l`autorité incarnée

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l`autorité incarnée
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1957 2007
GASTON A 50 ANS !
Champagne !
Sortez les cotillons, c’est la fête à Gaston !
Pour les 50 ans du génial gaffeur, Marsu Productions met
les petits plats dans les grands et présente : « Gaston 50 ».
Un album spécial regroupant la crème des gags les plus festifs
et hilarants du gaffeur et 60 dessins de Franquin inédits
en albums. Et tout ça savoureusement mis en musique par
Yvan Delporte, avec la complicité de Frédéric Jannin !
Lorsque, en 1957, Franquin lance son personnage fétiche, bien peu nombreux sont ceux qui croient en ce garçon de bureau mou et maladroit,
premier véritable anti-héros de la BD belgo-française. L’avenir leur donnera
(ô combien) tort…
Cet anniversaire de son héros fétiche était aussi une occasion unique de fêter
André Franquin, l’un des plus grands génies qu’ait connu le neuvième art.
Toutes les facettes de son immense talent peuvent être admirées à
l’Exposition « Le monde de Franquin » qui se déroule actuellement à
Bruxelles, du 27 octobre 2006 au 15 avril 2007.
Entre deux siestes et autant d’inventions, Gaston Lagaffe adore faire la fête,
comme il l’a prouvé tout au long de sa carrière exemplaire au sein du beau
journal de Spirou. Que ce soit à travers ses délirants déguisements pour bals
costumés, ses concerts improvisés ou ses feux d’artifice plus ou moins volontaires, Gaston sait comment mettre de l’ambiance dans les soirées qui se
traînent. Qu’il soit déguisé en pompe à essence, en amphore, en tortue, en
escargot, en champignon… (on en passe et des pires !), Lagaffe ne passe
jamais inaperçu. Pour son jubilé, Gaston reste, plus que jamais, le roi de la
soirée, le clou du spectacle et celui du cercueil de ses employeurs et
supérieurs hiérarchiques.
À 50 ans, l’âge où la plupart d’entre nous aspire à une retraite bien méritée,
Gaston nous prouve qu’il n’a rien perdu de son sens de la fête. Ce
magnifique album regroupe ses plus beaux déguisements et, pour que la
fête soit complète, vous y trouverez des gags pétillants et les magnifiques
cartes d’anniversaire dessinées par Franquin pour diverses occasions. De
véritables collectors à un prix démocratique !
Titre : GASTON 50
Album cartonné
Format : 218 x 300 mm
48 pages couleurs
Prix de vente : 8,50 euros – 15 CHF
« Gaston 50 », un album exceptionnel qui vous
donnera envie de faire la fête en famille, entre amis
ou, pourquoi pas, seul dans votre canapé. La bonne
humeur est contagieuse et, pour ce qui est de mettre
le feu, faites confiance à Lagaffe !
Parution : 28 février 2007
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Gaston, héros moderne !
Gaston est un des rares héros de BD belgo-française à être passé
dans l’imaginaire collectif (avec Tintin et Astérix). Preuve de sa
célébrité, alors qu’il semble s’être calmé, (depuis pas loin de 15
ans) point de vue gaffes, son effigie trône en bonne place au
Musée Grévin à Paris. Et pour ses 50 ans, Bruxelles lui offrira, le
27 février 2007, une fresque murale permanente de 3 mètres
de haut, en face de l’opéra !
Gaston demeure un phénomène de société. Comme son célèbre Cosmo
Coucou, Gaston reste en avance sur son temps. Poète, inventeur, écologiste,
libertaire, humoriste… Gaston a tout fait, tout essayé avant tout le monde.
Premier anti-héros de la bande dessinée belgo-française, Gaston Lagaffe est
universel et éternel car ses préoccupations humanistes n’ont jamais été autant
d’actualité.
A travers le penchant de Gaston pour les animaux, la douce anarchie qu’il sème
sur son passage, sa frénésie d’invention, son anti-conformisme, son refus de
grandir et de rejoindre le monde responsable des adultes… se dessine en
filigrane l’ombre souriante de Franquin, avec son amour immodéré de
l’indépendance et son refus de l’autorité sous toutes ses formes.
Gaston poète
Même si Franquin s’en défendait, par modestie, il se dégage des gags
de Gaston une poésie légère et sans prétention. Dans ses multiples
activités, Gaston introduit une délicieuse magie, provenant sans
doute de son innocence quasi-enfantine. Que ce soit dans sa cuisine
(où les ingrédients ont plus d’importance que le résultat final), le soin
attentif qu’il apporte à ses animaux (des bottes pour chat, une armure
pour souris… Si ce n’est pas de la poésie !), la splendide inutilité de
beaucoup de ses inventions (le robot bilboquet, le bidule à mouvement perpétuel, le cerf-volant de bureau) ou sa relation avec mademoiselle Jeanne (les deux âmes sœurs arrivent à se rejoindre dans
leurs rêves), les exemples fourmillent.
D’accord, Gaston n’est pas un littéraire. « Quand je te vois émue,
aussitôt je m’émeus », « Je suis le yéyé, le yéti »… On ne peut pas dire
que la rime soit riche. Mais, comme le disait Fantasio : « le fond est
bon chez ce garçon »… Et « tant pis s’il agace-ton père » ! Yeah !
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Gaston écologiste
Gaston, adore la nature et les animaux. Sans doute
parce qu’ils se ressemblent, diront les mauvaises
langues, Gaston attire les animaux autant qu’ils
sont attirés par lui. Il s’est lié d’amitié avec un
éléphant, une girafe, un paresseux…
Il a hébergé une vache dans son bureau…
Il a dompté des requins et, surtout, prêté main
forte à Greenpeace pour sauver les baleines…
Pour ce citadin, qui quitte rarement son cadre
urbain, toute parcelle de nature mérite d’être
préservée et qu’on se batte pour elle.
Mais lui, au moins, tente d’y remédier en
mettant au point divers procédés anti-polluants.
Avec un succès relatif, d’accord mais, et c’est
un trait de caractère essentiel de Gaston, avec
un acharnement et une confiance en lui qui forcent
le respect.
Gaston rebelle
Gaston est le collaborateur que tout employeur rêve de ne pas avoir.
Economiquement inefficace, professionnellement inapte... et surtout
indéboulonnable ! Et le pire, c’est qu’indépendamment de sa propension naturelle aux gaffes, bévues et boulettes, il y a chez Gaston une
tendance consciente à la subversion.
Ainsi, pour Gaston, la sieste systématique, et dans les
endroits les moins appropriés, est une forme de contestation non violente contre le conformisme et le
« marche ou crève » ambiant. C’est le Gandhi de
la descente de lit !
Gaston n’aime ni l’armée, ni la violence, ni
l’autorité et encore moins l’esprit de
sérieux. Ce qui ne l’empêche pas de partir
en guerre quand il le juge nécessaire !
Bien sûr, qu’elles soient « des boîtes » ou
« des parcmètres », toutes les guerres de
Gaston sont des guerres pour rire mais
aussi pour réfléchir.
Sans jamais se poser en donneur de
leçon, Gaston nous offre du rire intelligent. A sa manière tranquille, c’est un
authentique rebelle.
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Gaston inventeur
personnelle, vite baptisée « cuisine de l’épouvante », en raison de ses effets dévastateurs sur
les estomacs et les palais délicats. Souvenonsnous avec émotion et une pointe de nausée du
« gruyère farci aux anchois » ou de la célèbre
« morue aux fraises ». Avec une cuillerée de
chocolat chaud dans l’huile…
Passionné de robotique, Lagaffe a mis au point
toute une galerie de robots étonnants à usages
variés tels que : le robot domestique multifonctions (présentant une fâcheuse propension
à étrangler les gens), la machine à jouer au
bilboquet suicidaire, le chien mécanique Placid
Nitrik, à la vessie corrosive, le castor scieur…
et bien d’autres.
Le cerveau en perpétuelle ébullition, Gaston
nous a gratifié de quelques-unes des plus belles
inventions de la bande dessinée. Scientifiques,
pseudo-scientifiques ou totalement farfelues,
elles frappent par leur ingéniosité et leur
minutie.
Ce touche-à-tout de génie a tâté de tous les
domaines avec un bel éclectisme. Facteur
d’instruments, il crée, entre autres merveilles, le
Gaffophone, croisement entre une harpe et
une lame de fond, capable de raser un immeuble de 10 étages en moins de temps qu’il ne
faut pour épeler « tremblement de terre ».
En gastronomie, Gaston crée une cuisine très
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Gaston = Franquin
Oui mais dans quelle mesure ?
Lorsque, le 28 février 1957, Gaston entre aux Editions Dupuis,
personne (et surtout pas Franquin) ne se doute qu’il entre en même
temps dans la légende et l’imaginaire collectif de millions de
lecteurs. D’abord mou, un peu lent à la détente, maladroit et
gaffeur, Gaston suscite les commentaires les plus sceptiques.
En 1965, les éditions Dupuis innovent en éditant les premières bandes
dessinées en format " Livre de Poche". Dans la postface de « Biographie
d’un gaffeur », on peut lire cette amusante comparaison : « On dit souvent
qu’un personnage ressemble toujours à son créateur ; ce n’est guère le cas
pour Gaston et Franquin. Gaston est long et mou ; Franquin est grand et
souple. Gaston a un grand nez ; Franquin a le profil noble. Gaston est
paresseux ; Franquin est économe de ses efforts ».
Très rapidement, la personnalité de Gaston va évoluer, Franquin s’appropriant de plus en plus le personnage qui, de son propre aveu, deviendra
bientôt son double de papier.
Gaston s’étoffe et se confond avec les préoccupations humanistes de Franquin
qui s’en sert pour exprimer à mots couverts d’abord, puis de plus en plus clairement, ses goûts, ses préoccupations, ses rêves et ses indignations.
Cependant, l’équation Gaston = Franquin, n’en recèle pas moins d’importants
paradoxes, apparents ou réels.
La fainéantise
Franquin est un bourreau de travail, capable de réaliser des dizaines de croquis pour arriver à
l’expression qu’il désirait obtenir. Il a, pendant des années, assuré un nombre hallucinant de pages
et de dessins dans chaque numéro du journal Spirou.
Gaston est le roi de la sieste et prêt à tout pour éviter de travailler. Cependant, il déborde
d’activités pour ses passions et déploie des trésors d’énergie pour mettre au point ses inventions.
La minutie
Franquin est un véritable maniaque de la précision. Un enlumineur obsédé par l’idée d’en donner
toujours plus à ses lecteurs et truffant ses planches de minuscules détails qu’on ne retrouve
qu’après plusieurs relectures. Que ce soit dans la fameuse couverture aux 1000 têtes, dans les
arrière-plans de planches, les titres du Trombone ou ses signatures, il s’est ingénié à cacher des
gags partout.
De son côté, Gaston vit entouré d’un invraisemblable capharnaüm et est le prince du désordre
organisé. Ce qui ne l’empêche pas, quand il le faut, de mettre au point la plus petite tondeuse du
monde, pour épargner les pâquerettes. Difficile d’être plus minutieux.
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La créativité
Gaston est un touche-à-tout qu’aucun domaine
ne rebute. Mécanique, gastronomie, robotique,
musique, électricité… Rien ne lui est étranger.
Franquin ne se reconnaît que la BD comme seul
talent. « Gaston a un trait de caractère
merveilleux : il n'a aucun scrupule à tenter
nombre d'expériences. Il se croit bon en tout »,
dit-il. Sans doute y a-t-il une pointe d’envie dans
ce constat. Victime de son excès de modestie,
Franquin a, probablement, projeté ses désirs
sur Gaston.
L’autorité
Gaston ne supporte pas l’autorité, considère les consignes de ses
supérieurs comme d’aimables divagations, se contrefiche des
ordres et de la hiérarchie. Franquin, lui aussi, déteste toute forme
d’oppression mais, sans doute victime de sa gentillesse et de son
éducation, il ne supporte pas non plus être en conflit avec
l’autorité (surtout son éditeur) ou avec d’autres personnes.
Il faudra attendre la fin des années 70 pour que Franquin exprime
ses désaccords à haute voix.
CQFD ?
Oui, Gaston = Franquin dans une certaine
mesure. Mais, comme le font les enfants,
Franquin a projeté dans son ami imaginaire, non seulement les traits de sa
personnalité mais aussi ceux qu’il
aurait voulu avoir et dont il
s’estimait, à tort ou à raison,
cruellement dépourvu. Pff…
quand on pense que la
plupart des dessinateurs
donneraient leur bras
gauche pour dessiner
comme lui…
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Le petit monde de Gaston
MADEMOISELLE JEANNE, la raison du coeur
D’abord laideron, la collègue de bureau de Gaston, M’oiselle Jeanne, est passée du statut
de « groupie » du gaffeur, à celui de compagne de coeur de Gaston. Cette «romance au
bureau » a mis des années à se nouer, chacun de nos deux protagonistes devant vaincre
la timidité de l’autre. De case en case, de gag en gag, comme irradiée par cette tendre
relation, Jeanne embellit.
DE MESMAEKER, l’homme au contrat
Le mal nommé Aimé De Mesmaeker est en proie à une véritable obsession : signer un
contrat. LE contrat. Lequel ? Personne ne le sait, sauf Prunelle et Fantasio. Malchance ou
destin ? Jamais ce mystérieux contrat ne sera signé sans qu’une gaffe de Gaston ne le
réduise à néant.
FANTASIO, le colérique
Certes, il a des circonstances atténuantes, mais il faut le reconnaître : Fantasio devient au
fil du temps de plus en plus colérique. Le découvreur du Marsupilami, ancien grand
reporter, s’abîme la santé dans la vie de bureau, surtout quand il doit passer ses journées
à réparer ou à prévenir les gaffes du gaffeur, parfois plus périlleuses que la forêt palombienne !
PRUNELLE, l’énervé
Successeur de Fantasio, il est d’abord plus diplomate, volontiers pédagogue. Il met un
peu de temps avant de se rendre compte que le gaffeur est vraiment irrécupérable.
Depuis, il succombe à une déprime ponctuée de fureurs noires.
LE CHAT DINGUE, vraiment dingue
Amoureux de la gent féline, Franquin a créé pour Gaston un compagnon irremplaçable.
Il doit sa présence dans la rédaction à une promesse inconsidérée de Prunelle, qui doutait
de l’utilité de l’animal. En neutralisant un cambrioleur, le Chat a fait la démonstration du
contraire.
LA MOUETTE RIEUSE, volatile caractériel
Attirée par la tambouille de Gaston, cet oiseau acariâtre et ombrageux a renoncé à la vie
marine et sème la terreur dans les bureaux de la rédaction où ses accès de mauvaise
humeur sont craints comme la peste.
LONGTARIN, l’autorité incarnée
Le brigadier Joseph Longtarin incarne l’autorité, ce qui a plutôt tendance à irriter le
gaffeur. Verbalisateur zélé jusqu’au sadisme, il a décidé que Gaston et sa Fiat 509 étaient
ses ennemis personnels.
BERTRAND LABEVUE, le dépressif chronique
Ami de Gaston, il forme avec lui et Jules-de-chez-Smith-en-face un redoutable trio d’empêcheurs de travailler en rond.
JULES-DE-CHEZ-SMITH-EN-FACE, l’alter ego
Ami de Gaston. Comme le dit son nom, il travaille en face des bureaux de Gaston !
MONSIEUR BOULIER, monsieur chiffres
Le comptable tatillon. Ne rit jamais.
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Gaston, une vie de gaffeur
Biographie
3 janvier 1924 : Naissance du petit André, qui s’accorde déjà une petite sieste, pour prendre des
forces en pensant aux milliers de dessins qu’il va faire pour donner un peu de couleur à ce
vingtième siècle.
1947 :
Le petit André entre dans la vie active et au journal de « Spirou ». On lui confie la garde
des héros du journal : « Spirou, Fantasio et Spip »
31 janvier 1952 :
André découvre le « Marsupilami ».
19 octobre 1955 : « Modeste et Pompon » font du stop dans une planche du « Journal de Tintin ».
C’est Franquin qui les a déposés là… Il les suivra jusqu’en 1959.
28 février 1957 : Première apparition de Gaston dans « Spirou ». L’année de sa naissance officielle
n’étant pas bissextile, Gaston évite de peu le 29. Les deux premières semaines, il vient « travailler »
en costume. La troisième, il adopte sa tenue décontractée légendaire : un pull-over vert à col roulé,
un rien trop court et des jeans élimés… Les espadrilles remplaceront bientôt ses souliers vernis.
Franquin raconte la naissance de Gaston :
Je ne sais plus comment l'idée m'en est venue. Je sais seulement que le rédacteur en chef de
l'époque s'appelait Yvan Delporte et qu'il était très ouvert à toutes les suggestions, même les plus
farfelues, pour animer le journal. Je sais aussi qu'un jour, je suis allé le trouver en lui disant qu'il
serait peut-être amusant d'essayer dans le journal un personnage de bande dessinée qui ne
figurerait pas dans une bande dessinée parce que, contrairement aux héros, il n'aurait aucune
qualité, il serait con, pas beau, pas fort. Ce serait un « héros sans-emploi » un héros dont on ne
voudrait dans aucune bande dessinée, tellement il serait minable... Alors, Yvan a sauté d'enthousiasme, évidemment. Mais l'idée était tellement informe et minuscule que je ne savais pas moimême où je m'engageais en lançant ce personnage. Il en a été ainsi pendant tout le début de la
carrière de Gaston : pendant des semaines, on a vu arriver ce personnage à la rédaction, il a
intrigué tout le monde... Yvan et moi, les tout premiers ...
Au départ ce n'était que de l'animation dans le
journal, je dirais "à la petite semaine". Nous
n'avions pas d'autres intentions. Nous nous
disions bien qu'il nous viendrait peut-être des
idées, mais nous ne savions vraiment pas où
aller. Il n'était en tout cas pas question d'en
faire un personnage de bande dessinée.
Au contraire, justement, l'idée était de
NE PAS en faire un personnage de bande
dessinée. Le fait pour lui d'avoir sa propre série a consisté en somme à trahir
ses origines...
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Alors, une fois découvert dans les pages de Spirou, il est resté à la rédaction où il s'est mis à faire
des conneries. Parce qu'il avait réellement été engagé chez Dupuis, mais il ne savait plus par qui
ni pourquoi, et il s'est mis à faire des gaffes, tout naturellement, quoique cette caractéristique soit
venue après son invention. En fait, cela s'est doucement mis en place, en même temps que le
personnage prenait de la consistance dans notre esprit à Delporte et moi. Yvan a joué un rôle
important dans la conception et la caractérisation du personnage.
Moi, j'ai inventé la première idée et je lui ai donné une forme graphique. Yvan m'a aidé à
trouver la personnalité. C'est lui qui a baptisé le personnage, se rappelant un de ses copains qui
était gaffeur et s'appelait Gaston... Nous avons donc fait l'animation et fichu la pagaille dans les
pages de Spirou. Les débuts de Gaston consistaient un peu à démolir certaines pages du journal
par divers moyens nés de sa fantaisie. Une idée qui avait bien marché, c'était les petits pas bleus
qui accompagnaient ou qui annonçaient le personnage et qui constituaient en quelque sorte la
marque de fabrique de Gaston.
Ainsi, pendant neuf mois, Gaston va parasiter le « journal de Spirou », avec de multiples
trouvailles toutes plus drôles les unes que les autres, débordant parfois sur les rubriques
rédactionnelles des autres (comme cette grosse tête de Gaston au milieu de la rubrique
« Le fureteur » nº 995 du 9 mai 1957).
13 juin 1957 :
La tête de
Gaston est en couverture du
« Journal de Spirou »… Mais,
elle est au milieu des 1000
têtes de Spirou que Franquin
dessine pour numéro 1000 du
journal.
5 septembre 1957 :
Gaston
apparaît pour la première fois
en couverture du journal,
dans le bandeau titre, pour
illustrer un épisode de Jerry
Spring.
17 octobre 1957 : Gaston tente un « putsch » en voulant rebaptiser le journal de Spirou en
« Gaston ». La semaine précédente, Gaston avait fait une brève apparition dans l’aventure en
cours de « Spirou et Fantasio » : « Le Voyageur du mésozoïque ».
5 décembre 1957 : Gaston abandonne les marges des rubriques rédactionnelles pour devenir un
héros de BD à part entière, sous la plume de Franquin et de Jidéhem (qui réalisera également de
nombreux décors pour les planches de « Spirou et Fantasio » de Franquin). Les gags de Gaston
vont paraître en deux fois une bande en bas de page du journal.
24 septembre 1959 : Gaston fait ses gaffes sur une demi-page…
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1960 : Parution du premier album de Gaston dans un format farfelu (7 x 23 cm), à l’image de sa
publication dans le journal, sous la forme d’une bande par page. L’album sera imprimé sur des
chutes de papier. Son format si particulier le fera passer pour un album promotionnel, et sera
distribué comme tel par certains libraires. Cet album inaugure l’aventure éditoriale de Gaston qui
restera unique, et loufoque, à l’image de son héros…
13 mars 1960 : Aimé de Mesmaeker tente de signer ses premiers contrats avec la rédaction de
Spirou. « C’est Greg qui m’a dit texto : « Tu devrais inventer un homme d’affaires qui essaie de
faire signer des contrats et qui n’y arrive jamais ». Évidemment, je ne sais pas ce qu’il y a dans ces
contrats. Ce qui m’intéresse à chaque fois, c’est : comment va-t-il échouer cette fois-ci ? »
20 octobre 1960 : Gaston introduit une vache dans la rédaction. Celle-ci va y vivre jusqu’à
mi-décembre. Cet épisode se terminera par la mise à la porte de Gaston par l’éditeur…
26 janvier 1961 : Plébiscité
par les lecteurs, Gaston revient dans le journal et il commence à
accumuler du courrier en retard, celui de tous les lecteurs qui ont écrit au journal pour qu’il soit
réintégré.
4 janvier 1962 : Le gag hebdomadaire de Gaston paraît sur la première page du journal de
Spirou, à la place de son héros-titre dont l’aventure « QRN sur Bretzelburg » est interrompue par
Franquin, pendant quelques années.
22 mars 1962 : Apparition
dans le gag 191 (Spirou nº 1249) d’un agent de police anonyme
présentant une troublante ressemblance avec l’agent Joseph Longtarin.
15 novembre 1962 : Gaston invite Melle Jeanne, une nouvelle secrétaire, au bal masqué. Gag 224
(Spirou nº 1283). C’est le premier « Bal à Gaston ». Elle était assez ingrate, au départ. Qu’elle ne
soit pas belle était un gag ! Depuis lors, je me suis rendu compte que je la rendais plus agréable
à voir… Gaston sait qu’elle est amoureuse de lui, mais ce qui l’a séduit d’abord, c’est sa queue de
cheval.
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1963 : Parution du premier, des cinq albums « à l’italienne » (format 25 x 22), dont le format est
adapté à celui des gags de Gaston (sur une demi-planche). Ce premier album, intitulé « Gala de
gaffes », porte le numéro 2.
8 août 1963 : Lancement dans le journal de Spirou d’un concours intitulé « Le bal à Gaston ».
« Gaston doit se rendre prochainement à un bal costumé. Il cherche l’idée, la trouvaille ou le
déguisement génial, qui feront de lui le point de mire de la soirée… Veillez cependant à ce que
votre costume soit un rien encombrant, de façon à ce que le carnet de bal de Gaston ne soit pas
trop rempli ».
1964 : Parution de l’album nº 3 - « Gaffes à gogo »
24 septembre 1964 : Apparition de la voiture de Gaston, la Fiat 509 de 1929 dans le gag 321
(Spirou nº 1380)
1965 : Parution de l’album nº 4 - « Gaffes en gros »
8 avril 1965 :
Première apparition de Bertrand Labévue, le troisième larron du « gang des
gaffeurs ».
21 octobre 1965 : Alors que Gaston paraît toujours dans des gags en 1/2 planches, qu’il partage
l’aventure de « Spirou et Fantasio » : « Bravo les Brothers », une nouvelle rubrique consacrée au
monde de Gaston, paraît dans le journal. Il s’agit d’un rédactionnel hebdomadaire, signé Yvan
Delporte, narrant les déboires de la rédaction et de son gaffeur favori. Cela s’appelle « En direct
de la rédaction ».
Novembre 1965 :
En pleine course à l’espace, Gaston met un chauffe-eau à gaz sur orbite :
« Quand on est maladroit comme vous, Gaston, on ne se mêle pas d’allumer un chauffe-bain ! »
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30 juin 1966 : Après 412 gags en une demi-planche, Gaston passe au format de page entière.
1966 : Parution de l’album nº 1 – « Gare aux gaffes ». Cet album est présenté par l’éditeur comme
une réédition du premier album de 1960, dans une version revue et augmentée. Il reprend donc,
a posteriori, sa première position dans la chronologie.
1967 : Parution de l’album nº 5 – « Les gaffes du gars gonflé »
9 février 1967 : Parution de la planche 445 (Spirou nº 1504) qui marque la fin de la collaboration
de Jidéhem aux destinées de Gaston que Franquin va devoir supporter tout seul, pour sa plus
grande joie…
9 mars 1967 : Première apparition du « Gaffophone » que Fantasio propose de baptiser « brontosaurophone », dans le gag 449 (Spirou nº 1508)
11 mai 1967 : Bien qu’il ait déjà été cité plusieurs fois, précédemment, Jules-de-chez-Smith-en-face
pointe sa petite frimousse dans le gag 458 (Spirou nº 1517) pour participer à une répétition du
groupe « Les Rois des Sons ».
12 octobre 1967 : Franquin entame sa dernière aventure de « Spirou et Fantasio » : « Panade à
Champignac ». Fantasio part pour Champignac et quitte presque définitivement le petit monde
de Gaston (gag 480 – Spirou nº 1539). C’est le début de la période « Prunelle » qui prend du galon
et le rôle de Fantasio au sein de la série. « Mais d’une manière qui va vite devenir plus grinçante,
plus grimaçante, car c’est un personnage plus nerveux, plus torturé »
1968 : Parution de l’album nº 6 – « Des Gaffes et des dégâts », premier
album au format standard.
1969 : Parution de l’album nº 7 – « Un Gaffeur sachant gaffer »
1970 : Parution de l’album nº 8 – « Lagaffe nous gâte »
12 janvier 1970 : Gag 602 (Spirou nº 1661)
L’illustre gaffeur avait déjà introduit de manière épisodique des animaux dans la rédaction du journal, mais cette fois, il s’agit de Cheese,
sa petite souris grise qui sera le premier élément d’une truculente
ménagerie qui va s’étoffer pendant cette année 1970.
30 avril 1970 : Gag 613 (Spirou nº 1672)
Arrivée du « chat ». Il est arrivé comme
ça un jour, et on s'est vite rendu
compte qu'il était dingue, alors
on l'a appelé le chat dingue... Il
n'a pas d'autre nom...
Arrivée de la « mouette rieuse ».
Comme le chat dingue, elle
n'a pas de nom, et elle n'a
de rieuse que le nom…
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3 décembre 1970 : Gag 644 (Spirou nº 1703)
Franquin révolutionne une fois de plus de la BD en inventant la signature animée…
Il avait précédemment inventé la dédicace d’album dessinée, avec son ami Peyo. Ses collègues
dessinateurs lui en veulent encore aujourd’hui.
1971 : Parution de l’album 9 : « Le Cas Lagaffe »
Franquin multiplie les inventions de Gaston. Il dira : « Lorsque Gaston invente une machine, je l’étudie auparavant pour que le lecteur ne puisse rien détecter qui l’empêche de fonctionner »
Parution également de l’album R1 : « Gala de gaffes à gogo » qui reprend le contenu des deux
premiers albums « à l’italienne » dans un format d’album classique. Cet album initie la numérotation avec le R pour Réédition.
1972 : Parution de l’album 10 : « Le Géant de la gaffe »
« Dans la bande dessinée, on doit travailler pour soi et ne pas penser au public qui lira ». Fidèle à
ses propos, Franquin dessine ses premiers monstres pour diverses petites revues. Un pur plaisir de
dessinateur désireux de faire peur qui, une nouvelle fois, fera mourir de rire le public.
Parution également de l’album R2 : « Le Bureau des gaffes en gros » qui reprend le contenu de
l’album à l’italienne numéro 4, plus des gags en demi-planches inédits.
1973 : Parution de l’album 11 : « Gaffes, bévues et boulettes »
Parution également de l’album R3 : « Gare aux gaffes du gars gonflé », qui reprend le contenu
des albums « à l’italienne » numérotés 1 et 5, dans un album de format classique.
1974 : Parution de l’album 12 : « Le Gang des gaffeurs »
Parution également de l’album R4 : « En direct de la gaffe », qui reprend quelques gags inédits,
mais surtout des rubriques rédactionnelles « En direct de la rédaction ».
Cet album restera longtemps le dernier des « rééditions », laissant ainsi un trou dans la numérotation : le numéro 5 ou R5 fut pendant quelques années un album « fantomatique ».
1976 : Parution de l’album 13 : « Lagaffe mérite des baffes ». A la fin de cet album, Prunelle vient
faire une allocution pour préciser qu’il n’y aura jamais d’album numéro 5 dans la série Gaston…
1977 : Création dans Spirou, par Franquin et Delporte, du supplément « Le trombone illustré ».
C’est pour cet opuscule qu’il réalise, numéro après numéro, un bandeau-titre toujours original.
Une véritable saga graphique. Il y conçoit dans un style radicalement nouveau, les premières
« Idées Noires ».
« Une des grandes joies du métier est quand on a l’impression de découvrir quelque chose de
nouveau, ou du moins quelque chose de nouveau pour soi ».
1977 : Gaston apporte son soutien à Amnesty International dans une planche, à mi-chemin entre
Gaston et les « Idées Noires », qui se conclut par le cri déchirant de Gaston : « Ouf ! Ce n’était
qu’un cauchemar… Mais, c’est aussi la réalité. En ce moment même » !
8 novembre 1979 : Gaston déclare la « Guerre aux parcmètres » dans Spirou.
« T’as payé pour
rouler, maintenant paie pour t’arrêter ! ». Longtarin prépare la résistance.
1981 : Parution du premier album des « Idées Noires »
1982 : Parution de l’album 14 : « La Saga des gaffes ».
Gaston apporte son soutien à l’Unicef. Le tirage de tête de cet album est au profit de cette organisation. De même, Franquin apporte son soutien au combat de Greenpeace « Sauvons les
baleines ». Gaston et son gaffophone sont mis à contribution (gag 887 paru dans Spirou en 1982).
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1985 : Parution de l’album 0 : « Gaffes et gadgets »
Cet album contient les premiers dessins parus dans Spirou et les gags de l’album de 1960,
jusqu’alors inédits en album classique.
1986 : Parution de l’album R5 : « Le lourd passé de Lagaffe »
1987 :
Assisté par Batem, pour le dessin, et de Michel Greg pour le scénario, il lance le
Marsupilami sur la piste de l’aventure en solo aux éditions Marsu Productions.
1996 : Parution, chez Marsu Productions, du quinzième album : « Gaffe à Lagaffe ». Franquin fête
ses 50 ans de BD.
1997 : Le 5 janvier, André Franquin nous quitte. M’enfin ?!
Juillet 1997 :
À l’occasion du quarantième anniversaire du gaffeur, est lancée la nouvelle
collection « Gaston » qui reprend la totalité des planches, mais dans un ordre chronologique, et
en 19 albums.
Décembre 1999 : Tout juste avant le passage fatidique à l’an 2000, Marsu Productions lance le
dernier album de Gaston : « Gaston 19 », où sont repris les tout derniers travaux de Franquin. Bien
que Gaston ait bidouillé les ordinateurs, et qu’il ait ouvert son site web www.gastonlagaffe.com,
le grand « bug » ne se produira pas !
2003 : Parution d’un album « Best Of » chez Dupuis : « Gaffes au volant »
Octobre 2004 : Gaston envahit la capitale française à l’occasion de l’ouverture de l’exposition
« Le monde de Franquin », produite par Marsu Productions à la Cité des Sciences et de l’Industrie.
Avec son ami le Marsupilami, il orne le métro et les bus parisiens pendant de longues semaines.
Tous les médias salueront unanimement cette grande exposition.
Octobre 2005 : Parution chez Marsu Productions du premier volume Gaston « Version
Originale » – 1957-1958. Les albums de Gaston auront donc connu tous les formats. Cette intégrale propose les planches en noir et blanc dans le format où Franquin les a dessinées, avec, en
plus, toutes les apparitions de Gaston dans le journal de Spirou, en fac-similés.
Octobre 2006 : Après Paris, l’exposition « Le monde de Franquin » s’installe à Bruxelles, à
l’Autoworld (Parc du cinquantenaire). Gaston et son univers sont, à nouveau, à l’honneur (ainsi
que tous les autres univers de Franquin, bien entendu)…
Parution du deuxième volume Gaston « Version Originale » - 1960-1961.
25 et 26 octobre 2006 : M’enfin ! Gaston fait la « une » de pratiquement
tous les journaux belges !
28 février 2007 : Gaston avec ses cinquante ans n’a
pas pris une ride. Il ne sera jamais ce vieillard
que Franquin a représenté au dos de l’album « Gaffes, bévues et boulettes »…
« Bwouais… Quand j’étais
jeune, j’ai fait deux ou
trois bêtises… Hé hé !
En tout cas, je les ai
tous bien em….dés. »
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La saga des gaffes ! !
Bibliographie
1960 Parution du mythique premier album « hors format » de Gaston.
1963 « Gala de gaffes », le premier album demi-format qui porte le N° 2 !
1964 Gaston n° 3 « Gaffes à gogo ».
1965 Gaston n° 4 « Gaffes en gros » et « Biographie d’un gaffeur » (en format de poche).
1966 Gaston n° 1 « Gare aux gaffes ».
1967 Gaston n° 5 « Les gaffes d’un gars gonflé » (dernier album demi-format).
1968 Gaston n° 6 « Des gaffes et des dégâts »
(premier album à paraître dans un format « classique »).
1969 Gaston n° 7 « Un Gaffeur sachant gaffer ».
1970 Gaston n° 8 « Lagaffe nous gâte » ;
« Gala de gaffes à gogo » inaugure la numérotation dite des « R »
(pour « Recueil » ou « Réédition »), qui reprendra le matériel
paru dans les 5 albums demi-format.
1971 Gaston n° 9 « Le Cas Lagaffe ».
1972 Gaston R2 « Le Bureau des gaffes en gros » et n° 10 « Le géant de la gaffe ».
1973 Gaston R3 « Gare aux gaffes du gars gonflé » et n° 11 « Gaffes, bévues et boulettes ».
1974 Gaston R4 « En direct de la gaffe » , n° 12 « Le gang des gaffeurs ».
1979 Gaston n°13 « Lagaffe mérite des baffes ».
1982 Gaston n° 14 « La Saga des gaffes ».
1985 Gaston n° 0 : « Gaffes et gadgets ».
1986 Gaston R5 : « Le Lourd passé de Lagaffe ».
1996 Gaston n° 15 : « Gaffe à Lagaffe ! » est publié chez Marsu Productions.
1997 L’édition définitive de « Gaston » redistribue les gags au sein de 18 albums.
1999 Gaston n° 19.
2005 V.O. Gaston 1957-1958.
2006 V.O. Gaston 1959-1960.
2007 Gaston 50 et V.O. Gaston 1961-1962.
• Les albums de l’édition définitive de « Gaston » sont édités par Dupuis, à l’exception des
albums n° 18 et 19 (Marsu Productions).
• Gaston n° 15 : « Gaffe à Lagaffe ! », de l’édition classique, a été publié chez Marsu
Productions.
• Tous les volumes V.O. et « Gaston 50 » sont édités par Marsu Productions
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