Annabac Corrigé Philo - 23-05
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Annabac Corrigé Philo - 23-05
CORRIGE PHILOSOPHIE TERMINALE L Cicéron, Les Académiques : explication de texte Les titres et les mots en couleur servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie. Introduction [Rappel : L’introduction doit présenter la thèse et le problème qu’elle pose. Il faut citer le nom de l’auteur du texte.] La relation des sens à la vérité est un thème très présent de la philosophie. Il est courant de lire que les sens nous trompent en nous faisant confondre l’apparence et la réalité. Dans ce texte, Cicéron soutient la thèse opposée. Les sens sont porteurs des jugements les plus vrais qui peuvent se former. N’est-ce pas ignorer que des illusions sont possibles et surtout que nos sensations ou perceptions restent subjectives ? Cicéron est conscient de cette difficulté puisqu’il ajoute que des conditions doivent être mises en place pour que les sens puissent bien juger. Mais dans ce cas, il faut qu’une autre faculté intervienne. La situation est donc plus complexe que la thèse le laisse paraître. L’accès à la vérité n’est pas évident même si nos sens sont des données naturelles. 1. La thèse et les premiers arguments A. Le sens de la thèse [Conseil : Montrez le caractère problématique de cette thèse : son sens et ses conditions.] La thèse de l’auteur est la suivante : les sens sont les principes des jugements les plus vrais. Cela signifie que d’autres principes peuvent exister, mais ils sont moins sûrs. La raison rend notamment des jugements logiques, mais les sens nous mettent en contact avec ce qui existe. La sensation est effective, c’est un fait. Cicéron défend donc une thèse sensualiste mais nous allons voir qu’elle est modérée. Cicéron assortit immédiatement son propos de deux réserves. Les sens doivent être « sains ». Un malade ne doit donc pas être cru. Les sens sont fiables quand le sujet percevant est dans un état normal, partagé par le plus grand nombre. Cicéron n’est pas relativiste. Le jugement d’un homme atteint de jaunisse est moins crédible que celui d’un homme en bonne santé. Le nombre d’avis concordants est donc un critère de fiabilité. Les obstacles au bon fonctionnement des sens doivent être levés. Cicéron opère un déplacement du sujet qui perçoit aux circonstances extérieures de la perception. Nous voyons toujours des objets dans un environnement et celui-ci a son influence que la ligne suivante prend en compte. B. L’importance des conditions La phrase suivante montre que nous ne restons pas passifs face aux informations données par nos sens. Cicéron insiste sur les précautions que nous prenons lorsque nous regardons dans le but de connaître. Nous considérons les objets en tenant compte de leur « éclairage » et de leur « position ». Nous « diminuons ou augmentons leur distance » par rapport à nous. L’idée importante est la suivante. Il faut faire varier les conditions de nos observations afin que le résultat de celles-ci soit aussi assuré que possible. Quel est son sens ? La multiplication d’observations dont les variations sont réglées doit permettre de dégager une vérité générale. Nous retrouvons l’idée de partage. Cicéron cherche à dégager un noyau commun à l’ensemble de nos perceptions. Il conclut en disant que ce qui vaut pour la vue est valable pour tous les autres sens. [Conseil : Sachez montrer la complexité de la thèse, indiquez sa conséquence. Ne suivez pas passivement le texte.] Il faut que la raison intervienne. Les raisonnements et les réflexions permettent aux sens d’exercer correctement leur fonction. Si la raison est moins sûre que les sens, elle est indispensable. Cicéron écrit que le jugement fondé sur la vision doit mériter « notre confiance ». Il y a donc en nous deux instances de jugement et d’évaluation : les sens et la raison. Nous ne sommes pas que des êtres de sensation et on peut même se demander laquelle des deux est la plus importante. Si le jugement le plus vrai est de nature sensible, cette sensibilité n’a de valeur que lorsqu’elle est contrôlée par la raison. [Transition] Au terme de cette partie, il apparaît que les sens doivent être suivis moyennant certaines conditions. La seconde partie va renforcer cette idée. 2. Le rôle de l’exercice A. L’importance de l’entraînement Cicéron poursuit son propos en faisant intervenir « l’entraînement et la technique ». Ceci renforce le rôle de l’activité du sujet. [Idée principale] Plus nous nous exerçons, plus nous donnons à nos sens le pouvoir de bien juger. Nos sens sont des facultés qu’il convient de développer. Nous avons, grâce à eux, une capacité à saisir le réel dans sa variété et sa finesse, mais il faut les éduquer pour qu’ils puissent actualiser cette puissance. Les exemples sont parlants. Il est clair qu’une sensibilité affinée par la fréquentation continue des œuvres d’art saisit des nuances picturales ou musicales qu’une sensibilité plus grossière ne saisit pas. B. La révélation de l’esprit par les sens [Attention ! Montrez la gradation du propos. La dernière phrase du texte présente une nouvelle idée.] Une sensibilité exercée permet d’identifier la singularité d’une œuvre. Cette idée permet de dire que les sens ont aussi une valeur spirituelle. Ils ne font pas seulement nous renseigner sur le monde, nous avertir de ce qui nous est utile ou nuisible. Ils sont les mediums de l’apparition de l’esprit. Le style d’une musique est la signature d’une individualité et nous le savons parce que nous nous sommes cultivés. Tout ceci montre qu’on ne doit pas se reposer sur les sensations immédiates, naturelles pour bien juger. Les sens viennent de la nature, ils nous sont donnés mais nous devons les cultiver pour les rendre aptes à fournir de bons jugements. Conclusion Sous une apparente simplicité, la thèse centrale de Cicéron se révèle complexe. Elle donne le premier rôle aux sens lorsqu’il s’agit de porter des jugements vrais. Cependant, la raison est requise pour que la vérité soit atteinte. Il faut prêter attention aux conditions dans lesquelles nous percevons et savoir les faire varier pour dégager des données invariantes. Il est, de plus, requis de cultiver la sensibilité pour que nos sens puissent nous faire accéder à la complexité du réel et à la valeur des créations de l’esprit.