Fiche N° 0032 - Site O`Mahony

Transcription

Fiche N° 0032 - Site O`Mahony
Fiche N° 154
Auteur D. Barbier
29/07/2008
Ascendant ~
Allié {
Jean Magon
Armateur, Secrétaire du Roi en la Chancellerie de Bretagne en 1674 Les MAGON, originaires d’Espagne, s’établirent d’abord à Vitré au XIVe siècle où ils fondèrent une
importante maison de commerce et se fixèrent à Saint-Malo vers 1560, où ils prirent une bonne
part aux entreprises de mer qui firent la gloire et la fortune de cette cité aux XVIIe et XVIIIe
siècles et firent une grande fortune dans le commerce maritime. Cette famille, véritable symbole
de l’apogée commercial de Saint-Malo entre 1680 et 1720, s’accrut considérablement et se
subdivisa en de nombreuses branches.
Le 10 janvier 1661, mourait à Saint-Malo « noble homme » Nicolas Magon, sieur de la Lande ; il
avait épousé, vingt-huit ans avant, damoiselle Perrine Grout, qui l’avait rendu père de treize
enfants, parmi lesquels Jean, né le 5 novembre 1641.
La famille vivait alors dans un hôtel particulier situé rue de Buhen 1 , et possédait une propriété de
campagne 2 , à la Chipaudière, en Paramé. L’inventaire que la veuve de Nicolas fit procéder en
avril 1661 montre un intérieur simple : bien que Nicolas Magon de la Lande put déjà passer pour
riche et que sa veuve instituât, 30 ans après, par son testament pour plus de 14.000# rien que de
legs pieux, le mobilier était plutôt modeste, la décoration presque nulle et tout luxe superflu en
était banni.
Quarante huit ans après, le 23 septembre 1709, les gens du greffe de la juridiction de Saint-Malo
pénétraient dans l’hôtel reconstruit en 1670, et qui est celui qui existe encore, pour procéder à
1 rue Chateaubriand, n° 6 et à ne pas confondre avec l’hôtel Magon de la lande, il est encore connu sous le nom
d'Hôtel de la Blinais, du nom du dernier membre de la famille qui en fut possesseur, M. Magon de la Blinais, mort
sur l'échafaud révolutionnaire en 1794.. Situé dans la première enceinte, l'hôtel de la Blinais construit en 1670 par Jean
Magon de la Lande rue de Buhen est l'un des prototypes de "l'hôtel négociant", construit en façade sur rue avec une
élévation de 2 à 3 étages, prolongé par une aile perpendiculaire donnant sur cour et abritant magasins et écuries.
2 Qui n’est pas le château actuel, construit de 1710 à 1720, mais une habitation plus petite. Le 9 mars 1643, Françoise
Grout, dame de Villejacquin, vendit la Chipaudière à son gendre Nicolas Magon et à sa fille Perrine, qui la payèrent
des deniers de leur communauté
l’inventaire et estimation du mobilier de la succession de Jean Magon, sieur de la Lande, décédé le
18 juillet. La lecture de cet inventaire montre que les revenus avaient prospéré et que le mobilier
paternel s’était notablement accru, comme l’immeuble destiné à le contenir 3 .
Le 20 octobre 1683, voulant se débarrasser du souci des affaires, Perrine Grout fit procéder au
partage entre ses enfants de la fortune de son mari, de la sienne à échoir et de celle restée indivise
de son beau-frère, Magon de la Gervaisais : le tout représentait un actif considérable. Dans le
premier lot, choisi par son fils aîné Jean, se trouvaient compris : « les maison, terres et héritages de la
Chipaudière, en la paroisse de Paramé ». Cette vieille habitation était alors assez modeste et Jean
Magon et son épouse Laurence Eon jouirent paisiblement de leur terre pendant quarante et une
années, au cours desquelles, ils y joignirent 4.400# d'acquêts nouveaux « ce qui la porta à 38 journaux
41 cordes ». Ils donnèrent alors cette terre, le 25 octobre 1708, en avancement d'hoirie et sur le
pied de 22.000# à leur fils François-Auguste Magon sieur de la Lande, officier de la Vénerie du
Roi, qui épousa l'année suivante demoiselle Marie-Gertrude Magon de l'Epinay et lança la
construction de l’actuel château.
La Chipaudière était à la famille Pépin au 15e siècle. L’actuel château a été construit de 1710 à 1720 par François-Auguste Magon et est l’une des
plus belles malouinières du pays. Il se compose d’un grand bâtiment flanqué de deux ailes et coupé en son centre par un avant-corps à trois pans
que surmonte un fronton triangulaire aux armes des Magon sommées d’une couronne de marquis. Le château était autrefois précédé d’une cour
avec une porte et un portillon. Sa chapelle, bénite en 1735, est sommée d’un petit campanile et renferme un bel autel en bois sculpté. Le domaine
comprend une orangerie, un jardin à la française attribué à Le Nôtre comprenant trois terrasses et une douve de 600 mètres de longueur, suivie
d’un grand et large canal. Les communs présentent des gerbières à frontons alternativement arrondis et triangulaires.
Jean Magon de la Lande était regardé par la Cour comme l’âme et le mobile du commerce de Saint-Malo,
tant par la supériorité de son génie que par la solidité de sa fortune.
3
Annales de la Société historique et archéologique de l'arrondissement de Saint-Malo - 1912 (15)
Entre 1698 et 1724, plus de cent soixante bateaux appareillent des ports français pour la mer du
Sud où ils proposent leurs cargaisons en parfaite contrebande aux commerçants espagnols
installés à Lima et dans les villes de la vice-royauté du Pérou, qui manquent de produits
manufacturés. Jean Magon s’est livré, comme plusieurs autres malouins, à ce commerce dit
interlope 4 . Pour ces rares (probablement trois) mais très fructueuses expéditions il était en fait
muni des autorisations des souverains de France et d’Espagne, que son ami Samuel Bernard, le
célèbre financier, se faisait un jeu et un plaisir d’obtenir pour lui. En 1705, ses trois vaisseaux, le
Joseph, le Saint-Esprit et le Baron-de-Breteuil rapportèrent un gros chargement de piastres. A leur
arrivée à Auray, ils furent occupés par les "archers" et l’armateur faillit être trop imposé ; il en
demanda la mainlevée au contrôleur général des Finances qui lui envoya une réponse favorable et
l’encouragea même dans ses activités, mais en lui conseillant d’observer certaines dispositions afin
d’éviter les plaintes des espagnols. Un autre de ses navires, le Notre-Dame-de-l’Assomption,
commandé par Alain Porée, prit le large le 13 février 1708 sous le prétexte "d’aller aux
recherches". Après une campagne mouvementée et longue, mais fructueuse, Porée rentra au port
le 28 août 1710.
Jean Magon de la Lande était un homme bienfaisant et d’une générosité inépuisable envers les
pauvres ; le 25 septembre 1694, il donna la somme de 15,200 livres pour augmenter les revenus
de l’hôpital général de Saint-Malo et surtout des fonds destinés à l’entretien des filles repenties, et
par son testament il léguait encore 12.500# pour augmenter les revenus de l’hôpital général de
Saint-Malo.
Négociant armateur à Cadix (1659-1668) et à Saint-Malo (1668-1709), il acheta une charge de
secrétaire du Roi en la chancellerie près le parlement de Bretagne le 28 septembre 1674. Après vingt
ans d’exercice, cette charge lui donna la noblesse et le titre d’écuyer et à compter du 25 septembre
1794, il obtenait l’honorariat. Le 14 juin 1701 il fut maintenu noble avec ses enfants et petits-enfants.
Il fut parrain de la 2ème cloche du monastère Saint-Benoit, en la ville de Saint-Malo, que l’on fit
fondre le 28 février 1702 et pour laquelle il donna 100 livres de présent. Il « contribua beaucoup »
au don de 6000 livres légués par le comte de Plouars pour cette église.
Il mourut subitement dans l’église de Saint-Benoît, le 18 juillet 1709, aux pieds de son confesseur
qui venait de lui donner l’absolution.
De son mariage avec Laurence ÉON, demoiselle de Longpré, étaient nés seize enfants, parmi
lesquels :
ƒ Nicolas MAGON DE LA CHIPAUDIERE, négociant mort avant son père ;
ƒ Jean, chanoine du chapitre ;
ƒ Alain MAGON DE LA TERLAYE, lieutenant général, commandeur de Saint-Louis, gouverneur
de Saint-Jean-Pied-de-Port ;
ƒ Luc MAGON DE LA BALUE, conseiller maître à la chambre des comptes de Paris, père de
Jean-Baptiste, banquier de la cour et du comte d’Artois, fermier général, guillotiné à ce
titre en 1794.
ƒ François-Auguste MAGON DE LA LANDE, corsaire du Roi, négociant armateur à la suite de
son père, un des directeurs de la Compagnie des Indes Orientales ; il se fit construite un
hôtel particulier à Saint-Malo 5 et l’actuel château de la Chipaudière ;
ƒ Modeste, religieuse ;
De 1705 à 1715 les malouins ont importé des piastres et métaux précieux pour une valeur de 250 millions de livres,
soit le quart du numéraire existant alors en France. L’Espagne, qui voulait se réserver ce trafic si lucratif l’avait fait
interdire aux bateaux français, mais, dans la pratique, les agents royaux fermaient souvent les yeux (Ernest Le Barzix :
A Saint-Malo les Magon).
5 Hôtel d’Asfeld, aujourd’hui classé monument historique.
4
ƒ Jeanne, mariée à René-Alexis LE SENECHAL DE CARCADO-MOLAC, dont nous descendons.
Après la mort de Jean Magon de La Lande, ses deux fils Luc et François-Auguste, reprennent la
maison de commerce familiale. Tous les deux, formés à Cadix 6 , font partie entre 1715 et 1720 du
directoire de la Compagnie des Indes de Saint-Malo. La disparition de celle-ci ne les empêche pas
de régner sur le commerce malouin. Il n’est donc pas étonnant de les voir participer à la traite des
Noirs, en particulier Luc MAGON DE LA BALUE (1685-1750) dont les archives départementales
d’Ille-et-Vilaine possèdent une très intéressante correspondance 7 .
Sources :
Le Nobiliaire universel de Ludovic de Magny
A Saint-Malo les Magon, d’Ernest Le Barzic
Père de Jeanne, mère de René-Alexis Le Sénéchal de Kercado, père de Louise-Françoise, mère de
Jeanne-Vincente Thomas, mère de Louise-Exupère du Bot du Grégo, mère de Charles-Félix
d’Amphernet de Pontbellanger, père de Michel-Adrien, père de Marthe, mère d’Yvonne
O’Mahony
Une des voies d’ascension au statut d’armateur négociant était la formation au comptoir, en général à Cadix où le
jeune malouin passait 10 à 15 ans. Elle était réservée à ceux dont la famille occupe déjà une position élevée. C’est
ainsi que Jean Magon de la Lande assura sa succession par ses deux fils.
7 Saint-Malo au temps des négriers d’Alain Roman
6