Impact de l`explosion de l`usine AZF le 21 septembre 2001

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Impact de l`explosion de l`usine AZF le 21 septembre 2001
Impact de l’explosion de l’usine « AZF » le 21 septembre 2001 sur l’audition des
salariés d’un site EDF à Toulouse
S. Rivière1, V. Schwoebel1, K. Lapierre-Duval1, G. Warret2, M. Saturnin2, A. Calastreng2,
C. Pietri2, T. Lang3,1
1
InVS, Toulouse – 2Electricité de France, Service de médecine du travail, Toulouse – 3Faculté de Toulouse,
Département de santé publique
Introduction
Suite à l’explosion de l’usine « AZF » à Toulouse, le nombre élevé de consultations pour
troubles auditifs et les données d’exposition aux surpressions acoustiques ont conduit à
recommander dès juillet 2002 un dépistage des déficits auditifs dans un rayon de 1 700 m.
Un groupe d’experts réuni en mars 2003 a préconisé ce dépistage systématique dans un
rayon de 700 m. En janvier 2003, une étude a été entreprise en collaboration avec les
médecins du travail d’EDF afin de déterminer les déficits auditifs chez les salariés en relation
avec la distance à l’explosion.
Méthode(s)
Une audiométrie tonale systématique en cabine insonorisée a été réalisée par le service de
médecine du travail auprès de 425 salariés (84 %) d’un site EDF situé à 1 550 m du site
« AZF », d’octobre 2001 à mars 2004, aux fréquences de 0,25, 0,5, 1, 2, 3, 4, 6 et 8 kHz. Le
déficit auditif a été analysé par une régression linéaire multiple en fonction de la distance, en
prenant en compte l’âge, le sexe, les antécédents connus de pathologies ORL et l’exposition
professionnelle au bruit.
Résultats
La perte auditive moyenne est significativement plus importante pour les sujets situés à
moins de 1 700 m de l’explosion aux fréquences de 0,25, 0,5 (p<0,05) et 2 kHz (p=0,05). En
analyse multi-variée, la proximité de l’explosion reste significativement associée à la perte
auditive à 0,25 kHz (p=0,05) ainsi qu’un âge plus élevé, la présence d’antécédents et le sexe
féminin (p<0,01). Aux autres fréquences, la perte auditive est associée aux antécédents
ORL, à un âge plus élevé, au sexe (à 0,5 kHz) et à l’exposition au bruit (à 4 et 6 kHz).
Discussion
Le déficit auditif en lien avec l’âge, les antécédents ORL et l’exposition professionnelle au
bruit est en accord avec la littérature. Le déficit auditif des salariés du site EDF est associé à
une distance inférieure à 1 700 m seulement à 0,25 kHz. Notre étude n’a pas pu mettre en
évidence de lien aux autres fréquences. Le déficit auditif apparaît donc mineur. Cependant,
le déficit auditif n’a pu être étudié pour des distances plus proches car la quasi-totalité des
salariés (96 %) situés à moins de 1 700 m se trouvait à 1 550 m le jour de l’explosion et
d’autres données provenant de salariés d’un site EDF situé à 550 m n’ont pu être prises en
compte pour cause de biais de sélection même si elles suggèrent que le déficit auditif
pourrait être majeur à moins de 700 m.