
Festival de Radio France, Montpellier
du 12 au 30 juillet
04 67 02 02 01
www.festivalradiofrancemontpellier.com
JACQUES FRESCHEL
Orgue, cordes et vents Depuis 1951 !
Quatre ans déjà que le Festival d’Orgue de Bouc-Bel-Air s’est installé
dans le paysage musical estival. Du 2
au 4 juillet les tuyaux du très bel
orgue Jean Daldosso sonneront sous
Andre Rosssi © X-D.R.
les doigts de Jean-Marc Aymes et
son ensemble Concerto Soave, très
actif dans la région, pour un programme autour des instruments baroques
entre Vienne et Venise (3/7 à 20h30).
L’association orgue saxophone est à
découvrir tant les timbres se marient
bien et permettront au jazzman
Raphaël Imbert, auteur d’un mémorable album Bach/Coltrane, de
dialoguer avec André Rossi à coups
d’improvisations mystiques autour
des deux compositeurs spirituels, sur
les magnifiques jeux de fonds veloutés (2/7 à 20h30). Et comme le
veut la désormais tradition, un concert
exclusivement improvisé à l’orgue
seul clôturera cette quatrième édition
avec le duo Marc Pinardel &Vincent
Dubois, paire d’improvisateurs justement hors pairs qui construiront le
programme avec l’aide du public!
(4/7 à 18h). À noter que le même
jour aura lieu la messe du festival
avec la chorale paroissiale.
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Eglise saint-André, Bouc Bel Air
04 42 94 93 78
Le Festival estival, loin d’adopter un
tempo de retraité, joue les prolongations à la Tour Royale avec le pianiste
niçois Olivier Gardon dans Schumann,
Debussy, Chopin (23 juin) et un
spectacle mêlant des poèmes romantico-symbolistes (récitant Robin
Renucci) à des musiques concordantes
pour pianos (Vera Tsybakov et Romain Hervé, 28 juin).
On grimpe ensuite à la Collégiale de
Six-Fours pour entendre résonner les
Cuncordu e Tenore de Orosei © X-D.R.
voix sombres du Chœur du Patriarcat
Orthodoxe de Moscou (4 juillet) et le chef-d’œuvre mozartien (versant lumineux du Requiem) la Messe en ut mineur par l’ensemble Le Palais royal (9
juillet). L’un des plus grands quatuors à cordes actuels constitue le pic du
festival : les tchèques du Kocian se joignent au clarinettiste Michel Portal
pour un programme Haydn, Grieg et Mozart (10 juillet). Les chants sardes de
Cuncordu e Tenore de Orosei célèbrent leur île natale avant qu’on dévale vers
Châteauvallon pour suivre les célèbres sœurs Labèque et des percussions
basques dans un Boléro échevelé (17 juillet).
JACQUES FRESCHEL
60e Festival de Musique de Toulon et sa Région
jusqu’au 29 juillet
Office du tourisme de Toulon 04 94 18 53 07
Office du tourisme de Six-Fours 04 94 07 02 21
http://musiquetoulon.pagespro-orange.fr
FESTIVALS
19
Ah ? ça ira ?
Emma Re © Manuela Giusto
Eve Ruggieri a une façon de raconter la musique
classique qui passe mieux en direct qu’à la télé.
Elle la connaît vraiment, se régale des intrigues et
anecdotes, aime les interprètes, et son côté snob
souvent insupportable à l’écran laisse place sur
scène à une simplicité véritable… C’est pourquoi
l’on attend avec impatience sa présentation de la
Belle Hélène dans les Carrières de Lacoste, où l’on
retrouvera aussi avec plaisir le Ballet d’Europe qui
ne cesse de démocratiser la danse classique de
création… Mais à part cela que dire du Festival de
Lacoste ? Cet événement est parrainé par Pierre
Cardin depuis 10 ans, est destiné à divertir les
riches en villégiature dans le Luberon, qui ne
daignent condescendre à se mêler au tout venant
d’Orange ou d’Avignon. Dire que le festival ose sans
rire prendre pour caution coquine le Marquis de
Sade, seigneur du château de Lacoste… Mais
qu’aurait donc fait le marquis jacobin à Gonzague
Saint Bris ou, dans un autre registre de sévices, à
Arielle Dombasle ? On retrouve là on ne sait comment Julien Lestel et ses deux compères du BNM
qui réussissent par ailleurs à se faire passer l’Opéra
Chausson, violon
et moutons
Depuis 2008, on se rend, la paille aux
cheveux, à la Chèvrerie de Lançon
pour écouter de jeunes instrumentistes,
issus d’établissements et conservatoires
supérieurs européens, dans des récitals de musique de grange… oups !…
de chambre ! On découvre, entre deux
charrettes, la flûtiste Emmanuelle
Calà, Isabelle Durin au violon, le
violoncelliste Alexandre Lacour et
les pianistes Jérémie Honnoré,
Camille Jauvion, Marina Milinkovitch,
Iren Seleljo dans de belles Sonates,
Trio et opus pour piano à quatre mains
de Schumann, Chausson, Ravel, Grieg,
(les 15, 17 et 20 juillet à 21h)…
En programme phare, la jeune et
talentueuse violoniste Amanda Favier,
secondée par le comédien François
Castang, fait partager les aventures
historiques et romanesques de son
précieux instrument : un Matteo Goffriler
de 1723. Un spectacle plébiscité :
«De Venise à Venise, itinéraire d’un
violon gâté.» (le 18 juillet à 17h à
l’église Ste-Juliette).
J.F
Musique à la Ferme
du 15 au 20 juillet
04 90 42 74 76
Lançon de Provence
www.musiquealaferme.com
de Marseille le 30 juin, une comédie musicale de
Danièle Martini sur Casanova (décidément les
érotomanes ont la côte en ce monde), une pièce
sur Le petit Groom de chez Maxim’s (sic), le vidéo
glam show multi sensoriel (sic) de la Dombasle, et
la pièce du chroniqueur des grosses têtes, devenu
historien puisqu’«enfant il fût (sic) élevé dans le
château de Léonard de Vinci et s’endormait dans le
lit du génie.» Et messieurs dames, savez-vous que
le génie ne se transmet pas par le simple contact
des draps sacrés, ou de la cuillère en argent, ou de
la fréquentation du gotha parisien ?
AGNÈS FRESCHEL
Festival de Lacoste
Du 14 juillet au 6 août
0892 707 507
www.festivaldelacoste.com
Liszt et les vignes
Au cœur du Vaucluse, au Château St-Estève d’Uchaux, un festival dédié au
piano romantique a acquis, depuis une douzaine d’années, un solide renom.
Son cadre et sa convivialité n’y sont pas étrangers. Au bout d’une allée filant
à travers les vignes, la maîtresse des lieux Thérèse Français accueille un public
polyglotte qui s’installe, entre chien et loup, contre la bastide où trône un
Fazioli de concert à la sonorité lumineuse. Cet été, les «grands mélomanes»
goûtent notamment à Chopin et Schumann, enchaînent un double concert en
se revigorant, à la pause, autour d’une paella, à l’aide de quelque crû du
vignoble. On attend, en ouverture (le 27 juin), le pianiste Tristan Pfaff et le
duo Ophélie Gaillard (violoncelle) & Edna Stern (piano), avant un récital de
Rachel Kolly d’Alba (violon) accompagnée au clavier par Christian Chamorel
(2 juillet), les pianistes Jacopo Salvatori, Maurizio Baglini (9 juillet)…
JACQUES FRESCHEL
Liszt en Provence
Château Saint Estève, Uchaux
Du 27 juin au 20 août
04 90 40 60 94
www.liszt-en-provence.com
FESTIVALS
MUSIQUE CLASSIQUE
Early music
Grand public
De la musique ancienne à l’affiche des trois
premiers concerts des Musicales du Luberon ! En
feu d’artifice antithétique, la manifestation débute
le jour de la fête nationale par une œuvre austère
et sacrée, au demeurant magnifique. Les Vêpres de
la Vierge de Monteverdi sont religieusement
«revisitées» par le Gabrieli Consort dirigé par Paul
Mc Creesh (le 14 juillet). En attendant le Stabat
mater de Vivaldi chanté par la mezzo Romina
Basso accompagnée du Venice Baroque Orchestra
(le 25 juillet) et un concert du Deller Consort,
dont on célèbre cette année le 60e anniversaire (le
29 juillet). Concerts à 21h.
La 5e édition des Nuits Musicales Sainte Victoire
affiche à nouveau (après La Traviata et Carmina
Burana en 2009) des opus «populaires» au pied de
la montagne chère à Cézanne. On découvre une
chorégraphie de Carmen sur la musique de Bizet,
l’opéra de Puccini La Bohème et les concertos Les
Quatre Saisons de Vivaldi avec pour récitante dame
Eve Ruggieri. Les chanteurs, danseurs et
instrumentistes de l’Opéra National d’Ukraine
sont dirigés par Grigori Penteleïtchouk. Concerts
à 21h30.
J.F.
La Bohème à Peynier les 23 et 25 juin
et à Rognes le 30 juin
Carmen Suite à Peynier les 24 et 26 juin
et à Rognes le 29 juin
Les Quatre Saisons à Mimet le 27 juin
et au Tholonet le 28 juin
04 77 61 26 40
www.nuits-sainte-victoire.com
J.F.
>
Musicales du Luberon
Eglise St-Luc, Ménerbes
Du 14 juillet au 4 août
04 90 72 68 53
www.musicalesluberon.com
>
Le Venise Baroque orchestra © X-D.R
Grigori Penteleitchouk © X-D.R.
20
Grande boucle
Le festival itinérant Les Floraisons Musicales débute à Châteauneuf-du-Pape
avec l’Orchestre d’Harmonie de Lecce (27 juin) avant le Trio Franck Bridge
-violon, violoncelle et piano (6 juillet)… Un tour de quelques 26 concerts avec
étapes à Boulbon, Moustiers-Ste-Marie, Porquerolles, la Ste-Baume, Valréas,
Vaison, Bollène et Bagnols-sur-Cèze.
J.F.
Les Floraisons Musicales
jusqu’au 17 octobre
04 90 303 600
www.floraisonsmusicales.com
On en pince !
Tour
symphonique
Depuis 2001, l’«association pour le rayonnement de
la guitare» Aguira organise un Festival de Guitare
à Lambesc qui réunit des artistes de renommée
internationale, aux châteaux de Valmousse et
Pontet-Bagatelle, réputés pour leurs crus. Cet été
on entend l’Argentin Juan Falu, Pedro Soler dans
son flamenco orthodoxe, Antonello Lixi pour des
programmes baroques et Valérie Duchateau dans
un hommage à Django Reinhardt. On n’oublie pas
le compositeur et virtuose Jorge Cardoso
(directeur artistique) dont on découvre deux
Concertos, le soir de la clôture du festival, en guise
d’anniversaire, avant l’interprétation par le français
Gérard Abiton du célèbre Concerto d’Aranjuez avec
l’orchestre Aguira (3 juillet). Concerts à 21h.
L’Orchestre Philharmonique du Pays d’Aix dirigé
par Jacques Chalmeau présente un programme
autour de la «Symphonie Classique». Dix concerts
gratuits affichent, dans les villes et villages du pays
de Cézanne, des mouvements de symphonies de
Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Mendelssohn
et Prokofiev.
J.F.
10e Festival international de Guitare
du 27juin au 3 juillet
Lambesc
04 42 92 44 51
www.festivalguitare-lambesc.com
>
Juan Falu © X-D.R.
J.F.
Tournée d’été
du 20 juin au 4 juillet
Pays d’Aix
www.grandtheatre.fr
De l’autre côté
À l’ombre du grand frère, le Festival Côté Cour propose à Aix un programme
audacieux et original, invitant jeunes talents et artistes confirmés
Balkanes, le 2 juillet 21h15, Cour de l’Hôtel de Ville
ouvre les festivités avec des chants de Bulgarie. Un
hiver de cochon, le 10 juillet à 21h15, d’après Un hiver
à Majorque de G. Sand et F. Chopin, est défendu par
Cécile Auclert, comédienne, Mélanie Gadenne au piano
et Xavier Chatillon au violoncelle (voir Zib’30).
Sudden Jazz et Sudameris, le 17 juillet à 21h15,
mêlera jazz, classique, slam (Aïssa Malouk), pour une
Balkanes © X-D.R.
soirée exceptionnelle au Cloître des Oblats.
Adventura Trio, (Isabelle Bonnadier, soprano, Barbara
Morel, piano, Marie-Hélène Vuillermet, clarinettes et
percussions le 20 juillet à 21h15) propose un voyage
musical au cœur de mélodies populaires ayant inspiré
les classiques dans la Cour de l’Hôtel de Ville. Puis ce
sera au tour de Dona Kuj, une musique brésilienne au
charme contagieux le 23 juillet à 21h15 au Cloître
des Oblats. Enfin, La Serva Padrona de Pergolese
clôturera le festival le 27 juillet à 21h15 : l’orchestre
de chambre Mozaïque, dirigé par Marie-Christine
Thomasset, accompagnera les tribulations de Serpina
(Raphaële Andrieu, soprano), Uberto (Cyril Rovery,
baryton) et Vespone (Alain Iltis, comédien).
YVES BERGÉ
Côté Cour, Aix
du 2 au 27 juillet
06 83 60 19 80
www.festival-cotecour.org
Campra l’Aixois
À tout seigneur tout honneur, c’est Campra qu’on
célèbre au 14e Festival des Musiques Patrimoniales
initié par Guy Laurent et les Festes d’Orphée ! Il faut
dire que, s’il est un musicien aixois ayant réussit une
formidable carrière parisienne, c’est à André Campra
(1660-1744) que l’on pense. D’autant qu’on célèbre
cette année le 350e anniversaire de sa naissance. Un
musicien, formé à la Maîtrise de la cathédrale SaintSauveur et dont la longue vie mouvementée mériterait
d’en faire le roman ! Quoiqu’il en soit, après un
panorama de L’esprit français du Moyen âge à nos jours
(3 juillet), on plonge dans ses Œuvres à Grand Chœur
pour l’Église (4 juillet), ses Petits motets à voix d’hommes
(6 juillet) et ses Œuvres pour la scène (8 juillet).
J.F.
Aix en baroque
du 3 au 8 juillet
Concerts à 18h à la Chapelle du Sacré-Cœur
Conférence illustrée le 4 juillet à 16h (entrée libre)
04 42 99 37 11
www.orphee.org
Impérative mémoire !
C’est avec une pugnacité qui l’honore que Michel
Pastore défend l’urgence du Festival Musiques
Interdites, avec l’idée que l’art, première chose qu’elles
attaquent, est «un remède contre les dictatures».
Figure de proue de la 5e édition, Fabrice Lucchini,
dans un exercice où il brille, déclame les vers des
Fleurs du mal (sait-on que l’œuvre a été officiellement
interdite en France jusqu’en… 194 ?). A son «parléchanté», Sandrine Piau répond d’un soprano cristallin
par quelque poème Baudelairien mis en musique par
Debussy, Fauré ou Duparc (le 10 juillet).
On ne manquera pas la représentation d’un opéra
Sandrine Piau © Antoine Le Grand-Naive
inachevé du compositeur juif Aldo Finzi traqué par les
fascistes italiens. Son Shylock shakespearien, véritable
procès du racisme, est complété d’un Psaume
gigantesque. Ces opus composés en 1943-44 sont
servis par les voix de Dmitry Ulyanov, Sandrine
Eyglier, Cyril Rovery, Renée Auphan, l’Orchestre de
l’Opéra et le Chœur Ad Fontes dirigés par Gian Paolo
Sansogno (le 9 juillet).
Pour une poignée d’euro, on se souvient enfin de
Joseph Beer, compositeur austro-hongrois, caché à
Nice durant l’occupation, ayant miraculeusement
échappé à la déportation. Des extraits de son opéra
Stradella à Venise (musicien également pourchassé en
son temps) sont chantés par Ute Gfrerer et le jeune
ténor prometteur Kévin Amiel (le 11 juillet).
JACQUES FRESCHEL
5e Festival des Musiques Interdites
Opéra de Marseille
du 9 au 11 juillet
04 91 55 11 10
www.espaceculture.net
Exposition jusqu’au 13 juillet et Conférence de Gottfried
Wagner le 10 juillet à 14h30 au CRDP
22
FESTIVALS
JAZZ
Un parfum Freedom
Le Charlie Free Festival est le premier rendez-vous
jazz de l’été, à ne pas manquer. Il se déroule durant
le 1er week-end de Juillet, dans un cadre exceptionnel et une ambiance très chaleureuse. Les
soirées très conviviales sont placées sous le signe
du développement durable, et le parfum jazz de
l’été s’y fait délicieusement sentir...
La 13e édition annonce une programmation intéressante et variée ! Des artistes de stature internationale
donneront à entendre, à rêver et aussi à sentir le
monde tel qu’il bat ou respire.
Le 2 juillet : À 19h les musiciens de La Mécanique
des Fluides, spécialistes de la rue, transporteront
de l’émotion parmi le public pour inviter à partager
la magie des lieux en fanfare. Puis MELC, groupe
invité en résidence de création cette année au
Domaine de Fontblanche, proposera des ballades
sonores urbaines alliant électronique et acoustique.
Danzas avec l’ensemble international de 9 musiciens réunis par Jean-Marie Machado fera découvrir
un répertoire jazz inédit qui puise dans les musiques
populaires, classiques ou actuelles pour une Fiesta
Nocturna.
Le 3 juillet : Un trésor de propositions pour ce
samedi avec François Cordas, un 4tet aux influences
transatlantiques. Puis la fanfare Samenakoa composée de 11 musiciens inclassables suivie de Sashird
Lao, un trio qui propose une furieuse mixture de
jazz groovy et de world music. Enrico Rava avec
ses 8 musiciens et embrassera enfin la pluralité des
jazz.
Le 4 juillet : Des accents traditionnels jusqu’aux
sons jazz les plus débridés, le Florent Pujuila 5tet
Z produit une musique explosive et charnue. La 3e
fanfare sera marseillaise et déjantée, avec les 12
musiciens de Wonderbrass. Puis Mina Agossi
chanteuse franco-béninoise au répertoire original
et depuissant. Enfin Odean Pope, saxophoniste
post-coltranien qui a côtoyé les plus grands, sera
entouré de 7 «All Stars» américaines. Un événement pour clôturer le Festival.
DAN WARZY
Longchamp Palace
Chaque année le Festival organisé par la Ville de
Marseille s’étoffe, s’agrémente de manifestations
gratuites, d’expositions, (6 cette année !), de
discussions avec les artistes. Chaque année aussi
les soirées à Longchamp s’allongent et rassemblent
un public de plus en plus nombreux, éclectique, du
touriste de passage au mordu du jazz, en passant
par des Marseillais de tous les coins de la ville… Il
faut dire que l’ambiance est belle, la restauration
sur place possible, le lieu magique… Avec des
afters au Pelle Melle, après minuit, pour vous
rassasier jusqu’au bout.
Le coup d’envoi sera donné le 19 juillet dès 20h
sur le Cours d’Estienne d’Orves. Un Brass Band de
rue en ouverture de cette soirée gratuite sera suivi
de la prestation des élèves et enseignants de la
classe de jazz de la Cité de la Musique de
Marseille. Le Magic Malik Orchestra s’appropriera
ensuite la scène pour faire goûter sa musique au
Al Jarreau © Rocky Schenck-hallway
plus grand nombre venu là pour célébrer le 10e
anniversaire de cette manifestation.
Ouverture des grilles à 19h30, jusqu’au bout des
nuits ! La chanteuse et contrebassiste Esperanza
Spalding inaugurera la scène des Jardins du Palais
Longchamp le 20 juillet. La 2e partie de la soirée
nous fera découvrir le sextet d’Al Jarreau. Le 21, ce
sera au tour d’Omri Mor qui fera entendre sa
musique puisée en diverses sources et influences
et devra exercer tout son talent pour faire patienter
un public venu pour l’extraordinaire Freedom Band
avec Chick Corea, Kenny Garrett, Chris McBride,
Roy Hanes qu’il n’est plus nécessaire de présenter.
Une excellente soirée en perspective ! Le 22 juillet
c’est la trompette à quart de ton d’Ibrahim
Maalouf qui sonnera, suivie par le concert du
bassiste talentueux Richard Bona. La 5e soirée (le
23) sera ouverte par Yaron Herman, pianiste élu en
2008 aux Victoires du Jazz puis du Manu Katché
4tet avec, en invités, la chanteuse marseillaise
Marion Rampal et le guitariste Sylvain Luc.
La soirée de clôture du samedi 24 rendra hommage
à Django Reinhardt avec le guitariste Birelli
Lagrène et Didier Lockwood, l’éclectique
violoniste dans une formation en 4tet. La seconde
partie sera assurée par Maceo Parker et son grand
orchestre qui animera les jardins dans un final très
funky.
DAN WARZY
Jazz des 5 continents
Du 19 au 24 juillet
Expositions
Espace Bargemon, BMVR Alcazar, Maison Blanche,
le Passage de l’Art, CAMàYEUX, Espace Culture
de juin à septembre
04 95 09 32 57
www.festival-jazz-cinq-continents.com
Ouverture des grilles dès 19h30 - Accès handicapés,
contact la veille au ou [email protected]
Odean Pope © X-D.R.
Charlie Jazz Festival
Domaine de Fontblanche, Vitrolles
Du 1er au 3 juillet
04 42 79 63 60
www.charliefree.com
Ça jazze
aussi à Toulon
Le jazz aussi animé l’été les places toulonnaises…
avec 18 concerts gratuits et itinérants, tous les
soirs dans un lieu différent à partir de 21h30, mais
aussi des concerts apéritifs à 17h30. Un aperçu,
non exhaustif de l’excellente programmation :
Glenn Miller Memorial Orchestra (swing),
Orlando Maraca Valle New All Stars Project avec
David Sanchez (Latin jazz cubain), Elie Portal
avec le All Jazz Sextet (Hard-bop), Memory Big
Band de Marc Mary en hommage à Ella Fitzgerald
et Count Basie (swing), Marcel Sabiani 4tet avec
le saxophoniste Jerry Bergonzi.
Un concert à ne vraiment pas manquer ? le 21
juillet à 21h30 Place Besagne le Fly Trio, trois
musiciens incontournables, Jeff Ballard (bat),
Mark Turner (sax), Larry Grenadier (ctb). D’autres
? Térez Montcalm, chanteuse à la voix rauque, en
4tet, Steve Laffont trio (manouche), Michel
Jonasz trio, le concert coup de cœur et concert de
clôture avec le Will the Blue Griot sextet avec
Willy Caid (blues-soul).
Et tous les concerts à l’heure de l’apéritif sont
tentants ! S’il ne fallait en entendre qu’un ce serait
celui des 4 Essentials, le 4tet de Thierry Maillard
avec le violon de Dedora Seffer le samedi 24,
Place Puget.
D.W.
Festival Jazz à Toulon
du 16 au 25 juillet
04 94 09 71 00
www.jazzatoulon.com
Fly Trio
© Robert Lewis
50 ans de stars à Juan
La scène mythique de la Pinède Gould
à l’aura internationale fête son jubilé.
Doyen des Festivals européens de jazz,
ce lieu légendaire -pour décor l’étendue
de la mer- affirme avec force et moyens
un éternel renouvellement. Un programme fabuleux qui déplacera de
nombreux amateurs du 14 au 25 juillet.
Antibes s’apprête à accueillir un nombre impressionnant de musiciens
reconnus de la Terre entière. Marcus
Miller sera pour cet anniversaire un
parrain d’exception, le «Master of
Ceremony». À l’affiche Jamie Cullum,
Brooklyn Funk Essentials © Andrea Davis Kronlund
David Sanborn, Georges Benson,
Spokfrevo orchestra, Chucho Valdès
& the afro-cuban messangers, Monty
Alexander & Harlem Kingston Express,
Dee Dee Bridgwater, Melody Gardot,
Hommage à Django Reinhardt avec Le
Manoir de mes Rêves, Avishaï Cohen,
Paco de Lucia, Joshua Redman double
trio, Roy Hargrove 5tet, Keith Jarrett,
Gary Peacock et Jack Dejohnette, Kyle
Eastwood, Diana Krall, Black Dub,
Brooklyn Funk Essentials, Maceo
Parker, Manu Katché, Marcus Miller,
Liz McComb... et la coupe n’est pas
pleine !
Car trois scènes OFF fonctionneront
tous les soirs ainsi que des JamSessions à l’Eden Jazz Club.
Des expositions : 1960-2010 Jazz et
Juan s’affichent à la Médiathèque communautaire, Le Jazz selon Sacha
Chimkewitch aux Bains-Douches, Oeuvres
lumineuses d’Alexandre Mediantsev à
l’Hôtel Garden Beach. Un petit tour à
Juan ? Vous y resterez 12 jours !
D.W.
Jazz à Juan
Du 14 au 25 juillet
04 97 231 111
www.jazzajuan.com
Beau prélude !
En avant-goût de la 3e édition du Festival Jazz à Saint Rémy, 3 événements
majeurs mobiliseront les mélomanes
éclairés ; le 20 juin, dans le parc du
somptueux Château de Roussan, une
aubade gracieuse sera proposée, à partir
de 15h30 avec Tzigal Swing et Penéquet Time ; lui succédera, à partir de
18h30, un concert du Jan Van Naeltwijk
Quintet, suivi d’une «grignoterie».
Le 26 juin, à 20h, le jazz résonnera
sous les étoiles, scintillant sur les
Jardins de l’Hôtel de Sade avec le
Concert Jeunes Talents, en collaboration avec l’IMFP de Salon, avec le
Sur l’île !
Des concerts que l’on n’entend nulle
part ailleurs ? Étant données la sidérante beauté du lieu, l’Île de Porquerolles,
et la variété époustouflante de la programmation, cela pourrait être vrai :
Archie Shepp, Marc Ribot, Wayne
Dockery, Steve McCraven, Aldo Romano, Géraldine Laurent, Fabricio
Bosso, Henri Texier, les lauréats du
tremplin Jazz à Porquerolles, Sylvain
Luc et les frères Chemirani et Stéphane Belmondo, Rokia Traoré, Marion
groupe Point de Vue, messager d’un
jazz très actuel, et le Kenlix Quartet,
de facture plus classique.
Le 10 juillet, le jazz sera associé au
travail des artistes plasticiens en création dans le cadre du Festival d’Art
contemporain AP’ART (voir p 67) : une
joute musicale dans laquelle deux
groupes, l’un itinérant, l’autre assigné à
demeure sur la place de la Mairie, s’affronteront dans un duel impitoyable !
JEAN-MATHIEU COLOMBANI
http://jazzasaintremy.free.fr
Rampal, Dave Liebman, Drew Gress,
John Abercrombie, Billy Hart, Marc
Copeland, Eric Cosaque & Cie et
Philippe Cantinol, la compagnie des
musiques à ouir, l’Ensemble Batucada, Gilles Defacques…
D.W.
Festival Jazz à Porquerolles
du 12 au 18 juillet
06 31 79 81 90
www.jazzaporquerolles.org
24
FESTIVALS
MUSIQUES ACTUELLES
la musique répétitive un bon vieux classique.
Reste à finir en beauté : la nuit des gratte-ciel
qui s’écroulent dans la mer (11/7) sonnera
comme un doux euphémisme ! Blixa Bargeld,
chanteur des Einstürzende Neubauten, groupe
phare industriel du Berlin alternatif des années 90
pacsé à Alva Noto, l’homme électro germanique et
précédés du couple rock surchauffé Double
Nelson. De quoi vaciller !
Nuits de folie
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Festival MIMI
Du 1er au 14 juillet
Concerts à 21h15
Iles du Frioul, Marseille
Billetterie embarcadère vieux port de 17h à 19h45
www.amicentre.biz
La ferme !
Krautrock de Faust. Suivra la nuit de Nchan (8/7),
fondateur du projet Sisygambis, disparu
tragiquement l’année dernière, transfusion de
l’image et de la musique aux confins du monde
associée aux créatifs anglais Addictive TV. Le
lendemain (9/7), stop aux plumes dans le derrière!
La nuit anti-plumes décape les musiques du
monde sans complexe sous les combos de
Cannibales et Vahinés (Résidence de création) et
de Zun Zun Egui, des malgaches et japonais venus
d’outre-manche… Entre le minimalisme du
compositeur de la scène New-Yorkaise Arnold
Dreyblatt et l’auteur phare de danse et de théâtre
outre-Atlantique Carl Hancock Rux qui mélange
blues et opéra, la nuit de la Boucle (10/7) fera de
Plein soleil
Emel Mathlouthi © X-D.R
Du 12 au 18 juillet se tiendra la quinzième édition du Festival les Suds à Arles. Car chaque été depuis
1996, en plein cœur des Rencontres Internationales de la Photo (voir p 66), la cité arlésienne devient
aussi le terrain de jeu des musiques du monde. Avec, toujours, la présence exceptionnelle de grandes voix
du «monde» dans le magnifique Théâtre antique comme Salif Keïta, Diego El Cigala et Gogol Bordello
pour son gipsy punk (15/7 à 21h30). Les Suds vous convient aussi à des créations du festival (Giovanna
Marini, A Tres Votz), à une Carte Blanche Sacem avec Titi Robin & Faiz Ali Faiz et Emel Mathlouthi,
et à d’intéressants concepts : Les nouveaux Moments précieux (par exemple le pianiste contemporain
François Rossé accompagnant le koto japonais Mieko Miyazaki le 15/7 à 19h30) dans la Cour de
l’Archevêché, et une Rencontre entre musique du monde et monde virtuel : jeu vidéo The Lapins
Crétins™ - La Grosse Aventure et la fanfare Vagabontu aux anciens Ateliers SNCF pour la Nuit des Forges
tous les soirs après les soirées Suds.
Le séjour en terre arlésienne peut comme toujours être ponctué de stages de musique, de chant et de danse pour
tous niveaux, sans oublier la cuisine camarguaise,
le yoga, la calligraphie arabe... En somme, une
bonne partie de la terre a rendez-vous en Arles : de
l’Argentine à la Chine en passant par le Liban, le
pays d’Oc, la Vendée, la Suisse, les USA, la Tunisie,
l’Italie, le Mali, la Roumanie, le Pakistan, la Gambie,
l’Ukraine, l’Angleterre, le Trinidad et l’Andalousie !
FREDERIC ISOLETTA
Les Suds
Arles
du 12 au 18 juillet
04 90 96 06 27
www.suds-arles.com
Magic Slim © Franck Bigoin
Addictve TV © X-D_R
Du 1er au 14 juillet les îles du Frioul vont connaitre
une effervescence à marquer d’une pierre blanche.
Et pour cause, le Festival MIMI fête ses 25 ans
avec comme nouveauté un partenariat avec
Seconde Nature, l’école supérieure d’art d’Aix-enProvence et le soutien de Marseille Provence 2013
pour un parcours d’installations plastiques et
sonores sur toute l’île de Ratonneau.
Lieu de croisement interstellaire des arts, l’hôpital
Caroline accueillera cinq nuits de folie autour des
musiques
innovantes.
La
nuit
Klokobetz/Krautrock ouvrira les festivités (7/7)
sur la rencontre insolite de Labyala Nosfell,
inventeur du langage Klokobetz, conteur moderne,
et l’Art-errorist Jean Hervé Péron, co-inventeur du
Les Festives de Font-Robert vont vous dérouter !
Avec le blues country de Magic Slim, dernière
légende vivante du Chicago blues, et Honeymen
au château du marquis de Piozin à Peyruis le
premier soir (15/7 à 21h), le ton semblera donné
dès l’entrée… mais suivra une soirée pourtant
complètement différente quelques milliers de
kilomètres au sud, direction l’Amérique latine avec
le son des Caraïbes de Maraca + Diabloson cette
fois à la Ferme de Font-Robert (16/7 à 21h).
Retour chez nous avec une clôture variété chanson
française en compagnie du champion de surf à ses
heures Tom Frager and Gwayav et Joyce Jonathan
toujours à la Ferme (17/7 à 21h). Trois soirées,
trois concerts et trois couleurs différentes pour
cette dix-septième édition : histoire de satisfaire
tous les goûts au cœur de l’amphithéâtre de
verdure niché au milieu d’une ferme du XVIe siècle,
un lieu et une programmation qui valent le détour!
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Festives Font Robert
Châteaux-Arnoux Saint-Auban (04)
du 15 au 17 juillet
04 92 64 02 64
www.theatredurance.com
FESTIVALS
C’est désormais jusqu’à six qu’il faudra compter pour
profiter pleinement des soirées du Festival Nuits
Métis, tout simplement deux fois plus que l’édition
2009 ! Implantée sur Miramas, la programmation
Rit et Papet J © Abed Abidat
de musique du monde prévoit une mosaïque riche
avec des escales en Algérie, Côte-d’Ivoire, France,
Guinée, Tunisie, Roumanie ainsi qu’aux États-Unis
et aux Comores. Un rendez-vous pré-estival très
riche, qui comptera sur la présence de Sam
Karpénia, Papet J et Rit, Alatoul, Dobet Gnahoré
(la chanteuse ivoirienne primée au Grammy Award
2010), Accords de Cordes, Lo Cor de la Plana, Cie
théâtre Djumbé, Fanfare Vagabontu, Joe Driscoll
et Sékou Kouyaté, Katell Boisneau et Prince
Abdou. Se succèderont dans un esprit de fête et
de partage concerts, déambulations de fanfares,
mais aussi spectacles de contes dans divers lieux
comme les arènes d’Entressen, le théâtre de la
Colonne, le collège Miramaris et le Comœdia… sans
compter que les trois derniers jours de la
manifestation se dérouleront au plan d’eau de
Saint-Suspi, toujours à Miramas. À noter que ce
festival est… gratuit !
F.I.
Les Nuits Métis
Du 22 au 27 juin
Miramas
04 90 17 48 38
www.nuits-metis.org
Robion cité
du monde
Sarah Blasko © Cybele Malinowski
Métisse le son
Du 15 au 24 juillet, la quatorzième édition du
Festival des musiques du monde de Robion va
faire des heureux. Question métissage, on ne peut
mieux faire : musique russe, blues, hindi, latino,
méditerranéenne… De quoi contenter les adeptes
de ce rendez-vous vauclusien festif et convivial.
Entre le très accueillant théâtre de verdure, la place
Jules Ferry et la jolie cour de la Roumanière, il sera
plus qu’agréable de déambuler aux sons russes de
Davaï et Divano Dromensa (15/7 19h et 21h30),
Miss W White and the drunken piano et Rupa &
april fishes (16/7 19h30 et 21h30), Yasmina et
Sarah Blasko (17/7 19h30 et 21h30), Zaman
Fabriq (22/7 19h), Maka duo et Novalima (23/7
19h30 et 21h30) et pour finir les Cocosunshine
et… Susheela Raman (24/7 19h30 et 21h30).
Direction ? Robion !
La Crau est à nous !
6 ans d’existence déjà ! Le domaine magnifique de
l’Etang des Aulnes est un formidable lieu de
convivialité, et les Aulnes Rouges offrent une
programmation de qualité oscillant entre pop, rock
et chanson festive. Les 9 et 10 juillet à Saint-Martin
25
de Crau au bord de l’étang, le Festival verra se
succéder le premier soir sous le son des cigales
Eiffel, General Electriks, Quand la diva s’en mêle
et un after au son des platines (9/7). La finale du
tremplin, et excusez du peu, les toujours fringants
Pigalle, la fameuse révélation Yodelice et rien que
pour vous Mickey3d et sa bande se succèderont
avec en bonus une fanfare et des animations qui
ponctueront ce week-end, à noter sur son agenda
estival (10/7) ! De quoi (re)découvrir ce lieu
accueillant et festif doté d’un menu attractif et
alléchant.
F.I.
F.I.
Pigalle © X-D.R
Les Aulnes Rouges
Les 9 et 10 juillet
Navettes gratuites au départ de St Martin de Crau
04 90 47 06 80
www.lesaulnesrouges.fr
Festival de Robion
Du 15 au 24 juillet
04 90 05 84 31
www.myspace.com/festivalderobion
Sous les oliviers
Jordana (24/7), Les 4 barbu(es) (29/7),
Revolver (31/7), soirée Cinéma Brut (5/8), Pony
Pony Run Run (6/8), Pool Party (7/8) et Hindi
Zahra (13/8) succèderont au Mas des
Escaravatiers.
The Gladiators © X-D.R.
Le Festival Le Mas en Concert souffle sa 8e bougie
du 29 mai au 13 août, au Mas des Escaravatiers, à
Puget-sur-Argens. Une belle édition ! L’art et la
musique se mêlent dans un lieu d’exception à ciel
ouvert sous les oliviers… Avec une programmation
On pour des artistes reconnus et une Off pour ceux
en devenir, Le Mas invite une pléiade d’artistes
alternatifs qui valent le déplacement. Carl Craig
(25/6), The Gladiators (1/7), Brigitte Fontaine
(8/7), Plasticines + Hyphen (16/7), Biologik
Solar System (17/7), Jil Is Lucky (23/7), Camélia
F.I.
Le Mas en concert
Jusqu’au 13 août
04 94 81 56 83
www.lemas-concert.com
26
FESTIVALS
MUSIQUES ACTUELLES
Places musicales
Une manifestation chasse l’autre sur
le vaste territoire d’Agglopole Provence : sitôt Lire Ensemble terminée,
voilà que Les Musicales prennent place
dans les 17 communes, en y proposant des concerts, en partenariat
avec le Portail Coucou et l’Institut
musical de formation professionnel
(IMFP). C’est l’occasion, renouvelée
lors de chaque manifestation, de
(re)découvrir les villes et villages du
territoire par le biais de concerts
donnés sur les places, parvis et dans
les théâtres de verdure. Au programme cette année, de la rumba congolaise
avec Papa Dixon (à Salon le 18 juin),
du rock avec Clan D et Boogie Balagan (à La Barben le 19 juin) et
Garage Express (à Charleval le 3
juillet), du reggae avec Toko Blaze
(à Pelissanne le 2 juillet) et Druncksoul (à Eyguières le 4 juillet) et du
jazz manouche avec Noto Swing (à
Sénas le 20 juin et Lançon le 27),
Tzwing (à Vernègues le 25 juin et
Saint-Chamas le 26). Prenez le temps
d’écouter, les concerts sont gratuits,
et les groupes invités vous baladent
d’un style à l’autre avec un vrai sens
de la fête !
DO.M.
Les Musicales d’Agglopole
Provence
Jusqu’au 4 juillet
04 90 44 85 85
www.agglopole-provence.fr
Toko Blaze © X-D.R
Le port s’anime Les Nuits des Iguanes
Cie Entre Ciel et Terre © Francis Leclerc
À Port-Saint-Louis, aux confins du Rhône et de la
Méditerranée, se trouve le Citron Jaune, Centre
National des arts de la rue mené par la compagnie
Ilotopie. C’est lui qui, en partenariat avec la ville,
égaiera les mercredis de juillet dès 19h, avec des
spectacles de musique, de théâtre de rue et de
cinéma en plein air, le tout se déroulant dans le
respect des normes eco-responsables, de la
restauration au tri des déchets.
Dès le 7 juillet, la fanfare tzigane décapante Fanfara Lui Craciun donnera le ton, suivie des acrobaties
du trio de la cie Le Cubitus du Manchot et d’un
concert pop rock des Little Midgar. Le 14, le duo
Les Dithyrambes vous prouvera que le punk peut
être précieux, avant que la délirante Rosie Volt,
acrobate de la glotte, ne vienne chanter à gorge
déployée La Natür c’est le bonhür ! Le 21, après le
p’tit bal à 6 francs 6 sous de Dj muzett, la fildefériste Lucy Boulay présentera Pétule, petit bijou
de prouesses techniques et poétiques interprété
avec une marionnette. Et pour le dernier mercredi
du mois, après les rythmes endiablés de Cocosunshine, ne ratez pas la danse prodigieuse de Lara
Castiglioni avec le feu, Entre terre et ciel…
Les Mercredis du Port
Les 7, 14, 21 et 28 juillet
Dès 19h
Le Citron Jaune, Port-Saint-Louis
04 42 48 40 04
www.ilotopie.com
DO.M.
Les Nuits d’Istres
Les 4, 5, 8 et 12 juillet
Pavillon de Grignan, Istres
04 42 81 76 00
www.istres.fr
Iggy Pop © 2005 Getty Images
Diams et brillant
C’est au pied du château, dans le parc, qu’a lieu
chaque année depuis quatre ans le Festival de
Solliès-Pont, à mi-chemin entre Hyères et Toulon.
Quatre soirées pour quatre concerts, quatre
pointures de la scène musicale française, dans des
Olivia Ruiz © Sylvain Piraux
DO.M.
Concert événement donc, pour lequel on vous conseille fortement de réserver… À noter une nouveauté:
la formule dîner-concert, les repas étant concoctés
par le chef étoilé istréen Sébastien Richard…
Après s’être promené dans quelques lieux emblématiques de la ville, des bords de l’Étang au Palio,
Les Nuits d’Istres, ex Estivales, reviennent s’installer intégralement dans le cadre magnifique du
Pavillon de Grignan, lieu magique s’il en est, où
cigales et musique s’unissent pour offrir des soirées
exceptionnelles. Et gageons qu’elles le seront, si
l’on en croit les têtes d’affiche annoncées : Vanessa
Paradis revient à Istres (elle était déjà présente en
2001) pour un concert acoustique le 5 juillet ;
quelques jours plus tard, le 8, c’est au tour de
Jacques Higelin de prendre place sous les arbres
séculaires du Pavillon,
pour un concert Coup de
foudre, rapport au titre de
son séduisant dernier album ; le dernier concert
enfin, le 12 juillet, devrait
être d’anthologie avec la
venue d’Iggy Pop. Et non
seulement l’iguane, mais
aussi The Stooges, groupe mythique reformé en
2003 (mais pas sous sa
forme originelle, James
Williamson intégrant la
formation suite au décès
de Ron Asheton en 2009).
styles très divers : c’est Diam’s qui ouvre le bal le
15 juillet, suivie le lendemain de la Miss Météores
Olivia Ruiz ; puis changement radical de genre
avec la troupe de Mozart l’opéra rock qui chante
quelques chansons du spectacle au profit de
l’association Un sourire, un espoir pour la vie de
Pascal Olmeta (le 17). Pour finir c’est Dany Brillant
qui fera chalouper les festivaliers sur les rythmes
salsa dont il a le secret le 18 juillet.
DO.M.
Festival du Château
Du 15 au 18 juillet
04 94 13 05 87
www.festivalduchateau.com
FESTIVALS
27
Manox for all
La mode
est au vert
C’est dans le cadre privilégié du Théâtre de Verdure
et du Parc d’Albertas que le festival Les Arts Verts
s’installe chaque année depuis 2003, avec un
programme qui fait alterner les rendez-vous
musicaux, d’humour et de cinéma en plein air. Et
les stars de la chanson française seront présentes
cette année encore : Marc Lavoine (le 9/7),
Vanessa Paradis (les 16 et 17/7), Calogero (le
20/7) et Alain Souchon (le 21/7) ! Seule touche
d’humour (mais irrésistible !) Noëlle Perna/Mado la
niçoise fera son show le 12/7. Mais le festival sait
aussi offrir des moments gratuits, ce sera le cas
notamment avec l’hommage à Luis Mariano,
L’Homme à la voix d’or, de Robert Giraud et sa
troupe (le 3/7), le concert jazz du groupe
Béattitude (le 6/7), la comédie musicale
Destination ailleurs de la cie Equinoxe (le 29/7) et
le concert du vibraphoniste Michel Terrioux en
quintet (le 2/8). Enfin, et parce que le ciné en
plein air est toujours un moment agréable, ne ratez
pas les projections de Mamma Mia ! (le 19/7) et
de La famille Suricate (le 18/7).
Manu Dibango © Didier Pallages
Dans le Parc de la Drouille à Manosque,
l’association À l’Affiche organise le festival Musiks
à Manosque depuis 25 ans. Cette année,
rallongeant les festivités d’un jour et renouant avec
la gratuité complète des soirées, le festival verra
se succéder tous les soirs des artistes connus et
reconnus, à raison de deux concerts par soir : le 17
juillet, la pop alternative de Siméo précèdera le
reggae du bien nommé Julian Marley ; le
lendemain, Raul Paz enchantera la soirée,
partageant l’affiche avec Dj Tounga ; puis, le 19,
soirée française et groovy avec Tété et la fanfare
funk Le Gros tube ; le 20, les énergiques et
sympathiques musiciens du groupe Bratsch
partageront la scène avec In the club ; le 21, le
rock des Robertes chauffera la piste avant l’entrée
en scène de The Stars, Paul Di Anno et Tim
Bogert; le dernier soir, place aux sons métissés du
jazz et des rythmes africains avec Smod et Manu
Dibango. Et puis, tous les après-midi, de 15h à
17h30, c’est au plan d’eau des Vannades qu’ont lieu
les siestes et apéro musicaux, belle mise en
condition avant d’aborder ces soirées endiablées !
Musiks à Manosque
Du 17 au 22 juillet
Office de tourisme
04 92 72 16 00
Panier gourmand
17 ans que ça dure : la Fête du Panier se déroule dans le plus vieux quartier
de Marseille, toujours en plein air et toujours gratuite ! Avec le parcours Le
Panier, de l’Art à la Manière jusqu’au 26 juin, l’accent est mis sur la découverte
d’un patrimoine inédit avec notamment des vernissages et rencontres avec des
artistes installés dans les ruelles sinueuses. Départ en petit train ou calèche.
Ceux qui comptent s’y rendre seulement la nuit profiteront des Poum Tchack
(18/6 à 23h place des Pistoles), suivis de Superfunk et Alif Tree (18/6 à 20h
place des 13 coins) en attendant le lendemain soir la fanfare à mobylettes
Tobrogoï, Mars / Haïf, Rona Hartner et les Dubs Pistols (de 20h30 à 0h30
le 19/6 place des Pistoles), ou Sac à Boulons et Les Enjoliveurs «Ole
Maestro» (18/6 à partir de 20h30 place de Lenche).
F.I.
Fête du Panier, Marseille
Les 18 et 19 juin
www.fetedupanier.org
Festival Les Arts Verts
Du 1er juillet au 2 août
Gemenos
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Alain Souchon © X-D.R.
28
MUSIQUE
ACTUELLES
Concert sonique
Hors des sentiers battus et des tournées formatées,
le GRIM nous offrait un concert one-shot atypique de
Lee Ranaldo et Jean-Marc Montera, goûté sans
retenue par un parterre plus que nombreux
d’amateurs du genre. Et c’est bien d’une traite et culsec qu’il fallait consommer cette hypnotique
performance guitaristique de haut-vol, une heure
presque en apnée, immergé dans le flot vidéo
aquatique qui servait de fond à la prestation des deux
guitaristes de talent. Retenant son souffle, le public
assis à même le sol s’est laissé initier à ce rite quasi
chamanique où la guitare ne sait plus ce qu’elle est,
pendue dans un premier temps au bout d’une corde
et tournoyant au dessus des spectateurs concentrés.
Lee Ranaldo, adepte des expérimentations sonores
(en bon co-fondateur des Sonic Youth qu’il est) ne
laisse pas de répit à sa guitare : frottée à l’archet,
battue à la baguette, effleurée de ses mains, elle n’en
finit plus de vibrer, d’offrir distorsions et
réverbérations, s’effaçant peu à peu dans la
pénombre qui n’en fait que plus ressortir le motif
visuel de la vidéo de fond. Jean-Marc Montera répond
à cette immersion sonore tantôt par une guitare
électrique frottée à l’archet, tantôt par une guitare
sèche paradoxale, presque incongrue, qui ramène
une poésie légère en guise de bulles d’air dans ce flot
électrique. Étonnante, envoutante et réussie, cette
Lee Ranaldo © X-D.R.
transe musicale laissera dans son sillage des
auditeurs conquis, ravis d’avoir flotté pendant une
heure sur ce flux rare et intemporel.
PASCALE FRANCHI
Jeune homme recherche appartement
C’est sur une terrasse face au Palais
Longchamp qu’a eu lieu le 4 juin
le concert remarqué de Mina May
Le concept singulier des concerts en appartement
se poursuit cette année avec beaucoup de succès.
Initié par La Grosse Production, ce type de rendezvous à la fois intimiste et convivial est une entreprise
qui tourne, et ce n’est pas la prestation de Mina
May, soutenu par Tandem (scène de musiques
actuelles du Var), au cœur du quartier Longchamp
Mina May s’installe alors quand la nuit est bien noire,
avec toutes les influences pop rock et tendances indi
rock presque psyché par moment, plongeant
l’assistance dans une ambiance vraiment cool. Un
concert trois fois réussi donc, malgré quelques petits
problèmes techniques annoncés par moment, et à
peine éprouvés… Une belle soirée à domicile, à
retrouver sur le CD qui sort actuellement.
«chez Daniel» qui va le contredire. En réunissant une
centaine de personnes toutes heureuses d’être là, le
groupe composé d’Antoni (basse-claviers-guitare),
Concertmate (basse-claviers), El Pulpo (batterie) et
Flashing Teeth (voix, guitare), formation née à Toulon
en 2000, a su confirmer la pertinence d’une formule
en devenir. Les décibels ont commencé à ronfler
avec les deux derniers nommés (guitare acoustique
et voix pour l’un, synthé et improvisations
électroniques pour l’autre) pour un avant-gout de
solos délicieux en attendant la bande au complet.
SONIA ISOLETTA
CD Mina May. Label Silverstation Records
L’Afrique du Sud pour autre chose…
Mahotella Queens © X-D.R.
En ces temps où le ballon rond semble omniprésent
dans les médias, Châteauvallon a eu l’idée
singulière d’inviter, ce 4 juin, sur scène, des légendes
de la musique Sud-Africaine pour un concert riche
en émotions, montrant un visage autrement moins
tapageur du pays dont tout le monde parle.
La première partie, un peu courte, s’ouvrait avec les
Mahotella Queens, trio d’une fraîcheur réjouissante
évoluant sur des harmonies vocales colorées
typiques d’un certain attachement aux chants
traditionnels relevés, çà et là, d’un humour très
théâtralisé.
La deuxième partie, heureusement plus longue,
beaucoup plus orientée «urbaine» dans ses sonorités
empruntant au jazz et au blues, était emmenée par le
talentueux Hugh Masekela au bugle (parfois doublé
aux claviers) et au chant porté par une section
rythmique
(basse-batterie-percussions-guitareclaviers) digne d’éloges, mettant en valeur de subtiles
orchestrations et des grooves lancinants, quasi
hypnotiques. Au chant, la voix qui rappelait celle des
griots ou des shouters servait de contrepoint parfait
aux attaques franches, pleines de punch, avec une
sonorité pourtant douce et feutrée à l’instrument et
mettait en valeur un propos engagé, un regard
humaniste sur la vie : une fin de concert généreuse
en somme et d’un immense professionnalisme dont
la rigueur et la qualité n’ont pas échappé à un
auditoire visiblement conquis par ces délices sudafricains.
EMILIEN MOREAU
30
MUSIQUE
JAZZ
Sculpture et malaxage poétique
Christophe Marguet © Gérard Tissier
Le temps passé ensemble a nourri ce
quartet d’une complicité en évolution.
Les territoires musicaux mouvants, explorés depuis plus de 3 années, ont été
apprivoisés par Christophe Marguet
et ses complices, produisant une cohésion vitale. Ainsi, une solidarité instinctive
et toute naturelle s’est établie entre les
espagnol qui a réalisé Buscando la luz,
sculpture monumentale d’une dune piquée de fleurs qui est représentée sur
la pochette du dernier CD du Quartet
Résistance Poétique.
musiciens, chacun prenant des risques
créatifs en solo, se sentant appuyé par
les autres pour donner le meilleur. Et
tous possèdent une grande maîtrise de
leur instrument. Dans ce contexte,
Bruno Angelini, au piano, se montre extrêmement imaginatif. Mauro Gargano,
avec sa contrebasse à tête de lion,
devient un orfèvre par son jeu d’une
grande lisibilité même à grande vitesse.
Sébastien Texier au saxophone alto
et aux clarinettes ne manque pas non
plus d’inventivité. Enfin, Christophe
Marguet à la batterie, leader de cet
ensemble, et conducteur de cette
alchimie, apporte toute son expérience
pour que ses compositions, tout comme
des fleurs, puissent être butinées jusqu’à en extraire tout le nectar possible
de l’invention créative. Par ce biais, c’est
là un magnifique hommage rendu à
Eduardo Chillida, le sculpteur basque
DAN WARZY
Le concert a eu lieu le 22 mai
au Moulin à Jazz à Vitrolles
CD : Buscando la luz –
Christophe Marguet Quartet
Résistance Poétique / 2010
Abalone Productions/ Le Chant
du Monde / Harmonia Mundi
CD : Itrane - Christophe Marguet
Quartet Résistance Poétique / 2008
Abalone Productions/ Le Chant
du Monde / Harmonia Mundi
www.christophemarguet.net
Quoi de mieux qu’un pianiste de jazz pour parler de
jazz surtout lorsqu’il s’agit de piano ? En talentueux
et fidèle admirateur, le musicien Antoine Hervé, que
l’on a souvent vu aux côtés de J.F. Zygel à l’écran, est
venu présenter sa quatrième et dernière leçon de jazz
au Théâtre Denis à Hyères ce samedi 12 juin, consacrée cette fois à un monument encore vivant : le
pianiste américain Keith Jarrett.
Le propos était clair et concis sans être dénué parfois
d’un humour décapant et mettait en évidence une
passion non dissimulée pour l’univers artistique foisonnant que ce grand musicien a su construire en
plus de deux cents enregistrements. Ainsi, apprenaiton que tantôt adulé comme génie, tantôt critiqué
pour son tempérament extrême et jusqu’au-boutiste,
il avait débuté comme d’autres avant lui « sur la
route », en prenant soin de visiter au passage de
nombreuses « chapelles » et de s’en imprégner tout
en restant au-dessus pour se forger une identité artistique unique.
Dresser la liste des musiques l’ayant influencé n’est
pas un exercice facile tant il semble avoir synthétisé
dans son jeu toutes les formes et tous les styles
musicaux : de la modalité grégorienne au minimalisme américain en passant par le contrepoint baroque
et la musique folk, sa musique s’est construite sur un
sens rythmique, harmonique et mélodique très forts.
En bon pédagogue, Antoine Hervé a repris au piano
et avec beaucoup de toucher le répertoire du maître,
mettant en valeur ses différents aspects afin
d’éclairer un public d’amateurs sans doute déjà
avertis.
EMILIEN MOREAU
Antoine Herve © X-D.R.
La boîte à jazz
Quartet onirique
de la musique. Le piano, loin d’agir en
seigneur du château, a décuplé le sentiment de cohésion de cet ensemble
tandis que Jean Luc Di Fraya poussait
le talent des musiciens jusqu’au bord
de leurs limites… pour notre plus grand
plaisir. Un concert inoubliable.
DAN WARZY
Christian Brazier © Alain Paparone
Un public nombreux était là pour soutenir et écouter le 4tet de Christian
Brazier, ensemble constitué des musiciens à l’origine de la création du
dernier CD Circumnavigation : Perrine
Mansuy aux claviers, Christophe
Leloil à la trompette et au bugle, Jean
Luc Di Fraya, batterie et chant et… le
compositeur à la contrebasse. Une
grande sérénité se dégageait de la
formation, et tout au long du concert
le public a baigné dans un monde
onirique. Une invitation au voyage dans
l’espace et dans une intemporalité
presque religieuse, parfois incantatoire,
induite par le caractère très mélodique
Ce concert a été donné
au Cri du Port le 20 mai 2010
CD : Christian Brazier Quartet
Circumnavigation Label CELP
Musiques
www.christianbrazier.com
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MUSIQUE
BAROQUE
Du Baroque fort !
Programmer dans un même concert la très conséquente Missa Votiva de Zelenka
et l’Ode pour l’anniversaire de la reine Anne de Haendel, et ce dans l’église du
Sacré Chœur à l’acoustique plus que capricieuse, relevait de la gageure ! Difficile
en effet de mettre en valeur l’écriture ciselée et brillante de «l’anglais» d’outre
Rhin et de travailler la belle matière quasi organique du natif de Bohème et ses
multiples plans sonores avec un ensemble aussi compact. Le chœur OPUS 13, à
la justesse irréprochable, dirigé avec vigueur par Marie-Hélène Coulomb, resta
cependant confiné dans un ton monochrome sans mettre en relief les ondulations
contrapuntiques des deux compositeurs. Soulignons pourtant le travail de
précision de ces choristes (vocalises impeccables, équilibre des pupitres), qui
insufflèrent aux solistes un vent d’enthousiasme. Philippe Martin, baryton au
timbre chaleureux avec de beaux aigus, Lucie Roche superbe voix d’alto, chaude,
suave, et Cynthia Ranguis soprano tout en délicatesse et rondeur illuminèrent
de leur sensibilité les deux œuvres. Regrettons toutefois que l’Orchestre de
Chambre de Toulon et du Var, à cause de quelques traits violonistiques mal assurés
et d’un problème d’accord entre les cordes-bois et continuo, n’ait pas été à
l’unisson des chanteurs.
CHRISTOPHE FLOQUET
© Danielle Lorin
Violes et tags
En fait d’opéra «miniature», comme
l’annonçait le programme du Théâtre
de Lenche, l’adaptation de Zoroastre
de Rameau a duré près d’1h45, soit
davantage que Didon et Enée de
Purcell ! C’est que Jean-Paul Serra,
directeur de l’ensemble BaroquesGraffiti, possède un naturel modeste.
Certes, avec ses claviers enrobés de
lignes de basses de violes (Christophe Oudin et Jean-Christophe
Deleforge) et d’un violon virtuose
(Sharman Plesner), on est loin de
l’opulent orchestre de Rameau qui
tonne de coutume dans ses symphonies. Mais le bon goût et la minutie des
artistes ont compensé cette mutilation,
offrant au cortège vocal une intimité
pas toujours équilibrée, mais assez
probante.
Sur scène, une jeune soprano prometteuse Eleonora de la Pena et le ténor
léger Vincent Le Lièvre-Picard ont
formé un couple lumineux à la West
Side Story, alors que Yukimi Yamamoto et Geoffroy Bussière figuraient
un négatif ténébreux à leur duo princier…
annonçant La Flûte enchantée ! Aux
images projetées de fresques-portraits,
graffitis «in progress» filmés à la loupe,
l’œuvre a retenti de ses antiques feux
baroques, mais nous a aussi paru très
proche… Il faut dire que la mise en espace de Renaud Marie Leblanc,
modeste elle aussi, repose sur quelques accessoires symboliques, et une
subtile direction d’acteurs qui mène
ces jeunes interprètes vers l’essence
même de leur personnage.
On attend dorénavant les prolongements de ce travail entrepris sur l’opus,
comme l’introduction de ballets qui
iraient puiser du côté de l’Afrique… À
suivre !
JACQUES ET AGNÈS FRESCHEL
© Touhid Ster
Tonton et le foot
Alors qu’on prétend que la France
entière mange des pizzas et boit des
packs de bière face à des équipes
cathodiques qui se disputent un ballon,
la vie continue ailleurs… Ainsi aux
Pennes-Mirabeau, «l’orgue de
tonton» réunissait autour de lui de
superbes musiciens, dans un concert
baroque de belle tenue. L’orgue de
tonton ? en fait, l’oncle d’Isabelle
Chevalier, l’organiste Alain Corellou,
amateur éclairé d’orgue et de jazz,
avait sacrifié à sa passion son salon, en
avait découpé la mezzanine pour
installer son acquisition, l’orgue du
collège Provence. À sa mort, l’énorme
instrument sera placé dans l’église
Saint-Blaise des Pennes Mirabeau, où
il prend toute son ampleur. Ainsi, le 12
juin, il était sans doute ravi de vibrer
sous les doigts experts d’Isabelle
Chevalier, nièce du fameux mélomane
(magnifique improvisation sur J. P.
Sweelinck). Le concert suivait trois
mouvements correspondants aux
univers baroques abordés, Allemagne
(Schütz, Buxtehude, Bach), Angleterre
(Purcell, Handel), Italie (Patta,
Monteverdi). Le baryton Jean-Paul
Juchem venait compléter avec talent
l’Ensemble Dulcisona, donnait la
réplique à la soprano Anne Périssé
dit Préchacq. Les voix des deux
chanteurs se tissent avec intelligence,
se fondent dans les belles sonorités du
violoncelle, puis s’en échappent avec
brio. Ils arpentent les différentes
époques, les différentes langues avec
le même bonheur. Que ce soit des
Dulcisona © G. Basso
solos ou des duos, l’interprétation en
est réfléchie, subtile. Aigus aux belles
extensions, notes aériennes de la
soprano qui sait aussi donner de beaux
passages graves, à l’instar du baryton.
Les instrumentistes sont aussi
remarquables, un violoncelle magistral
et virtuose (Anne-Garance Fabre dit
Garrus) et une organiste au jeu précis
et délié. Les différents univers
baroques, graves ou enjoués étaient
servis avec une intelligence musicale
remarquable… Un choix de concert (le
4e) dont la jeune association des Amis
de l’Orgue peut se féliciter !
MARYVONNE COLOMBANI
Concert donné le 12 juin en l’église
Saint-Blaise aux Pennes-Mirabeau
CONTEMPORAINE
Féérie finnoise
Musicatreize continue l’aventure des Sept Contes
musicaux qui se conclura cette année avec Un
Retour d’Oscar Strasnoy au Festival d’Aix (voir p.
16). Mais pour l’heure l’ensemble proposait une
version concert d’Antii Puuhaara, l’histoire d’un jeune
finlandais abandonné par son père adoptif, riche
marchand. Il parcourt le pays rencontrant forêt
hostile, sorcière, géant… au péril de sa vie (texte
d’Erik Söderblom). Le comédien Olivier Boudrand, voix du narrateur et du marchand, change de
timbre et vit le récit avec émotion. La musique de
Tapio Tuomela, pour huit chanteurs, violon, alto,
violoncelle, clarinette, harpe, accordéon, est d’une
grande variété : harmonies subtiles, sons planants
Antii Puuhaara © Yves Berge
bouche fermée, bruités, grandes lignes mélodiques,
thèmes populaires, dissonances acerbes… avec de
beaux soli de Jean Manuel Candenot, basse, et
Rodrigo Ferreira, haute-contre. L’ensemble vit le
récit, des bâillements à la naissance d’Antii aux
multiples crescendi dramatiques ; la direction
soutenue de Roland Hayrabédian fait naître une
musique aux mille palettes : tuilages, legato lyrique,
pizzicati étourdissants, bruissements d’une forêt
terrible. Les instruments de chambre se jouent des
difficultés rythmiques et mélodiques, tandis que
clarinette, accordéon et harpe apportent de belles
touches populaires ou impressionnistes : les
procédés par amplification et variations sont d’une
extrême difficulté dont se sortent avec honneur les
musiciens. Un travail polyphonique et contrapunctique,
conduit en présence du compositeur : on attend avec
impatience la version scénique au Gymnase le 4
novembre !
YVES BERGÉ
Ce concert s’est joué aux Archives
et Bibliothèque Départementales Gaston Defferre, à
Marseille, le 11 juin
Lumineux !
Au théâtre des Bernardines l’ensemble Télémaque le 29 mai dernier s’est produit
avec bonheur dans un programme exigeant
Même si le titre Concert des psaumes peut nous
paraitre reposant, il n’en est rien ! Dès les premières
mesures échappées du magnifique théâtre, Preludium,
Postludium and Psalm de la jeune compositrice
hollando-polonaise Hanna Kulenty a donné le tournis
à l’auditoire. Mais pas aux deux interprètes. JeanMarc Fabiano (accordéon) et Guillaume Rabier
(violoncelle) ont su maîtriser l’œuvre toute en
virtuosité, véritable dialogue aux confins des possibilités timbriques des instruments, donnant parfois
l’illusion auditive d’un scintillement électroacoustique
! Le violoncelle fut ensuite rejoint par la clarinettiste
Linda Amrani, le violoniste Yann Le Roux-Sèdes
et le pianiste Hubert Reynouard pour le monument
qu’est le Quatuor pour la fin du temps d’Olivier
Messiaen.
À part, avant-gardiste ou tout simplement hors du
temps, la formation inédite de ce quatuor (au début
seulement un trio comprenant le 4e mouvement) a
été dictée par la présence d’instrumentistes dans un
camp en Allemagne en 1940. Inspiré directement
d’une citation extraite de l’Apocalypse selon SaintJean, le très spirituel compositeur avignonnais éloigne
l’auditeur du temporel à travers des rythmes striés
complexes et des couleurs mystiques dans les huit
mouvements qui composent l’œuvre. Cette profession de foi très difficile d’exécution a trouvé avec
l’Ensemble Télémaque des interprètes formidables
qui ont su non seulement se jouer des difficultés
techniques dantesques mais également se fondre
dans un univers mystique coloré chambriste en étant
en parfaite osmose entre eux. Ce qui est une véritable
prouesse, étant donnée la
partition, et nécessite une
complicité de longue
date. Avec les interventions
éclairées
du
directeur artistique Raoul
Lay et une telle envolée
musicale, le temps s’est
vu suspendu pour un
auditoire conquis, tout
heureux d’avoir participé
à cet événement.
FREDERIC ISOLETTA
Yann Le Roux-Sedes
© Agnes Mellon
MUSIQUE 33
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MUSIQUE
RÉCITALS
Romances gourmandes
Dans l’imposante Station Alexandre,
ancienne huilerie de structure Eiffel
remarquablement restaurée, Lucile
Pessey, soprano et Amandine Habib,
piano, nous invitaient à un joli menu :
romances, airs d’opéras, anecdotes
croustillantes et recettes du chef Rossini. Le maître italien, après ses succès
(Barbier, Tancredi, Moïse), ne supporte
pas l’échec de Guillaume Tell et l’ascension de Meyerbeer : il ne composera plus
d’opéras, il n’a pas 40 ans ! Il donne alors
des dîners somptueux où se presse le
Tout-Paris ; il officie lui-même à la cuisine
imposant, à ses hôtes de «tourner le dos»
pour ne pas dévoiler ses secrets
culinaires !
«Après la paresse, il n’existe pas de plus
belle occupation que de manger» : le ton
du récital était donné. La Grande
Coquette dévoile la sûreté technique de
la soprano, mélodie aux terribles
intervalles et un piano sautillant, complice parfait. Le Lazzarone, évocation des
oisifs bienheureux de Naples, une voix
égale dans tous les registres. La pianiste
énonce la recette du risotto au
champagne puis enchaîne une Danza
diabolique de belle virtuosité. Les airs de
la Cenerentola et du Barbier font apprécier la maîtrise de Lucile Pessey dans
un feu d’artifice de vocalises. Dans Une
caresse à ma femme, la pianiste effleure
le clavier avec tendresse, hommage à
l’épouse supportant ce mari extravagant.
Révérence de cet art de vivre dans la
jolie romance finale : Trinquons à la vie
! Le chef du Barocco, restaurant mitoyen,
© Yves Bergé
Rossini à l’usage des gourmands
a été proposé à la Station Alexandre
le 5 juin
décor théâtral aux saveurs italiennes,
prolongeait la soirée en proposant le
fameux Tournedos Rossini: tournedos,
foie gras, sauce aux truffes ! Un opéra
bouffe à consommer sans modération !
YVES BERGÉ
Verdict de l’histoire
mais également le mal-être de cet homme, au
tempérament amoureux mais voué au célibat, au génie
avéré (qu’il dut, comme tous les «noirs parisiens» de
l’époque, prouver en s’attaquant avec excellence à tous
les domaines), mais jamais accepté entièrement par la
Choral ensoleillé
L’exécution est propre, pas de «queue»
dans les passages syncopés, la musique
n’évite pas les difficultés, les textes sont
intelligents et sensibles. Aucune puérilité
dans le propos, qui ne cherche pas à
édulcorer la réalité. On dépasse largement le cadre scolaire ! D’ailleurs, un
disque réalisé lors des quatre concerts
(120 à 150 choristes différents par
concert) sortira fin septembre… Histoire
d’avoir plus qu’un souvenir ému !
M.C.
Ce concert a eu lieu du 18 au 25
mai à Rousset, La Penne-surHuveaune et Miramas
dans le cadre du Festival choral
académique
Cour : sa direction du Concert des amateurs lui valut en
1775 par l’Almanach Musical la qualification de «meilleur
orchestre symphonique de Paris, voire d’Europe» ; ce qui
n’empêcha pas Louis XVI, quoiqu’à contrecœur, de lui
refuser la direction de l’Académie Royale de Musique
suite aux plaintes de trois de ses membres.
Ce qui frappe, avant tout, dans ces airs inconnus, c’est
leur lyrisme, appuyé par un recours à des thèmes et
motifs désarmants de simplicité, la souffrance non
dissimulée de la berceuse Dors mon enfant, («ta mère a
bien assez de sa douleur» !), visiblement pétrie de
souffrances et de déceptions très personnelles, qui
n’est pas sans évoquer les thématiques romantiques qui
lui succèderont. Un compositeur à redécouvrir
d’urgence !
SUSAN BEL
Ce récital a eu lieu le 4 juin à la villa Magalone, Cité de la
Musique de Marseille
Cocktail détonant !
Nous les avions déjà applaudis lors du
festival Durance Luberon au château de
la Verrerie, (voir Zib’ 22). Ils reviennent
avec la même verve, le même entrain, le
même humour. Le costume a changé, les
morceaux sont plus ramassés, mais
l’approche désopilante reste intacte. Elle
Opera Molotov © AlietteCosset
La fin des années scolaires suit le rythme
des spectacles de fin d’année. Les
parents sont prêts à se pâmer devant les
performances de leurs chérubins. Chuuuut
! La représentation commence ! Un petit
discours de bienvenue, et les héros du
jour entrent en scène… Cette année,
dans le cadre du Festival choral académique, un artiste de la région, Daniel
Beaume, a composé Il pleut du soleil.
Les chorales de 21 collèges, préparées
par leurs professeurs, ont interprété avec
beaucoup d’enthousiasme des chansons
qui évoquaient les ombres et les lumières
qui hantent la vie des enfants du monde
: douceur des marées qui entraînent au
rythme des oiseaux, écume, «parfum
d’enfance», mais aussi horreur des
enfants soldats, des enfants esclaves.
Alain Aubin © maxminniti
L’oubli dans lequel a sombré pendant plus de deux
siècles le «mulâtre» Joseph de Bologne, adoubé par
son père mais appelé Chevalier de Saint-Georges
surtout pour ses qualités d’escrimeur, fait froid dans le
dos. L’œuvre musicale de cet homme étonnant, fruit de
l’amour d’un riche planteur et d’une esclave, vaut en
effet d’être entendue. Les talents de soliste, de chef
d’orchestre et de compositeur du jeune guadeloupéen
émigré à Paris ne faisaient pas l’ombre d’un doute
malgré les préjugés raciaux de l’époque (on se rappelle
notamment de la nouvelle impulsion par Louis XV, en
1762, au Code Noir).
Aussi Jean-Paul Serra, directeur de l’ensemble
Baroques-Graffiti et donc habitué à un autre
répertoire, a tout de même tenu à proposer, avec le
contre-ténor Alain Aubin, des partitions de la BNF,
inédites pour la plupart,. Et à les mettre en parallèle avec
des airs de Mozart, qu’on eut plaisir à réentendre.
La musicalité fut évidemment au rendez-vous, servie par
des lectures enflammées de textes resituant l’époque
vient du lyrique, il vient du jazz… Rencontre improbable de deux univers, et un talent
fou ! Cathy Heiting, soprano, (la grandissime Katia Kalchnikova), Jonathan
Soucasse, pianiste, aux coiffures si
expressives (la caricature du musicien
romantique est inénarrable !) s’en donnent
à cœur joie, inventent d’extraordinaires
biographies d’artistes qui satisferont les
esprits de clocher les plus pointilleux…
C’est dionysiaque à souhait, mais ne
vous y trompez pas, la rigueur musicale
est là !
M.C.
À venir : Opéra Molotov est en tournée
le 18 juin à Trets, le 31 juillet
à Puyloubier, le 23 sept à Saint-Lo,
et le 25 à Cornillon Confoux
http://duoheitingsoucasse.com
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MUSIQUE
MUSIQUE DE CHAMBRE
Au nom du père et de la fille
Lorsque les ailes des orgues de l’église Saint Jean de
Malte s’ouvrent, le silence se fait dans la nef qui
embaume encore des fragrances d’encens. Bernard
Foccroulle présente le programme avec clarté et
simplicité, livrant au public, en bon pédagogue, les clés
de la musique qu’il va entendre. Le propos musical
glisse de Schütz à Bach, en passant par Matthias
Weckmann, Dietrich Buxtehude, Purcell. Une palette
extraordinaire de couleurs se dessine alors, les orgues
sonnent comme une multitude d’instruments, flûte,
cornemuse, hautbois, orchestre entier, dans de
fulgurants emportements. On passe d’univers intimistes,
empreints de méditation, aux thèmes baroques de la
mort inéluctable, d’un monde de miroirs, rendus par la
construction même de certaines pièces de Buxtehude,
qui livre la première pièce autobiographique de l’orgue
dans son choral funèbre et déploration sur la mort de
son père. Et puis survint Bach : souverain, l’instrument
alors prend une ampleur inconnue, et l’interprétation de
Bernard Foccroulle, particulièrement dans le Prélude et
fugue en la mineur, est simplement magistrale.
Ce grand musicien s’incline alors avec une douceur
complice devant sa fille, Alice Foccroulle. Toute de
mesure et de sensibilité, la voix de cette jeune artiste,
qui maîtrise parfaitement les lignes, résiste à la puissance des orgues, s’impose avec des nuances cristallines,
de beaux graves de soprano, des finales parfaites. Le
propos est tenu jusqu’à la dernière syllabe, l’ultime
lettre, rendant l’intelligence subtile des textes. Son
interprétation de The blessed Virgin’s Expostulation de
Purcell, avec son invocation déchirante à Gabriel et à
des cieux étrangement vides, fut superbe d’expressivité.
Il est difficile d’être l’enfant de parents célèbres : Alice
Foccroulle réussit le pari d’être elle aussi une très
grande artiste. Quelle belle transmission !
MARYVONNE COLOMBANI
Bernard Foccroulle © Johan Jacobs
Festival virtuose
Festival de haute volée que celui du Tholonet,
Autour des claviers. Choisis avec discernement,
les jeunes artistes invités à cette manifestation, font
preuve d’un talent rare. Ainsi, dans la charmante
petite église du Tholonet, la «soirée russe» permettait
à un public littéralement sous le charme de découvrir
Thomas Gould au violon et Alastair Beaton au
piano. Qualité des silences, pianissimi étourdissants
du violon, qui sut concilier finesse émotion et brillant ;
jeu plein du piano, aisance des trilles. La sonate n°1
en fa mineur op.80 de Prokofiev, d’un lyrisme
sombre, brisant les conventions classiques, était
rendue avec une intensité bouleversante. Le compositeur russe sera repris lors des bis, pour la cinquième
des cinq mélodies. Auparavant, la sonate à Kreutzer
de Beethoven entraînait les deux musiciens dans
une joute virtuose où tous les registres semblent
passés au crible. Un concert d’une haute exigence
pour des artistes d’exception !
Le dernier concert du festival se tenait le 13 juin dans
la nouvelle salle de Palette. Bondée. La gratuité y est
sans doute pour quelque chose, même si le prix dans
les autres lieux n’excédait pas celui de places de
cinéma ! L’artiste de la soirée était, à l’instar des
concerts précédents, exceptionnelle. Sarah Lavaud,
qu’on avait pu découvrir l’an dernier à La Roque
d’Anthéron, en hommage au double bicentenaire de
cette année, interprétait des œuvres de Chopin et de
Schumann. Partitions difficiles et exigeantes. La
jeune artiste eut la gentillesse de présenter les
implications du programme choisi, mettant en
lumière les oppositions et les échos des œuvres et ce
Thomas Gould © Sussie Ahlburg
d’une manière simple, claire et construite, pour un
public éclectique dans lequel il y avait de nombreux
enfants. Faire partager son art, le commenter pour
que chacun apprenne à entendre les œuvres,
participe d’un beau souci de démocratisation de la
culture. Partagé par les organisateurs du festival.
Ainsi, elle nous emporta des obscures clartés du
Nocturne op.62 de Chopin aux lignes sinueuses et
chromatiques de la Barcarolle op. 60, et de sa
lumière radieuse, aux Mazurkas de l’op. 24 où le
cœur de la Pologne vibre. Puis c’était le cycle des
pièces brèves de Kreisleriana op.16 de Schumann,
exercice de miniature hautement acrobatique, puisqu’il
exige de la pianiste de se glisser très rapidement
dans de nouveaux rythmes, de nouveaux univers. Un
bel empâtement de la matière musicale, et une
légèreté virtuose, la pianiste semble devenir un
centaure d’un nouveau genre, ne faisant qu’un avec
le piano. Quel festival vivifiant !
MARYVONNE COLOMBANI
Un festival intimiste
Le Clos d’Albizzi à Cassis propose
pour la quatrième année ses «verres
musicaux», dans une ambiance conviviale et bon enfant. Le vin de la
propriété est offert en fin de concert.
Celui-ci se déroule dans les chais,
préparation à l’ivresse musicale ? Le 23
mai, c’était l’ensemble Mescolanza,
composé de trois spécialistes de la
musique médiévale, Stéphanie Mahue,
soprano et flûte à bec, Julien Ferrando, orgue et clavicyterium (clavecin
primitif évoquant une harpe à clavier)
et Jean-Michel Robert, luth. Leur
programme, Autour des instruments
médiévaux, du temps des papes en
Avignon à celui du Roy René s’attache à
faire découvrir aux spectateurs l’évolution de la musique du XIIe au XVe
siècle, le passage de la monodie à la
polyphonie, le rôle de l’improvisation,
jusqu’aux «stars» du XVe, comme Dufay.
Initiation à la facture des instruments,
souvent reconstitués d’après la
documentation du Moyen Âge, noyer,
buis, épicéa… sans compter la belle
histoire d’amour pour une guiterne…
Un très joli concert, avec des musiciens
talentueux, et une vraie démarche
historique.
M.C.
MUSIQUE
37
Orgue romantique
Afin de célébrer la restauration du Grand Orgue
entamée en 2007, les amis de l’Orgue de NotreDame du Mont ont proposé du 27 au 30 mai, en
collaboration avec Marseille Concerts, un
programme d’inauguration.
Frédéric Chopin, en 1839, avait joué pour les obsèques du chanteur Nourrit les «Astres» de Schubert
sur l’orgue alors présent dans l’église Notre-Dame
du Mont. Ses remarques, peu flatteuses, sur ce
dernier ont poussé le curé à commander le bel
instrument que l’on connaît au facteur d’orgues
Ducroquet. Inauguré en 1847, il était alors doté de
24 jeux sur 2 claviers et pédalier. Après la
bénédiction de l’orgue le 27 mai, suivie d’un récital
par Daniel Roth, puis la conférence du 28 mai par
le facteur d’orgues Jacques Nonnet à qui avaient
été confiés les travaux de restauration, un concert
trompette et orgue fut proposé le samedi 29 mai. Le
duo Gérard Occello-Chantal de Zeeuw, qui, en
bientôt vingt ans de collaboration, a su faire ses
preuves, a proposé pour l’occasion de très belles
pages de Vierne, Franck, Boëllmann, Mel Bonis, que
les sonorités XIXe de l’orgue (d’aujourd’hui 30 jeux !)
ont su rendre remarquablement. On pourra regretter
que les jeux très harmoniques, moins «rugueux» que
ceux d’un orgue baroque, se soient un peu moins
pliés à l’écriture de Bach. Mais la prestation de qualité
des deux musiciens fit aisément oublier ce décalage
de timbre.
On nous signala qu’un enregistrement de la plupart
De la manière à la matière,
opus 2&3
Suite et fin de l’enregistrement des sonates pour
piano et violon de Beethoven par le label Lyrinx à la
Criée. Si le concert d’ouverture du 26 mars s’était
avéré enthousiasmant, malgré l’écriture un peu
convenue des sonates de l’opus 12, les pièces
proposées le 19 mai et 8 juin, composées plus
tardivement (à l’exception de la sonate n°4, qui, la
première, avait bénéficié d’un accueil favorable de la
critique) faisaient preuve d’une plus grande maîtrise
d’écriture, et d’un génie éclos. L’apparition d’un
véritable dynamisme, du contraste si Beethovenien
entre les mouvements, d’une organisation savante de
motifs simples, de particularités rythmiques, de
tensions harmoniques peu conventionnelles et d’un
lyrisme bien présent dans les mouvements lents ne
permettaient pas de s’y tromper : nous étions bien
face au «style héroïque» du compositeur, dont les
deux solistes David Galoustov et Caroline
Sageman n’ont oublié aucune des nombreuses
subtilités. Leur exécution remarquable de la sonate
n°9, dite sonate à Kreuzer (ironie du sort : Kreuzer, la
jugeant inintelligible, refusa de la jouer), à l’écriture
délicieusement concertante, a tout simplement
ébloui le public.
David Galoustov s’étant foulé le poignet (gauche !)
peu avant le 8 juin, on n’eut pas le plaisir d’entendre
la sonate n°10, trop difficile. Le reste de la prestation
(et la reprise, pour la peine, de la sonate du Printemps)
fut cependant admirable. On espère avoir bientôt
l’occasion d’entendre cette ultime sonate : pour
enregistrer l’intégrale, il faudra bien qu’ils nous la
jouent !
SUSAN BEL
Caroline Sageman © Frederique Le Calvez
Gerard Occello © Agnes Mellon
des pièces jouées ce soir-là devrait bientôt être
disponible… On l’attend avec impatience !
SUSAN BEL
Le chant
de la terre
Beethoven, Liszt, Chopin, Brahms et
Debussy en tête à tête avec Zhong
Xu: conversation aux accents chtoniques dans la cité arlésienne ! A
l’image d’Yggdrasil dans les eddas
scandinaves, le pianiste chinois
construisit une véritable «muraille de
signes» faisant sourdre des entrailles
de la terre un monde musical inouï,
arrachant des graves de son Steinway
des harmoniques célestes. Enraciné
dans le sol, le virtuose ne fit qu’un avec
son instrument : sublime dans La vallée
d’Obermann du maître hongrois,
chirurgical dans la Sonate 28 de
Beethoven, Zhong Xu embrasa la
chapelle du Méjean dans l’Isle joyeuse
de Debussy. Tellurique !
CHRISTOPHE FLOQUET
Ce concert a eu lieu à la
Chapelle du Méjan, Arles, le
4 juin
38
MUSIQUE
OPÉRA
Tu es le père…
Il y avait soixante-quatre ans qu’Hamlet d’Ambroise
Thomas n’avait pas été représenté sur le Vieux-Port!
Le drame shakespearien, revisité à l’aune du
romantisme par le compositeur de Mignon, a trouvé
dans cette nouvelle production de l’Opéra de
Marseille (coproduite avec l’Opéra National du Rhin)
un souffle neuf.
Dans un décor unique (Vincent Lemaire), dont les
hauts murs froissés paraissent ceux d’une maquette
fraîchement retirée d’un dépôt pour ouvrages
négligés, les héros se meuvent vers leur lugubre
destin. À la mesure d’une mise en scène austère et
puissante (Vincent Boussard), le spectre
fantastique du paternel assassiné marche aux
cloisons, appelle son fils à la vengeance avec la voix
du Commandeur (Patrick Bollière). Le couple félon
(somptueuse Marie-Ange Todorovitch et Nicolas
Cavallier impeccable) panique quand l’immense
portrait du Roi devient miroir. Et quand son cadre
reste vide, façon Yves Klein, le héros médite au seuil
de son abyssal «Être ou ne pas être ?»… Enfin, lorsque
Ophélie se noie dans une baignoire, rappel loufoque
du lac originel, personne ne songe à rire : Duchamp
fait place à Delacroix !
Il faut dire que Patricia Ciofi, en grande forme, est
éblouissante dans cette scène de folie. On salue
aussi la performance de Franco Pomponi qui,
malade, a rempli son contrat jusqu’au tomber du
rideau tandis que son baryton le trahissait (le 1er juin).
Le Chœur de l’Opéra s’est une nouvelle fois
distingué, montrant, aux moments clés, puissance,
nuances et théâtralité. Et la direction souple et
élégante de Nader Abassi semble avoir été du goût
de l’Orchestre maison dans les interludes aux
séduisants échos de harpes, saxophone ou
clarinette…
Sommets
germains
Dernier concert de la saison :
Wagner et Richard Strauss
font trembler les murs de
l’Opéra de Marseille…
© Christian Dresse 2010
JACQUES FRESCHEL
Tardifs et flamboyants
Le Festival de Musique sacrée de Marseille s’est
achevé sur un programme pour le moins coloré : les
Laudate Pueri et Nisi Dominus de Vivaldi et le fameux
Pascale Beaudin © Pierre-Etienne Bergeron
Stabat Mater de Pergolèse. Grands «classiques»
baroques, menés avec énergie, musicalité et
générosité par l’Orchestre Régional de Cannes
(dirigé par Philippe Bender) et deux solistes
robustes : la jeune soprano Pascale Beaudin, très
prometteuse, et Marie-Ange Todorovitch (mezzo)
qu’on ne présente plus.
L’occasion pour un public nombreux de redécouvrir
l’œuvre sacrée de Vivaldi, qu’on connaît moins que
son répertoire instrumental. À tort ! La fougue lyrique
du prêtre roux, plus mesurée, et le climat
éminemment poétique de chaque air (le quatrième
verset du Nisi Dominus, tout en rythme et procédés
somnolents, est une pure merveille !) valent le détour.
Le célèbre Stabat Mater, bien que beaucoup plus
connu et entendu, a suscité un enthousiasme mérité
du public. Il eut par ailleurs l’intérêt de faire le lien
entre le lyrisme fougueux du compositeur italien le
plus célèbre du premier XVIIIe siècle à la puissance
dramatique du jeune Pergolèse, qui annonce la
période classique.
Très beau concert !
SUSAN BEL
Tout débute par l’énoncé du fameux
thème du Désir de Tristan et sa
«résolution» harmonique équivoque.
Illico, on se laisse embarquer par la
machine symphonique, son hypnotique balancement qui, à pas comptés,
conduit au climax volcanique avant
que la tension, doucement, regagne le
silence initial… On a beau connaître les
musts wagnériens sur le bout des
oreilles, rien n’y fait : le sorcier
allemand nous manœuvre à sa guise !
D’autant que le 12 juin, dans le vaisseau (aucunement fantôme !) de l’Opéra
retenant son souffle, un Maître
Chanteur envoûte l’Orchestre Philharmonique de Marseille. Klaus Weise
dompte la bête, maîtrise nuances et
dynamiques, en garde sous le pied,
soigne les textures et tisse les
hachures polyphoniques au fil d’un
souffle romantique vigoureux, comme
dans le triptyque de Tannhäuser et son
légendaire combat du vice et de la
vertu.
Avec la monumentale Symphonie
alpestre de Richard Strauss, le chef
incarne le joueur de flûtiau : on
s’éveille avec le soleil et l’on grimpe
dans sa course vers des sommets
lumineux… avant la descente orageuse
et le retour à la paix. Olympien ! Ou
Asgardien, c’est selon.
JACQUES FRESCHEL
40
MARTIGUES | SIRÈNES | TRETS | MERLAN
ARTS DE LA RUE
Sous les vents martégaux
ture, «pour se réapproprier le temps et la rêverie, ouvrir
l’esprit» selon E. Faye, «se nourrir de la lenteur du déplacement et laisser la puissance de l’esprit faire le reste»
pour C. Garcin, aucun des deux n’étant à proprement
parler des auteurs de récits de voyages. Parlant de
ses ouvrages Nous aurons toujours Paris (Stock), Mes
Trains de nuit (Stock) et L’Homme sans empreintes
(Stock), E. Faye évoque un «bric à brac emmêlé», des
impressions à classer dans lesquelles il faut remettre
de l’ordre pour retrouver «le merveilleux, l’innocence
de l’enfance». C. Garcin parle plus volontiers d’investir
des lieux plus ou moins rencontrés lors de ses
voyages et qui déclenchent l’écriture (notamment
pour La Piste Mongol, Verdier, Carnets japonais,
Escampette et Itinéraire chinois, Escampette).
D’anecdotes en lectures, ils convinrent que l’imaginaire faisait autant voyager que la géographie…
© Do.M
Les noms ne vous diront peut-être rien, évocateurs
de contrées lointaines, association de termes poétiques… Flûtes de Nantong, gomgom, moulin batteur,
moulin de Bali, harpe éolienne… Sur le site unique de
la Pointe de Bonnieu, à Martigues, le bout du
monde n’était pas loin. C’est là que dans le cadre de
l’Odyssée, Pierre Sauvageot, compositeur et néanmoins directeur de Lieux Publics, a imaginé son
Champ Harmonique, un parcours auditif hors du
commun, et hors du temps, qui donnait à entendre
une partition pour vent et instruments au gré d’une
(trop) courte marche symphonique. Il a bien sûr fallu
compter avec les caprices du premier concerné, le
vent, violent par moment, ou trop calme parfois, mais
qui toujours créait des mélodies uniques, y compris
quand le bruit des vagues s’en mêlait… Ce furent des
moments véritablement magiques pour chacun, des
concerts qui s’apparentaient souvent à une expérience sensorielle inédite. Et comme dans un ballet
mystérieux dont la chorégraphie serait restée libre,
les marcheurs cheminaient silencieux et attentifs,
avançant puis reculant d’un pas, sourire aux lèvres
et yeux plissés, ou recueillis dans un transat lors du
concert de harpes et gomgoms éoliens... Un spectacle total on vous dit !
DO.M.
Un peu plus tard à la médiathèque Louis Aragon,
Eric Faye et Christian Garcin se retrouvaient au
côté de Pascal Jourdana pour discuter de la notion
d’écrivains voyageurs. Les deux auteurs soulignèrent
l’importance des voyages en tant que moteurs d’écri-
Dans le cadre de l’Odyssée de Martigues,
Champ Harmonique s’éprouvait
sur la pointe de Bonnieu du 26 mai au 6 juin,
tandis que E. Faye et C. Garcin étaient reçus
à la médiathèque Louis Aragon le 4 juin
La Manière
Kubilaï
En ce 5 juin, Trets connaissait une animation que le
seul soleil n’expliquait pas. Attroupements autour de
fresques en graff qui se dessinent sous les yeux des
passants, illustrateurs BD (le Distant District) qui
travaillent... Des échos de jazz : après les étranges
Knofils, c’est la Banda du Dock qui approche.
Station à l’ombre des grands platanes, les musiciens
dansent, la douceur du jour prend des accents brésiliens… on aurait sans doute aimé plus de monde pour
une démonstration de cette qualité. La foule plus
nombreuse applaudit la performance du GUID (Groupe Urbain d’Intervention Dansée du Ballet Preljocaj)
dont les six danseurs présentent des extraits de
chorégraphies du chorégraphe. Fragments remarquablement choisis : ses différents univers sont abordés,
et la palette est large, inventive. Les architectures
mouvantes se déploient avec fluidité et évidence
malgré les défauts du sol sur lequel les artistes
évoluent, malgré aussi la difficulté d’être pertinents
dans les différents discours, de garder la même
intensité expressive et savoir entraîner un public hétéroclite avec soi. Une ovation plus que méritée remercie
les jeunes danseurs.
La place Audric enveloppée par la belle silhouette du
château de Trets allait recevoir ensuite un spectacle
étonnant : Antoine le Menestrel avait décidé d’abandonner le sol et prenait les toits et les murailles du
château pour surface de danse. Poésie insensée de
cet homme perché sur le faîte ameutant les oiseaux
qui s’affolent autour de lui en une ronde ailée, plumes
blanches qui jouent avec le vent… puis c’est la descente plus acrobatique que dansée, les gargouilles
s’apprivoisent, le mur semble s’aplanir, une amourette est contée… Enfin, au bout du fil tendu en
travers de la place un gâteau d’anniversaire est offert
à un habitant ému. 84 ans. C’est ce que nous souhaitons au moins à cette initiative, qui donne vie aux
pierres et réconcilie les gens avec leur patrimoine.
M.C.
© Jean-Claude Carbonne
Soto ni deru © Vincent Lucas
Trets envie
Qu’ils soient dans la rue ou sur scène
les KKI imposent leur style : urbain en
chaussures de ville, acrobatique et
nerveux, pulsé par une musique rock
soignée, servi par un rapport à
l’espace réfléchi, et des interprètes aux
qualités athlétiques. Soto ni Deru, créé
le 2 juin lors de la sirène sur le Parvis
de l’Opéra de Marseille -et repris lors
de En Lieux et places à Toulon (voir
p 15)- fait preuve de toutes ces
qualités, et suscite dans le public une
approbation épatée, mais froide. On
est loin du côté foisonnant, parfois
foutraque, de certaines sirènes… mais
loin aussi de leur émotion. Le flot
incessant de mouvement et de son
n’emmène pas vraiment avec lui, et les
corps ne semblent pas jouer
ensemble. Ils restent fermés sur euxmêmes, dans une solitude autiste dont
on ne sait si elle exprime le désespoir
des villes ou la singularité des trajets.
Un propos à préciser, peut-être ?
A.F.
Tribulations urbaines
La ville est un laboratoire d’expérimentations pour
les collectifs Ici-Même (Grenoble) et Safi (Marseille).
Avec le théâtre du Merlan, ils proposent Les
Traversées pour sortir des sentiers battus…
Six jours de tribulations diurnes et nocturnes pour urbains en mal
d’aventures à en croire le matériel de survie des participants au
Dessous d’un chantier de Safi. Munis de sac à dos, baskets ou chaussures de marche, bouteilles d’eau et casse-croûte, appareil photo, les
marcheurs entamèrent 1h30 de balade dans le 14e arr., entre la Rose
et la Busserine. Ethnologues de la banlieue dont le seul contact avec
la «population locale» se résuma à un bref échange avec trois gamins
à vélo, et les regards sombres et surpris d’une équipe de sportifs…
L’invitation «à arpenter cet incroyable territoire pour partager avec eux
ce moment d’utopie fragile qu’est la métamorphose d’une ville» (sic !) se
révéla bien vide. Entre barres HLM, terrains vagues, carcasses de
voitures carbonisées, les «spectateurs» ont eu à franchir quelques
broussailles épaisses, traverser deux ou trois îlots d’herbe folle avant
d’atterrir sur le seul espace vivant de la visite : un jardin associatif en
lieu et place d’un gymnase désaffecté, réapproprié par les habitants à
l’initiative des plasticiens de Safi qui œuvrent depuis deux ans auprès
des associations. Un vrai acte artistique et citoyen qui a permis d’avaler
la pilule !
De retour au théâtre, le groupe s’essaima entre la buvette et
L’Hypermédiathèque proposée par Ici-Même (assemblage évolutif et
subjectif de publications, Dvd, CDRom et bornes multimédia comme
autant de prolongements de leurs actions en France et à l’étranger)
avant d’assister à une soirée cinéma concoctée par l’association
Peuple et culture Marseille. Des films sélectionnés «autour de la
question de l’image par rapport à la ville» aux format, technique et
esthétique divers mais ayant tous une démarche documentaire, une
analyse «fictionnelle du réel». Avec, entre autres, Brilliant city du collectif
D-Fuse (ovni visuel et sonore), Munster Lands de Valérie Jouve (qui
laissa perplexes les amateurs de Grand littoral) et Under construction
de Zhenchen Liu produit par la célèbre École du Fresnoy.
M.G.-G.
Les
Traversées
Théâtre
Le Merlan,
Marseille
04 91 11 19 30
www.merlan.org
© X-D.R
42
JEUNESSE
AUBAGNE | LE REVEST | SIMIANE
Une journée particulière
trophées de la vie de trois énergumènes râleurs qui
les actionnaient, grossiers, bricoleurs de génie et
doux rêveurs : un coureur cycliste à tête d’ampoule,
la carpe de Tonton Fernand, Mémé et son chien
(«Une sacrée peau de vache, la vieille»)… Un capharnaüm invraisemblable pour dire les souvenirs et les
coups de gueule d’une famille (à peu près) comme
tout le monde. Le soir venu, le ThéâtreFragile
embarquait l’assemblée dans son exil gris et noir fait
de caisses de bois et de seaux en plastique, frêles
embarcations pour rappeler la réalité des traversées
sans nom. Derrière les masques sans bouche, sous
les guenilles, des cœurs battaient : une humanité
sauvée, palpitante à l’heure où les artistes convièrent
le public à partager une écuelle de soupe chaude.
Patrick et sa famille étaient tout émus devant ce
spectacle si généreux : «C’est excellent dans tous les
sens du terme, c’est magnifique» répétait-il bouleversé. Mais déjà le public s’enfonçait dans la nuit
pour voir le spectacle pyrotechnique et sonore de la
Cie Entre ciel et terre enflammer le ciel…
We meet in Paradise © X-D.R
Dans la vie des Aubagnais Chaud dehors est une
parenthèse poétique à vivre au plus près des artistes.
Car le secret des arts de la rue est de privilégier la
proximité et l’interactivité avec le public qui joue le
jeu à tous les coups ! Louis-Do Bazin alias Roger (Cie
Le Montreur) fut un formidable maître de ballet pour
des spectateurs médusés qui se sont vu offrir une
mini barre de danse devant «permettre aux gens
frustrés d’acquérir grâce et volupté.» Mais ils n’étaient
pas au bout de leur surprise quand, après des
exercices d’échauffement, ils découvrirent que cet
outil recelait une mini marionnette en mousse qu’ils
devaient à leur tour manipuler ! Tout le monde s’est
appliqué avec joie à répéter sauts et soubresauts,
entrechats et étirements prodigués par un Roger bon
enfant et drôle. Mais quand il s’est agi de s’affranchir
de l’apesanteur en faisant «le grand Icare», la partie
n’était pas gagnée aux dires de Laurence, une jeune
spectatrice enchantée : «Qu’est-ce qu’on nous fait
pas faire !…»
Même incrédulité et bonheur face au Filoscope, la
machine agricole de la Cie Carabosse qui regorgeait
de ferrailles, de vieux jouets, de chromos jaunis et
son fameux manège aérien ingénieux créé avec trois
appendices de Tour Eiffel, des rails et des glissières.
Des objets suspendus y défilaient comme les
M.G.-G.
Chaud dehors a été proposé par le Théâtre
Comœdia les 4 et 5 juin à Aubagne
À fond la gomme !
Sésame ? Moteur !
Des acteurs-musiciens sur scène, des comédiens-réalisateurs sur pellicule et des réalisateurs-acteurs-bruiteurs
en chair et en os ! La recette de La Cordonnerie est originale et savoureuse. Son spectacle, Ali Baba et les
40 voleurs, mêle habilement un film muet tourné en studio et en décor naturel, un accompagnement musical
en direct sur le plateau par des visages que l’on aperçoit parfois à l’écran, et, surprise, les bruitages réalisés
en direct par Samuel Hercule, l’homme-orchestre… On croirait assister à la post-synchronisation et le jeune
public découvre attentif le backstage d’un film. Avec tact et ingéniosité, La Cordonnerie a pris quelques libertés
avec Les Mille et une Nuits et offre une version plus contemporaine. L’histoire se déroule dans un paysage aride
(Nevada ? Texas ?), à une époque indéterminée (années 50 ? 60 ?), dans un décor de désolation (une stationservice sortie de nulle part). Là, tous les soirs Ali Baba et son frère Cassim regardent des westerns à la télévision
et rêvent de cow-boys, mais leur rencontre inopinée avec 40 voleurs aux allures de Bikers va bouleverser leur
vie. Désormais leur destin a la couleur de l’or…
Au récit filmique de deux héros malhabiles et timides se superpose un motif musical qui agit comme un refrain,
une histoire d’amour qui
© X-D.R.
mêle le vrai et le faux,
l’écran et la scène sous
nos yeux, le crissement de
la paille évoquant le pas
de l’un, le craquement
d’un bol de corn flakes le
petit déjeuner de l’autre.
La Cordonnerie réussit à
ganser avec finesse un
spectacle nostalgique et
fantasque.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Ali Baba et les 40 voleurs
a été donné les 7 et 8 juin
au PôleJeunePublic au
Revest
© X-D.R.
Une manière bien étrange d’envisager pneus et
chambres à air… Les trois clowns de la compagnie
barcelonaise Chaperton s’en donnent à cœur joie,
détournant ces objets de la vie quotidienne à des fins
loufoques et poétiques. Comme dotés d’une vie
propre, les pneus traversent la piste, adoptent
attitudes et caractères, deviennent des personnages
à part entière, enfants malicieux, gros durs, grands
timides… Ils se transforment en bateau hors bord, en
costumes incroyables, du petit gilet (un chic fou !) au
scaphandre… Que dire de la fleur et du bourdon
entreprenant, des calamars géants, des phoques et
autres bestioles… Les numéros s’enchaînent, et si le
rire n’est pas toujours du plus léger le spectacle est
très inventif et renouvelle le numéro de clown. Et les
mimiques des trois larrons sont impayables !
M.C.
Goma Gom a été joué le 29 mai
à Simiane Collongues
44
THÉÂTRE
NÎMES | CRIÉE | MARTIGUES | AVIGNON | SÉMAPHORE | FOS
Je pense aux accidents…
Questions
d’échelle
La Criée se délocalisait sur le beau plateau des Salins
pour accueillir Les Fausses Confidences de Marivaux
mises en scène par Didier Bezace. Le public du
Centre Dramatique National, malgré le déplacement
forcé, malgré la diffusion télé du spectacle qui aurait
pu dissuader, et bien qu’il lui fût possible d’être
remboursé, était là, prouvant une fois de plus son
attachement à Son Théâtre, et à sa programmation.
Quant au spectacle, il fait paradoxalement partie de
ces pièces qui passent mieux à l’écran que sur scène.
Pourtant la théâtralité en est magistralement mise en
abîme : le cadre de scène, les jeux de rideaux, la
trappe du souffleur sont utilisées par Dubois, valet
manipulateur et démiurge, comme des accessoires
de sa mise en scène. Pierre Arditti cabotine avec
génie, et donne une lecture de Dubois tout à fait
centrale, les autres personnages apparaissant
comme des pantins entre ses mains. Enfant amer de
Scapin et père bourru de Figaro il domine ses
maîtres… qui paraissent bien pâles. Jouant avec plus
ou moins de bonheur sur le registre de la farce les
silhouettes secondaires dessinent un patchwork peu
cohérent, avec parfois de beaux éclats. Quant aux
deux amoureux ils disposent de peu de marge de
manœuvre, la dramaturgie de Didier Bezace les
soumettant à des élans dont ils ne sont pas maîtres.
Reste qu’Anouk Grimberg fait de fort jolies choses,
sourires subtils, hésitations, tremblements, ruptures
vocales… admirables à l’écran, mais qui ne passent
pas le 8e rang, et échappent à une bonne moitié de
la salle. Question d’échelle encore : l’escalier
monumental, aristocratique, qui sort des coulisses
pour l’épilogue, fait un peu mal au cœur en cette
période de «réforme» des politiques publiques
appliquées au spectacle. Les Théâtres Nationaux
doivent-ils continuer à dépenser autant d’argent dans
les décors ? Peut-être au fond ne faut-il pas, au moins
là, y renoncer…
© Alain Monot
On sait Bruno Geslin attiré par des auteurs singuliers
dont il triture les œuvres qu’il met ensuite en scène
-Pierre Molinier, Joë Bousquet, Tony Duvert plus
récemment-, c’est notamment le cas avec Crash(s) !
Variations, spectacle très librement adapté du célèbre
Crash de James Graham Ballard. Dans la grande salle
des expositions du Stade des Corbières, des épaves
de voitures accidentées font face à la scène ; drôle de
drive-in défoncé qui déjà met dans l’ambiance les
spectateurs qui s’engouffrent dans les habitacles
sonorisés… Sur scène une voiture accidentée, deux
danseurs et une comédienne, un guitariste qui
balance de longs riffs, et puis le texte de Ballard, cru,
nerveux, scandé par l’un des personnages, soutenu
par la musique hypnotique et les images vidéos en
surimpression, les corps qui se meuvent, nus ou à
moitié, simulacres d’accident, de rapports sexuels,
tout se confond. Bruno Geslin ne signe pas là une
adaptation littérale du texte de Ballard ; c’est une
performance scénique qui tient plus du vertige
sensoriel, une avalanche de mots, de sons, d’images
qui mélangent l’horreur et l’érotisme, comme dans
un cauchemar dont on se réveillerait subitement,
dans une voiture accidentée…
DO.M.
Crash(s) ! Variations a été joué du 31 mai
au 4 juin à la salle des expositions du
Stade des Corbières, Nîmes
Cygne blanc sur lac noir
© D.M
savamment orchestré. Nous assistons à la terrible
descente aux enfers d’une enfant imaginaire victime
de la brutalité du monde, dans laquelle JeanFrançois Matignon, metteur en scène doué pour le
clair-obscur, brosse un acerbe portrait politique et
musical des années Thatcher. Cinq personnages,
diablement interprétés par Michèle Dorlhac,
Tanguy Matignon, Roland Pichaud, Thomas
Rousselot et Sophie Vaude, magistrale, traversent
cette histoire de corruption politique et industrielle
où l’homme est un loup pour l’homme. Dans une
scénographie implacable et très cinématographique
-l’utilisation de la vidéo est sculpturale-, l’intrigue se
déroule en rouge et noir, laissant notre imaginaire de
spectateurs dénouer les fils d’une condition humaine
virant au cauchemar. Un spectacle de sensations,
brutal mais sans misérabilisme, archi visuel et quasi
olfactif (le fer brûle aux enfers) qui donne absolument
envie de découvrir la seconde partie de ce portrait
millefeuille, qui sera montée en 2011 par la
compagnie Fraction.
DE.M.
Swan s’est joué au Théâtre des Halles,
Avignon, du 3 au 5 juin
AGNÈS FRESCHEL
Les Fausses confidences ont été jouées
à Martigues du 2 au 5 juin
© Brigitte Enguerand
Librement inspiré de la tétralogie policière Red riding
quartet de David Peace consacrée à la ville de Leeds
dans les années 80, et première partie d’un travail
entamé depuis 3 ans avec le romancier anglais, Swan
est une variation sur l’histoire du petit chaperon rouge
au pays du punk et de la Dame de Fer. Entre Sex
Pistols et Bacon, politique néo-libérale et éventreur
du Yorkshire, corruption politique et industrielle, se
joue devant nous un puzzle fragmenté mais
Pluvieuse Russie
Qu’est-ce qui pourrait les empêcher de jouer ces fous-là ? Apparemment pas le
match de l’équipe de France, ni la pluie qui tombait inlassablement ce jour-là sur
le Domaine de Lavalduc, bien avant leur entrée sur herbe et durant tout le
premier acte, transformant le public endurant en forêt de parapluie et autres
protections bienvenues. Ils sont comme ça au Théâtre de l’Unité, ils jouent.
Tchekhov en l’occurrence, Oncle Vania plus particulièrement dont le décor se
retrouve être naturel, bottes de foin rajoutées, et dans lequel les dix-sept
comédiens jouent avec énergie, de et avec les libertés qui leur sont accordées,
devant et derrière la scène improvisée, le désespoir de Vania et de sa nièce Sonia,
s’appuyant sur les didascalies délivrées en voix off, sur le personnage rajouté et
si juste d’Olga Knipper qui raconte entre les scènes les secrets d’écriture de son
«cher Anton»… Toujours guidée par Hervée de Lafond (elle joue Vania !) et Jacques
Livchine (qui a adapté le texte, en assume complètement les délirants à-côtés et
le met en scène) qui font preuve une fois de plus d’une inventivité sans limites, la
troupe offre une pièce qui se savoure parmi les odeurs et les bruits de la nature,
jusqu’à crier au final, alors que la nuit est finalement installée, «je fais quoi là ?»,
en lieu et place du plus commun «qu’ai-je fait ?». Réponse autour du bortsch
fumant préparé par le moujik Livchine durant la pièce…
DO.M.
Oncle Vania à la campagne a clôturé la saison de Scènes et Cinés
au Domaine de Lavalduc les 11 et 12 juin
Oncle Vania a la campagne © X-D.R
Enfant de la balle
C’est l’histoire d’un type, et peut-être
d’une famille… D’un nom synonyme de
fête pour la plupart des gens, et de
cauchemar pour ce type qui le porte et
le trouve parfois un peu lourd. Prénom:
Warren. Nom : Zavatta. Ça doit normalement suffire à déclencher en chacun
de nous la ritournelle incontournable
de la Piste aux étoiles : Warren est le
petit-fils d’Achille, artiste reconnu,
clown adulé, mais grand-père absent
pour sa famille, et notamment pour
Warren, enfant et jeune homme admiratif mais qui n’eut jamais rien en
retour. Aigri Warren Zavatta ? Non, le
spectacle agit comme un baume sur
ses blessures, cette fêlure qu’il exorcise à chaque représentation. C’est un
hommage qu’il rend à son grand-père,
hommage particulier puisqu’il casse
l’image bien huilée, légèrement magi-
que, du monde du cirque, balance à
tout va sur les coulisses peu reluisantes,
raille l’atavisme… mais avec suffisamment de distance pour faire rire sans
apitoyer, faire prendre conscience,
avec de la tendresse malgré tout, tout
en s’inclinant. «J’ai un immense respect
pour toi pépé, mais j’aurais préféré avoir
un grand-père» glisse à la fin du spectacle cet artiste accompli qui jongle,
crache du feu, roule sur les ballons, fait
claquer le fouet et joue du saxo… Il
rêvait de jouer la comédie, c’est chose
faite.
DO.M.
Warren Zavatta a joué Ce soir dans
votre ville au Théâtre le Sémaphore
à Port-de-Bouc dans le cadre
des Nuits circulaires le 21 mai
46
THÉÂTRE
ATELIERS | 3 BIS F | BERNARDINES
Massacre à la perceuse
Le Théâtre des Ateliers a présenté Les Dingues de
Knoxville de Joël Jouanneau par La compagnie
d’entraînement. Création enlevée, déjantée, portée
par la belle énergie des élèves-comédiens en formation
professionnelle pour une année sous la vigilance
artistique d’Alain Simon, maître des lieux. Depuis
1995, chaque année, 10 apprentis comédiens
bénéficient d’une formation gratuite de 900 heures à
l’issue d’une audition. Une belle aventure riche
d’expériences multiples, de rencontres constantes avec
le public et des créateurs contemporains, de séminaires.
Les Dingues de Knoxville est une comédie foldingue,
sans histoire précise, avec un fil conducteur qui tourne
autour de l’univers burlesque de Jerry Lewis, des Marx
Brothers ou des Pieds Nickelés. Les personnages
viennent d’univers différents et se rencontrent peut-être
sur un plateau de tournage, au coin d’une rue ou dans
un hypothétique désert. Chacun a son histoire ou son
fantasme : femme fatale, cow-boy de pacotille, détective
privé... Les saynètes s’enchaînent de façon burlesque
et quasiment aléatoire sous la direction d’un meneur de
jeu. Deux clowns ponctuent ces moments, jouant aussi
bien les cactus du désert que la guenon accrochée à
sa liane : grand moment ! Scènes de drague,
d’intimidation, comiques, mais la noirceur n’est jamais
loin. Le tout rend compte de l’incohérence de notre
monde jusqu’à la scène finale où le détective se
transforme en tueur à la perceuse !
© X-D.R.
CHRIS BOURGUE
Les Dingues de Knoxville s’est joué
du 8 au 16 juin au Théâtre des Ateliers, Aix.
Inscriptions en cours pour la formation 2010/2011prochaine audition en septembre.
www.theatre-des-ateliers-aix.com
Mytholalies...
Soirée emblématique de la mission du 3bisf, lieu
d’arts contemporains sis au cœur de l’hôpital
psychiatre d’Aix, qui a vu se succéder et se croiser
action et réflexion, création et parole autour de l’idée
de Sacrifice, en écho à une expérience menée à
Palerme au centre Amazzone (une affaire de
femmes?). Iphigénie ouvre la danse sur les pieds nus
d’Anne-Marie Chovelon, en lourde robe de
princesse, fendue dans le dos : ruissellement de la
sombre chevelure qui cache parfois le visage, galop
circulaire et percussions font d’abord craindre le pire
tautologique sur le mythe et le primitif... puis le corps
trouve son chemin dans un singulier tremblement,
bras et sein droits dénudés, plus proche de la
Bacchante que de la vierge : tête renversée en
arrière, ce n’est pas la victime mais la guerrière qui
quitte la scène.
Jean-Pierre Raffaeli lui, assume malicieusement la
figure mythique du conférencier table-tableau-verre
d’eau-didactisme poli. Remise à niveau des
connaissances et problématiques ancrées dans la
création contemporaine : le mythe comme contenu
dynamique et transformationnel, comme consensus
à briser, de quoi donner du grain à moudre à l’artiste;
limpide, passionnant, un peu frustrant car borné par
l’impératif horaire en pleine évocation de ces femmes
qui de Rebecca Horn à Louise Bourgeois font le
détour par la réinvention permanente du sacré pour
donner une forme à leur questionnement, leur
angoisse...
Retour à Iphigénie, devenue souffle et voix, exécutée
comme une partition où se lit quelque chose de la
femme éternelle (?), par la performeuse vocaliste (sic)
Miriam Palma sur un texte de Lina Prosa en italien
puis en grec, parfois emphatique, impossible à saisir
littéralement. Perplexité immédiatement dépassée
par la dernière proposition de la soirée, dérangeante
à souhait : Sacrificale/Notte trasfigurata est un film
de Federico Stampa dont les extraits d’une
vingtaine de minutes offrent la vision énigmatique
d’un homme scarifié qui semble s’immoler
volontairement ; ses paroles de bénédiction comme
une litanie l’accompagnent et… la nuit s’installe. C’est
beau ou grotesque selon l’humeur, peut-être grand...
Le mythe n’est pas mort !
MARIE JO DHÖ
Mito a été proposé au 3bisf le 11 juin
Chauffe mollets !
Mogador et le Châtelet sous la coupole des
Bernardines! C’est gonflé, mais comme le dit Elfriede
Jelinek invitée à mettre son grain de sel en situation
«Ce qui est si précieux c’est de pouvoir tout se
permettre...» Pas évident de les mettre sur scène ces
quarante jeunes tous issus du Département Arts du
Spectacle et Musicologie de l’Université de Provence ;
la chapelle est devenue nef avec praticable flanqué de
spectateurs et chœur où officient les musiciens en
direct ; la table d’autel (du Cheval Blanc) est à sa place
pour les sacrifices barbares ; l’opérette est une école
de la cruauté, on le sait depuis Valère Novarina, mais
quand elle est viennoise, créée à Berlin en 1930 et
revisitée par Angela Konrad, elle vous laisse tout chose
entre rires moisis et surprises en cascade. Faut avoir
envie d’y croire à ces servantes en costumes tyroliens
(très chou) et chaussures de rando qui vous accueillent
en chantant, à ces démêlés juridico-amoureux autour
de la combinaison qui s’ouvre par devant ou par derrière
(coquin), à ces chassés-croisés de villégiature
multipliant les incarnations d’acteurs... Première demiheure : trop de mollets qui courent sur scène, de
chœurs un peu lourds et peut-être une certaine
hésitation à habiter vraiment cette fantaisie alpestre, et
puis le troupeau de vaches affalées (très féminin)
meugle en cadence, deux marmottes sifflent et
soufflent ; ça y est, le rythme est en place et c’est le
moment de tout dérégler ; bien joué ! on l’avait
© Richard Roux
remarqué, ce convive blême à petite moustache noire
en train de manger sa soupe ; on les avait entendus ces
propos d’auberge peu amènes sur les étrangers... Le
fringant se métamorphose en grinçant, les maquillages
coulent, le funiculaire tombe, on reparle de la servante
séduite et noyée, la violence se déchaîne et révèle des
talents singuliers (la biche foudroyée, grand moment),
les claques joviales sur les cuisses folkloriques
déclenchent des batailles dérangées, il en faut de peu
que les bras se tendent à l’oblique et que les talons
claquent pour d’autres danses. Terrifiant comme un
beau travail de fin d’année !
MARIE-JO DHO
Au Joyeux Tyrol, d’après l’Auberge du Cheval Blanc
et l’œuvre d’Elfriede Jelinek, a été présenté
aux Bernardines du 8 au 13 juin
GYMNASE | BANCS PUBLICS | MINOTERIE
THÉÂTRE
47
Apéritifs durables
Chroniques de l’alcoolisme ordinaire, Les nouvelles
brèves de comptoir entraînent le public dans une
tournée des bars plus qu’enlevée. Jean-Marie
Gourio a une nouvelle fois recueilli et adapté ces
phrases qu’on saisit parfois au vol si l’on traîne au
zinc. On reste d’ailleurs perplexe et un tantinet
admiratif : comment s’y prend-il ? les a-t-il réellement
entendues, ces répliques qui tuent, et qui tirent tous
azimuts, inspirées par la lecture du journal, la météo,
les sujets de l’époque : mondialisation, écologie,
Obama, crise… ? En réalité, on n’a pas vraiment le
temps de se poser ces questions. Jean-Michel
Ribes mène sa troupe tambour battant dans une
ivresse millimétrée. Les verres se remplissent et se
vident à toute allure, les vannes fusent non-stop, on
s’esclaffe, on oublierait presque de respirer entre
deux. Un bistrot, une scène et des personnages
différents que les 8 comédiens jouent à fond, les
jours de la semaine se succèdent jusqu’au lundi
suivant, retour à la case départ et fin de la virée. Bref,
ça tourne. Et grisé par ce flux continu, vaguement
écœuré par ses relents de racisme, de violence et de
connerie, ému pourtant par ce que cette philosophie
de comptoir suggère de résignation et de solitude, on
sort de là titubant, comme si on avait abusé de
«rumsteck sans steak».
Seule
avec ce fatras
plastique
© Fabrice Duhamel
FRED ROBERT
Les nouvelles brèves de comptoir ont été représentées
au théâtre du Gymase du 1er au 12 juin
© Brigitte Enguerand
Elle se tient assise dans ce qui pourrait être un sas,
cloison translucide en fond de scène, issue en
lanières plastifiées côté cour, sachets de
supermarché multicolores partout sur le sol. Seule
sur sa chaise, en blouse et talons plats, elle défroisse
puis découpe méticuleusement des sacs plastique.
Et elle parle. Elle, c’est La Petite. Employée dans une
grande surface, elle rêve d’être actrice. Alors, là,
pendant sa pause, au fond du magasin, elle répète
son rôle, celui d’«une revenante dans une histoire
d’Antiquité», un tout petit rôle, une apparition. Et,
déplissant sa robe de scène (toute de sacs plastique
elle aussi), elle dévide à voix haute le fil de sa vie et
convoque les autres Tous tant qu’ils sont. Pour la
mise en scène de ce monologue, 1er mouvement de
la pièce de Suzanne Joubert, Xavier Marchand a
choisi la sobriété et l’efficacité. Une économie de
mouvements et d’effets que souligne la simplicité du
décor tout en suggestion, et qui met en valeur la
direction d’acteur. D’actrice en l’occurrence. Edith
Mérieau campe avec finesse la jeune employée ;
non sans humour, elle donne corps à toutes les voix
qui la traversent. Ainsi prennent vie tous ceux qui
diraient s’ils étaient là : le père parti battre campagne,
la mère et son Robert (le dictionnaire), et tous les
autres, Glenn, Simon, Benoît le Portoricain et Paul le
gros lourd et la sœur du maire de secteur… La
comédienne restitue brillamment la richesse d’un
texte universel ancré dans un quotidien des plus
prosaïques, un texte aux multiples registres et dont
l’oralité résonne, comme un écho du fatras de nos
existences ordinaires.
FRED ROBERT
Tous tant qu’ils sont a été représenté
à La Minoterie dans le cadre
de Hors Piste, carte blanche
à Xavier Marchand, du 20 au 22 mai
Une minute dans la bouche
La petite forme présentée par Charles
Eric Petit aux Bancs publics confirme
son talent, et celui de ses deux comédiens. Dans un cadre très intime, dos
à dos sur des tabourets, Guillaume
Clausse et Thomas Cerisola conversent comme sur Internet, échangeant
quelques invitations d’un érotisme cru
à une rencontre dévoratrice. Les
images fonctionnent à l’envers, euphémismes dévoilant en termes sexuels le
désir d’une dévoration qui n’a rien de
métaphorique, où la jouissance régressive, cannibale, force les portes de
l’effroi. Slashs et smileys qui s’énoncent ne rendent pas plus virtuels
l’énoncé concret de ce monstrueux
appétit de Di@ble en bouche. La fin, de
glaise, de cri, de primalité digestive,
laisse pantois. Reste qu’il manque au
milieu l’accomplissement de l’acte de
dévoration. Innommable ? On reste sur
une faim paradoxale et équivoque,
comme si lors de ces quarante minutes
© X-D.R
on était allé au terme, jusqu’à l’expulsion, mais non au bout, en évitant la
rencontre concrète et la jouissance. En
se disant de plus que cet effroi-là, si
spécifique -homosexuel, masculin et
franchement déviant, jusqu’au crimeintéresse au fond fort peu…
A.F.
Le Di@ble en bouche s’est joué
aux Bancs Publics du 3 au 5 juin
48
DANSE
MOD | CHÂTEAUVALLON | TOURSKY | BALLET D’EUROPE
L’éclat fané d’une légende
Meredith Monk à la Friche ! la légende américaine, performeuse, chanteuse,
membre active et singulière de la
Judson qui dans les années 70 jeta la
danse et les arts dans une esthétique
nouvelle, vient en France, triomphe à
Paris, est encensée dans Le Monde...
On l’attendait comme on espère une
révélation, qui ne fut pas tout à fait à
l’œuvre, même si la salle lui réserva un
accueil enthousiaste, dû davantage à
ce qu’elle représente qu’à la réalité de
ce qu’elle proposa.
Meredith Monk a 68 ans : dans Girlchild revisited elle reprend une pièce
ancienne qui parcourait sa vie à
rebours, vers le nirvana (elle est bouddhiste), en partant d’une vieillesse
feinte (perruque blanche et gestes
ralentis) pour se dépouiller et retrouver
en trois étapes un état d’enfance. Au
passage elle faisait démonstration de
sa technique vocale, tessiture folle mais
surtout grande variété de bruitages,
râles et souffles. Dans la version revisitée, la voix a perdu beaucoup de sa
brillance, mais les gestes restent précis
et laissent s’affirmer une performeuse
d’une présence folle. L’accompagne-
est la reprise de morceaux anciens
avec trois de ses consœurs de son
Ensemble vocal. Elles aussi chantent/dansent, a minima quant aux
gestes, s’accompagnant sur trois
orgues électriques successifs. Leur
travail de recherche, descendant vocal
de La Monte Young ou de Cage à sa
période Fluxus, est très daté, d’un
radicalisme vieux de quarante ans. Une
pièce de musée, qui n’a plus rien de
révolutionnaire…
AGNÈS FRESCHEL
À venir
Dans le cadre du Festival de Marseille,
MOD programme Musings, un hommage que Foofwa d’Imobilité rend à
Merce Cunnigham, John Cage et
Rauschenberg et qu’il veut «vivifiant
plutôt que funèbre».
© V. Sladon.
ment au piano, accords plaqués en
boucles, du très mauvais «répétitif
américain», agace rapidement, mais
n’empêche pas de percevoir avec
émotion le trajet grinçant de cette
femme : elle ne parcourt plus vraiment
sa vie à l’envers mais impose une
vieille petite fille dans une blancheur
qui n’a rien de virginal et paraît, comme
en Inde, mortuaire. La deuxième pièce
Fluidité et lumière
La danse de Jean-Charles Gil cherche une
évanescence, sur des terrains peu fréquentés. Avec
son Ballet d’Europe pétri de technique classique il
© Agnès Mellon
s’aventure vers une grande simplicité, pistant la grâce
du mouvement, les arrondis et l’ampleur, tout en
refusant autant que faire se peut les tensions et
crispations imposées aux corps. Son Extra-vaganza,
fondée pour l’essentiel sur un pas de deux rapide,
joue des proximités de deux corps qui s’enlacent, se
portent et s’accompagnent, sans cesse en contact
et en mouvement, suivant de près la dynamique
entraînée de Vivaldi. Ou la délaissant, pour trouver
un coulé surprenant… Puis le rideau du fond de la
Cartonnerie s’ouvre, laissant apparaître les arbres par
les fenêtres, et une lumière qui baigne la scène
devenue blanche. Les danseurs entrent, leurs
costumes aux lignes simples, fluides toujours, ont pris
une teinte unie, saumonée. Ils dansent sur
Theodorakis, et la voix rauque de Maria Farantouri
vient compliquer le jeu : terrienne, comme blessée,
elle donne du grave à une danse qui ne s’évapore
plus, et tourbillonne différemment. Les sept
interprètes n’en finissent pas de combiner leurs
énergies, fuguant, s’assemblant en différentes lignes.
L’enchaînement des chansons permet à de courts
tableaux de dessiner de nouveaux sentiments, tous
différents, mais indéfinissables. On s’y laisse plonger,
on s’y perd, et puis cela finit déjà, sans qu’on sache
très bien jusqu’où on est allé… Vers la lumière ?
AGNÈS FRESCHEL
Extra-vaganza a été dansé le 10 juin à la Friche
Le 26 juin à 18h aux Bernardines
04 95 04 96 42
www.marseille-objectif-danse.org
Danse devant
le miroir
Si vous pensez que le flamenco n’est qu’un genre
certes brillant mais surtout figé, destiné à des
aficionados aux principes cloisonnés, allez au Toursky l’an prochain, et ce que vous y verrez et entendrez
vous en démontrera de façon éclatante le contraire !
Cette année, la compagnie de Joaquin Grilo a enchanté la salle, tant par la beauté d’exécution bien
sûr -guitare magique (Juan Requena et Martin
Leiton à la basse), percussions inventives (Paquito
Gonzales), chants rauques et emportés à souhait
(José Antonio Valencia et Carmen Grilo), danse
virtuose (Joaquin Grilo)- que par la force du propos.
Avec Leyenda personal, l’ancien chorégraphe du
Ballet National d’Espagne livre sa vie, au cœur d’une
longue rêverie née d’un vieil album de photographies.
Naissance par la fente oblongue d’un long rideau où
se jouent les transparences des fantômes du passé,
hymne à la femme, mère, patrie, dénonciation des
manipulations, des coercitions de toute sorte, pauvreté, arbitraire… le danseur devient pantin, qui peu à
peu s’extrait des ficelles qui le retiennent. La conscience éclot, la danse se libère, éblouissante.
M.C
Leyenda personal a été dansé au Toursky
dans le cadre du Festival Flamenco
et de Mai-Diterranée
Désopilante Carmen
Après 1h25 de l’incroyable Olivier Martin-Salvan, Bizet en rit encore ! Il faut
dire que l’acteur-chanteur lyrique ne ménage pas ses efforts pour donner corps
à une ribambelle de personnages et revisiter les scènes en cascade. Derrière le
prétexte d’une audition pour la création de Carmen, le spectacle tire le portrait
sans concession d’une équipe artistique, la caricature avec un malin plaisir en
traquant ses défauts, ses menus travers avec une drôlerie de tous les instants. On
assiste à une vraie performance d’Olivier Martin-Salvan qui explose dans la parodie
comique, endossant tous les rôles à la vitesse d’un éclair et mimant toutes les
expressions, même les plus fugaces, jusqu’à réaliser lui-même les bruitages du
rideau de scène, de la vachette dans l’arène… le tout dans une harmonie parfaite
avec la pianiste Lucie Deroïan qui enveloppe la partition d’une sensualité torride
et légère à la fois. Dans le halo de la poursuite, le jeune ténor Louis Bosis s’apprête
à relever le rôle-titre de Don José, mais il lui faudra d’abord être sa doublure et bien
avant encore vivre d’incroyables (més)aventures ! Car créer Carmen n’est pas une
sinécure et le stress de la première provoque des décharges émotionnelles
auxquelles le spectateur compatit en riant goulûment. Malgré quelques faiblesses
d’un texte désopilant -qui transforme la manufacture de tabac en fête foraine et
les cigarières en «barbapapières»- et quelques chutes d’adrénaline rythmique, O
Carmen est un opéra clownesque jubilatoire dont la facétie joue à jeu égal avec
la tendresse, et le mordant avec l’amour des artistes.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
O Carmen de L’Incroyable compagnie a été joué du 3 au 5 juin
au CNCDC Châteauvallon
À venir
Le festival de Châteauvallon se poursuit dans l’amphithéâtre au cadre splendide,
pour des spectacles à l’horizon infini… jusqu’au 31 juillet, avec Shakespeare par
Jean-Baptiste Sastre, Ron Carter, le Ballet de l’Opéra de Paris, le Boléro par
l’Opéra de Toulon…
Nouveau festival 2010 de Châteauvallon, Ollioulles
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
O carmen © S. Marchal
Étincelants
L’ensemble 18 de l’ERAC s’apprête à s’offrir aux
regards des professionnels, et du public, au terme de
trois ans de formation. Prêts à se lancer sur le marché
des acteurs, si difficile à conquérir, même lorsqu’on
est bourré de talent et qu’on a reçu une formation de
pointe ! Deux bonnes raisons donc pour aller les voir :
ils sont très forts, et ils en ont besoin ! Une autre ? ils
ont travaillé avec Catherine Marnas, à partir de
textes de Koltès, et Si un chien rencontre un chat
prend naissance dans ces rencontres improbables et
indécises, animales, entre des êtres qui s’attirent et
se repoussent… Une dernière ? À La Criée comme
au Cloître Saint-Louis les représentations sont
gratuites. Sur réservation ! A.F.
© Pierre Grosbois
Si un chien rencontre un chat
La Criée, Marseille
Du 22 au 26 juin
04 96 17 80 31
www.theatre-lacriee.com
Cloître Saint-Louis, Avignon
Du 8 au 12 juillet
04 90 14 14 14
www.festival-avignon.com
Double festival
Scotto plein de verve et d’allant, les Carboni
accueillent Clémence Massart dirigée par Caubère
lui-même, la Visite de la Vieille Dame, fable cruelle
mise en scène par Caroline Ruiz, Ali Bougheraba
dans un auto solo guidé par Didier Landucci (les
bonimenteurs)… et aussi : Moussu T e lei Jovents
qui s’essaient également à l’opérette marseillaise !
De joyeuses soirées de partage en perspective,
ponctuées de débats sur la place du théâtre dans la
ville.
Les Carboni depuis 5 ans posent leur Posada, sorte
de théâtre portatif à mi-chemin entre les tréteaux et
le chapiteau, au cœur du Panier pour un festival de
proximité qui prend le risque du populaire. Puis ils
s’en vont à Noves réitérer l’aventure… en emmenant
avec eux une partie de leurs invités. Au programme
cette année ? Outre leur Sarvil, l’Oublié de la
Canebière, un spectacle sur le parolier de Vincent
Sarvil, l'oublié de la Canebière © X-D.R
A.F.
Les 13 Paniers
Esplanade de la Major, Marseille
Du 23 au 26 juin
Off in Noves
Théâtre de Verdure, Noves
Du 30 juin au 3 juillet
04 91 90 33 52
www.lescarboni.com
L’esprit de Brecht
à lui, faisait éclater, systématiquement, les normes
du jeu bourgeois ! La Cie du grand soir propose une
version de La Vie de Galilée, son texte le plus
philosophique, qui renoue avec l’esprit cabaret, les
songs de Eisler, mais l’humour aussi des jeux avec le
quatrième mur. Et surtout l’esprit révolutionnaire !
Avec Régis Vlachos, notre collaborateur philo, en
scientifique obstiné…
Certaines rigidités dans la doxa brechtienne rendent
frileux les metteurs en scène qui voudraient
s’emparer de ces textes, et se voient imposer des
interdits musicaux, de jeu, d’adaptation, et des
raideurs aussi quant à l’interprétation des préceptes
esthétiques de distanciation… Pourtant Brecht, quant
A.F.
© X-D.R.
Cabaret Galilée
Salle des Lices, Marseille
Le 1er juillet
Théâtre de la Poulie, Avignon
du 8 au 31 juillet
06 85 82 29 25
www.compagniedugrandsoir.fr
FIN DE SAISONS 51
Cabeceo ?
Agenda musique
Pour la 6e édition, La Rue du Tango
s’installe rue du théâtre français
jusqu’au 23 juillet tous les vendredis
soir de 21h à 1h. Les associations de
tango marseillaises qui y participent
organisent chacune une soirée, avec
bal, démonstration et initiation gratuite :
le 25 juin avec les Trottoirs de MarCarel Kraayenhof © X-D.R.
seille, le 2 juillet avec l’AKDmia et
Paroles du Corps, le 9 Danse et Recherche [Mordida du port] et Esa, le 16
Almassilia et le 23 bal de clôture, Despedida, avec toutes les associations.
Complétant les soirées dansées, des
rendez-vous émaillent la programmation,
comme la projection du documentaire
Une histoire du tango de Caroline Neal
suivie d’un débat et d’un buffet latinoaméricain en partenariat avec l’ASPAS
(le 5 juillet à la Cité de la Musique), et
le concert, suivi d’un bal tango, du grand
bandonéoniste Carel Kraayenhof dans
un concert solo qui fera entendre les
œuvres de Piazzola, Pugliese entre autres,
ainsi que ses propres compositions (le
6 juillet à 20h30 à l’auditorium de la
Cité de la Musique).
DO.M.
www.laruedutango.fr
Rapt et regard
Pour finir la saison et avant de partir en tournée, en particulier à Vaison (voir p 14),
le Ballet Preljocaj offre en son Pavillon Noir trois représentations de Noces et
du Sacre. Créées à 12 ans d’intervalle (1989 et 2001), elles possèdent la même
énergie tellurique, puisée dans les accents irréguliers de la musique de Stravinsky.
Dans les chœurs pour Noces, dans l’argument sacrificiel pour le Sacre. Deux
pièces qui parlent de la violence faite aux corps des femmes, par des hommes en
proie à un désir qui les dépasse.
A.F.
Noces, Le Sacre du
Printemps
Pavillon Noir, Aix
Du 30 juin au 2 juillet
0811 020 111
www.preljocaj.org
AIX
Cloître des Oblats : Voce Corpus
par le groupe Aldilà et Natya.O’cie,
chorégraphie de Brigitte Faragou
(26/6)
Résa au 06 15 97 04 65
CHÂTEAU-GOMBERT
Musée du Terroir Marseillais : La
soprano Isabelle Bonnadier
chante Le cabaret de Satie, de la
mélodie au café-concert, de
l’opérette à la chanson, avec Simon
Lebens au piano (le 10/7 à 21h30)
04 91 68 14 38
GARDANNE
Musiques à Gardanne : Patrick
Fiori (26/6)
04 42 65 79 00
MARSEILLE
Station Alexandre : Le pianiste
Romain Hervé joue des Polonaises
et Mazurkas tirées de son dernier
disque Chopin, danses polonaises (le
18/6)
04 91 00 90 00
www.station-alexandre.org
Montévidéo : L’Ensemble C
Barré ? rend hommage à Varèse
en interprétant Octandre (1923) et
un choix de quelques opus satellites
plus contemporains(le 20/6 à 14h)
04 91 04 69 59
www.grim-marseille.com
Villa Magalone : Christine Lecoin,
Claveciniste, joue un programme
réunissant deux musiciens français
du XVIIIe siècle : Forqueray et
Royer (le 18/6)
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
Le sacre
© J.-C. Carbonne
Cabaret Aléatoire : Travesti
Monsters feat Beat Torrent, Le
Catcheur et la Pute (18/6), Jack de
Marseille (19/6), Airbourne (22/6),
Jeff Mills (2/7)
04 95 04 95 09
www.cabaret-aleatoire.com
Espace Julien : Ed Mudshi before
& after Dj Scream (18/6), JAF en
fête (19 et 20/6), Ile Aiye, Ketubara,
Tambores de libertade (9/7)
04 91 24 34 10
www.espace-julien.com
La Machine à Coudre : Sabot, Das
Simple (19/6)
04 91 55 62 65
www.lamachineacoudre.com
Le Lounge : Mary (19/6),
Raymonde Howard, Milkymee,
Anything Maria (25/6), Jostle
(26/6)
www.myspace.com/lelounge13006
L’Intermédiaire : Leila and the
bottle button (17/6), Signal
boombass invite comik utopik
(18/6), Space Link (23/6), Samba
reggae (24/6), Messenger (30/6),
04 91 47 01 25
www.myspace.com/intermediaire
La Méson : La Mal coiffée & Los
Ayas (19/6), Boogie Balagan
(20/6), Flamenco fait Méson
(27/6), Tablao Flamenco La Rubia &
présentation de la 3e esquisse de
Quand le silence crie (2/7), Melc
(5/7),
04 91 50 11 61
www.lameson.com
Poste à Galène : The Last, Nation
all Dust (19/6)
04 91 47 57 99
VITROLLES
Domaine de Fontblanche : Fête
de la musique avec Les durs à
cuivre, Docteur Lester brass band
(le 21/6)
04 42 79 63 60
www.charliefree.com
52
SAISONS
GYMNASE | JEU DE PAUME | ARLES
Sur tous les fronts
Un petit bilan ? Avec ses 70 000 spectateurs, ses
12 500 abonnés, ses 3.400.000€ de subventions, ses
141 représentations de 28 spectacles, dont 1
production et 6 coproductions, le Gymnase/Jeu de
Paume s’affirme année après année comme le plus
gros pôle théâtral de la région, à tous les égards… Il
faut dire que la programmation a de quoi satisfaire
chacun, et ce n’est pas la saison nouvelle qui le
démentira.
D’abord parce que, contrairement à la tendance
actuelle des autres théâtres pris à la gorge par les
diminutions de budget, les deux salles augmentent
leur nombre de spectacles : 32 l’an prochain, pour
une saison qui commence en septembre et s’arrête
en juin, histoire que le théâtre dure toute l’année
scolaire. Et puis le menu témoigne toujours du même
équilibre savant entre musique et théâtre, répertoire
et création, entre divertissements, souvent bons, et
spectacles plus exigeants, le tout pimenté par
quelques compagnies régionales, et agrémenté d’une
bonne dose de propositions jeune public «à qui il est
indispensable de donner le goût du spectacle dans
les salles mêmes où ils reviendront adultes».
Dominique Bluzet d’ailleurs ne dissimule pas ses
motivations : «Programmer Michel Boujenah est
rentable : il remplit la salle et rapporte de l’argent, ce qui
me permet d’en investir ailleurs, dans la création ou le
soutien aux tournées. D’autres spectacles ne sont pas
tout à fait rentables, mais fonctionnent comme des
produits d’appel : les spectateurs s’abonnent pour les
têtes d’affiches, puis viennent voir des créations
contemporaines. Souvent même ils les préfèrent !»
Au menu
Un avant-goût ? Côté répertoire un Marivaux par
Jean-Pierre Vincent, le Richard II de Sastre si vous
l’avez raté à Avignon, Châteauvallon, Nîmes ou…, un
Goldoni et un Gozzi (L’Oiseau Vert, magique), deux
comédies de Musset par Frédéric Plain, un Neveu
de Rameau adapté et mis en scène par Nicolas
Vaude, un Songe d’une nuit d’été importé depuis Alger
par Ivan Romeuf et son complice M’Hamed
Benguettaf. Un peu plus près de nous un Genet par
Antoine Bourseiller revenu en ses murs, et Premier
amour, un dernier Beckett proposé par Sami Frey ;
puis la reprise de Vers toi Terre Promise de Grümberg,
et tout près le très drôle et beau Livre d’or de Jan
d’Hubert Colas.
Parmi les autres créateurs (précieux !) de notre
région seront présents Roland Hayrabédian pour la
version scénique d’un conte contemporain finlandais
(voir p 33), et beaucoup de créations jeune public :
Michel Kelemenis avec une pièce dansée sur Matisse,
Marie Provence avec un texte de Wajdi Mouawad,
Caroline Ruiz avec un texte de Gilles Cailleau…
Et côté divertissement, puisque sans lui il n’est point
de joie : Michel Boujenah on vous l’a dit, mais aussi
La Vie parisienne d’Offenbach, Edouard Baer, un
Feydeau, le Quatuor et les Bonimenteurs. De quoi
satisfaire chacun, et fuir l’ennui inhérent à notre
complexion…
Henriette et Matisse, Michel Kelemenis © Agnes Mellon
Une fois de plus Dominique Bluzet
annonce en ses théâtres une saison
pléthorique, éclectique et…
passionnante !
Le Gymnase, Marseille
Le Jeu de Paume,Aix
Saisons 2010/2011
0820 000 422
www.lestheatres.net
AGNÈS FRESCHEL
Belles manipulations
Il sera question de manipulations de
toutes sortes, au cours de la saison
prochaine au Théâtre d’Arles. Sous des
formes très diverses, ce sera la
thématique que Valérie Deulin nous
invite à suivre, sa «construction architecturale» qui promet quelques très beaux
rendez-vous. Avec deux propositions
insolites intitulées Inventer c’est penser à
côté (A. Einstein) : l’approche singulière
du corps de Julie Nioche qui nous
plonge dans Nos solitudes ; et un
«OTNI», le spectacle de deux artistes
un brin dérangés, un spectacle de câble
et d’épée de Halory Goerger et
Antoine Defoort. Avec la fidélité aussi,
et le retour notamment de la Cie
Théâtre de Nénéka (appréciée la saison
dernière avec Jean la chance) avec Baal
de Brecht mis en scène par François
Orsoni ; et la création du GDRA, Nour,
pour laquelle ils étaient en résidence
au Théâtre l’année dernière, et qui s’est
nourrie d’histoires d’habitantes du
quartier de Griffeuille à Arles ; la Cie
Chatha et son Kawa conçu et
chorégraphié par Aïcha M’Barek et
Hafiz Dhaou… De nombreuses
civilisation à venir… Et si le Théâtre
d’Arles, conformément à son conventionnement, s’attache à faire découvrir
«les écritures contempo-raines» sous
toutes leurs formes (sauf musicale !),
notez quand même la présence de
Tartuffe, dans une mise en scène dépouillée qui laisse la part belle aux
acteurs de Gwenaël Morin.
Enfin, deux temps forts émailleront la
saison : dans le cadre de Terres de
cirque un temps magie nouvelle. Et, pour
débuter la saison sous de bons auspices, la proposition Cirque & Entresorts
avec, entre autres, La Curiosité des
anges de l’Entreprise, Les Cousins, la
Cie Anomalie qui créera là son Mister
Monster après une résidence…
Le developpement de la civilisation © Sergio Chiossone
compagnies étrangères sont invitées,
notamment Peeping Tom et sa dernière
création, 32, rue Vandenbranden. Belge
aussi mais moins connu par chez nous,
Inne Goris signe la mise en scène du
Muur d’après un texte de Pieter de
Buysse. Les Portugais de la Cie
Materiais Diversos, sous la direction
artistique et chorégraphique de Tiago
Guedes danseront Matrioska. Le Suisse
Dorian Rossel met en scène un projet
fou, Soupçons, librement adapté du
documentaire de Jean-Xavier de Lestrade Staircase avec comédiens et
musiciens. L’Argentin Daniel Veronese
adapte et met en scène Une maison de
poupée d’Ibsen sous un titre prometteur : Le développement de la
DO.M.
Théâtre d’Arles
Saison 2010/11
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
LA CRIÉE | LE GYPTIS
SAISONS
53
Beaucoup plus qu’un baroud d’honneur
C’est fait. Le ministère en a décidé ainsi,
et la saison à venir sera la dernière de
Jean-Louis Benoît à la tête du Théâtre
National de la Criée. Quant à sa
succession elle n’est pas encore
décidée, et les supputations vont bon
train, de Robert Cantarella à Macha
Makeïeff en passant par Simon
Abkarian. L’autre incertitude, de taille,
est liée à la date de fin des travaux : la
réouverture (enfin !) du Grand
Théâtre est attendue pour mars, toute
l’équipe actuelle a misé sur le respect
de cette échéance, Jean-Louis Benoit y
prévoyant même sa création dès le 8
mars … En attendant bien sûr le Petit
Théâtre continue de fonctionner, avec
une incursion à l’Auditorium du Pharo
(concert de Dianne Reeves) et à La
Friche, dans la Cartonnerie où le texte
de Serge Valletti sur la «ratonade» des
ouvriers italiens en 1893 à Aigues
devrait trouver un décor propice (Sale
août, mis en scène par Patrick Pineau).
La saison 2010/2011 devrait amorcer
un retour à la normale et, avec 23
spectacles programmés, retrouver une
partie de son potentiel en termes de
public. Il faut dire que la saison est
exigeante, ménageant des exclusivités
qu’on ne retrouve pas ou presque
dans la région : ainsi Patrice Chéreau
mettra en scène le Rêve d’automne de
Jon Fosse, Médée sera portée par
Catherine Germain mise en scène par
Laurent Fréchuret, Arias passera par
là, ainsi que Paul Desvaux qui monte
un texte de Fabrice Melquiot sur
Pollock, Yves Beaunesne avec son Récit
de la Servante Zerline d’Hermann
Broch porté par la sublime et
rocailleuse Marilù Marini, la création du
génial François Sivadier avec le non
moins fascinant Nicolas Bouchaud :
Noli me tangere, d’après les paroles du
Christ adressées à Marie Madeleine…
bref un choix de grands metteurs en
scène français présents sur les Théâtres
nationaux.
Sans oublier la Salle des fêtes de
Deschamps/Makeïeff, un texte de
O’Neill mis en scène par Célie Pauthe
et coproduit par la Criée, la visite du
CDN voisin (Nice) avec la création de
Daniel Benoin sur Kerviel (Le roman
d’un trader, de Jean-Louis Bauer),
Frédéric Belier-Garcia qui revient avec
une autre comédie de Hanokh Levin,
François Rancillac qui s’est penché sur
Le Bout de la route, première pièce de
Giono, écrite au temps encore
lumineux où il se souvenait de Jean le
Bleu…
Côté non dramatique on pourra voir
cette année sur le grand plateau le
Ballet National de Marseille dans la
reprise de Moving Target, pièce qui fit la
réputation internationale de Frédéric
Flamand (aucun créateur de la région
à part cela ! en ces temps de disette
pour les cies régionales…) ; et Lyrinx
viendra continuer d’enregistrer en
public en invitant les plus grands
pianistes de son écurie, c’est-à-dire
Philippe Bianconi, Marie-Josèphe Jude,
Bruno Rigutto, Mûza Rubackyté,
Caroline Sageman et Katia Skanavi !
Politiques !
Enfin quelques spectacles plus
modestes dans leurs moyens, mais
d’une grande exigence artistique :
Zone d’éducation prioritaire de Sonia
Chiambretto mis en scène par
Hubert Colas sera créé dans le cadre
d’Actoral ; Et il me mangea du Vélo
Courtisane © Cie Emilie Valantin
Théâtre viendra décliner son joli
univers pour enfants rêveurs ; le
collectif D’Ores et déjà viendra jouer
Notre terreur, une histoire des procès
de 1793 mis en scène par Sylvain
Creuzevault ; qui proposera aussi
Product, une pièce sur une femme
amoureuse d’un terroriste d’Al-qaïda ;
puis Benoît Lambert viendra créer
Que Faire ? le retour, écrit par son
complice Jean-Charles Massera
d’après le texte programmatique de
Lénine, mais aussi Robespierre, Jaurès,
Deleuze et quelques penseurs de la
révolution ; et Emilie Valantin
proposera quelques contes grivois de
La Fontaine (il en écrivit beaucoup…),
ce qui rappelle un des actes de
censure les plus violents, qui aboutit à
un reniement public de notre
fabuliste…
Bref, des spectacles politiques, qui
interrogent notre rapport à l’histoire
et au pouvoir.
Et la création ? Ce sera la dernière de
Benoît en ces murs… et il a choisi
Labiche. Un pied dans le crime est un
vaudeville grave, qui dynamite par la
puissance du rire et la mécanique
comique
les
préoccupations
mesquines des bourgeois du 19e siècle,
qui ressemblent tant aux nôtres (ah les
problèmes de voisinage ! ah les
dénonciations !). Une autre façon
d’interroger notre rapport à l’histoire,
et à la conscience intime du juste…
AGNÈS FRESCHEL
La Criée
Saison 2010/2011
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Sous le signe du désir
Arakélian dans des airs de bravoure de Rossini à
Gounod…
Nettement moins glamour, mais tout aussi féminin,
Une Opérette à Ravensbrück que Germaine Tillon
écrivit en captivité, pour rester debout : une mise en
scène de Danielle Stephan sur des arrangements
Ulysse © Leo Ballani - Groupe Grenade
Saison après saison le Gyptis défend sa conception
du théâtre. Centrée sur des valeurs indiscutables, qui
l’amènent à faire travailler les artistes de la région, à
donner à entendre de grands textes dramatiques ou
musicaux, et à faire venir un public de plus en plus
nombreux, et populaire, dans un lieu où les spectacles
sont mis à sa portée. La saison sera encadrée, en
octobre et en mai, par les lutins de Grenade en ouverture (Ulysse de Gallotta recréé par Josette Baïz)
et les adultes de la compagnie qui créeront Gare
centrale en clôture. Entretemps trois grands textes
de répertoire : un Dom Juan en forme de road movie
par la Cie la Naïve de Pertuis, Le Jeu de l’amour et du
hasard de Philippe Calvario et la création de
Françoise Chatôt, Roméo et Juliette, mettront cette
saison sous le signe du désir… Ce que ne démentira
pas le double récital de soprani, Brigitte Peyré et
Murielle Tomao, accompagnées par Marie France
musicaux d’Alain Aubin. Musique encore avec My
GGGeneration des Ateliers du Possible, un spectacle
de théâtre qui s’offre comme un concert de rock, un
documentaire historique, une analyse sociologique...
Musique toujours avec La Disgrâce de Jean Sébastien
Bach, que Serge Barbuscia a créé en son Balcon, et qui
met en jeu la liberté des artistes, face aux directives
des commanditaires… et une drôle de Folisophie
(Michel Massé) pour ne pas se prendre au sérieux,
même quand on parle métaphysique… Une saison
équilibrée, non ?
A.F.
Le Gyptis
Saison 2010/2011
04 91 11 00 91
www.theatregyptis.com
54
SAISONS
LE SÉMAPHORE | LES SALINS
Résistance culturelle
! ou le métier de vivre, Serge Valletti pour sa prochaine
création Roméa et Joliette ou encore Paul Fructus
avec le spectacle À quoi on joue?. La programmation
se promène sur l’autre rive avec le Théâtre National
Algérien et la Cie l’Egregore dans une mise en scène
commune de M’Hamed Benguettaf et Ivan Romeuf
du Songe d’une nuit d’été, et du côté de la Tunisie avec
Sarkha, spectacle interprété par les artistes de l’Ecole
nationale des arts du cirque de Tunis dans le cadre de
Terres de cirque (programmation due au théâtre des
Salins, théâtre d’Arles et festival des Elancées). Tout
cela n’est qu’un avant-goût, prenez le temps de
découvrir le reste…
DO.M.
Sarkha, cirque de Tunis © Amine Frigui
Si Pierre Grafféo est très soucieux du devenir de ce
théâtre qu’il dirige depuis vingt et un ans, à l’instar de
nombre de directeurs de lieux culturels (voir page
7), il peut toutefois se réjouir du bilan positif de la
saison qui se termine, durant laquelle le taux de
remplissage fut de 85%, 55% des spectateurs venant
de la ville même. La saison prochaine inscrit tout
naturellement la thématique des valises dans cette
période trouble. 22 spectacles sont programmés
(contre 19 la saison dernière) pour 47 représentations, 25 compagnies faisant une halte à la scène
port-de-boucaine, grâce notamment à la reconduction des différents partenariats avec l’Office de
tourisme, les centres sociaux et aérés, la médiathèque
Boris Vian, les collèges et lycées…
De belles rencontres s’annoncent, notamment avec
des artistes de la région fidèles au théâtre, tels le
clown Proserpine pour le fameux bal du début qui
ouvre la saison, Catherine Marnas et la Cie Parnas
pour Le Banquet Fabulateur, Sam Karpienia, François
Cervantes et la Cie l’Entreprise avec Silence dans le
cadre d’artistes aux collèges, Joëlle Cattino et la Cie
Dynamo Théâtre, pour la deuxième année consécutive en résidence au Sémaphore, avec Hey Mambo
Le Sémaphore, Port de Bouc
Saison 2010/11
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Fi du pessimisme !
Le bilan de la Scène nationale de Martigues en terme
de fréquentation est bon, le nombre de billets émis
est le même que lors de la saison précédente, qui
avait enregistré un bond de 20% en un an. À savoir
34700 (dont un tiers concerne les enfants), avec 83%
de «remplissage» de la salle ; les abonnés quant à eux
sont au nombre de 2500, soit un tiers de la billetterie
totale. La programmation, éclectique, est le reflet
pour Annette Breuil du «bouillonnement créatif» des
artistes : «ils sont passionnants à regarder, à écouter, il
faut le dire !», c’est ce que l’on constate en découvrant
une programmation qui fait la part belle à l’adaptation
de la littérature d’une part, et à la musique actuelle
d’autre part.
actuelle qu’il permet de découvrir (avec, Emilie
Lesbros, Oh ! Tiger Mountain, Mekanik Kantatik…).
Mais aussi le retour de Francesco Tristano, associé à
Rami et Bachar Khalifé et Murcof pour un concert
unique alliant musique méditerranéenne et électro ;
l’ensemble vocal aixois Ad Fontes avec une version
originale de Carmina Burana interprétée par 100
choristes, professionnels et amateurs ; les chansons
de Jeanne Cherhal et de Karimouche ; et un peu de
baroque et de classique avec l’Ensemble Café
Zimmerman, le duo Nicholas Angelich et Hélène
Desmoulin, le concerto Soave…
Sans oublier un nouveau rendez-vous impulsé par les
Salins, le théâtre d’Arles, le Sémaphore à Port-deBouc et le Festival Les Élancées sur Ouest Provence:
Terres de cirque, une programmation commune de
cirque contemporain durant le mois de février,
chaque lieu accueillant plusieurs spectacles.
Et ce n’est qu’un aperçu !
DO.M.
Théâtre des Salins, Martigues
Saison 2010/11
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Sin Sangre © Rodrigo Gomez Rovira
Assises littéraires…
Quel moment privilégié que celui qui permet la
redécouverte d’un auteur, de son œuvre, par le biais
d’une mise en scène, d’une mise en musique ou en
images… Et quels auteurs ! Catherine Marnas
adapte Lignes de faille de Nancy Huston, Guy
Cassiers s’attaque au chef-d’œuvre de Malcolm
Lowry Sous le volcan, Zabou Breitman adapte La
Médaille, le roman de Lydie Salvayre, Christine
Letailleur revisite Hiroshima mon amour de
Marguerite Duras, Wajdi Mouawad est l’auteur et
le metteur en scène de Littoral, Sin Sangre
d’Alessandro Baricco se trouve confronté à la Cie
Teatrocinema, l’écriture de Philippe Djian se fond
dans la musique et le chant de Stéphane Eicher lors
d’une balade intimiste…
… et musicales
Cette année, carte blanche à Fred Nevchehirlian qui
programme un Incisif par trimestre, des coups de
cœur pour de jeunes artistes issus de la musique
SCÈNES ET CINÉ | NÎMES
SAISONS
55
Y’a pléthore !
Les théâtres de Scènes et Cinés affirment une belle vitalité avec une programmation qui fait la part belle au théâtre et au jeune public
Cette vitalité est due à une volonté politique, comme l’explique Yves Vidal, le président de Scènes et Cinés, qui veut
«maintenir l’engagement et les moyens en faveur du spectacle vivant au même niveau que la saison précédente», et
ce en pleine «période trouble quant au devenir de la culture
et de la création». La programmation enregistre une baisse
quantitative de spectacles (24 de moins que lors de la saison
précédente), mais «aucun sacrifice par rapport à l’accompagnement des artistes et des publics» souligne Mokhtar
Benaouda, le directeur. Une baisse qui n’a pas d’effets négatifs sur la fréquentation : 51 504 billets ont été vendus
pour la saison 2009/2010 contre 54 485 en 2008/2009,
mais avec un taux de remplissage plus important, 80%
contre 78,4.
Le théâtre en force
Entre répertoires classique et contemporain, les scènes
du territoire accueillent de grands rendez-vous, et notamment Oh les beaux jours de Beckett dans une mise en
scène de Michel Abecassis (dont on avait pu apprécier
Pièces Détachées/Oulipo l’année dernière), une mise en
scène de Charles Tordjman sur un texte de Jean-Claude
Grumberg, Vers toi terre promise, Un homme est un homme
de Bertolt Brecht revisité par le Cartoun Sardines Théâtre,
Catherine Marnas et son Banquet fabulateur, le retour du
Théâtre de Romette bien connu des spectateurs de Scènes
et Cinés (Krafff, l’Opéra de Quat’sous…), avec L’Opéra du Dragon
d’Heiner Müller, la dernière création du Théâtre de Pain
Traces, Wajdi Mouawad et son voyage initiatique Littoral,
la mise en scène de Patrick Pineau sur un texte de Serge
Valletti sur le massacre des ouvriers italiens d’Aigues Mortes
en 1893, Sale août, la venue pour la 1re fois d’Edmonde Franchi
avec deux de ses pièces, Cœur @ prendre et Carmenseitas…
Et pour le côté répertoire, Alain Gautré met en scène Le
Malade imaginaire, Isabelle Andreani Il faut qu’une porte
soit ouvert ou fermée de Musset, Nicolas Briançon La Nuit
des rois de Shakespeare, Renaud Marie Leblanc Phèdre de
Racine… Sans oublier les «têtes d’affiche», parmi
lesquelles Pierre Richard, Gérard Jugnot, Francis Huster…
La jeunesse
Concoctée par Françoise Marion, la programmation
jeunesse est des plus ambitieuses, faisant alterner les
propositions pour les tout-petits (dès 18 mois, tels Où va
l’eau d’Alban Couleau et Ikare de la Cie Anima Théâtre)
et les plus grands, riche, diversifiée, alliant théâtre, installations, musique, danse… On retiendra particulièrement
pour les 6 ans et + la création de la Cie québécoise Le
Carrousel, Nuit d’orage, d’après Stormy Night de Michèle
Lemieux (l’année dernière le magnifique Le Bruit des os qui
craquent avait enchanté le public fosséen), le spectacle
pluridisciplinaire Première neige de la Cie Kopergietery et
Vélo Théâtre, La confidence des oiseaux de la Cie Le
Guetteur, le retour de la danse d’Itinerrances avec son
très beau Les Ailes de Mademoiselle Philomène, et à partir
de 9 ans Une chenille dans le cœur de la Cie Viesavies, les
10 millions de Km2 de la Cie Skappa ! ou encore l’adaptation du roman Oh Boy ! de Marie-Aude Murail par Lionel
Erdogan.
Vers toi terre promise © Christine Sibran
shwin, la venue de l’École Nationale des Arts du Cirque de
Tunis avec Sarkha et le très attendu Epicycle de la cie
CirkVOST, sous chapiteau… Dans le domaine des arts de
la rue, notez que la 2e édition de Carrément à l’Ouest, en
octobre, en partenariat avec le Citron Jaune, à Port-SaintLouis, fera une large place aux femmes avec le Blöffique
Théâtre et ses œufs en fourrure, l’univers BD de Lili Jenks
(les 2 compagnies seront en résidence au Citron), la
mystérieuse Mademoiselle de la Cie Jeanne Simone…
Enfin, en début de saison, le chorégraphe israélien Emanuel
Gat, toujours en résidence à la Maison de la danse à Istres,
présentera à l’Olivier sa dernière pièce, Brilliant Corner,
avant sa création à la Biennale de la danse de Venise. Pour
le reste, sachez que le programme est consultable sur le
site de Scènes et Cinés, et les abonnements possibles !
DO.M.
Les festivals
Scènes et Cinés Ouest Provence
Saison 2010/11
www.scenesetcines.fr
La 13e édition des Élancées est programmée du 11 au 20
février : parmi les quelques éléments connus à ce jour,
notons la création du duo Montalvo-Hervieu Lalala Ger-
Les créations priment
La saison à Nîmes s’annonce
équilibrée, entre théâtre, musique
et danse, et les deux Festivals
flamenco et Japonais
Tout va bien d’Alain Buffard © Marc Domage
Après Bruno Geslin, qui sera présent lors du concert
théâtral du groupe Coming Soon qu’il met en scène, c’est
au tour du chorégraphe Alain Buffard de s’associer au
Théâtre de Nîmes, association qui sera reconduite pour
la saison 2011-2012. Avec Tout va bien, dont la création a
lieu au Festival Montpellier danse le 21 juin, et Les Inconsolés
d’autre part. Autres grands rendez-vous dansés, le retour
de la chorégraphe et danseuse Anne Lopez (après Duel
et La Menace la saison passée) et la Cie Les Gens du quai
pour leur dernière création Feu à volonté ; la création 2010
de la cie de Philippe Decouflé ; une carte blanche à
Laurent Pichaud au Muséum de Nîmes pour un parcours
inédit Une notre trace… Et la Merce Cunningham Dance
Company qui se produira avec trois pièces majeures :
Pond Way, Quartet et Antic Meet : la date est exceptionnelle, la troupe mythique devra se dissoudre deux ans
après la mort du maître.
En théâtre aussi l’on attend de belles choses, entre écritures contemporaines et classiques : Listen to me de
Gertrud Stein conçu et joué par Emma Morin, la création
de Serge Valletti pour la Cie l’Heure du Loup Roméa et
Joliette, la reprise du Timon d’Athènes, Shakespeare and slam
mis en scène par Razerka Ben Sadia-Lavant après le
succès de la saison passée, Merlin d’après Merlin ou la terre
dévastée de Tankred Dorst par le collectif Les Possédés, le
retour de François Morel au théâtre avec Instants
Critiques avec Olivier Saladin et Olivier Broche, le retour
de Patrice Thibaud et Philippe Leygnac qui après Cocorico
reviennent avec Jungles. Une mise en scène de Yves
Beaunesne, que les Nîmois ont la chance de bien connaître, Le Récit de la servante Zerline de Hermann Broch,
celle de Jean-Baptiste Sastre après sa création à Avignon
cet été, LaTragédie du roi Richard II de Shakespeare, ou encore
celle de Christophe Lidon, La Serva Amorosa de Goldoni…
Et comme toujours à Nîmes un programme musical de
choix : René Martin reconduit La Folle nuit sur deux jours
au lieu d’un ; un seul opéra au programme, Semiramide de
Rossini dans une mise en scène de Kirsten Harms ; une
opérette, Une éducation manquée d’Emmanuel Chabrier,
avec, en contrepoint, La Voix humaine de Francis Poulenc
d’après Jean Cocteau ; et la création d’un spectacle musical
écrit et improvisé de Mozart à Wolff conçu par Nicolas
Stimbre, Du vent dans l’horloge ; du jazz avec un concert
de Stéphane Kochoyan lors de la 5e édition de L’Agglo au
rythme du jazz…
Enfin, deux grands rendez-vous devraient retenir votre
attention : le Festival Flamenco qui s’installe pour la 21e
année, et la passionnante biennale L’Expérience Japonaise.
Nous y reviendrons en détail !
DO.M.
Théâtre de Nîmes
Saison 2010/11
04 66 36 65 00
www.theatredenimes.com
56
SAISONS
THÉÂTRE DURANCE | THÉÂTRES EN DRACÉNIE | CAVAILLON
Le Théâtre Durance entame sa quatrième saison sous le signe de la
pluridisciplinarité, entre pépites et
découvertes, avec l’envie d’offrir des
spectacles à voir en famille et de
soutenir la création régionale. Pas
moins de 8 projets y trouvent place :
Kelemenis & cie pour Disgrâce, la Cie
Chatôt-Vouyoucas qui reprend Le
médecin malgré lui de Molière, Alain
Jaume et Alain Soler qui s’accordent à
jouer Hymnesse, la Cie Onstap en
tournée avec Parce qu’on va pas lâcher,
le Ballet national de Marseille et son
triple programme Sextet / Inverses /
Tempo vicino (1er avril), le Théâtre du
balcon pour La disgrâce de J.-S. Bach.
Ou encore la création de la Cie
Clandestine qui pose la question au
jeune public Quoi ? C’est quoi ? et le
Nomade village qui poursuit son
projet danse-vidéo Des corps de ville
dans le cadre du projet CAT-Confrontations Artistiques Transfrontalières.
Bref des rencontres et des événements,
des projets un peu fous ou surprenants…
L’iconoclaste Alfredo Arias viendra
avec deux spectacles musicaux ébouriffants : Tatouage et Cabaret Brecht
Tango Broadway, Jean-Louis Foulquier
fera son retour sur les planches le
temps d’avaler sa Première gorgée de
bière et autres plaisirs minuscules,
adaptée des récits anamnestiques de
Philippe Delerm. Robin Renucci et
Marianne Basler accorderont leurs
voix pour faire entendre les dialogues
finement alambiqués de Sacha Guitry
dans Désiré…
Dans le genre inclassable, le spectacle
de cirque chorégraphié L’iceberg de
L’Éolienne, né de la rencontre entre la
chorégraphe Florence Caillon et le
journaliste d’investigation Denis
Robert, ne devrait laisser personne de
glace.Tout comme Le Chagrin des ogres
de la Cie Artara déconseillé aux moins
de 16 ans qui met en scène l’inquiétude et la désolation d’adolescents
d’aujourd’hui. Sans oublier Jean-Luc
Revol qui revisite à la sauce des années
50 Le préjugé des vaincus : airs endiablés, couleurs vives… aussi alerte que
la prose subtile de Marivaux ! Et tant
d’autres choses encore à découvrir dès
Tatouage, Alfredo Arias © Gabriel Rocca
Si jeune et pourtant…
lors que la Cie Propos de Denis
Plassard aura signé le top départ de la
saison, le 2 oct, avec Les cadavres se
regardent dans le miroir.
M.G.-G.
L’eau à la bouche
Il y a des signes annonciateurs d’une belle saison : des
metteurs en scène talentueux, des artistes créatifs,
des textes à vous couper le souffle, des œuvres à
découvrir… Petit aperçu de quelques temps forts
de Théâtres en Dracénie.
Théâtre Durance, Château-Arnoux
Saison 2010/2011
04 92 64 27 34
www.theatredurance.com
Du lancement au bouquet final, le cirque fait son
chemin depuis les australiens Circa qui réinventent le
cirque-danse dans un spectacle poétique et sensuel,
la performance acrobatique et urbaine Traces de la
Cie Les 7 doigts de la main, Adrien Mondot qui
Creation 2010 Angelin Preljocaj © JC Carbonne
jongle avec les illusions d’optique et les arts
numériques dans Cinématique jusqu’à Aurélien Bory
qui s’interroge Questcequetudeviens ?
Entre-temps place au théâtre avec le très lyrique
pamphlet d’Olivier Py, leçon prodiguée aux apprentis
comédiens dans Epître aux jeunes acteurs ;
l’exploration des farces conjugales de Feydeau par
Alain Françon, la reprise triomphale de Peter Pan
mise en scène par Alexis Moati. Le talentueux Denis
Podalydes se démultiplie dans Le cas Jekyll et
Catherine Marnas adapte Lignes de faille de Nancy
Huston, ou le compte à rebours de 60 ans d’histoire
familiale perçue par les yeux des enfants…
D’entrechats en sauts de biche, Draguignan accueille
Marie-Claude Pietragalla en solo, Raphaëlle
Delaunay et son jazzistique Bitter sugar, l’ombre
planante de Joseph Nadj sur Les corbeaux, l’ode au
flamenco de Stéphanie Fuster et la création 2010
d’Angelin Preljocaj pour 20 danseurs, moitié Ballet
moitié Bolchoï, pour parler d’Apocalypse… Quant au
programme musical il jongle avec des sonorités
diverses, de Christophe en concert aux Variations
Diabelli de Beethoven dans la pièce de théâtre
musical pour enfants Boucle d’Or et les 33 variations
(Cie Les Rémouleurs), en passant par Leonardo
Garcia Alarcon qui croise les Madrigaux de
Monteverdi et les Tangos d’Astor Piazzolla…
M.G.-G.
Théâtres en Dracénie, Draguignan
Saison 2010/2011
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
L’éclat du risque
Ne vous y trompez pas : l’an dernier le cœur de Cavaillon avait l’art de flamber,
cette fois la maison semble prendre l’eau… et le slogan de saison, emprunté à
Alain Badiou, appelle à «réinventer le risque et l’aventure, contre la sécurité et le
confort». Un beau pari, pour la petite Scène Nationale, qui propose une
programmation revitaminée, avec un nombre de spectacles revenu à son niveau
d’avant les coupes budgétaires… et un choix d’artistes osé. Il faut dire que le
public vauclusien suit Son théâtre avec une fidélité qui fait plaisir à voir. Et que ce
lieu collabore avec la plupart des scènes avignonnaises (les Doms, les Hivernales,
les Halles…), parcourt le territoire avec ses Nomades, et se montre particulièrement attentif à sa mission de pôle régional, qui l’amène à soutenir la création
qui s’élabore ici.
Au programme donc 35 spectacles exigeants : côté danse Nathalie Pernette
ouvre la saison avec ses Miniatures de rue, Denis Plassard vient danser son roman
photo, Kader Attou chorégraphie les Chants plaintifs de Gorecki ; côté surprise
les atypiques de Grand Magasin, as des Déplacements de problèmes. Quelques
spectacles que nous avons vus et vous recommandons ? le Photo Romance de Lina
Saneh et Rabih Mroué, Abeilles habillez-moi de vous (Philippe Dorin et Sylviane
Fortuny) pour vos enfants, le Phèdre de Renaud-Marie Leblanc, La Commission
centrale de l’Enfance de David Lescot. Et encore : Seuls, la pièce la plus
bouleversante de Wajdi Mouawad ; le malicieux Comme je l’entends, confession
ironique d’un guitariste contemporain (Benjamin Dupé). Et puis des créations,
tout aussi engageantes : Olivier Py qui continue son travail passionnant sur Eschyle,
Raoul Lay qui avec Renaud-Marie Leblanc va tenter une remixture théâtrale du
Pierrot Lunaire de Schoenberg, Ex Nihilo qui transporte ses explorations jusqu’à
Séoul, et le Villa Olga de Catherine Zambon qu’Alexandra Tobelaim met en
scène… Vous voulez encore attiser vos désirs ? Le Turak théâtre vient avec ses
Fenêtres éclairées et ses Nouvelles et courtes pierres, Julien Bouffier revisite
Hiroshima mon amour de Duras, Aurélien Bory demande Questcequetudeviens ?
Emmanuel Demarcy Mota retrouve Fabrice Melquiot pour dire leur désir
commun d’embrasser Petula Clark…
Et bien d’autres surprises ! Alors abonnez-vous, la billetterie est ouverte !
AGNES FRESCHEL
La Scène Nationale, Cavaillon
Saison 2010/2011
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
Hiroschima mon amour © Marc Ginot
58
SAISONS
PAVILLON NOIR | OPÉRA DE MARSEILLE | SMCM | GTP
D’un air bravache
Le Centre chorégraphique national affiche
une belle santé insolente : avec des
abonnés en hausse de 12%, un taux de
remplissage de plus de 100% et 25000
spectateurs, le Pavillon Noir remplit ses
missions en un contexte difficile, profitant
du succès des tournées du Ballet Preljocaj,
qui sont bénéficiaires (plus de 50% de
recettes propres), pour programmer plus
de spectacles en ses murs sans augmenter
les tarifs, multiplier les actions pédagogiques et les manifestations à entrée libre,
coproduire et accueillir trois artistes en
résidence.
La nouvelle saison propose 16 spectacles
de 19 chorégraphes, dont 10 femmes
(Germaine Acogny, Bouchra Ouizguen,
Robyn Orlin, Nacera Belaza…). Une
parité stricte qui fait aussi la part belle aux
compagnies d’ici : Grenade, le Ballet
d’Europe, le Ballet National de Marseille,
très différents, avec en particulier Le Prince
de verre de Claude Brumachon, les
petiteshistoires.com de Kader Attou, ou le
travail plastique de Yann Giraldou. Et
quelques propositions plus radicales
comme celles de Nacera Belaza, Miguel
Guttierrez, Bouchra Ouizguen ou Robyn
Orlin : si vous aimez sortir d’une salle
bouleversés, ne ratez pas le Madame
Plaza de la Marocaine et le Daddy, I’ve
seen… de la Sud-Africaine.
AGNÈS FRESCHEL
Le Prince de verre, Claude Brumachon © X-D.R
Yann Giraldou, et bien sûr les Affluents et
le Ballet Preljocaj. Ils reprendront les deux
parties d’Empty Moves, et danseront au
Grand Théâtre voisin la nouvelle création
de Preljocaj, conçue pour 10 de ses
danseurs et 10 du Bolchoï, autour de
l’Apocalypse de Jean, et de la musique de
Laurent Garnier.
D’autres bonheurs ? une grande attention
portée au jeune public, initié à des styles
Samson, Hélène, Andrea,
Wozzeck…
Quelle belle saison que celle promise par l’Opéra de Marseille ! On y retrouve sept
productions lyriques, neuf grands concerts… et des têtes d’affiches majeures
J.D.Florez © X-D.R.
C’est dans le rang des ténors qu’on les distingue, au faîte de leur gloire : Roberto Alagna inaugure le rôle du
Cid de Massenet et Juan Diego Florez remplira les travées pour un récital de prestige.
Côté répertoire le directeur Maurice Xiberras n’oublie pas, à côté du Rodrigue cornélien, deux genres très
français : le Grand-opéra de Saint-Saëns Samson et Dalila (en version de concert) avec Olga Borodina et la
folle opérette d’Offenbach La belle Hélène où Mireille Delunsch est mise en scène par Jérôme Savary… en
cadeau de Noël !
L’Italie vériste est très présente avec Andrea Chénier de Giordano, toujours sans notre Roberto national pour
le rôle titre, mais chanté par le Serbe Zoran Todorovitch. On redécouvre avec plaisir le diptyque coproduit
avec les Chorégies d’Orange en 2009 : Cavalleria Rusticana de Mascagni et I Pagliacci de Leoncavallo avec Béatrice
Uria Monzon. Alagna (décidément !) tenait les deux principaux rôles au pied du mur vauclusien : il laisse sa
place aux ténors Luca Lombardo (enfin à Marseille !) et Vladimir Galouzine.
Si l’on retrouve le Don Giovanni mozartien mis en scène par Frédéric Bélier Garcia, on attend une nouvelle
production du chef d’œuvre expressionniste Wozzeck
d’Alban Berg mis en scène par Guy Joosten.
Hormis la prestation du fameux ténor péruvien, les
concerts affichent de grands solistes tels les pianistes
Bertrand Chamayou, Cyprien Katsaris, Mikhaïl
Rudy, notre «local» Edouard Exerjean, le violoniste
Nemanja Radulovic, le guitariste Emmanuel Rossfelder, tous dans de grands Concertos du répertoire
avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille. De
nombreux récitals de musique de chambre et des
artistes du CNIPAL circonscrivent, dans le somptueux
Foyer art-déco du théâtre municipal, un programme
prometteur. Avec une programmation de productions lyriques unique dans les saisons régionales, et
des inquiétudes qui demeurent, à ce titre, sur les
travaux indispensables à l’horizon de plus en plus
proche de 2013… Pour l’heure l’ouverture des
locations se fera le 6 juillet à 8h. Sonnez matines !
JACQUES FRESCHEL
Opéra de Marseille
Saison 2010/2011
04 91 55 11 10
www.opera.marseille.fr
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
Saison 2010/2011
0811 020 111
www.preljocaj.org
Cartel
de la Timone
Quatuor Modigliani © Andrew French
Quatre-vingt-dix printemps que la toujours jeune
Société de Musique de Chambre de Marseille affiche des
formations musicales que la mélomanie universelle prise
d’ordinaire sur des scènes capitales ! De novembre à
avril, les amateurs phocéens remonteront à nouveau, en
file indienne, les marches qui mènent à l’Auditorium de
la Faculté de médecine de la Timone. Une chance (cosa
rara !), son acoustique est remarquable pour un genre
musical qui exige attention et finesse d’écoute.
Mais pour ouïr Jean-Claude Pennetier dans les
Concertos de Chopin (transcription de l’orchestre pour
quatuor à cordes), les Quatuor Zemlinsky, Renoir,
Signum, Modigliani, les pianistes Emmanuel Strosser,
Martin Helmchen, le clarinettiste Romain Guyot, le
violoncelliste Raphaël Pidoux, l’altiste Maxim Rysanov
ou l’Ensemble Raro, il faut se lancer, adhérer pour la
saison et devenir «Sociétaire» (car point n’est possible
de louer un concert à l’unité), afin de découvrir de
stupéfiants opus de Mozart, Beethoven, Brahms,
Schumann… Et il ne s’agit pas d’adhérer à une société
secrète et inaccessible ! Les tarifs pour neuf récitals vont
de 90 à 180 €, avec une gratuité pour les enfants de
sociétaires de 7 à 14 ans, même si vous en avez une
ribambelle…
JACQUES FRESCHEL
Adhésions Espace Culture 04 96 11 04 60
ou Harmonia mundi 04 91 33 08 12
Mention Bach
Après Mozart et Beethoven, Dominique Bluzet
et Françoise Jan convoquent le Kantor de Leipzig
au Grand Théâtre de Provence
Autour de grandes fresques sonores, la
Messe en si ou la Passion selon Saint Jean,
on entend les Variations Goldberg (Zhu
Xiao-Mei), son Magnificat (Musicatreize),
des Motets (Accentus) et Concertos Brandebourgeois (Les Siècles), des pièces d’orgue
(Bernard Foccroulle) ou d’orgue «à bretelles» (l’accordéon de Richard Galliano),
les frasques de Jean-François Zygel…
Hormis ce fil rouge sonore, on attend la
Résidence printanière de l’Orchestre et
des Chœurs de Radio France, et l’on
retrouve l’Orchestre Français des Jeunes
ou celui de Xavier Roth.
Spectacles
Deux opéras sont offerts sur le grand
plateau aixois : la reprise de la formidable
production du festival d’Aix 2009 Orphée
aux Enfers d’Offenbach et une Italienne
à Alger dans le pur style virevoltant de
Rossini… En bada, un concert mis en
espace, une relecture très libre de la Flûte
enchantée mozartienne. Une large place
est faite à la danse, avec de grands ballets :
la dernière création de Preljocaj bien sûr,
en collaboration avec le Bolchoï, mais
aussi le Cendrillon de Michel Kelemenis
commandé par le (grand !) Ballet du Grand
Théâtre de Genève, Frédéric Flamand
qui reprend Moving Target avec le Ballet
National, et puis encore Mourad Merzouki, Antonio Gades et Carlos Saura,
Gallotta…
Et une excellente surprise : le légendaire
Slava’s Snowshow, grand spectacle de
clown féérique de la Cie Licedei, qui
tourne depuis 15 ans et totalise plus de
3 millions de spectateurs, viendra faire
tomber sa neige en novembre…
Solistes en rafales
Côté récitals, que dire de la qualité des
interprètes et des formations invités ?
Des pianistes Hélène Grimaud, Brigitte
Engerer, Philippe Giusiano, David Fray,
Bruno Fontaine, Iddo Bar-Shai, Edna
Stern, des violoncellistes Ophélie Gaillard
et Henri Demarquette, des mezzosopranos Angelika Kirchschlager et
Jennifer Larmore, des chefs Tugan
Sokhiev (et le Mahler Chamber Orchestra) ou Jos van Immerseel (Anima
Eterna), de jeunes et brillants quatuors à
cordes Modigliani, Psophos et Chiaroscuro (dont certains sont affichés au
Théâtre du Jeu de Paume)...
Le «sacro-jazz classico-swing» de Raphaël
Imbert et du Quatuor Manfred trouve
sa place dans un cortège de noms tels
que Steve Coleman, Didier Lockwood,
Bireli Lagrène, Carla Bley… De nombreux spectacles «jeunesse» parachèvent
le programme, toujours dans le souci de
fabriquer le public de demain, et de lutter
contre le vieillissement du public des
musiques classiques : la troisième saison
qui devrait voir le public affluer vers les
sièges vermillon du Théâtre.
Car avec près de 65000 spectateurs
pour 4500 abonnés en 2009-10, il est
clair que le Grand Théâtre de Provence a
donné une ampleur nouvelle à la vie
musicale. Même si les musiciens de la
région y trouvent difficilement une place,
contrairement aux chorégraphes, le GTP
offre aux habitants, à des prix qui n’ont
rien à voir avec ceux pratiqués dans les
mêmes murs par le Festival d’Aix, l’occasion d’entendre et de voir des spectacles
musicaux d’exception.
JACQUES ET AGNÈS FRESCHEL
Le Grand Théâtre de Provence,
Aix
Saison 2010/2011
04 42 91 69 69
www.legrandtheatre.net
OFJ Kwame Ryan © Grand theatre de Provence/Agnes Mellon
60
CINÉMA
CINÉCOLE | LA QUINZAINE | AFLAM
Le nom des gens
de Michel Leclerc
© Michael Crotto
Douze à la
Deux jours après l’annonce du palmarès cannois,l’Alhambraa présenté
12 des 22 films sélectionnés pour la
42e Quinzaine des réalisateurs. En
ouverture, Pieds nus sur les limaces
de Fabienne Berthaut, soutenu par
la région PACA et distingué par le
Art Cinema Award. Lily pleure,
s’empiffre sur la tombe de sa mère,
tue les animaux, confectionne pantoufles et porte-clés en fourrure,
enchaussette les arbres, dort avec
un dindon, détourne les objets quotidiens de leur fonction, dit ce qu’elle
pense, ne connaît ni le dégoût du
sexe ni celui des cadavres, artiste
instinctive, sans limite, insupportable, inadaptée. Amenée à s’occuper
d’elle après la mort de leur mère, sa
sœur aînée, l’urbaine, la pudique
Clara, résignée à une existence lisse
auprès de son avocat de mari, bascule dans cet univers et reconsidère
sa vie. Malgré quelques complaisances, servi par le jeu généreux de
Ludivine Sagnier, de Diane Kruger
et les créations plastiques de Valérie Delis, le film réserve de jolis
moments de fusion sororale mais
laisse le spectateur dans l’inquiétude de l’«hiver sans pantoufles» qui
suivra inéluctablement ces instants
solaires.
Au programme, deux autres films
français peu novateurs parlant
d’amour et de désir. Celui de Katel
Quillévéré, Un poison violent, prix
Jean Vigo 2010, sur fond de
catholicisme breton, crise de couple
et émois adolescents, dont le sujet
semble tiré de l’épître de St Paul aux
Galates, cité lors de la confirmation
On achève bien le plaisir
C’est une sélection particulièrement réussie qu’a
présentée la commission Cinécole : ce marathon
de cinéma, collaboration de 28 ans entre l’Académie de Nice, Cannes Cinéma et la ville de Cannes,
s’est déroulé les 22 et 23 mai à l’espace Miramar.
Issus de toutes les sélections du Festival, les
quatorze films étaient variés. Les 330 participants,
enseignants, étudiants et lycéens, ont pu réfléchir,
rêver, pleurer et rire.
Deux comédies les ont ravis : Le Nom des gens
de Michel Leclerc, un film au rythme enlevé où l’on
voit même Jospin avec une réplique qui tue : «un
jospiniste aujourd’hui, c’est aussi rare qu’un canard
mandarin sur l’île de Ré» ; Sound of Noise, premier long métrage des Suédois Olaf Simonsson
et Johannes Stjärne Nilsson, satire déjantée des
institutions musicales. Construit comme un thriller,
le film fait se succéder gags et inventions absurdes sur un rythme trépidant, servi par un casting
de comédiens musiciens sauf Sanna Persson, la
tête du gang qui a décidé d’exécuter une œuvre
musicale apocalyptique en utilisant la ville comme
instrument…
Musique encore dans le documentaire de Renaud
Barret et Florent de la Tullaye, Benda Bilili : de
2004 à 2010, de Kinshasa aux Eurockéennes de
Belfort, les réalisateurs aident et filment l’ascension musicale et humaine de Papa Ricky qui rêve
de faire du Staff Benda Bilili le groupe de musiciens handicapés le plus célèbre du monde. Un
film qui parle de solidarité, de musique, d’amour,
une vraie leçon de vie, qui a été le Coup de cœur
de Cinécole.
Entre nos mains de Mariana Otero suit durant
trois mois les projets, les questionnements des
employées d’une entreprise de lingerie féminine :
va-t-on sauver la PME en constituant une scop ?
Même si le documentaire est lent à démarrer,
cette galerie de portraits fait réfléchir sur la solidarité ouvrière.
Autre fait de société abordé par Illegal : les sans
papiers. C’est à une dénonciation féroce que se
livre Olivier Masset-Depasse qui, ayant découvert
qu’il habitait tout près d’un centre de rétention, en
Belgique, a mené une enquête solide avant
d’écrire un scénario de fiction. À travers l’histoire
de Tatiana, superbement interprétée par Anne
Coesens, le réalisateur a voulu montrer la situation terrible que vivent des gens, seulement parce
qu’ils n’ont pas de papiers. Un film coup de poing
qui aurait pu se passer du mélo de la séquence
finale.
Pour finir, le dernier film du doyen du cinéma,
Manuel Oliveira (102 ans), L’Étrange Affaire Angelica, conte fantastique où un photographe qui doit
prendre un cliché d’une jeune fille morte la voit lui
sourire dans son objectif. Des scènes oniriques
pour prolonger la nuit de cinéma de la centaine
de spectateurs qui ont tenu le coup des 28 heures
de projection de ce superbe marathon.
ANNIE GAVA
Autres coups de cœur
Des hommes et des dieux (prix Éducation Nationale) de Xavier Beauvois, pour sa grandeur d’âme
et ses plans serrés sur les beaux visages des
moines, pour la liberté et la force de l’engagement
face au chaos et la haine la plus abjecte.
Tournée de Mathieu Amalric, pour ses images et
créatures felliniennes entre burlesque mélancolique et New Burlesque, surtout lorsque les
masques et les faux-cils tombent.
Le nom des gens de Michel Leclerc, pour Sara
Forestier. Nul ne lui résiste, même Arthur Martin
(Jacques Gamblin), quadragénaire timoré ; bien
éloignée du prosélytisme politique cette Bahia
Benmahmoud qui couche avec ses adversaires de
droite pour les convaincre ! Tous les partis pris du
film sont poussés jusqu’au bout, sur un rythme
effréné et avec allégresse.
MURIEL BENISTY ET ANDRÉ GILLES
Une Palme d’Or
un peu Marseillaise
Cette année, la Palme d’Or du court métrage a
récompensé un film d’animation, Chienne
d’histoire de Serge Avedikian. L’univers graphique développé dans le film est le fait d’un
artiste marseillais, Thomas Azuélos, illustrateur pour la presse, dessinateur et scénariste
de BD qui développe une œuvre originale. Vous
pouvez lire, entre autres, Abigaël Martini, les
aventures d’une stagiaire commissaire à
Marseille.
YUGEN
http://azuel.free.fr
Cleveland
contre Wall Street
© Christopher First
CINÉMA 61
Quinzaine
The Light Thief
d'Aktam Arym Kubat
de la jeune héroïne : «Car les tendances de la
chair s’opposent à l’esprit, et les tendances de
l’esprit s’opposent à la chair.» Celui de Louis
Garrel, Le petit tailleur, court métrage en noir et
blanc, gracieux et nostalgique, à l’ombre de la
vieille Nouvelle vague : cafés parisiens, citations
littéraires, voix off, jeunes gens beaux et amoureux.
Bien loin de cette douce France, The light Thief
d’Aktam Arym Kubat élargit l’horizon dans un
Kirghizstan balayé par les vents sibériens et par
ceux de l’histoire, contrée où de nouveaux enjeux
économiques bousculent les équilibres des communautés villageoises et où les rêves lumineux
d’un cœur pur ne peuvent qu’être éteints par les
mafieux universels. Dire le monde tel qu’il va et
tel qu’il ne va pas, c’est aussi le propos de JeanStéphane Bron dans Cleveland vs Wall Street,
offrant par ce reportage-fiction aux habitants de
Cleveland, expropriés à la suite de la crise des
subprimes, le procès que les puissantes banques
de Wall Street leur ont refusé, démontant à travers
le témoignage de ces pauvres gens démunis et
crédules la mécanique vicieuse du capitalisme
financier. Précis et implacable.
Mais le film le plus audacieux de cette sélection
demeure Le quattro volte de Michelangelo Frammartino, un petit joyau de cinéma à l’éloquence
taiseuse qui rend l’œil intelligent. Olmi et Tati
réunis. Sans musique, sans dialogue, sans histoire
autre que celle du cycle des saisons, des événements infimes et essentiels de la vie de ce village
perché de Calabre. De la mort du berger à la
naissance d’un chevreau, de l’abattement d’un
arbre centenaire au travail des charbonniers.
Plans fixes qui arrêtent le temps et où advient
soudain l’altération, la différence, les prémisses
du passage, la révélation d’une correspondance
poétique ou même un gag.
La Quinzaine, cette année encore, a donné un
aperçu de la diversité du travail des jeunes réalisateurs dont on espère qu’il trouvera, par les voies
impénétrables de la distribution, un chemin vers
un public plus large.
ÉLISE PADOVANI
Tanger, muse
cinématographique
C’est sur Une Fenêtre à Tanger, court métrage d’Yves de Peretti, que s’ouvrait le
27 mai, à l’Alcazar, le cycle Tanger Rêvée proposé par AFLAM. Une Fenêtre à
Tanger, c’est une rencontre, celle de Matisse avec l’art oriental. Et par extension,
celle des artistes avec cette ville. Avant Matisse, il y a eu Delacroix ; après, Jean
Genet, Roland Barthes, Paul Bowles et Jack Kerouac, Joseph Kessel. Et puis des
cinéastes. Car une des facettes de la beauté de Tanger, c’est son animation, faite
pour le cinéma. Elle provoque des pulsions de l’image, comme l’exprimait Hicham
Ayouch après la projection de son film Fissures au cinéma Variétés. Si la forme,
proche du Dogme, et l’absence de scénario pouvaient déconcerter, le désir
d’immersion dans la nuit tangéroise était contagieux.
L’attraction que crée Tanger sur les hommes, surtout ceux de passage, a parcouru
Tanger Rêvée. Dans Loin, d’André Téchiné, Serge ne peut s’empêcher de quitter
Tanger et Sarah puis de revenir sans cesse vers elles. Dans Juanita de Tanger,
ladite Juanita, espagnole tangéroise des années où la ville était zone internationale,
les regarde aller et venir, ces passants de Tanger, elle incapable de tant d’errance.
Le film de Farida Belyazid, première femme réalisatrice marocaine, a cette
mélancolie sans tristesse des films d’Almodovar, l’interprétation de Mariola
Fuentes y étant pour beaucoup.
La période internationale de Tanger, propice aux échanges et donc aux trafics, est
souvent au cœur de ces oeuvres. La ville fut le cadre de films d’espionnage français
teintés d’exotisme et de romance dans les années 30. Dans ce registre joliment
suranné, AFLAM proposa Gibraltar de Fedor Ozep, Alerte en Méditerranée de Léo
Joannon et, plus proche de nous, L’Homme de la Jamaïque de Maurice Canonge.
Si les deux premiers suivent les aventures d’officiers occidentaux, en proie aux
crimes et aux charmes de la ville autonome dans un classicisme presque scolaire,
le dernier, qui date de 1950, a le bon goût de prendre le sujet à l’envers : une femme
peut-elle faire d’un trafiquant un homme rangé ?
Car dans la Tanger rêvée par les cinéastes, une Tanger interlope, les tentations
sont permanentes. Tanger et son statut international, c’est un peu Chicago et la
prohibition : un vivier à films noirs. Arcady s’y est essayé dans Dernier Eté à Tanger
avec un Thierry Lhermitte en détective privé entraîné par une femme fatale dans
une série de crimes obscurs. L’épaisseur du casting (Lhermitte, mais aussi Hanin,
Lindon et Villeret) ne suffit toutefois pas à éviter les travers caricaturaux du
réalisateur. AFLAM fut bien plus inspirée en projetant Cronenberg et son halluciné
et hallucinant Festin nu, adapté du roman de William Burroughs, ou encore
Tresses de Jillali Ferhati qui entrelace crime passionnel, vengeance et politique.
RÉMY GALVAIN
Le festin nu
de David Cronenberg
© 20th Century Fox
LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE | PHILIPPE FAUCON
Le 19 juin, de 15h à 23h, à l’occasion de sa sortie
en DVD, la Friche la Belle de Mai propose à la
salle Seita la projection du documentaire la
République Marseille en présence du réalisateur
Denis Gheerbrant. Entrée libre.
>
04 95 04 95 04
www.lafriche.org
Du 2 au 4 juillet, à Ginasservis, l’association Sans
Tambours Ni Trompettes propose le festival Un
Pas de Côté à Espigoule inspiré de l’An 01, la
bande dessinée de Gébé et du film de Jacques
Doillon : projection de films, installations et concerts,
pour commencer les vacances en refusant la fuite
en avant…
http://stnt-espigoule.org
La Republique Marseille, Le centre des rosiers de Denis Gheerbrant
Aflam
04 91 47 73 94
www.aflam.fr
>
Du 24 juin au 27 juillet, l’Institut de l’Image à Aix
propose «Des reprises pour l’été», parmi lesquelles Shirin de Kiarostami, Senso et L’Étranger
de Visconti, Les Poings dans les poches de
Bellocchio, Cris et chuchotements de Bergman.
Trois films plus rares : dans La Rumeur, de William Wyler, deux amies dirigent une institution
pour jeunes filles ; Mary, une élève insolente et
menteuse, lance la rumeur que les deux professeurs
ont une relation «contre-nature» ; Performance
de Nicolas Roeg, Donald Cammel avec Mick
Jagger et enfin Le Démon des femmes d’Aldrich.
Du 5 au 12 juillet, troisième Caravane des cinémas arabes en Région : projections en plein air
d’une sélection de six films venant d’Algérie, du
Liban, du Maroc, et de Palestine. Ainsi on pourra
(re)voir Mascarades de Lyes Salem (à Apt et Le
Luc) ; Caramel de Nadine Labaki (à Briançon) ;
Number one de Zakia Tahiri (à Port-de-Bouc) ;
L’Anniversaire de Leila de Rashid Masharawi
(aux Mées) ; Le Mélange de Faouzia de Magdi
Ahmed Ali (à Cannes) et Le Sel de la Mer
d’Annemarie Jacir (à Arles).
Le sel de la mer © Pyramide Films
>
CINÉMA
Jukti Takko Aar Gappo de Ritwik Ghatak
62
Du 7 au 12 juillet, 21e édition du FID Marseille. Vingt
films en compétition internationale dont 19 premières mondiales et treize premières mondiales
en compétition française, seront projetés dans
différents lieux de Marseille, Le Gymnase, les
Variétés …
S’ajoutent cinq écrans parallèles, une rétrospective du cinéaste indien, Ritwik Ghatak ; un salut
déjanté à Lévi- Strauss, Anthropofolies; une programmation autour des rapports théâtre et
cinéma, Du rideau à l’Ecran, une autre consacrée
à « paroles et musique » et un programme présenté par Fotokino, que peuvent voir les enfants,
Les Sentiers.
S’ajoutent à ce programme des séances spéciales
en partenariat avec différents structures ainsi que
des tables rondes.
FID Marseille
04 95 04 44 90
www.fidmarseille.org
Institut de l’Image
04 42 26 81 82
www.institut-image.org
Dehors le cinéma !
les vacances sur un petit air décalé (le 2 juillet) ;
avec l’ADDAP 13, à la Belle de Mai, Salut Cousin
de Merzak Allouache le 6 juillet, et Le Grand
Voyage d’Ismael Ferroukhi le 13 juillet. Les
enfants auront aussi leurs séances avec La
prophétie des grenouilles (La Capelette le 7 juillet)
et L’Âge de Glace 3 (Les Archives le 9 juillet). Dans
le cadre magnifique du Théâtre Silvain enfin
réinvesti (Malmousque), on pourra voir Slumdog
Millionnaire de Danny Boyle, sur un orphelin,
Jamal Malik, qui remporte un jeu télévisé (le 5
juillet) ; Le Mépris de Jean-Luc Godard,
incontournable leçon de cinéma
Jour de fete de Jacques Tati
désinvolte, lyrique et révolutionnaire
(le 12 juillet). Puis il y aura Conversaciones con Mama de Carlos Oves,
l’occasion d’une soirée organisée
par La Rue du Tango. Looking for
Eric de Ken Loach, d’autres
projections pour enfants… Nous y
reviendrons !
Et n’oubliez pas vos chaises, vos
coussins, et quelques victuailles à
partager…
Après son ouverture le 11 juin durant le 2e Festival
du livre de la Canebière (projection du film
Egyptien Le mélange de Faouzia), Tilt propose
jusqu’au 14 août le quinzième festival Ciné pleinair : 27 films qui viendront illuminer 10 lieux et
feront «pétiller les yeux» de tous ceux qui seront
à Marseille cet été : durant la fête du Panier, le 19
juin Interstella 5555 de Leiji Matsumoto et Daft
Punk ; dans le jardin des Archives départementales un film de la chorégraphe Blanca Li sur
une world battle de hip hop, jubilatoire (le Défi le
25 juin), et Jour de Fête de Tati, pour commencer
Tilt
04 91 91 07 99
http://cinetilt.org
Variétés des
rencontres
Le 21 juin à 19h 30 au cinéma Variétés à Marseille,
projection de Orpailleur en présence de Marc
Barrat et des acteurs Tony Mpoudja et Julien
Courbey. Rod, jeune Parisien d´origine guyanaise
et deux de ses amis se retrouvent au cœur de la
forêt amazonienne, dans le milieu hostile et
archaïque des chercheurs d’or clandestin...
Le 23 juin à 20h, en collaboration avec l’association Femmes en Noir Marseille, projection du
documentaire d’Eyal Sivan, Jaffa, la mécanique
de l’orange. À la fin du XIXe siècle, plusieurs vagues
d’immigration juive arrivent en Palestine. La
culture des agrumes va passer de la propriété des
Palestiniens à celle des cultivateurs arabes et
juifs, pour devenir, dès 1948, un monopole israélien.
Des Palestiniens et des Israéliens acceptent d’évoquer ce passé devant la caméra du réalisateur…
Le 25 juin à 20h en collaboration avec La Région
Paca et Comic Strip Production, projection en
avant-première d’Un Ange à la mer en présence
du réalisateur Frédéric Dumont et de deux des
acteurs, Anne Consigny et Olivier Gourmet :
Louis, 12 ans, vit au Maroc heureux avec son père,
sa mère et son grand frère. Sa vie change le jour
où son père lui révèle un terrible secret…
Cinéma Variétés
04 91 53 27 82
Tournage
Un jeudi férié… Pas pour tout le
monde ! Dans un centre de boxe, à
Saint-Marcel, à Marseille, une équipe de trente personnes travaille sous
la direction de Philippe Faucon: c’est
le quatrième jour de tournage du
neuvième film du réalisateur de La
Trahison, le troisième tourné dans la
région après Samia et Dans la vie.
Pascal Ribier, l’ingénieur du son,
qui a souvent travaillé avec Eric
Rohmer, discute avec le directeur de
production, Laurent Lecêtre. Philippe
Faucon est satisfait de son acteur
principal, Rashid Debbouze, dont
c’est le premier rôle. «Je l’ai repéré
dans un spectacle comique ; il a de
réelles qualités de comédien et j’ai
pensé qu’il pourrait jouer Ali, un
jeune issu d’un quartier défavorisé
qui cherche désespérément un emploi.» Ali va se faire manipuler par un
intégriste, devenir intolérant et entrer
en conflit avec sa famille, en particulier avec son frère qui fréquente
une «Française». Zohra Addiou qui
joue Aicha, la mère d’Ali, finit son
premier jour de tournage. «Elle s’en
est très bien sortie» précise Philippe
Faucon. Rashid Debbouze lui aussi
a été parfait dans la séquence tournée la veille dans un lycée où s’est
rendu Patrick Mennucci venu encourager l’équipe de ce film, qui
n’aurait pu se faire sans l’aide substantielle de la Région. «Le message
de ce film qui raconte la prise en
main de jeunes paumés par une
cellule islamiste est très fort.» Sujet
risqué ? «Notre Région n’est pas le
pays de Bisounours ! Ce n’est pas un
territoire idyllique et il faut regarder
les problèmes en face» précise le
chargé à la Culture. Ce que confirme
Philippe Faucon : «Un producteur
m’a proposé un scénario que j’ai
entièrement retravaillé : cela a été
une écriture difficile mais le sujet est
très actuel et même si le scénario
est un peu risqué, à partir du moment où casting a été fait, grâce à
Kamel Laadaili (qui joue Rachid, le
frère d’Ali) et à Zohra les choses ont
été plus faciles.»
Le tournage d’Un fils perdu qui aura
duré deux semaines dans la région,
se poursuit à Lille puis à Bruxelles
où se jouera la suite du destin
d’Ali…. À suivre ! Les films aidés par
la Région Paca ont fait un malheur
cette année à Cannes.
ANNIE GAVA
Philippe Faucon © A.G
64
ARTS VISUELS
AU PROGRAMME
Sans modération
Matali Crasset réactive la mémoire du Moulin dans chacune des salles
de l’espace d’art : création de contenants en verre et installation artistique
comme une évocation symbolique de l’olive, promenade au Verger pour
une déambulation poétique, table festive d’objets en verre pour
une dégustation imaginaire, réalisation radiophonique avec les étudiants
de l’École supérieure d’art de TPM pour se connecter avec la nature
extérieure… Observer, transmettre, analyser, entre mémoire et
transmission, fictions et récits sont la clef d’une dégustation réussie.
M.G.-G.
Nature intérieure
Matali Crasset
jusqu’au 20 septembre
Espace d’art Le Moulin, La Valette
04 94 23 36 49
Matali Crasset, première salle Le Verger, centre d’art Le Moulin, 2010 © X-D.R
Cousu main
Armée simplement de fils, d’aiguilles et de bouts
de tissus, Sophie Menuet reproduit le geste
familial, fascinée par «la forme ronde du
tambour à broder et du tissu que l’on
emprisonne». Spécialement pour la ZIP 22
(Zone d’intérêt poétique) l’artiste a imaginé
une sculpture-mobilier où les objets du
quotidien côtoient des coussins drapés,
proposant même des ateliers et des
rencontres autour du Tambour brodé . Une
installation poétique à broder en commun.
M.G.-G.
Tambour brodé
Sophie Menuet
du 19 juin au 31 juillet
ZIP 22, Zone d’intérêt poétique, Barjols
04 94 72 54 81
www.plainepage.com
© Sophie Menuet
Fragmentations
La jeune artiste chinoise Zhu Hong décale les angles de vue, déborde des cadres, quand elle n’est
pas hors-cadre, privilégie les visions partielles et les éléments tronqués comme si l’invisible primait
sur le visible. Son terrain de chasse favori est le musée auquel elle emprunte l’esprit, la solennité
et les œuvres : là un sol lambrissé, ici un détail d’un célèbre tableau…
Avec elle la visite au musée ne ressemble à aucune autre visite guidée.
M.G.-G.
Pièce de collection
Zhu Hong
du 16 juin au 19 septembre
Musée Ziem, Martigues
04 42 41 39 60
Zhu Hong, Louvre, Paris IV, 2007, huile sur toile © X-D.R
M.G.-G.
Marc Ingoglia et Benoît de Souza
du 25 juin au 15 juillet
L’Art à la Bouche, Sanary
06 27 89 60 80 / 06 14 58 56 55
Oeuve de Benoit de Souza, scultpeur © X-D.R
Au menu
Le principe de la jeune galerie L’Art à la Bouche est d’exposer des duos d’artistes tous les quinze jours et offrir
des fruits et produits naturels à la dégustation : un méli-mélo convivial ouvert aux talents émergents et aux
artistes confirmés qui aide à rendre l’art contemporain accessible à tous. Le nouvel accrochage réunit les
peintures sur plexiglass de Marc Ingoglia, maître des lieux et directeur artistique du festival Les Arts en chantier à
La Ciotat, et Benoît de Souza, sculpteur et céramiste d’art.
ARTS VISUELS
65
Yayoi Kusama, Infinity Mirror Room Fireflies on the Water, installation. photo © Nancy, Musee des Beaux-Arts
Le pois de la vie
À l’âge de dix ans Yayoi Kusama est victime d’une hallucination qui ne la quittera plus et qu’elle
tentera inlassablement de sublimer dans l’art. Entre psychédélisme et pop’art, toute son œuvre est
peuplée de formes de pois multicolores comme sur cette nappe aperçue dans l’enfance. C.L.
Infinity Mirror Room Fireflies on the Water
Yayoi Kusama
jusqu’au 6 juillet
Centre de la Vieille Charité, Marseille
www.festivaldemarseille.com
D’ombre et de lumière
L’abbaye cistercienne du Thoronet, l’une des plus
remarquables de l’ordre de Cîteaux, offre son architecture
silencieuse à Patrick Berger, Grand Prix national de
l’architecture 2004, qui interviendra comme ses prédécesseurs
John Pawson, Alvaro Siza et Luigi Snoozi. Toujours identifié par
le Viaduc des Arts de la Bastille, l’architecte lèvera le voile sur
sa «Leçon d’architecture» le 22 juin…
M.G.-G.
Leçons du Thoronet 2010
Initiative de la Maison de l’architecture et de la ville Paca
Patrick Berger
du 22 juin au 31 octobre
Abbaye du Thoronet, Var
04 94 60 43 90
www.thoronet.monuments-nationaux.fr
Abbaye du Thoronet © X-D.R
Terra-Mare
Il ne faut pas moins de quatre lieux historiques et prestigieux d’Avignon
pour embrasser l’œuvre de Miquel Barceló invité par la Collection Lambert
à l’occasion de ses 10 ans. Le parcours dans la ville est une invitation au
voyage dans l’imaginaire de cet artiste qui aborde la peinture, le dessin, la
sculpture et la céramique avec la même ferveur, et s’ingénie à créer une
cartographie et un bestiaire aux senteurs d’Orient. De Mare Nostrum à
Terra Nostra…
M.G.-G.
Terra-mare
Miquel Barceló
du 27 juin au 7 novembre
Palais des papes, Grande Chapelle, Musée du Petit Palais, Collection Lambert,
Avignon
04 90 16 56 20
www.collectionlambert.com
Miquel Barcelo à Avignon © X-D.R
M.G.-G.
Georges Rousse
du 26 juin au 17 octobre
Chapelle Saint-Charles, Avignon
04 90 16 10 51
www.vaucluse.fr
Visuel Rousse Saint-Charles Avignon
Lux, lumière et volupté
La nouvelle création éphémère in situ dans la Chapelle Sainte-Anne d’Avignon
est signée du plasticien-photographe Georges Rousse qui excelle dans l’art
d’habiter les lieux, de les transformer en les transcendant. Le titre de
l’exposition emprunté à la formule du lux, unité de mesure de la lumière,
résume bien son projet où l’architecture se laisse voir en transparence par un
subtil jeu de lattes de bois, de peinture et de photographie.
66
ARTS VISUELS
SPÉCIAL PHOTO
Arles s’enflamme à nouveau pour la photo. Les R.I.P. en tête. Et au-delà ? Que de belles
Les reines du moment restent de toute évidence les Rencontres Internationales de la
bien des fulgurances épatantes à quelques distances de l’arène camarguaise. Quelques
RIPailles
Après sept années bien assumées aux commandes des RIP, François Barré
passe la main mais rempile en Arles pour contribuer au futur Centre
National du Patrimoine de la Photographie. Si la création photographique
actuelle reste le motif de ces rencontres, la formation d’historien du nouveau
président, Jean-Noël Jeannerey, teinte un brin cette programmation 2010.
Il s’agit de s’intéresser particulièrement à ce que ce médium peut nous
apprendre du passé comme des mutations en cours : ainsi du tir
photographique forain d’antan, des chambres noires disparues, du déclin et
du regain envers le polaroïd, des manipulations d’images officielles
(chinoises, revues par Zhang Dali) ? Un colloque prolongera la réflexion sur
les rapports entre photographie et art contemporain. Organisée autour de six
promenades thématiques la programmation s’avère très éclectique. On
relève : l’Argentine en invitée (Léon Ferrari), le rock (Claude Gassian), les
clichés d’artistes marcheurs (Marcher-Créer), Peter Klasen, la collection
particulière de Marin Karmitz… À découvrir les artistes présentés pour les
différents prix par des personnalités de renom, dont le nouveau Prix Luma
doté de 25000 euros (idem pour le Prix Découverte) sous la responsabilité du
duo Fischli/Weiss… Autre nouveauté de cette édition 2010 : le Village, espace
de rencontre du public avec les professionnels de la photographie. Si le
budget atteint une «côte d’alerte» (sic), les lieux s’étendent au couvent Saint
Césaire récemment restauré par la ville.
Finalement la Nuit de l’Année retourne au bercail en centre ville, le 9 juillet.
Qui peut crier victoire ? C.L
Rencontres Internationales de la Photographie, Arles
du 3 juillet au 19 septembre
www.rencontres-arles.com
The Swing © Rene et Radka, courtesy galerie Philippe Chaume, a la Maison de la Photographie, Toulon 2010
OFFrez-vous en plus !
Expos, nouvelles propositions, jeune photo et
artistes émergents, nouveaux lieux, nouvelles
initiatives, trouvailles et alternatives, évènements
Okvisuluigi © Luigi & Luca, exposition Identity Lab, Voies Off, Arles 2010
infimes et exceptionnels, le tout (ou presque)
Arles photographique est dans le programme du
Off et nocturnement dans la cour de l’Archevêché au moment même où Voies Off fête ses 15
ans ! L’invité d’honneur, Michel Poivert proposera
Fort intérieur, une projection exceptionnelle le 10
juillet, jour de clôture et de remise du Prix Voies
Off (doté de 2000 euros) alors que Christian
Gattinoni et le collectif L’Evadée auront déjà exposé Identity Lab en plusieurs lieux. En tout état
de cause l’inauguration du festival est le 3 juillet à
21h30, et presque tout est gratuit. / www.voiesoff.com
Amplifions le plaisir avec deux nouveaux lieux
installés récemment dans le centre arlésien,
dédiés à l’art contemporain et à l’image. Pierre
Hivernat ouvrira Le Magasin de Jouets avec Entrevues #1 - concours photographique européen
initié par l’association Fetar - avec les séries Ilots
Temporels de Thomas Jorion et Lieux d’Energie
de Luca Zanier/ http://lemagasindejouets.fr
Dans le second aussi remis à neuf, on joue Collectif E3 avec Virginie Blanchard, Lionel Roux et
Thibault Franc/ http://collectife3.free.fr
À l’Atelier Archipel la lumière est dans tous ses
états : Street shots new-yorkais de Jan Meissner
avec projections lors de la Nuit de la Roquette,
conjointement à l’installation de Jean-Blaise
Picheral. Bonus : ce sera dans Semaines aux
éditions Analogues / www.atelierarchipelenarles.com
En écho aux trente-six vues du Mont Fuji d’Hokusaï, les Quatre Saisons de la Sainte-Victoire de
Jean-Christophe Ballot à la galerie Huit, mises
en livre chez Gallimard et en écritures par François Barré et Peter Handke / www.galeriehuit.com
Mireille Loup est chez CIRCA pour la série Mem,
vernissage le 8 juillet plus projection de vidéos
(inédites en France) lors de la Nuit de la Roquette
/ www.circa-arles.com
Première rétrospective pour Pierre Jahan (19092003) au musée Réattu avec un catalogue chez
Actes Sud / www.museereattu.arles.fr
Diaphane est l’invitée de Regards et Mémoires en
deux volets : Destination Europe à la Roquette et
Diaphane en résidences à la Bourse du Travail /
www.regardsetmemoires.com Toujours vibrante,
la festive, lumineuse et très attendue Nuit de la
Roquette / http://lanuitdelaroquette.free.fr .
Mais les problèmes perdurent pour Arles Photo en particulier la disponibilité d’espaces suffisants
à la manifestation - qui se voit reportée pour la
deuxième année consécutive. Un drôle de
paradoxe dans la plus grande commune de
France !
C.L
ARTS VISUELS 67
rencontres vous saurez faire…
Photographie d’Arles. Mais d’aucuns trouvent
propositions de visites, sans restrictions !
Passées les arènes…
…à Marseille. Dans le cadre du Festival Jazz des
5 Continents : 1ère édition de Regards de Jazz à
L’Espace Villeneuve-Bargemon, 130 photos
N&B de Martine Montégrandi, Serge Mercier et
Christian Ducasse / www.festival-jazz-cinqcontinents.com. À l’Alcazar-BMVR : Alcajazz,
extérieur nuit tout en couleurs vu par José Assa,
François Devret, Agnès Mellon, Julie Vola /
www.bmvr.marseille.fr. Enfin à CAMàYEUX,
Olivier Laurent, Dominique Lepot, Christine
Arnaudo / www.camayeuxmarseille.com
Simultanément à son exposition parisienne, Benjamin Dubourg présente Autopsie à la galerie 3e
Rue, chez Le Corbusier / www.3emeruegalerie.com
Pour Vol de Nuits : ateliers d’été avec Lucy
Vigoureux, et workshop sur la question paysages/ville/nature, les 17 et 18 juillet dirigé par
Geoffroy Mathieu / [email protected]
De l’argentique authentique à La Poissonnerie
avec le collectif marseillais Hors Série /
http://lapoissonnerie.free.fr
Le musée d’Allauch questionne jusqu’à la ren-
trée les croyances captées par le nikkormat de
Bernard Plossu / http://musee.allauch.com
Les Interludes de la jeune photographe chinoise
No et les Tableaux photographiques de Jean Paul
Villegas s’accrochent dans les Ateliers Agora à
Eyguières, vernissage le 3 juillet / www.ateliersagora.fr
À Gap, la photo prend de la hauteur au Théâtre de
la Passerelle, avec un face-à-face complice entre
Pascal Ragoucy et Bertrand Bodin, vernissage le
6 juillet / www.theatre-la-passerelle.eu
Plus bas dans le Lubéron, Oliviero Toscani
parrainera la deuxième édition des Nuits
photographiques de Pierrevert initiées par Stéphane Kossmann / www.lesnuitsdepierrevert.com
René & Radka alias René Hallen et Radka
Leitmeritz sont à la Maison de la Photographie de
Toulon / www.toulon.com
À Nîmes, Negpos poursuit son Printemps
photographique avec PanoraMarocain jusqu’en
été / http://negpos.fr
À Avignon Georges Rousse se joue des effets de
Tireurs d’élite
décrypter les envies de l’artiste, l’écoute et le
conseil réciproques sont indispensables à la
finalisation de l’œuvre photographique.
Inversement, le Lieu n’expose que des
photographies réalisées dans son laboratoire,
fruit de cet «accouchement» intra-muros. Valérie
Debray a essuyé les plâtres de cette formule sans
hésitation, séduite par «leur démarche spontanée
et sincère» tout autant que par le résultat
technique. Ses Particules lumineuses sur papier
sensible ont d’ailleurs déjà convaincu quelques
acheteurs… D’autres artistes succombent déjà à
ce labo photo transformé en quelques clics en
laboratoire d’expressions photographiques :
Angelica Julner en juin,
Bernard Pesce et André
Elle-sa © Angelica Julner a la galerie Retine le Lieu, Marseille 2010
Merian à l’automne.
Des pho-tographes qui
se sentent comme chez
eux dans ce lieu
mythique, qui n’a pas
pour
vocation
de
constituer un cercle
fermé d’initiés Ici tout
est en développement :
réalisation, formation,
transmission, conseil.
Ce qui fait sa différence.
La spécialité de Stéphane Marty et Nicolas
Strobbel ? le tirage argentique grand format. Leur
fait d’arme ? succéder à Jacques Bimbini, figure
historique du tirage photo à Marseille, qui leur a
légué 40 ans de ses précieuses archives…
Un an après sa naissance, Rétine argentique
développe une nouvelle activité autour d’un projet
original : Rétine le Lieu. «Nous sommes une
plateforme créative et collaborative et non une
galerie, explique Stéphane Marty. Nous
souhaitons rester libres d’accrocher ce que nous
voulons et ce que l’artiste veut». C’est dans ce
dialogue ténu avec les artistes que le Lieu fait la
différence. Si leur mission «délicate» est de
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Rétine le Lieu, Marseille
04 91 42 98 15
www.retineargentique.com
Steet shots © Jean Meissner à l’Atelier Archipel en Arles 2010
la lumière dans la Chapelle Saint-Charles et
interviendra au 1er festival d’art contemporain
AP’art à Saint Rémy de Provence /
www.vaucluse.fr / www.festival-apart.org
De bonnes raisons pour ne pas garder la
chambre.
CLAUDE LORIN
68
ARTS VISUELS
MUSÉE GRANET | ARTEUM | PALAIS CARLI | AP’ART
Alechinsky fait bande à l’art
L’art contemporain fait son
entrée au musée Granet
dans tout l’éclat d’une
constellation de signes et
d’images
Pierre Alechinsky est un jeune homme de 83 ans malicieux, faussement
ébaubi par le raffut provoqué par
son exposition. Un frêle forçat
ratatiné par son travail du dessin, de
la peinture et de l’écriture mené
depuis les débuts du mouvement
CoBrA dont il fut un illustre acteur.
Le musée Granet révèle les liens
avec le Sud de son œuvre majeure,
sobre et explosive. Liens paradoxaux
pour un homme né dans les brumes
bruxelloises, mais qui posa son
chevalet au pied de la Sainte-Victoire
dès 1966… L’exposition met à nu le
sens profond de ses relations au
Sud nourries dans son atelier près
de Maussane où il s’installa en 1988,
et dans les «ateliers virtuels» de ses
complices éditeurs (Pierre-André
Benoît à Alès, Fata Morgana à
Montpellier et Actes sud à Arles) et
céramiste (Hans Spinner à Grasse).
Ce thème des Ateliers du Midi sert
de socle à une pérégrination dans le
temps, les formes, les signes, les
sources d’inspiration, les combats et
les éblouissements qui ont construit
son œuvre. Riche d’un dialogue
fécond entre le dessin et la peinture
et les «livres infeuilletables» réalisés
en grès ou porcelaine, la muséographie éclaire notre vision de ses
peintures acryliques abstraites encerclées de «remarques marginales»,
terme emprunté à l’imprimerie ou
encore à l’art de la tapisserie. Riche
aussi de ponctuations textuelles car
si Alechinsky est féru de la prose de
Cendrars ou Bonnefoy dont il illustra
quelques volumes, il est aussi
écrivain et spécialiste de l’illustration et de la typographie. Il faut lire
Deux pinceaux dans le sable pour
percer les méandres de sa pensée
et de son art sans cesse sur la braise.
Barbichette grisonnante, lunettes
rondes placées haut sur le front, de
travers, bleu de Chine et cravate
irrévérencieuse, Pierre Alechinsky
irradiait de sa présence l’exposition.
Écho flamboyant à une peinture
«noueuse» qui creuse un sillon singulier loin des coteries et dont les
vibrations éclatantes secouent ceux
qui les regardent. De face de préférence, pour ne rien perdre du choc
qu’elles provoquent.
Alechinsky, Seculaire, 1996, acrylique sur toile, 158 X 186 cm
CoBrA (COpenhague-BruxellesAmsterdam), mouvement prônant
la liberté, la spontanéité,
l’expérimentation de 1948 à 1951
Les Ateliers du Midi
Pierre Alechinsky
jusqu’au 3 octobre
Musée Granet, Aix
04 42 52 88 32
www.museegranet-aixenprovence.fr
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Traits d’union
L’incontestable sincérité du dessin a déjà initié
Noir sur Blanc en 2007 et Traits… confidentiels en
2008 à Arteum-musée d’art contemporain à
Châteauneuf-le-Rouge. Deux jeux de construction habiles qui racontaient «l’art du dessin
aujourd’hui». Cet été, Traits… très particuliers esquisse un mouvement d’ensemble à travers
quatorze artistes qui montrent à quel point le
dessin ne cesse de se renouveler dans ses lignes
de force, son imaginaire, ses tensions… D’autant
qu’il décline une palette nuancée de médiums :
crayon gris, crayons de couleur, encre de chine,
pierre noire, fusain…
On retiendra «trait… particulièrement» la mise en
regard de la série sur chiffon d’atelier de Martin
Galtier et les encres Rotring de Thierry Agnone
qui ouvrent le bal ; tous deux figurant dans la
collection privée d’Anne et Henri Sotta. Les
grands formats au fusain de Maurice Maillard
sont à regarder de préférence de biais et de loin
pour saisir l’immatérialité méandreuse de ses
paysages minéraux (diptyque Le grand torrent).
Anthony Giroud, Sans titre, acrylique blanc et crayons a papier sur carton © X-D.R
Sandra Ferreri, On the road again with bicycle, crayon sur papier polycarbonate
Par leur dextérité technique et leur maturité, les
jeunes Sandra Ferreri et Anthony Giroud développent chez le spectateur une claustrophobie
tout autant qu’un sentiment d’étrangeté : la
première par l’enchevêtrement de cercles infinis
qui recouvrent la forme initiale (une maison digne
d’Edward Hopper) ; le second par la densité des
traits de crayon à papier d’où naît une nature
sauvage, mystérieuse. Plus équivoques encore,
les petits dessins à la pierre noire de Soren
laissent apparaître dans un halo de blanc les
contours et les formes de silhouettes inquiétantes, jeunes filles et bêtes disproportionnées.
Comme s’il dessinait la préface d’un nouvel opus
de Lewis Carroll. Et tous les autres encore Robert blanc, Didier Boussarie, Rémy Defer, Joël
Lorand, Alix Paj, Véronique Thiery-Grenier,
Yannick Papailhau, Alexandra Pellissier - dont le
travail s’expose sans fard : dans «une vérité nue
sans autre artifice que le trait».
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Traits… très particuliers
jusqu’au 17 juillet
Arteum, Châteauneuf-le-Rouge
04 42 58 61 53
www.mac-arteum.net
Amo di moun païs !
Auguste Chabaud en Provence ou le retour du
peintre dans le Sud après sa jeunesse à Paris, fauve
parmi les Fauves. La période qualifiée de «retraite»
s’est avérée très fertile du point de vue de sa
production picturale… Pour preuve les quelque 120
œuvres réunies au Palais des arts ! Des toiles,
sculptures et dessins traversés par les thèmes chers
à l’artiste, avec parfois des réminiscences de couleurs vives, franches, propres à sa période parisienne :
Signaux en gare de Graveson, La petite fille en rouge.
Œuvres audacieuses qui empruntent à la photographie ses possibles angles de vue.
On retrouve ici les vieux métiers (Le colporteur, Le
facteur), les traditions rurales (Le retour du troupeau), les scènes de la vie quotidienne (La foire aux
chevaux), ses lieux de villégiature familiale (le mas
Martin à Graveson maintes fois évoqué), les campagnes (mas, cour intérieure, écurie), les portraits de
famille, les paysages qu’il transcende et… des bouquets d’une lourdeur indigeste. Son vocabulaire
pictural à l’heure de son retour à la terre est pourtant
riche : apposition-superposition de larges touches
de couleurs, cerne noir enserrant la forme (sa
marque de fabrique), cadrages osés (il n’hésite pas
à couper le tronc et la tête d’un des Paysans au
repos pour donner plus de force à la scène), matière
épaisse, silhouettes réduites parfois à une simple
ligne évocatrice, organisation spatiale géométrique :
il y a là une rudesse de la peinture qui le caractérise.
Mais la quantité de toiles rassemblées met aussi à
nu ses maladresses formelles, ses tentatives malheureuses (ah, la série de pâles baigneuses !).
Arrêtons-nous plutôt à ses dessins, aquarelles et
gouaches sur papier boucherie qui révèlent un
Chabaud libre et spontané.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Chabaud en
Provence
jusqu’au 12 sept
Palais Carli,
Marseille
04 91 04 68 32
www.regards-deprovence.org
Anthony Giroud, Sans titre,
acrylique blanc
et crayons à papier
sur carton
© X-D.R.
Un monde Ap’art
Les Alpilles offrent une semaine d’art contemporain à tous les publics
Depuis longtemps, la Provence est une terre d’accueil
de festivals renommés, et les Alpilles et ses environs
abritent bien des auteurs et des ateliers d’artistes.
Mais en s’installant à Saint Rémy Leila Voight n’avait
pas projeté ce nouveau festival dédié aux différentes
formes d’art contemporain.
«À l’origine j’ai été contactée par Elisa Farran
(conservatrice au musée Estrine. NDLR) à propos d’un
projet de jardin de sculptures sur Saint Rémy. Cette
initiative privée s’est orientée vers plus ambitieux pour
concerner plusieurs lieux dans la ville puis dans ses
environs. Les partenaires privés et les institutions
publiques comme la mairie de Saint Rémy ont
rapidement accroché au projet, puis d’autres encore».
Ainsi est né le Festival Ap’art renforcé par les
expériences parisiennes de Leila Voight qui avait
organisé plusieurs années de suite Les artistes
cassent la baraque lors de la foire d’art contemporain
du quartier Saint Germain, avec la même intention de
«sortir l’art contemporain du public d’initiés» et
«d’inciter des artistes reconnus à inviter de jeunes
talents sans se limiter à une forme d’art particulier».
Pour sa première édition, Ap’art invite près de soixante
dix artistes. Ils investiront Saint Rémy et ses environs
dans tous types de lieux : châteaux, places et jardins,
cafés, musées, lycée agricole, chapelle… Ben, Christo
(probable-ment en vidéo conférence s’il est retenu
outre-Atlantique), Daniel Spoerri, Robert Combas,
Philippe Ramette, Sophie Elbaz, Orlan (pour la clôture
le 13/07 aux Baux-de-Provence), côtoieront Alain
Grosajt, Lionel Scoccimaro, Pierre Pinoncelli, AnneMarie Pêcheur qui concevra une installation pour
l’occasion, Joseph Alessandri et Gérard Drouillet
installeront un singulier appartement au musée
Estrine, Georges Rousse viendra d’Avignon pour un
projet saint rémois… Entre autres réjouissances,
visites d’ateliers et conférences sont à prévoir mais
«l’entité festivalière est pour moi la rencontre avec les
artistes qui seront-là pour partager avec le public,
susciter des rencontres, des projets» insiste Leila
Voight.
Toutes ces manifestations sont accessibles
gratuitement, sauf le dîner palindrome de Daniel
Spoerri à l’Oustau de Baumanière sur réser-vation.
Jacques Villegle - Yves, 2007, acier corten © Michele et Yves di Folco Invitée d’honneur, Jessica
Lange exposera pour la
première fois une série en
noir et blanc aux Ateliers
de l’Image.
CLAUDE LORIN
AP’art
Festival international d’art
contemporain
du 08 au 13 juillet
Saint Rémy-de-Provence et
Alpilles
www.festival-apart.org
70
ARTS VISUELS
VOYONS VOIR | SM’ART | ARTS ÉPHÉMÈRES
Sur les hauteurs
commerciales de la vallée en installant sur les hauteurs, pour le premier
une ruine factice de piscine de béton
bleu sale dressée en monument
dérisoire, pour le second, un pseudo-panneau touristico-immobilier
promouvant un improbable merveilleux.
En période estivale, une pertinente
alternative aux propositions muséales, qui peut rebuter les adeptes de
la sculpture-signal décorative des
autoroutes et ronds-points, mais
permet de (re)découvrir la géographie du patrimoine en terroir
viticole. Jusqu’à l’ivresse ?
Caroline le Mehaute, Hic et Nunc, installation etang du domaine de Grand Boise, Trets 2010 © X-D.R.
Poétique : Caroline Le Méhauté laisse
vivre au gré des mouvements de la
nature, la lumière et le vent, Hic et
Nunc, sculpture flottante reflétée
sur l’étang, entre esthétique du zen
et le sublime romantique.
Référent : Fabien Lerat retourne le
Partie de campagne
C’est au coeur du parc du Domaine
de la Baume que le SM’ART a tenu
salon (du 4 au 7 juin). Un «village d’irréductibles de l’art» avec ses
tentes blanches dressées en rangs
serrés abritant 168 artistes européens, 12 galeries et le Groupement
uni des galeries indépendantes
fédérant 25 aixois. Le GUDGI qui
exposait un bel ensemble d’œuvres
représentatives du travail de Pierre
Vallauri depuis 1983, également
directeur du MAC Arteum à Châteauneuf-le-Rouge : séries Micro-tressages,
Tension-Ligatures, Femmafrica malafrica, sculptures en bronze et en métal
figurant l’Homme… Le fondement
de SM’ART étant de télescoper les
genres, les médiums et les esthétiques, le résultat est inégal mais on
découvre de jeunes talents tels
Toma. L chez Art Top Gallery, qui
malgré l’évidente influence de Basquiat produit une écriture picturale
graphique, urbaine et dynamique, pulsations instinctives jetées au sol qui
réjouissent les amateurs d’architectures contemporaines et d’intérieurs
zen. Ou encore Dub dont les grands
formats s’arrachent comme des
petits pains à la grande joie du collectionneur Jérémy Martinato qui
revendique pour sa Bear Galerie une
curiosité éclectique. Dans cet esprit
de cohabitation il mettait à la vente,
entre autres, les sièges design de
Coco dont le dernier spécimen en
métal et peinture Zig Zag Rouge.
Valérie Gho, figure montante de la
scène régionale, réunissait pièces
anciennes, repérées notamment au
festival Les Arts en chantier à La
Ciotat, et travaux inédits qui affirment une fois encore sa maîtrise
technique et son inspiration
renouvelée… SM’ART a
réussi en cinq éditions à
devenir une vitrine pour les
galeristes et un vivier pour les
collectionneurs. Bref, un trait
d’union avec les artistes.
M.G.-G.
www.salonsmart-aix.com
C.L
motif et le point de vue en plantant
un miroir de neuf mètres face à la
sacro Sainte-Victoire. Révision néo
hollywoodienne du mythe cézannien.
Critique : Boris Chouvellon et Nicolas
Desplats réinjectent leur expérience
du passage obligé par les zones
Paysages chavirés
jusqu’au 15 octobre
Domaine de Grand Boise, Trets
Domaine de Saint Ser, Puyloubier
www.voyonsvoir.org
Œuvre publique
Le Festival des Arts
Ephémères vient
de se terminer, projetant
quelques pistes d’avenir
pour le parc de Maison
Blanche
Yazid Oulab, Bourrak (l’étincelle), 2010 © X-D.R
Depuis 2007 Voyons Voir conçoit des
projets en espace naturel qui
combinent résidence d’artistes et
créations in situ. Pour sa directrice,
Bernadette Clot-Goudard l’intention
est «que ces projets questionnent
l’environnement naturel, mais aussi
patrimonial, social, économique,
pour montrer la beauté du territoire,
aussi bien que ce qui surgit de la
friction des lieux avec l’art contemporain». Il s’agit aussi de concevoir
une alternative à la diffusion de la
création contemporaine dans les
galeries et musées, en s’inscrivant
en synergie dans l’économie de l’entreprise, en particulier des domaines
viticoles de la région.
À Grand Boise, quatre artistes ont
été accueillis en résidence pendant
trois mois. Ils viennent de restituer
leur vision des lieux sous forme
d’installations, acte 1 d’une démarche en trois temps.
Avec la sensibilisation à l’art contemporain, l’un des enjeux revendiqués
par la Mairie du 9/10e était celui de la
transmission des savoirs. Ainsi du
travail effectué en amont dans les
ateliers de l’ESBAM, où les amateurs
font expérience de l’acte de création
par la pratique artistique, tout en ayant
l’opportunité de confronter leurs productions à des œuvres d’art sélectionnées par Thierry Ollat, directeur du [mac].
Du bel argument apporté par Lyse Madar Les parts de l’ombre : matérialités
et fiction, chacun a su tirer un parti singulier, même si les entrées offertes par
la problématique auraient pu se développer encore : alors que certaines
œuvres d’artistes reconnus livraient leur relation à la thématique de façon
elliptique, les productions des amateurs étaient à chercher dans le secret des
bosquets. Autant Bourrak (l’étincelle) de Yazid Oulab projetait son spectre
osseux au sol et la lame de tourbe friable de Caroline Le Méhauté en
surgissait vers la lumière, autant certains visiteurs se demandaient ce que la
grappe de Lionel Scoccimaro ou les caillebotis de Sandro Della Noce faisaient
perchés dans l’ombreuse canopée ? Pour leur part, les participants de l’atelier
de Gilles Traquini renversaient la nature de l’ombre en objets paradoxalement
solides et tridimensionnels, ceux de Christiane Parodi captaient des formes
fantomatiques sur des toiles-pièges.
Par certains de ses aspects, le projet renoue avec les grandes utopies de l’art
public, sans démagogie évènementielle, avec pour ambition «…de s’aventurer
sur d’autres sites, d’autres jardins, d’autres territoires publics».
Continuons donc à re-poétiser le quotidien, même temporairement !
CLAUDE LORIN
Valerie Gho,
Une montagne et un ciel
© X-D.R
Les Arts Ephémères ont occupé Maison Blanche, Marseille 9ème, du 21 mai au 9 juin
72
RENCONTRES
LIVRES
À vous de débroussailler
Le 30 mars dernier Frédéric Mitterrand
annonce une nouvelle fête du livre or-ganisée par le Centre National du Livre
et lancée pour «favoriser la lecture»
auprès des scolaires et des «publics
empêchés» (centres hospitaliers et pénitenciers), mais aussi des voyageurs (gares)
et des passants (places publiques). Par
ailleurs, diverses manifestations sont
confiées ça et là aux opérateurs du livre…
En toute hâte, les divers artisans du livre
ont mis en place des rencontres ! Ainsi
on vit à Marseille Les Oralies des
contes lus en public qui ont arrêté les
passants et ravi les plus jeunes. À Aix,
grâce à l’entregent légendaire d’Annie
Terrier, une manifestation autour du
Nobel Français le plus présent dans
notre région : Gao Xingjian vint dans
la ville deux fois avant son prix (2000)
et sa naturalisation (1997), s’installa un
an en résidence à Marseille pour y créer
son opéra ( 2003) et y réaliser un film,
puis revint souvent à Aix, en particulier
à l’université où un département de
recherche lui est consacré.
La Montagne de l’âme est incontesta-
© Ecritures croisees
blement un roman important… mais la
rencontre ne fut pas passionnante, faute
des moyens (traducteurs, intervenants,
techniques) que déploient habituellement les Écritures croisées pour mettre
à portée de confidence les plus grands
romanciers du siècle. Précédé de son
court métrage Après le Déluge, dont la
beauté plastique se devinait malgré la
lumière du jour qui grisaillait tous les
contrastes, la rencontre emmenée par
Un beau soir de mai
Cour de la Charité. Les rencontres du
CIPM n’ont pas toutes la rime suivie et
la grâce affirmée du dialogue de ce
vendredi ; à la table, deux compagnons
de longue route («42 ans» constatent-ils
émerveillés) échangent des souvenirs, se
glissent des noms, personnes et lieux,
partagent de somptueux silences ; des
invités se sont décommandés nous diton, l’un est malade, l’autre a déposé un
dessin… de toutes façons «les amis ne
sont plus ici» morts ou absents ; curieusement, face à ces deux monstres sacrés
de la radio (Alain Veinstein et ses Nuits
Magnétiques) et de la littérature (Pascal
Quignard, ses prix, sa culture et sa quête
du rare), les chaises posées sont restées
Pascal Quignard et Alain Veinstein © Jean-Marc de Samie
un peu vides, comme au diapason de
cet «auditoire imaginaire» auquel il est
fait allusion. Les paroles circulent autour
de l’actualité de la publication en Poésie-Gallimard de Lycophron et Zétès,
traduction du grec de l’Alexandra (autre
nom de la prophétesse Cassandre), poème
tragique d’une belle obscurité d’un
auteur alexandrin du IIIe siècle av. JC,
accompagnée de fragments et autres
textes parus en revue, quelques-uns sous
le pseudonyme de Zétès, Quignard luimême s’incarnant dans le «chercheur».
Lectures et bâtons rompus, zigs-zags étymologiques, rien qui pèse ni qui fâche ;
peu à peu le poète élabore sous la légère
poussée de son complice une petite
page où tremble le sens «l’assignation, je
ne supporte pas / je suis un homme du
saltus, entre sauvagerie de la forêt (silva) et
paix du champ cultivé (ager) / poète, non,
plutôt exceptor, préleveur et cueilleur...»
où l’on entend bien, comme dans la
musique, le «plus ancien que soi qui erre
dans la voix». Leçon de liberté raisonnable, incitation à chercher la clé jamais
perdue dans les buissons et quand nasillent un peu trop fort les talkie-walkie
des gardiens qui font la fermeture : «je
m’arrête ? tu t’arrêtes.»
MARIE-JO DHO
L’entretien entre Pascal Quignard
et Alain Veinstein a eu lieu le 28 mai
au CIPM
Guy Astic se perdit dans des considérations cinématographiques générales
assez fades, Gao Xingjian s’exprimant
assez mal en français, les questions s’éternisant, et Noël Dutrait, son traducteur
et grand spécialiste des Lettres Chinoises,
essayant en vain de revenir à la littérature… mais restant trop poli pour
couper la parole au grand homme qui
ennuyait l’auditoire. Quelques fulgurances pourtant, que pouvaient entendre
ceux qui connaissent une œuvre où la
quête de soi donne les clefs du monde :
«Nietzsche est un grand malade, on ne
peut pas être au-delà des autres.» Et puis
un peu plus tard : «L’artiste ne peut pas
détourner, ni résoudre, les difficultés qui
sont devant nous. Au fond l’art consiste à
les affronter. Puis à les sublimer.» Juste de
quoi donner envie de plonger dans La
Montagne de l’âme (Seuil), ou dans sa
dernière pièce Ballade nocturne. Et de
résister à cette stupide accélération événementielle qui sied si mal à la littérature,
en espérant que la deuxième édition,
prévue en mai 2011, saura se construire
hors de l’urgence.
AGNÈS FRESCHEL
À vous de lire s’est décliné
également à Martigues
(L’Odyssée voir p 40)
et à Montévidéo à Marseille
(Manifesten voir p 73)
Cap au nord (1)
C’est une Escale dépaysante qu’ont proposée
deux librairies, Aux vents
des mots à Gardanne,
puis L’Attrape mots à
Marseille. En accueillant
Joseph Boyden, elles ont
fait vibrer les terres du
midi au souffle puissant
de la nature farouche et du
septentrion. L’écrivain canadien est comme ses
© Aurelie Éché
romans, sincère et généreux. Il est aussi élégant, affable, bref très séduisant. À Marseille, devant une assemblée
nombreuse pour partie assise par terre, dans un américain fluide que l’excellente
traduction de Marguerite Capelle a su rendre, Joseph Boyden a répondu, ou pas
d’ailleurs, aux questions de la libraire Agnès Gateff puis du public conquis. Il a
évoqué son désir d’écrire sur ces gens auxquels personne ne s’intéresse, ces membres
du peuple premier qu’il côtoie puisque sa mère est de la tribu Anishnabe. Un peuple
dont l’existence est rude mais dont la culture connaît aujourd’hui un renouveau
certain. L’écrivain, a-t-il souligné, se doit de transmettre cet héritage dans ses œuvres,
comme les anciens le font en enseignant leur langue ou leurs techniques de chasse
aux jeunes du nord de l’Ontario. Il a aussi parlé d’ours, de chasse, d’alcool et de drogue,
de modes de vie entre cree et rap. Il a finalement peu parlé de son dernier livre
(chroniqué dans Zib’ 30). Une bonne manière de susciter l’envie de découvrir cet
auteur salué par Jim Harrison et plébiscité par le public en Amérique (même les
Indiens l’ont bien accueilli, a-t-il confié) comme en Europe.
FRED ROBERT
À lire
Le chemin des âmes (roman) et Là-haut vers le nord (nouvelles), désormais disponibles
en poche (Le Livre de Poche) ; Les saisons de la solitude (Albin Michel)
RENCONTRES
73
Écritures indociles
Emprunter n’est pas voler, n’est-ce pas ?
Laissons les éditions Al Dante, sans
lesquelles les soirées Manifesten
n’auraient pas eu lieu, déposer en titre
leur carte de visite programmatique... Ils
eurent l’art et la manière d’occuper
intelligemment
l’espace
d’une
manifestation
officielle
presque
improvisée : À vous de lire proposé par
le Centre National du Livre et le
Ministère de la Culture. C’est à
Montévidéo, et aussi chez deux libraires
partenaires, que les rencontres ont eu
lieu dans un dispositif fort simple et de
proximité : lectures, projections au
service des textes. En deux soirées, des
surprises, plutôt bonnes et un humour
présent dans la plupart des prestations.
Dans l’ordre des apparitions, le pas du
tout sérieux Petit traité de scissiparité de Henri-Pierre
Jeudy et Maria Claudia Galera exposé à deux jeunes
voix (merci l’Erac) façon cantate micro-guitare sèche, ne
laisse pas l’auditeur un instant baisser l’oreille : virtuosité
quasi rimbal-dada-ienne (le je et l’autre) du voyage en
corps clos de deux sœurs siamoises, artistes en règles au
pinceau menstruel ; où l’on apprend que la mort est la
véritable cohérence pendant qu’épidermes poilus,
globules mignons et tumeurs naissantes en guise
d’intériorité flottent doucement sur le mur du fond !
La «conférence» de Véronique Pittolo, toute d’aisance
chronique
intimo-socio-culturalo
résistante Comme un Fracas; en homme
de bonne compagnie, il fait rimer
méthodiquement
émotion,
dénonciation et citation; sont
convoqués Beckett et Marat morts un
13 juillet, Duras, Godard, Chaplin et
Archie Shepp. Tout y est, c’est
dommage...
Et pour finir, rien moins que la
rencontre entre une Poétesse perchée sur
une malle métallique, une sainte
épistolière et un metteur en scène en
caleçon ; Liliane Giraudon et Robert
Cantarella, liés par les fils de leur MP3
commun qui distille et envoie le texte
dans l’oreille comme un cœur son flux
sanguin, font un duo réjouissant : lui,
Véronique Pittolo © X-D.R.
regard inquiet, pantalon plié sur le bras
bricolée, nous met la Révolution dans la Poche ; maniant gauche, accompagne du bout des lèvres la prose
le power-point avec une désinvolture feinte, raillant précipitée (sic) de notre héroïne en voyage ; elle,
dans un même élan objets et sujets de la doublure quasi organique, semble soutenir de son
communication, faisant revivre l’ami du peuple Jean souffle les flamboyantes saillies des lettres de Ste
Paul Marat en Lorand Gori ou Badin Aliou, l’auteure Catherine de Sienne ; délicieuse étrangeté !
pointe l’éternelle quête du bonheur démocratique et MARIE-JO DHO
propose malicieusement son projet marketing pour
lancer le look «Robespierre ou la mélancolie du
Les soirées Manifesten ont eu lieu à L’Odeur
guillotiné» !
du Temps, à L’Histoire de L’Œil et à Montévidéo du
Moins caustique, à la table et sans distance Jacques27 au 30 mai dans le cadre de À vous de lire
Henri Michot lit de manière pourtant fort civile sa
Cap au nord (2)
Les écrivains contemporains du continent
nord-américain semblent encore
largement empreints des topoi de la nature
sauvage et du struggle for life. Au libraire de
l’Odeur du temps qui lui demandait si
Sukkwan Island en était une nouvelle
illustration, David Vann a acquiescé.
Oui, en 2010, un romancier américain
peut choisir le Wild pour y camper ses
David Vann © David Vann
personnages. Afin de mettre à nu et en
lumière ce qui les caractérise, comme sur
une scène de théâtre. Après Boyden, ses
échappées sur les rivières gelées, ses chasses
à l’orignal ou au castor en Ontario, voici
donc Vann et son Alaska farouche, où la
nature violente est le miroir des conflits
humains, et où visiblement il est dur de
survivre… On vous en dira plus le mois
prochain ! La rencontre, animée par
Corinne Marziou et traduite par
Emmanuelle Boutet, a permis de
découvrir un jeune auteur dont c’est la 1re
œuvre de fiction, quoiqu’elle ait
beaucoup à voir avec sa biographie et soit
visiblement une entreprise de retrouvailles
avec un père suicidé. L’occasion
également de saluer son éditeur français
Gallmeister, qui a su le promouvoir en
s’appuyant sur le réseau des libraires
indépendants et a permis que 60 000
exemplaires soient à ce jour vendus en
France, contre 3000 aux USA !
FRED ROBERT
David Vann est venu début juin dans le
cadre des Itinérances littéraires des
Libraires du Sud parler de son roman
Sukkwan Island (éd Gallmeister, 21.70
euros) à Cavaillon, Marseille, Aix,
Manosque et Forcalquier
Hommage
à de futurs confrères !
Depuis quatre ans, le CLEMI (Centre de liaison de l’enseignement et des médias de
l’information) organise en partenariat avec la Fondation Varenne un concours des
journaux scolaires qui récompense au niveau académique les meilleures productions
des établissements de l’académie, de l’école primaire au lycée, en passant par la prison
pour mineurs de Marseille. Celles-ci sont par ailleurs sélectionnées pour participer au
concours national et en 2009, l’académie d’Aix-Marseille avait remporté trois des quatre
prix nationaux !
Les lauréats académiques 2010 se verront quant à eux remettre leur prix par le recteur
Jean-Paul de Gaudemar, le 29 juin prochain. À cette reconnaissance institutionnelle,
joignons un hommage enthousiaste à nos futurs confrères ! Pour qui s’apprêterait à
s’attendrir sur de gentilles feuilles de chou bricolées avec les moyens du bord à la
photocopieuse exsangue du bureau du principal, avec d’émouvantes contributions sur
la fête de fin d’année, c’est l’occasion de découvrir des aventures collectives exemplaires,
dévoilant à la fois des engagements humains, des expériences pédagogiques et des talents
individuels remarquables. Le professionnalisme de ces journaux, organisés comme de
petites entreprises de presse, la qualité des maquettes, l’originalité des thématiques,
l’inventivité et l’exigence rédactionnelles, la diversité des thématiques abordées, étonnent
et forcent le respect : amis zibeliniens, sachez que la relève est assurée !
AUDE FANLO
Le palmarès académique 2010 est à découvrir à partir du 29 juin sur le site du CLEMI
www.clemi.ac-aix-marseille.fr.
Le palmarès national 2010 est consultable sur le site de la Fondation Varenne www.cnjsvarennes.org
RENCONTRES
PRIX LITTÉRAIRE DES LYCÉENS | AU PROGRAMME
Patrice Juiff au micro © X-D.R.
74
Cérémonie festive
La 6e édition du Prix littéraire des lycéens et des apprentis de
la Région PACA s’est déroulée dans la liesse le 27 mai au Dock
des Suds
L’objectif : favoriser la lecture de créations
littéraires et graphiques contemporaines
auprès des adolescents. Avec différents partenaires de la Région, ce généreux projet
continue de s’affiner. 12 ouvrages d’auteurs
français ou étrangers traduits ont été lus par
les élèves de 32 établissements, des forums
littéraires ont permis la rencontre des auteurs
toujours étonnés par la pertinence des
questions des lycéens (voir Forum à Martigues Zib’30).
Durant la journée de remise des Prix, chaque établissement a proposé un retour en
images ou en mots, théâtre, projection...
autour des livres. Au terme des animations,
les deux Prix ont été décernés par Sophie
Degioanni, conseillère régionale : Prix du
Roman pour Patrice Juiff et son recueil de
nouvelles La taille d’un ange et Prix de la
BD à Kris et Vincent Bailly pour Coupures irlandaises, dont Zibeline se fera l’écho
dans le prochain numéro.
Ecrire à Haïti
La rencontre avec l’auteure haïtienne Yanick
Lahens était très attendue. Son roman, La
couleur de l’aube, est un livre à deux voix,
Mensuel gratuit paraissant
le deuxième jeudi du mois
Edité à 30 000 exemplaires
imprimés sur papier recyclé
Edité par Zibeline SARL
76 avenue de la Panouse | n°11
13009 Marseille
Dépôt légal : janvier 2008
Directrice de publication
Agnès Freschel
Imprimé par Rotimpress
17181 Aiguaviva (Esp.)
photo couverture
LES SUDS ARLES
© Agnès Mellon
Conception maquette
Max Minniti
Rédactrice en chef
Agnès Freschel
[email protected]
06 09 08 30 34
celles de deux sœurs. La mère, personnagepilier, ne parle pas. C’est un roman de
femmes autour d’un homme absent, le
frère : «On peut dire que c’est une spécificité
haïtienne. Durant l’esclavage la femme
achetait la liberté pour l’enfant conçu par le
maître, il n’y avait pas de père, pas de vraie
famille. C’est sur la femme que tout reposait.»
Les lycéens l’ont questionnée sur le rôle des
écrivains dans le pays dévasté. «Le 1er paradoxe haïtien est qu’il y a beaucoup d’écrivains
et peu de lecteurs. Les écrivains doivent y rester
très modestes: la littérature ne peut sauver
quoi que ce soit. Il y a encore un travail de
mémoire à faire sur l’histoire d’Haïti, on n’est
pas sorti indemne de l’esclavage. Mais depuis
le tremblement de terre on ne peut plus cacher
la misère, l’exclusion. On est dans une logique
de survie, le travail sera long. Il ne faut pas faire
de catastrophisme, mais mouiller sa chemise.»
Une femme déterminée, et un bel exemple.
CHRIS BOURGUE
La Région favorise aussi la culture
des lycéens grâce au chéquier
lecture et cinéma
www.prix.livre-paca.org
Secrétaire de rédaction
spectacles et magazine
Dominique Marçon
[email protected]
06 23 00 65 42
Secrétaire de rédaction
Jeunesse et arts visuels
Marie Godfrin-Guidicelli
[email protected]
06 64 97 51 56
Société
Chris Bourgue
[email protected]
06 03 58 65 96
Libraires du sud /Libraires à Marseille 04 96 12 43 42
Rencontres avec Nadia Kaci, pour l’ouvrage
Laissées pour mortes : le lynchage des femmes
d’Hassi Messaoud (éd. Max Milo, 2010), le 22
juin à 18h30 à la librairie Regards (Marseille) ;
avec Teresa Caillaux de Almeida pour la
publication de sa thèse en portugais et en français La mémoire des invasions au Portugal, le 25
juin à 17h30 à la librairie Bokks & Co (Aix) ;
avec Anne-Marie Garat pour Pense à demain
(ed. Actes Sud), le 25 juin à 18h30 à la librairie
Actes Sud (Arles).
Itinérances littéraires : rencontre avec Marc Kravetz
autour de son œuvre, le 18 juin à 18h30 à la
librairie Au Poivre d’âne (la Ciotat) ; avec Jean
Riser pour son dernier ouvrage Les espaces du
vent (éd. Quae), le 18 juin à 18h à la librairie
L’Alinéa (Martigues) ; avec Olivier Bass à l’occasion de la sortie de La musique des Kerguelen
(éd. La Découvrance), le 18 juin à 18h30 à la
librairie À l’Encre bleue (Marseille) ; avec Jiang
Hong Chen, auteur et illustrateur jeunesse,
autour de son œuvre, le 24 juin à 19h à la librairie le Lézard amoureux (Cavaillon) et le 25 juin
à 15h à la librairie Galerie Gulliver (Carpentras).
PACA
Association pour la Journée du Patrimoine de
Pays, www.journeedupatrimoinedepays.com
À Alleins, L’Oreille au mur, déambulation
théâtrale et musicale dans les rues du vieux
village (04 90 57 35 88) ; à Chateauneuf-lesMartigues, expo Les seigneurs de
Chateauneuf-les-Martigues (04 42 76 89 37) ; à
Fontvieille visite guidée du prieuré Saint Pierre
d’Entremonts (06 07 54 56 69) ; à Marseille,
visite de l’atelier de Serrurerie-Ferronnerie, fondé
en 1847, Henri Carrera (04 91 37 07 05) ; à
Trets découverte de La marbrière de Trets et du
sculpteur Christophe Veyrier (04 91 62 55 94).
Le 20 juin.
AIX-EN-PROVENCE
Librairie de Provence – 04 42 26 07 23
Rencontre/débat avec Marianne Maury
Kauf-mann pour son livre Gloria (éd. JeanClaude Gawsewitch, 2007). Le 26 juin dès 15h.
Librairie Goulard – 04 42 27 66 47
Rencontre avec Katherine Pancol pour sa trilogie Les Écureuils de Central Park sont tristes le
lundi (éd. Albin Michel, 2010), La Valse lente des
tortues (éd. Lgf, 2009) et Les Yeux jaunes des
crocodiles (éd. Lgf, 2007). Le 23 juin dès 16h30.
Musique et disques
Jacques Freschel
[email protected]
06 20 42 40 57
Histoire et patrimoine
René Diaz
[email protected]
Frédéric Isoletta
[email protected]
06 03 99 40 07
Polyvolantes
Maryvonne Colombani
[email protected]
06 62 10 15 75
Cinéma
Annie Gava
[email protected]
06 86 94 70 44
Delphine Michelangeli
[email protected]
06 65 79 81 10
Élise Padovani
[email protected]
Arts Visuels
Claude Lorin
[email protected]
06 25 54 42 22
Philosophie
Régis Vlachos
[email protected]
Livres
Fred Robert
[email protected]
06 82 84 88 94
Sciences et techniques
Yves Berchadsky
[email protected]
ARLES
Service culturel - 04 90 49 39 68
5e édition de Sculptures d’été avec les œuvres de
Bernard Lancelle. Au Jardin d’été, ainsi qu’au
restaurant Les deux fondus et à la Galerie
Poche. Vernissage le 25 juin à 18h30 avec une
démonstration-performance de l’artiste. Du 25
juin au 25 septembre.
Collège international des traducteurs littéraires
– 04 90 52 05 50
Rencontre/débat avec Emmanuelle Pagano,
révélée par Le Tiroir à cheveux en 2005, et prix
Wepler 2008 pour Les Mains gamines, et L’Absence d’oiseaux d’eau (POL, 2010). Le 30 juin à
18h à la médiathèque.
Museon Arlaten – 04 90 93 58 11
Le musée est fermé pour rénovation jusqu’en
2014, mais les activités continuent hors les murs :
projection-rencontre avec Le Temps des carnavals,
film de Pierre Willemin, le 3 juin à 18h30 à la
médiathèque d’Arles ; exposition Jours de fêtes
aux ABD Gaston Defferre,Marseille, du 26 mai
au 23 décembre.
Atelier Archipel – 06 21 29 11 92
Exposition de Jany Garbouge-Floutier et
Laura Jonneskindt, Livres autrement : plus de
200 livres pliés (sculptures) de J. GarbougeFloutier et des macrophotographies de L.
Jonneskindt. Jusqu’au 27 juin.
Palais de Luppé – 04 90 49 94 04
Exposition Le sentiment de la maison, collection d’art contemporain dédiée à Van Gogh.
Jusqu’au 27 juin.
BARJOLS
Plaine Page – 04 94 72 54 81
Sans Bord & Sans Urgence : à l’occasion de la
parution de cet ouvrage de Guillaume Fayard,
la ZIP accueille l’Agence Régionale du Livre et
son réseau des manifestations littéraires. Le 21
juin de 14h à 17h.
DIGNE-LES-BAINS
Médiathèque Intercommunale
– 04 92 31 28 49
Salon du livre scientifique avec la participation
de la librairie La Ruelle, dans le cadre du Festival
de la biodiversité, Inventerre. Le 2 juillet de 10h
à 18h.
FRONTIGNAN
Mairie – 04 67 18 50 26
13e Festival international du roman noir, avec
des auteurs de qualité (RJ Ellory, David Peace,
Marie-Jo Dhô
[email protected]
Maquettiste
Philippe Perotti
[email protected]
06 19 62 03 61
Ont également participé à ce numéro :
Dan Warzy, Yves Bergé, Susan Bel,
Aude Fanlo, Christophe Floquet,
Jean-Mathieu Colombani, Rémy Galvain, Émilien Moreau, Pascale Franchi, Sonia Isoletta
Photographe :
Agnès Mellon
095 095 61 70
photographeagnesmellon.blogspot.com
Directrice commerciale
Véronique Linais
[email protected]
06 63 70 64 18
Attachée commerciale
Nathalie Simon
[email protected]
06 08 95 25 47
Stéphanie Benson, Didier Daeninckx, J.-B.
Pouy entre autres), des projections, des rencontres… Du 21 au 27 juin.
LA TOUR-D’AIGUES
Les Nouvelles Hybrides – 04 90 08 05 52
Le Bruit des mots : durant cinq jours, parcours
de lecture à voix haute et de rencontres avec des
auteurs. Du 25 juin au 5 juillet.
LE PUY-SAINTE-REPARADE
Association de la Trevaresse – 04 42 61 90 41
Festival du livre et de la poésie, Rêves pensées, sur
le thème des femmes. Les 3 et 4 juillet.
MARSEILLE
Théâtre Silvain – 04 91 14 54 70
Concert de l’Orchestre Philharmonique de
Provence. Le 18 juin.
Hommage à Django Reinhardt. Le 8 juillet.
Espaceculture – 04 96 11 04 60
Rencontre/débat avec Rozenn Guilcher pour
son premier roman La Fille dévastée (éd. Sulliver)
en partenariat avec l’association Zingha. Le 24
juin à 17h.
La Cité, Maison de Théâtre – 04 91 53 95 61
Lecture de textes écrits lors d’ateliers d’écriture
animés par le poète Patrick Lauin. Le 25 juin à
18h et 20h30.
Rencontre/débat sur la question de l’écriture, de
la transmission et du livre avec les écrivains
Patrick Laupin, Virginie Lou, Anne Brouan,
Roger Dextre, Véronique Laupin, la formatrice
et peintre Marie-Laure Genton, Elmone
Treoopz, libraire, et l’ex-chargée de mission
pour le livre Nadine Etchetto. Le 26 juin dès
15h.
Fondation Internet Nouvelle Génération
– 04 91 52 88 26
Lift France 2010, dot.Real ou comment changer
le monde (réel) par le web : conférence internationale pour anticiper, imaginer et construire
avec des intervenants du monde entier. Du 5 au
7 juillet au Théâtre de la Criée.
Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59
Apéritif littéraire avec les comédiens du Théâtre
du Petit Matin, le 21 juin à 19h30 à la Anse de
la Fausse-Monnaie, Petit Nice.
Espace Villeneuve-Bargemon – 04 91 14 58 80
Dans le cadre du Festival Jazz des cinq continents, exposition Regards de Jazz, 1re édition :
130 photographies en N&B de Martine Montégrandi, Serge Mercier & Christian Ducasse. Du
1re juillet au 15 août.
ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00
Exposition Jours de fête en Provence, coproduite avec le Museon Arlaten, jusqu’au 23
décembre.
Passeurs de mémoires, collecte de récit de vie et
solidarité intergénérationnelle : projection, débat,
exposition. Le 25 juin de 9h à 12h30.
CIPM – 04 91 91 26 45
Exposition de Jean-Pierre Bertrand De ce qui se
fera – De ce qui sera fait, jusqu’au 27 juin.
Lecture, Les Inédits 2010 avec Fernand
Fernadez, Stéphane Nowak, Anne Houdy et
Charles-Eric Petit. Le 26 juin à 18h.
BMVR Alcazar – 04 91 55 56 34
Colloque Le monde en mouvement : trajectoires
migratoires vers l’union européenne au XXIe siècle.
Avec la librairie Regards, le 18 juin de 14h à 18h
et le 19 de 9h30 à 18h.
Rencontre avec la Pensée de midi à l’occasion
de la soirée de lancement du numéro spécial des
10 ans de la revue : Histoires d’un 20 janvier,
récits. Animée par Thierry Fabre, Renaud Ego,
avec les auteurs Velibor Colic, Mustapha
Benfodil et Fawzia Zouari. Le 1er juillet.
MARTIGUES
Musée Ziem - 04 42 41 39 50
Exposition Pièce de collection de Zhu Hong.
Jusqu’au 19 septembre.
MORIÈRES-LÈS-AVIGNON
Association Un peu de poésie – 06 28 43 77 21
Festival Carambolages avec des jongleurs, des
clowns, des chanteurs, des mimes, des peintres,
des sculpteurs… Le 26 juin de 10h à 1h au parc
de l’Espace culturel Folard.
PORT-DE-BOUC
Médiathèque Boris Vian – 04 42 06 65 54
Couleur colères, lecture avec l’ADPL et le théâtre du Sémaphore à partir d’un atelier d’écriture
conduit par Danielle Gille-Pamart autour du
mot résister. Le 17 juin à 14h.
Spectacle littéraire Safar avec Brigitte Carle,
conteuse. Le 18 juin à 21h.
Des écrivains russes du XXe siècle : Conférence avec
Louis Martinez, écrivain et traducteur de
grands auteurs russes. Le 29 juin à 18h30.
SAINT-CYR-SUR-MER
Mairie – 04 94 26 26 22
Salon du livre qui reçoit une cinquantaine
d’auteurs. Le 26 juin de 10h30 à 20h30, Square
Ferrié.
SAINTE-CÉCILE-LES-VIGNES
Lire entre les vignes – 04 90 70 78 78
3e édition de Lire entre les vignes, salon pluridisciplinaire de l’édition indépendante : dédicaces,
atelier d’écriture, rencontres, remise du Prix
Première Chance à l’écriture… Le 20 juin dès
10h le 20 juin.
SAINT-RÉMY
Musée Estrine – 04 90 92 34 72
Exposition La Réalité retrouvée, la jeune
peinture, Paris, 1948-1958. Jusqu’au 12 septembre.
SAINTE-MARIES-DE-LA-MER
Domaine Paul Ricard de Méjanes
– 04 90 97 10 60
Festival du cheval : durant 5 jours, animations et
démonstrations équestres sportives, acrobatiques
et artistiques, corridas à cheval… Du 10 au 14
juillet.
SALON
Association Mémoire & légendes
– 04 90 59 33 87
24e édition de La reconstitution historique de
Salon-de-Provence, un retour festif au cœur du
XVIe siècle. Du 24 au 26 juin.
SEPTÈMES-LES-VALLONS
Centre culturel Louis Aragon – 04 91 65 29 05
Lecture publique, par Gilles Ascaride, de Le
sultan est dans l’escalier, projet théâtral de la
troupe du Millénaire. Le 17 juin à 18h30.
SISTERON
Service culture – 04 92 61 54 50
8e festival de la bande dessinée : dédicaces, expos,
animations, projections… Du 3 au 11 juillet,
salle des fêtes de l’Alcazar, médiathèque André
Roman et galerie d’Ornano.
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76
FÊTE DU LIVRE DE LA CANEBIÈRE
Zibeline s’est associée au Festival du livre
de la Canebière, manifestation populaire où le goût
d’écrire et d’échanger se conjuguait au plaisir de lire,
et d’écouter… Nous publions dans ces pages la nouvelle
et l’illustration lauréates des concours lancés
par l’association Couleur cactus, animatrice
de ces trois jours de festivités organisés par la mairie
du premier secteur de Marseille.
Dans ces pages également les écrits de quelques
participants à notre atelier d’écriture journalistique.
Qui, pour certains, n’avaient vraiment pas grand-chose
à apprendre de nous !
AGNÈS FRESCHEL ET FRED ROBERT
© Agnès Mellon
Écrire sur la Canebière
L’atelier d’écriture Vue sur Mer animé par Anne Foti pour les adolescents les amène
à donner leur point de vue sur un thème. Anne Foti pense qu’écrire permet aux ados
de développer leur point de vue et de parler de leurs souvenirs. Ils s’inspirent en effet
de photos tirées de livres : une mer grise qui se confond dans le ciel, des rochers, des
barques de pêcheurs et au loin une vaste végétation… Etant présente à cet atelier
j’ai apprécié que les photographies amènent les mots et me permettent de parler des
souvenirs personnels que m’évoquaient les images.
PERLE T. 12 ANS
Déambulation
instructive
En haut de la Canebière, des stands sont installés pendant les trois jours du festival
Les accents de la Mer… J’y rencontre Pierre Reiff, président de l’association Baroques-Graffiti, 10 ans d’âge. Un ensemble de musique ancienne qui croise les
cultures musicales (violon, oud…) et lutte contre les élitismes de la musique savante.
Nora Mekmouche, bénévole de l’association Soleda, éditions solidaires, me
présente son collectif de 6 éditeurs marseillais qui mutualisent moyens et compétences pour obtenir une meilleure visibilité, et militent en faveur de l’engagement
politique des auteurs.
Je discute avec Nicolas Genre, salarié de l’Institut d’études occitanes basé à Aix.
Une association, présente dans 32 départements du Sud de la France, qui promeut
l’Occitan provençal. En effet, deux écoles existent qui ont une appréhension différente de l’Occitan écrit : la graphie Mistralienne utilise une écriture phonétique
calquée sur le français, «le» s’y écrit «lou», comme il se prononce. Tandis que dans la
graphie classique, défendue par l’institut, «le» s’écrit «lo» mais se prononce lou !
Une jolie rencontre avec Armelle Galtier me permet de découvrir La Vitrine, où
la poésie est présentée de façon vivante : au 58 rue Jean de Bernardy, les poètes
exposent leurs écrits à la vue de tous ! Jusqu’au 19 juin, les passants peuvent y découvrir les écrits d’Anne Kawala. Nuit et jour, la vitrine étant éclairée la nuit !
Cerise sur le gâteau, j’ai effectué cette déambulation… à bord d’un pousse-pousse
électrique, conduit par Célia Guerri de l’association Proxi Pousse !
ROBERT D’ANGELO
Mamanthé
ne sert pas le thé !
L’association Mamanthé, pont entre les générations
et les cultures…
Mamanthé aura bientôt 3 ans et juste
un siècle de moins que son éponyme,
la grand-mère martiniquaise de Mona
Georgelin, fondatrice de l’association
pour la promotion de la culture créole
en région PACA.
Swing de musique du monde au Square
Léon Blum, et soleil décidé à faire bronzer même la sirène bibliophage qui toise
l’église des Réformés : on est le 12 juin,
Festival du Livre de la Canebière.
Derrière son ministand-librairie de
littérature caribéenne, crinière cuivrée
assortie à sa peau métisse de Bretonne
martiniquaise, il y a Mona, comme un
poisson dans l’eau qui remonte vers la
source.
«J’ai cru jusqu’à 12 ans que ma mère l’appelait Man Té parce qu’elle servait du thé
à tous ses enfants. En fait, son prénom c’était
Félicité mais de toute façon elle a dû passer
beaucoup de temps à servir ses 18 enfants
et ses 81 petits-enfants, dont je suis, m’explique Mona, et c’est une manière de lui
rendre hommage.»
Ça tombe à pic, parce qu’hier soir à
l’Alcazar c’est le romancier, poète et
essayiste guadeloupéen Daniel Maximin,
qui, sans un mot pour son œuvre per-
sonnelle, pourtant aussi intense que
profonde, rendait lui aussi un hommage bouleversant à Suzanne Césaire
qui a élevé 6 enfants avant de se consacrer à ses écrits d’essayiste dissidente,
femme de théâtre et penseuse de la
négritude. «Écrire un enfant sous chaque
bras» a-t-il dit d’elle, citant une poétesse
russe.
«J’ai grandi en métropole, poursuit Mona
qui ne perd jamais le nord de sa boussole
antillaise, mais ma mère fait partie de cette
génération d’après-guerre où la langue
créole, trop proche de l’oppression coloniale,
était une langue interdite de transmission.
- Et vos deux enfants ?
- Ils comprennent déjà tout ce qu’on leur
dit en créole ! J’ai un besoin profond de
faire partager cette culture : “kilti kréyol”.
La Bretagne, elle, peut attendre encore un
peu ! ajoute-t-elle.»
… J’habite une blessure sacrée / J’habite
un long silence… écrit Aimé Césaire.
Et bien même si l’optimisme n’est pas
dans l’air du temps, j’ai envie de lui
répondre : Regarde ! C’est en bonne
voie de guérison chez Mamanthé…
MARION DE DOMINICIS
La fête du livre, de la mer
et du soleil
Le festival proposait des ateliers pour les amoureux
de la lecture, mais surtout de l’écriture et de la culture
autour de l’écrit
La Faute à Voltaire : l’association a travaillé à partir de textes sur la mer écrits
par des participants aux ateliers, mais
aussi des textes littéraires. L’équipe a
enregistré les effets sonores de la mer et
fait entendre aux écouteurs ce joli travail
poétique…
Le Comité d’intérêt de quartier était
là avec des livres en rapport avec la ville,
pour échanger autour de la vie du quartier.
Soleda, éditeurs solidaires se sont regroupés pour obtenir une plus grande
crédibilité, et pouvoir continuer, en
particulier, à éditer des livres de photographies et d’art.
Le Cercle Catala de Marsella est une
association qui existe depuis 1918,
fondée par les pêcheurs immigrants de
Catalogne présents à Marseille depuis
la Grande Peste, et qui ont donné leur
nom au quartier des Catalans (7e arr.).
Nous avons fini à La Place aux Siestes,
un endroit où chacun peut se reposer
dans des chaises longues et laisser en
partant une petite marque sur les
parasols…
MARCO HORODENSKI ET EMILIA LIMA,
un couple de jeunes Brésiliens
en formation «Français Langue Etrangère»
avec l’association CIERES, organisme
d’intégration et d’alphabétisation
des personnes immigrées.
Prix du jury récompensant une illustration de la nouvelle La vague
et le rocher de Hélé BEJI, auteure tunisienne publiée aux éditions
Elyzad
LAURÉAT : FRANÇOIS BEGNEZ, 37 ANS, MARSEILLAIS
78
FÊTE DU LIVRE DE LA CANEBIÈRE
Halicarnasse
© Tonkin Prod
Les cheveux au vent, comme une nappe sur une corde à linge, A. s’assoit qui couvre sa chaise de jardin. Pourtant, elle continue à regarder ces gens
sur une pierre blanche, peu confortable. De minuscules galets crissent sous comme elle regarde la mer. Sur la terrasse, tout le monde est là. L’enfant
ses semelles de caoutchouc épaisses. Les pans plissés de sa jupe découvrent mange ses haricots à la main, malgré ses deux rappels à l’ordre. Il a du gras
des jambes solides. Elle arrache un brin d’herbe, le coupe et le recoupe en autour de la bouche et quelques ongles noirs de crasse. Le père discute
morceaux sans y prêter attention. Elle se sent masculine face à ces moutons avec le mari de l’actualité, du sport, de la voiture, de la fabrication d’un
éphémères. Elle pourrait être capitaine, pêcheur, marin pompier, fendre la coffrage pour le ciment. La mère est enchantée des nouvelles plantations
mer avec la coque de son bateau. Elle vient là parce qu’elle aime aller au et aimerait des boutures pour son jardin. Ce sera fait. La sœur se plaint, le
bout du monde sans prendre la barre. Le cœur à
frère se tait. On devise, ni gaiement, ni joyeusement.
domicile, rabougri. Le corps au vent frais, franc, fouetté
On devise parce qu’il le faut. A. porte le café dans son
«Je suis fascinée par les mondes
par le sel. Une baguette encore tiède sur la banquette
plateau en plastique rouge rayé. Les petites cuillères
féminins emplis d’une lumineuse
arrière entourée d’une fine feuille légère et bariolée.
sont dépareillées. Au bout de 20 ans les petites cuillères
pudeur, mais aussi de sombres seDeux extrémités de ce petit bout de papier ont été
sont toujours dépareillées. Le mystère de la disparition
crets. Rien n’est plus poétique qu’un
enroulées par la boulangère. Il tient bien.
des petites cuillères l’obsède parfois le soir quand elle
«regard» que l’on n’emprunte jamais
s’endort. Elle y pense. Elle imagine les différentes
par négligence ou par mépris. Rien
n’est plus poignant qu’une victime qui
Il est bientôt 11h15. Elle va devoir se lever, mettre la clé
pièces de la maison et les lieux où chacun aurait pu les
ne se perçoit pas comme telle.
dans le contact, freiner au feu rouge, redémarrer, faire
oublier. Bon, il n’y a rien à faire, ce n’est pas cohérent.
Je suis très touchée d’avoir remporté
un créneau, sourire face au visage de l’enfant qui attend
Ces petites cuillères ont disparu et rien ne peut
ce premier prix et je remercie sincètout, mettre la clé dans la serrure, mettre de l’huile dans
l’expliquer. On ne peut pas retracer le parcours d’une
rement les personnes qui m’ont
la poêle, faire cuire, servir, laver, rincer, sécher, remettre
petite cuillère même en se concentrant, les yeux fermés
encouragée, et se reconnaîtront. »
la clé dans la serrure, remettre la clé dans le contact,
dans la chambre faiblement éclairée par la lumière du
sourire à nouveau face au visage de l’enfant,
réveil.
l’embrasser, l’encourager, remonter, repartir, refreiner,
La mère apprécie le café sans sucre. Elle a des
revenir, re, re, re...
habitudes que tout le monde se doit de connaître. Elle
le redit pourtant chaque dimanche. « J’ai horreur du
Ce sera fait, mécanique implacable. Un coup de balai
sucre dans le café. Je ne sais pas comment vous faites.
dans le salon, un chariot dans un supermarché,
Ce n’est pas un vrai café quand il y a du sucre. »
récupérer l’enfant, lui poser des questions, lui parler,
Quand A. la regarde, elle ne ressent plus ni agacement,
l’aider, le laver, accueillir l’homme, lui poser des
ni haine. Trop épuisée un jour, elle a sans doute arrêté
questions, lui parler, l’aider, les faire manger, manger
de la détester. Aujourd’hui, quand l’enfant est cruel,
soi-même sans grand appétit. A. traverse les ans, les
elle ne se demande pas s’il pourra la détester un jour.
temps, les âges. Pas trop tard, le soir, elle se glisse dans
Il est tellement à elle.
les draps qui ne sont pas les siens. Ils sont à eux, à nous.
Le café dure. Les discussions aussi. On ne s’arrête
Elle pose mais ne se repose jamais. Elle s’épile, se
jamais de parler en famille. Il n’y a jamais de silence
parfume, se maquille, s’habille. Elle prend la pilule aussi
gêné. On se cure les dents, on peut se gratter le nez,
et fait un frottis une fois par an. Elle a des livres de
parler de son furoncle ou de la qualité de sa merde.
cuisine.
C’est pas si mal. A. préfère quand même être seule face
JULIE SURUGUE, 29 ANS, MARSEILLAISE
à la mer. Pas besoin de dire son amour, son emploi du
LAURÉATE DU PRIX DU FESTIVAL DU LIVRE
Personne ne sait qu’elle vient s’assoir sur cette pierre
temps, le nom de son coiffeur, la recette de son risotto.
DE LA CANEBIÈRE 2010, SUR LE THÈME
blanche, sur ce bloc calcifié. Toujours le même, bien
La bise quand tout le monde part et bonne route.
« LES ACCENTS DE LA MER »
qu’il soit inconfortable. Elle ne s’en rend pas vraiment
Peut-être même une main sur l’épaule et un sourire.
compte. Cela ne la dérange pas tant que ça. Derrière
elle, des bunkers abandonnés, effondrés par endroit. Des ronces, de l’urine, Le mari parle peu. Le mari crie souvent contre le présentateur, sur le fils,
de petites fleurs sauvages, des inscriptions, rendez-vous d’homos, un la femme du lundi au samedi. Le mari est charmant le dimanche. A. sourit,
grillage, des maisons en contrebas. Elle regarde plusieurs heures par arrondit les angles. La plupart du temps, elle est tranquille. Absent, elle
semaine la mer, la mer salée, froide. L’évidence de la mer que le temps l’oublie. Présent, elle le fuit, détourne la tête ou baisse les yeux.
modifie. Comme A.. Mais ses moutons à elle, les siens, emprisonnés, A. aime congeler les plats qu’elle cuisine. Elle range tout ça dans de petites
n’affleurent jamais. Pas de vagues ou alors quand le repas accroche et boîtes en aluminium dont elle rabat les bords sur un couvercle en carton.
qu’une légère odeur de brûlé contamine son plat. Elle enrage dans ces Sur le carton, elle écrit le nom de la recette et la date de congélation.
moments-là. Ici, elle regarde, se lave les yeux, sort de son corps, gonfle ses Pourtant elle aurait le temps de cuisiner chaque jour. Mais elle préfère
poumons et oublie son cœur.
s’asseoir sur la pierre blanche, dès qu’elle le peut. Depuis combien d’années
va-t-elle là-bas, sur cette pierre blanche ? Elle n’a pas compté. La première
Dimanche, le repas de famille revient. Elle quitte sa pierre de calcaire, son fois, elle avait le nez ensanglanté. Le mari l’avait un peu amoché. Chômeur
paysage marin pour s’asseoir plus confortablement sur le coussin orange entre deux CDD. Elle n’avait pas fait, elle aurait dû faire, ça n’allait pas.
FÊTE DU LIVRE DE LA CANEBIÈRE
Selon lui. Avec elle. Elle avait paniqué, avait roulé encore et encore. Frein
à main serré, elle était allée s’asseoir sur cette pierre blanche, un kleenex
pressé sur le nez, sans larme dans les yeux, de légers tremblements dans
les jambes.
Depuis il travaillait et ne la cognait que le soir après le film de 21h. Depuis
l’arrêt des publicités sur France Télévisions, tout avait avancé d’une demiheure. A. ne s’offusque pas, ne se rebelle pas, ne conteste pas. Ce rituel lui
est moins douloureux que la pensée de la solitude. Dans sa maison, une
seule assiette, deux en comptant celle de l’enfant, ce serait affreux.
Mais parfois, lorsqu’assise sur sa pierre blanche elle voit les pêcheurs en
contrebas, ça lui donne de petites idées. Ils vident, découpent, retournent,
balancent le tout dans une caisse en plastique. C’est rapide, efficace. Bien
sûr, l’odeur de poisson ne disparaît pas comme ça. Elle colle aux mains,
pénètre sous les ongles. En frottant, rien ne part totalement. Les mains
deviennent des ennemies, jusqu’à la folie. Elle le sait bien, le mari lui
reproche souvent que ses mains sentent. Le poisson, l’ail, la terre. Ça le
dégoûte et il la pousse de sa jambe dans le lit. Les petites idées disparaissent.
- Excusez-moi, M’dame, vous avez pas une cigarette, M’dame ?
A. se retourne. Elle est un peu éblouie par le soleil et protège ses yeux de
sa main droite. Face à elle un homme dégarni. Chemisette saumon rentrée
dans le pantalon remonté au nombril. Sa queue est comprimée. Les yeux
d’A. sont passés dessus. Obligatoirement, en remontant vers le visage. Des
chaussettes de sport sont glissées dans ses mocassins en cuir ajouré. Autour
de la taille une banane synthétique pendouille mollement.
- Non.
Elle ne s’excuse jamais et encore moins de ne pas fumer.
- Bon, ben d’accord. Vous êtes seule ?
- Oui.
- J’peux m’mettre là alors.
La peau vérolée de son visage se déforme dès qu’il ouvre la bouche.
- Non. Je regarde la mer.
- On a qu’à la regarder à deux. Moi aussi, j’aime la mer d’puis que j’suis ici.
Une substance graisseuse suinte sur son front plissé et sous son nez épaté.
- Non.
-Allez. Vous êtes pas très gentille, Madame.
Il a des dents sublimes, très blanches et régulières.
Elle ne répond plus. Elle se recule légèrement.
Il s’assoit à côté. Elle sent l’odeur acre de ses aisselles. Il ne dit rien. Il pose
sa main sur son genou. Il n’y a pas de vent aujourd’hui et la puanteur
persiste. Elle se lève. Il saisit son poignet. Elle se dégage d’un mouvement
sec.
Au feu rouge, elle monte le son. « Les démons de minuit ».
Ce matin, en partant elle avait mis dans son sac un petit couteau de cuisine.
Celui qui coupe bien avec un manche en plastique noir et de fines dents
régulières.
Assise sur sa pierre blanche, elle laisse glisser ses mains sur les petits
graviers. Elle en saisit une poignée et la fait retomber au sol. Elle sent à
nouveau son odeur. Une ombre se forme au-dessus d’elle. Elle a entendu
le crissement derrière elle. A. fixe l’horizon. Elle abandonne la petite idée
d’utiliser la lame en inox.
- Ben alors, t’es venue. J’le savais... Viens là, ma cocotte.
79
La même main lui serre le bras. Elle est moite.
A. a la joue collée sur un morceau de ciment, les mains sur les murs. Elle
en perçoit les imperfections. L’odeur d’urine est forte. Il s’agite, grogne. Elle
ne voit plus la mer. Et pourtant tout est humide. Même elle. Elle n’y aurait
pas cru.
Au feu rouge, elle utilise un kleenex.
Devant l’école, elle attend. Il est là et lui prend la main. À la maison, elle
sort un plat du congélateur, retire le couvercle en carton. Elle saisit le bloc
froid et le cale dans un plat creux. Il est maintenant dans le four et tourne
encore et encore. L’enfant se régale. Il essaie à nouveau de manger avec ses
doigts. A. le réprimande.
Clé dans la serrure, dans le contact. Créneau. Ecole. Maison.
Cet après-midi, elle prendra une douche puis un long bain. Il est 14h30, la
voisine est là. Sur la nappe cirée de la cuisine, A. a posé deux tasses de café.
La voisine parle beaucoup. Elle lui a apporté des gâteaux arabes. A. ne se
rappelle jamais des noms. Toujours trop sucré. C’est gentil quand même.
- Je trompe C.
C’est tombé comme une pierre dans un lac.
- Quoi ? La voisine se réjouit. Mais depuis quand ?
- Il est merveilleux. Il a des dents superbes.
- Mais comment ? Pourquoi ? C’est qui ?
- C’était aujourd’hui. Ça s’est passé. Il le fallait.
- Raconte-moi. Tu me connais, je suis une vraie tombe. Dis-moi tout. Tu
comptes faire quoi ? Tu as déjà consommé ! Ne me mens pas... Ce n’était
pas qu’aujourd’hui.
- Je l’aime.
- Quoi ? Mais tu le connais depuis quand ?
- Il n’est pas d’ici. Il est du Nord.
- Mais tu vas faire quoi ma chérie ? Tu as une mine terrible, ça se voit. Ça
te donne des soucis. Dis-moi, tu vas faire quoi ?
- Je ne sais pas.
- Comment tu ne sais pas ! Mais c’est pas possible ça !
- Je ne sais pas.
Et pourtant, elle sait bien qu’elle est déjà une ruine parmi les ruines, un
galet emballé par l’eau salée trimballé sur la grève.
C. ferme la marche. Il tient la petite main dans la sienne. Ils ont passé le
haut portail en fer vert. Les graviers de l’allée crissent sous les roues, sous
les pieds. Les cyprès se balancent. L’herbe est fraîchement tondue. Il y a
de la mousse sur quelques pierres lisses, froides, polies. D’autres pierres
taillées grossièrement s’entassent si haut, enturbannées de ciment.
Ceinturés de murs, ils avancent sous un soleil de plomb. La marche n’en
finit plus. « Tu n’es pas coupable. C’était un accident. Tu as appelé les
secours. Tu ne pouvais rien faire de plus. On est là, ne t’inquiète pas. »
JULIE SURUGUE

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