Cheval, mon beau cheval, dis-moi
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Cheval, mon beau cheval, dis-moi
J’ai testé… la méthode Epona Cheval, mon beau cheval, dis-moi... Eva Reifler est l’une des seules en France à proposer l’approche Epona, des ateliers de développement personnel assisté par les chevaux. Curieuse, je décide de me rendre sur place afin de découvrir ce que les équidés peuvent m’enseigner sur moi. Et apparemment, ils ont beaucoup de choses à me dire… par Mélanie Courtois Si c’est le cas, nous essayons de laisser venir une information. Moi par exemple, j’ai toujours (ou presque) cette boule dans le ventre, due au stress. J’ai peur du jugement des autres, peur de mal faire, je me mets donc la pression. Céline, elle, ressent une oppression au niveau de la gorge. Elle pense que cela est lié au fait qu’elle n’a jamais pu vraiment s’exprimer chez elle… Le body scan nous sera utile avant d’entrer en contact avec les chevaux, pour savoir dans quel état d’esprit nous sommes. Les émotions, nous explique Eva, sont très utiles. Elles nous donnent un message et nous poussent à agir. Par exemple, la peur nous indique qu’il faut fuir le danger. La colère nous enseigne que quelqu’un a dépassé nos limites et que nous devons les rétablir pour nous protéger. Si nous ne faisons rien, l’émotion s’intensifie et devient très négative. Mais il faut aussi apprendre à les reconnaître. La peur est différente de la vulnérabilité. La première est liée à un danger extérieur réel, alors que la deuxième est intérieure, c’est ce qui nous empêche souvent de sortir de notre confort. Nous avons envie par exemple de nous couper les cheveux, de changer de travail, de quitter notre copain mais nous ne le faisons pas car nous craignons l’inconnu, le regard des autres, la solitude… je prends conscience que si les chevaux peuvent ressentir mes émotions, je peux aussi capter les leurs. Il a un regard très particulier, de grands yeux interrogateurs. J’ai l’impression qu’il essaye de me cerner. Duke, le poney, n’en a rien à faire de moi. J’ai vraiment l’impression que tout lui passe au-dessus des oreilles. C’était comme s’il me disait « Mais pourquoi tu te prends la tête ? Détends-toi, sois zen, il faut prendre la vie à la légère ». Par contre, avec Zip, c’est une autre histoire. Il n’arrête pas de trotter et de galoper dans tous les sens. Il veut rejoindre N’Joy qui est en chaleur et qui a mis bas une semaine avant. Mais une clôture électrique les sépare. Je ressens immédiatement une grosse boule dans le ventre. Je me sens très mal, comme lorsque je suis débordée au travail et très stressée, comme lorsque je n’arrête pas moi aussi de courir dans tous les sens et que je ne rêve que d’une chose : me poser. Zip me renvoie à ces moments que je ne supporte plus et je suis comme oppressée. Je préfère partir. Cet exercice est très intéressant car je prends conscience que si les chevaux peuvent ressentir mes émotions, je peux aussi capter les leurs et cela me rend plus ou moins à l’aise. Nous lisons tous ce que nous avons noté. Nos impressions se recoupent souvent et sont confirmées par Eva et Eric qui nous racontent alors le passé de leurs équidés. Samedi 14 mai Shaman et moi dans un grand moment de complicité. 64 Cavalière#30 Vendredi 13 mai Me voici sur le quai du RER, direction le Vexin, à 45 minutes au Nord de Paris. Je vais assister pendant trois jours à un stage de développement personnel. Le but : mieux me connaître pour vivre en accord avec moi-même, valoriser mes talents, développer ma créativité et mettre de côté les peurs qui m’empêchent d’avancer et de concrétiser mes projets. Quel rapport avec Cavalière me direz-vous ? Ce sont les chevaux qui vont m’aider dans cette démarche. Avec eux, pas moyen de tricher, pas moyen de se la jouer faussement sûre de moi et sereine. Si, au fond, je suis stressée et que je doute, ils vont le sentir tout de suite et je ne pourrais qu’entendre leur message. Ils sont très sensibles à toutes nos émotions et y réagissent très rapidement. J’ai hâte de voir ce que ça donne mais pour le moment, grève de la RATP ! J’attends une heure puis je me rabats sur le train. J’arrive donc à 13 h dans la petite commune de Frémécourt, dans le Val d’Oise, chez Eva Reifler et Eric Winckert. Eva est l’une des deux instructrices certifiées Epona* en France. Le couple a créé visionpure il y a trois ans. Ils sont assistés de leurs 7 chevaux. Nous sommes 5 à participer à ce stage, tous amoureux des équidés mais pas forcément cavaliers. Eva nous propose de commencer par une séance de méditation. Je ne suis pas très à l’aise. Je n’en ai jamais fait et que je ne sais pas trop en quoi cela consiste. Elle nous guide et cette première étape me permet de décompresser. La matinée dans les transports a été pénible. Elle nous propose ensuite de nous présenter d’une façon originale. Nous fermons les yeux et nous imaginons où nous sommes aujourd’hui dans notre vie. Nous devons laisser venir les images et les mots, sans chercher à les contrôler. Puis nous dessinons ce que nous avons vu, ressenti. Nous faisons la même chose avec notre vie « rêvée ». Nous montrons ensuite nos créations aux autres et les commentons. Au lieu des traditionnels : « j’habite là, je fais ça comme travail… », nous plongeons tout de suite dans les peurs, les espoirs, les émotions des autres participants. Nous nous livrons beaucoup et cela crée tout de suite une ambiance particulière. Eric nous montre ensuite un « outil » qui va nous servir pendant les trois jours : le body scan. Debout, yeux fermés, il s’agit d’écouter ce qui se passe dans notre corps et de ressentir si une zone est douloureuse, est lourde, picote… Après cette partie théorique, il est temps d’aller à la rencontre des équidés. Munis d’un carnet, nous allons nous placer dos à un cheval (ils sont dispersés dans le rond, les écuries et les paddocks) pour faire un body scan. Puis nous nous retournons et nous notons ce que nous ressentons. Markash me semble vraiment gentils et bienveillant. Shaman est curieux et demandeur, comme s’il me disait « vient et propose-moi des exercices ». Zaki a l’air doux et patient. Ce matin, nous allons travailler avec Duke, le poney. Mais d’abord, Eva nous explique que nous avons des zones autour de nous, comme un espace vital. Nous avons tous ressenti ça : avoir besoin, lors d’une soirée avec beaucoup de monde, de se retirer dans une autre pièce quelques instants ; se sentir mal à l’aise car une personne nous parle de trop près… Elle nous propose de nous mettre deux par deux. Je suis avec Sven. Je dois marcher vers lui et m’arrêter lorsque je vois ou ressens un signal involontaire de son corps : cela veut dire que j’entre en quelque sorte dans un nouveau cercle autour de lui, ce sont nos champs electromagnétiques. Je n’y arrive pas. Il me propose d’inverser. Je me dis « mouais, il ne va rien se passer ». Mais curieusement, lorsqu’il s’approche de moi, mon corps part en arrière tout seul à certains moments. Je n’en reviens pas. Je recommence à aller vers Sven, je me focalise moins sur mon regard et plus sur mon ressenti et je m’arrête à chaque fois au bon moment. Je suis assez bluffée. Nous rejoignons maintenant la carrière où Duke nous attend dans le rond. L’exercice consiste à poser une limite (le poney ne doit pas marcher trop près de nous ou nous dépasser), à repérer ces « cercles » et à les utiliser pour entrer en connexion avec lui. Autrement dit à faire un « join up ». Mais les gestes ne suffisent pas, c’est l’état d’esprit qui est important. Il faut avoir cette envie d’ouverture, de partage. Une réelle volonté d’entrer en interaction avec cet équidé. Les chevaux sont très sensibles à la communication non-verbale. Si je lui dis « viens » mais que mon corps affirme « ne viens pas », c’est sûr : il va rester planté là où il est. Je passe la première. Eva me demande de faire un body scan. Je lui dis que je suis stressée car j’ai peur de ne pas y arriver, d’autant plus que les autres participants me regardent. J’essaye de me libérer de ce sentiment mais ce n’est pas facile. Je suis ainsi depuis des années, cela va prendre du temps ! Cavalière#30 65 J’ai testé… la méthode Epona proche et me suit ensuite partout. Je ressors, soulagée et heureuse d’être parvenue à entrer en connexion avec Duke mais réaliste sur ma difficulté à imposer des limites claires. J’essaye d’imposer une limite à Markash, c’est plus facile qu’avec Duke, qui avait tendance à se rapprocher petit à petit de moi. A droite : je tente d’aspirer Markash, de faire un « join up ». Mon état d’esprit est alors capital. Je dois vraiment être avec lui et l’inviter à me suivre. Lorsqu’on ne se laisse pas polluer par l’extérieur, ça marche très bien ! petit à petit, Duke grappille du terrain et se retrouve collé à moi. Je m’arrête et j’essaye de le repousser avec le stick en tapotant sur ses antérieurs. Il s’en fout. 66 Cavalière#30 Munie d’un stick, j’entre dans le rond. Le poney, très pot de colle, vient vers moi. J’essaye avec le stick de l’empêcher de s’approcher trop près. Mais cela ne lui fait pas beaucoup d’effet. Bon ça va encore, je décide de marcher et il me suit. Mais petit à petit, il grappille du terrain et se retrouve collé à moi. Je m’arrête et j’essaye de le repousser avec le stick en tapotant sur ses antérieurs. Il s’en fout. J’essaye de taper un peu par terre à côté de lui. Il s’en fout. Eva me dit alors que je peux dégager beaucoup plus d’énergie, pas sur le poney bien sûr, mais à côté. Je donne un grand coup de stick par terre. Duke est surpris, il recule et s’en va. Les autres m’applaudissent. Cela n’a l’air de rien mais je viens enfin d’affirmer mes limites. En même temps, ce que je redoute tant dans la vie - que les autres me délaissent, ce qui m’empêche de dire ce que je ressens - vient de se produire, Duke est parti. Pour mieux revenir. Je suis rassurée : ce n’est pas parce que j’ai imposé un cadre qu’il ne veut plus de moi. Je recommence plusieurs fois pour tirer le même constat. Le poney ne me saute jamais dessus, c’est vraiment au fur et à mesure qu’il s’approche de moi. Je me dis « ce n’est pas grave, c’est encore supportable », puis « c’est encore acceptable »… jusqu’à ce qu’il soit trop tard : il est trop près et il est alors beaucoup plus dur de le faire reculer. Et surtout je dois sortir énormément d’énergie et même me fâcher, ce que je déteste. Alors que j’aurais pu, plus tôt et donc plus doucement, lui demander de respecter mes limites. Je réalise que je suis pareil dans la vie mais c’est vraiment flagrant avec Duke. Je décide donc qu’à partir d’aujourd’hui, je ne vais plus attendre la « goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Je dirais les choses calmement et dès que j’en ressens le besoin. Du moins je vais essayer car cela ne va pas être facile. Je passe à la deuxième partie de l’exercice : je dois m’approcher de Duke et m’arrêter dès que j’entre dans un nouveau « cercle ». C’est facile : il couche une oreille, tourne sa tête vers moi… Et lorsque je suis dans cette zone, j’essaye de l’aspirer vers moi. Extérieurement, je fais comme un mouvement de balancier vers l’arrière, jambes légèrement fléchies. Intérieurement, je « l’invite » à venir. Et ça marche très bien ! Je remarque que lorsque je suis dans le premier cercle, le plus près de lui, il ne bouge pas, mais si je recule jusqu’au deuxième cercle, l’effet est immédiat : il s’ap- maintenant de savoir d’où viennent nos émotions, nos réticences… de les analyser et de faire le tri. Il est temps de passer aux travaux pratiques. Nous choisissons le cheval avec lequel nous allons travailler. J’opte pour Shaman car je l’avais trouvé curieux et demandeur la vieille. Avant d’entrer dans le rond, Eva me demande de fermer les yeux et de laisser venir un mot, une envie pour ce moment que je vais passer avec le cheval. Je lui réponds que j’aimerais vivre un grand moment de complicité avec lui. Je suis aussi très stressée, les autres me regardent, je ne sais pas comment ça va se passer. Il n’y a aucune instruction particulière. J’entre et je m’approche doucement de Shaman. Dans ma tête, je voudrais qu’il me suive en liberté, qu’il se mette à trotter lorsque je cours à côté de lui. J’imagine notre connexion comme quelque chose de dynamique. Mais j’ai beau essayer de l’attirer vers moi, il ne veut pas bouger. Je commence à le caresser sur l’encolure mais je ne sais pas quoi faire. Eva finit par sentir que je suis perdue. Je lui explique que je n’arrive pas à établir un lien. Elle me répond : « Il est connecté à toi, il est incurvé vers toi, c’est flagrant. Mais pourquoi ne poserais-tu pas ta deuxième main sur lui ? » C’est tout bête mais il se passe quelque chose, mes deux bras autour de son encolure forment comme un circuit fermé. Avec uniquement ma main droite, je n’étais pas vraiment en contact mais Le moment que j’ai passé avec Shaman n’a pas ressemblé à ce que j’attendais mais il était riche et émotion. Ce jeune étalon m’a aussi donné une belle leçon de vie là je le suis. Je continue à le caresser et Shaman vient alors poser sa tête sur mon épaule. J’hésite à reculer, j’ai tellement entendu qu’il fallait se méfier des jeunes étalons, qu’il fallait garder une distance… Mais je ne me sens pas du tout en danger, il est très calme, très doux. Il appuie tout de même sa tête et elle pèse lourd. J’ai peur en bougeant L’après-midi Nous commençons par un peu de théorie. Eva nous explique la différence entre l’« être construit » et l’« être authentique ». Le premier est celui qui nous frêne la plupart du temps dans nos projets, c’est cette petite voix qui répète : « Tu n’es pas assez douée pour faire ça, tu n’es pas assez fort pour y arriver, tu n’es pas assez intelligent, tu ne le mérites pas… ». Si nous l’écoutons, nous restons dans notre vie confortable et nous tentons de combler notre manque d’épanouissement en consommant (nouvelle télé, téléphone dernier cri…). Nous cherchons à obtenir par exemple de la reconnaissance extérieure, une bonne situation sociale, de l’argent, la sécurité. Mais nous n’écoutons pas vraiment nos sentiments et souhaits profonds, notre créativité, notre intuition. Nous n’osons pas sortir de notre confort alors que c’est ainsi que nous pourrons petit à petit nous rapprocher de notre idéal de vie. Eva nous demande donc d’inscrire sur une feuille trois croyances relevant de notre « être construit » et les comportements que cela engendre puis trois points relevant de notre « être authentique ». J’écris par exemple : « Si je m’exprime, je vais faire souffrir l’autre. Si je lui dis mes envies, il risque de s’ennuyer à mes côtés ». cela entraîne comme action : « Je ne dis pas quand quelque chose ne me plaît pas, je ne partage pas mes envies, je ne pose pas de limite mais cela me pèse très fortement ». Du côté du « moi authentique », je marque « Je suis douée dans mon travail. Cela m’a permis de créer mon propre magazine ». Lister ainsi permet de prendre conscience de ce qui nous frêne et à l’inverse de nos points forts. Il s’agira Cavalière#30 67 J’ai testé… la méthode Epona *L’approche Epona a été créée aux Etats-Unis par Linda Kohanov, spécialiste de la thérapie assistée par les chevaux. Elle est notamment connue pour son livre Le Tao du cheval. Cette approche a pour vocation d’améliorer le bien-être physique, mental, émotionnel et spirituel grâce notamment à une meilleure gestion de ses émotions. Visionpure est la seule structure en France donnant un accès global à l’approche Epona. Merci à Eva Reifler et Eric Winckert pour leur accueil et pour ce stage et à Céline, Danielle, Daniel et Sven pour leur écoute et leur bienveillance. Visionpure 20, rue des vieilles vignes Artimont 95830 Frémécourt Pour plus d’informations et pour les dates et tarifs des stages : www.visionpure.fr Je dis bonjour à Markash, je doit ensuite le faire marcher sur la piste, lui demander de trotter, le remettre au pas, lui faire faire demi-tour et recommencer de l’autre côté avant de faire un « join up », de le remercier et de sortir. ça a l’air simple ? Pourtant je constate que mes demandes ne sont peutêtre pas si claires que ça. 68 Cavalière#30 de rompre ce moment. Mais non, il vient alors mettre sa tête contre mon épaule et il reste ainsi. Je suis bien, contre lui, je nous sens enfin connectés. Nous restons plusieurs minutes ainsi. Il ne partira jamais. Je finis par lui dire au revoir et par sortir. Je suis très touchée par ce moment et je comprends une chose capitale : la complicité ne s’exprime pas que dans l’action. Nous n’avons pas besoin de faire des choses ensembles pour être bien l’un à côté de l’autre. Et c’est pareil avec les humains. Je veux toujours bouger, faire du sport, rire… alors qu’il peut être très bon de rester ensemble, silencieux, dans les bras l’un de l’autre. Daniel me fait remarquer que ce besoin d’action signifie peut-être que je fuis quelque chose. Il a sûrement raison. Je n’avais jamais vu les choses de cette manière et Shaman vient de me donner une belle leçon de vie. Nous nous remettons de nos émotions autour d’un feu et d’un bon barbecue, avec des tambours et une flûte importée d’Arizona. Eva me tend la flûte, j’hésite, je ne sais pas improviser, j’ai peur de gâcher la musique des autres. Elle insiste. Je reste plusieurs secondes, le bec dans la bouche à ne pas savoir quoi faire. Puis je ferme les yeux et je me laisse porter. Le son de cet instrument est magnifique. Je suis fière de moi : j’ai osé, je suis sortie de ma zone de confort et j’en ai tiré beaucoup de plaisir. Dimanche 15 mai Nous commençons par un atelier pâte à dur (sorte de pâte à modeler qui durcit). Eva nous invite à nous balader au milieu des chevaux et à laisser venir une envie. Je ne me trouve ni créative ni manuelle et je me demande bien ce que je vais faire. Mais en passant devant Shaman qui me regarde, je vois dans ma tête une sculpture représentant notre moment de la vieille. Nous sommes chacun sur un socle rond distinct – nous préservons ainsi notre espace - mais nous nous rejoignons au niveau de la tête. Je m’assieds devant lui. Il continue à m’observer et je commence à travailler la pâte. J’aurais finalement beaucoup de mal : tout s’écroule, ce n’est pas assez solide mais après plusieurs tentatives, ça tient à peu près. Nous devons ensuite passer devant chacune des œuvres et inscrire un mot qui nous vient à l’esprit. Avec ces termes, nous écrirons ensuite un texte que nous lirons aux autres. Vient le moment du dernier exercice avec un cheval. Les consignes sont simples : nous devons entrer dans le rond, dire bonjour à Markash, le faire marcher sur la piste puis trotter, le faire revenir au pas, lui faire faire demi- tour, recommencer (pas-trot-pas), l’attirer vers nous, le remercier et enfin sortir. Je suis rassurée, j’aime quand les demandes sont claires. Lorsqu’un atelier ou une discipline sont trop libres, j’angoisse à l’idée de ne pas savoir quoi faire. Je réalise que j’aime donc rester dans cette zone de confort : je fais de la danse classique où chaque geste doit être très précis ; je joue du piano mais je reproduis à l’identique des partitions, je me sens incapable d’improviser… Peut-être devrais-je de temps en temps sortir de ma zone de confort, comme je l’ai fait avec la flûte la veille, pour laisser s’exprimer ma créativité que je bride depuis des années, convaincue que je n’en ai aucune ? Céline est en train de passer, je comprends qu’elle essaye de faire partir Markash au trot mais je réalise aussi que sa demande n’est pas claire. Je me dis intérieurement : « ça ne va pas marcher, elle n’a pas vraiment envie qu’il parte au trot ». C’était comme si le début de son mouvement disait « va au trot » et la suite « non, finalement, n’y va pas ». C’est flagrant et quand enfin elle lui dit clairement (avec son corps et sa chambrière) « trotte », Markash se met à trotter. Quant à Daniel, homme très discret, je ne le reconnais pas dans le rond : il marche avec une telle détermination, ancré dans le sol, qu’il obtient très facilement des transitions de la part de Markash. C’est limpide, fluide, clair. Je suis bluffée. J’espère faire aussi bien. Mais ce n’est pas si simple. Je n’ai visiblement pas cette démarche assurée de Daniel. J’aimerais que Markash se mette au trot presque uniquement sur ma pensée. Cela ne suffit pas. J’agite un peu ma chambrière. Encore un peu plus. Encore un peu… Je suis obligée de monter progressivement dans la pression pour arriver enfin à le faire partir au trot. Je réalise que mes demandes ne sont pas assez claires. J’ai le même problème que Céline en fait mais il est plus facile à voir de l’extérieur. Finalement, je ne suis pas étonnée : dans ma vie quotidienne, j’obtiens très rarement les réponses souhaitées (de la part de mes amis ou collègues), le problème ne viendrait-il pas aussi de moi ? Si mes demandes ne sont pas claires, comment alors obtenir ce que je veux ? Je dois me remettre en question et cet exercice avec un cheval m’empêche de me voiler la face et de remettre la faute sur les autres. Les équidés ne trichent pas. Je dois maintenant dire au revoir à toute l’équipe et retourner, après cette magnifique parenthèse, à la dure réalité ! Mais mieux armée pour comprendre ce que je ressens et comment atteindre mes vrais désirs. Au fil de ces trois jours, les chevaux m’ont appris beaucoup sur moi. Décidément, ils ne m’apportent que du positif ! Un spécialiste au service de tous Selles d’occasion Selles neuves Accessoires Entretien Selle Expert Conseil Achat, vente, dépôt-vente de selles d’occasion toutes marques Selles neuves : Equipe, Passier, Godignon, Albion, Tekna, Zaldi,... Conseil, formation, bilan d’équilibre Venez nous rendre visite au GENERALI Open de France Poneys/Club du 2 au 10 juillet et du 16 au 24 juillet 2011 à Lamotte Beuvron