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Chroniques 2009 et 2010
Professeurs agrégés (PRAG)
Professeurs certifiés (PRCE)
dans l’enseignement supérieur
26 février 2009
PRAG en universités
François Fillon demande à Xavier Darcos de renforcer la mise à disposition de l’université de
professeurs agrégés (PRAG du second degré) pour un meilleur encadrement des étudiants
dans le cadre du “Plan Réussir en licence”. Cette annonce est presque présentée comme un
scoop, une nouveauté. Il n’en est rien ! Les PRAG (mais aussi les PRCE, professeurs
certifiés) interviennent de très longue date dans l’université : ils ont été mobilisés de manière
très importante dans les années 90 pour faire face à la progression du nombre d’étudiants et…
pour limiter la progression des effectifs d’enseignants-chercheurs ! En 2007-2008, ils sont
toujours là !
La Note d’information “Les personnels enseignants de l’enseignement supérieur 20072008“ (Bideault et Rossi, 2008) fait le point. 90.000 enseignants ont enseigné dans
l’enseignement supérieur cette année-là : 20.000 professeurs, 37.300 maîtres de conférences,
13.700 enseignants du second degré, 6.600 attachés d’enseignements et de recherche (ATER),
7.100 moniteurs. Le nombre d’enseignants de ces deux derniers statuts précaires a plus que
doublé entre le début des années 90 et 2007-2008 ! Au cours de la même période, le nombre
d’enseignants du second degré en fonction dans l’enseignement supérieur a progressé de
60% (progression analogue à celle des maîtres de conférences), alors que le nombre de
professeurs n’augmentait que de 35%.
Les professeurs du secondaire en fonction dans le supérieur (ils y sont “affectés” et non
“détachés”, comme je l’ai écrit dans la première version de cette chronique : lire les
commentaires) enseignent, en particulier, dans les disciplines littéraires et de sciences
humaines et sociales, dans les Instituts universitaires de technologie (IUT). Ils ont un
service double (384 heures de travaux dirigés) de celui des enseignants-chercheurs (d’où
l’intérêt, pour les finances publiques, d’y recourir quand les effectifs étudiants augmentent
rapidement !). Il faut rappeler, dans le débat actuel sur la modulation des temps de services
d’enseignement, que les PRAG bénéficient de décharges de services quand ils préparent un
doctorat, quand ils ont des responsabilités pédagogiques ou administratives ou… quand les
effectifs étudiants diminuent (cas des disciplines scientifiques).
L’incitation à faire appel aux PRAG pose, de manière très explicite, la question de
l’enseignement dans le cycle “licence”. Depuis la réforme LMD, le premier cycle est assuré
essentiellement par des maîtres de conférences (certains de ceux-ci sont des PRAG et des
PRCE titulaires d’un doctorat), des professeurs détachés du secondaire, des ATER et des
moniteurs (ceux-ci doivent assurer 64 heures de travaux dirigés). Les professeurs ont délaissé
le 1er cycle et assurent les enseignements de master et de doctorat.
Le corps enseignant de premier cycle universitaire est donc extrêmement hétérogène
(personnels titulaires et personnels précaires), ce qui présente un risque important pour la
qualité des enseignements. D’où notre idée de créer des lycées d’enseignement supérieur
(LES), établissements d’éducation autonomes des lycées et des universités et assurant la
totalité des enseignements de premier cycle, ceux menant aux études longues et ceux menant
au marché du travail (licences professionnelles). Le corps enseignant de ces LES ne serait
composé que de professeurs agrégés. Cliquer ici pour accéder à la chronique : “créer 480
lycées d’études supérieures”.
06 mars 2010
Bacs pros en Prépa ECT
Suite de la chronique “Prépa pour Bacs pros” au lycée Cassin-Frey de Strasbourg (chronique
“Fusion de lycées“). Compte-rendu de l’entretien du 24 février 2010 avec Pascal Simon, qui a
accepté, à la demande du proviseur Martin Bruder, d’être le responsable de la prépa ECT pour
bacheliers professionnels. Historique et premier bilan.
Printemps 2008. Le lycée fête le 30ème anniversaire de la prépa Economique et commerciale (voie
technologique), dite prépa ECT, ouverte aux bacheliers technologiques de la série Sciences et
techniques de gestion (STG) et préparant au concours d’entrée dans les Ecoles supérieures de
commerce (ESC).
Des inspecteurs généraux sont présents à la cérémonie et c’est l’occasion d’évoquer avec eux
l’ouverture de cette prépa aux bacheliers professionnels, projet qui trotte dans les têtes depuis un
moment, impulsé par un collègue de Pascal et soutenu par le proviseur du lycée. L’Inspection
générale est assez enthousiaste. Le recteur soutient alors le projet, obtient l’accord du ministère
et accorde le volume d’heures nécessaire. La prépa réservée aux bacs pros n’ouvre pas une nouvelle
voie professionnelle ; elle a le programme de la prépa ECT, mais elle est organisée sur 3 ans au lieu
de 2, avec des horaires aménagés.
Deux autres conditions à remplir pour ouvrir la Prépa dans les meilleures conditions. 1. Constituer
l’équipe pédagogique, par appel à des volontaires. Tous les professeurs des prépas technologiques du
Lycée l’ont été et l’équipe comprend aujourd’hui une petite dizaine d’enseignants en économie,
gestion, droit, mathématiques, informatique, langues vivantes… 2. Avoir construit des partenariats
efficaces. Un accord a été négocié avec l’Ecole de Management de l’université de Strasbourg pour que
des étudiants en fin de cursus puissent tutorer les étudiants de la prépa ECT. Le partenariat “Cercle
Passeport Télécoms“, constitué d’une dizaines de grosses entreprises, assure des ateliers et des
conférences en finances, en découverte des métiers et organise des simulations d’entretien en vue des
concours.
Les étudiants bénéficient, en 1ère et 2ème années, de cours de mise à niveau en culture générale (il
n’y a pas de philosophie au programme du baccalauréat professionnel), en langues vivantes (langue
vivante 2), en lettres. Le jeudi après-midi, en ateliers, ils ont des conférences de méthodologie, de
problématique d’entreprises et d’ouverture culturelle. En 3ème année, les étudiants sont dans les
conditions d’atteindre le même niveau que les étudiants de la prépa en 2 ans.
Début 2009, l’habilitation à ouvrir la prépa tarde à venir ; elle ne sera officielle que mi-mars 2009. La
campagne de recrutement pour la rentrée 2009 commence cependant par l’intervention du SAIO
du rectorat (information de tous les CIO d’Alsace), mais elle ne peut s’inscrire dans la procédure
d’admission post-bac. Tant pis, il faut y aller. L’objectif est de pourvoir la capacité d’accueil : 20
places (la prépa est expérimentale et bénéficie donc de très bonnes conditions pour les étudiants). Pour
une nouvelle prépa ECT, la norme est, au début, de 20 étudiants, pour pouvoir atteindre assez vite 3035 élèves.
39 candidatures sont reçues, mais certains candidats ne confirment pas (”ils ont eu peur de la
longueur des études, 3 ans de prépa, puis 3 ans d’école de commerce). Deux principaux critères
d’admission : le jugement du conseil de classe (avis “très favorable” ou “favorable”), la capacité de
travail (… éviter les candidats qui, chaque trimestre, “peuvent mieux faire !”). Septembre 2009 : la
prépa ECT bacs pros accueille sa première promotion : 13 étudiants (dont un étudiant des Bouchesdu-Rhône et un de Brest), autant de filles que de garçons, plus de 30% de boursiers… Le lycée
Cassin-Frey ne possède pas d’internat, mais, par négociation, des chambres ont été mises à disposition
des étudiants qui le désiraient au CROUS et dans un lycée qui possède un internat.
Pourquoi ces étudiants ont-ils candidaté ? Cela représente pour eux “une revanche sociale” :
sortir de l’orientation par défaut en lycée professionnel et prouver que les bacheliers professionnels,
fort motivés, peuvent aller jusqu’à bac+5 ; il y a aussi “l’envie de gagner de l’argent” ! Les étudiants
sont contents et l’ambiance est très bonne. Dans une prépa expérimentale à faible effectif, les
étudiants peuvent vraiment être suivis individuellement ; ils osent poser des questions à
l’enseignant ; ceux-ci ne sont pas très contraints par le rythme du programme en vigueur dans la prépa
en deux ans ; ils peuvent vérifier que tout est bien assimilé. L’objectif est de mener les étudiants aux
concours dans les meilleures conditions.
1er bilan fait par le 1er conseil de classe. Satisfaction dans l’équipe pédagogique : 4 félicitations,
1 encouragement. Ce qui caractérise les élèves, c’est “l’énorme volonté de réussir, parce qu’on leur a
fait confiance”. La première étape du défi est gagnée : une deuxième promotion va pouvoir être
accueillie en septembre 2010… mais il faudra qu’elle atteigne réellement 20 étudiants. Il faut
absolument faire des économies d’échelle parce qu’une prépa est fort coûteuse, en partie à cause des
nombreuses heures de “khôlle” et surtout dans le contexte d’une dotation globale d’heures pour le
lycée en baisse (”cela crée des tensions”).
Et si les étudiants échouent à terme au concours d’entrée d’une ESC ? Pour les prépas ECT, un
accord a été négocié avec la Faculté d’économie et gestion de l’université de Strasbourg : les étudiants
pourront entrer directement en 3ème de licence d’économie-gestion. Une négociation est en cours
pour l’intégration en L3 AES. Elle a par contre échoué avec la Faculté de droit.
Le premier bilan de l’expérimentation est fort encourageant : il récompense un très fort
investissement au sein du lycée et chez ses partenaires. Mais, bien évidemment, la pari final ne sera
gagné que si la plupart des étudiants inscrits intègrent, au terme de leur parcours de 3 ans, une école de
commerce, de management. L’expérimentation mérite dès maintenant d’être étendue ; il faut
ouvrir des places pour les bacheliers professionnels dans l’enseignement supérieur ; c’est la
condition pour que 50% des jeunes obtiennent un diplôme de l’enseignement supérieur, objectif de la
loi sur l’école de 2005.
Je pense, et les lecteurs de ce blog le savent, que l’institutionnalisation d’un parcours de
formation de 3 ans, conduisant aux grandes écoles et aux masters universitaires, se ferait plus
facilement si des Instituts d’enseignement supérieur étaient créés. Lire les chroniques sur les IES
sur mon blog d’EducPros.
08 mars 2010
PRAG, PRCE dans le Sup
5 mars 2010. Première rencontre Syndicats / Conseillers de Valérie Pécresse et de Luc
Chatel sur les professeurs agrégés (PRAG) et certifiés (PRCE) affectés dans
l’enseignement supérieur. Liste des sujets qui devront être traités avant l’été : conditions de
recrutement, d’affectation, d’évaluation, de notation et d’avancement, de mutations ; contenu
du service et missions dans un contexte de forte transformation des tâches effectuées,
aménagement du temps de service en fonction de l’activité de recherche ; carrières et régime
indemnitaire.
Les syndicats souhaitent un plan pluriannuel permettant une reprise des affectations dans
le supérieur, une vraie négociation aboutissant à la modification du décret de 1993
réglementant l’affectation. Le SNESUP demande une diminution de la charge de service des
PRAG et des PRCE (250 heures de travaux dirigés au lieu de 384) (communiqué du
SNESUP ; communiqué du 30 mars 2010). Sup’Recherche UNSA (site) estime que les
PRAG et PRCE enseignant à l’université sont moins bien traités que leurs collègues
enseignant en CPGE ou en BTS (lire infra) ; ce syndicat demande que les tâches de recherche
ou d’administration soient reconnues dans leur service sur la base du nouveau référentiel
national en vigueur pour les enseignants-chercheurs (chroniques de ce blog : ”Suivi du
référentiel“, “Enseignants aux forfaits“). Le SGEN CFDT Sup revendique une amélioration
des conditions de travail et de carrière (communiqué du SGEN). Pas de plate-forme
revendicative commune.
Combien de PRAG /PRCE enseignent dans le supérieur (hors classes supérieures des
lycées, CPGE et STS) ? Est-ce plus favorable pour les professeurs agrégés d’enseigner
dans les classes supérieures des lycées ou à l’université ?
Les PRAG et PRCE dans l’enseignement supérieur (Note d’information 09.24 de la
DEPP: “Les personnels enseignants de l’enseignement supérieur en 2008-2009“). Leur
nombre a progressé de près de 60% dans les années 90 : il fallait faire face, en urgence, à la
forte augmentation du nombre d’étudiants universitaires jusqu’en 1995. Depuis le début du
3ème millénaire, leur nombre stage (graphique 1 de la note). En 2008-2009, 13.427 PRAG
et PRCE du secondaire enseignaient dans l’enseignement supérieur, soit 16,2% des 83.000
enseignants (ou 14,7% des 91.300 enseignants du supérieur, moniteurs compris, tableau 1) ;
7.524 agrégés (dont 723 en STAPS), 5.903 certifiés (dont 985 en STAPS) et 298 adjoints
d’enseignement, PEGC et ENSAM (tableau 5).
Il va sans dire que ces enseignants sont indispensables pour remplir la mission
d’enseignement des universités. Ils n’enseignent pas pour autant dans toutes les
disciplines : 7.168 sont en fonction en Lettres et sciences humaines (dont 4.152 en
Langues et littérature), 4.585 en Sciences (dont 2.053 en mécanique, génie mécanique, génie
informatique et énergétique), 1.674 en Sciences économiques et de gestion. Aucun PRAG ou
PRCE en Droit et Sciences politiques, en Médecine et Pharmacie.
La proportion d’enseignants PRAG et PRCE est forte dans les IUT (4.285 soit 43% des
enseignants d’IUT), dans les IUFM (2.257 soit 68,5% des enseignants d’IUFM) (tableau 2).
Par contre, ils ne représentent que 9,3% des enseignants en université (6.733 / 72.734).
Dommage que la Note de la DEPP ne répartisse pas les PRAG et PRCE par cycle
d’enseignement dans l’université ; ils sont certainement bien plus nombreux dans le cycle
“Licence” que dans le cycle “Master”. Répartition des PRAG et PRCE par académie : plus
de 800 PRAG et PRCE enseignent dans le supérieur dans les académies de Lille, de Lyon, de
Paris et de Versailles (tableau huit).
Les PRAG ont-ils intérêt à enseigner dans les classes supérieures des lycées (CPGE et
STS) ou en IUT, à l’université, ou en IUFM ? Ceux qui veulent faire de la recherche,
préparer et obtenir un doctorat, puis être recruté comme maître de conférences n’ont guère le
choix : l’affectation dans une université est un atout pour eux, et ce d’autant que la
préparation d’un doctorat entraîne une décharge de service d’enseignement.
Les autres, les enseignants “purs”, n’y ont aucun intérêt et ce encore moins quand ils ont
réussi à n’enseigner que dans les classes supérieures des lycées. Il faut pour cela
candidater, au sein d’une procédure nationale, sur des postes qui sont gérés directement par le
ministère. Celles et ceux qui parviennent à n’être affectés que dans ces classes ont alors un
statut bien meilleur que celui des PRAG affectés dans le supérieur. Leur service
d’enseignement est moindre : il peut n’être que de 8 heures par semaine s’ils enseignent
dans des classes dont l’effectif est égal à 35 élèves ou plus ; il est alors de 288 heures par an
(8 heures par 36 semaines) contre 392 heures dans les universités.
Au salaire de base, s’ajoutent les heures supplémentaires, en particulier les heures de
“khôlles”, heures désormais défiscalisées ! A l’inverse, les PRAG en université qui ont une
décharge de service pour la recherche ne peuvent évidemment faire des heures
complémentaires. Si, de plus, le PRAG enseigne en licence professionnelle dans son lycée
(par partenariat avec une université), son service est encore réduit ! Et enfin, ces PRAG
peuvent enseigner à l’université en heures complémentaires ! Lire la chronique : “Bacs
Pros en prépa Economique et commerciale, voie technologique“).
Lors de la réunion du 5 mars 2010, les conseillers des deux ministres n’ont fait aucune
proposition aux syndicats. A suivre donc.
7 avril 2010
IES. Le corps professoral
Suite des chroniques sur les IES. Qui enseignera dans les Instituts publics
d’enseignement supérieur, chargés du 1er cycle, le cycle Licence ? Des agrégés et
seulement des agrégés. Quels sont actuellement les corps professoraux qui enseignent dans
les CPGE, les STS, les IUT, le cycle licence à l’université, corps qui devraient disparaître en
tant que tels avec la création des IES ?
Dans les CPGE et les STS, enseignent des professeurs agrégés et des professeurs certifiés du
secondaire. Certains agrégés n’enseignent que dans les classes supérieures des lycées (pas
d’heures de cours dans le secondaire) (chronique : “PRAG dans le SUP“). Il faut pour cela
candidater, au sein d’une procédure nationale, sur des postes gérés directement par le
ministère. Celles et ceux qui parviennent à n’être affectés que dans ces classes ont alors un
statut bien meilleur que celui des PRAG affectés dans le supérieur. Leur service
d’enseignement est moindre : il peut n’être que de 8 heures par semaine s’ils enseignent
dans des classes dont l’effectif est égal à 35 élèves ou plus ; il est alors de 288 heures par an
(8 heures par 36 semaines) contre 392 heures dans les universités.
Au salaire de base, s’ajoutent les heures supplémentaires, en particulier les heures de
“khôlles”, heures désormais défiscalisées ! Si, de plus, le PRAG enseigne en licence
professionnelle dans son lycée (en partenariat avec une université), son service est encore
réduit ! Et enfin, ces PRAG, … s’ils en ont le temps, peuvent enseigner à l’université en
heures complémentaires ! Chronique : “Bacs Pros en prépa Economique et commerciale,
voie technologique“.
C’est sur la base de la situation précédente que pourrait s’appuyer la négociation des
conditions de travail et de rémunération des agrégés du 1er cycle de l’enseignement supérieur,
enseignant dans les IES : grille indiciaire allant jusqu’aux indices des agrégés titulaires
d’une chaire supérieure, 8 heures de cours magistral durant 36 semaines.
Dans les IUT, le corps professoral est fort hétérogène : y enseignent des enseignants
chercheurs, des PRAG et des PRCE, des professionnels vacataires. Les PRAG et PRCE
représentent 43% du corps professoral (”Les personnels enseignants de
l’enseignement supérieur en 2008-2009“). Dans un certain nombre d’IUT d’universités, la
multiplication des licences professionnelle a induit de nombreuses heures complémentaires
pour les enseignants-chercheurs ; il en résulte peu d’activités de recherche pour ceux-ci
(chronique : “Président Condé“).
En licence universitaire, le corps professoral est encore plus hétérogène que dans les
DUT : enseignants-chercheurs (quelques professeurs et beaucoup de maîtres de conférences),
des PRAG et des PRCE, des ATER et des moniteurs, des vacataires et même des étudiants de
master pour le tutorat… Le 1er cycle est de plus en plus le champ d’enseignement des
“contractuels du SUP“, “Doctorants et docteurs“, des “précaires du SUP“.
Qui peut sérieusement argumenter que, dans le cycle Licence, on pratique aujourd’hui
un enseignement à et par la recherche ? Combien d’ATER et de moniteurs, de fait mal
encadrés par des enseignants titulaires, se laissent aller à parler de leur thèse et encore de leur
thèse, mettant quelquefois des éléments de celle-ci au programme de l’interrogation terminale.
Le premier cycle universitaire va mal ; les étudiants le fuient (”Effectifs. Alerte rouge“). Il
faut arrêter le massacre en créant des IES dont les enseignants seront tous des agrégés.
7.500 agrégés enseignent déjà dans le supérieur universitaire (DUT et licence). Combien
d’agrégés enseignent dans les classes supérieures des lycées publics et dans leurs classes
du secondaire ? La Note d’information de la DEPP 10.2 de février 2010 donne la réponse :
2.119 agrégés titulaires d’une chaire supérieure et 47.600 agrégés (le nombre de
professeurs certifiés : 247.300) ; malheureusement, la Note n’indique pas le nombre d’agrégés
qui enseignent en partie ou totalement dans les classes supérieures des lycées.
Le nombre total des agrégés (un peu plus de 57.000) est supérieur au nombre total de
maîtres de conférences, 37.300 (cliquer ici). Les agrégés sont a priori suffisamment
nombreux pour assurer à terme l’enseignement dans le cycle Licence et remplacer les maîtres
de conférences dont le corps est mis en extinction dès la création des IES.
Mettre le corps des maîtres de conférences (MCF) en extinction et confier le cycle
Licence aux seuls agrégés ? Mais pourquoi donc ? Plusieurs arguments. 1. Les agrégés sont
recrutés par concours national de haut niveau, les MCF sont recrutés par des comités de
sélection locaux, trop souvent emprunts de localisme.
2. Les agrégés commencent à enseigner plus jeunes que les MCF et bénéficient ainsi d’une
carrière plus longue. S’ils font une trajectoire sans redoublement, les étudiants titulaires d’un
master (condition mise aujourd’hui par la “mastérisation”) peuvent réussir le concours
d’agrégation à l’âge de 24 ans. L’âge moyen des MCF au moment de leur recrutement est
supérieur à 33 ans. Il n’y pas photo !
De nombreux arguments vont à l’encontre de la position que je défends pour les IES et
pour leur corps professoral. Exposons certains d’entre eux. 1. Les agrégés qui enseignent
dans les IES ne sont pas docteurs et ne peuvent pratiquer un enseignement à et par la
recherche. D’accord, mais qui peut prouver (cf. supra) que ce type d’enseignement est
pratiqué aujourd’hui en 1er cycle universitaire, en DUT, en BTS, en CPGE ? Dans le cycle
unifié de Licence en IES, il y a par contre besoin d’une pédagogie par projet (chronique :
“IES. Les formations“) ; il faut donc transformer les contenus des concours d’agrégation
pour mesurer la capacité des agrégés à exercer la pédagogie de la conduite de projets.
3. Il n’existe pas actuellement d’agréation du secondaire dans certaines disciplines
comme le droit, les sciences de la santé… Qu’à cela ne tienne ! L’histoire de l’agrégation, au
19ème et 20ème siècles, est celle d’une création presque incessante de nouveaux concours,
plus spécialisés. L’IES exige donc que soient créées de nouvelles agrégations pour couvrir
tous les champs d’enseignement du cycle Licence.
4. Mais si le corps des maîtres de conférences est mis en extinction, qui enseignera à
terme dans les universités, dédiées désormais, en conséquence de la création des IES, aux
masters et aux doctorats ? Seuls les professeurs des universités enseignent à l’université. Le
vivier de ces professeurs est constitué par les agrégés des IES. Tout nouvel agrégé pour les
IES doit y enseigner un minimum de 2 ou 3 années ; au terme de cette période, il a 26 ou 27
ans.
Les agrégés, stimulés et intéressés par la recherche, et selon un appel d’offres annuel,
sont détachés dans des équipes de recherche pour y préparer un doctorat en 3 ans ;
ils gardent de ce fait leur statut de fonctionnaire et sont payés comme tels (plus de problèmes
d’allocations de recherche, de “contrats doctoraux“).
Au terme de leur doctorat (vers 30 ans), une partie des agrégés docteurs sont incités à
rester en détachement dans leur équipe de recherche ou dans une autre, en France ou à
l’étranger, pour y poursuivre leurs recherches et préparer une habilitation à diriger des
recherches (HdR) au terme d’une période de 5 à 8 ans. Ils peuvent ensuite candidater à
un poste de professeur des universités. Les autres agrégés docteurs retournent enseigner en
IES et peuvent éventuellement revenir plus tard à la recherche et à la préparation d’une HdR.
Avantage de ce mode futur de recrutement des professeurs des universités : tous auront
enseigné dans un IES, dans le 1er cycle de l’enseignement supérieur. A débattre !
7 septembre 2010
CPGE : casser le mur de béton
“Je veux faire tomber les murs de béton qui séparent la logique universitaire de la logique
des classes préparatoires” : Valérie Pécresse, en visite au lycée Gustave Monod d’Enghienles-Bains, 3 septembre 2010. La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche s’est
déplacée en banlieue pour inaugurer une classe préparatoire littéraire, partenariale entre
le lycée et l’université de Paris 13 Villetaneuse.
Une CPGE partenariale ? Site du MESR : “Les élèves, inscrits dans les deux
établissements, ont accès aux équipements et aux services de l’université et bénéficient des
aspects positifs des deux systèmes de formation grâce à une équipe pédagogique mixte
composée d’enseignants du lycée et de l’université”. Valérie Pécresse souligne “l’importance
de rapprocher les universités des grandes écoles par des projets communs de ce type afin
d’élargir les possibilités d’orientation des étudiants”.
Regardons ce projet de près et démontrons que la ministre ne réussit même pas à enlever un
seul morceau du dit “mur de béton”, que cette initiative, au contraire, renforce la forteresse
des CPGE et mobilise à leur profit les faibles moyens de l’université. Lisons attentivement le
texte en ligne sur le site du MESR (ici) et également en ligne sur le site du lycée
(ici). Analysons le pdf “Partenariat, débouchés, emploi du temps“.
“Ce dispositif pionnier… combinera le meilleur des deux systèmes de l’enseignement
supérieur : 1. L’encadrement, l’accompagnement individualisé, la poursuite des études dans
plusieurs disciplines, l’apprentissage de la rigueur, ainsi que les petits effectifs qui
caractérisent les classes préparatoires aux grandes écoles. 2. Une partie des cours dispensés
par des enseignants-chercheurs de l’université au plus près des avancées actuelles de la
recherche”.
Qui sont ces enseignants-chercheurs ? Je prends le pari que ce sont des PRAG en
fonction à Paris 13. Ils seront heureux d’intégrer ces heures d’Hypokhâgne dans leur service
(il est moindre par rapport celui des PRAG en classes supérieures) ; ils goûteront de se faire
payer leur participation à la “commission de choix des futurs étudiants” et les heures de colles
et de devoirs surveillés. Ces PRAG ne font pas de recherche ; les PRAG à même de faire
profiter les étudiants des avancées de la recherche préparent ou ont soutenu un doctorat et
visent à passer maîtres de conférences.
Valérie Pécresse vante la fluidité des parcours permise par ces classes partenariales. Ce
n’est pas innovant : il y a toujours eu des accords permettant aux élèves des prépas littéraires
de rejoindre l’université après une première ou une deuxième année, par le moyen de la
validation d’études. Sur ce point, rien ne change : tous les élèves sont d’abord inscrits dans
une filière sélective (la CPGE) et n’y paient pas de droits d’inscription ; ils prennent à titre
secondaire une inscription dans l’UFR de lettres de l’université, inscription pour laquelle
ils acquittent un droit de 50 euros seulement. L’université perd ainsi des droits
d’inscription. Fort logiquement, aucune information sur cette CPGE partenariale dans la
rubrique “Actualités” du site de l’université Paris 13.
L’emploi du temps révèle que les enseignements ont lieu majoritairement dans le lycée
(4 jours) et minoritairement dans l’université (1 jour : 1 heure optionnelle d’initiation à la
paléographie, 1 heure de français, 2 heures de langue vivante, 2 heures d’EPS). L’université
met à disposition ses installations sportives et ses bibliothèques spéacialisées. Qu’y
gagne-t-elle ? Rien. Elle perd même une partie de son potentiel d’heures d’enseignement.
Que gagne le lycée ? Tout. Au nom de la mutualisation, il capte, au profit des élèves
d’hypokhâgne et khâgne, une partie des ressources de l’université ? Que gagnent les
étudiants ? Des déplacements largement improductifs d’un établissement à l’autre ; pas
davantage et pas moins de garanties d’accéder à une licence (les élèves des prépas littéraires
sont les moins nombreux à intégrer une grande école).
Valérie Pécresse veut nous faire croire que ce “dispositif innovant” a pour “objectif de
décloisonner les formations de niveau Licence afin de permettre une plus grande fluidité des
parcours”. J’espère qu’elle ne croit pas à ce qu’elle dit. Il y aurait eu décloisonnement si des
élèves inscrits en L1 universitaire sans sélection à l’entrée avaient été autorisés à suivre
des cours supplémentaires en hypokhâgne !
Bien sûr, il y a, dans le texte ministériel, le couplet politiquement correct : “le recrutement
des zones difficiles est privilégié”. Et un rappel : la CPGE partenariale “complète utilement la
création de cycles préparatoires en licence, encore peu nombreux, tout en évitant la
concurrence entre les deux systèmes”. Tiens, serait-ce une allusion à la création de CPGE
dans les universités ? Où en est-on pour la réalisation de cette annonce.
Valérie Pécresse, votre réforme des CPGE partenariales n’est qu’une mesurette : elle ne
décloisonne pas les filières de l’enseignement supérieur ; elle renforce au contraire leur
cloisonnement en permettant aux CPGE de capter sans contrepartie une partie des
moyens matériels et humains des universités.
La réforme que porte ce blog est autre. Il s’agit de sortir les classes supérieures des lycées
(CPGE et STS) et de les intégrer dans des Instituts d’enseignement supérieur (IES),
établissements publics à créer. Il s’agit aussi de sortir le cycle “Licence” et les DUT de
l’université et de les intégrer dans ces IES. Ces quelques 600 IES, répartis sur tout le
territoire, mettraient ainsi en oeuvre deux parcours de licence en 3 ans : un parcours menant
aux études universitaires (masters, écoles d’ingénieur, écoles de commerce et de
management…) et un parcours menant à une licence professionnelle et au marché du travail.
Madame la ministre, osez cette réforme : un mur de béton ne se casse pas avec des
paroles !
1er novembre 2010
PRAG, PRCE, MCF, ASU en tensions
J’aurais pu intituler cette chronique : “Heurs et malheurs des personnels du supérieur
à Figeac“. Travailler dans l’Education nationale demeure une fierté. Le métier exercé apporte
bien des satisfactions. Mais les personnes rencontrées m’ont également fait part de
plusieurs facteurs de tensions.
Mais tout d’abord les satisfactions. Elles tiennent aux conditions de travail et de vie
(chroniques : “L’enseignement supérieur à Figeac” et “Figeac. Le soutien de la région“).
Le fort soutien des collectivités territoriales, de la région et de la ville en particulier, démontre
à chacune et à chacun que l’enseignement supérieur professionnel de 1er cyce (BTS, DUT,
licences professionnelles), peut et doit être un atout du développement du territoire.
Enseigner à l’IUT, au LEGTA la Vinadie, au lycée Champollion signifie avoir des moyens
techniques modernes qu’on peut faire valoir aux partenaires économiques tant pour les stages
et l’insertion des étudiants que pour la formation continue des salariés et la recherche
appliquée. Avoir des moyens techniques modernes est un atout pour “garder”
les bacheliers du Lot mais aussi pour attirer les étudiants d’ailleurs. Les investissements
en nouveaux locaux permettent, tout au moins à l’IUT, d’avoir un bureau personnel ou
partagé. Enseigner dans le supérieur d’un de ces trois établissements signifie des conditions
d’encadrement optimales pour les étudiants (effectifs limités dans les cours et les travaux
dirigés). Enseigner dans ce supérieur professionnel rassure sur les conditions d’études et de
vie des étudiants : les collectivités territoriales y veillent tant pour le logement que pour la
restauration, le transport, le sport et la vie culturelle. Autre point fort pour les personnels :
quand on a décidé de s’installer à Figeac, dans une ville moyenne, ville d’art et d’histoire, on
a y trouve beaucoup d’intérêts : le foncier et la construction pour devenir propriétaire y
sont abordables ; la région est fort belle ; on n’y est pas isolés, quoi qu’en pense le parisien
ou l’habitant d’une grande métropole.
Trois trajectoires réussies, celles des trois chefs d’établissement. Ils ne sont nés ni à
Figeac, ni dans le Lot. Et ils s’y sentent très bien. Figeac, c’est un point d’orgue dans une
carrière en devenir. Hassein Samr, proviseur du LEGTA, est originaire de Mirande dans
le Gers. Etudes d’économie puis d’économétrie à Toulouse jusqu’au DEA. Mais il lui faut
travailler et il trouve un premier emploi comme maître d’internat dans un établissement
du ministère de l’agriculture au début des années 90. C’est une orientation décisive. En
1995, il devient formateur en mathématiques dans un centre de formation et de promotion
professionnelle agricole. En 2000 et après l’obtention du CAPES en interne, il devient
professeur de mathématiques au lycée agricole de Mirande, puis proviseur-adjoint. En 2004,
il a en effet été inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions de direction. Depuis septembre
2009, il est directeur du LEGTA La Vinadie. Par “nécessité de service”, il a un logement de
fonction ; il dispose également d’une voiture de fonction, marquée du logo de la région.
Hassein Samr est jeune ; sa carrière n’est pas terminée.
Madame Bousquet, proviseur des deux lycées Champollion, est une femme débordante
d’énergie. Elle avoue un “dada” : développer les stages à l’étranger pour les élèves et monter
des Sections de technicien supérieur qui n’existent pas ailleurs. Titulaire d’un BTS, elle a
commencé sa carrière en Collège d’enseignement technique. Mais elle ne s’en est pas
satisfait; elle a toujours voulu progresser par la formation continue. Elle y est parvenue en
partie : obtention d’un CAPET Economie et gestion grâce à un passage par l’ENS Cachan,
puis mobilité vers l’Auvergne, puis proviseur après avoir été inscrite sur la liste d’aptitude.
Elle ne se contente pas de cette carrière réussie et c’est là que les obstacles apparaissent :
refus du rectorat de lui laisser suivre une formation de l’ESEN, pourtant à en formation à
distance ; refus de l’IEP de Toulouse en management des organisations publiques de lui
laisser entreprendre une Validation des acquis de l’expérience qui lui permettrait d’obtenir
un master. J’ai honte pour l’IEP.
Les proviseurs des lycées ont une carrière qui est “bornée” par des étapes : passer d’un
lycée de classe “X” à un lycée de classe “Y”, ce qui signifie une progression d’indice salarial,
de primes et de prestige ; les nominations dans un autre poste sont organisées par
le ”mouvement“, cogéré par le ministère, les rectorats et les syndicats. Rien de tel
pour Olivier Drouard-Pasturel, directeur de l’IUT de Figeac ; il n’existe pas de carrière
pour les directeurs d’IUT, pas de passage possible d’un IUT de classe “C” à un IUT de classe
“B” ou “A”… Rien ne “prédestinait” Olivier à devenir directeur de cet IUT. Il est francilien
de Bois-Colombes. Etudes d’économie à Nanterre puis l’ENS Cachan, CAPET Economie et
gestion, et aussi agrégation. DEA à Dauphine, inscription en doctorat ; nomination en tant
que PRAG à l’IUT de Figeac en 1998 et… abandon du doctorat à Dauphine. “Il a fallu
gérer les temps de déplacement, ma femme ayant été nommée à Tarbes. J’ai bien sûr essayer
de prendre des contacts avec des équipes de recherche de Toulouse pour faire un doctorat”.
Mais les “responsabilités administratives” l’ont attrapé”. L’IUT est devenu un IUT de
plein exercice en 2001. Le directeur de l’IUT qui a assuré un premier mandat entre 2001 et
2006 n’a pas souhaité en faire un deuxième. Olivier est devenu administrateur provisoire, puis
il a été élu-nommé directeur, pour son sens des responsabilités et non pour l’obtention d’une
prime annuelle de 6.000 euros. “PRAG, je le suis et je le reste”. Exit la recherche, au
moins pour l’instant. Olivier est trop jeune pour ne pas quitter un jour l’IUT, même s’il s’est
installé localement et en est fort heureux.
Ces trois chefs d’établissement assument leurs responsabilités avec sérieux et satisfaction
pour eux-mêmes. Mais ils sont vigilants et ne sont pas forcément rassurés pour l’avenir.
Les deux proviseurs de lycée sont inquiets pour les suppressions de postes, surtout si les
effectifs de leurs établissements venaient à baisser. Dans l’immédiat, ils assument des charges
supplémentaires : Hassein Samr est proviseur du LEGTA, mais aussi directeur de l’EPL
Figeac, Madame Bousquet est directeur du lycée général et technologique, mais aussi du lycée
professionnel (”ce n’est pas une cité scolaire ; il y a deux conseils d’administration”).
Combien d’établissements à diriger à l’avenir ? Vers des regroupements ? Comment
donner confiance au lycée professionnel qui est sur la défensive, qui se sent moins reconnu
parce qu’il a moins d’élèves et qu’il est donc au premier rang pour les suppressions de postes?
Et pour tous les trois responsables, des coûts de coordination qui explosent : des réunions
et des réunions pour se projeter pour l’année, dans les quelques années qui viennent. Pourra-ton maintenir des formations qui ont des effectifs trop réduits ? Qu’inventer comme formations
pertinentes et attractives, en particulier au niveau de la licence professionnelle ? Faut-il
négocier plus avant avec le rectorat pour ouvrir une classe préparatoire aux grandes écoles ?
Que faire vis-à-vis du CUFR d’Albi qui souhaite implanter des 3ème années de licence et des
masters à Figeac ? Les tensions sont palpables, celles tenant aux effectifs d’élèves et
étudiants peu prévisibles d’une année sur l’autre, induisant des incertitudes sur les postes et
leur renouvellement en cas de départs.
Les tensions sont encore plus palpables au sein de l’IUT car il est au coeur de la création
des licences professionnelles et des licences générales demandées par le CUFR d’Albi.
Soutenu objectivement par les collectivités territoriales, l’IUT n’a pas directement affaire au
rectorat mais son université de tutelle, Toulouse II Le Mirail, est
incontournable. Toulouse : elle est loin la présidence de l’université, mais elle est tellement
présente ! Les IUT veillent à ne pas devenir des composantes comme les autres : la loi leur
reconnaît un statut d’Institut. En Midi-Pyrénées, les IUT sont rattachés aux trois universités ;
c’est devenu ubuesque. Les relations entre l’IUT de Figeac et Toulouse II Le Mirail ne sont
pas les moins mauvaises de la “place”. Mais elles sont, tout à fait, normalement “tendues”.
T
La négociation se déroule dans le cadre du “contrat d’objectifs et de moyens”.
L’université a concédé à l’IUT son premier poste de professeur (oui, depuis 2001, date de la
création de l’université de plein exercice, l’IUT n’avait obtenu aucun poste de professeur),
mais l’IUT a dû donner des garanties (ne pas recruter un professeur qui n’y ferait qu’une
étape dans sa trajectoire ou un professeur proche de la retraite). La négociation porte aussi
sur les responsabilités à prendre en compte dans le cadre du référentiel national des
tâches et qui aboutissent à des décharges de services ou à des rémunérations en heures
complémentaires. Et dire que, dans la région, il y a trois “contrats d’objectifs et de moyens”
négociés par trois universités : ubuesque car cela peut aboutir à des référentiels différents et…
inégaux pour les enseignants et les non-enseignants des IUT des différentes universités.
Les tensions existent aussi, en interne à l’IUT, entre les enseignants des formations
industrielles (richement dotées en équipements et aux effectifs problématiques) et ceux des
formations tertiaires (effectifs étudiants plus nombreux et créations de postes qui leur
échappent). Tensions entre les maîtres de conférences (50% des titulaires) et les
professeurs agrégés ou certifiés (50% des titulaires) : les premiers doivent faire de la
recherche et les seconds non ; les premiers ne sont pas en situation de faire de la recherche,
effectuent des heures complémentaires et, du fait que leur service statutaire d’enseignement
est moindre, ils parviennent à des rémunérations mensuelles plus élevées que celles des
seconds. Tensions entre les maîtres de conférences eux-mêmes, entre les anciens qui ont
pris des responsabilités localement, qui tentent de se fédérer en équipe de recherche (mais
comment avoir une thématique et une problématique communes quand on appartient à une
dizaine de disciplines différentes ?) et les nouveaux recrutés, qui donnent certes des gages
d’investissement local pour être recrutés, mais qui n’ont de cesse que de garder des relations
étroites avec leur laboratoire à Toulouse car leur avenir y est lié et qui deviennent donc des
turbo-profs.
Et tensions chez les personnels administratifs, techniques et ingénieurs, les ASU. Fort
impliqués mais trop peu nombreux, ils ne peuvent faire face à toutes les tâches qui seraient
nécessaires pour rendre l’IUT plus dynamique, plus attractif, plus sûr de son avenir. Et
pourquoi d’ailleurs faire face ? Précaires dans un premier temps, ils s’inscrivent certes dans
des préparations à des concours. Mais quel impact financier de la réussite à un concours de
catégorie C et quelle politique indemnitaire de l’IUT, encadré strictement par l’université ?
Les personnels ASU et ITARF, par leur immersion dans le territoire, sont, eux aussi, la
garantie de l’avenir de l’IUT ; ils ne sont pourtant pas les mieux gratifiés, considérés.
Mon immersion, temporaire et évidemment superficielle sur le territoire de l’enseignement
supérieur à Figeac, a été déstabilisatrice de mes certitudes. Que penser quand on a établi de
très nombreux points forts dans les 3 établissements visités, mais aussi une grande fragilité
pour l’avenir ? L’idée d’un territoire organisé, pour l’enseignement supérieur de premier
cycle, le cycle “Licence”, autour d’un Institut d’enseignement supérieur (Tag IES de ce
blog) unique tient-elle encore la route ? Chronique à suivre…
Signalé par Michel Abhervé. “A Carcassonne, le directeur du département Techniques de
commercialisation est un homme à tout faire” (La Dépêche du 18 octobre 2010).
30 novembre 2010
Recrutement 2011 de PRAG / PRCE dans les universités
A quoi aboutissent deux modes de gestion des ressources humaines, celui des universités
autonomes passées aux “responsabilités et compétences élargies” et celui centralisé du
ministère de l’Education nationale ? A une situation parfaitement ubuesque. La preuve : la
procédure de recrutement des PRAG et des PRCE dans les universités pour l’année 2011 est
lancée. On se dit que son calendrier et ses différentes étapes vont forcément coincer ici ou là.
“Publication des emplois d’enseignants du second degré à pourvoir le 1er septembre 2011
dans les établissements d’enseignement supérieur” (BOEN du 18 novembre 2010).
Conditions de recevabilité et d’examen des candidatures. Examen des dossiers par les
établissements. Information des candidats. Transmission des propositions d’affectation.
Affectation sur emplois devenus vacants.
Calendrier : selon les moments, une course de vitesse ou de lenteur, mais toujours une
course semée d’obstacles (que de documents à fournir !). Dépôt des candidatures jusqu’au 4
décembre 2010. Examen par les établissements avant le 7 janvier 2011 : évidemment, PRAG
et PRCE ne passent pas devant les comités de sélection. Les candidats retenus ont huit jours
pour confirmer leur acceptation du poste. Transmission des dossiers complets à la DRH du
MEN au plus tard le 26 janvier 2011. Nomination provisoire en juillet. Autorisation donnée
par le recteur de l’académie pour l’affectation en détachement dans le supérieur au 1er
septembre 2011.
Problèmes. A la date de l’examen des dossiers de candidatures (décembre 2010), les
universités 1. ne connaissent pas encore tous les postes susceptibles d’être vacants pour
l’année 2011-2012, 2. n’ont évidemment pas décidé ce qu’elles allaient faire des supports
budgétaires de ces éventuels postes vacants dans le cadre de leurs responsabilités et
compétences élargies ! Appeler à candidature 9 mois avant la prise de poste effective,
c’est digne d’une bureaucratie obsolète et non d’une entreprise libre et responsable.
Liste des emplois vacants ou susceptibles de l’être : cliquer ici. Les postes sont rangés par
discipline et par université dans chacune des disciplines : 10 postes en allemand, près de 200
en anlglais, une vingtaine en arts appliqués… Les universités publient chacune leurs postes
vacants. Exemple à Bordeaux 3 Michel de Montaigne (cliquer ici) : 11 détachements
proposés.
Commentaires “Recrutement 2011 de PRAG / PRCE”
1. Marianne dit: novembre 30th, 2010 at 22:35
D’apres ce que j’ai compris ce qui rend le calendrier ubuesque c’est que “tous les
renseignements sur les candidats (auditions et autres)” devront etre pris avant le 7
janvier. En supposant que les auditions aient lieu a la rentree quand selectionne t on
les dossiers : à Noel?
La date limite de candidature etant le 4 decembre, le temps que la poste fasse son
travail ca fait une dizaine de jours pour trier sur certains postes 60 dossiers…Si jamais
les jurys ont le malheur de vouloir se reunir avant
Bon courage aux candidats et aux jurys…et joyeuses fetes!
2. Marianne dit: novembre 30th, 2010 at 22:37
Autre probleme : un candidat pris sur un poste de prag peut etre pris ulterieurement en
CPGE ou sur un poste de MCF et ainsi laisser en rade l’établissement qui l’a
recruté….
Le calendrier est donc peut etre effectivement a revoir.
3. Carmen dit: décembre 11th, 2010 at 16:56
Bonjour,
Le calendrier est, en effet, étonnant.
1) Quelqu’un saurait quel est le nombre de dossiers en moyenne pour un poste de
prag, en anglais, par exemple ?
2) Etre docteur est-il un avantage ou un handicap ?
3) Y a-t-il un moyen de savoir quels seront les recrutements en prag dans les
prochaines années ? (Je n’ai trouvé aucune estimation sur les départs en retraite).
4) Qu’en est-il du nouveau statut des prags dont on parle beaucoup ?
5) Si le recteur donne son accord en juillet pour le détachement, cela signifie que le
poste du second degré libéré ne paraît pas au mouvement ? C’est très étrange.
6) L’autonomie des universités change-t-elle quelque chose au recrutement ?
(Tendance à recruter des jeunes, moins chers, ou des PRCE ?)
7) Si on est classé 1er et que l’on refuse le poste, est-ce mal vu ? Cela peut-il porter
préjudice pour une candidature ultérieure dans la même université ?
D’avance, merci,
4. Marianne dit: décembre 11th, 2010 at 19:42
1) En maths on a environ 50 candidats pour un poste. En anglais je ne sais pas
2) Ca depend. En IUT non. Il ne faut pas prononcer le mot recherche si on veut pas se
faire lyncher. En fac de lettres (pour un prag d’anglais) un poste de prag est un poste
de MCF que la fac n’a pas eu. Donc oui pour la these pour un prag d’anglais en fac de
lettres. En fac de sciences je ne sais pas
3) Impossible à savoir. Il n’y a pas que les departs a la retraites qui comptent. Un MCF
non publiant est parfois remplace par un prag. Les postes peuvent se perdrent si il y a
une chute des effectifs etudiants. Un poste de prag de maths peut se transformer en
prag de chimie suivant la politique locale. La tendance est néanmoins a plus de prag
car ca coûte moins cher et ca enseigne deux fois plus qu un MCF
4) Apres multiples interrogations aupres de syndicats et autres la reponse est je ne sais
pas!
6) Il n’y a aucune regle pour les recrutement de prag. Un prag de maths en IUT sera
recrute par des non matheux. Un prag d’anglais en IUT sera recrute par des
scuientifiques ne parllant pas forcément anglais. Un prag de maths dans un
departement de maths sera recrite par des matheux en fac. Un prag peut etre recrute
avec ou sans audition (uniquement sur cv). Bref tout se fait suivant la politique locale.
Il faut rencontrer lles gens et discuter. Les postes peuvent etre plus ouvrets que des
postes de MCF
7) Ca dépend. Si on postule en IUT chaque departement recrute ses prag. Les
commissions de deux départements differents sont differentes. Sinon, si d’une annee
sur l autre il y a les memes personnes dans la commision les gens se souviennent qui
postule chaque annee..Donc vaut mieux pas refuser. En regle generale dans une fac
litterraire la commission d’un prag d’anglais sera composeee d’angliciste et alle a peu
de chance de changer d’une annee sut l autre
5. Carmen dit: décembre 12th, 2010 at 1:40
Merci beaucoup pour tous ces renseignements.
a) La question 6) était en fait une question budgétaire : avec l’autonomie des
universités, est-ce qu’on va vers une tendance à recruter des jeunes moins chers ?
b) Est-ce qu’un poste de Prag peut être supprimé ? (Dans le second degré, avec 16000
postes en moins, c’est le rouleau compresseur !)
c) J’adore mon lycée : j’y suis très très bien avec les lycéens et les BTS, mais le poste
est menacé à un horizon de 2 ou 3 ans Qu’en sera-t-il, en effet, de nos BTS tout à fait
particuliers et aussi des pondérations qui assurent les postes dans 2 ans ?) La
suppression me mènerait tout droit au collège très très dur du coin et je n’y serais ni
compétente ni heureuse). Je candidate par prévoyance, plus que par goût, parce que je
sais aussi qu’un poste d’anglais dans une UFR de lettres dans l’université qui
m’intéresse, ça arrive une fois tous les dix ans. Si j’ai vraiment un regret d’avoir
candidaté et si je suis auditionnée, est-ce que c’est ennuyeux et préjudiciable pour la
suite d’appeler pour retirer ma candidature et ne pas aller à l’audition ? En tant que
membres des commissions, comment recevez-vous ce genre de démarche ?
Les calendriers sont vraiment très mal harmonisés, comme le souligne l’article du
blog.
Je trouve par ailleurs très ennuyeux qu’il n’y ait aucune information supplémentaire
sur le nouveau statut des prags : on ne sait pas à quoi on s’engage en candidatant ! Vat-on vers une dégradation ou une amélioration du statut ?
Je sais que les prags demandent souvent à être intégrés dans les équipes de recherche,
etc.
J’aurais une autre doléance qui me semble très importante également : je souhaiterais
que les prags aient la possibilité de pratiquer des échanges de poste avec des collègues
à l’étranger, d’exercer des missions culturelles à l’étranger, de prendre une
disponibilité sans perte de poste (sans perte de poste, c’est très important). C’est
possible pour les mcf et ce n’est pas possible pour les prags, alors que ce serait
vraiment un plus pour les universités et pour les étudiants (en particulier pour les prags
de langue). Il faudrait encourager ces initiatives au lieu de les punir en supprimant le
poste de l’enseignant volontaire. Il me semble aussi que les mi-temps (hebdomadaire
ou annualisé) devraient être tout aussi faciles à prendre quand on est prag que quand
on est mcf. Ce n’est pas le cas pour l’instant. Il me semble important de rendre ces
choses possibles.
La question de la carrière des prags ne me paraît pas non plus anodine. Les salaires
sont moindres que dans le secondaire (en particulier quand on a des BTS) et la
progression de carrière est moins favorable. Enfin, le droit à la formation est
inexistant.
Merci pour votre éclairage et votre ressenti.
15 décembre 2010
Où en est la négociation de la réforme du statut des PRAG
et des PRCE enseignant dans le Supérieur ?
C’est une question à laquelle je n’ai pas de réponse. Navigation sur la toile.
UNSA Sup Recherche. Proposition 6 votée au congrès de novembre 2010 :
http://www.sup-recherche.org///file/Vie%20du%20syndicat/Motion%20SupR26_11_10.pdf
SGEN CFDT. Pas de communiqué ?
http://www.cfdt.fr/rewrite/heading/8882/votre-ministere/superieur-et-recherchepublique/universites-epst--recherche.htm
Autonome SUP. Pas de communiqué ?
http://autonomesup.com/views/bibliotheque/actualite.aspx
FSU SNESUP. Ecrire PRAG dans le moteur de recherche : quelques pistes
http://www.snesup.fr/
SUD Education. Pas de communiqué ?
http://www.sudeducation.org/

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