Vers un Etat de droit, les conditions pour les élections libres, fiables
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Vers un Etat de droit, les conditions pour les élections libres, fiables
Séninaire international sur la gestion de la transition en République démocratique du Congo Vers un Etat de droit, les conditions pour les élections libres, fiables et transparentes en République démocratique du Congo Par Madame Angélique Muyabo Kalenda Nkulu Député et Ancien Ministre de la Justice D e prime abord, nous félicitons l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) qui, à l’instar de l’ONU, de l’union Africaine, de l’Union Interparlementaire et d’autres Organisations non gouvernementales internationales déploie d’énormes efforts pour apporter son soutien au renforcement des institutions oeuvrant au plan national à la prévention et au règlement des conflits, ainsi qu’à la consolidation de la paix. Il nous incombe également de nous acquitter d’un double devoir, celui de remercier les organisateurs des présentes assises pour nous avoir associée à ces travaux et pour avoir décidé de les organiser à un moment opportun c’est-à-dire au moment où l’anxiété gagne les cœurs des uns et des autres face aux objectifs de la transition et aux défis du respect des délais impartis. Cette anxiété qui pousse les uns à crier leur inquiétude, d’autres à élaborer une feuille de route pour les élections et d’autres encore à la contester pour n’avoir pas respecter les principes du consensus préconisé par l’Accord Global et Inclusif et confirmé par la Constitution de Transition. En effet, nous sommes heureux de constater que séminaire international sur la gestion de la transition en République Démocratique du Congo ambitionne d’examiner, par une approche comparative, l’ampleur de la tâche évolue aux institutions de la transition, les difficultés de parcours et d’exercice en vue de renforcer ou de corriger les solutions préconisées et mises en place pour permettre à la transition de se dérouler dans les conditions optimales et dans les meilleurs délais. Cela nous paraît judicieux lorsqu’on pense au fait que la République Démocratique du Congo connaît la transition la plus longue du Continent Africain, depuis qu’elle s’est engagée sur la voie de la démocratisation, en avril 1990, et que l’on sait pertinemment bien qu’elle souffre du déficit de légitimité, et de violations massives des droits de l’homme renforcées par les conséquences désastreuses de plusieurs années de guerre ; et aussi que l’établissement d’un ordre politique et institutionnel apparaît avec certitude comme la voie obligée pour mettre fin à la crise multiforme que connaît ce pays. La Conférence nationale Souveraine l’a clamé haut et fort. Elle a adopté des résolutions adéquates sans pour autant avoir le temps nécessaire pour les exécuter ni pour répondre à une question pertinente posée par son Rapport général, Feu, Maître Kinkela qui cherchait à connaître le sort des conclusions de leurs travaux si quelqu’un venait à prendre les armes pour conquérir le pouvoir. K i n s h a s a ( R é p . d é m o c r a t i q u e d u C o n g o ) , 2 6 - 2 8 a v r i l 2 0 0 4 133 Séninaire international sur la gestion de la transition en République démocratique du Congo Voilà que plusieurs années après, les Négociations Politiques du Dialogue Inter congolais dénoncent les mêmes faits, condamnent le système politique fondé sur le monolithisme ainsi que le pouvoir acquis par la force. L’article 11 alinéa 5,6 et 7 de la Constitution est formel sur ces points. Tout cela montre à suffisance l’intérêt de l’accompagnement du processus de la transition par la Communauté Internationale et l’importance des institutions Citoyennes d’appui à la démocratie ainsi que celle des travaux de ce séminaire international sur la gestion de la transition démocratique en RDC. Certes, il ne suffit pas de créer des institutions en imitant l’expérience des autres pays ni de les doter des instruments juridiques déterminant leur organisation, leurs attributions et leur fonctionnement, ni encore de leur donner des appuis matériels imaginables, faut il encore qu’elles jouissent des conditions nécessaires pour réaliser un véritable travail de construction démocratique et institutionnelle ; d’approbation du rôle du fonctionnement et de leur place dans ce nouvel ordre politique et institutionnel. Faut il également qu’elles soient animées par des personnes ressources compétentes et soucieuses de leur imprimer une action performante pour le bien être de toute la population. L’expertise et les exigences de qualités morales s’imposent pour arriver au but pour lequel ces institutions avaient été mises en place. Car, nous ne devons pas oublier comme le souligne si bien Monseigneur Monsengwo qu’en « Démocratie, une élection n’est pas une fin en soi, mais l’aboutissement d’un processus démocratique au cours duquel sont intériorisées les valeurs fondamentales de la démocratie, notamment l’alternance au service du peuple, l’égalité des citoyens devant la loi, la primauté du droit, l’égalité du traitement du citoyen par les services publics, le droit du citoyen à la vie, à l’information et à la vérité, le bannissement de la tricherie et de la corruption dans les moeurs politiques, bref, le respect de toute une éthique politique, économique et social trouble et malsain »2 En effet, s’il est important de préparer les élections démocratiques libres, fiables et transparentes, il est également important de préparer la période qui suit les élections. Car nombreux sont les exemples des élus contestés ou assassinés. La conscientisation et l’éducation politique de la population sont de préalables incontestables, dans un pays qui se caractérise par une crise socioéconomique sans nom et par une population constituée en majorité des analphabètes. Tenant compte du sous thème soumis à notre examen, nous allons orienter nos réflexions sur trois points essentiels : 134 I. II. Principes et valeurs démocratiques Conditions pour les élections libres, fiables et transparentes. 2 Monsengwo Pasinya cité par le Professeur Irung Tshitambal Clément dans son article « les élections questions » paru dans Zaïre Afrique n°285 de septembre 1994, page 397. K i n s h a s a ( R é p . d é m o c r a t i q u e d u C o n g o ) , 2 6 - 2 8 a v r i l 2 0 0 4 Séninaire international sur la gestion de la transition en République démocratique du Congo III. Conditions de réussites du mandat et fonctionnement de la Commission Electorale Indépendante. Principes et Valeurs démocratiques Des instruments juridiques internationaux les proclament et les lois nationales les intègrent. Le problème qui se pose est celui de leur mise en œuvre effective afin d’éviter que les droits et libertés garantis ne deviennent illusoires. Les délégués des composantes et entités au dialogue Intercongolais ont, entre autres principes et valeurs, réaffirmé leur attachement à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et de tous les instruments juridiques internationaux qui prônent les droits civils, politiques, économiques et socioculturels ainsi qu’à l’égalité de tous les citoyens sans aucune distinction. Ils ont également réaffirmé le caractère démocratique de la RDC, fondé sur la souveraineté du peuple, le respect des droits humains et des libertés fondamentales, le pluralisme politique et la primauté du droit. Ils ont en outre décidé que les affaires publiques devraient être conduites selon les principes de transparence et de bonne gouvernance. Ce qui implique notamment la nécessité de contrôle et s’il échoue, des sanctions exercées par un organe indépendant. Le problème, à ce niveau demeure celui des moyens pour exercer effectivement ces sanctions. Ils ont enfin affirmé que nul ne peut accéder ou se maintenir au pouvoir par la force ni par la voie des armes. Tout mode d’accès au pouvoir doit être organisé par des voies démocratiques, sans oublier que tout citoyen a le droit de participer directement ou indirectement et librement au choix de ses dirigeants. Qu’il peut se faire élire à tous les niveaux lorsqu’il remplit les conditions prévues. Ces principes contenus dans l’Accord Global et Inclusif, et tant d’autres, trouvent leur prolongement dans les dispositions constitutionnelles. Leur but est sans nul doute de mettre fin à la crise de légitimité et de conduire la RDC vers un Etat de droit. C’est-à-dire un Etat qui consacre la bonne gouvernance, le respect des droits humains et où le peuple se choisit ses dirigeants par la voie des élections libres, fiables et transparentes. C’est pourquoi l’Accord Global et Inclusif a préconisé la mise sur pied des institutions classiques et consacré le partage de ses responsabilités ou du pouvoir entre les protagonistes de la Crise Congolaise. Les acteurs politiques sont tenus d’œuvrer pour la réalisation des objectifs de la Transition et de respecter à la fois l’esprit et la lettre aussi bien de l’Accord Global et Inclusif que la Constitution de la Transition jusqu’à la tenue prochaine des élections démocratiques à tous les niveaux. Pour donner plus de chance à la transition, le Dialogue Intercongolais a créé cinq institutions d’appui à la démocratie dont celle qui intéresse cet atelier à savoir la Commission Electorale Indépendante. K i n s h a s a ( R é p . d é m o c r a t i q u e d u C o n g o ) , 2 6 - 2 8 a v r i l 2 0 0 4 135 Séninaire international sur la gestion de la transition en République démocratique du Congo En ce qui concerne la réalisation du mandat de cette Commission, plusieurs questions se posent notamment : Que doit elle faire et quelle est sa tâche ? La réponse est indiquée dans sa loi organique. Les difficultés se trouvent au niveau de la manière dont elle va s’y prendre pour accomplir son mandat sans entrer en collision avec les institutions classiques, mais aussi d’amener toute la population à s’impliquer dans la transition. Cela est important, lorsqu’on sait que la population est fatiguée, non seulement de la crise, mais aussi du discours creux et souvent démagogique étayé par des slogans dépourvus de sens dans la pratique. Elle craint les fraudes électorales et n’a pas confiance dans les animateurs politiques. Comment la CEI pourra t elle réussir face aux pressions politiques, économiques et socio culturelles ? Ce qui renvoie au problème des exigences de qualités morales des membres de la CEI, mais aussi des institutions classiques. Une autre question est celle relative aux normes sur lesquelles la CEI va organiser le processus électoral dans toutes ses étapes et en assurer le contrôle à la satisfaction de tous. Cette question est partiellement résolue avec les textes constitutionnels et légaux déjà adoptés par le Parlement. Il reste à élaborer la loi électorale dont le contenu est soumis à l’appréciation de cet atelier. Mais, avant cela, il y a lieu d’adopter celles de l’organisation territoriale et administrative décentralisée, de l’armée et de la sécurité du territoire, des personnes et des biens. Quant aux critères relatifs aux élections libres, fiables et transparentes, il suffit de se référer à ceux fixés par les instruments juridiques internationaux et de consulter les textes antérieurs préparés par la CNS en vue de leur adaptation. Cela nous a conduit au développement du deuxième point de notre exposé qui est consacré aux conditions des élections démocratiques. II. Conditions pour les élections libres, fiables et transparentes A. Conditions préalables. Il est unanimement admis que les élections libres qui conduisent à une démocratie libérale constituent un processus et que celui-ci n’est pas facile. Au contraire, il est sujet à déboires. Wolfang Heinz note que « certains de ces déboires sont dus au fait que les vainqueurs de la lutte pour la liberté, les nouveaux leaders démocratiques, ainsi que les nouveaux partis et mouvements politiques manquent d’expérience ». 136 K i n s h a s a ( R é p . d é m o c r a t i q u e d u C o n g o ) , 2 6 - 2 8 a v r i l 2 0 0 4 Séninaire international sur la gestion de la transition en République démocratique du Congo Il cite, au titre d’illustration, les succès remportés par les néo communistes aux élections pour rendre compte du gouffre séparant le professionnalisme de leurs campagnes politiques et des efforts produits par leurs opposants démocratiques3. Pour notre part, nous pensons également au succès, au maintien ou au retour sur la scène politique des leaders charismatiques des régimes africains monolithiques tant décriés, et cela, en dépit de l’affirmation des principes et des valeurs démocratiques dans les constitutions et dans les constitutions et dans les lois et aussi de l’organisation des élections libres, soutenues par les puissances étrangères et contrôlées par la présence des témoins nationaux et des observateurs internationaux. (Cas du Bénin, du Gabon, du Congo Brazza et du Togo, etc.) Cela doit interpeller les participants à cet atelier dans leurs réflexions. Ils doivent se focaliser sur la problématique de l’organisation des élections et celle du contrôle avant et après le processus électoral. Car, comme le précise Madame Annemie Neyts, membre du parlement Belge et du parlement Européen, le contrôle d’une élection ne se limite pas au vote et au dépouillement. Il fait partie intégrante du processus électoral dans son ensemble et garantit une élection correcte et équitable 4 En effet, quintessence de la démocratie moderne, l’élection est par essence indissolublement liée à la liberté, assise indispensable de tout régime politique qui se veut démocratique5 Il s’agit des libertés d’association, d’expression d’opinion, de se choisir ses dirigeants et de les contrôler, etc… Mais la liberté ne peut avoir un caractère absolu, si l’on veut éviter l’anarchie. Elle doit s’exercer dans les limites des règles définies et acceptées par tous. Néanmoins, les restrictions apportées à l’exercice de la liberté ne peuvent toucher à la substance des libertés proclamées et garanties. B. Conditions proprement dites Elles sont nombreuses et se rapportent à toutes les étapes du processus électoral. Il est souhaitable que les deux processus, celui de l’organisation d’une élection et celui de son contrôle soient développés avant tout par les personnes impliqués et non par les étrangers. D’où l’importance de la CEI pour vérifier la conformité de tous les mécanismes électoraux, aux normes et critères établis par les instruments juridiques internationaux et nationaux. Etant donné que le but du contrôle électoral est d’assurer l’équité et la liberté des élections, il doit 3 4 5 Wolfang Heinz et Stefan Melnik citée par Wolfang Heinz et Stefan Melnik in « le contrôle électoral et les systèmes électoraux »-un guide sommairepublié par la Fondation Friedrich-Naumann, Bruxelles, 1994préface, pageVI.) Irung tsitambal Clément op.cit.390, lire également Mutoy Mubiala, les Nations Unies et les élections démocratiques en Afrique in Congo’Afrique n°332 de févier 1999, p68 et Germain philippe Assale tingbo s-j ; Autopsie des élections en Afrique Noire in Congo-Afrique n°332 de février 1999, page 85 et s. K i n s h a s a ( R é p . d é m o c r a t i q u e d u C o n g o ) , 2 6 - 2 8 a v r i l 2 0 0 4 137 Séninaire international sur la gestion de la transition en République démocratique du Congo nécessairement commencer dès le stade préparatif du processus électoral. Ainsi, la connaissance des étapes de la préparation d’un processus électoral est d’une importance capitale. Que sont elles ? – – Le développement normatif s’effectue en se référant aux principes dictés par les instruments internationaux et nationaux. Le choix d’un système électoral entre plusieurs. Il convient de relever qu’il n’existe pas de démocratie parfaite ni de système électoral parfait. Au contraire, il existe plusieurs systèmes électoraux. Ceux-ci varient en fonction des problèmes à résoudre et des besoins de chaque pays concerné. Certains Etats en choisissent un et d’autres en cumulant deux (Hongrie, Italie). La Déclaration de Paris (1994) et celle de Bamako nous seront d’une importance capitale au titre de références. Cependant, il convient de relever que la tâche de choisir un système électoral suscite des nombreuses questions à résoudre préalablement, notamment : – – – Le choix proprement dit du ou des systèmes électoraux. Le nombre de membres dans les futures assemblées locales, régionales et nationales. La définition des circonscriptions électorales et le nombre de sièges qui leur sont attribués. Les deux questions impliquent une organisation territoriale décentralisée et des agents compétents et honnêtes. La loi y relative doit être élaborée avant même celle des élections. Il ne va de même de celle de l’armée et de la sécurité du Territoire. Celle des partis politiques a déjà adoptée et promulguée. Il reste celle de leur financement ainsi que celle de l’opposition politique (Article 12 et 13 de la Constitution de la transition). II. Quel organe choisit le système électoral ? Il est défini par la loi et donc relève du Parlement selon les dispositions constitutionnelles. Au cours de cet atelier, il nous sera donné l’occasion de les étudier et de proposer celui ou ceux qui conviendraient à notre pays. Ce qui aidera la CEI, le Parlement et le Gouvernement à préparer le projet ou la proposition de loi selon le cas. III. Quelles sont les règles à appliquer aux élections ? Notamment celles qui précisent : la date, le mode de suffrage (universel et égalitaire), qui vote, et qui est éligible, les conditions d’âge et de sexe, de résidence, de nationalité, d’enregistrement des électeurs, sans oublier le problème des citoyens qui n’apparaissent pas dans les registres alors qu’ils remplissent les conditions d’éligibilité. Ces questions soulèvent le problème de recensement dont les modalités sont à définir. Tandis que 138 K i n s h a s a ( R é p . d é m o c r a t i q u e d u C o n g o ) , 2 6 - 2 8 a v r i l 2 0 0 4 Séninaire international sur la gestion de la transition en République démocratique du Congo celles de l’âge et de sexe sont déjà résolues par la Constitution. Tout citoyen (homme ou femme) qui remplit les conditions de capacité peut voter s’il a 18 ans révolus. Il peut dans les mêmes conditions se faire élire, s’il a 25 ans ou 40 ans, selon le cas de l’Assemblée Nationale ou du Sénat. La loi électorale fixera les autres conditions. Il convient ici de relever que pour assurer la représentation appropriée des femmes comme le prescrivent l’Accord Global et Inclusif et la Constitution de la Transition, il faudra choisir un système électoral qui pourra le permettre au mieux. IV. D’autres questions à trancher par la loi préalablement aux élections sont : – – – – – – – Quels partis et quels candidats pourront se présenter à un électorat ? Doivent ils s’inscrire ou non ? Doivent ils remplir certaines conditions et lesquelles ? Pourra t on interdire les partis politiques et pour quels motifs ? Le problème de la campagne électorale, sa durée, sa fin, ses moyens. Le problème de collecte de fonds et de subventions. Il convient de relever que l’article 12 de la Constitution renvoie à la loi pour déterminer les conditions de financement des partis politiques. Cette loi devra être disponible avant les élections et son élaboration incombe à l’Assemblée Nationale. Le problème d’accès à la radio et à la télévision, à la presse, aux journaux, et aux magazines. Les solutions à ces problèmes incombent à la Haute Autorité des Médias ; d’où la nécessité de collaboration entre les institutions citoyennes, mais aussi entre elles et les institutions classiques (Ministères de l’Intérieur, de l’Information, etc.) Les problèmes des meetings électoraux et des affiches électorales. V. Par qui et comment contrôler le choix des règles pour l’organisation des élections ? – Le rôle de la CEI est déterminant sur ces points. Tandis que celui de la Communauté internationale n’est pas négligeable. VI. Définition de l’organisation des procédures électorales – – – L’inscription des partis et des candidats participants La protection du nom, du logo, du numéro et du symbole utilisé par les candidats ou les partis. Les bulletins et le mode de vote (scrutin secret). Il faudrait à résoudre le problème d’assistance des électeurs analphabètes qui sont du reste plus nombreux dans notre pays. VII. La procédure dans le bureau de vote et leur composition Un président et combien d’assesseurs pour satisfaire les composantes et entités. Comment éviter qu’un électeur ne vote plusieurs fois ; VIII. La procédure de fermeture du Bureau de vote. K i n s h a s a ( R é p . d é m o c r a t i q u e d u C o n g o ) , 2 6 - 2 8 a v r i l 2 0 0 4 139 Séninaire international sur la gestion de la transition en République démocratique du Congo IX. Le dépouillement de vote – – Les procédures de dépouillement ; Le décompte final et la proclamation des résultats (il convient de réfléchir sur les formes d’assistance de la Communauté Internationale en rapport avec les observateurs internationaux pour éviter les fraudes). X. Comment contrôler les procédures électorales : – La présence de témoins, les trouver et les former en nombre suffisant. Il convient également de les informer sur les modalités de fraude pour attirer leur attention. La collecte rapide des rapports et des résultats des différents témoins. La mise en place d’un organe de contrôle central, etc.. – – Afin de garantir la fiabilité et la transparence des élections, la présence des témoins des candidats est indispensable. Tandis que pour garantir une évaluation équitable des élections, la présence d’une équipe d’observateurs internationaux est nécessaire. Les observateurs doivent être bien sélectionnés et être autorisés d’observer et d’étudier chaque étape importante du processus électoral à commencer par le choix d’un système électoral. Ils doivent se disperser à travers le pays tout entier et ne pas se limiter à la Capitale et aux grandes Villes. Ils doivent provenir de plusieurs pays pour éviter des suspicions et être impartiaux. Des sanctions doivent être prévues pour réprimer leurs fautes ou négligences. Car, des cas malheureux ont été annoncée dans certains pays, sans être adéquatement sanctionnés. Le déplacement des observateurs internationaux et l’installation des bureaux de vote soulèvent les problèmes d’infrastructures et de communication. Ceux-ci impliquent l’assistance de la Communauté internationale pour les résoudre, surtout lorsqu’on sait que la RDC est terrassée par une crise socioéconomique considérable. XI. Conditions pour la réussite du mandat et du fonctionnement de la CEI On ne le dira jamais assez, l’Etat de droit implique la soumission de l’ensemble des institutions, des acteurs politiques et de la population à la loi (article 63 de la Constitution de la Transition), la séparation effective de pouvoirs (l’Accord Global et Inclusif, point III, 4), le libre exercice des droits de l’Homme et des libertés fondamentales (article 16 de la Constitution de la Transition ainsi que l’égalité devant la loi des citoyens homme et femme article 17 de la Constitution). La CEI, en sa qualité de Commission neutre et indépendante, doit s’approprier son rôle. Ainsi, elle doit veiller au scrupuleux respect des valeurs et des principes démocratiques affirmés par les instruments internationaux et réaffirmés par la Constitution et les lois de la RDC. Elle doit exercer une pression sur les institutions classiques pour obtenir leur mise en œuvre sur les 140 K i n s h a s a ( R é p . d é m o c r a t i q u e d u C o n g o ) , 2 6 - 2 8 a v r i l 2 0 0 4 Séninaire international sur la gestion de la transition en République démocratique du Congo partis politiques et les candidats afin de se conformer aux lois et règlements et pour que l’Etat assume les responsabilités qui sont siennes ; et sur la population afin de les respecter et d’exiger leur application effective. Car sans pression, la démocratie est un leurre et les élections équitables, fiables et transparentes, une simple illusion. Tout cela implique que la CEI puisse avoir les moyens de sa politique et de son action ainsi que les moyens pour faire respecter de manière contraignante les dispositions constitutionnelles et légales en rapport avec son mandat. A quoi sert, une disposition légale ou réglementaire ainsi qu’un droit lorsque sa transgression ou sa violation n’entraîne aucune sanction. Il est regrettable de constater que l’Accord Global et Inclusif ainsi que la Constitution ont privilégié l’aspect pacifique de la Transition et omis certains mécanismes constitutionnels comme les motions de méfiance, de censure, de la destitution du Gouvernement et de la dissolution du Parlement. La séparation du pouvoir est proclamée sans l’existence des mécanismes pouvant assurer l’équilibre réel entre ces pouvoirs et sans l’affirmation du principe de l’autonomie financière du premier et du troisième pouvoir par rapport au deuxième. Certes, les lois organiques ont tenté de corriger la situation, mais qu’en sera-t-il sur le terrain pour les institutions citoyennes dont la CEI, puisque dans la pratique nous constatons que l’autorité budgétaire qu’est le parlement souffre pour obtenir les moyens de fonctionnement. Il est vrai que les moyens financiers et matériels de l’Etat sont précaires. Il a été admis au club PPTE et dispose d’un budget extraverti puisqu’il est tributaire de l’extérieur à raison de 52%. Enfin, il convient de considérer le problème du facteur humain. Il est d’une importance fondamentale dans le processus électoral, qu’il s’agisse de la volonté politique des animateurs des institutions tant classiques que d’appui à la démocratie, mais aussi de la population. Celle-ci peut elle exercer librement son choix si elle n’est pas éduquée et sensibilisée sur le valeurs démocratiques et sur la question des élections ? Et quand bien même l’on se pencherait sur son éducation, pourrait elle en profiter réellement face au facteur temps lorsqu’on sait que sa sérénité est troublée par les problèmes concrets de survie qui l’exposent à la corruption et aux anti-valeurs ? Il faut y ajouter l’anxiété provoquée chez certains acteurs politiques et de la société civile par l’absence de la loi sur l’amnistie. Toutes ces questions interpellent la Communauté Internationale qui déploie des efforts pour accompagner le processus de démocratisation et celui des élections libres, fiables et transparentes en RDC. Elles interpellent les nationaux épris de justice et soucieux du changement réel et non celui des slogans creux et vides de sens. Elles interpellent la CEI ainsi que les participants à ce Séminaire International sur la Gestion de la Transition en RDC. Conclusion K i n s h a s a ( R é p . d é m o c r a t i q u e d u C o n g o ) , 2 6 - 2 8 a v r i l 2 0 0 4 141 Séninaire international sur la gestion de la transition en République démocratique du Congo En conclusion, nous pouvons dire que les même causes produisent les mêmes effets et que la politique de « ôte toi que je m’y mette » ne peut aider la République Démocratique du Congo et sa population à voir des jours meilleurs que procure tout régime démocratique et les élections qui en découlent. Il incombe à tous les Congolais d’intérioriser les valeurs démocratiques. La démocratie libérale ne doit pas être l’affaire des autres ou proclamée sur le bout des lèvres. Le bien être de la population en dépend. Les principes et critères relatifs aux élections libres, fiables et transparentes se trouvent clairement énoncés dans les instruments juridiques internationaux et dans les textes légaux antérieurs, il suffit de s’y référer en adaptant leur mise en œuvre aux réalités de notre pays. Il incombe aux participants à cet atelier d’approfondir leurs réflexions pour aider la Commission Electorale Indépendante dans son action et dans l’accomplissement de son mandat à la satisfaction de tous les congolais et de toute la Communauté Internationale qui a déployé tant d’efforts sur le long chemin de l’Accord de cessez le feu de Lusaka, des négociations Politiques du Dialogue intercongolais qui sont passées par Gaborone, Addis Abeba, Sun City I et II, Matadi, Pretoria I et II, etc… 142 K i n s h a s a ( R é p . d é m o c r a t i q u e d u C o n g o ) , 2 6 - 2 8 a v r i l 2 0 0 4