Homélie du dimanche 19 octobre Dieu et/ou César

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Homélie du dimanche 19 octobre Dieu et/ou César
Homélie du dimanche 19 octobre
Dieu et/ou César
Les césars de la terre se prennent souvent pour des dieux! Le pouvoir est
tellement enivrant qu’on se croit parfois tout permis sinon tout-puissant. La
parole de Jésus: rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, est
une sérieuse mise au point sur les limites du pouvoir politique et une critique de
sa propension à s’octroyer des pouvoirs quasi divins. On sait que les empereurs
romains, donc les gouvernants de la Palestine occupée au temps de Jésus,
avaient l’habitude de se faire représenter comme des divinités. Pour un juif, et
Jésus l’est lui-même, cela était intolérable car seul l’Unique est adorable. Au
point même que les monnaies en usage en ce temps et qui portait l’effigie de
l’empereur comme un dieu étaient interdites au Temple de Jérusalem où l’on ne
pouvait admettre aucune image de divinités païennes. D’où la présence de ces
changeurs de monnaie qu’un jour Jésus chassera du temple en disant: ne faites
pas de la maison de mon Père une maison de trafic! Le sens élevé qu’a Jésus de
la grandeur et la sainteté de son Père céleste met à sa juste place nos réalités
terrestres, nos pouvoirs terrestres. Mais sans aucune forme de mépris ou de
dénigrement de ces responsabilités humaines. Rendez à César ce qui est à lui. Le
rôle de César, de l’Etat est important. Même s’il a le risque d’être dévoyé, César
remplit un rôle positif pour le maintien de la paix, de la sécurité, de la justice.
Jésus le reconnaît. St Paul prendra la suite de l’attitude de Jésus quand il
demande de respecter les gouvernants et de prier pour eux. Dans ce: Rendez à
César, il y a comme en promesse toute la reconnaissance de l’importance et de
l’autonomie des réalités terrestres, et aussi une mise en garde contre tout pouvoir
religieux qui pourrait avoir tendance à empiéter sur le pouvoir civil. Bref , ce
n’est pas Dieu ou César, mais Dieu et César, chacun à sa place. Qu’aucun César
ne se prenne pour le bon Dieu, qu’il n’est pas, mais également qu’aucun
responsable religieux ne se prenne pour le responsable politique, ce qu’il n’est
pas non plus et n’a pas à être.
Quelle sagesse dans l’attitude et la position de Jésus! Comme ce respect mutuel
des césars humains et de Dieu l’Unique est une originalité pour les rapports
entre Dieu et la Cité. Sur ce point, comme sur tant d’autres, l’éclairage de
l’Evangile est une source inépuisable de réflexion en vue de l’action. Tout
responsable politique peut se réjouir d’être reconnu dans sa responsabilité, mais
en même il est fortement questionné sur sa façon de gouverner. Et cela peut
s’étendre à toute forme de pouvoir et de gouvernance.
Faut-il payer l’impôt à César – sous entendu: l’occupant? Posée ainsi à Jésus,
cette question était un piège tendu pour le faire tomber. S’il disait oui, il aurait
sur le dos tous les tenants du combat ou du moins de l’opposition aux troupes
romaines d’occupation et s’il disait non, ce sont tous les adeptes d’un réalisme
politique d’entente qui lui tomberait dessus. En lui posant ainsi la question, les
adversaires de Jésus ne cherchaient pas à être éclairés sur cette question
difficile.Il n’y avait chez eux que la volonté d’abattre Jésus. Mais en leur
répondant comme il l’ a fait, non seulement Jésus leur clouait le bec, mais il
apportait un éclairage intéressant sur la relation Civil/religieux, et sur tous nos
pouvoirs terrestres. Le bimillénaire évangile continue d’être pertinent. Amen!
Père le Bras
19 octobre 2014