La féminité : Eve - Eglise Protestante du Pic Saint-Loup

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La féminité : Eve - Eglise Protestante du Pic Saint-Loup
EVE, LA MERE DE TOUS LES VIVANTS
La féminité réhabilitée – 1
Date révision : 22/12/2012
Lectures : Ge 2 :25-3 :9 ; 14-16
1. Introduction sur Eve et Marie : les 2 figures de la féminité
Les sociétés occidentales, depuis environ 1 siècle, ont connu d’immenses bouleversements autour
de questions touchant directement au mariage, à la famille, et aux droits des femmes.
Le divorce, naguère presque impossible dans certains pays est devenu de plus en plus facile
L‘autorité parentale est à présent partagée entre les époux.
La contraception permettant le contrôle des naissances s’est généralisée, et beaucoup de pays
acceptent en plus l’avortement.
Les familles monoparentales et recomposées se multiplient.
En parallèle, les femmes ont acquis le droit de vote dans tous les pays, (en France ce fut en 1945
seulement). Théoriquement toutes les professions sans exception leur sont ouvertes, puisque la non
discrimination H/F à l’embauche est à présent inscrites dans la loi. Mais il faut avouer que l’on est
encore assez loin d’une « idéale parité ». Faut-il forcer les choses et faire de la discrimination
positive et fixer des quotas ?
A tout ceci un nouveau débat vient se greffer : un projet de loi intitulé « mariage pour tous » visant
à donner aux couples homosexuels l’accès au mariage, ce qui pose immédiatement le problème de
l’homoparentalité. Ce projet a soulevé toute une série d’opposition ou pour le moins de réserves en
France de la part de Mgr André Vingt Trois, archevêque de Paris, du CNEF parlant au nom des
évangéliques, de la FPF au nom du protestantisme, mais aussi de psychiatres de psychologues ou de
professeurs de droit.. De nombreuses manifestations dans les grandes villes ont eu lieu et sont déjà
prévues pour janvier 2013, essentiellement pour demander au minimum un véritable débat, voire un
referendum. Toutes ces « avancées » sont –elle de vrais progrès pour la société ou en réalité des
régressions ? Qu’avons-nous à dire en tant que chrétiens évangéliques sur toutes ces questions ?
Face à ces questions souvent difficiles il m’a semblé utile de redécouvrir un certain nombre de
textes bibliques sur lesquels nous pouvons nous appuyer, mais comme vous le verrez, leur
interprétation et donc leur actualisation n’est pas toujours aisée. D’ailleurs entre catholiques,
protestants traditionnels ou évangéliques les positions ne sont pas toujours identiques.
Dans telle Eglise les femmes doivent avoir la tête couverte, s’asseoir à part, et ne peuvent ni prier à
haute voix, ni à plus forte raison enseigner. Tel pasteur refuse de prendre la Cène si c’est une
femme qui la distribue. Certaines Eglises, au contraire ont totalement accepté le ministère pastoral
féminin. D’autres vont jusqu’à accepter de célébrer des mariages entre homosexuels.
Faut-il tout rejeter en bloc, ou tout accepter ? Sur de telles questions je pense qu’il faut éviter 2
écueils, ce sont les écueils de la facilité :
 L’un serait de rejeter en bloc tous les apports de la modernité sous le prétexte que cela
« vient du monde » (non chrétien), avec le présupposé que tout ce qui vient du monde est
nécessairement mauvais. Mais il arrive parfois que des non chrétiens aient de bonnes idées,
et que les chrétiens en aient de moins bonnes ! A l’époque de l’affaire Calllas c’est un
incroyant notoire, Voltaire, qui a pris le défense d’un protestant innocent face au parlement
de Toulouse, formé exclusivement de catholiques
 L’autre serait d’accepter tout ce que le monde nous propose, sans esprit critique, en pensant
que l’Eglise en sortira renforcée. Malheureusement c’est souvent l’inverse qui se produit.
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Pour nous, protestants évangéliques, nous savons que c’est dans la Bible, lue avec le présupposé de
son inspiration divine que se trouvent les réponses à bien des questions. Encore faut-il en avoir une
« lecture réfléchie », respectueuse du texte situé dans son contexte, et interprété à la lumière de
l’ensemble de l’Ecriture.
Ce que je vous propose c’est une méditation autour de 2 figures féminines. Il y en a de très belles
dans la Bible. Mais celles dont je vais parler ont une portée universelle, elles touchent l’humanité en
général qui part de la création, passe par la chute, et trouvera un jour le salut en Jésus Christ, et ce
du point de vue de la femme. Ces 2 figures sont Eve que la Bible appelle la « mère de tous les
vivants » ce qui est le sens de son nom, et de Marie, de qui est né Jésus notre sauveur, et que le
concile d’Ephèse a appelé « Le mère de Dieu ». Ces deux figures se font face en quelque sorte, car
par Eve le péché est entré dans le monde, et par le fils de Marie il a été vaincu. Nous lirons à
présent les deux récits de la Genèse qui nous parlent de la création de l’humain pour essayer de les
comprendre
2. La femme dans le 1er récit de la création
Ge 1 : 26 Puis Dieu dit: Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur
les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui
rampent sur la terre.
27 Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme.
28 Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez; et
dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre.
…
31 Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce
fut le sixième jour.
La figure d’Eve n’apparaît que dans le chapitre 2 de la Genèse. Mais il est question de la femme dès
le v 26 du ch 1 !
27 Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme.
Nous sommes au 6e jour, Dieu a séparé la lumière des ténèbres, le ciel et la terre , la terre et les
eaux, puis il les a peuplés d’astres pour le cieux, de plantes et d’animaux pour la terre et la mer,
puis, pour couronner toute cette belle création vient l’homme, créé en son image.
La création de l'homme et de la femme est le fait majeur de la création. Pourquoi ? Le texte nous
donne 2 indices :
. Il y une délibération divine (v 26), c’est la première fois que Dieu parle au pluriel : Faisons
. A chaque étape de la création le texte dit que Dieu « vit que cela était bon » Mais après la
création de l’homme et de la femme Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela était très bon.
Toute la création est bonne, mais l’homme et la femme, créées en son images, en sont le
couronnement. Du coup l’ensemble de la création devient très bon !
La bissexualité participe certainement de cet « être en image de Dieu ». Dans ce premier texte, on
ne notre aucune hiérarchie, aucune antériorité, aucune structure entre les deux genres. L’homme et
la femme, ensemble, forment l’humanité. Celle-ci se décline en 2 genres. Aucun des 2 sexes ne peut
donc prétendre la représenter à lui seul. On parle trop souvent de l’homme (et on pense à Adam)
pour parler de l’humanité dans sa globalité. Non, il vaudrait parler de l’humain.
On peut donc dire que La division de l’humanité en deux genres à la fois égaux devant Lui et
distincts dans ce statut si particulier de « créatures en image de Dieu », est au cœur du projet de
Dieu dans la création. Du coup l’humain devient un être de relation, non seulement avec Dieu qui
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l’a créé, mais aussi avec son prochain, le premier étant celui du sexe opposé avec qui il pourra avoir
une descendance. Mais passons au « second » récit de la création, en Genèse 2.
3. Le femme dans le second récit de la création
Ge 2 : 18 L’Eternel Dieu dit: Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui.
19 L’Eternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit
venir vers l’homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui
donnerait l’homme.
20 Et l’homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs;
mais, pour l’homme, il ne trouva point d’aide semblable à lui.
21 Alors l’Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit; il prit une de ses
côtes, et referma la chair à sa place.
22 L’Eternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme.
23 Et l’homme dit: Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair! on l’appellera femme,
parce qu’elle a été prise de l’homme.
24 C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une
seule chair.
Le1er texte ressemble à une fresque poétique de la création du cosmos en 6 jours, et dont l’homme
et la femme constituent le couronnement. Le 2e texte est un récit pur où les événements se
succèdent. L’homme est créé d’abord, titré de la poussière de la terre, puis il reçoit de Dieu le
« souffle de vie » , mais Le v 18 où Dieu dit :
Il n’est pas bon que l’homme soit seul
C’est ici la 1ère mention négative. L'homme, de par sa création divine, est un être de relation. Il a
besoin d'un prochain, d’un vis-à-vis. La solitude est un manque profond que bien des personnes
vivent de nos jours. D’ailleurs Dieu lui-même n'est pas solitaire, puisqu'il parle au pluriel, la Trinité
est déjà sous-jacente ici. Dieu n’a pas « eu besoin » de créer l’homme, comme pour sortir de
l’ennui ! Il l’a créé afin de pouvoir l’aimer, car Dieu est Amour
1 Jean 4:8 Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour.
Le but premier de la création du couple n’est donc pas d’engendrer une descendance, mais de
répondre au besoin de communication de l’homme. L’homme s'accomplit dans une relation à autrui
car en notre prochain nous retrouvons Son image, pour exprimer sur cette terre notre amour envers
Lui, c’est le sens de 1 Jean 4 : 8 . Il y a donc rapport entre aimer et être en image de Dieu. Or la
relation Homme - femme dans l’amour est la relation au prochain par excellence.
je lui ferai une aide semblable à lui
Ici c’est la similitude qui est soulignée. L'homme comme la femme participent à l'image de Dieu,
ils sont partenaires en humanité ! Le mot "aide", contrairement à ce que vous pensez peut-être, ne
met pas la femme en état d'infériorité. Très souvent c'est Dieu qui vient en aide à l'homme. Dans la
Trinité Christ est soumis au Père, mais ils sont égaux dans la gloire et la divinité.
Mais que penser du « mode opératoire » choisi par Dieu, le profond sommeil d’Adam, le
prélèvement d’une côte ? Le mot hébreu traduit par « profond sommeil » vient d’une racine
primaire qui signifie être endormi, être inconscient, dormir profondément, être étourdi. On ne le
retrouve que dans Ge 15 :12 à propos d'Abraham, il est donc rare. Il ne s’agit donc pas d’un
sommeil ordinaire. Comme dans une anesthésie, l'homme est passif et ne sort pas intact de
l'événement. Quand sa femme lui est donnée, rien ne sera plus comme avant. Au lieu de déplorer la
perte d’une côte, il jubile au contraire dans une sorte d’émerveillement du premier amour : "Voici
celle qui est os de mes os, chair de ma chair "
Mais que signifie le prélèvement de la côte ? Voici ce qu’aurait dit St Thomas d’Aquin :
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"Dieu n'a pas fait la femme de la tête de l'homme pour qu'elle ne domine pas sur lui, ni de ses pieds,
pour qu'il ne la piétine pas, mais de son côté, pour qu'elle soit son égale, sous son bras pour qu'il la
protège, et près de son cœur pour qu'il la chérisse ... "
( Mattew Henry, d'après Saint Thomas d'Aquin )
4. Le couple et le mariage dans le 2e récit
Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair! on l’appellera femme, parce qu’elle a été
prise de l’homme
C’est l'homme qui nomme sa femme ischa, qui n’est que le féminin de Isch qui signifie homme.
Mais il y a un jeu de mot plus subtil avec le mot « côte » : en sumérien côte et vie on la même
racine. Or selon Genèse 3:20 Adam donna à sa femme le nom d’Eve, et ce mot signifie « Vie »
C'est un jeu de mots : Eve a été la mère de tous les vivants.
Ces éléments, ainsi que beaucoup d’autres (l’insufflation initiale, les 2 arbres, le serpent… ) font
pencher pour une interprétation figurative de tout ce récit, dont plusieurs éléments se retrouvent
d’ailleurs dans des texte babyloniens découverts par les archéologues.
Ce texte nous parle donc d’ordre dans le couple, avec une antériorité symbolique d’Adam, mais
ordre ne signifie pas inégalité. Toute communauté qui n'est pas fusion implique une structure, mais
sur quoi repose-t-elle ?
Adam est l’archétype de tous les hommes, Eve celui de toutes les femmes et de toutes les mères. .
Or Adam est créé le premier, et Eve a été tirée d’Adam. Le processus diffère entre les deux. Adam
est tiré directement de la poussière du sol et Dieu l’accueille dans la vie en faisant défiler devant lui
tous les animaux de sa création auxquels il va donner un nom. Dans l’antiquité seul le suzerain avait
le pouvoir de donner un nom. De nos jours seul de découvreur d’une espèce a le droit de lui donner
un nom latin. Eve n’a pas été créé directement, mais à travers Adam. Dieu l’accueille dans la vie en
lui présentant son compagnon qui va s’exclamer : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de
ma chair! Adam a d’abord le regard tourné vers le jardin qui devient « son domaine » mais il se sent
seul, désarmé, il a besoin d’une aide. Eve voit Adam d’abord, elle a les yeux sur lui, c’est ensuite
qu’elle va découvrir le jardin, telle est leur différence.
Mais que signifie cette antériorité symbolique ?
Une première image m’est venue, celle d’un jeu que nous avions fait lors de notre dernier WE. Il
s’agissait d’abord de se ranger par âge décroissant dans une salle, puis de se placer successivement
une couronne sur la tête, des plus âgés vers les plus jeunes.
La couronne représentait le don de la grâce de Dieu, le projet de Dieu pour chacun d’entre nous.
Eve a en quelque sorte reçu cette couronne d’Adam son prédécesseur en humanité et dans le cadre
de l’Alliance que Dieu avait établie avec Adam.
N’avons-nous pas, nous aussi, la vocation de passer une couronne à ceux qui nous suivent ? Le NT
ne nous invite-t-il pas à envisager une filiation spirituelle à côté de la filiation charnelle ? De qui
avons-nous reçu cette couronne de la grâce qui nous a conduit au salut ? Qui l’a portée avant nous ?
Et à qui avons-nous pu la transmettre ?
En fait cette antériorité signifie une responsabilité d’Adam vis-à-vis d’Eve, et cette responsabilité
découle elle-même d’une certaine dépendance d’Eve par rapport à Adam. On a l’habitude de parler
de la supériorité et de l’autorité de l’homme sur la femme, mais antériorité ne veut pas dire
supériorité, mais responsabilité. En réalité l’autorité, si elle a lieu d’être est seconde par rapport à la
responsabilité.
Ainsi les parents sont sur terre avant leurs enfants, ils en sont donc d’abord responsables. Même
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donnés par Dieu les enfants dépendant d’eux. L’autorité est donnée aux parents pour un temps en
vue de l’exercice de leur responsabilité.
De même un chef d’entreprise existe avant le salarié qu’il embauche. L’entrepreneur doit donc se
sentir responsable de ses salariés car, ils dépendent de lui sur le plan économique. En raison de cette
responsabilité, la loi donne de l’autorité au chef d’entreprise.
Ni dans le premier récit, ni dans la notion « d’aide semblable à lui » il n’est question de supériorité.
La prééminence temporelle d’Adam ressemble donc à une sorte devoir de l’ainé envers le plus
jeune, et l’autorité découle de la responsabilité. Malheureusement dans le monde d’après le la chute
l’autorité a pris le dessus, pour devenir domination, voire tyrannie.
Le modèle biblique du couple repose donc sur l’égalité totale des 2 sexes et leur complémentarité,
leur étroite association en toute chose, dans le travail en particulier, mais aussi leur différence et
leur spécificité, donnant à chacun des responsabilités particulières. La femme a l’immense tâche de
transmettre la Vie : son corps comme son psychisme ont été prévus pour cela. C’est la raison pour
laquelle elle a besoin d’un mari qui prenne pleinement ses responsabilités de « Tête de la famille »
C’est à lui de se préoccuper en tout premier lieu de la sécurité et du bien-être matériel et moral des
siens. Une femme qui aide son mari dans ses responsabilités, et un mari qui aime sa femme, en
prend soin et la soutient, tel est l’idéal biblique.
L’homme n’a pas à fuir ses responsabilités, à s’en décharger sur d’autres, et la femme n’a pas à
renoncer à sa féminité, car l’enfant qui viendra, quel que son sexe, a besoin des deux figures
différentes et complémentaires d’un père et d’une mère pour structurer sa personnalité.
Mais poursuivons …
C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une
seule chair
Ce texte est en général considéré comme l’institution du mariage.
Il nous dit d’abord que le couple est une nouvelle cellule sociale dont l’autonomie doit être
respectée par la société. Que de problèmes conjugaux évités si parents et enfants appliquaient cette
clause. Les parents n’ont pas à interférer dans les problèmes du couple de leurs enfants, et les
enfants doivent accepter de se détacher de l’emprise trop forte d’une mère ou d’un père.
Le texte met aussi la sexualité au centre du mariage. et ils deviendront une seule chair
La sexualité signifie littéralement section de l'humanité en mâle et femelle. La différence n'est pas
que physique, elle touche toute la personnalité. Le texte évoque la complémentarité entre les 2
sexes. L’idéal biblique est limpide, et bien loin de ce que l’on trouve dans d’autres cultures, à savoir
la terreur du sexe, ou son adoration, ou les cultes de la fécondité.
C’est leur différence qui fait la valeur de la relation entre un H et une F. Aucun individu n'est
autosuffisant. L'homme est renvoyé vers sa femme et réciproquement. Et cette différence H-F est
aussi en image de notre rapport à Dieu, qui est le tout Autre.
Le seul lieu où Dieu a prévu l'accomplissement de la sexualité est le mariage institué en Ge 2 entre
un homme et une femme et que Jésus rappelle en Matt 19. Mais le mariage est aussi une alliance à
caractère social car quitter son père et sa mère implique une modification du lien social d’où la
définition biblique du mariage: c’est l'alliance (Pr 2:17 ; Ml 2:14 ) sanctionnée par l'autorité en
charge de l'ordre social par laquelle un homme et une femme s'engagent sans contrainte à mener
vie commune et s'unir sexuellement "
Le modèle biblique de la famille est donc du type PME ( Père – Mère- Enfants)
Or ce modèle a totalement volé en éclats depuis quelques décennies, en particulier en raison du
nombre croissant d’unions libres et de divorces. La plupart des naissances se font à présent hors
mariage. La famille monoparentale et les familles recomposées doivent actuellement représenter la
majorité des familles. De plus en plus souvent la personne que l’on aime, celle avec laquelle on vit,
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celle avec laquelle on est marié, et celle dont on a eu des enfants sont des personnes différentes ce
qui va brouiller peu à peu les repères ou les normes que les familles vont laisser à leurs enfants. Ces
désordres auront alors tendance à se reproduire. Ajoutez à cela les problèmes nouveaux liés à
l’homoparentalité et de la PMA… Ajoutez à cela les problèmes nouveaux Modifier la structure de
la famille, c’est comme introduire un OGM dans la société. Nul n’est capable d’en prévoir les effets
à long terme. Autant on a le souci légitime de revenir aux équilibres naturels millénaires entre les
espèces vivantes, autant on est désinvolte face à ce qui structure fondamentalement une société, à
savoir la famille « traditionnelle », lieu de la filiation, elle aussi héritée des millénaires.
Ce que nous propose la Bible dès ses premières pages, c’est le projet éternel de Dieu pour l’être
humain, la seule de ses créatures faite en son image. Ce projet qui unit un homme et une femme qui
pourront engendrer ou adopter est une ligne idéale claire proposée à l’humanité pour son bien et son
bonheur. Hélas bien des chrétiens sont loin de vivre dans cette ligne idéale.
Le divorce n’est pas dans le projet de Dieu, pourtant il existe, pratiquement autant chez les chrétiens
que chez les autre. A cause de « la dureté de leur cœur » Dieu a ordonné à Moïse de légiférer sur le
divorce. Les familles monoparentales existent, elles méritent toute notre attention, mais l’idéal pour
un enfant reste d’avoir un papa et une maman. L’union entre 2 hommes ou 2 femmes n’est pas non
plus dans son projet, pourtant cela existe même chez des chrétiens.
Faut-il, parce qu’ils ne sont pas dans l’idéal biblique rejeter et condamner les divorcés et les
homosexuels ? Certainement pas ! L’erreur pour l’Eglise serait de renoncer à annoncer l’idéal
biblique, et le mensonge est d’affirmer de manière péremptoire que le « mariage pour tous » est un
grand progrès de l’humanité, presque comparable à l’abolition de l’esclavage ou à l’égalité entre
hommes et femmes, qui furent effectivement deux avancées majeures du 19e et du 20e siècle .
Nous ne pouvons absolument pas avoir le même regard sur une union entre personnes du même
sexe et le mariage au sens biblique. Je cite ici Luc Oleknovitch dans le PLV 10/2012
On atteint le sommet de la confusion quand on parle de « mariage pour tous » . Tous ? Entre frères
et sœurs ? Ce « tous » hypocrite noie le poisson de la revendication homosexuelle derrière le
paravent de l’égalité. On peut reconnaître l’existence de couples homosexuels et que des enfants
grandissent dans un tel contexte , mais on n’est pas obligé de dire que c’est ce qui est souhaitable
pour élever un enfant. … Ceux qui veulent taire les mots père et mère « se rendent coupables
d’augmenter le malheur du monde » ( selon une citation d’A. Camus)
Conclusion :
Ce que le premier récit laisse entrevoir, le second récit l’explicite. Le couple est la réponse de Dieu
au besoin de communication de l’humain. Il se fonde à la fois sur la similitude et sur la différence
Le mariage est d’institution divine et précède la chute. La sexualité est un don de Dieu et a sa place
au centre du mariage entre un H et une F. Les enfants seront un don de Dieu au couple, mais ne
sont pas la seule raison d’être du mariage. La cellule familiale est à l’image de l’humanité dans son
ensemble à la plus petite échelle possible (comme une cellule possède l’image du corps entier dans
son noyau) . Il unit les 2 genres, répond au besoin de communication et permet la multiplication
avec tout ce que cela implique. Le couple doit se séparer ce ceux qui les ont engendrés pour
s’épanouir. Tel est le projet que Dieu a conçu pour le bonheur de l’être humain. Sommes-nous de
ceux qui veulent, avec l’aide de Dieu, à la fois annoncer et incarner ici bas cette « ligne idéale » et
jouir du bonheur qui résulte d’une vie familiale heureuse ?
Daniel Wittmann
18/11/2012