Les meilleurs gamers de Suisse se mesurent ce
Transcription
Les meilleurs gamers de Suisse se mesurent ce
Multimédia 34 Le Matin Dimanche | 9 octobre 2016 Les meilleurs gamers de Suisse se mesurent ce week-end à Palexpo Jeux vidéo La première Geneva Gaming Convention est la plus grande compétition suisse d’e-sport. L’ambiance promet d’être électrique lors des grandes finales. Rencontre avec des champions romands. Christophe Pinol [email protected] D epuis quelques années, les fous de jeux vidéo voient les choses en grand. Fini les parties en ligne livrées dans l’obscurité et l’exiguïté de leur chambre à coucher. Dorénavant elles se déroulent au milieu d’arènes géantes rassemblant des dizaines de milliers de spectateurs déchaînés scrutant les tactiques de leurs idoles sur des écrans géants. Bienvenue sur la planète e-sport! Le 29 octobre prochain, pas moins de 18 000 personnes sont ainsi attendues au Staples Center de Los Angeles pour la finale des Worlds, le championnat du monde de «League of Legends». Montant du pactole pour l’équipe gagnante? Un million de dollars. Et ce n’est rien comparé aux 20 millions distribués en août dernier aux gagnants du tournoi The International, à Seattle. En Corée, le phénomène a pris une telle ampleur que les joueurs pros sont reconnus comme de véritables athlètes et assaillis par des hordes de fans. Ce n’est encore pas tout à fait cette folie qui animera Palexpo ce week-end, avec la première Geneva Gaming Convention (GGC) – qui a débuté vendredi et qui se termine ce soir – mais, avec ses 4800 m2 consacrés aux jeux vidéo, la manifestation se présente néanmoins comme la plus importante de Suisse. Le meilleur est à venir aujourd’hui avec les grandes finales rassemblant les gamers les plus calés, en solo ou en équipe. Ils se nomment Dead Pixels, Larssonax ou encore Hofme. Ils sont encore loin de rivaliser avec la renommée des Coréens ou des Américains mais tous rêvent d’atteindre leur niveau de compétition. Même s’ils savent qu’en Suisse c’est plutôt mission impossible. «C’est difficile de monter une équipe ici, nous confie le Lausannois Florian Schaufelberger, alias Spirit, capitaine à 25 ans de l’équipe Doge Esport sur «Counter Strike: G.O.». En France, certains joueurs parviennent à gagner ne serait-ce que 500 ou 1000 euros par mois. Chez nous, rien de tout ça. Au-delà du plaisir personnel, il n’y a pas de motivation. Du coup, les gens abandonnent facilement au bout d’un moment pour privilégier les sorties ou les amis.» Même le champion suisse 2015-2016 de «Hearthstone», Yannick Widmer, 24 ans, Un espace de 4800 m2 consacré aux jeux vidéo, de quoi ravir les gamers venus de toute la Suisse. «Mes parents n’ont «Les filles se crêpent «A 25 ans, je suis un le chignon en permanence. Une équipe féminine dure trois mois max. Avec les garçons, c’est moins prise de tête» vieux pour l’e-sport. Des études prétendent que tes réflexes commencent déjà à diminuer à partir de 20 ans» Yannick Widmer, alias younTheory, champion suisse de «Hearthstone» Aline Dénervaud, alias Medlines, «Counter Strike: G.O.» Florian Schaufelberger, alias Spirit, «Counter Strike: G.O.» jamais compris ce que je faisais. Mais, à force de voir les médias s’intéresser à moi, ils ont commencé à l’accepter» alias younTheory, est logé à la même enseigne. Membre de l’association de joueurs Qualitas Helvetica, et venant de passer un bachelor de technologies informatiques, il hésite quant à son avenir: «Les sponsors sont rares ici. Je pourrais tenter d’assouvir ma passion en France, mais il faudrait que je laisse tout tomber, les amis, la famille…» Domicilié à SaintLégier (VD), il ne sera pas présent à la GGC: il est en ce moment en train de défier la crème des joueurs de «Hearthstone» à Jakarta, pour les championnats du monde IeSF. «Je vise le podium. C’est mon objectif, nous expliquait-il au moment de prendre son avion. «Hearthstone» est un jeu de cartes qui se joue en solo et que je compare souvent au poker. Le facteur chance est important, mais il repose aussi beaucoup sur la stratégie. Ma force? Une facilité à lire le jeu de mes adversaires.» Question adversité, Florian Schaufelberger, lui, a carrément retrouvé les sensations d’un vrai sport de compétition avec son équipe Photos: Martial Trezzini/ Keystone - DR de «Counter Strike». «Je faisais du handball, classé 4e Suisse. Et puis je me suis pété les ligaments de l’épaule deux fois. J’ai alors cherché un palliatif et je me suis tourné vers les jeux vidéo. Etonnamment, au final, j’ai retrouvé les mêmes sensations, la même adrénaline, le même plaisir de se défoncer pour finir premier d’une compétition.» Pour la Genevoise Aline Dénervaud, la problématique est différente. Souvent seule joueuse suisse de sa catégorie, cette jeune apprentie assistante vétérinaire de 22 ans – pseudo «Medlines» –, se retrouve confrontée à un milieu très machiste. «Il y a quelques années, une fille qui jouait aux jeux vidéo était automatiquement cataloguée comme la grosse moche boutonneuse de service, systématiquement exclue des parties. Du coup, quand j’ai commencé à m’incruster dans des équipes de garçons pour des parties en ligne de «Counter Strike: G.O.», je ne me présentais pas en tant que fille. Et puis un jour on m’a dit: «Tu as un bon niveau, viens avec nous on va se faire une LAN.» En me voyant, ils ont tiqué, mais ils ont fini par m’accepter. Aujourd’hui les filles sont mieux tolérées.» Ou presque. Dernièrement, après avoir gagné contre une équipe de garçons, elle s’est quand même vu refuser la poignée de main traditionnelle par l’un des membres de l’équipe adverse. 45 heures de jeu par semaine Mais quid de l’entraînement? A quels efforts doit-on s’astreindre pour atteindre un bon niveau dans l’e-sport? Yannick y passe cinq heures par jour en moyenne. «Mais ça peut monter à beaucoup plus à l’approche d’une compétition. La stratégie ne se prépare qu’en accumulant les parties. C’est là que tu vas apprendre à anticiper les coups de ton adversaire.» Sur «Counter Strike: G.O.», Florian monte à 45 heures par semaine, cumulant les heures passées en équipe pour travailler la stratégie, et les heures en solo pour améliorer sa dextérité au combat. Aline, elle, s’y plonge tous les soirs en rentrant du travail. «Heureusement, c’est sur ce jeu que j’ai rencontré mon copain, un ex semi-pro. C’est lui qui m’a tout appris. Du dimanche au jeudi, on s’entraîne de 20 h à minuit, chacun de son côté. Et rebelote le week-end, mais cette fois ensemble.» Sans compter que, le samedi matin, la jeune femme s’adonne encore au tir sportif. Au vrai celui-là, avec un Fass 90. Quand on a une passion… U LUNDI 22h35 SAISON1– 24HAPRèSDIFFUSION AUXUSA Contrôle qualité J.J.AbramsandLisaJoy © 2016HomeBoxOffice,Inc.Allrightsreserved.HBO®andallrelatedprogramsarethepropertyofHomeBoxOffice,Inc. Publicité