Riffs HiFi 29.01.2011
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Riffs HiFi 29.01.2011
LE JOURNAL DU JURA / SAMEDI 29 JANVIER 2011 RECHUTE System of a Down, la réunion, enfin! Six ans après le fantastique duopack «Mezmerize/Hypnotize», les barges gravement atteints de System of a Down sont de retour. Cet été, les Américano-Arméniens seront en tournée européenne avec, en prime, une halte le 9 juin au Greenfield Festival d’Interlaken. «Everybody livin’ now, everybody fucks!» C’est tellement vrai. /lk Mogwai cherche intitulé, désespérément Comme le prochain et septième album de Mogwai n’a pas de titre ni encore de contenu audible alors qu’il constitue une valeur de sortie pour février 2011, on se prend à aller faire un tour dans sa discothèque ou dans Youtube. ■ L’ESCOUADE Le disque du groupe à Theutheu enfin distribué Dans ces ardentes colonnes, nous avons déjà eu l’occasion de clamer à réitérées reprises notre admiration sans bornes pour «Confidences de mouches», l’éblouissant premier CD du groupe prévôtois L’Escouade, gang racé emmené par le revenant Pierre-Yves Theurillat (voir cicontre). Eh bien, par la grâce de nos amis de Disques Office, cet album fera désormais l’objet d’une distribution officielle. C’est dire qu’il pourra être acheté ou commandé dans toutes les bonnes drogueries. Ce n’est que justice: oscillant perpétuellement entre chanson et rock français, il efface littéralement la quasi-totalité des productions en provenance de l’Hexagone. A part ça, L’Escouade sera le 19 mars à Delémont (Salle Saint-Georges), le 26 mars à Saignelégier (Café du Soleil) et le 28 mai à Vicques (Centre culturel). Décidément, que de bonnes nouvelles! /pabr ■ AMERICAN METAL Tiens, tiens, Mr. Big est de retour aux affaires Tous les heavy metal kids se souviennent sûrement avec émotion de «To be with you», le tube acoustique que Mr. Big avait pondu en 1992. Mr. Big? A l’époque, ces Amerloques s’habillaient un peu comme les minets suédois d’Europe. On parle ici du groupe, pas du continent. Et puis, d’ailleurs, il y a quelque chose d’Europe dans Mr. Big, côté riffs et côté mélodies. Mieux encore, le combo n’est pas sans rappeler Free dans ses moments les plus sauvages, lorsque la bande à Paul Rodgers composa justement «Mr. Big», son plus grand hymne avec «All Right Now». Pour en revenir à Mr. Big, le groupe, il revient donc aux affaires après quelques dissolutions. «What if...» (distribution Musikvertrieb), sa nouvelle galette, fait mieux que tenir la route. Sans surprise, le meilleur morceau, «All the way up», est une balade qui fera pleurer celles de nos compagnes qui ne jurent que par Scorpions, Boston et Europe. Les hard rockers, on le sait, sont de grands sentimentaux. Dans une prochaine chronique, on vous révélera d’ailleurs pourquoi ils votent tous UDC et fréquentent de surcroît les cultes évangéliques... /pabr PIERRE-YVES THEURILLAT F ■ RASSEMBLEMENT Toujours mieux au High Voltage Festival japonisante ou hellénistique de «I’m Jim Morrison, I’m dead», nous ramène aux tombes les plus sûres. Pas de dimanches à Tchernobyl, ici. Le doux renoncement d’une voix qui s’abreuve à l’amour perdu dans «Take me somewhere nice» rappelle en fait le chemin à ne pas prendre en ce qui n’est plus. Mais peut-être l’est-ce pour elle, la voix. Sans doute encore bien des leçons d’amour nous manqueraient s’il n’y avait pas l’inconnaissable, le non su, l’insu, l’eau de pure conscience. Mais qui dit eau peut dire aussi vaisselle à faire. Astreignant, le frottis ne saurait avoir lieu avec un fond de Mogwai, car même en cocktail, l’émission musicale de Stuart Braithwaite et acolytes invite plutôt au détachement absolu de toute activité ordinaire. Carcasse de nos traversées manquées. Au café de l’Etre, le verbe boire s’actionne gratuit. «Christmas step», «Cody», peuvent générer une certaine envie pour l’abandon. Trop belle mélancolie, trop dangereuse, comme le signifiait Cantat à propos de ses effets dévastateurs. Mieux vaut ne pas la penser vraie, et s’en aller, ailes basses, fier quand même d’avoir joué bon rôle, accompli bonne tâche. (LDD) Mélancolie de même source qu’éternel amour, retour sur Sisyphe dans l’accomplissement du même. Rien ne peut donc nous sortir de l’harassant, du difficile, nous permettre de troquer légèreté contre quelque graisse superflue? Avoir de la gouaille n’est pas avoir Mogwai, «My Father, my King». /PYT A l’heure de mettre sous presse, on apprend que le nouveau Mogwaï s’appelle «Hardcore will never die, but you will» (distribution Musikvertrieb). Un album live paraîtra en août, intitulé «Special Moves». Le Prévôtois Pierre-Yves Theurillat est notamment le chanteur de Galaad et de L’Escouade. Metamorphosis poursuit sa mue les arrange. C’est un véritable travail collectif.» L’existence et ses fêlures ont conduit «JP» sur ce chemin. «Avec les aléas de ma vie privée, j’avais besoin de contact avec les autres. Je ne suis pas un bluesman, j’ai besoin d’être bien pour créer.» Cette collaboration a engendré trois premiers titres réunis sur une galette sans nom. Trois titres plus ramassés. «Des titres plus simples, pour un plus large public, coupe Schenk. On est passé d’un format de huit minutes à cinq et demi. J’ai changé, j’ai lâché le Pink Floyd qui était en moi.» Dans l’enchaînement, le Metamorphosis No 5 devrait suivre. Mais pas tout de suite. «L’année prochaine, sans doute, dit-il. Nous avons déjà pas mal de matériel, mais il n’y a pas urgence.» C’est que Laurent Petermann, batteur de L’Escouade et ex-Ga- PROG Metamorphosis, c’était lui, c’était le Biennois «JP» Schenk. Désormais, ce sont eux. (LDD) laad, vient à peine de quitter le navire pour des raisons personnelles. Un départ qui ralentit le processus: «Oui, nous cherchons un batteur.» La prochaine livraison devra rivaliser avec «Dark», une œuvre dantesque couverte d’éloges, distribuée de par le monde par Prog Rock Records et Galileo Records. «Une distribution extraordinaire», lâche Schenk. Et pourtant, «c’est l’album qui a le moins bien marché». A peine 1000 exemplaires ont été écoulés alors que les trois précédents opus avaient accumulé 12 000 ventes. «Entre la sortie de ‹Then all was silent› en 2005 et de ‹Dark› en 2009, l’industrie du disque s’est effondrée. Plus personne n’achète de disques! Metamorphosis n’est pas un groupe monté pour l’argent ou la gloire. Il n’y a rien à gagner, si ce n’est le plaisir. Mais je me pose quand même des questions...» Dont une, existentielle: «Le prog existe-t-il encore?» Il existe, «JP», il existe. Metamorphosis l’a même rencontré. LAURENT KLEISL www.jp-metamorphosis.com L’été dernier, le festival londonien avait déjà tapé fort en conviant notamment ZZ Top, Gary Moore, Marillion, Foreigner, ELP, Asia, Uriah Heep et Steve Hackett à son agape sonore. Eh bien! On remet le couvert en 2011. Les 23 et 24 juillet, Judas Priest, Dream Theater, Michael Schenker Group, Jethro Tull et Spock’s Beard sont d’ores et déjà annoncés au Victoria Park. La curiosité? Black Country Communion, supergroupe bien seventies rénissant le chanteur et bassiste Glenn Hugues (Deep Purple, Black Sabbath), le batteur Jason Bonham (le fils de), le claviériste Derek Sherinian (Dream Theater) et le bluesman six-cordiste Joe Bonamassa. /lk LA PLAYLIST DE... Landau, Ford, Haslip, Novak Renegade Creation (2010) [email protected] MOGWAI On attend sa septième galette avec une émotion non feinte. ÉVOLUTION Deux ans après la sortie de son quatrième album, le chef d’œuvre progressif «Dark», Metamorphosis revient avec un CD trois titres promotionnel tirés à 1000 copies. Un nouveau matériel sceau d’une évolution. Du projet personnel du compositeur mutli-instrumentiste biennois Jean-Pierre Schenk est né un groupe à part entière. Une... métamorphose! «Oui, une page s’est tournée..., confie-t-il. Le projet solo, j’avais l’impression d’en avoir fait le tour. J’ai également rencontré des personnes et des musiciens de qualité. Et ‹Dark›, avec son côté plus rock, m’a également donné l’urgente envie de monter sur scène.» Un tout. Le début d’une nouvelle ère, qui se ressent jusque dans l’art d’inventer. «Avant, je composais seul. Désormais, j’amène des titres et le groupe 1 NOLWENN LEROY Bretonne 2 ZAZ ZaZ 3 LES ENFOIRÉS Le meilleur des Enfoirés – 20 ans 4 JAMES BLUNT Some kind of trouble 5 MYLÈNE FARMER Bleu noir 6 SHAKIRA Sale el sol Ventes d’albums en Suisse romande. Source: lescharts.ch. De bric et de rock PROSPECTIVE açon de rafraîchir le lointain souvenir que nous a laissé la grande masse (ou messe) sonore, ondée de ferraillages électriques qui emporte tout sur son passage, recette éprouvée qui attirera le poisson dans son assiette, ou la chèvre dans les crocs d’un tyrannosaure post roqué. On associe tellement volontiers le musical au culinaire qu’on n’en discernerait plus même ce qu’on en aime, le cul d’un train ici, son front là, sans trajectoire. Ecossais au moins autant que Fish, Dano Halsall ou Sean Connery, dans les arrière-pattes d’un univers déclinant et où ne hennissent plus les montures aux reliefs d’or ou d’aluminium, les si gentilles créatures de Mogwai ne montrent que rarement leur face de Gremlins, joutant au-delà des valeurs bien-mal, toujours à remonter des gouffres, rarement tout autant dans les tiraillements du slip, acquérant au fil des sept albums une maîtrise pour l’art des intensités. La symphonie lente, d’abord 28 LES CHARTS ROMANDS AU 23 JANVIER PIERRE-ALAIN KESSI LDD RIFFS HIFI La finesse de Landau, l’élégance de Ford, la subtilité d’Haslip et la force brute de Novak font merveille. Inventifs, créateurs, visionnaires, on en passe faute de place, ces quatre ont réinventé un rock solide dans lequel les guitares s’unissent à l’infini en mélangeant leurs influences rock, blues et fusion. Enfin deux gratteux qui ne se tirent pas la bourre et mettent leur talent en commun pour le meilleur. A déguster sans modération. Tom Principato A part of me (2010) Un type qui est pote avec Van Wilks, qui s’entoure de Sonny Landreth et Brian Auger et qui honore le Texas des gratteux ne peut pas être un plouc. Tom Principato fait malheureusement partie de ces deuxièmes couteaux qui n’ont simplement pas trouvé l’aiguiseur pour être no1. On s’en tape, tant qu’il nous régale les cages à miel. Van Wilks Running from ghosts (2005) Peu importe le millésime, n’importe quel CD de Van Wilks est un pur bonheur. Ce Texan, qui a inspiré tous les autres, y compris Billy Gibbons qui lui voue une admiration sans bornes, se fait trop rare. Lassé des tournées, il donne des leçons de guitare aux jeunes de son coin. Eh Van, tu n’peux pas faire un p’tit tour par ici? Albert Cummings live Feel so good (2010) Capturé sur scène, cet autre Texan, certes moins connu et plus jeune, rappelle les meilleurs moments de Rory Gallagher au niveau du son et de l’énergie. Il propulse sa Strat et son trio dans d’époustouflantes reprises et livre un medley Hoochie Coochie Man-Dixie Chicken réunissant Muddy Waters et Lowell George dans un unisson d’anthologie. Impossible de ne pas avoir des frissons à l’écoute de cette quintessence de musique noire-blanche américaine venue des tréfonds de l’Histoire. Steve Lukather All’s Well That Ends Well (2010) OK, j’ai un faible pour le Steve. Un déjanté de première et guitariste hors pair. Quoi qu’il fasse, et même si je n’adhère pas forcément, je sais qu’il le fait honnêtement, peu importe le prix à payer. Et ça, c’est de plus en plus rare. Par contre, j’aimerais bien qu’il nous rebalance vite fait du Lobotomys ou carrément du hard blues. Qu’il bazarde aussi tous ses synthés et monte un power trio. Hein, Steve?