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29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 2 LES PRÉAMBULES Toute ressemblance avec un gentil fou, qui aurait pu exister, est vraiment improbable, à moins que ? ******* La photo de couverture du fascicule, n’a aucun rapport avec l’anecdote. Elle n’est que l’image du temps de mes SIXTIES Richard 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 3 LES PRÉAMBULES Emerainville le 4 novembre 2008 LES PRÉAMBULES LES SIXTIES Un monde se réveillait, c’était le début des années 60, une jeunesse découvrait qu’elle existait. Elle s’émancipa en se mettant LE MONDE À DOS . 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 4 LES PRÉAMBULES JUSTE UN PETIT MOT Comment conter une histoire et à qui ? Quand celle-ci parle d’un temps jadis, qui laisse pantois mes enfants et mes petits-enfants. Une nostalgie de solitude s’est installée en moi et dans un songe, je me suis laissé aller vers ces autrefois. Me voilà dans le miroir de mes souvenirs, comme fouillant dans mes archives sans aucune chronologie de temps, une succession de flashs, visions d’instants, mélanges de paroles, de visages, de lieux flous qui cherchent à s’éclaircir, mais qui s’embrument d’un autre temps, brassage de sentiments, mélancolie joyeuse, mélancolie lassante, mélancolie de regret. Je vais, de mon présent, errer dans mon passé, la tête sur l’oreiller, je voyage dans le monde de ma vie où je crée une légende, un fragment d’un temps que l’on a appelé les sixties, mes sixties, mon monde des Gentils Fous, enfin tout ceci n’est qu’une histoire sans réalité que je raconte bien souvent à mon Miroir. Une vérité s’efface pour devenir un conte. Mais avant cela un peu d’histoire celle d’une époque, enfin l’histoire vue des yeux d’un ado. Le Piaf 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 5 LES PRÉAMBULES MANHATTAN « Ok ! On y va ! » Imaginez Paris, sa banlieue qui sort de ces années cinquante, Paris ne change pas comme on dit : Paris sera toujours Paris, mais sa banlieue prolétaire, faîtes de masures, de fumée d’usine, pigmentées d’immeubles boiteux de petits pavillons bâtis bien souvent de meulière, possédant de ridicule petit jardin juste de quoi y voir fleurir un lilas qui déborde chez le voisin ou s’écrase contre un mur. Banlieue où les familles s’entassent dans les vieux quartiers aux logis insalubres, exiguës. Dans les rues traînent les gosses qui ne connaissent de la nature qu’une parcelle de bois à l’autre bout de leur monde et des parcs aux pelouses interdites. Pire encore des bidonvilles fleurissaient sur la zone un peu partout autour de Paris, cela faisait bien des années, que l’abbé Pierre avait crié « au secours » sur les ondes de Radio Luxembourg pour les sans logis. Alors les grands maîtres de l’architecture, poussés pars les politiques ont imaginé des cités de béton, du vite-fait bien- ait, pas cher et si possible loin des beaux quartiers parisiens et de sa banlieue bourgeoise. Une conception rudimentaire. Des barres verticales ou horizontales, (Bâtiment d’habitation (type Habitation à Loyer Modéré) parallélépipèdes allongés, bétonnés, ni moches, ni implantés dans un vide d’espace sans âme. Dans le début des années 60, ils ont poussé de partout comme des champignons, qui des décennies plus tard deviendraient des champignons venimeux, mais cela est, une autre histoire. beaux, mais d’une froideur colossale) 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 6 LES PRÉAMBULES Dans les pages qui suivent, je vais vous conter l’histoire de l’une d’elle, celle qui est située sur ma commune dans la zone appelée le haut Montreuil, pourtant elle était implantée sur le bas du versant côté de Rosny, érigée dans une rase de champs où le rien entourait le rien, comme rejetée du centre de la ville. Cette cité, ma cité se nommait et se nomme toujours : « La cité du Morillon ». 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 7 LES PRÉAMBULES Mais mon histoire n’est pas celle des murs de cette cité, mais des âmes qui sont venues y donner une vie et surtout celles des ados que bientôt on surnommera : « Les Gentils Fous » Et parmi eux, cinq se nommaient, les : «THE KING » 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 8 LES PRÉAMBULES C’était le nom d’un groupe anglais, des idoles pour eux et être les rois ce n’était qu’un fantasme et comme disait Sylvain : « Nous sommes les rois ! Mais les rois de quoi ? Je vous laisse deviner ! » Pour pénétrer cette cité dans ces premiers jours, laissons conter le sentiment d’un jeune qui y débarque. SYLVAIN « Putain ça vous fout le cafard, j’ai comme l’impression d’être un lézard qui serpente entre les barres de cette cité nouvelle. Il n’y a pas un rat, pas un rad, pas de PMU. Tout ça renifle la peinture fraîche, le plâtre, l’humidité, ça pue le neuf, pas la sueur. Il y a un courant d’air pas possible, le vent fait joujou entre les barres, mais merde ! Qu’il aille jouer ailleurs, ce con, j’ai froid. C’est d’un calme à foutre les boules, pas un morveux qui chiale ou qui pisse contre le mur, pas de bécane qui pète et qui schlingue l’essence. Mais putain où sont passés les prolos de ma rue, l’homme au mégot et son balai aux poils d’arbre, la mère jacasse sur son bout de trottoir, Ginette la gosse aux gros lolos, Jean le mécano accroché au zinc du bistro, Mémé la soupe qui traîne son cabas sur le pavé et la gueule de la proprio qui trouvait toujours que les escaliers n’étaient pas assez cirés. Mais putain qu’est-ce que je fous ici ? » 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 9 LES PRÉAMBULES C’est ainsi qu’il découvrit sa cité un jour d’avril, émigré des bas quartiers vétustes, dans les hauteurs d’un monde nouveau parmi les premiers arrivants dans ce lieu où les barres et les tours changeaient le paysage de sa vie. Quand il avait levé le nez vers les trois tours inhabitées, en lui il avait murmuré : « C’est Manhattan ! » De l’Amérique il n’en connaissait rien ou si peu, « les ricains » comme disait son père « ils pètent plus haut que leur gratteciel ». Mais pour lui c’était le bout du monde celui des pin-up, du chewing-gum, des grosses bagnoles, du rock Elvis Presley, Little Richard, Ritchie Valence, celui du ciné de James Dean, de Steve Mcqueen. L’Amérique allez savoir pourquoi, pour lui c’était un bout de la statue de la liberté, un sucre d’orge à sucer. Mais de qui je parle ; Ha oui j’oubliais : De ce jeune garçon Sylvain Desrue, déraciné de son quartier, moitié rêveur, moitié rebelle juste de quoi exister. C’était un de ces adolescents, qui arrivait dans la cité du Morillon. Qui d’un froid de solitude ne voyait que du béton qui poussait dans un ciel maussade, cachant l’horizon où il aurait pu y poser ses espérances. Tout cela était juste avant que se crée le monde des Gentils Fous ! 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 10 LES PRÉAMBULES LES LIEUX Bon ! Je vais vous situer les lieux, pour ne pas vous égarer dans la lecture, car nos Gentils Fous avaient des potes partout. Les Castors La cité des Morillons se situait parmi d’autres cités comme celle éloignée des Castors, la première implantée dans le début des années cinquante, gardait encore un côté campagne. Castor : « petit animal qui construit sa maison avec sa queue » C’était pour faire drôle que nous disions cela, enfin eux il ne riait pas, nous si ! Mais pourquoi cette allusion à ce petit animal, un peu d’histoire : Ces bâtiments avait été érigé avec l’huile de coude de ces futurs habitants, des pionniers arrivés de je ne sais où, ouvriers, lampistes de bureau, il paraît qu’ils étaient un peu Catho. Ignare aux problèmes de la construction, mais sous la conduite d’un architecte avec courage et la foi, ils ont bâtit leur bien. Chapeau Messieurs ! Ma révérences mes Dames. 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 11 LES PRÉAMBULES Malgré cette construction en barre dans un espace descendant avec un pré arboré et chamarré de couleurs suivant les saisons. Ces bâtiments en toits de tuiles, en murs de meulière, gardaient en cela ce quelque chose de rustique qui ne déplaisait pas aux yeux mais qui laissait présager la rudesse des cités à venir. De plus ce domaine longeait le grand parc à moitié sauvage ce qui donnait, au printemps une impression de petit village au milieu d’une verdeur qui n’existait pas ailleurs. Le parc Montreau Le Parc Montreau s’étalait sur quelques hectares, allant dans sa plus grande longueur du haut du mont de Montreuil jusqu’à la descente vers les champs de Rosny là où les Morillons virent le jour, dans son autre longueur il s’étirait des Ruffins jusqu’au plateau de Babeuf. Ce parc était bordé d’un mur de pierres dégoulinant de pariétaire ou de grilles aux barreaux de fer aux sommets pointus. No Man’s Land agrémenté de boqueteaux, ensemble préservé à moitié sauvage, une sorte de poumon vert, bouffée d’oxygène dans ces lieux grisailles. Ce parc possédait deux étangs où se miraient les grands chênes. Des grandes allées soigneusement entretenues, et des layons serpentaient dans un maquis épineux, en son centre un grand espace concave comme un champ de luzernes ou de sain foin que nous nommions la cuvette, là où les gens du bas Montreuil venaient en été, étendre des couvertures et prendre le soleil en pique-niquant. 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 12 LES PRÉAMBULES Les Ruffins Les Ruffins possédaient aussi leur cité, situé à l’angle du parc sur son haut, vers le lieudit des Grands Pêchers, bien plus petite que le Morillon et plus ancienne, elle gardait encore un aspect familial. Ces barres de béton avaient ceci d’original : les façades de cages d’escalier se parait de deux gros hublots par niveau ce qui donnaient à chaque barre l’allure de gros paquebot. Les Claires Maisons Collée aux Morillons se trouvait, déjà ancienne de trois ans avant la finition des Morillons, la cité des Claires Maisons, l’enclos et son architecture semblaient lui donner un rien de plus riche, de plus précieux, de plus hautin. Ceci était peutêtre dû aussi à ses habitants qui possédaient une petite fierté, parfois dédaigneuse, de ne pas être des Morillons. La cité des Morillons était la dernière des lieux, le béton encore frais, attendait ses locataires. Les habitants Les camions de déménagement succédaient de jour en jour aux camions de déménagement. La cité fantôme des courants d’air voyait arriver son lot de migrants, comme des âmes égarées dans un milieu sans passé, sans histoire, sans mémoire. Mais ces êtres s’ébahissaient devant ce grandiose architectural bétonné, tout respirait le neuf, la propreté, l’espace les étourdissait peut-être, loin de leur taudis et de 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 13 LES PRÉAMBULES leurs rues sombres, tout cela leur donnait un semblant d’une nouvelle existence, un semblant de respectabilité, il possédait ce sentiment, comme l’on dit vulgairement : de devenir quelqu’un. C’est ainsi qu’arriva après la famille de Sylvain Desrues, la famille Lautier, puis échoua la famille Bombard, s’installa la famille Tadier, débarqua la famille Roubillon, s’implanta la famille Beaugars, se fixa la famille Lestoubette, émigra la famille Vristiani et bien sûr bien d’autres, mais si je cite ces familles-là, cela n’est pas un hasard, c’est que, tout bonnement parmi les enfants qui les composait, se trouvait un où plusieurs ados que le temps venu, transformeraient en Gentils Fous. Des familles venues du bas Montreuil, du quartier Robespierre, de la Croix de Chavaux, des alentours de la mairie, des terres du plateau des maraîchers, limitrophes de Romainville. Puis ceux des fibros, préfabriqués situés près de la décharge, prêts à être rasés pour y construire un hôpital. Enfin pauvres et modestes familles regroupées dans la modernité de ces HLM, appelé peu de temps après : Les cités dortoir. Les Gentils Fous Ainsi Damien Lautier, Sébastien Bombard, Yves Tadier, Paul Roubillon, Jean Bernard Lestoubette, Ricardo Vristiani, Eric Beaugars sans oublier Sylvain Desrues ces jeunes éphèbes allaient devenir la racine des Gentils Fous. 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 14 LES PRÉAMBULES D’autres ados, des cités voisines, se joignirent aux Gentils Fous comme Frédérique Louviers et Jean Michel Tarta des Claires Maisons, Dominique Lescien, Jean Jaques Machallant, Clément Mathéos, Alain Legouarec des Castors. Autour de ce noyau dur gravitaient des satellites, électrons libres, attirés comme des aiguilles d’une boussole vers le nord, sauf qu’eux, les Gentils Fous, le nord, ils le perdaient facilement. Mais les vrais mousquetaires de ce petit clan ; les meneurs les agitateurs, les créateurs, les rêveurs ceux connus et reconnus pour leurs délires et leurs frasques n’étaient qu’autres que ceux du cercle fermé qui se nommait les « KING » Yves dit Laplume, Frédérique dit Frédo, Sylvain dit Latartine, Alain dit Alain, Jean Bernard dit Jean B tous les autres n’étaient que des Gentils Fous. Comment ils se sont connus ! Ho la, la, cela serait trop long à vous expliquer mais essayons d’être rapide : Frédo des Claires Maisons et Jean Bernard Legouarec dit Jean B, avaient émigré des Fibros, ils étaient potes depuis bien longtemps. Jean B créchait au troisième du 16 place le Morillon, allez savoir pourquoi sa famille n’avait pas emménagé aux Claires Maisons comme celle de Frédo, cela était un mystère. Au quatrième du même bâtiment demeurait Sylvain. Un jour dans l’escalier ils se sont croisés Jean B demanda à Sylvain : 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 15 LES PRÉAMBULES « C’est toi qui joue de la gratte tous les soirs ! » Sur ses gardes Sylvain lui répondit : « Pourquoi ça t’gène ! » « Non c’est plutôt « bate » ! Mon père parle de crincrin, ma mère dit que c’est de la musique de dégénéré, Mais moi je trouve ça top du top ! Si tu peux jouer plus fort, ça emmerderait mes parents, ce serait pas pour me déplaire » « T’occupes mec s’il y a que ça pour te faire plaisir ! J’vais laisser tomber la sèche, pour l’électrique ! Méga décibel oblige ! Ils en auront plein les oreilles tes vieux ! » Ainsi se noua le premier contact, puis Jean B présenta Frédo à Sylvain, qui lui avait déjà sympathisé aux Claires Maisons avec Jean Michel Tarta, qui lui avait rencontré Clément des Castors aux cours de judo, Clément connaissait depuis l’école tous les ados des Castors, Dominique des mêmes Castors avait rencontré à la messe, Ricardo des Morillons, le même Ricardo qui draguant la voisine de Yves l’avait croisé dans le hall lui demandant si s’était sa sœur, Yves lui répondant qu’il n’avait que deux frères à lui proposer, le rire les a unis. Yves pour son travail prenait chaque matin le bus jusqu’a la Mairie de Montreuil et dans ce bus il se lia d’amitié avec Sylvain qui le présenta, un peu plus tard Jean B ainsi la 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 16 LES PRÉAMBULES boucle fut bouclée les amis des uns devenaient les amis des autres. L’ÉPOQUE Tout cela se passait au tout début des années soixante. Comment commence l’époque des Yéyés, cela est aussi un long récit, que je vais m’efforcer également d’écourter du mieux que je peux et en l’évoquant à ma façon. Depuis les évènements de novembre de l’année 1954, la France envoyait sa jeunesse en Algérie pour un maintien de l’ordre qui cachait une guerre pour une bonne cause et qui allait devenir une mauvaise. C’était comme si nos hauts dignitaires avaient craqué volontairement une allumette pour brûler l’âme d’une jeunesse en lui faisant perdre sa flamme. Des cendres de cette jeunesse sacrifiée allait naître cette jeunesse émancipée prenant compte de leur existence En 1959 la guerre d’Algérie perdure, les troufions ont l’oreille collée à leur transistor, seul lien qui les relit au continent à une vie qui court son ordinaire, les ondes de la radio deviennent le battement de leur cœur, une famille qui les éloigne de la solitude et de l’incertitude du lendemain. La station radio d’Europe N° 1 en fin d’année 59 décide de créer une émission destinée pour les jeunes, rien que pour les jeunes. A cette époque le rock était balbutiant en France, les radios passaient les bonnes vielles chansons de papa et maman, un rien d’excitant pour un monde d’adolescents, qui 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 17 LES PRÉAMBULES s’ouvrait d’un vent d’Amérique, un rêve quoi ! Donc le rock s’arrêtait aux oreilles des initiés. Salut les Copains débuta dans le bas de l’audience pour en atteindre les sommets cela commença par du Brassens, Aznavour, Dalida, Brel des chansons à textes puis, cette émission mené par Daniel Filipacchi et Franck Ténot lancera la vagues des yéyés : Hallyday, Eddy Mitchell, Richard Antony, Sheila, Sylvie Vartan. C’était une heure à part, un petit goûter savoureux pour oreilles de fin d’après-midi, un coin de vie à nous, entre-nous et le transistor des ondes d’affranchissements, nos chansons, nos chanteurs, nos chouchous, nos hits parades, plus qu’une messe, c’était un hymne à la liberté. La station allait recevoir plus 400 000 milles lettres par semaine, nous existions, cela se traduisit en 1963 par cet immense rassemblement place de la Nation, le Podium d’Europe N°1 nous offrait en plein air le plus grand spectacle jamais réalisé gratuitement « Salut les Copains en chair et en os » Nous avons scandé ce soir-là en entendant les artistes : « Yéyé ! Yéyé ! Yéyé ! » (Ainsi sont nés les « yéyés ») Si fort que l’écho en fit trembler l’Elysée et mit en branle les rédactions des quotidiens. Un tsunami de plus de 100 000 à 200 000 jeunes déferlait d’une ivresse de liberté cela les effrayait, la nouvelle vague des années cinquante était submergée, la liesse était immense cela frôlait l’émeute. Certains ont crié au scandale, à la débauche, leur morale semblait s’écrouler, ils ne savaient plus comment dompter ces fauves qui étaient leurs enfants. 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 18 LES PRÉAMBULES Ce jour là ! La jeunesse avait pris son pouvoir ! Et cela, pas n’importe où : « Place de la Nation ! » De là, à dire que nos ados, nos Gentils Fous étaient des sans culottes, des révolutionnaires, non ! Leur révolution n’était pas encore gagnée, les lendemains qui déchantent avaient repris leur gris du labeur. Quoiqu’il en soit, il restait cet embryon d’émancipation, voyaient-ils le bout de la ficelle de la grande consommation, que les grands méchants loups de la communication leur préparaient. Non ! Tout simplement ils voulaient sucer la moelle de cet espace de liberté qu’ils croyaient s’être créé. La plupart, de nos Gentils Fous, avaient presque tous plus usés sur les bancs des écoles, leur fond de culotte, qu’ils n’avaient usé l’instruction, mais ils leur restèrent cette intelligence malicieuse qui, loin d’en faire des dieux, n’en faisait pas moins des princes de la démerde : Ils avaient gravé sur leur front qui n’était pas celui du Panthéon de l’acropole Aide-toi ! Toi-même ! Et fait pas chier les autres ! Il y avait du bleu dans leurs yeux et de la fumée d’usine aussi. 29/11/2014 SIXTIES LE MONDE À DOS Page 19 LES PRÉAMBULES Comment vous raconter ces temps-là, ce n’est pas comme une histoire qui se déroule d’une date à une autre, ce sont des moments qui s’entrecoupent et qui s’isolent d’une petite histoire, elles se content indépendamment des autres pourtant elles font partie d’un tout, et le tout est l’histoire des Gentils Fous, heu….. et plus précisément des King. Ha oui, vous vous demandez qui je suis : L’un d’eux, mais lequel ?