Association régie par la loi de 1901 - Groupement Midi

Transcription

Association régie par la loi de 1901 - Groupement Midi
Groupement Midi-Pyrénées des Amateurs d’Orchidées
(Association régie par la loi de 1901)
Siège social : 37, rue de l’Autan Blanc – 31240 L’Union
http://www.gmpao.org/ –  : 05.61.80.58.65
BULLETIN D’INFORMATION DU GMPAO - numéro 92 - samedi 10 octobre 2015
Sommaire :
Le mot de la Présidente
Notre prochaine réunion
Secrétariat
La gazette
Sujet du jour
Tombola
Expositions
Invitations
Commandes groupées
Suivi de culture
Affiche pour l’exposition 2016
5. Exposé : « L’Orchidée dans la littérature et dans l’art pictural » par Denise Roucoule
6. Présentation des plantes
1.
2.
3.
4.
1 - Le mot de la Présidente :
Bonjour à tous.
Les journées sont belles. Vous pouvez encore rempoter certaines de vos plantes à condition de ne pas les diviser et si,
bien sûr, elles sont hors période de floraison.
2 - Notre prochaine réunion:
Notre prochaine réunion se tiendra le 14 novembre 2015 à 14h, 2 bis, rue de l’Autan blanc à l’Union; la salle est
contiguë au restaurant « La Bonne Auberge ».
En remplacement de Gérard Joseph indisponible, c’est Lionel Trémosa qui nous proposera des photos d’Ophrys prises
en 2015.
3 – Secrétariat :
Pour ceux qui auraient « loupé » l’information, c’est Ginette Croiziers qui est notre secrétaire. Vous pouvez lui envoyer
des messages, en précisant si possible, l’objet GMPAO à l’adresse suivante : [email protected]
4 - La gazette:

Nouveaux adhérents :
Nous souhaitons la bienvenue à Martine Maury notre centième adhérente.

Réunion d’aujourd’hui
Aujourd’hui c’est Denise Roucoule qui vous parlera de « L’orchidée dans la littérature et dans l’art pictural »

La tombola :
Ce mois-ci les plantes ont été achetées chez Joël Jacq, 11 plantes seront mises en jeu :
 Cambria jaune
 Coelogyne fimbriata
 Dendrobium hybride de nobile
 Howeara Lava Burst
 Kefersteina tolimensis
 Odontonia Samouraï
 Phalaenopsis lueddemanniana (2 plantes)
 Prosthechea cochleata
 Vuylstekeara Plush
 Zygopetalum Arthur Elle
Il y aura également 2 pots de Coelogyne offerts par Christiane Arnal.

Expositions:
 Passées : Fontfroide : ceux qui y sont allés l’ont trouvée moins bien que les autres années, avec moins de
plantes botaniques à la vente, cependant, belle exposition de plantes et quelques producteurs intéressants.
 A venir :
- On nous signale une petite exposition d’orchidées à Canet en Roussillon les 14 et 15 novembre prochains.
Présence de Nardotto. Entrée 4€.
- A Vergèze les 5, 6 et 7 février, exposition annuelle d’orchidées. Entrée 4€.
- A Londres les 1er et 2 avril 2016, Orchid Show en conjonction avec l’exposition de plantes printanières.

Invitations à diverses manifestations :
 Suite à la demande reçue de l’Isle sur Tarn, contact a été pris. Denise Roucoule attend leur proposition de
contenu et de date. A suivre.
 Début janvier, nous devrions recevoir une invitation pour le 21 mai à Launaguet avec demande de conférence
sur les orchidées indigènes pour le vendredi soir 20 mai.

Commandes groupées:
Y-a-t’il des personnes intéressées par 1 commande de bulbes de Pleione ? Si oui, vous pouvez contacter
Denise.
Roucoule le plus rapidement possible. La liste est à consulter sur le site de Heritage Orchids. Pour les chèques il faudra
appliquer un coefficient de 1.50.
A la sortie de l’hiver, nous faisons tous les ans des commandes groupées chez différents producteurs.
Rappel : en 2015, nous avons commandé chez Nardotto, Orchids & More et Elsner.
Il faut signaler que la commande de la tombola de juin chez Akerne avait été très satisfaisante.
Décision pour 2016 : on pourrait passer des commandes groupées chez ces 4 fournisseurs.

Suivi de culture:
A notre exposition de 2014 le producteur danois nous avait procuré de la mousse pour aquarium ; il voudrait bien
connaître vos commentaires sur son utilisation. Dans l’ensemble, il semble que cette mousse de Java, utilisée comme
milieu boostant sur des orchidées faiblardes, soit assez efficace.

Affiche pour notre exposition de 2016:
Présentation de 16 projets d’affiches préparés par Jean-Luc Roux. Le projet n° 14 est retenu avec modification de la
couleur du fond ; il faudrait lui demander de faire des essais avec d’autres couleurs plus claires, pour le fond.
5- Exposé de Denise Roucoule
L’ORCHIDEE DANS LA LITTERATURE ET L’ART PICTURAL
Préambule
Vous parler de l’orchidée dans la littérature et dans l’art pictural en si peu de temps est peut-être un peu présomptueux.
J’espère toutefois que ce survol vous donnera envie d’en savoir un peu plus.
A la suite du compte-rendu de cet exposé, vous trouverez une liste d’ouvrages à lire ou à relire ainsi qu’une liste de
films (certes anciens mais très connus) également à voir ou à revoir.
INTRODUCTION
Au fil des siècles et des millénaires, des peintures chinoises de la dynastie Yuan jusqu’aux verreries d’Emile Gallé, des
Phalaenopsis blancs des bouquets de mariées princières à la fleur de vanille ornant les pots de yaourts actuels, des
orchidées sulfureuses des romans noirs aux senteurs de dépendance imaginées par de grands parfumeurs, la
représentation de l’orchidée a toujours exprimé la même admiration face à la beauté des choses de la nature.
Bien que les orchidophiles modernes s’attachent plutôt à l’aspect et à la culture de ces plantes, ces objets d’esthétisme
légendaires ont su, au cours des âges, inspirer les littérateurs et les créateurs artistiques mais aussi, de nos jours, envahir
les médias modernes de notre société de consommation.
L’ORCHIDEE DANS LA LITTERATURE
L’ORIENT
C’est dans la partie orientale du monde et plus particulièrement en Chine, aux environs de 800 av.J.C, qu’on trouve les
premières références aux orchidées dans le « livre des poèmes » ou Shih Ching de la dynastie Chou (Spiranthes sinensis
très probablement)
Au 5ème siècle av.J.C, Confucius célèbrera les orchidées dont il appréciait surtout le parfum subtil, symbole de vertu et
de sagesse.
Trois orchidées sont fréquemment mentionnées dans la littérature de l’époque :
En 1247, les Chinois ne connaissaient déjà pas moins de 37 espèces différentes.
Jusqu’à la Longue Marche de Mao Tsê-Tung en 1934, l’histoire de la Chine est indissociable d’une production
colossale de livres, essais, dessins et manuels de culture.
Au Japon, la littérature est plus rare mais fait mention du Neofinetia falcata réservé aux samouraïs et aux nobles.
Les traces dans la littérature des autres parties de l’Asie antique sont rares et très vagues.
L’OCCIDENT
Si le monde asiatique avait une vision esthétique de l’orchidée, il n’en était pas de même dans le monde occidental.
C’est Théophraste, natif de l’île de Lesbos, qui, aux environs de 300 av.J.C, fabrique le nom « orchis » en référence à la
forme des tubercules d’orchidées (orkhis=testicule en grec).
Pour les auteurs de l’antiquité : Hippocrate, Aristote, Dioscorides et Pline l’Ancien, précurseurs de la botanique, les
écrits (et dessins associés) concernant les orchidées et le monde végétal plus généralement, n’étaient que le reflet de
leur principale préoccupation à savoir l’utilisation thérapeutique ou alimentaire des plantes.
Il en sera de même au Moyen-âge où, selon la « Théorie des Signatures », la forme d’une plante ou d’une partie de
plante désignait, par simple analogie, la partie du corps humain qu’elle pouvait traiter.
On croyait fermement que ce processus thérapeutique relevait de la magie.
On prêtait aux orchidées des pouvoirs quelque peu surnaturels.
Prenons un exemple chez un grand nom de la littérature anglo-saxonne.
Personnage du Hamlet de Shakespeare qui date de 1600, la pauvre Ophélie, dans sa démence, marche dans les prairies
qui bordent le cours d’eau où elle se noiera ; elle y cueille des fleurs pour en faire des guirlandes/couronnes.
L’auteur mentionne, entre autres, les longues fleurs mauves (long purples) en référence aux Dactylorhizas mais utilise
aussi leur nom vernaculaire « les doigts des hommes morts » (dead men’s fingers), rajoutant ainsi une touche
angoissante à la scène empreinte, par ailleurs, d’une certaine poésie champêtre par l’évocation de nombreuses fleurs.
Mais Shakespeare n’avait-il pas passé sa jeunesse à la campagne, dans une région, encore aujourd’hui, riche en
orchidées terrestres ? (Stratford Upon Avon près d’Oxford)
Vers le milieu du 17ème siècle, la botanique est encore une discipline médicale.
On commence pourtant à parler de plantes et orchidées exotiques.
Les récits de voyages botaniques sont auréolés de mystère, les orchidées deviennent mythiques.
Pendant les 2 siècles suivants, de grands explorateurs et botanistes produiront des ouvrages qui font encore référence de
nos jours.
Carl Linneus (systématique de la binomie)
Franz Bauer (analyse de l’anatomie des plantes)
Carl Blume (a établi le genre Phalaenopsis en 1825)
Robert Wight (orchidées des Indes)
Von Muller (orchidées d’Australie)
Alfred Cogniaux (orchidées du Brésil)
John Lindley (père de l’orchidologie moderne)
Charles Darwin (théorie de l’évolution, du déterminisme)
Heinrich Reichenbach (auteur de Xenia Orchidacea, monographie en 3 volumes qui lui valut le titre de « roi des
orchidées »)
Et bien d’autres………..
Au début du 19ème siècle, une fièvre orchidomaniaque commencera alors à sévir, qui se développera d’abord en
Angleterre puis dans tous les pays voisins, dans les milieux aristocratiques car, seuls, les nobles possèdent alors les gros
moyens financiers qui leur permettent de satisfaire leur passion.
Cette passion était aussi, pour une bonne part, certainement engendrée par toutes les contraintes morales d’une société
rigide, extrêmement prude.
Pendant des siècles, les tubercules des orchidées terrestres avaient symbolisé le sexe masculin.
Les fleurs d’orchidées exotiques, aux formes étranges et impudiques, se substituaient, dans l’imaginaire de l’époque, au
sexe féminin interdit.
Le mot Coelogyne vient d’ailleurs du grec Koilos (creux) et gyne (femme), genre asiatique créé par John Lindley en
1825.
Vers la fin du 19ème siècle jusqu’au début du 20ème, toute la littérature porte des traces d’une révolte romantique.
Dans un monde d’interdits, cette quête du bonheur sera décrite de manière plus ou moins optimiste ou pessimiste, selon
les auteurs.
Guy de Maupassant décrit en 1886 dans « Un cas de divorce », un orchidomane qui passe ses nuits dans les serres à
contempler les fleurs « dans une extase frémissante, charnelle, idéale, surhumaine ».
Octave Mirbeau en 1899 dans son « Jardin des Supplices » parle « d’impures orchidées qui s’épanouissent parmi les
gibets et les croix et plongent leurs racines dans la chair des cadavres ».
Marcel Proust dans « Un amour de Swann » paru en 1905, confond la maîtresse du héros avec le Cattleya labiata,
goûtant « un plaisir entièrement particulier et nouveau ».
D’ailleurs, le souvenir d’Odette de Crécy sera pour toujours lié à l’expression « faire cattleya », métaphore fleurie
qu’employaient les amants pour désigner leurs ébats.
Emile Zola lui-même, d’abord fervent romantique puis chef de file des naturalistes, dénonce farouchement les faiblesses
de ses contemporains.
Les orchidées apparaissent souvent au détour de ses romans.
Dans « La Curée » par exemple, un des romans de la saga des Rougon Macquart, l’atmosphère lourde, sulfureuse, est
souvent mise en parallèle avec la moiteur d’une serre tropicale où les parfums envoûtants des orchidées évoquent des
senteurs charnelles.
Herbert George Wells publie en 1910 une de ses premières nouvelles « L’Orchidée extraordinaire » (The flowering of
the strange orchid).
Un orchidophile timide et solitaire achète à Londres un lot de bulbes racornis trouvés sur le corps d’un chasseur de
plantes dans les marais des Iles Andaman (golfe du Bengale). Une orchidée fleurit bientôt, au parfum enivrant. Victime
d’un malaise, il sera sauvé in extremis par sa gouvernante. Les racines aériennes de la plante avaient déjà commencé à le
vampiriser.
A partir des années 40-50, le genre populaire du roman noir, policier ou fantastique, offre à l’orchidée une place
importante dans l’imaginaire collectif.
Une centaine de romans ou de nouvelles, des scénarios de films (L’orchidée sauvage), des paroles de chansons, des
bandes dessinées (L’orchidée noire) ou des séries télé traduisent les différents rôles joués par ces fleurs, selon la
personnalité des nombreux auteurs qui les mettent en scène.
L’orchidée devient symbole de raffinement, richesse, pouvoir, exotisme ou érotisme et rend souvent compte de la réalité
culturelle et sociale des pays qui servent de décor.
A lire (ou relire)
-
« Un amour de Swann » de marcel Proust
« L’amour au miroir » de Ludmila Tcherina
« Le baiser du dragon » de Ysabelle Lacamp (érotique)
« La barbare » de Katherine Pancol
« Barrage contre le Pacifique » de Marguerite Duras
« Un cas de divorce » de Guy de Maupassant
« Pas d’orchidées pour Miss Blandish » de James Hadley Chase
« La chair de l’orchidée » de James Hadley Chase
« Destination Tchougking » de Han Suyin
« L’écume des jours » de Boris Vian
« L’enfer des orchidées » de Huguette Pirotte
« Fleurs d’épouvante » de Lewis Mallory (gore)
« Une folie d’orchidées » de Zhang Xinxin
« Le grand Meaulnes » d’Alain Fournier
« Le grand sommeil » de Raymond Chandler (policier)
« L’homme à l’orchidée » ou « Enquêtes de Nero Wolfe » de Rex Stout (policier)
« Le maître de la lande » de Ruth Rendell (policier)
« Les Mandarins » de Simone de Beauvoir
« L’orchidée blanche » de Robert Gaillard
« L’orchidée et les 2 papillons » de Vivette Desbans (conte pour enfants)
« Zephira et l’orchidée mauve » de S.Chausse et C.Cursat (conte pour enfants)
La saga des « Rougon Macquart » d’Emile zola
« L’orchidée extraordinaire » de H.G.Wells
« L’orchidée noire » de N.Gaiman et D.McKean (BD)
« L’orchidée récalcitrante » (dans « L’Etoile ») d’Arthur C.Clarke (nouvelle)
« La planète fleur » de John Boyd (SF)
« Pour un herbier » de Colette
« A rebours » de J.K.Huysmans
« Sang et orchidées » de Norman Katkov
« Une tombe en Toscane » de Maurice Denuzière
« Vendredi ou les limbes du Pacifique » de Michel Tournier
« La fleur sacrée » de H.Rider Haggard
Films et téléfilms à voir (ou à revoir)
-
« La chair de l’orchidée » de Patrice Chéreau 1974
« Dans la chaleur de la nuit » de Norman Jewison 1967
« Marlowe, détective privé » 1988
« L’homme à l’orchidée »
« La maison de l’ogre » de Lamberto Bava
« Man of flowers » de Paul Cox 1984 (érotique)
« L’orchidée blanche» (The other love) d’André de Toth 1947 (mélo)
« L’orchidée sauvage » de Zalman King 1990 (érotique)
« Le parrain » de Francis Ford Coppola 1972
« Le père tranquille » de Noël-Noël et René Clément 1946
« Le piège de l’orchidée » de Joseph Sargent 1986
« Le pont de la rivière Kwai » de David Lean 1957
« La fleur ensanglantée » d’après Norman Katkov
« Scarface » de Brian de Palma 1984
« Le trésor secret de Tarzan » de Richard Thorpe 1941
Plusieurs épisodes de la série britannique « Inspecteur Barnaby »
L’ORCHIDEE DANS L’ART PICTURAL
L’ORIENT
Dans l’art pictural, comme dans la littérature, ce sont les Chinois qui, de tout temps, se sont le plus intéressés aux
orchidées.
Les aristocrates chinois les appréciaient pour leurs fleurs mais aussi pour leurs feuilles. Les représentations graphiques
sont très proches de l’art de la calligraphie qui visait à restituer une forme végétale et surtout à exprimer des sentiments
de communion avec la nature.
Les échanges économiques et culturels, vers le 6ème siècle, permirent à la symbolique japonaise de s’enrichir de la
représentation de la perfection sous la forme d’orchidées
Le Dendrobium monoliforme était d’ailleurs utilisé par l’aristocratie impériale comme parfum d’ambiance au palais.
Pendant 3 siècles, du début du 17ème à la fin du 19ème, on sait que les shôguns cultivaient eux-mêmes leurs orchidées et
en faisaient souvent faire des dessins au lavis, l’orchidée symbolisant pour eux vertu, simplicité, grâce et élégance
féminines.
En 1988, le Japonais Takashi Kijima s’essaie, dans son livre « Démons et merveilles », à rendre « l’impression de
mystère » que, selon lui, dégagent « ces créatures exquises ».
Admirez ses photos et lisez ses commentaires d’amoureux fasciné par les orchidées
L’OCCIDENT
Comme nous l’avons déjà dit, la démarche occidentale est tout à fait différente.
Chez les Grecs anciens comme au Moyen-âge, la botanique (ou plus exactement l’herboristerie) fait partie de la
médecine.
Les dessins sont donc essentiels puisqu’ils permettent de reconnaître les plantes.
Au Moyen-âge, les herboristes contribuent à élaborer des Codex (ouvrages de pharmacopée) en copiant et recopiant des
textes et gravures anciens.
En 1588, Giovanni Della Porta procède, lui aussi, de la même croyance en la « Théorie des Signatures » dans son
ouvrage « Phytognomonica ».
Mais dans un même temps et sûrement à cause de leur connotation sexuelle, les orchidées sont quasiment absentes de
l’art pictural à proprement parler.
Entre 1484 et 1536, les 6 premières tapisseries de la « Dame à la licorne » qui comportent 101 espèces de plantes
presque toutes identifiées, ne représentent pas d’orchidées.
Il y en a une 1ère représentation (La licorne en captivité) vers 1500 dans une série de 7 tapisseries tissée peu après la
série de La dame à la licorne.
La licorne y est représentée toute blanche comme symbole de la Vierge et, sur son flanc, on voit un Orchis mascula,
symbole du démon en faction.
Cette série se trouve au musée des cloîtres à New York.
Quelques apparitions, rarissimes, sur des peintures religieuses italiennes comme
La Madone et l’Enfant (couvent de Santa Chiara à Milan)
Les peintres flamands du 16ème et du 17ème (dits peintres de fleurs) ne représentent pas non plus d’orchidées.
A partir du 18ème siècle, la botanique n’est plus une discipline médicale.
Les plantes tropicales et subtropicales arrivent en masse en Europe.
Les plus passionnés vont les chercher eux-mêmes, au prix de multiples dangers et de dépenses colossales, puis les
étudient de manière tout à fait scientifique et les répertorient dans de somptueux recueils comme Lindenia ou
Pescatorea.
Les aristocrates fortunés feront construire des locaux pour essayer de conserver ces plantes qui coûtent des fortunes
(The Crystal Palace au jardin botanique de Kew).
Au 18ème siècle et pendant une bonne partie du 19ème, de grands artistes botaniques, travaillant pour le Jardin de Kew
et son magazine mensuel, le « Curtis Botanical Magazine », ont fait un travail remarquable puisqu’ils ont réussi à être
également des peintres de talent : le plus flamboyant d’entre eux est certainement Pierre-Joseph Redouté, spécialisé
dans les aquarelles de fleurs, qui a collaboré avec les plus grands botanistes. Bénéficiant successivement de protectrices
célèbres comme la reine Marie-Antoinette, l’impératrice Joséphine dont il était le peintre officiel puis de l’impératrice
Marie-Louise à qui il enseignait la peinture, il a traversé les époques et survécu à toutes les crises de régimes puisqu’il
s’est éteint en 1840 à l’âge de 81 ans.
Vers la fin du 19ème siècle, l’orchidomanie qui, pendant plus de 150 ans, avait été l’apanage des riches, change de
mains, si je puis dire.
Une nouvelle classe sociale, la bourgeoisie, impose alors ses règles. C’est elle qui détient désormais les richesses.
Gustave Caillebotte, très riche peintre français impressionniste tendance réaliste mais aussi collectionneur d’orchidées
rares et d’une grande diversité, possédait, au Petit-Gennevilliers, une serre importante qui apparaît sur certaines de ses
toiles.
Martin Johnson Heade, peintre américain du 19ème et grand voyageur, nous livre des tableaux où l’orchidée
exotique est à l’honneur.
Emile Gallé, fondateur de l’Ecole de Nancy, se trouve exactement à la croisée des chemins.
Il appartenait à la haute bourgeoisie de Nancy et la succession de son père, miroitier, lui permit de fonder une
florissante entreprise de verrerie d’art.
Il possédait de multiples talents : verrier, ébéniste, botaniste et c’était aussi un homme très cultivé.
Il était fasciné par les orchidées de sa Lorraine natale auxquelles il trouvait « la même modestie et la même honnêteté
que les filles de son terroir ».
Ami de Marcel Proust pour qui il réalisera plusieurs vases ornés de Cattleyas, il admirait aussi les orchidées exotiques.
Mais, comme la plupart de ses contemporains, il éprouvait un certain malaise devant ces fleurs tropicales qu’il qualifiait
d’ « inquiétants mystères, pétris d’une étrange rigidité ».
« Les regarder, c’est déjà s’abandonner à la luxure » dira un grand bourgeois de l’époque.
D’ailleurs, Gallé ne représente les exotiques que sous des formes symboliques, d’où se dégage une certaine angoisse car
imprégnées de l’inquiétant mystère qu’était la femme à cette époque.
Ensuite, il représentera les exotiques avec davantage de réalisme et de « sagesse ».
Gallé fera des émules mais aucun n’atteindra sa puissance poétique
C’est ainsi que, dès le début du 20ème siècle, l’orchidée exotique trouvera sa place dans l’univers de nombreux auteurs
et artistes, créateurs de l’Art Nouveau.
Bientôt, le monde hollywoodien l’utilisera comme image médiatique.
Le mariage de nombreux artistes, comme leurs funérailles d’ailleurs – celles de Grace Kelly par exemple – seront
placées sous le signe de l’orchidée.
Si le Cattleya, autrefois hautement aristocratique, reste toujours l’archétype de l’orchidée pour les puristes, les
orchidées en général sont devenues des fleurs « à la mode » d’abord et puis de plus en plus populaires.
Depuis 1920, on trouve, dans le monde entier, des orchidées représentées sur des billets de banque, des cartes postales,
des cartes d’anniversaire, etc.
Depuis 1937 (date de la 1ère émission au Costa Rica), environ un millier de timbres-poste ont été émis, principalement
par les pays « tropicaux », pour commémorer des évènements spéciaux ou simplement pour immortaliser la flore locale.
Des centaines d’orchidées y sont dessinées, avec plus ou moins de bonheur.
L’orchidée est, maintenant, devenue un objet symbole.
La publicité, outil privilégié de notre société médiatique, l’a complètement intégrée et de grandes marques se la sont
appropriée, en voici quelques exemples :
- le rhum Duquesne, l’apéritif Pacific de Ricard, le savon Tahiti douche, plusieurs enseignes de produits laitiers, les
porcelaines Villeroy et Boch ont à leur catalogue un service de table orné de Phalaenopsis blancs, Yves Rocher a
produit un parfum « Nuit d’Orchidées », Guy Laroche a utilisé son image pour la promotion de son parfum « Fidji »,
des agences l’utilisent pour promouvoir des voyages vers les pays du Sud-Est asiatique. Il y a même eu, en 1983, une
tranche Orchidée de ce qui s’appelait alors la Loterie Nationale.
Le mot orchidée sert d’enseigne à des fleuristes, des boutiques de prêt-à-porter féminin, des restaurants gastronomiques
et a également été utilisé pour baptiser une ligne de linge de maison, des chocolats, du vin, des robes de haute-couture,
une agence matrimoniale, des chevaux de course, des produits de beauté…la liste est très longue.
Et quoi d’étonnant que, en janvier 1993, un hybride portant le nom de Schombolaelia Emile Gallé ait fleuri dans les
serres du Jardin du Luxembourg.
Les publicitaires, voulant démocratiser l’image de l’orchidée, n’ont abouti qu’à renforcer ses capacités symboliques.
En effet, tous les objets ou services évoqués ont un point commun : ce sont essentiellement des produits de luxe
évoquant beauté, rareté, richesse, sensualité, aventure ou exotisme.
Je terminerai en vous faisant admirer des peintures de Patricia Laspino, artiste américaine dont le but est toujours de
créer un pont entre l’art et la botanique.
Conclusion
En notre ère de haute technologie où la science a permis de dévoiler quelques uns des mystères de la nature, on pourrait
se hasarder à détourner la théorie déterministe de Darwin : l’être humain a toujours eu des fantasmes, l’orchidée se
devait donc d’exister.
Bibliographie générale
-
« L’homme et l’orchidée, histoire d’un regard » de Pierre Besnehard – Université de Provence
« The orchid in Lore and legend » de Luigi Berliocchi
« Orchidées» de Gérald Leroy-Terquem et Diohar Si-Ahmed
« Les orchidées dans l’Ecole de Nancy » de Jean et Michèle Pertuy
« Les orchidées dans l’œuvre d’Emile Gallé » de Jean Pertuy - No spécial des Annales de l’Est 2005
Nota : lors de la présentation de cet exposé, les textes étaient illustrés par des photos qu’André Fernandez a eu
l’amabilité de rechercher pour moi sur le Net.
Je l’en remercie infiniment.
6- Présentation des plantes:
Fabrice Lacour
Cycnoches cooperi
Paphiopedilum Lady Isabel (stonei x rothschildianum)
Amérique du Sud, Pérou, Brésil
Stéphane Tardy
Laelia purpurata var. striata
Brésil
Jean Christophe Hannachi
Zelenkoa onusta
Epidendrum melanoporphyreum
Sud-Ouest Equateur
Pérou
Walter Wirbs
Christensonia vietnamica
Habenaria myriotricha
Masdevallia hybride Aquarius
Plectrelminthus caudatus
Vietnam
répartie sur tout le globe
Costa Rica, Pérou,Guyane
Cameroun ,Gabon, Zaïre
Nicole Austruy
Phalaenopsis equestris alba
Phalaenopsis lueddemanniana
Philippines, Taïwan
Philippines
Denise Roucoule
Tricocentrum albococcineum
Pérou, Equateur, Brésil
Bernard Beyria
Vanda Hertziana (coerulea x tricolor)
Sud-est asiatique
Merci à tous ceux (nombreux) qui ont amené des plantes à présenter.

Documents pareils