La Loire et Blois, une longue histoire pour une interdépendance

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La Loire et Blois, une longue histoire pour une interdépendance
La Loire et Blois, une longue histoire pour une interdépendance retrouvée !
Didier Josset (archéologue ingénieur de recherche à l’INRAP / UMR 7324 CITERES-LAT)
Viviane Aubourg (archéologue, ingénieur d’études au SRA Centre)
Blois, ville véritablement née de la Loire, est aujourd'hui répartie sur les deux rives du fleuve, mais
l'a-t-elle toujours été ? Il semblerait que oui ! Par la mise en œuvre des données issues de
l’archéologie préventive et des prospections, mais encore grâce aux documents écrits et
iconographiques, on se propose de retracer l’histoire des relations complexes des habitants à leur
environnement ligérien.
Une ville sur le fleuve : Blois
La ville de Blois est chef-lieu du département de Loir-et-Cher en région Centre. C'est une ville sur
un fleuve : la Loire, à mi-chemin entre Tours et Orléans (60 km). Aujourd'hui, Blois compte 50000
habitants répartis sur 2600 ha environ.
À Blois, le lit majeur de la Loire mesure 2,2 km de largeur. Dans l’axe de la vallée se trouvent des
zones hautes, ce sont les montilles constituées d'alluvions anciennes. Elles sont séparées les
unes des autres par des zones basses et humides dénommées boires.
Sur la rive nord, le relief de l'étendue urbaine est caractérisé par un coteau abrupt marqué par une
importante brèche isolant un promontoire qui domine la Loire. En face, sur l'autre rive, l'actuel
quartier de Vienne s’est développé sur un point haut de la plaine alluviale.
La topographie naturelle de la zone urbanisée est encore très mal connue. Elle est oblitérée par
les aménagements successifs et par le recouvrement d'épais dépôts archéologiques : jusqu'à plus
de 4 m d'épaisseur en ville basse. Deux petits cours d'eau, l'Arrou et les Mées, ont été entièrement
canalisés.
Aux origines
La première occupation structurée et pérenne identifiée est implantée le long de la Loire, en rive
gauche. Elle prend naturellement place sur une montille. Sur cette zone plus haute, un habitat
ouvert, dense et organisé se développe du milieu du IIIe s. jusqu'au début du Ier s. av. n. è.
L'artisanat y est présent ; on y travaille le fer et certains métaux précieux. La qualité des récipients
en céramique utilisée par la population rend compte d'un habitat privilégié semblable à celui d'un
contexte déjà urbanisé, sans qu'on puisse l'interpréter comme un oppidum de plaine en l'absence
de fortification de type fossé.
En rive droite, un point plus haut que l'on nomme promontoire est lui aussi occupé. Une seule
fosse a livré du mobilier du IIIe s. av. n. è. Il faudra attendre La Tène finale (pas avant le début du
Ier s. av. n. è.) pour y identifier un habitat, mais d'importance limitée. Il s’agit là d’une installation à
caractère rural pour laquelle on ne saurait encore établir un lien avec un éventuel oppidum gaulois,
comme cela fut longtemps admis. Le mobilier associé à cet établissement est de belle qualité et
caractérise habituellement les oppida de la région avant la période augustéenne (-27/+14), comme
Orléans (Loiret) ou Amboise (Indre-et-Loire), il se distingue nettement de celui couramment
observé dans les fermes indigènes fouillées en territoire carnute.
La question qui demeure pour la période gauloise est de savoir si les divers lieux de peuplement
maintenant connus sur le territoire actuel de Blois forment une même entité qui aurait migré de la
plaine alluviale au plateau dans le courant du Ier s. av. n. è. Certaines recherches étant très
récentes, leurs résultats complets ne sont pas encore disponibles : il est donc encore trop tôt pour
répondre à cela.
Naissance d'une agglomération structurée
L'agglomération antique de Blois est elle aussi implantée le long du fleuve. Elle s’est toutefois
principalement développée sur la rive droite : non plus sur le site de hauteur, mais au pied du
coteau escarpé longeant la Loire. Son origine est à placer peu de temps après l'invasion romaine
datée de 58 et 51 avant notre ère, probablement sous le règne d'Auguste.
Le centre urbain antique comprend des aménagements monumentaux extrêmement mal perçus.
En revanche, on connaît mieux le quartier d'habitation qui le jouxte au Sud, véritable berceau de
l'agglomération gallo-romaine. Densément loti entre la fin du Ier s. av. n. è. et au plus tard le début
du IIIe s. de n. è., la ville se développe vers l’Ouest le long du fleuve depuis cette zone, dès la
première moitié du Ier s. av. n. è. La voie Tours-Orléans qui a été ponctuellement dégagée est
bordée de part et d'autre par des bâtisses dont on ne connaît ni la taille, ni la fonction. La largeur
de sa chaussée est de 5,50 m, délimitée par des bordures, ainsi que par un trottoir au Sud. La voie
connaîtra de nombreuses phases d'entretien jusqu'au IXe-Xe s. qui exhausseront le niveau de
circulation jusqu'à un mètre.
Au nord de cet axe de circulation majeur, un système de terrasse a été reconnu. Sa mise en
œuvre a entraîné un nivellement général de ce secteur proche du cœur surpeuplé de la ville, dans
la première moitié du Ier s. L'espace est loti avec notamment des maisons sur cave. Ces travaux
induisent le réaménagement des berges du fleuve dont le niveau d’étiage était sans doute plus
haut qu’aujourd’hui. À cet endroit de la ville antique, le trait de rive ne devait être éloigné que de
dix à vingt mètres seulement des habitations.
Un pont enjambant le fleuve est attesté vers 145 (estimation faite à partir de trois analyses de
carbone 14). Il est composé de 304 pieux de bois répartis sur 115 m de long, soit un peu moins de
la moitié sud du lit mineur du fleuve dans son état actuel. Sept piles sont reconnaissables. Deux
d'entre elles sont constituées d'avant-bec (nuages 2 et 8). Les piles sont de plus en plus massives
à mesure que l'on progresse dans le lit du fleuve. Les pieux y sont également plus gros. D'autres
pieux de différentes tailles et de différentes sections sont associés aux précédents et pourraient
correspondre à des phases de constructions distinctes, ou répondre à des impératifs techniques
spécifiques. Les piles ont une largeur moyenne de 5,40 m pour une longueur totale comprise entre
18 et 19 m et sont distantes d'environ 11 m. La chaussée devait être large d'environ 8 m. Ce
franchissement a facilité la constitution d’un pôle d’habitat au sud du fleuve, sur la butte
insubmersible du quartier de Vienne. En revanche, on ne saurait dire sa position par rapport au
port qui n'est toujours pas localisé.
À cette époque, les nécropoles sont traditionnellement installées en limite d’agglomération, à
l’écart des zones peuplées. À Blois, deux secteurs sont réputés avoir été des espaces funéraires
antiques, un sur chaque rive. Le promontoire est maintenu à l'écart de cette phase d'expansion
notable.
La ville, dont on peut estimer l'étendue sur une superficie de 26 ha pendant l'époque gallo-romaine,
connaît une expansion très limitée vers l'est, en raison notamment de l'étroitesse du secteur
« littoral » compris entre le coteau très abrupt et le fleuve. Cette configuration de l'espace urbanisé
oriental prévaudra d'ailleurs durant toute l'époque médiévale.
Un certain déclin
Après une phase de forte activité durant les deux premiers siècles, la ville de Blois observe un
« déclin » régulier jusqu’au Ve-VIe s. Cette époque, d'ailleurs la moins bien documentée de toute
l'histoire de la ville, coïncide avec les premières mentions de la cité : castrum blesene ou castellum
blesense. Les découvertes numismatiques, des tremisses en or à la légende "Bleso castro",
attestent la présence d'un atelier monétaire mérovingien dans la ville. Pour cette période, les
historiens supposent la création du sanctuaire Notre-Dame sur les rives du fleuve (future abbaye
de Bourgmoyen) par une charte datée du 6 mars 696. Une chapelle dédiée à saint Pierre serait
également implantée sur le plateau, confirmée par la présence de sarcophages. Sur le
promontoire, les rares vestiges matériels conduisent à envisager la présence d'une implantation
stable, à partir du courant du Ve-première moitié VIe s. Ce sera sur ce point haut que les comtes de
Blois s'installeront dès le VIIe-VIIIe s., une vue imprenable sur la Loire. Dans la ville basse, des
« terres noires », des couches très organiques, observées sur une épaisseur variant entre 0,80 et
1 m, témoignent d’une autre réalité urbaine entre la fin IIe ou le début IIIe s. et le VIIIe s. Leur
présence signale une modification profonde dans la façon d'occuper le sol par rapport à la période
gallo-romaine. Les constructions à murs de terre et armatures de bois se généralisent ; les
habitants évacuent de moins en moins leurs déchets en dehors de la ville.
Ainsi, la ville demeure en constante évolution jusqu’au « renouveau urbain » de l’époque
carolingienne que l’on repère de manière très nette à partir du IXe s.
La puissance du comté de Blois
C’est avant 865 que le duché de Neustrie est confié à Robert le Fort par le roi Charles le Chauve.
Le comté de Blois est de ce fait dans le giron des robertiens, puissante famille du royaume ; il est
administré par un vicomte. C’est au début du Xe s. qu’apparaît Thibaud, vicomte de Tours puis
aussi de Blois. Durant le Xe s., le titre se patrimonialise et les vicomtes gagnent peu à peu leur
indépendance vis-à-vis d’un pouvoir royal vacillant. Thibaud dit le Tricheur, figure emblématique de
cette période, devient alors comte de Blois, de Tours, puis de Chartres. C’est le temps des
principautés dans toute la Francie. Vers 1019, le comte Eudes II reçoit pour héritage la
Champagne. Ses possessions ont une importance considérable, car elles prennent en tenaille le
domaine royal. Le comté de Blois est alors un des comtés les plus puissants du royaume, comme
le comté d’Anjou avec qui la lutte est incessante. Les démonstrations de force avec les féodaux
voisins sont accompagnées par la volonté d'accaparer les prérogatives royales, notamment celles
de battre monnaie et de construire des fortifications comme à Blois. Cette période de grand
bouleversement des IXe et Xe s. est donc celle du développement des châteaux.
Ce phénomène est parfaitement bien illustré à Blois. Le site castral, implanté sur le promontoire,
est très vite fortifié, ce qui constitue surtout, outre une protection évidente, une démonstration de la
puissance du propriétaire des lieux à l’endroit de tous ceux qui se trouvent à l’extérieur. De cette
place, le comte assure sa protection sur la ville et le commerce de Loire. L’établissement est vaste,
et les signes d’opulence matérielle y sont nombreux. Il est le siège d’un pouvoir, mais aussi le
centre économique du domaine comtal.
Le renouveau urbain depuis l'époque carolingienne
Sans l'archéologie, la ville carolingienne ne serait véritablement matérialisée que par les édifices
religieux dont on ne connaîtrait le plus souvent que des mentions plus récentes d’un siècle environ.
Dans le quartier de Vienne, au Sud, des éléments architecturaux observés dans l'église SaintSaturnin pourraient datés du XIe, voire du Xe s. Au nord du fleuve, la ville connaît sa véritable
croissance. Trois points de peuplement sont alors connus : sur le plateau, aux abords de l’église
Saint-Solenne (cathédrale Saint-Louis), sur le promontoire, et principalement dans la ville basse.
Au IXe-Xe s., la puissance ecclésiastique se révèle au travers de son omniprésence dans la ville,
avec les abbayes de Bourgmoyen et de Saint-Lomer. Elles occupent une position cruciale sur les
berges du fleuve, à proximité de son lieu de franchissement, et sans doute du port (que l'on ne
localise cependant pas pour cette époque). Les activités artisanales et commerciales ainsi que les
habitats urbains se répartissent sur le reste du territoire, mais l’on n’en connaît pas la disposition et
l’étendue exactes.
La puissance laïque, quant à elle, domine la ville basse et le fleuve depuis le promontoire. La
configuration actuelle de l’habitat seigneurial proprement dit semble déjà effective au Xe s. : la
résidence comtale occupant l’emprise des châteaux médiévaux et modernes qui lui succéderont.
C’est certainement dès cette époque qu’un fossé est creusé à l’emplacement de la rue des Fossés,
barrant l’éperon rocheux et le séparant définitivement du plateau.
Au XIe s., la ville pourrait avoir été fortifiée. Néanmoins, les restes de l'enceinte urbaine encore
visibles aujourd'hui datent du XIIIe s. La surface enclose était de 23,6 ha. La construction a induit
un lourd bouleversement des berges du fleuve en rive droite. À la fin du XIIIe s., il est fait mention
d'une « œuvre du pont », une institution qui oblige les habitants à payer une rente. Elle assurera
entre autres le coût des réparations des fortifications de la ville pendant la guerre de Cent Ans.
L'œuvre du pont peut être considérée comme une fondation de nature communautaire des
habitants de la ville, précurseur d'une administration municipale. Elle s'appliquera à tous les ponts
y compris ceux de la plaine alluviale.
Un complexe aquatique : le pont, les duits et la pêcherie
Rive gauche et rive droite sont toujours reliées, et un nouveau pont est mentionné en 1089. La
date précise de sa construction n'est pas connue et on ne sait si elle fait directement suite à la
ruine d’un pont plus ancien, ou si elle vient en remplacement d’un système de franchissement plus
rudimentaire comme un bac.
Sa plus ancienne représentation, au XVIe s., montre un ouvrage « parfaitement » médiéval. En
effet, il en possède tous les caractères : défensifs (porte fortifiée côté ville, tour sur la treizième
arche, corps de garde) ; industriels avec ces cinq moulins pendants, dits « moulins royaux » ;
urbains avec des constructions en encorbellement et des boutiques ; et religieux avec la chapelle
Saint-Fiacre. La présence de moulins sur le pont pourrait dater d'avant 1089, comme l'indique le
document dans lequel il est fait mention de « duos molendinos ad pontem Ligeris ». Dans ce
document, c'est bien le comte de Blois qui est propriétaire de ces deux moulins, cette fois-ci
comtaux.
Sur la représentation du XVIIe s., cet ouvrage ne possédait plus qu'une arche médiévale brisée et
19 arches en plein cintre datant des XVIe et XVIIe s. Une arche dite « marinière », plus large et plus
haute, facilitait le passage des bateaux. Elle se trouvait entre les deux groupes de moulins, au plus
près d’un secteur portuaire supposé. On observe aussi un duit placé en amont du pont et relié à la
plus grosse pile du pont. Ce duit, long de 650 m, permet de guider le plus d'eau possible en
direction des moulins. Des datations effectuées sur des pieux indiquent une utilisation du duit entre
le XIVe et le XVIIe s. Ce sont des résultats qui attestent une longue durée de fonctionnement et un
entretien constant de la structure, mais la question demeure concernant une origine bien plus
ancienne, pourquoi pas contemporaine de celle du pont médiéval lui-même.
Dans le prolongement du duit, mais en aval du pont, une pêcherie est elle aussi attachée à la plus
grosse pile du pont. Sa construction n’interviendrait pas avant 998. L’ensemble forme un trapèze
de 280 m de côté. Comme l'ancien trait de rive ne gagnait pas autant sur la Loire, on suppose
donc que la moitié septentrionale de la pêcherie est aujourd'hui détruite. Sa base amont devait
mesurer 165 m contre 86 m pour la base aval. Le côté méridional est limité par une digue. Cette
chaussée, large de 1 à 2 m, est composée de deux rangées de pieux qui enserrent un amas
composé de blocs de calcaire. L'extrémité aval de la structure est terminée par au moins quatre
entonnoirs, longs de 9 à 12 m, ouverts sur environ 6 m. Les embouchures comprises entre 3 et
5 m étaient terminées par des nasses ou filets. Les poissons descendant le fleuve étaient guidés
entre la berge et le duit pour finir leur course dans ces réceptacles. Les études de restes de
poissons d'eau douce provenant de sites médiévaux et modernes localisés à proximité (Orléans,
Chambord ou Beaugency) montrent la présence de cyprinidés, mais également de brochets, de
perches, d’anguilles ou encore d’esturgeons.
Enfin, un autre duit en aval du pont médiéval « barre » la Loire sur plus d'un kilomètre. Deux
échantillons de bois étudiés proviennent d'arbres abattus dans la toute fin du XIIe s. et au début du
XIIIe s. Au moins deux espaces ont été aménagés sur son tracé pour assurer le passage des
bateaux. La chaussée des duits évolue entre 3 et 6 m.
Les deux duits présents en Loire visent à constituer des chenaux artificiels, puisqu’ils sont
implantés de biais par rapport au cours ; leurs implantations ont pour but premier de favoriser les
activités locales pérennes tout en régulant le flux. Ainsi, le duit placé en amont du pont, en plus
d’assurer aux moulins une alimentation des plus régulières en eau, optimisait l’usage de la
pêcherie, et ce, même en période de basses eaux. Il convient donc d’imaginer un fleuve médiéval
très tôt fortement aménagé et investi, partie intégrante et dynamique de la ville, générateur
d’activités et d’échanges nombreux, source de développement considérable. La présence de cette
pêcherie dans les eaux les plus profondes de la Loire devait aussi être une contrainte importante
pour la navigation. D’une manière générale, se trouve posée ici la question de la suractivité qui
devait caractériser le milieu aquatique, en particulier aux abords du pont où se trouvaient
également les moulins. On doit donc imaginer que le trafic, ainsi que toutes utilisations industrielles
et artisanales du fleuve devaient être soumis à des règles strictes dans l’intérêt de la communauté.
Dans tous les cas, la position du pont d’origine médiévale n'est sans doute pas anodine. Elle
pourrait manifester la volonté du pouvoir comtal de reprendre en main les revenus des activités
liées à cet aménagement d’importance considérable pour la ville. Le plein Moyen Âge (XIe-XIIIe s.)
est l’époque durant laquelle l’homme entretient la relation la plus intime avec le fleuve dont il tire
profit comme jamais.
Circuler et se protéger du fleuve
Quant à la plaine alluviale, son franchissement se faisait par deux ponts qui permettaient le
passage du Cosson et des zones inondables à peu près à toutes les époques. Les deux ouvrages
d'origine médiévale sont mentionnés en 1202 pour les Ponts Saint-Michel et 1299 pour les Ponts
Chartrains, ces derniers étant constitués d'arches et de longues levées.
Plus récemment, le rapport ville/fleuve changera du tout au tout, en partie à la faveur de
l'expansion urbaine. Le déversoir et un réseau de levées sont édifiés dans la plaine alluviale à la
fin du XVIe s. Le souci de se protéger des eaux préoccupe fortement les autorités, ce qui
s'accompagne également du besoin de pérenniser les voies de circulation, notamment par la
construction des « levées » aux XVIIe et XVIIIe s. Leur création modifie profondément et
définitivement la physionomie du trait de rive du fleuve. Ces grands travaux sonnent le début de
l’éloignement par la mise à distance du danger. La débâcle de 1716 et la crue de 1866 entraînent
la destruction du pont sur la Loire et des dégâts considérables sur les Ponts Chartrains. Le pont
sur la Loire, pont Jacques Gabriel, est édifié à un nouvel emplacement. Il est prolongé dans le val
par la grande percée du Berry. Afin de faciliter la circulation dans le territoire urbain, des rues
nouvelles et des escaliers destinés à multiplier les points de communication entre la ville basse et
le plateau sont créés.
Conclusion
L’histoire de Blois montre combien la ville est née du fleuve. La documentation archéologique
permet de suivre sur un temps long, depuis son origine, les interactions des sociétés avec les
entités topographiques et géographiques qui aujourd’hui composent la cité. Elle illustre et montre
les liens étroits des milieux et des territoires terrestres et fluviaux dont les populations et les
pouvoirs successifs ont su tirer partie, parfois même en parfaits antagonistes.
Alors que le fleuve est souvent vécu comme une contrainte aux modes de vie contemporains, sa
réhabilitation et sa réappropriation passent de nos jours par les loisirs, le tourisme et la conscience
écologique des populations qui perçoivent le cours comme un conservatoire ; alors que d’autres y
voient surtout des territoires à urbaniser.

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