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Elo [Tapez le résumé du document ici. Il s'agit généralement d'une courte synthèse du document.] Alors que l’avenir des chaînes majeures est menacé par le développement des chaînes dites « de complément » et la croissance d’Internet, comment les mastodontes du secteur peuvent-ils transposer leur territoire de marque dans la sphère numérique ? [Adresse de la société] Etude réalisée par Melle Eloïse THRONION – Approche Média / Chargée d’études média TV Février 2010 PRÉAMBULE Compte tenu de toutes les mutations que subit depuis plusieurs années le média Télévision, il nous a semblé essentiel d’en étudier les causes et les conséquences et de s’interroger sur la façon dont pourraient alors évoluer les marques comme TF1 ou M6, parmi une offre média devenue pléthorique. De la même manière que la presse a du s’adapter à l’arrivée des pures-players sur le web, la télévision doit contre-attaquer si elle veut rester une composante majeure d’un plan média. Internet, alliant puissance et bas coûts, a su convaincre les annonceurs qu’une communication en média dits « classiques » n’était peut être plus si rentable, surtout en télévision dont le ticket d’entrée est, dans l’esprit de bon nombre d’entre eux, inabordable ! Ça bouge beaucoup dans le Paysage Audiovisuel Français ! Même si Internet connaît auprès des consommateurs et des annonceurs un succès grandissant, Médiamétrie confirme par ses résultats d’audience pour l’année 2009 que la télévision garde sa place de média leader pour fédérer les foyers, particulièrement lors de grands évènements. Le PAF fait depuis plusieurs années déjà l’objet de profondes mutations : montée en puissance croissante des chaines de la TNT, multiplication des supports de diffusion, et apparition d’une nouvelle façon de consommer la télévision. Ces phénomènes réunis illustrent bien le fait que la télévision est avant tout un contenu, qu’il n’est plus question de support, et qu’elle a de l’avenir sur l’ensemble des écrans. Baisse des tarifs en journée, offres commerciales en tout genre, délais de planning plus importants… Les chaines ne savent plus comment attirer les annonceurs, dont les investissements publicitaires sont de plus en plus orientés vers le web. Les mastodontes du secteur bénéficient pourtant de leur notoriété historique et de fonds d’investissements plus conséquents que les petites chaines pour investir la sphère numérique. Et les techniques sont nombreuses. Chaque chaine doit réfléchir à la fois à ses produits, à ses consommateurs et à sa communication en prenant bien en compte toutes les caractéristiques du média Internet pour donner de la valeur ajoutée à sa marque et rester une composante majeure d’un plan média. 2 « Y’a quoi ce soir à la télé ? » Le bouleversement technologique du paysage audiovisuel fait apparaître un nouveau téléspectateur qui va désormais choisir le moment et le lieu pour regarder ses programmes. Depuis l’apparition de la télévision dans les foyers, les téléspectateurs se sont toujours soumis à la programmation des chaînes. Pour visionner le programme désiré, il fallait autrefois se trouver devant son poste de télévision au moment exact imposé par le diffuseur. Mais aujourd’hui une nouvelle donne est amorcée. Les progrès technologiques ont permis d’insuffler un vent de liberté autour du média télévision et bouleversent ainsi le paysage audiovisuel. Désormais le téléspectateur a le choix. Dans un tel contexte c’est le développement de la valeur d’usage qui devient essentiel : le téléspectateur est en mesure de regarder les programmes qu’il veut, où il veut, quand il veut et au prix qu’il veut. Du fait de ces nouvelles demandes, le marché des supports de diffusion doit s’adapter et le paysage audiovisuel tout entier, de plus en plus complexe, est en pleine mutation. 1. Qu’est devenue la Télé ? 1.1. La Télé dans tous ses états La Télévision reste en 2009 le média préféré des français et se pratique en convergence sur plusieurs écrans. Bien qu’Internet ait pris une place considérable dans le quotidien des français, ces derniers consacrent tout de même une belle partie de leur agenda à la télévision. Alors que les activités médias s’élèvent à 5h25 en moyenne par jour pour la TV, la radio, la presse, Internet et le cinéma, 3h22 sont consacrées à la télévision, soit plus des 2/3 du temps média. Après le sommeil et leur travail, la TV est la 3ème activité des Français1. Le nombre de foyers équipés d’au moins un téléviseur est en constante progression et le taux d’équipement a atteint plus de 98% en 2009. 50% d’entre eux possèdent désormais deux postes au minimum. Une croissance due entre autre à la démocratisation des écrans plats. Même si la télévision, comme tous les médias classiques arrive à maturité, ses nouvelles pratiques ne s’essoufflent pas pour autant. 1 DEI source Médiamétrie ensemble 15 ans et + ‐ Année 2009 3 Ainsi, 4 millions de français ont pratiqué la télévision sur un autre support que celui d’origine2. C’est ce qu’on appelle la convergence média, et elle a progressé de sept points en trois ans. 1.1.1. L’évolution technologique du secteur Ce sont les différentes évolutions technologiques en termes d’accès à la Télévision qui ont engendré les mutations du Paysage Audiovisuel Français (PAF) d’aujourd’hui. Les chaînes du PAF se différencient aujourd’hui avant tout selon leur mode de réception : Chaînes hertziennes, câble et satellite, Télévision Numérique Terrestre (TNT) ou Télévision par ADSL au travers des Fournisseurs d’Accès Internet (FAI). La télévision mobile personnelle (TMP) Même si aujourd’hui, regarder la télé sur son mobile est possible via la 3G, la TMP telle que l’imagine le CSA peine à voir le jour. Au programme : TF1, M6, Canal+, W9, Direct 8, I télé, NRJ 12, NT1, BFM, Virgin 17, Eurosport, Orange sport et EuropaCorp TV, le tout avec une meilleure qualité et un meilleur débit. La TMP promet de visionner ses chaînes préférées sur son téléphone portable, mais cette fois dans de bonnes conditions : utilisant de nouvelles fréquences hertziennes ouvertes grâce au numérique, cette technologie offre un débit et une qualité d’image supérieure à ce que propose aujourd’hui la 3G de Bouygues, Orange et SFR. Les chaînes sélectionnées par le CSA en mai 2008 sont TF1, M6, Canal +, W9, Direct 8, I télé, NRJ12, NT1, BFM, Virgin 17, Eurosport, Orange Sport, et EuropaCorp TV (chaîne de Luc Besson dédiée au cinéma, en cours de création). Initialement prévue pour les Jeux Olympiques de Pékin en 2008, reportée, puis annoncée pour le début d’année 2009, la télévision sur mobiles et « écrans de poches » n’a pas encore vu le jour, à cause d’une mésentente entre les chaînes et les opérateurs au sujet de son financement. Puisqu’elle ne dispose pas encore de modèle économique viable, la télévision mobile personnelle n’est plus attendue avant 2010/2011. 2 Médiamétrie – Résultats de l’étude Media in life – publiée le 3 mars 2009 4 1.1.2. Le PAF et les mastodontes Classification par mode de diffusion Publiques ou privées, locales ou planétaires, généralistes ou thématiques, gratuites ou payantes, conventionnelles ou interactives, hertziennes, numériques, par câble ou satellitaires… Pareille diversité pour les chaînes du Paysage Audiovisuel Français (PAF) complexifie toute tentative de classification. C’est néanmoins à travers leur mode de diffusion que les chaînes du PAF sont le plus souvent classées : CHAINES HERTZIENNES AUTRES TV (Toutes les autres chaînes sont appelées « autres TV ») CÂBLE ET SATELLITE TÉLÉVISION NUMÉRIQUE TERRESTRE (Nationale) 5 TÉLÉVISION PAR ADSL Les principaux acteurs de ce marché sont : Composé de plusieurs centaines de chaînes en comptant la multitude de chaines thématiques, le PAF présente aujourd’hui une offre qui semble rattraper le retard de la France par rapport aux autres pays comme les Etats Unis. Classification par marchés L’offre du PAF se découpe en trois marchés : des marchés différents pour des audiences différentes, donc des valeurs différentes3. MASS MÉDIA MEDIA INTERMÉDIAIRES Mini généralistes MEDIA CIBLÉS Socio‐démo / Géographique Chaînes Nationales Chaînes Cabsat / TNT Chaînes thématiques / locales PUISSANCE, VISIBILITÉ, AUDIENCES MOINS AFFINITÉ, PROXIMITÉ, PUISSANTES ET MOINS CONTACT QUALIFIÉ VALEUR AJOUTÉE QUALIFIÉES 3 Dynamisez votre activité avec TF1 publicité, TF1 Publicité, 2009 6 Les mastodontes du secteur Même si les chaînes historiques restent leaders en termes de parts d’audience, les français passent de plus en plus de temps sur internet et il serait bon que l’audience des chaînes puisse y être valorisée. Jusqu’à ce que les chaînes du Cabsat et de la TNT fassent leur apparition, l’offre en télévision se réduisait aux six chaînes dites « historiques », dont TF1, France 2, France 3 et M6 qui sont, encore aujourd’hui, les plus puissantes aux vues de leur parts d’audiences respectives. En effet, même si la consommation télévisuelle des français fait état d’une forte proportion des « autres TV » à hauteur de 22%, c’est TF1 qui reste le leader en 2009 avec 26,3%, suivi de France 2 et France 3 avec respectivement 16,2% et 12,2%, et enfin M6 qui a enregistré une part d’audience de 10,7%4. Les français ont moins regardé la télévision en 2009 qu’en 2008 et ont passé plus de temps sur Internet, mais il serait légitime que les calculs d’audience prennent en compte les programmes que ces chaînes diffusent sur le web via la VOD ou la catch-up TV. 1.1.3. La « télévision du futur » Conformément aux projets de modernisation de l’audiovisuel de l’assemblée nationale, la diffusion analogique touche à sa fin et d’ici 2011, la totalité des foyers français seront équipés en TNT. Adopté à l’Assemblée Nationale dans la nuit du 31 Janvier au 1er Février 2007, le nouveau projet de loi concernant la « modernisation de la diffusion audiovisuelle », appelé familièrement « Télévision du futur » propose un cadre réglementaire aux nouveaux usages et aux nouvelles technologies apparus récemment dans le domaine audiovisuel. En première ligne : la fin de la diffusion analogique. En remplaçant progressivement la diffusion hertzienne analogique par une diffusion hertzienne exclusivement numérique, tous les français pourront recevoir gratuitement la Télévision Numérique Terrestre (LA TNT). 4 Médiamétrie ‐ Mai 2009 – cible : ensemble 15+ 7 Dès aujourd'hui, tout le monde peut avoir accès, s'il le souhaite, à la télévision numérique par abonnement ou à la télévision numérique par satellite (TNTSAT). La Télévision Numérique Terrestre gratuite (TNT), quant à elle, couvre une grande partie du territoire mais pas encore la totalité. L'objectif, d'ici fin 2011, est d'étendre la couverture de la TNT à la totalité du territoire. A ce moment là, chaque foyer pourra recevoir la télévision numérique qu'il souhaite - les 18 chaînes gratuites ou les offres par abonnement - et selon la technologie qui lui convient (antenne râteau, satellite, câble, ADSL ou fibre optique). 1.2 La télé autrement Nous sommes aujourd’hui dans une logique de télévision « à la carte » : regarder ses programmes préférés quel que soit l’écran, le lieu ou le mode et ce de manière régulière ou occasionnelle 5 … Avec les Autres TV, les téléspectateurs trouvent des chaines innovantes avec un ton nouveau et différent qui engendre de ce fait un zapping plus fréquent. Elles apportent un nouveau dynamisme d’écoute de la télévision grâce à un fonctionnement semblable à celui d’Internet : choix, diversité, liberté et zapping. Par ailleurs, les évolutions technologiques, l’élargissement de l’offre télévisuelle et la montée en puissance constante du média Internet a modifié de façon irréversible les comportements des téléspectateurs. Quand M6 a lancé « M6 Replay » en mars 2008, elle n’espérait pas les résultats qu’annonçait Médiamétrie en Octobre : 1,9 millions de visiteurs uniques et 10 millions de vidéos vues. Un modèle gratuit et « à la carte » qui a de ce fait séduit instantanément une quantité d’internautes en répondant à ce qu’ils cherchaient. Une audience qui ne cannibalise même pas, selon la chaine, celle de l’antenne. Que demander de plus ? TF1 à l’époque avait choisi de ne pas proposer de catch-up TV pour protéger la valeur de certains de ses programmes et avait préféré privilégié son offre de VOD payante. Or, si la VOD répond aux mêmes besoins que les chaînes thématiques, ou Autres TV, des freins importants sont observés. 5 Médiamétrie – Résultats de l’étude Global TV, Communiqué de presse du 31 mars 2009 8 En effet, les programmes sont jugés trop chers à l’unité, l’offre est encore considérée comme « pauvre » et le choix est pour l’instant satisfait par le nombre de contenus existants6. Les téléspectateurs n’y retrouvent pas les ressorts de liberté qui font la force des chaînes thématiques. En l’état, la vidéo à la demande représente une offre qui manque de cohérence par rapport aux logiques de liberté et de personnalisation qui président aux chaînes thématiques. 1.2.1 Les « grandes chaînes » challengées En dépit des succès d’audience grâce aux compétitions sportives (Euro, Coupe du Monde de football, JO de Pékin), aux fictions mais aussi aux grands évènements en direct, comme l’élection américaine, les chaînes généralistes se heurtent à une concurrence de plus en plus rude, liée notamment à l’explosion du numérique. Ces « Petites chaînes » ont concentré, en 2009, plus de 23% de l’audience totale, soit trois fois plus qu’en 2000 (5 ans avant l’apparition de la TNT). Les autres TV ? La liberté et le choix, dont raffolent les téléspectateurs d’aujourd’hui, font la force des autres TV. C’est un ensemble de chaînes très hétérogènes qui ont comme point commun d’être différentes des chaînes historiques et répondent ainsi aux demandes des consommateurs modernes qui ne veulent plus être soumis à la « dictature » de la marque. En effet, c’est pour eux le plaisir d’avoir le choix de trouver ce qui leur correspond à tout moment de la journée selon leur humeur et leurs envies. Les nouvelles chaînes sont d’abord appréciées pour leur quantité, leur récence et leur différenciation. Cette nouvelle donne élève alors le spectateur au rang d’acteur étant donné qu’il a le choix. Il contrôle la télévision, il utilise les programmes, il ne regarde plus la télé pour regarder la télé. Les Autres TV apportent une liberté que les téléspectateurs apprécient : une liberté de programmation et une absence de formatage. C’est un choix « à la carte » et de la largeur de l’offre dépend ce sentiment de liberté. Tout ce qu’ils aiment… 6 « Les Autres TV ou la télévision autrement », TNS Sofres 9 Des audiences fragmentées Alors que trois français sur quatre reçoivent déjà plus de 15 chaînes, soit 80%, contre 40% en 2007 et 30% en 20057, il n’est pas étonnant de constater que la consommation TV se fragmente de plus en plus. En 2008, la part d’audience des chaînes hertziennes représentait 78% (versus 100% avant la TNT) et celle des autres TV 22% (versus 15,1% en 2007 et 13% en 2006)8. Plus on reçoit de chaines, plus on consomme le média TV et plus on reçoit de chaînes numériques plus on leur consacre une part importante de son temps TV9. Les Autres TV : chaînes de substitution ou chaînes complémentaires ? Au travers de son étude sur les autres TV et les comportements des téléspectateurs à leur égard, TNS Sofres nous révèle en quoi les chaînes historiques et les Autres TV sont complémentaires : AUTRES TV CHAÎNES HISTORIQUES Un choix narcissique, maîtrise Une télévision qui a les moyens La détente Le confort La liberté Des recettes éprouvées La découverte La familiarité L’artisanat Le professionnalisme « On est dans l’inconnu, la liberté, le « L’habitude des parts de marché qui sont choix, l’aventure, la curiosité, tout le plus importantes, des chaînes plus riches, monde fait son choix du plus petit au plus les généralistes ont des présentateurs de grand. » renom. » Mais : Mais : Beaucoup de recyclage Une connotation « mainstream* » Connections avec les chaines hertziennes Halo de suspicion Infidélité Renouvellement remis en question 7 Médiamétrie / Médiamat – Année 2008, 15 chaînes ou + via Câble / Satellite / TNT / ADSL 8 Médiamétrie / Médiamat – Année 2008 9 Médiamétrie / Médiamat ‐ 1er janvier‐17juin 2007 * Conforme aux standards 10 Alors que les chaînes historiques sont vulgarisées dans les habitudes et sont de véritables repères, les Autres TV représentent, elles, la liberté de créneau, la fantaisie et la diversité. Même si les autres TV sont réputées comme étant moins « coincées », les chaînes historiques sont considérées pour leur part comme des chaînes sérieuses voire officielles. Ce qui plaît aux téléspectateurs c’est le non-conformisme des Autres TV. Les Autres TV sont finalement la revanche sur les valeurs sûres des chaînes historiques et ensemble, elles apparaissent alors comme deux systèmes dont les appréciations nourrissent les défauts des autres et qui se confortent mutuellement. Elles font d’ailleurs transparaître au travers de l’étude un niveau d’attachement équivalent. 1.2.2. Les supports qu’on aime L’étude « Global TV » publiée par Médiamétrie fait ressortir les nouvelles façons de regarder la télévision en France : - 55% des français ont déjà regardé la télévision en différé (programmes enregistrés sur DVD, disque dur par exemple) et/ou à la demande (VOD, téléchargement, streaming) sur un écran de TV, d’ordinateur ou autre. - Près d’un téléspectateur sur dix âgé de plus de 15 ans a par ailleurs déjà regardé la télévision en direct sur le Web via son ordinateur. - Enfin, la catch-up TV (télévision de « rattrapage » sur Internet comme M6 Replay ou TF1 Vision), bien que minoritaire en France, progresse avec 5,6 millions de personnes déclarant l’avoir regardé au moins une fois. Les plus gros utilisateurs de ces services sont les 15-24 ans qui y passent en moyenne 9 mn par jour. L’ordinateur confirme donc sa position de second écran, après le poste de télévision. Aujourd’hui c’est sûr, Internet a révolutionné la consommation du média télévision. La théorie des trois écrans Les nouvelles technologies transforment la télévision en contenu et le téléviseur en support. La télé fait alors parmi des trois écrans que les français affectionnent (TV, ordinateur et téléphone mobile). Avec les nouvelles technologies, les profils de consommateurs évoluent. Les nouveaux consommateurs sont de plus en plus mobiles et friands des offres « sur le pouce » et « à la carte ». En cela les nouvelles technologies en terme de visionnage de programmes TV leur correspondent tout à fait car ils vont pouvoir, au cours de leur journée regarder toute l’actualité qu’ils aiment sur leur téléphone mobile dans les transports, rattraper le JT ou une série sur leur ordinateur à tout moment de la journée au bureau ou à la maison et se retrouver en famille ou entre amis devant son téléviseur pour un film, un match ou le dernier épisode de la Télé réalité du moment. La télévision devient pour la société moderne une question de contenu et non de support car elle peut alors être consultée sur différents écrans : téléviseur, ordinateur et téléphone portable. 2. Quelles solutions pour les mastodontes ? Moteur d’efficacité des campagnes publicitaires et puissante en termes de mémorisation et de construction d’image de marque, la télé peut avoir une suite prometteuse, pour autant que les chaines sachent tirer parti de leur présence sur le web. La télévision a encore un bel avenir devant elle…En termes de publicité, elle est toujours, en 2009, moteur de l’efficacité à court terme et à long terme. En terme de mémorisation, l’étude « Impact Mémo» du Syndicat National de la publicité Télévisuelle (SNPTV) fait apparaître sous forme d’indice la puissance d’un message audio-visuel (200) par rapport à un message simplement audio (100) ou simplement visuel (140). S’agissant de la notoriété d’une marque, le 4ème baromètre Ipsos Média fait état de 69% des français qui pensent que la publicité à la télévision est indispensable aux marques pour se faire connaître. Enfin, l’Etude Market Contact Audit (MCA) a classé les contacts selon leur contribution à la construction de l’image de marque et il s’avère que la Publicité TV apparaît en première position, devant les brochures et la presse magazine. Ces données devraient rassurer les grandes chaînes 12 historiques, mais elles ne doivent pas considérer cela comme acquis. Pour rester composantes majeures des plans médias, les chaînes doivent s’investir intelligemment dans la sphère numérique. 2.1. Prendre l’environnement en compte 2.1.1. Valoriser les audiences Si aujourd’hui les chaînes demandent à ce que leurs audiences soient calculées à la fois en TV et sur le web, c’est qu’elles ont compris qu’Internet peut leur apporter un relais d’audience intéressant. Pour mieux valoriser leur audience, les chaînes doivent améliorer leur visibilité sur le Net. Relais de croissance dans un marché publicitaire morose, elles doivent tabler sur Internet comme interface pour relancer leur audience, notamment en hébergeant davantage de vidéos sur leurs sites. Maintenant que la catch-up TV est bien installée pour chacun des mastodontes du secteur, les chaînes doivent à présent réfléchir à multiplier les accords avec les fournisseurs d’accès à Internet, qui sont les seuls à avoir la maîtrise des « trois écrans ». Même si les chaînes peuvent récupérer leur audience via la télévision de rattrapage, elles doivent aussi et surtout se concentrer sur les nouvelles attentes et demandes des internautes afin de leur proposer des produits qui leur plaisent, qui leur conviennent et qui les fidélisent. 2.1.2 Connaître les internautes et leur rapport aux marques. Parce que tout le monde n’est pas né avec Internet, chaque téléspectateur a un rapport différent avec les contenus audiovisuels diffusés sur le web. - Les jeunes qui arrivent directement sur le net, ces « natifs numérique », ne sont pas attachés aux marques médias. Pour eux les marques fortes ce sont les stars de la téléréalité, les people, les groupe de musiques, les marques de vêtements ou les produits technologiques. N’importe quel contenu associé à une marque de vêtement à la mode ou à un chanteur attirera plus l’attention de ce public. - Ceux qu’on appelle les « immigrants du numérique », qui découvrent peu à peu cet univers, ont d’abord tendance à se repérer sur les marques qu’ils connaissent déjà. 13 Sauf qu’à mesure de leur apprentissage, en découvrant les pratiques, les techniques et la diversité, eux aussi deviennent plus volatiles. Pour eux l’attachement aux marques est provisoire. - Les confirmés, enfin, consomment et échangent énormément de vidéos sans vraiment se soucier de la marque qu’elles portent : chaque vidéo leur est signalée par un agrégateur comme Wikio, un lien proposé par Google ou tout simplement recommandé par un bloggeur ou un « ami Facebook ». Les marques doivent alors prendre en compte deux choses importantes : 1. L’internaute cherche du contenu et de la diversité, sans être réellement attaché à la marque. TF1, France Télévisions et M6 doivent être parfaitement à l’affût de ce qui plaît aux internautes. Dans ce cas aucune stratégie fixe n’est à adopter, car elle pourrait se dérober sur leur pas à la moindre évolution, mais des stratégies ponctuelles, aussi liquides qu’internet lui même, aussi volatiles que les internautes et aussi réactives que celle des pures-players. Et ce que cherche l’internaute, hormis la gratuité, ce sont les services. Et c’est en ce sens que les marques peuvent espérer recruter de l’audience. 2. L’internaute n’arrive en outre que rarement sur la page d’accueil du site, mais de l’extérieur, directement sur un article ou une vidéo via un agrégateur, et repart aussitôt qu’il a terminé. Il y a alors un enjeu de capter l’attention sur place et de le retenir, comme le font les grands « merchandiseurs » des magasins où il fait bon rester. Les marques médias ont intérêt à développer leur site de façon à ce que l’internaute puisse y trouver autre chose que ce pour quoi il était venu à la base, tout en développant une expertise technologique qui leur permettront de rester, de près ou de loin, en contact avec lui. Elles devraient notamment pour cela développer la visibilité des possibilités RSS offertes aux internautes utilisant des agrégateur comme Netvibes. 14 2.2. Repenser le marketing produit L’enjeu pour les chaînes de télévision est de construire leur présence sur Internet en accord avec ce que les internautes attendent de ce média via un contenu légitime et différenciant. Afin de séduire les téléspectateurs d’une part et les annonceurs de l’autre, les chaines ne peuvent pas simplement se contenter d’adapter sur Internet ce qu’elles font déjà dans le monde réel. Nouveau support ne dit pas forcément nouveau produit mais le produit ne se consommant pas de la même manière, il y a des caractéristiques à repenser au niveau marketing. La télévision sur Internet se doit d’être : gratuite, à la demande, à la carte et à valeur ajoutée. Tout simplement parce que les internautes choisissent ce média pour visionner des films parce qu’il est tout cela. Les chaînes ne peuvent en effet pas faire payer ce que l’internaute peut trouver sur son téléviseur. Si contenu payant il y a, il doit être exclusif, nouveau, et valoir son prix. Si ce n’est pas le cas, les chaînes doivent trouver des sources de recettes ailleurs… 2.2.1 TV versus Internet : jouer la carte de la synergie Les mastodontes du secteur audiovisuel doivent voir en Internet une opportunité de relais de croissance basée sur des solutions alternatives de consommation. Les chaînes ne doivent pas voir Internet comme un ennemi. La télévision et Internet sont deux médias complémentaires en termes de consommation. En 2006 dans son étude « Média in Life », Médiamétrie nous apprend que lorsque la consommation du média Télévision baisse, celle d’Internet grimpe, et ce, à deux instants précis de la journée : 8h-12h et 15h-18h10. Cette tendance se ressent encore aujourd’hui. Les marques doivent ainsi miser sur la synergie du web et de leur média traditionnel pour réussir à capter l’audience où qu’elle soit. Si un téléspectateur aime regarder Dr House à 20h50 le mardi soir, n’aimerait-il pas retrouver le lendemain, à sa pause déjeuner, des scènes coupées, un making-of ou une interview ? 10 Médiamétrie – Média in Life – année 2006 (cumul des vagues janvier – février 2006) – base semaine lundi‐dimanche – cible 15+ 15 Dans la même logique, une web série à succès sur Internet ne réussirait-elle pas à réunir les téléspectateurs devant leur poste de télévision pour un épisode annexe, plus long et en exclusivité ? Les chaînes doivent réussir à développer sur leur site la même dimension fédératrice qu’a la télévision depuis ses débuts et continuer à créer l’événement : sur le web aussi il est possible de donner des rendez-vous… Pour rester composantes majeures d’un plan média, les chaînes doivent par ailleurs affirmer leur rôle dans la construction de l’image d’un annonceur en offrant un vrai contexte éditorial, décliné en télévision et sur le web. À l’heure du ciblage comportemental et de l’hyperciblage sur Internet, les chaînes ont la capacité d’offrir des espaces publicitaires dans des contextes éditoriaux, qu’ils soient sur les chaînes ou sur les sites. La prochaine étape : UNE MARQUE, UN PRODUIT, UN PUBLIC CIBLE… QUEL MODE DE CONSOMMATION AUDIOVISUELLE POUR DEMAIN ? La réponse très bientôt ! 16