OUEST FRANCE

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OUEST FRANCE
❱❱❱❱ ÉVÉNEMENT
LUNDI 21 FÉVRIER 2011
02
LA PRESSE DE LA MANCHE
❱❱❱ La Justice au quotidien
Au cœur du métier de procureur
Mercredi dernier, 14 heures. Rue de la Paix, un jeune de 23 ans, reçoit un coup de couteau à la gorge (voir La Presse de la Manche du 17 février).
L'auteur des faits a disparu. Les policiers qui interviennent avertissent le Parquet. L'enquête commence.
« Cet après-midi-là, on
était pris tous les trois, explique le procureur, Éric Bouillard. Séverine Delacour était
en rencontre avec la juge de
l'application des peines pour
examiner la situation d'un
détenu. Sarah Huet avait
déjà sur le feu l'histoire de
l'Iranien suspecté d'être un
passeur et qu'elle allait présenter au juge en comparution immédiate le lendemain.
Elle traitait en même temps
un dossier qui concernait
plusieurs prévenus, un dossier assez lourd qui aboutira
ce lundi devant le tribunal. »
Le procureur était « un peu
plus » disponible.
« Les premières questions
qui se posent au parquet
sont de deux ordres :
d'abord, donner les moyens
juridiques aux policiers dans
leur enquête pour qu'ils
n'aient pas de risques de
nullité dans leur action. On
fait totalement confiance,
mais il est important d'accompagner leurs démarches
pour qu'ils puissent mener
au bout leur action et leurs
investigations. »
La seconde préoccupation
d'Eric Bouillard cet aprèsmidi-là, c'était l'état de la victime
:
«
Son
état
nécessite-t-il l'appel d'un expert? Y a-t-il risque d'incapacité dans la suite? C'est
une préoccupation d'emblée, parce que, selon la gravité , le cadre juridique peut
changer. N'oublions pas que
nous sommes en présence
de faits graves, et qu'on peut
aboutir à la qualification de
tentative d'homicide. C'est
l'enquête qui le dira. »
L'auteur des faits s'était
enfui. Les recherches policières avaient commencé.
Mais le procureur, suspectant
qu'il n'était plus dans les parages, a fait diffuser un mandat
de recherche.
« Pendant que les policiers
continuent leurs investigations, enquêtent sur ses fréquentations, le contexte de
son quotidien, mon travail
consiste à rechercher dans
nos dossiers s'il y a des indices, vérifier s'il a une affaire en cours, si son fichier
nous livre une adresse que
l'enquête n'aurait pas révélée ».
Il y a un va-et-vient permanent entre le parquet et les enquêteurs.
■ Vendredi après-midi
Vendredi après-midi, l'auteur
du coup de couteau à la
gorge, Cherbourgeois lui aussi,
23 ans, de retour de la région
parisienne où il s'était enfui
deux jours auparavant, était interpellé par les policiers.
« L'affaire ne concerne pas
qu'un seul individu : l'agression du kebab de la rue de la
Paix est liée à un trafic de
drogue et également à un
des faits de violences dénoncés précédemment. Il y a
deux autres personnes à interpeller, ce qui est réalisé
dans la nuit de samedi à dimanche. Et ce dimanche
après-midi (c'est-à-dire hier),
les trois prévenus ont été
présentés au juge pour décision de leur situation avant
leur procès : l'auteur présumé des coups de couteau
a été incarcéré à la maison
d'arrêt, les deux autres, prévenus de violences et de trafic de stupéfiants, ont été
relâchés ce dimanche soir à
19 h 45 et devront se présenter à l'audience de ce lundi,
en
comparution
immédiate ».
■ Dimanche
Hier donc, magistrat de permanence, Éric Bouillard a été
dans son bureau la plupart du
temps du week-end. Affaire
bouclée, pourrait-on se réjouir.
Mais, dans le même temps,
dit-il, « on m'a amené un mari
violent. J'ai présenté au juge
un auteur de violences avec
arme. Le peloton autoroutier
de Valognes est venu faire le
point de contrôles de vitesse
sur la RN 13. Sans compter
ce que j'appelle les affaires
Les trois parquetiers de Cherbourg, et des dossiers.
courantes d'un peu moins
d'importance, mais en ontelles réellement moins ? »
Ce week-end en temps réel,
décrit dans ces lignes, est l'ordinaire des magistrats du parquet, pas plus chargé, pas
plus exceptionnel que les autres jours, les autres weekends. Sarah Huet et Séverine
Delacour évoquaient par
exemple la perturbation qu'apporte dans l'emploi du temps
déjà surbooké des magistrats
la petite phrase d'une fillette
disant « Papa m'a touché ».
L'enfant en danger est une
priorité, et d'emblée il faut
trouver une solution d'attente :
« Est-ce qu'on peut enlever
un enfant à sa famille? La
décision est lourde. »
Et il y a aussi les sorties de
boîtes de nuit, les vols, les
agressions sexuelles, les dégradations et autres atteintes
aux biens, les coups de fils
malveillants, les menaces de
mort, les harcèlements, l'alcool et les outrages aux policiers qui souvent s'ensuivent,
le gamin qu'il faut placer pour
le week-end entre des parents
qui se déchirent,une jambe retrouvée dans les filets d'un bateau de pêche, qui appelle une
recherche d'ADN, un train immobilisé à la suite d'un suicide...
armoires gérées par le personnel du parquet.
■ « Humainement,
c'est très lourd »
« Humainement, c'est très
lourd. On manque de
moyens, cruellement, j'espère que vous le comprenez », disent-ils ensemble. Et
ils font le maximum, c'est-àdire qu'ils sont dans leur bureau tard le soir, bien après la
personne qui ferme le tribunal.
Mais, le manque de moyens
ne se traduit pas par de l'incurie, ils n'accepteraient pas. Ils
ont même augmenté de 20 %
la masse d'affaires traitées,
depuis un an. Et leur souci majeur est la réponse la plus ra-
pide parce qu'elle est la plus
pédagogique, la mieux comprise du public. Ils vivent des
histoires fortes, douloureuses
souvent, divorces, déchirements familiaux, dépressions,
détresses, tout arrive dans leur
bureau, en vagues de vie quotidienne, celle des autres, qui
les assaille. La mort violente
les bouleverse comme tout un
chacun. Inlassablement, ils
sont aux premiers contacts
avec les familles bouleversées,
révoltées ou anéanties. Ils ont
un travail d'accueil, d'explication très important.
Tous les trois, ils font leurs
les paroles de Sarah Huet :
« c'est un métier que j'aime,
que j'ai choisi, qui ne
m'épargne pas. Mais, c'est
pour les familles et pour les
personnes auxquelles on redonne espoir par la reconnaissance
de
leurs
préjudices que chaque matin
on se lève. »
Elle a dans son armoire, ce
qu'elle appelle ses « trésors »,
ces petits mots de mères qui
la remercient de l'aide apportée, d'une certaine sérénité retrouvée. Les enfants la
touchent
particulièrement.
« J'en vois tous les jours. Et
elle ajoute : les seuls mineurs
que je ne vois pas, ce sont
les miens ». Elle est jeune magistrat du parquet, comme Séverine Delacour. Qu'en est-il
de magistrats qui exercent depuis 19 ans, comme Éric
Bouillard, le procureur ?
Le parquetier, qui est-il ?
Le mot vient de « parquet ».
C'était le lieu où se tenaient
les juges et les avocats, sous
l'Ancien Régime. Le parquet,
aujourd'hui, c'est le groupe de
magistrats chargés dans un
tribunal de requérir l'application de la loi au nom de société. A Cherbourg, ils sont
trois, le procureur, Eric Bouil-
lard, 19 ans de magistrature,
et deux substituts, Sarah Huet
et Séverine Delacour, « les
trois mousquetaires à l'inverse » commente le procureur, puisque les trois
mousquetaires étaient en fait
quatre, et eux, les parquetiers,
qui devraient être quatre, ne
sont que trois.
Le parquetier ne condamne
pas, ne décide pas, il présente
au juge ou défère, c'est-à-dire
qu'il traduit un prévenu devant l'autorité judiciaire compétente.
C'est le magistrat du siège,
le juge, qui, président l'audience, décide du sort du prévenu.
Le chiffre des affaires traitées est éloquent : 12 659, rien
qu'au pénal, sur le bureau des
magistrats du parquet de
Cherbourg en 2010, pour trois
magistrats qui doivent les examiner de A à Z avec l'aide de
huit fonctionnaires. Les bureaux des magistrats sont jonchés de dossiers, les coins
des pièces aussi, comme les
J.-P. Yvon et les dessous chocs
de sa Manufacture
Parapluie blindé pour le président Sarkozy. Infos ou intox ? JEAN-PIERRE YVON nous a reçus afin de mettre
un peu les choses au point (poing ?) L'homme des Parapluies de Cherbourg est un tantinet exaspéré par tout
ce qui se dit ou s'écrit et qui « relève parfois du fantasme. » Explications.
Alors ? Qu'en est-il de ce
fameux parapluie blindé
pour Sarkozy et ses gardes
du corps ?
(Excédé) J'ai lu et j'entends
beaucoup de choses à ce
sujet. Bon nombre de propos
relèvent d'élucubrations. C'est
un peu gênant.
Vous nous concéderez
qu'il n'y a pas de fumée sans
feu ?
C'est vrai ! Encore faut-il que
les précisions soient exactes...
Et ce n'est pas le cas ?
Pas toujours et...
C'est justement l'occasion
de rétablir un peu de vérité,
non ?
Écoutez, jusqu'à présent,
aucun journaliste n'est venu
me voir et je n'ai parlé à personne. Vous êtes les premiers
à faire cette démarche. Ce que
je peux vous dire, officiellement, c'est que nous avons répondu à un appel d’offres
émanant du ministère de l'Intérieur en date de juillet 2010
et...
En quoi consistait-il ?
Bon, je peux le dire aujourd’hui. Il s'agit effectivement de concevoir un
dispositif de protection portable et...
En clair, un parapluie ?
(Il sourit.) Tout à fait ! Nous
avons répondu à cet appel
d’offres et nous avons su, par
courrier du 11 octobre, que
c'était la société Mapache
(N.D.L.R. : celle de Jean-Pierre
Yvon) qui avait remporté le
marché.
D'accord, mais ça, c'est un
secret de polichinelle. Tout le
monde en parle !
Pour écrire et dire beaucoup
de choses plus ou moins
vraies.
■ « Presque entièrement
fabriqué
à Cherbourg ! »
Jean-Pierre Yvon s'apprête à présenter, dans quelque temps, le
parapluie conçu pour protéger la garde rapprochée de Nicolas
Sarkozy. Un parapluie qui n'aura rien à voir avec ces tout derniers
nés de la collection du "Véritable Cherbourg."
Facile, non ?
(Toujours très calme.) Pas du
tout ! Dans ce genre de marché, nous devons être très
prudents. C'est ce que je m'efforce de faire. En heure et en
temps, je donnerai tous les détails sur ce parapluie…
■ « Les secrets de la
manufacture ! »
Blindé ?
Mais ça veut dire quoi,
blindé ? Non ! Il ne s'agit pas
d'un parapluie sorti tout droit
du dernier James Bond. Vous
savez, voici dix ans que je
m'interroge sur le parapluie.
En l'occurrence, il protège de
la pluie, mais ne peut-il pas
protéger d'autre chose ?
Et ce prototype, il protège
qui et de quoi ?
Nous avons fait plusieurs
tests concernant sa solidité, sa
fiabilité, sa maniabilité...
Mais vous ne répondez
pas aux questions.
(Il rit ! Étrangement plus détendu !) Ce parapluie devrait
être destiné à servir de rempart
contre certains obstacles.
Lesquels ?
Pour l'instant, tout est encore dans les cartons. Ce sont
les secrets de la manufacture
et...
Alors que pouvez-vous
nous apprendre ?
Que ce parapluie sera vraisemblablement à destination
de la garde rapprochée du
président de la République
et...
Que vous avez rencontré ?
Mais pas du tout ! Encore
des fantasmes !
Et, Carla, son épouse.
Vous lui en avez offert un ?
Bien sûr que non ! Et pourquoi pas le Pape ? J'ai travaillé
et je continue de travailler avec
Creal (Centre de recherches
d'expertises et d'appui logistique) qui a cherché un créateur qui serait capable de faire
un parapluie qui remplirait un
cahier des charges très strict.
Il se trouve que nous avons
gagné l'appel d'offres !
Bon ! La fibre est en kevlar…
Cela pourrait l'être mais... ce
n'est pas le cas !
Vous démentez ce qui a
été écrit ?
Oui ! Sans...
Sans révéler de quoi il
s'agit exactement. L'ouverture du spécimen est ultrarapide ?
Tout est relatif !
C'est ce que l'on appelle la
langue de bois. Vous ouvrez
le parapluie ou quoi ?
Non ! Ce sont des supputations. Vous allez me dire aussi
que les baleines sont en titane
et je vous réponds que tout
cela est possible mais que,
pour l'heure, nous ne sommes
autorisés à ne rien dire.
Secret d'État ?
Non ! Secret de fabrication !
Ce parapluie est évidemment
un marché potentiel extraordinaire. Je peux vous dire, à
vous, que ce parapluie peut
peser près de cinq kilos. Qu'il
est évident qu'il n'est pas destiné à la personne qui se promène dans la rue. Qu'il coûte
environ entre 5 000 et 7
000 euros. Mais surtout, et
c'est là ma grande fierté, qu'il
va être fabriqué quasiment de
A à Z dans les locaux de la
Manufacture à Cherbourg. On
a dit ou écrit qu'il sera d'une
seule couleur ou gris. C'est
faux, il pourrait exister en différents coloris...
Vous parlez au conditionnel. C'est pourtant acté !
Non ! Et c'est cela qui m'irrite. Je suis encore dans le laboratoire. J'ai tous les
ingrédients, le savoir-faire et,
sans même me consulter, c'est
comme si on présentait cette
nouvelle recette sur le menu.
C'est trop périlleux pour moi et
pour tous les gens qui ont du
travail à la Manufacture !
Là, on respecte ! Mais vous
voyez, quand vous voulez...
Propos recueillis
par Annie JEANNE
DU 15 FEVRIER
AU 31 MARS 2011,
L’année des anniversaires
Les 15 ans de la Manufacture. Les 25 ans de
la marque. Les 30 ans de la boutique. JeanPierre Yvon et toute son équipe ont plusieurs
raisons de sabrer le champagne cette année.
Le contrat qui devrait être entériné avec l'Élysée prochainement, rajoute encore quelques
bulles pétillantes dans la vie de ce créateur
complètement incroyable. Pour autant, JeanPierre Yvon n'a jamais pris la grosse te. « Je
viens de décrocher un contrat pour faire le
parapluie de Deauville. Cela faisait longtemps que j'y songeais. C'est chose faite. Le
prototype va sortir dans une quinzaine de
jours. Tout comme les derniers-nés de la
collection du Véritable Cherbourg ! »
A ses côtés, Charles, son fils âgé de 23 ans.
Actuellement, le rejeton travaille en alternance
au groupe Fim et... à la Manufacture où il suit
tous les projets de très près. « Ce qui me fascine, c'est de voir à quel point les choses
changent rapidement. Et puis j'ai cette
chance de pouvoir accompagner un projet
du début jusqu'à la fin. Enfin, j'adore l'ambiance qui règne à la Manufacture. Il y a une
âme dans cette fabrique. Ce n'est pas impersonnel. Du reste, j'ai besoin de connaître
les gens et de les apprécier pour faire un
bout de chemin avec eux. » Et ce bout de
chemin risque fort d'être long pour le futur suc-
cesseur. En effet, après l'obtention de son BTS
en Négociation relations clientèle, Charles se
prépare à faire une licence en management.
« Ensuite, il sera fin prêt à prendre le relais
car il connaît tous les arcanes de notre maison. Et pour cause ! » complète Jean-Pierre
Yvon. Pour l'heure, outre le parapluie tenu secret, Jean-Pierre et Charles savourent un autre
appel d'offres qu'ils viennent de décrocher
avec une entreprise française privée. Quelle
histoire cette Manufacture !
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