livre de Conte

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livre de Conte
LISTE DES CONTES
Ali Baba et les 40 voleurs - (Conte des Mille et une nuits)
Anansé l’araignée - (Conte de la Côte d’Ivoire)
Hansel et Gretel - (Conte de Grimm)
Jack et le haricot magique - (Conte Anglais de 1809)
.Jha le menteur - (Conte Maghrébin)
La belle & la bête - (Jeanne Marie Leprince de Beaumont)
La cigale et la fourmi - (Jean de La Fontaine)
La Princesse cachée - (Conte Allemand)
La soupe aux cailloux - (Conte Picard)
L’âne et le Roi - (Tradition européenne)
L’âne musicien - (Conte de Grimm)
Le poisson magique - (Conte vietnamien)
Le Minotaure - (Mythologie grecque)
Le moulin magique - (Conte chinois)
Le dev coquet - (conte géorgien)
Le moulin magique - (Conte chinois)
L’horrible Bou - (Conte Espagnol)
Le roi et le pou - (Conte populaire français)
L’ogresse et le bouddha - (Conte Chinois)
Peau d’Ane - (Charles Perrault)
Le plus malin des ânes - (Conte Italien)
La Merveilleuse musicienne - (Conte de Grimm)
Le sifflet Magique - (Conte Auvergnat)
Les trois haches – (Conte vietnamien)
Le dragon amoureux – Conte chinois
Ali Baba et les 40 voleurs - (Conte des Mille et une nuits)
Loin, très loin dans une ville de Perse, vivait un bûcheron qui s’appelait Ali Baba. Il était
très pauvre et ramassait du bois dans la forêt pour nourrir sa famille. Un jour, en faisant
des fagots, Ali Baba voit arriver quarante cavaliers à l’air féroce. Inquiet, il se dit :
« Aie ! ce sont sûrement des voleurs ! » Et vite, il grimpe se cacher tout en haut d’un
arbre.
Les cavaliers s’arrêtent près d’un gros rocher. Leur chef s’exclame :
- Sésame, ouvre toi !
Et aussitôt, oh merveille ! Une porte s’ouvre dans le rocher en grondant. Les voleurs
prennent alors les gros sacs qui sont sur leurs chevaux, entrent à la queue leu leu à l’intérieur de la grotte, et braoum, la porte se referme.
Ali Baba a une peu peur, mais il est très curieux. Alors il attend… Au bout d’un moment,
la grotte s’ouvre à nouveau et les quarante voleurs en sortent les mains vides.
- Sésame, ferme-toi ! crie le chef des voleurs. Et braoum, le rocher se referme.
Dès que les voleurs ont disparu, Ali Baba s’approche du rocher et chuchote :
- Sésame, ouvre-toi !
Hourrah ! La porte s’ouvre… A son grand étonnement, Ali Baba entre dans une caverne
remplie de sacs d’or, de bijoux et d’objets précieux. Il y a là un véritable trésor, car
c’est l’endroit où les voleurs cachent leur butin !
Sans hésiter, Ali Baba siffle son âne resté caché derrière le buisson. Et zou ! il charge tout
l’or qu’il peut sur son dos. Puis, il rentre chez lui, raconte son aventure à sa femme, Morgiane, et lui ordonne de bien garder le secret.
Maintenant qu’il est riche, Ali Baba dépense sans compter ses pièces d’or. Et malheureusement, son frère Kassim, qui habite juste à côté, finit par se douter de quelque chose.
Un jour, il insiste tellement qu’ Ali Baba lui révèle son secret. Aussitôt, Kassim déclare :
Demain, moi aussi, j’irai chercher de l’or dans la caverne !
Au lever du soleil, Kassim se rend dans la forêt avec son âne, se plante devant le gros
rocher et crie :
- Sésame, ouvre-toi !
Le rocher s’ouvre. Il entre, et tandis que le rocher se referme derrière lui, il découvre le
trésor entassé dans la caverne. Vite, Vite il remplit un gros sac de pièces d’or… Mais au
moment de sortir, il s’exclame :
- Zut ! J’ai oublié la formule magique. Voyons, c’était le nom d’une graine. Euh… Lentille ? Non ! Petit pois ? Non plus… Ah oui ! Orge, ouvre-toi ! Et bien sûr, le rocher reste
fermé.
Hélas, au bout d’un moment les voleurs reviennent avec de nouveaux sacs pleins de bijoux. Lorsqu’ils trouvent Kassim dans la caverne, ils sont si furieux qu’ils le tuent. Puis, il
repartent en le laissant au milieu des pièces d’or.
Les heures passent et Ali Baba ne voit pas revenir Kassim. Inquiet, il retourne à la caverne et y découvre son frère mort. Le cœur brisé, il hisse son corps sur son âne et le
ramène en ville pour l’enterrer. Seulement voilà : le lendemain, les quarante voleurs
reviennent encore à la caverne, et ils s’aperçoivent que le corps de Kassim a disparu.
Fou de rage, leur chef s’écrie :
- Il faut absolument retrouver celui qui l’a emporté, car il connaît notre secret.
Sans attendre, le chef des voleurs se rend en ville pour savoir si on a enterré quelqu’un
ces jours-ci. Un mendiant lui répond :
- Ah oui ! Je me souviens : hier, Ali Baba a enterré son frère, Kassim. Et il montre la maison d’ Ali Baba.
Satisfait, le chef des voleurs fait une croix avec une craie sur la porte et décide de revenir le soir-même avec sa bande, pour tuer Ali Baba.
Heureusement, Morgiane, la femme d’ Ali Baba, voit la croix sur la porte. « Bizarre ! »
Le soir, en pêchant, Li repense aux paroles de sa mère. Elle se dit : « Est-ce vrai que je
suis si belle ? Il n’y a pas de miroir à la maison, et je ne me suis jamais vue. J’ai bien
envie de me regarder dans l’eau du lac, juste une minute. Je m’accrocherai à une branche pour ne pas tomber. »
Sitôt dit, sitôt fait : la jeune fille saisit une branche, et se penche au-dessus du lac. L’eau
est si lisse que son visage s’y reflète comme dans un miroir et elle pense : « c’est vrai
que je suis jolie ! » Au bout d’un moment, un petit poisson doré pointe le bout de son
nez, la regarde et puis s’en va. Une minute plus tard, un gros poisson argenté s’approche
à son tour, l’observe un instant, puis disparaît. Et soudain, horreur ! Une très haute vague
se soulève et un énorme dragon fait son apparition !
Effrayée, la jeune fille se cache le visage dans les mains. Mais le dragon lui dit d’une voix
douce :
- N’aie pas peur ! Je ne te ferai pas de mal. Je suis juste venu admirer ta beauté. Enlève
tes mains, s’il te plaît.
Tremblante, Li ôte ses mains, mais elle garde les yeux bien fermés pour ne pas voir le
monstre. Longtemps, le dragon la regarde en silence. Puis il soupire :
- La nuit tombe. Je ne vois plus dans le noir. Si tu veux bien, reviens ici demain.
Aussitôt, plouf ! Il disparaît dans les profondeurs du lac. Et, comme par magie, le panier
de la jeune fille se remplit de poissons. Comprenant que c’est un cadeau du dragon, elle
s’incline et murmure :
- Merci, gentil dragon !
Ce soir-là, la jeune fille ne souffle pas un mot de son aventure à sa mère. Mais chaque
fois qu’elle repense aux paroles du dragon, elle rougit de plaisir. Le lendemain, Li retourne au lac pour pêcher. Comme la veille, dès qu’elle se penche vers l’eau du lac, le
petit poisson, le gros poisson, et enfin le dragon sortent de l’eau pour la regarder. Cette
fois, la jeune fille a moins peur, elle ose même jeter un petit coup d’œil au dragon. Et le
soir venu, quand le dragon plonge sous l’eau, il remplit à nouveau de poissons le panier
de Li.
Le troisième jour, tout se passe de la même façon. Et désormais, la jeune fille n’a plus
du tout peur du dragon. Mais à force, la mère s’étonne de voir sa fille revenir tous les
soirs avec un panier de poissons. Elle pense : « Il y a un mystère là-dessous. Il faut que
j’en aie le cœur net ! » Un soir, elle décide donc de suivre sa fille en cachette. Lorsqu’elle la voit parler au dragon du lac, son sang ne fait qu’un tour. Elle crie :
- Li ! Sauve-toi vite ! Ce monstre va t’emporter au fond du lac et te dévorer !
Mais au lieu de lui obéir, la jeune fille secoue la tête :
- N’aie pas peur, mère, ce dragon n’est pas méchant. Au contraire, son cœur est pur et
ses paroles sont douces. Aussi, j’ai décidé de devenir sa femme. Et plouf ! Elle ses jette à
l’eau, rejoint le dragon, et l’entoure de ses bras. Alors, oh merveille, les eaux du lac se
soulèvent, et au beau milieu apparaît un merveilleux château, entouré de jardins. Au
même instant, la peau d’écailles du dragon se déchire : un joli prince apparaît à la place
du monstre. D’une voix douce, le prince dit à la mère de Li :
- En m’aimant, ta fille a brisé le sortilège qui me tenait enfermé dans cette peau de dragon. Accepte qu’elle soit ma femme et vous ne manquerez plus jamais de rien.
Et c’est exactement ce qui arriva. Le prince épousa Li, et ils furent très heureux dans le
château du lac.
Fin
- Non, répond Cahn d’un ton désolé, ce n’est pas celle-là non plus.
- Bon attends, j’y retourne !
Et pour la troisième fois, le roi dragon plonge au fond du fleuve. Mais cette fois, il ramène à la surface la hache en fer de Cahn. Dès qu’il la reconnaît, Cahn sourit de toutes
ses dents :
- C’est bien ma hache ! s’écrie-t-il. Merci mille fois, roi dragon. Grâce à toi, nous ne
mourrons pas de faim !
Entendant cela, le roi dragon hoche la tête et dit à Cahn :
- Bûcheron, ton honnêteté me plait. Pour te récompenser, je te laisse les deux autres
haches en cadeau. Elles pourront t’être utiles.
Et plouf ! Avant même que Cahn ai pu le remercier, il plonge sous l’eau et disparaît.
Tout heureux Cahn court raconter son aventure à sa femme. Dès le lendemain, ils s’en
vont au marché de la ville et vendent les deux haches précieuses. Puis, avec l’argent, ils
s’achètent une petite maison et un champ pour cultiver du riz. Si bien que désormais, ils
ne manquent plus de rien.
Quand l’autre bûcheron du village apprend comment Cahn est devenu riche, il décide de
faire la même chose que lui. Alors, il prend sa hache et se rend au bord du fleuve. Là, il
jette sa hache à l’eau, et se met à brailler :
- Misère de misère ! J’ai perdu ma hache !
Aussitôt, le roi dragon sort la tête de l’eau et grogne :
- Qui me dérange ainsi pendant ma sieste ?
- C’est moi, andouille ! Répond le bûcheron. Ton maudit fleuve m’a pris ma seule hache
que je possédais. Si tu ne me la rends pas, je vais mourir de faim.
- Attends une minute, répond le roi dragon d’un air sévère.
Et sans attendre, il plonge, puis réapparaît avec une hache couverte de pierres précieuses.
- Est-ce celle-là ? demande-t-il à l’homme, en le regardant droit dans les yeux.
- Oui, oui ! C’est bien la mienne, répond le bûcheron en tendant la main. Donne-la moi !
- Eh bien ! Viens la chercher, menteur, rugit le roi dragon.
Et, aussitôt, il attrape le bras de l’homme, et l’entraîne au fond du fleuve. Depuis ce
jour-là, on n’a jamais revu le bûcheron jaloux. Mais personne ne le regretta. Taratata !
Fin
Le dragon amoureux – Conte chinois
Une chinoise vivait avec sa fille, Li. Comme elles étaient très pauvres, la jeune fille allait tous les soirs pêcher des poissons dans le lac pour leur dîner. Et, à chaque fois, sa
mère la mettait en garde :
- Surtout, ne te penche pas pour regarder dans l’eau. Sinon, le lac t’attraperait et t’entraînerait au fond !
La jeune fille est obéissante. Alors, quand elle s’assied au bord du lac, elle se contente
de regarder sa canne à pêche. Parfois, Li n’attrape rien. Parfois, elle attrape un ou deux
poissons. Alors, avant de partir, elle fait une petite révérence et dit :
- Merci pour ton cadeau, gentil lac !
Le jour des seize ans de Li, la mère s’exclame en regardant sa fille :
- Comme tu as grandi ! Et comme tu es belle ! Même un prince serait fier de t’avoir pour
épouse !
pense-t-elle. Et sans hésiter, elle fait la même croix sur toutes les portes des maisons
voisines. A la nuit tombée, les quarante voleurs arrivent sur la pointe des pieds :
- C’est ici ! chuchote le chef en montrant une croix sur une porte.
- Mais non ! c’est là, protestent les autres voleurs, en montrant chacun une porte marquée d’une croix. Alors, grr ! Ils comprennent que l’on s’est moqué d’eux.
Le lendemain, le chef des voleurs est toujours décidé à se venger. Il retourne en ville et
demande au mendiant de lui montrer à nouveau la maison d’ Ali Baba. Cette fois, il repère bien la maison et ricane :
- Ce coup-ci, Ali Baba, tu ne m’échapperas pas. De retour dans la forêt, il se déguise en
marchand d’huile, et ordonne à ses hommes de préparer vingt mules, chargées chacune
de deux grosses jarres.
Dans la première jarre, explique-t-il, je vais mettre de l’huile. Vous vous cacherez dans
les trente-neuf autres et vous attendrez mon signal. Ainsi, Ali Baba ne se doutera de rien
et nous le tuerons pendant la nuit.
Le soir venu, le chef des voleurs, déguisé, frappe à la porte d’ Ali Baba.
- Bonjour brave homme, dit-il, accepterais-tu d’héberger un pauvre marchand d’huile et
ses mules, pour la nuit ?
Ali Baba accepte, et fait entrer le faux marchand d’huile. Pendant ce temps, sa femme
Morgiane va installer les mules dans l’écurie. Tout à coup, elle se dit : « Tiens ! Je n’ai
plus d’huile. Je vais en prendre un peu dans une des jarres. » Elle ouvre une jarre au
hasard et entend chuchoter :
- C’est vous, chef ?
En un éclair, Morgiane comprend le danger. Bong ! Elle assomme le bandit caché dans la
jarre. Puis, elle s’approche des autres mules, ouvre les jarres les unes après les autres, et
bing, bing, bing, assomme tous les bandits qui s’y trouvent.
Cela fait, elle pense : « Maintenant, il faut que je me débarrasse de leur chef, sinon, il va
tuer mon mari ! » Elle réfléchit, puis elle court dans sa chambre, enfile sa plus belle
robe, et ordonne à son petit serviteur :
- Prends ton tambourin et suis moi !
Un instant plus tard, elle entre en dansant dans la pièce où Ali Baba prend le thé avec le
faux marchand d’huile. Elle est si gracieuse, elle fait si joliment tourbillonner ses voiles,
que le chef des voleurs est émerveillé ! Alors, elle s’approche tout près de lui, et là… Elle
brandit le poignard qu’elle cachait derrière son dos.. et paf ! Elle le tue d’un coup. Horrifié, Ali Baba crie :
- Mais… qu’as-tu fait, malheureuse ?
Je t’ai sauvé la vie ! répond Morgiane. Cet homme n’est pas marchand d’huile. C’est le
chef des voleurs qui était revenu pour te tuer avec toute sa bande !
Et elle lui montre ce qui s’est passé dans l’écurie. Depuis ce jour, Ali Baba et sa femme
Morgiane vivent heureux, sans crainte de voir revenir les quarante voleurs. Et grâce au
trésor de la caverne, ils sont si riches que, dans leur maison, c’est tous les jours la fête !
Fin
Anansé l’araignée - (Conte de la Côte d’Ivoire)
Il y a longtemps, Anansé l’araignée vivait au bord de la mer. L’océan regorgeait de poissons et Anansé se disait : « Ah ! si seulement j’avais le courage de pêcher des poissons et
de les vendre au marché, je serais riche ! » Seulement voilà : Anansé détestait travailler.
Un jour, une idée lui vient : « Je sais ! pense-t-elle. Je vais chercher un imbécile. Je lui
ferai faire tout le travail à ma place. Puis, j’irai vendre les poissons et je garderai tous
les sous pour moi ! » Sitôt dit, sitôt fait. Anansé prend ses huit pattes à son cou, court au
village et claironne :
- Ouh ouh, je cherche un imbécile pour pêcher à ma place !
Une femme lui répond :
- Un imbécile ? Oh ! Tu vas sûrement en trouver un ici. J’en vois passer tous les jours !
« Chic ! » pense Anansé en reprenant sa route. Sur la plage, elle voit un pêcheur qui répare son filet. Elle lui dit :
- Je cherche un imbécile.
- Un crocodile ?
- Non ! un imbécile.
- Un grain de mil ?
- Non, un imbécile ! un idiot, quoi !
- Un bateau ? Ah ! J’en ai bien un, mais j’en ai besoin !
J’ai dit : un im-bé-ci-le ! hurle l’araignée. Tu es sourd comme un pot ou quoi ? Et elle
repart en bougonnant.
L’araignée a beau chercher, elle ne trouve personne. Or, juste quand elle commence à se
décourager, elle voit arriver un corbeau. Cette fois, elle décide de ruser.
Bonjour, frère corbeau, dit-elle. Si tu venais pêcher avec moi ? Tu m’aiderais à poser des
nasses…
- D’accord ! Répond le corbeau.
Ravie, Anansé conduit le corbeau à sa case pour chercher les nasses. Lorsqu’il voit les
paniers, le corbeau dit :
- Anansé, laisse-moi les porter jusqu’au rivage. Toi, tu plongeras pour les poser au fond
de l’eau.
Anansé se méfie. Elle répond :
- Tu me prends pour une imbécile ? Tu veux me laisser le travail le plus dur ! Non, c’est
moi qui les porterai au bord de l’eau. Toi, tu plongeras pour les poser.
Aussitôt, l’araignée empile les nasses sur sa tête et se traîne péniblement au bord de
l’eau, pendant que le corbeau suit sans se fatiguer.
Arrivé sur la rive, le corbeau dit :
- Bon ! Je vais plonger et poser les nasses. Toi, tu les surveilleras cette nuit pour que
personne ne nous les vole. Entendant cela, Anansé se fâche :
- Tu me prends pour une imbécile ? Cela prend cinq minutes de poser les nasses. Et moi,
je devrais travailler toute la nuit en échange ? Pas question. Je vais poser les nasses, et
toi, tu les surveilleras cette nuit.
Sur ce, l’araignée plonge et installe les nasses au fond de l’eau, pendant que le corbeau
reste bien au sec. Lorsqu’ Anansé a fini, elle va se coucher dans sa case, épuisée. Quant
au corbeau, il s’endort tranquillement au bord de l’eau. Le lendemain, les deux compères se retrouvent pour voir ce qu’ils ont pêché. Dans les nasses, il y a deux poissons.
- Deux poissons ! s’exclame le corbeau. Quelle chance ! Prends-les, Anansé ! Demain, il y
en aura sûrement quatre et ce sera mon tour de les emporter.
- Tu me prends pour une imbécile ? Proteste Anansé. Garde plutôt les deux poissons. Demain, c’est moi qui aurai les quatre.
Le corbeau prend les deux poissons, rentre chez lui et les fait frire pour son dîner, pendant qu’ Anansé se couche le ventre vide.
milliers de fourmis viennent à sa rescousse. Les unes se précipitent sur les lentilles, les
autres se chargent des pois. Si bien qu’au lever du soleil, elles ont fait deux jolis tas bien
rangés !
Quand il voit cela, le roi est vert de rage. Sans attendre, il conduit le berger à la boulangerie du château et gronde :
- Voici ton dernier gage ! Tu vois tous ces pains ? Eh bien ! Demain, au lever du soleil, tu
devras avoir tout mangé. Et qu’il n’en reste pas une miette !
Resté seul, le berger regarde autour de lui. Il y a des milliers de pains dans cette boulangerie : des petits, des gros, des ronds, des carrés ! Il n’arrivera jamais à tout manger.
Cette fois, il n’attend pas : il sort son sifflet magique, le met à sa bouche. Et triit, triit,
triit ! En un clin d’œil, des centaines de souris viennent à sa rescousse. Et cric , et croc !
Toute la nuit, elles se régalent avec le pain du roi, si bien qu’au lever du soleil, il n’en
reste pas une seule miette.
Quand le roi voit cela, il est bien obligé de tenir sa promesse.
- C’est bon, grogne-t-il, tu peux épouser ma fille !
C’est ainsi que le berger épousa la fille du roi. A partir de ce jour, il n’eut plus jamais
besoin de se servir du sifflet magique que la vieille lui avait donné… sauf pour appeler ses
enfants à l’heure du goûter !
fin
Les trois haches – (Conte vietnamien)
Il était une fois un pauvre bûcheron qui s’appelait Cahn. Il vivait avec sa femme, dans
une petite cabane au bord d’un fleuve. Tout ce qu’il possédait, c’était une hache. Grâce
à elle, chaque jour, il coupait du bois, puis il allait le revendre à la ville en échange d’un
peu de riz.
Un jour, hélas, en marchant le long du fleuve, Cahn est si distrait que sa hache lui glisse
des mains et plouf ! Tombe à l’eau.
- Malheur ! s’exclame Cahn. Sans ma hache, je ne pourrai plus travailler, et nous allons
mourir de faim ! Et il se met à pleurer à chaudes larmes.
Aussitôt, un vieux roi dragon sort sa tête de l’eau et grogne :
- Est-ce toi qui pleures ainsi ? Il n’y a plus moyen de faire sa sieste tranquille !
- Oh ! Pardonne-moi, roi dragon, s’excuse Cahn. Je ne voulais pas te réveiller. Mais - j’ai
laissé tomber ma hache dans le fleuve. Et, sans elle, je me demande bien ce que nous
allons devenir, ma femme et moi.
- Attends un instant, marmonne le roi dragon.
Puis, il plonge sous l’eau. Bientôt il en ressort avec une hache couverte de pierres précieuses et demande à Cahn :
- Est-ce celle-là ?
- Non, répond Cahn. La mienne est une hache toute simple, avec une lame en fer et un
manche en bois.
- Hum, bougonne le roi dragon. Attends, je retourne voir.
Une seconde fois, il plonge au fond de l’eau. Une minute plus tard, il réapparaît en tenant une hache tout en or et il demande à Cahn :
- Est-ce celle-là ?
- Arrière vous tous ! Sinon, je vous découpe en morceaux !
Il a l’air si décidé que le loup, le renard et le lièvre s’en retourne chez eux, sans demander leur reste. Quant à la musicienne, elle regarde le bûcheron et pense : « Cette fois, je
crois bien que j’ai trouvé mon amoureux ! »
fin
Le sifflet Magique - (Conte Auvergnat)
Un jour, un jeune berger apprend que le roi a décidé de marier sa fille. Aussitôt, il met
sa plus jolie chemise, enfile ses sabots du dimanche, et s’en va au château, bien décidé à
tenter sa chance.
En route, il croise une vieille, toute courbée sous le poids de son fagot.
- Pauvre vieille, dit-il. Tu vas te casser le dos ! Donne-moi ton bois, je vais le porter jusque chez toi.
- Merci ! Dit la vieille. Pour te récompenser, prends ce sifflet. Si tu as des ennuis, siffle
dedans trois fois et tu verras.
Sur ce, le berger met le sifflet autour de son cou, porte le fagot jusqu’à la maison de la
vieille et reprend sa route. Au château, il y a déjà une foule de prétendants. Princes,
ducs, comtes : tous rêvent d’épouser la princesse, pour devenir riches et puissants.
Comme le roi ne sais lequel choisir, il déclare :
- Mettez-vous en rond. Ma fille, qui est très habile, va lancer en l’air une pomme d’or. Le
premier qui réussira à l’attraper sera son mari.
Sitôt dit, sitôt fait, les prétendants font un cercle autour de la princesse. Hop ! Elle lance
la pomme d’or. Et tous se bousculent pour l’attraper. Mais c’est le berger qui saute le
plus haut, et qui réussit à saisir la pomme. Fâché, le roi toise le gagnant des pieds à la
tête. Il n’a aucune envie de marier sa fille à un garçon aussi pauvre. Alors il dit au berger :
- Hum ! Tu as gagné le droit d’épouser ma fille… Mais auparavant, tu devras réussir trois
gages. Suis-moi !
Le roi conduit le berger dans le parc du château. Il lui dit :
- Je vais lâcher cent lièvres dans le parc. Tu as jusqu’à demain matin pour me les ramener. Et surtout, qu’il n’en manque pas un seul !
Toute la nuit, le pauvre berger court après les lièvres, mais il a beau faire, impossible de
les rattraper tous. Heureusement, juste avant le lever du soleil, il se souvient du sifflet
magique que lui a donné la vieille. Vite, il le met à sa bouche et siffle : triit, triit, triit !
Et en un clin d’œil, les cent lièvres viennent se ranger bien sagement devant lui.
Quand il voit cela le roi est bien étonné. Mais il n’a pas dit son dernier mot. Rusé, il
conduit le berger dans la grange du château et lui dit :
- Voici ton deuxième gage : il y a un milliard de pois et de lentilles mélangés. Tu as jusqu’à demain matin pour en faire deux tas séparés.
Toute la nuit, le pauvre berger trie les pois et les lentilles. Bientôt, il comprend qu’il
n’arrivera jamais à terminer avant le lever du jour. Heureusement, il repense au sifflet
magique. Vite, il le met à sa bouche et siffle : triit, triit, triit ! Alors en un clin d’œil, des
Le lendemain, l’araignée et le corbeau se retrouvent devant les nasses. Cette fois, il y a
quatre poissons dans les paniers. Le corbeau s’écrie :
- Quatre poissons ! Quelle chance, Anansé ! Prends-les, je n’en veux pas. Demain, il y en
aura sûrement huit et ce sera mon tour de les emporter.
- Tu me prends encore pour une imbécile ! S’indigne Anansé. Pas question. Garde-les. Les
huit de demain seront pour moi. Tout content, le corbeau prend donc les poissons et se
fait un bon petit festin, pendant qu’ Anansé se serre la ceinture.
Le jour suivant, les deux compères se retrouvent sur la rive. Cette fois, il y a huit poissons pris au piège. Mais ils se sont tellement débattus pour s’enfuir que les paniers sont
tout abîmés. Rusé, le corbeau dit :
- Regarde moi ça, Anansé ! Ces paniers sont si abîmés qu’ils ne prendront plus aucun poisson. Mais je suis sûr qu’au marché, il y a bien un imbécile qui nous les achètera. Prends
les poissons et laisse-moi les nasses. Je me charge de les vendre.
Méfiante, Anansé répond :
- Pas question, cher corbeau. Prends plutôt les poissons, et fais-en ce que tu veux. Moi,
j’irai vendre les paniers et je garderai tous les sous pour moi. Sur ce, le corbeau prend
les huit poissons, Anansé emporte les nasses, et tous deux s’en vont au marché vendre
leur marchandise.
En un clin d’œil, le corbeau vend tous ses poissons et repart avec un joli magot. Mais
Anansé a beau crier toute la journée :
- Achetez mes beaux paniers !
Personne ne veut de ses vieilles nasses toutes trouées.
Pire, au bout d’un moment, le chef du village arrive et la gronde :
- Tu nous casses les oreilles, Anansé ! En plus, tu devrais avoir honte de vendre des horreurs pareilles ! Tu nous prends pour des imbéciles ou quoi ? Pour la peine, tu auras dix
coups de bâton !
Alors, rouge de honte, l’araignée comprend qu’à force de vouloir berner le corbeau, c’est
elle qui s’est fait berner. Depuis, Anansé n’essaie plus d’être plus maligne que les autres.
Et les imbéciles sont bien tranquilles !
Fin
Hansel et Gretel - (Conte de Grimm)
Il était une fois un pauvre bûcheron, qui vivait dans une cabane près de la forêt, avec sa
femme et ses deux enfants. Le garçon s'appelait Hansel et la fille s'appelait Gretel.
Un soir, le bûcheron dit à sa femme :
- Il ne nous reste presque plus rien à manger. Comment allons-nous faire ? La mère d'Hansel et Gretel est méchante. Aussi, elle répond sans hésiter :
- Demain, nous n'avons qu'à aller perdre les enfants dans la forêt. Cela fera moins de bouches à nourrir. Le père est triste à l'idée d'abandonner ses enfants, mais sa femme insiste
tellement qu'il finit par accepter.
Heureusement, Hansel a tout entendu. La nuit, sur la pointe des pieds, il sort dans le
jardin et remplit ses poches de petits cailloux blancs. Et le lendemain, quand la famille
part dans la forêt, il les laisse tomber derrière lui un par un. Arrivé dans une clairière, le
bûcheron allume un feu. Puis il dit à Hansel et Gretel :
- Attendez-nous là pendant que nous allons chercher du bois.
Les deux enfants s'endorment auprès du feu. Quand ils se réveillent, il fait nuit et leurs
parents ont disparu. Gretel se met à pleurer, mais Hansel lui montre les petits cailloux
blancs qu'il a semés. La lune les fait briller, ainsi les enfants n'ont plus qu'à les suivre
pour retrouver leur chemin et rentrer chez eux.
Une semaine passe, et le bûcheron a toujours autant de mal à nourrir sa famille. Un soir,
Hansel entend la bûcheronne chuchoter :
- Demain, nous retournerons perdre les enfants dans les bois. Mais cette fois, cric crac,
elle ferme la porte de la maison à clé. Si bien qu'Hansel ne peut pas aller remplir ses poches de cailloux.
Alors, le lendemain, il emporte un morceau de pain et sème des miettes le long du chemin. Comme la première fois, les enfants s'endorment près du feu, et quand ils se réveillent, leurs parents ont disparu.
Mais cette fois, pas moyen de retrouver leur chemin car les oiseaux ont mangé les miettes ! Terrifiés, Hansel et Gretel comprennent qu'ils sont perdus. Ils se mettent en route
main dans la main, pour se donner du courage. Soudain, un oiseau blanc vole devant
eux… Pleins d'espoir, les enfants le suivent. Ils arrivent bientôt devant une drôle de maison.
C’est une maison vraiment extraordinaire : les murs sont en pain d'épice, le toit en biscuit, et la porte en caramel ! Affamés, ils en cassent chacun un morceau et le croquent
avec délices, Miam ! Quel régal !
Soudain, une voix sort de la cheminée Grignoti grignoton, qui grignote ma maison ?
- C'est le vent ! répondent les enfants. Et ils continuent à se régaler. Au bout d'un moment, la porte s'ouvre et apparaît une affreuse vieille toute ridée. Elle cligne ses petits
yeux rouges et dit aux enfants :
- N'ayez pas peur, petits trésors, venez avec moi. Elle les prend par la main, les fait entrer dans sa maison et leur offre des crêpes et deux grandes tasses de chocolat. Puis, elle
les installe dans deux jolis petits lits blancs. Sans se méfier, les enfants s'endorment.
Hélas, en vérité, la vieille est une ogresse qui adore manger les enfants. Dès le lendemain, elle attrape Hansel, l'enferme dans une cage et ordonne à Gretel :
- Toi, tu vas préparer de bons repas pour ton frère. Et quand il sera bien dodu, je le dévorerai avec plein de carottes autour.
La pauvre Gretel est bien obligée d'obéir. Chaque jour, elle prépare à manger pour son
frère. Et, chaque jour, l'ogresse demande à Hansel :
- Passe ton petit doigt entre les barreaux que je voie si tu as grossi. Heureusement, Hansel est rusé. Au lieu de son doigt, il tend à la vieille un os de poulet. Comme elle a une
très mauvaise vue, elle ne se rend compte de rien et grogne :
- Grignoti grignoton, tu es encore trop maigrichon !
La Merveilleuse musicienne - (Conte de Grimm)
Il était une fois une merveilleuse musicienne. Dès qu’elle jouait du violon, tout le monde
se mettait à rire et à pleurer, tant sa musique était belle. Un jour, alors qu’elle se promène dans la forêt, la musicienne se dit : « Il est temps que je me trouve un amoureux.
Je vais jouer un air de musique. On verra qui viendra. »
Sur ce, elle prend son violon, et se met à jouer de tout son cœur. Au bout d’une minute,
un loup sort des fourrés. « Zut ! Pense la musicienne, je ne veux pas d’un loup comme
amoureux ! » Mais le loup s’approche et ronronne :
- Comme tu joues bien ! Est-ce que tu accepterais de m’apprendre la musique ?
- D’accord, répond la musicienne, mais tu dois promettre de faire tout ce que je te dirai.
- Promis ! Répond le loup.
- Alors, pour commencer, tu dois faire le cochon pendu. Suspends-toi à cette branche,
ferme les yeux et compte jusqu’à mille !
Obéissant, le loup s’exécute et commence à compter :
- un, deux, trois, quatre…
Mais dès qu’il a fermé les yeux, la jeune fille se sauve en courant.
Un peu plus loin, la musicienne se dit : « Avec ça, je n’ai toujours pas d’amoureux. Je
vais jouer un air, on verra qui viendra. » Elle se remet à jouer du violon.
Au bout d’une minute, un renard sort des taillis. « « Zut ! Pense la musicienne, je ne veux
pas d’un renard comme amoureux ! » Mais déjà le renard s’avance en roulant des yeux
doux :
- Comme tu joues bien ! Est-ce que tu accepterais de m’apprendre la musique ?
- D’accord, répond la musicienne, mais tu dois promettre de faire tout ce que je te dirai.
- Promis ! Répond le renard.
- Alors, pour commencer, tu dois faire le poirier. Vas-y, ferme les yeux, et compte jusqu’à mille !
Obéissant, le loup s’exécute et commence à compter :
- un, deux, trois, quatre…
Mais dès qu’il a fermé les yeux, la jeune fille s’enfuit en courant.
Un peu plus loin, la musicienne se dit : « C’est bien joli, mais je n’ai toujours pas d’amoureux. Je vais jouer un air, on verra qui viendra. » Elle se remet à jouer du violon.
Au bout d’une minute, un lièvre sort de son terrier. « Zut ! Pense la musicienne, je ne
veux pas d’un lièvre comme amoureux ! » Mais déjà le lièvre s’avance en remuant la
queue :
- Comme tu joues bien ! Est-ce que tu accepterais de m’apprendre la musique ?
- D’accord, répond la musicienne, mais tu dois promettre de faire tout ce que je te dirai.
- Promis ! Répond le lièvre.
- Alors, cours autour de cet arbre, et ne t’arrête pas avant d’avoir compté
jusqu’à mille !
Obéissant, le lièvre se met à courir autour de l’arbre en comptant :
- un, deux, trois, quatre…
Et pendant ce temps, la jeune fille prend ses jambes à son cou.
Une fois seule, la musicienne se dit : « Je me suis débarrassée de ces enquiquineurs, mais
je n’ai toujours d’amoureux. Je vais jouer un dernier air, pour voir. »
Cette fois, les sons qu’elle tire de son violon arrivent aux oreilles d’un beau bûcheron.
Emerveillé, le jeune homme approche pour l’écouter. Hélas, au même moment, le loup,
le renard et le lièvre arrivent pour se venger.
Lorsqu’il les voit, prêts à attaquer la musicienne, le beau bûcheron brandit sa hache et
menace :
Le plus malin des ânes - (Conte Italien)
Un petit âne rêvait d’aventure. Un beau matin, il casse sa corde et s’enfuit loin de la
ferme. Il arrive dans une plaine et se réjouit de sentir l’herbe lui chatouiller les sabots. Il
broute des fleurs et il est si content qu’il fait : « hi han, hi han! ».
Un lion qui passe non loin de là, l’entend. « Quel est ce cri étrange ? », pense-t-il. Il s’approche, aperçoit l’âne et lui dit :
- Bonjour ! Quel animal es-tu ? Je n’ai jamais vu de si grandes oreilles. L’âne n’est pas
rassuré. Mais comme il est malin, il répond en bombant le torse :
- Je viens de très loin et je m’appelle Super lion. Le lion le regarde, étonné :
- Tu veux dire que tu es plus fort que tous les lions ?
- Exactement ! dit l’âne. Je suis même plus fort que tous les animaux.
- Alors, c’est un honneur de te rencontrer, dit le lion. Je peux t’accompagner ?
- D’accord, dit l’âne
Le lion et l’âne se mettent en route. Bientôt, ils arrivent devant une rivière. Avec ses
pattes musclées, le lion saute par-dessus en un seul bond. L’âne , lui, a beaucoup de mal
à traverser et manque de se noyer. Le lion s’étonne :
- Dis donc, pour un super lion, tu nages pas très bien…
- Mais si voyons, tu n’as rien compris. C’est qu’en traversant, j’ai vu un crocodile. J’ai
plongé pour l’attraper et le manger. Miam ! Il était excellent. Le lion est impressionné.
Les deux compères continuent leur route et se retrouvent devant un mur. Le lion de nouveau, le franchit d’un bond. L’âne , lui, a du mal à grimper et reste bloqué en haut.
- Eh bien, dit le lion, pour un super lion, tu n’as pas l’air très fort en escalade !
- Au contraire, répond l’âne, tu n’as rien compris. Je m’entraîne à rester en équilibre le
plus longtemps possible ! Puis il rejoint le lion et propose :
- Si tu veux, on va mesurer nos forces. Je te parie que tu n’arrives pas à faire tomber ce
mur.
- Chiche ! dit le lion. Aussitôt, le lion se jette sur le mur et le laboure à coups de griffes.
Mais rien n’y fait. Le pauvre lion a bientôt les pattes en sang et le mur est toujours debout. Alors l’âne se retourne et donne de grands coups de sabots dans le mur, qui finit
par s’écrouler.
- J’ai gagné ! Déclare-t-il. Le lion est stupéfait.
Ensuite, l’âne conduit le lion devant une grosse touffe de chardons et lui dit :
- Maintenant, je te parie que tu n’es pas capable de manger ça !
- Chiche ! dit le lion. Et il croque dans les chardons sans se mefier. Mais les épines lui
piquent si fort la langue qu’il rugit de douleur et les recrache en pleurant.
- A moi, maintenant dit l’âne. Evidemment, comme les ânes adorent les chardons, il n’en
fait qu’une bouchée et se lèche les babines.
Le lion n’en revient pas. Il est plein d’admiration :
- Cette fois, dit-il, je dois admettre que tu es vraiment le plus fort. Tu mériterais d’être
le roi des lions.
Aussi, dès le lendemain, il appelle tous ses amis lions. Ensemble, ils décident de prendre
super lion pour roi. Et c’est ainsi que le petit âne malin devint le roi des lions !
fin
Un jour, tout de même, l'ogresse en a assez. Elle déclare :
- Grignoti grignoton, tant pis si tu es maigrichon, je vais te manger ce midi. Aussitôt, elle
fait chauffer le four. Au bout de quelques minutes, elle dit à Gretel Glisse-toi dans le
four, pour voir s'il est assez chaud.
- Mais... je ne sais pas comment on fait, répond Gretel, toute tremblante.
Petite idiote, bougonne la vieille, c'est pourtant facile. Et pour lui montrer, elle ouvre la
porte du four et glisse la tête dedans. Alors, sans hésiter, Gretel pousse l'ogresse dans le
four et referme la porte !
Puis elle court libérer son frère et ils se mettent à danser en chantant :
- L'ogresse est en train de cuire. Nous sommes sauvés ! Comme ils n'ont plus rien à craindre, ils ouvrent les coffres de l'ogresse et remplissent leurs poches de pièces d'or avant de
rentrer chez eux. A la maison, ils trouvent le bûcheron tout seul, en train de se lamenter
:
Ma femme est morte et, en plus, à cause d'elle, je ne reverrai jamais mes enfants ! Alors,
ils se jettent dans ses bras en criant :
- Papa ! Nous sommes revenus !
Depuis ce jour, Hansel, Gretel et leur père décidèrent de ne plus se quitter. Et grâce aux
pièces d'or de l'ogresse, ils ne manquèrent plus jamais de rien.
Fin
Jack et le haricot magique - (Conte Anglais de 1809)
Jack et sa mère étaient très pauvres. Ils ne possédaient rien d'autre qu'une vieille vache,
qui ne donnait presque plus de lait. Un jour, Jack propose :
- Je vais aller vendre la vache au marché.
- D'accord, dit sa mère. Mais demandes-en au moins dix sous.
Jack part au marché, en tirant la vache derrière lui. Sur la route, il croise un petit vieux
tout courbé.
- Bonjour Jack, dit le vieux. Où vas-tu avec ta vache ?
- Je vais la vendre au marché.
- Si tu veux, propose le vieux, je te l'échange contre ce haricot. C'est un haricot magique : si tu le plantes, il poussera jusqu'au ciel.
- Jusqu'au ciel !
Jack est émerveillé par l'idée de posséder un haricot géant. Alors il accepte et donne la
vache au vieux. Puis il rentre chez lui avec le haricot. Quand sa mère voit ça, elle
s'écrie :
- Pauvre idiot ! Tu as échangé notre vache contre un seul petit haricot. Tu es fou, ma
parole ! Maintenant, nous n'avons plus rien : ni vache, ni argent.
Et elle se met à pleurer.
Honteux, Jack jette le haricot par la fenêtre et il va se coucher.
La nuit passe, et quand Jack se lève le lendemain, pas moyen d'ouvrir les volets. Étonné,
il sort dans le jardin pour voir ce qui les coince. Et que voit-il ? Une immense tige de haricot qui a poussé pendant la nuit, elle est aussi grosse qu'un tronc d'arbre, et monte si
haut qu'elle se perd dans les nuages ! Sans hésiter, Jack saute dessus et commence à
grimper…
II grimpe longtemps, longtemps, jusqu'à atteindre le ciel. Là, posé sur un nuage, se
trouve un château. La porte est ouverte, alors Jack entre... et tombe nez à nez avec une
géante :
Bonjour madame, dit Jack. Vous n'auriez pas quelque chose à manger ?
- Mon pauvre enfant ! répond la géante. Tu n'aurais jamais dû venir ici. Mon mari est un
ogre, c'est lui qui va te manger !
A cet instant, baoum, baoum, baoum ! Un énorme bruit de bottes retentit.
- Vite! Cache-toi derrière ce buffet, dit la géante. Jack obéit et retient son souffle. De sa
cachette, il voit l'ogre entrer avec un mouton et un sac d'or.
L'ogre pose le sac sur la table et grogne :
- Miam ! Ça sent la chair fraîche, ici. En vitesse, sa femme répond :
- Mais non ! C'est ce mouton que tu viens d'apporter. Donne-le moi que je le fasse cuire.
Sans attendre, la géante fait cuire le mouton. L'ogre le mange et va se coucher. Bientôt,
il ronfle si fort que tous les murs en tremblent. Sans hésiter, Jack se glisse hors de sa
cachette, attrape le sac de pièces d'or et rentre chez lui par le même chemin qu'à l'aller.
Lorsqu'il saute en bas du haricot, sa mère est bien étonnée :
- Où étais-tu ? demande-t-elle.
- Là-haut! répond Jack. Tu vois, c'était vraiment un haricot magique ! Regarde ce que je
t'ai rapporté. Et, fier de lui, il lui donne le sac de pièces d'or.
Grâce à l'or de l'ogre, Jack et sa mère mangent à leur faim pendant une année entière.
Mais un jour, le sac est vide, alors Jack décide de retourner au château. Quand la géante
l'aperçoit, elle lui dit :
- Tu as du toupet de revenir ici alors que tu as volé l'or de mon mari ! Jack ouvre la bouche pour répondre mais, baoum baoum baoum, voilà que retentissent les pas de l'ogre.
- Vite, cache-toi dans le four ! ordonne la géante. Jack obéit et laisse la porte du four
entrouverte. Ainsi, il voit entrer l'ogre, un cochon sur l'épaule et une cage d'or à la main.
Aussitôt l'ogre renifle :
- Miam ! Ça sent la chair fraîche, ici
- Evidemment ! s'écrie l'ogresse, c'est ce cochon que tu viens d'apporter. Donne-le moi, je
vais le faire rôtir dans le four... euh, enfin... plutôt dans la cheminée.
Sitôt dit, sitôt fait : la géante fait rôtir le cochon et l’ogre se régale. Puis, il ouvre la
cage d’or, en sort une oie et dit :
- Ponds un œuf !
Et oh ! merveille ! l’oie pond un œuf d’or. Plus tard, l’ogre va se coucher, et bientôt, il
ronfle comme un ours. Alors, à pas de loup, Jack sort du four et s’enfuit en emportant
l’oie.
Désormais, Jack et sa mère n'ont plus besoin de travailler, car l'oie pond un oeuf d'or tous
les jours. Mais au bout d'un an, Jack s'ennuie, et il décide de retourner au château. Cette
fois, il pénètre chez l'ogre sans se faire voir et se cache derrière un sac de farine. Peu
après, l'ogre entre, suivi par sa femme. Il renifle :
- Miam ! Ça sent la chair fraîche ici ! Aussitôt, l'ogresse va regarder derrière le buffet et
dans le four. Mais Jack n'y est pas. Alors, les deux ogres se mettent à table, devant une
belle vache rôtie. Quand ils ont fini, l'ogre va chercher une harpe d'or, la pose sur la table
et dit :
- Joue, harpe d'or ! Et la harpe se met à jouer une musique si douce que les deux géants
s'endorment. Vite, Jack saisit la harpe et se sauve. Mais cette fois, dans sa précipitation,
il se cogne à la porte et la harpe se met à vibrer : "dzoïng ! dzoïng !"
Dans tous les villages où elle passe, elle demande du travail. Mais on la trouve si dégoûtante avec sa peau d'âne, que tout le monde la chasse. Enfin, une brave fermière lui propose de s'occuper de ses cochons, en échange d'une petite chambre derrière la ferme. La
princesse travaille dur. Tout le monde l'appelle "Peau d'âne", à cause de son vilain déguisement. Mais le dimanche, quand elle ne travaille pas et qu'elle est tranquille dans sa
chambre, elle tape le sol avec la baguette magique et ses robes apparaissent. Alors elle
en met une, et redevient pour une journée la ravissante princesse qu'elle était. Or un
dimanche, alors que la jeune fille porte sa robe couleur de soleil, le fils d'un roi passe
par-là. II regarde par la fenêtre, la voit dans la robe jaune et or, et tombe fou amoureux
d'elle.
Curieux, il demande à la fermière :
- Qui est la belle jeune fille qui vit dans la petite chambre là-bas ?
- C'est « Peau d'âne », Sire, répond la femme. Mais vous vous trompez, elle n'est pas jolie
du tout : elle est laide, sale et sent très mauvais !
Tout triste, le prince rentre chez lui. Le pauvre est tellement amoureux qu'il en perd
complètement l'appétit. Affolée, sa mère lui dit :
- Si tu continues comme ça, tu vas tomber malade ! Dis-moi ce qui te ferait plaisir. Je te
le trouverai.
Mère, répond le prince, je voudrais que « Peau d'âne », qui travaille dans la ferme voisine, me fasse un gâteau ! Aussitôt, la reine ordonne à « Peau d'âne » de faire un gâteau
pour le prince.
Ravie, la jeune fille se met au travail. Et (est-ce qu'elle le fait exprès ou pas ?) elle laisse
tomber sa bague d'or dans la pâte ! Dès que le gâteau est cuit, on l'apporte au prince qui
le trouve délicieux. A la dernière bouchée, il découvre la bague d'or et devine qu'elle
appartient à « Peau d'âne ».
Alors, il appelle ses parents et déclare :
- J'ai décidé de me marier. Mais je n'épouserai que la jeune fille qui aura le doigt assez
fin pour porter cette bague. Le roi envoie chercher toutes les jeunes filles du royaume.
Princesses, marquises, bergères... A la queue leu leu, toutes essaient la bague, mais aucune n'a le doigt assez fin pour l'enfiler. A la fin de la journée, le prince demande :
- Est-ce que tout le monde est passé ? Un valet entre en poussant « Peau d'âne » et ricane :
- Non, mon prince, il y a encore cette vilaine fille de ferme... Le cœur battant, le prince
attend. Alors, « Peau d'âne » tend sa main et bien sûr, la bague lui va parfaitement ! A ce
moment, la princesse fait tomber sa peau d'âne et se montre dans sa robe couleur de
lune.
Emerveillé, le prince s'écrie :
- Je le savais ! C'est bien toi que j'ai vue par la fenêtre, l'autre jour ! Veux-tu m'épouser ?
Et comme « Peau d'âne » le trouve charmant, elle répond "oui". Dès le lendemain, les
deux fiancés font le plus beau mariage qu'on ait jamais vu ! Bien sûr, « Peau d'âne » a
invité sa marraine, la fée des Lilas... et son père. Mais ouf ! comme il a enfin épousé une
autre femme, il félicite sa fille et l'embrasse tendrement, comme un vrai papa.
Fin
Peau d’Ane - (Charles Perrault)
Un roi, une reine et leur petite princesse vivaient dans un très beau château. Ils étaient
heureux parce qu'ils s'aimaient, et aussi parce qu'ils possédaient un âne magique. Voyezvous, cet âne ne faisait jamais de crottes. A la place, chaque matin, il déposait sur la
paille plein de pièces d'or ! Grâce à cette merveille, la vie s'écoulait, belle et sans souci.
Hélas, voilà qu'un jour la reine tombe très malade. Sentant qu'elle va mourir, elle dit au
roi :
- Mon cher mari, quand je serai morte, tu devras te remarier. Alors fais-moi une promesse : choisis pour épouse une femme aussi belle que moi.
Le roi promet pour ne pas lui faire de peine. Et quelques jours plus tard, la reine meurt.
Le pauvre roi est si malheureux qu'il pleure pendant des mois et même des années. Un
jour, ses conseillers le supplient :
- Majesté, la reine est morte depuis longtemps. Vous devez vous remarier maintenant.
- C'est impossible, répond le roi, il n'existe aucune femme aussi belle qu'elle.
Les conseillers insistent. Chaque jour, ils lui présentent des portraits de princesses, toutes plus jolies les unes que les autres. Mais aucune n'est aussi belle que la reine, et le roi
n'arrive pas à se décider. Un soir qu'il dîne avec sa fille, le roi remarque soudain à quel
point elle est ravissante. II déclare :
- Ma fille, en grandissant, tu es devenue encore plus belle que ta mère... C'est toi que je
vais épouser !
La princesse pense : « C'est horrible! Une fille ne peut pas épouser son père ! »
Comme nul ne peut désobéir au roi, elle court chez sa marraine, la fée des Lilas, pour lui
demander de l'aide.
- Ne t'inquiète pas ma chérie, dit la fée, j'ai une idée. Demande à ton père de t'offrir une
robe de la couleur du temps. Et dis lui que tu ne l'épouseras que si elle est prête demain
matin. II n'arrivera jamais à faire aussi vite. Rassurée, la jeune fille retourne au château
et demande à son père une robe couleur du temps. Puis elle va se coucher. Hélas le lendemain, quand elle ouvre les yeux, elle voit sur une chaise une robe merveilleuse, exactement de la même couleur que le ciel quand il fait beau. Affolée, elle court chez sa
marraine. La fée est déjà au courant, puisque les fées savent tout.
Rentre chez toi et demande à ton père une robe couleur de lune, dit-elle. Une telle robe
est impossible à trouver.
La princesse a confiance. Elle fait comme sa marraine a dit. Mais le lendemain, elle découvre sur son lit une robe magnifique, exactement de la couleur de la lune. Quand la fée
apprend cela, elle fronce les sourcils et dit :
- Hum! Ce n'est rien. Ce soir, demande à ton père de t'offrir une robe couleur du soleil.
Ce coup ci, parole de fée, il n'y arrivera pas ! La princesse obéit, mais le lendemain, la
robe couleur de soleil est là, si brillante qu'on ne peut s'empêcher de fermer les yeux en
la regardant.
Cette fois, la fée se met en colère :
- Puisque c'est ainsi, dit-elle à la jeune fille, je ne vois qu'une solution. Demande à ton
père la peau de son âne magique. Il l'aime tellement qu'il ne pourra pas le tuer. Mais, si
jamais il t'obéit, alors, prends la peau de l'âne, couvre-t'en comme d'un manteau et
sauve-toi loin d'ici.
Pour que tu ne sois pas trop malheureuse, je te donne cette baguette magique. Chaque
fois que tu en frapperas le sol, tes belles robes apparaîtront. La princesse suit le conseil
de sa marraine, et demande au roi la peau de son âne. Mais hélas, le roi est prêt à tout
pour l'épouser. Et il tue lui-même la pauvre bête pour offrir sa peau à sa fille ! Voyant
cela, la princesse comprend qu'elle n'a pas le choix. Alors, sans perdre une minute, elle
s'enveloppe dans l'affreuse peau d'âne et s'enfuit aussi loin qu'elle peut à travers les
champs.
A ce bruit, l'ogre se réveille et voit le petit garçon. Furieux, il s'élance à sa poursuite.
Affolé, Jack saute sur la tige du haricot et dégringole de feuille en feuille. Hélas l'ogre le
suit et gagne du terrain ! Heureusement, Jack a une idée… Dès qu'il touche terre, il court
chercher une hache, et vlan ! en trois coups, il coupe le pied du haricot. Si bien que le
haricot géant s'écroule par terre en écrasant l'ogre ! Depuis ce jour, Jack ne peut plus
retourner au château des nuages. Mais ça lui est égal. Grâce aux oeufs d'or, sa mère et lui
sont riches. Et quand ils s'ennuient, ils écoutent un peu la belle musique de la harpe d'or.
Fin
.Jha le menteur - (Conte Maghrébin)
Un jour, Jha veut offrir un beau collier à sa femme. Mais il n’a pas d’argent. Soudain, en
voyant deux petites souris blanches exactement pareilles courir dans sa cuisine, il lui
vient une idée. Hop ! il attrape les deux souris, et les met chacune dans une cage.
Puis, il pose une des deux cages sur le buffet et dit à sa femme :
- Prépare un plat de couscous pour midi, car je reviendrai avec des invités. Mais quand je
te demanderai : « Qui t’a prévenue que j’amènerais des amis manger le couscous ? » réponds que c’est la petite souris qui est sur le buffet.
Sur ce, Jha saisit la deuxième cage et court en ville. Il s’assied à la terrasse d’un café,
pose la cage devant lui et se met à parler tout haut à la souris. Bientôt, trois amis s’approchent.
- Tu es devenu fou ! se moquent-ils. Tu parles aux souris, maintenant ?
- Je ne suis pas fou, répond Jha. Cette souris est très intelligente et comprend tout ce
que je lui dis. Entendant cela, les autres rient de plus belle. Alors Jha continue :
- Vous ne me croyez pas ? Et bien, je vais vous prouver que je dis la vérité. Je vous invite
tous les trois à venir manger le couscous chez moi, ce midi. Et c’est la petite souris qui va
aller prévenir ma femme !
Sur ce, Jha sort la petite souris blanche de la cage et lui dit très sérieusement :
- Cours voir Aïcha, et dis-lui de préparer du couscous pour cinq personnes à midi. Allez !
file, il est déjà tard ! Evidemment, la souris file sans demander son reste, et va se cacher
dans le premier trou venu.
A midi, Jha arrive chez lui avec ses invités. Aïcha lui fait un clin d’œil et s’écrie :
Entrez mes amis, un bon couscous vous attend ! La souris m’a prévenue de votre arrivée.
Alors, Jha montre la souris qui se trouve dans la cage sur le buffet et dit :
- Vous voyez qu’elle porte les messages, je ne vous avais pas menti ! Les amis de Jha sont
tellement étonnés que pendant le repas, ils ne parlent que de la petite souris. Bientôt, le
plus riche des trois demande à Jha :
- Dis donc, une souris comme ça ferait bien mon affaire. Tu ne voudrais pas me la vendre,
disons… pour une pièce d’or ?
- Une pièce d’or ! tu es fou ! dit Jha. Elle vaut bien plus que ça.
- Alors dix pièces d’or ?
- Jamais de la vie !
- Alors cent ?
- Va pour cent pièces d’or ! dit Jha. Mais c’est bien parce que c’est toi. Et l’homme, qui
s’appelle Ali, repart avec la cage.
Le lendemain, tout fier, il va s’asseoir à la terrasse du café avec la souris. Il rencontre
quatre amis et les invite à venir manger chez lui le midi. Puis, il sort la petite souris blanche de sa cage et ordonne :
- File à la maison, et dis à ma femme de préparer un grand plat de couscous. Evidemment, la souris se sauve sans demander son reste, et va se cacher dans le premier trou
venu.
Quand Ali arrive chez lui avec ses amis, sa femme est encore au lit.
- Comment ! tu n’as pas préparé le couscous ? s’exclame Ali.
- Mais, proteste sa femme, tu ne m’avais pas prévenue !
- Quoi ? crie Ali, la petite souris ne t’a pas porté mon message ?
- Quelle petite souris ? dit sa femme. Je ne comprends rien à ce que tu dis !
Une fois ses amis partis, Ali raconte toute l’histoire à sa femme. Et celle-ci comprend que
Jha s’est moqué de lui.
- Idiot ! dit-elle. Il ta trompé.
- Va le voir et exige qu’il te rende tes cent pièces d’or.
Ali obéit. Il court chez Jha et crie :
- Tu m’as trompé. Ta souris ne m’a pas écouté, elle n’a pas prévenu ma femme et en
plus, elle n’est pas rentrée à la maison. Rends-moi mes cent pièces d’or !
Alors, Jha prend l’air étonné et dit :
- Qu’est-ce que tu racontes ? Elle n’est pas rentrée chez toi ? Est-ce que tu lui avais expliqué le chemin ?
Embêté, Ali bredouille :
- Euh, ma foi non, je n’y ai pas pensé.
- Eh bien voilà ! s’exclame Jha. Elle s’est perdue par ta faute. Misère ! Une petite souris
si intelligente ! Que je t’avais vendue pour seulement cent pièces d’or, alors qu’elle en
vaut au moins mille ! Où peut-elle bien être maintenant ?
Et il se met à pleurer si fort qu’Ali le croit et se met à pleurer aussi, en pensant à la pauvre petite souris. C’est ainsi que Jha le menteur garda les cent pièces d’or, et qu’il put
acheter un beau collier à sa femme.
fin
La belle & la bête - (Jeanne Marie Leprince de Beaumont)
Un riche marchand avait trois filles. Les deux aînées étaient méchantes. Mais la plus
jeune était si jolie qu'on 1'appelait la Belle. Un jour, le marchand dit :
- Mes pauvres chéries, je suis ruiné. Nous n'avons plus d'argent. Aussitôt, les deux grandes
se mettent en colère :
- Imbécile ! A cause de vous, nous ne pourrons plus acheter de belles robes. Et elles
s'éloignent en boudant. Seule la Belle, qui aime beaucoup son père, l’embrasse et le
console.
Un jour, le père part en voyage pour tenter de gagner un peu d'argent. Mais il se perd
dans la forêt.
- « Quel malheur ! se dit-il. Je vais mourir de faim et de froid sans jamais revoir mes filles. » Et il se met à pleurer. Aussitôt, comme par magie, un château se dresse devant lui.
L’ogresse et le bouddha - (Conte Chinois)
II y a très longtemps, près de la ville de Râjagriha en Inde, vivait une ogresse nommée
Kishimo-Jin. Chaque fois qu'elle avait faim ou que ses enfants réclamaient à manger, elle
allait en ville, attrapait deux ou trois enfants, et les ramenait dans sa grotte pour les
dévorer. Les pauvres parents avaient beau la supplier d'épargner leurs petits, rien n'y
faisait.
Un jour, les villageois en ont assez et décident de se réunir pour trouver une solution :
- Tuons l'ogresse, propose l'un.
- C'est impossible, s'exclament les autres, elle est trop forte pour nous !
- Dans ce cas, allons vivre ailleurs ! Dit une femme.
Mais les autres protestent :
- Ce n'est pas juste, nous n'allons pas abandonner nos maisons ! Alors, un troisième habitant déclare :
- Allons voir le bouddha*. II est sage. II aura sûrement une idée. Aussitôt, les villageois
vont voir le bouddha. Comme d'habitude, le sage est assis en tailleur au coin de la rue,
avec un bol à côté de lui pour que les passants y jettent des pièces. Le bouddha les
écoute, il réfléchit longuement. Puis il dit :
- Laissez-moi faire. Le lendemain, quand l'ogresse vient en ville avec ses enfants, le
bouddha profite de ce qu'elle marche devant pour faire signe à un des petits ogres qui
traîne derrière. Comme le petit ogre est curieux, il s'approche, et le bouddha lui dit :
- Regarde dans mon bol, si tu veux connaître l'avenir. Etonné, le petit ogre se penche en
écarquillant les yeux. Alors, pouf ! le bouddha retourne le bol et l'emprisonne dessous,
comme une souris.
Quand l'ogresse se rend compte que son fils a disparu, elle devient folle d'inquiétude.
Pendant trois jours, elle le cherche partout ! en ville, dans la campagne, dans les montagnes, et même dans la mer. Enfin, comme elle n'a toujours pas retrouvé son petit, elle va
voir le bouddha, pour lui demander de l'aide.
Le bouddha lui demande
- Pourquoi pleures-tu, Kishimo-Jin ?
- Hélas, soupire l'ogresse. Je suis si malheureuse ! L'autre jour, je me promenais en ville
avec mes enfants. Et voilà que, soudain, le petit dernier a disparu !
- Ah bon ? répond le bouddha. C'est terrible, ça, pour une maman. Puis, il sourit et
ajoute :
- Allons, sèche tes larmes et regarde. Joignant le geste à la parole, il retourne le bol sous
lequel était caché le petit ogre. Aussitôt, l'ogresse se jette sur son enfant, le prend dans
ses bras, et l'embrasse. Elle est si heureuse qu'elle pleure et rit en même temps. Alors, le
bouddha lui dit d'une voix douce :
- Maintenant, tu comprends pourquoi les mamans sont si malheureuses quand tu leur
prends leurs enfants ?
- Je comprends, gémit l'ogresse. Mais il faut bien que je nourrisse mes petits !
- C'est vrai, dit le bouddha. C'est pourquoi je te propose un marché. A partir d'aujourd'hui, tu laisses les enfants du village tranquilles. Et en échange, chaque jour, les villageois te donneront de quoi manger. Ainsi, tu pourras nourrir tes enfants sans faire de
peine à personne.
L'ogresse accepta. Et depuis ce jour, à Râjagriha, plus personne n'a peur de Kishimo-Jin.
Au contraire, quand elle vient en ville, les enfants courent vers elle, grimpent sur son dos
et lui font des chatouilles.
fin
Le roi et le pou - (Conte populaire français)
Un jour, au cours d’une promenade, un roi attrape un pou. Le soir en se couchant, il se
gratte la tête, grat grat. Et le lendemain matin, ça le démange à nouveau, grat grat.
Enervé, le roi appelle son valet, et lui demande de regarder ce qui le gratouille ainsi.
Tout de suite, le valet voit le pou, caché entre deux cheveux. Il l’attrape, le montre au
roi, et dit :
- Majesté, c’est un pou !
Le roi s’étonne :
- Je ne connais pas cette bête là. Mais dis donc, c’est minuscule ! J’ai une idée. Mettonsle dans un bocal, et faisons-le engraisser. Ainsi, quand il sera bien gros, je verrai quelle
tête il a.
Le valet obéit, et chaque jour, il gave le pou de nourriture. Au bout de trois mois, le pou
est si gros qu’il ne tient plus dans son bocal. Et comme le roi le trouve très mignon, il
l’emmène partout avec lui, comme un petit chien.
Hélas, le pou finit par mourir de vieillesse. Après avoir beaucoup pleuré, le roi ordonne à
son tailleur de lui fabriquer une paire de gants dans la peau de son pou chéri. Puis il dit
au premier ministre :
- Annonce au peuple que je donnerai la main de ma fille à celui qui trouvera dans quelle
peau sont faits mes gants. Aussitôt, la nouvelle se répand dans le pays et de nombreux
prétendants accourent pour tenter leur chance.
Chacun a droit à trois réponses, mais pas une de plus. Le premier est un chasseur qui
revient d’Afrique. Il examine les gants et déclare, très sûr de lui :
- Facile ! C’est de la peau de rhinocéros !
- Non ! pouffe le roi.
- Ah bon ! Alors… c’est de la peau d’éléphant ?
- Non-non-non ! chantonne le roi
- Zut de zut ! alors peut-être… heu… De la peau d’hippopotame ?
- Hi hi hi ! non, non et non ! triomphe le roi. Au suivant !
Evidemment, les candidats ont beau défiler, personne ne trouve la réponse exacte. Et le
roi est tout content, parce qu’en vérité, il n’a aucune envie de marier sa fille. Or, la fille
du roi est amoureuse du prince d’un royaume voisin. En cachette, elle lui écrit pour lui
révéler le secret des gants, et elle confie la lettre à son pigeon voyageur. Dès qu’il reçoit
sa lettre, le prince court au château, pour faire la queue avec les autres prétendants.
Quand son tour arrive, le roi lui tend ses gants et demande d’un air moqueur :
- Alors, peux-tu me dire dans la peau de quel animal ont été faits ces gants ?
Le jeune homme prend les gants, les regarde sous toutes les coutures, les renifle… Puis, il
fait mine d’hésiter :
- Hum, est-ce que ce ne serait pas de la peau d’araignée ?
- Non, répond le roi, un peu inquiet.
Alors, reprend le prince. Peut-être… de la peau de puce ?
- Heu… hem… non, bredouille le roi, de plus en plus inquiet.
Alors le prince déclare, en souriant jusqu’aux oreilles :
- Ah oui ! Suis-je bête ! Je sais : c’est de la peau de pou !
Quand il entend cela, le roi est vexé… comme un pou ! mais comme il n’a qu’une parole,
il est bien obligé d’accorder au prince la main de sa fille. Et c’est ainsi que la princesse
réussit à épouser son amoureux.
Etonné, le marchand frappe à la porte, mais personne ne répond. Alors, il entre dans le
château désert, mange un poulet rôti qui se trouve sur la table et va se coucher. Le lendemain, au moment de partir, il voit une jolie rose dans le jardin et pense :
- « Oh ! Cette fleur fera sûrement plaisir à la Belle ! » Hélas, dès qu'il la cueille, un coup
de tonnerre retentit. Au même instant, une Bête monstrueuse apparaît et rugit :
- Scélérat ! Je t'ai sauvé la vie et au lieu de me remercier, tu cueilles ma plus belle rose !
Pour ce crime, tu devras mourir.
- Pitié! supplie le marchand, Avant de me tuer, laisse-moi aller embrasser mes filles.
- D'accord, répond la Bête. Mais sois ici dans trois jours. Ou alors, envoie-moi une de tes
filles à ta place.
Consterné, le pauvre homme rentre chez lui et raconte son aventure. Aussitôt, la Belle se
jette à ses pieds en pleurant :
- Père chéri, c'est en cueillant une fleur pour moi que ce malheur vous est arrivé. Je ne
veux pas que vous mouriez par ma faute. Laissez-moi retourner au château de la Bête à
votre place ! Et elle insiste tant et tant que son père la laisse partir.
Quand la Belle arrive au château, l'horrible Bête surgit devant elle et rugit :
- Assieds-toi, et partage mon repas ! La jeune fille a peur, mais elle remercie la Bête et
mange avec elle. A la fin du dîner, la Bête conduit la Belle dans une chambre remplie de
livres et de belles robes. Puis la Bête lui dit bonsoir et disparaît. Alors, la Belle se couche
sur le lit et s'endort. Le temps passe, et la Belle s'habitue à sa nouvelle vie. Le jour, elle
lit et se promène dans le jardin. Le soir, elle met une belle robe et dîne avec la Bête.
Elle n'a plus peur du monstre, car elle sait qu'il ne lui fera pas de mal. Mais elle le trouve
vraiment affreux. Alors, à chaque fois que la Bête lui demande :
- Belle, veux-tu m'épouser ? Elle répond :
- Non la Bête. Tu es gentil, mais je ne veux pas être ta femme. Et elle pense en secret :
- « Pourtant, si tu étais plus beau, je t'aimerais de tout mon cœur ! »
Un soir, la Belle demande à la Bête :
- S'il te plaît, laisse-moi partir quelques jours pour aller embrasser mon père.
D'accord, dit la Bête. Mais promets-moi de revenir au bout de trois jours quand la Belle
arrive chez elle, ses sueurs sont jalouses de ses jolies robes. Mais son père est si heureux
de la voir qu'au bout de trois jours, il la persuade de rester encore un peu auprès d'eux.
Seulement, la jeune fille pense souvent à la Bête. Un jour, elle se dit : « La Bête me
manque trop, il faut que je retourne la voir ! »
Aussitôt, comme par magie, la Belle se retrouve au château. Vite, elle cherche la Bête,
mais elle ne la trouve pas. Alors, elle court dans le jardin et là, que voit-elle ? Le pauvre
monstre, malade, allongé dans l'herbe.
- Ah ! Belle ! gémit-il. Je t'ai attendue trop longtemps, sans manger ni dormir. Je suis en
train de mourir... Affolée, la jeune fille s'agenouille près de la Bête. Elle l'embrasse et
dit :
- Ne meurs pas, la Bête ! Je t'aime et je veux bien t'épouser !
A ces mots, oh ! merveille ! la Bête disparaît dans un feu d'artifice. Et à la place de l'horrible monstre, apparaît un beau prince. Sautant sur ses jambes, il prend aussitôt la Belle
dans ses bras et lui explique :
- Une sorcière m'avait jeté un sort. A cause d'elle, je devais rester transformé en Bête
jusqu'au jour où une jeune fille accepterait de m'épouser. Tu m'as sauvé, la Belle ! Veuxtu toujours être ma femme ? Et devine ce que la Belle répondit...
- Oui, oui et encore oui
fin
Fin
La cigale et la fourmi - (Jean de La Fontaine)
Pauvre Madame fourmi ! Depuis que l’été est arrivé, elle passe son temps à travailler. Le
matin elle fait son ménage à fond. Puis hop ! elle part faire ses provisions pour l’hiver.
Toute la journée, elle ramasse des graines, des brindilles, des fruits, des miettes de biscuit. Et quand elle rentre le soir, elle range tout dans son armoire et va se coucher, épuisée.
Dans la maison d’à côté, mademoiselle Cigale ne pense qu’à s’amuser. Toute la journée,
elle fredonne en se prélassant au soleil. Et le soir, elle invite ses amis et leur chante des
chansons toute la nuit en s’accompagnant de son accordéon.
Souvent, Madame Fourmi l’avertit :
- Attention, ma chère voisine. Tu devrais faire des provisions pour l’hiver. Sinon, quand la
neige va tomber, tu n’auras plus rien à manger.
Mais la cigale répond en chantonnant :
- Taratata ! L’hiver n’est pas encore là. On verra bien quand il fera froid, tradéridéra !
Le temps passe et, un matin, la neige recouvre les jardins. Il fait si froid que plus un fruit
ne pousse dans les bois. Madame Fourmi est ravie :
- Ouf ! soupire-t-elle. L’hiver est arrivé, je vais enfin pouvoir me reposer ! Avec les brindilles qu’elle a ramassées, elle fait un bon feu dans la cheminée. Puis, bien au chaud
dans sa maison, elle commence à grignoter ses provisions. Elle en a récolté tellement
qu’elle a de quoi manger jusqu’au printemps. Soudain, au beau milieu du repas, toc toc,
on frappe à la porte.
- Qui est là ? demande Madame Fourmi.
- C’est moi, la cigale. Ouvre-moi, je te prie.
La fourmi ouvre, et toute transie, la cigale la supplie :
- J’ai faim et j’ai froid, laisse moi entrer chez toi pour me réchauffer. Et s’il te plaît,
donne-moi quelque chose à manger.
Quand elle entend cela, la fourmi sent la moutarde qui lui monte au nez. Indignée, elle
répond à sa voisine :
- Moi, cet été j’ai beaucoup travaillé ! Et toi que faisais-tu pendant ce temps-là ?
- Moi ? s’étonne la cigale. Mais tu le sais bien : je chantais !
- Eh bien, tu n’as qu’à danser maintenant, réplique la fourmi en lui claquant la porte au
nez. Puisque tu as froid, ça te réchauffera !
fin
Mais les petites filles n'ont pas peur. Elles lui répondent en chantonnant :
- « Non, non, non ! Nous ne sommes pas des idiotes, nous ne t'ouvrirons pas la porte ! »
Et l'horrible monstre a beau secouer la porte de toutes ses forces, le loquet tient bon. Si
bien qu’il repart bredouille.
Le soir, les trois petites filles racontent à leur mère ce qui s'est passé, et celle-ci les embrasse pour les féliciter. Hélas, le lendemain, l'horrible Bou revient. Cette fois, il a mis
des dents de fer et menace :
- « Bou, Bou, Bou, je suis l'horrible Bou. Avec mes dents, je casse tout ! »
Aussitôt, il se met à grignoter la porte. Mais la porte tient bon, et les petites filles chantent :
- « Croque, croque, croque, nous ne sommes pas des idiotes, nous ne t'ouvrirons pas la
porte ! »
Dépité, l'horrible Bou repart. Mais cette fois, il a l'idée de se cacher derrière un buisson.
Ainsi, quand la maman rentre le soir, il l'entend fredonner la chanson. Alors, le lendemain, dès que la mère est partie, Bou s'approche de la porte, prend une voix toute douce
et chantonne :
- « Mes enfants, mes trésors, c'est moi, Maman qui vous adore. »
Croyant que c'est leur mère qui revient, les petites filles ouvrent la porte. Et l'horrible
Bou se jette dans la maison en hurlant :
- « Bou, Bou, Bou, je suis l'horrible Bou et je vais vous manger d'un coup ! »
Terrifiées, les fillettes courent vers l'échelle qui mène au grenier. Vite, elles grimpent
tout en haut et enlèvent l'échelle pour que Bou ne puisse pas les attraper. Hélas, le
monstre se met à empiler des chaises en chantant :
- « Bou, Bou, Bou, je suis l'horrible Bou et je serai bientôt tout près de vous ! »
A cet instant, la mère des trois petites filles arrive. Quand elle voit ce qui se passe, elle
court jusqu'à la ruche de la petite abeille et crie :
- Abeille, aide-moi vite : l'horrible Bou veut dévorer mes enfants !
Aussitôt, l'abeille appelle ses sœurs et toutes se mettent en rang : Bzz, bzz, bzz !
Elles volent jusqu'à la maison. Bzz, bzz, bzz ! Elles se jettent sur le monstre, et pic, pic,
pic ! Elles enfoncent bien fort leur dard dans sa vilaine fourrure.
Alors, fou de douleur, l'horrible Bou s'enfuit en gémissant :
- « Bou, Bou, Bou, je suis l'horrible Bou, les abeilles m'ont piqué le cou, les pieds, le ventre et les genoux. Bouh ! Bouh ! Bouh ! Je suis piqué de partout. Je ne reviendrai plus
chez vous ! »
Et en effet, à partir de ce jour, les trois fillettes et leur mère ne revirent plus jamais
l'horrible Bou.
Fin
La Princesse cachée - (Conte Allemand)
Un roi avait une fille si jolie qu'il n'avait aucune envie qu'elle se marie. Alors, un jour, il a
une idée. En secret, il fait construire un palais sous la terre. II y enferme sa fille avec ses
servantes, et annonce qu'il donnera sa main au premier qui sera capable de la trouver.
De nombreux garçons essaient de trouver la princesse. Mais aucun ne réussit car personne
ne connaît l'existence du palais secret. A son tour, un jeune homme astucieux décide de
tenter sa chance. II réfléchit : « Le roi sait forcément où se trouve sa fille. Si je me glisse
dans la peau d'un gentil petit animal, il aura envie de lui offrir pour la distraire. Et
comme ça, je saurai où il cache la princesse ! »
lieu le lendemain.
Le jour suivant, la guenon enfile sa robe de mariée et demande au prince :
- Comment me trouves-tu ? Le prince la trouve affreuse. Mais, pour ne pas lui faire de
peine, il dit :
- Très jolie, ma chérie. Sur le chemin menant à l'église, la guenon demande encore :
- Et mes souliers ? Tu trouves qu'ils me vont bien ? Tristement, le prince regarde les pattes poilues dans les jolis souliers de mariée, et se dit que c'est vraiment très laid. Mais il
répond gentiment :
- Ils te vont très bien, ma chérie.
Enfin, vient le moment du mariage.
- Prince, acceptes-tu de prendre cette guenon pour épouse, et de l'aimer toute ta vie ?
demande le prêtre. Le prince ne répond pas tout de suite. Mais la guenon a l'air si triste
de le voir hésiter qu'il finit par dire :
- Oui, je la prends pour épouse et je l'aimerai toute ma vie. Alors, la mariée lève son
voile...
Et incroyable! A la place de la vilaine tête de singe, le prince découvre un adorable visage de princesse. Toute joyeuse, la jeune fille lui saute au cou et lui dit :
- Merci, mon amour. En m'épousant, tu m'as délivrée de l'affreux sortilège qui m'avait
transformée en guenon. Puis, montrant du doigt ses servantes, la princesse ajoute :
- Tu vois, je t'avais dit que tout ce qui brille n'est pas d'or ! Et stupéfait, le prince s'aperçoit que les jolies servantes de la princesse se sont toutes transformées en guenons.
fin
L’horrible Bou - (Conte Espagnol)
Un jour, une femme dit à ses trois petites filles :
- Je pars travailler. Surtout, n'ouvrez à personne pendant mon absence. L'horrible Bou
rôde dans le pays. Si vous lui ouvrez, il vous attrapera et vous mangera. Quand je reviendrai, je chanterai cette chanson :
- « Mes enfants, mes trésors, c'est moi, Maman qui vous adore ! » Ainsi, vous pourrez
m'ouvrir sans danger.
En chemin, la femme voit une abeille en train de se noyer dans une mare. Vite, elle attrape une branche, sort l'abeille de l'eau, et la repose près de sa ruche. La petite abeille
bourdonne :
- Bzz, bzz ! Merci ! Tu m'as sauvé la vie. Si un jour tu as besoin d'aide, appelle-moi, je
viendrai à ton secours.
- D'accord, dit la femme.
Et elle poursuit sa route. Pendant ce temps, hélas, l'horrible Bou s'est approché de la
maison des trois petites filles. D'une grosse voix, il chante en tapant du pied :
- « Bou, Bou, Bou, je suis l'horrible Bou. Ouvrez-moi que j'emporte tout ! »
Sitôt dit, sitôt fait. Le jeune homme demande à un berger de le cacher dans la peau d'un
agneau doré. Le berger accepte. II prend la peau de l'agneau, la coud tout autour du
jeune homme, en lui laissant deux trous pour voir à travers, puis il va trouver le roi. Dès
qu'il voit l'agneau doré, le roi s'exclame :
- Qu'il est mignon ! Vends-le moi, je l'offrirai à ma fille.
- Désolé, Majesté ! répond le berger, Je ne peux pas vous vendre cet agneau car il ne
m'appartient pas. Mais si vous voulez, je peux vous le prêter pendant trois jours.
Marché conclu ! dit le roi. Et tout content, il prend l'agneau dans ses bras. Dès que le
berger a disparu, le roi file au palais souterrain pour apporter l'agneau à sa fille. II descend un escalier interminable puis s'arrête devant une porte et dit :
- Ouvre-toi, Sartara Martara de la Terre ! Aussitôt, la porte s'ouvre. Alors le roi descend
un autre escalier, s'arrête devant une autre porte et répète
- Ouvre-toi, Sartara Martara de la Terre ! Et la porte s'ouvre comme la précédente. Après
une troisième porte, le roi entre dans la chambre de la princesse et s'écrie :
- Regarde, ma chérie, le bel agneau que je t'ai apporté ! Je dois le rendre dans trois jours
au berger qui me l'a prêté, mais en attendant, il te tiendra compagnie. La princesse bat
des mains, tellement elle est ravie. Le roi reparti, le jeune homme attend un peu. Puis il
découd un morceau de la peau de mouton et sort de sa cachette. II est si beau que dès
qu’elle le voit, la princesse tombe amoureuse de lui.
- Mais pourquoi t'es-tu déguisé en agneau ? lui demande-t-elle.
- Pour découvrir l'endroit où ton père te cachait, explique le jeune homme. Car je veux
t'épouser ! Maintenant que je connais ta cachette, il sera bien obligé de me donner ta
main.
- Tu as bien fait ! répond la princesse. Mais tu n'as pas encore gagné. Car mon père t'imposera une deuxième épreuve. Au cas où l'on me trouverait, il a prévu de nous changer en
canards, mes servantes et moi. Alors, écoute-moi : lorsqu'il te demandera lequel des canards est la princesse, je glisserai ma tête sous mon aile. Ainsi, tu pourras me reconnaître. Leur plan mis au point, le jeune homme et la princesse passent trois jours merveilleux à bavarder. Puis le roi revient chercher l'agneau doré et va le rendre au berger,
comme promis. Dès que le roi a tourné les talons, le jeune homme jette son déguisement
et court au palais.
- Majesté, déclare-t-il, je sais où se cache la princesse.
- Ça m'étonnerait ! répond le roi.
- Suivez-moi, dit le jeune homme. Sans hésiter, il se dirige vers l'escalier qui descend sous
terre. Arrivé devant la première porte, il dit :
- Ouvre-toi, Sartara Martara de la Terre ! Et il fait de même devant chaque porte, jusqu'à
la chambre de la princesse. Furieux qu'on ait découvert son secret, le roi marmonne dans
sa moustache :
- Tu as trouvé ma fille, mais tu n'as pas encore gagné sa main ! Sur ce, il tend le doigt et
transforme la princesse et ses servantes en canards. Puis il déclare :
- Maintenant, dis-moi lequel de ces canards est ma fille. Si tu trouves, tu l'épouses. Sinon, tu mourras ! Sûr de lui, le jeune homme regarde bien les canards, et en voit un qui
glisse gracieusement la tête sous son aile. II s'écrie :
- C'est celui-là, Majesté ! Et le roi est bien obligé de lui donner la main de la princesse.
fin
La soupe aux cailloux - (Conte Picard)
Le prince et la guenon. - (Conte français)
Il était une fois un mendiant qui s’appelait Ferdinand. Il n’avait pas de maison, Il n’avait
pas d’argent. Alors, il dormait à la belle étoile. Et quand il avait trop faim, il frappait à la
porte des maisons pour demander à manger. Un matin, alors qu’il a vraiment très très
faim, il aperçoit une jolie petite ferme, plein de cochon gras et de poules dodues.
« Chic ! pense-t-il. Ici on me donnera sûrement quelque chose à manger. »
Toc, toc, il frappe. Une fermière lui ouvre et grogne :
- Qu’est-ce que tu veux ?
- Bonjour madame, dit Ferdinand, très poliment. Vous n’auriez pas une pomme ou un
bout de fromage ? Je n’ai rien manger depuis trois jours.
- Et puis quoi encore ? répond la femme. Ce n’est pas une auberge ici !
- Alors, vous auriez peut-être un morceau de pain dur ? insiste Ferdinand.
- Non ! répond la femme. Mon pain dur je le garde pour mes poules. Et vlan, elle lui claque la porte au nez. Tout triste, Ferdinand pense : « Quelle avare, cette fermière ! Puisque que c’est ça, je vais employer la ruse. »
Sitôt dit, sitôt fait, il ramasse trois cailloux et les frotte bien fort sur son pantalon pour
les faire briller. Puis, il frappe de nouveau à la porte.
- Qu’est-ce que tu veux encore ? demande la fermière énervée.
- Rien rien ! dit Ferdinand. Simplement, est-ce que vous auriez la gentillesse de me prêter votre marmite quelques minutes, le temps de me préparer une soupe aux cailloux ?
Etonnée, la fermière répond :
- Une soupe aux cailloux ! qu’est-ce que c’est que ça ?
- Oh ! c’est une recette qu’on a, nous les pauvres. Si vous voulez, je vous ferai goûter.
Vous verrez, c’est drôlement bon.
La fermière est curieuse, et elle a bien envie de faire un repas gratis. Alors, elle prête sa
marmite à Ferdinand. Le mendiant la remplit d’eau, sort les trois cailloux de sa poche et
les pose délicatement au fond. Puis il dit :
- Normalement, pour que ça marche, il faut mettre un chou aussi. Mais ça ne fait rien, ça
devrait aller.
- Attends ! dit la fermière. Je crois qu’il me reste un chou dans la cuisine. Et elle court le
chercher. Ferdinand fait bien cuire le chou, puis il goûte la soupe et dit :
- Miam ! cette soupe aux cailloux est excellente ! quoique… A vrai dire, pour que ce soit
parfait, il aurait fallu aussi quelques carottes et des petits pois. Oh tant pis ! Ce sera très
bon quand même.
- Attends, attends ! crie la fermière, j’en ai aussi. Je te les apporte. Et elle va les chercher. Ferdinand ajoute les petits pois, les carottes, mélange le tout… Puis il goûte à nouveau et s’exclame :
- Dieu que c’est bon ! C’est bien simple, si on ajoutait un morceau de lard, cette soupe
aux cailloux serait aussi délicieuse qu’une soupe de roi !
Impressionnée, la fermière répète :
- Qu’une soupe de roi ! oh ! là, là ! j’ai toujours rêvé de savoir comment mangent les
rois. Ne bouge pas, je dois avoir un morceau de lard dans un placard. Et elle va vite le
chercher. Alors Ferdinand ajoute le lard, donne trois tours de cuillère, goûte une dernière fois et déclare :
- Cette fois, cette soupe aux cailloux est absolument parfaite. Prenez-en une assiette,
vous êtes mon invitée !
C’est ainsi que Ferdinand, ce jour-là, fit un excellent repas grâce au chou, aux petits
pois, aux carottes et au lard de la fermière ! Quand il ne resta plus une goutte de soupe,
il ramassa les cailloux au fond de la marmite, les lava, et dit à la fermière :
- Tenez, vous avez été tellement gentille que, pour vous remercier, je vous en fais cadeau !
Il était une fois un prince. Ses parents, le roi et la reine, voulaient qu'il se marie. Et pour
l'aider à choisir sa future femme, ils lui montraient des portraits des princesses de tous
les royaumes voisins. Mais le prince était capricieux, et il ne trouvait aucune princesse à
son goût. Il disait :
- Celle-ci a un trop grand nez.
- Celle-là a des taches de rousseur.
- Celle-ci est trop grosse.
- Celle-là est trop maigre. Et ainsi de suite... Un jour, la mère du prince perd patience et
s'exclame :
- Oh là, là ! Puisque si tu es si difficile, tu n'as qu'à épouser une guenon. Et son fils lui
répond du tac au tac :
- Bonne idée ! Faites seller mon cheval. Je pars chercher cette guenon et dès que je la
trouve, je l'épouse. Horrifiée, la reine le supplie de ne pas faire une chose pareille. Mais
le roi déclare :
Un prince n'a qu'une parole. Puisque mon fils a dit qu'il épouserait une guenon, il
épousera une guenon. Un point c'est tout !
Le lendemain, le prince se met en route. Kiticlop, kiticlop, il galope à travers tout le
pays. Et dans chaque village, il demande :
- Avez-vous vu une guenon par ici ?
Mais personne n'a vu de guenon. Et le prince doit chercher plus loin. Un soir qu'il traverse
une forêt très profonde, le prince arrive dans une clairière où se dresse un magnifique
palais. Fatigué de sa route, il frappe à la porte pour demander l'hospitalité. Aussitôt, un
serviteur lui ouvre et dit :
- Bienvenue, prince. Ma maîtresse est en voyage. Mais elle nous a prévenus de votre arrivée. Entrez, et faites comme chez vous !
Très étonné, le prince entre et se laisse guider jusqu'à la salle à manger. Là, de jolies
servantes lui donnent à dîner. Puis elles le conduisent dans une belle chambre, où il s'endort comme un bébé.
Le lendemain, le serviteur prévient le prince que sa maîtresse rentre de voyage. Impatient de la rencontrer, le prince saute dans ses vêtements. Bientôt, un carrosse doré s'arrête devant le palais. La petite porte s'ouvre... Et qu'est-ce qui en sort ? Une vilaine guenon habillée en princesse ! Surpris, le jeune homme bafouille :
- Mmm-madame, je suis enchanté…
Mais la guenon l'interrompt :
- Ne m'appelle pas Madame, mon chéri. Après tout, nous allons nous marier !
- Nous marier ! s'exclame le prince, horrifié. Comment cela ?
- Allons! répond la guenon. Tu as bien dit que tu voulais épouser une guenon ? Eh bien me
voilà ! Tu n'as plus qu'à tenir ta parole.
Le prince est bien obligé d'admettre qu'elle a raison. Alors, il baisse la tète et dit :
- Entendu. Prépare tes bagages, je t'emmène dans mon château. Si mes parents sont d'accord, nous nous marierons.
Le jour même, le prince, la princesse-guenon et ses servantes se mettent en route. Dans
le carrosse, le prince pense tristement : « quelle bêtise j'ai faite ! Même les servantes de
cette guenon sont plus jolies qu'elle. »
Mais, comme si elle devinait ses pensées, la princesse guenon lui dit :
- Ne sois pas triste, mon prince, tout ce qui brille n'est pas en or ! Quand le cortège arrive
au château, le roi et la reine sont heureux de revoir leur fils. Mais lorsqu'elle voit la guenon que son fils va épouser, la reine se met à pleurer. Le roi non plus n'est pas enchanté.
Mais il pense qu'un prince doit toujours tenir parole. Alors il décide que le mariage aura
Le dev coquet - (conte géorgien)
Quand Dieu créa la terre, il fit d'abord les oiseaux et les animaux. Puis, il se dit : « Maintenant, je vais leur donner un chef !» Aussitôt, il prend deux pattes d'oiseau, un corps
d'ours, trois têtes, et avec ça, il fabrique un super animal qu'il baptise le dev. Hélas, il
oublie de lui donner un cœur et une amoureuse. Si bien qu'au lieu de gouverner avec sagesse et bonté, le dev passe son temps à terroriser les autres bêtes.
Mécontent, Dieu décide de réparer son erreur. Vite, il prend quatre jambes, quatre bras,
des cheveux, deux têtes, et il crée l'homme et la femme. Et cette fois, il n'oublie pas de
leur donner un cœur. Bientôt les humains deviennent très nombreux. Ils règnent sagement sur les autres animaux, sauf sur l'abominable dev, qui reste le plus fort. L'horrible
monstre a élu domicile au fond un ravin, sous un pont suspendu. Dès qu'un homme passe
sur le pont, zou ! il tend la patte, secoue le pont, fait tomber l'homme dans sa gueule et
le dévore tout cru. Un jour, un jeune homme nommé Dalaghan passe par là. II voit le
pont et pense : « Hum hum ! II y a sûrement un piège là-dessous.» Méfiant, il prend son
élan et d'un seul bond, il saute par-dessus le ravin. Furieux, le dev sort de sa grotte et
crie :
- Tu ne perds rien pour attendre, microbe. La prochaine fois, je t'aurai !
- Taratata ! répond Dalaghan. C'est plutôt moi qui t'aurai ! Et il lui tire la langue et continue sa route. Bientôt, il arrive dans une ville où tout le monde pleure.
- Qu'est-ce qui se passe ici ? demande-t-il à un passant.
- Le dev a capturé la fille du roi pour en faire sa fiancée !
- Nom de nom ! s'écrie Dalaghan, ça ne se passera pas comme ça ! Aussitôt, il fait demitour et retourne au ravin. Caché derrière un buisson, il espionne le dev. Le vilain monstre
est assis au fond du ravin, en train de boire du vin. Juste en face, dans une petite maison, une belle jeune fille fait la cuisine en chantant tristement. « C'est sûrement la fille
du roi ! pense Dalaghan. II faut que je la sorte de là.» Sans attendre, il se barbouille la
figure de terre, pour que le dev ne le reconnaisse pas. Puis, il sort un mouchoir de son
sac, et le noue autour de son cou.
Ainsi déguisé, il s'approche du bord du ravin et crie :
- Coiffeur ! Coiffeur ! Je suis le coiffeur ambulant. Pour une pièce d'or, je rase la barbe,
coupe les cheveux, et rend jolis les plus affreux ! Entendant cela, le dev se réjouit :
« Rasé de près et bien coiffé, je vais plaire à la fille du roi. Ainsi, elle acceptera de
m'épouser ! » Alors, il se lève et dit à Dalaghan :
- Approche, coiffeur. Je te paierai trois pièces d'or puisque j'ai trois tètes. Mais en même
temps, il pense « Miam miam... et quand tu m'auras rasé et coiffé, je te mangerai,
idiot !»
Mais Dalaghan est rusé. Il s'approche et dit au dev
Pour commencer, je vais te faire un shampoing. Tends bien tes trois cous que je mette
une serviette sur tes épaules. Et surtout, ferme les yeux si tu ne veux pas que la mousse
te pique ! Sans réfléchir, le dev obéit, tend ses trois cous et ferme les yeux.
Alors, sortant son poignard, Dalaghan lui coupe ses trois têtes d'un coup ! Et le dev
s'écroule, mort. C'est ainsi que le brave Dalaghan débarrassa la Terre du dev, et qu'on put
à nouveau traverser le pont sans risquer de se faire dévorer. Quant à la princesse, elle
trouva Dalaghan si courageux que, sur l'heure, elle l'épousa.
fin
Alors, la fermière les rangea soigneusement sur sa cheminée. Et depuis ce jour, chaque
fois qu’elle fait la soupe avec, elle s’écrie :
- Hum, cette soupe aux cailloux est une vraie soupe de roi !
fin
L’âne et le Roi - Tradition européenne
Jadis, il y avait un royaume dont le roi était un parfait imbécile. Chaque jour, il inventait
des lois plus bêtes les unes que les autres. par exemple : "Moi, sa majesté le roi, j'ordonne que mes sujets fassent la révérence devant mon chat !". Ou bien : "J'ordonne que
mes sujets se mouchent quand je suis enrhumé !"
Or, voilà qu'un jour, en se promenant dans le jardin du château, le roi décide de boire à
la fontaine. Et là, il tombe sur un âne qui s'apprête .à en faire autant. Furieux, le roi
s'écrie :
- Ote-toi de là, bourrique puante ! Ne sais-tu pas qui je suis ? Je suis le roi et en tant que
roi je dois boire le premier.
Aussitôt le roi se penche pour boire. Seulement voilà, l'âne ne l'entend pas de cette
oreille. Bien décidé à défendre sa place, il donne un grand coup de tête au roi qui tombe
sur son derrière.
- Ah ! c'est comme ça ! hurle le roi.
Et vlan ! il fonce tête la première dans le ventre de l'animal. Cette fois, c'est la bagarre.
Et que je te frappe, et que je te mords, et que je te pousse : aucun des deux adversaires
ne veut s'avouer vaincu.
Soudain une voix chevrotante retentit :
- Majesté, c’est au plus sage de céder.
Etonné, le roi se retourne et voit une petite vieille qui le regarde en souriant.
- Pour me faire céder, il faudrait me transformer en âne et transformer cet âne en roi,
dit le roi.
- Comme tu voudras, imbécile, répond la vieille qui n’est autre qu’une fée. Abracadabra !
A ces mots, malheur ! Le roi découvre qu’il est transformé en âne. Et que l’âne s’est
transformé en roi. Horrifié, il veut crier, mais tout ce qui sort de sa bouche, c’est « hihan hi-han ! ». De son côté, l’âne devenu roi n’est pas plus heureux. Ses nouveaux habits
le grattent et quand il veut croquer un chardon, cela lui pique horriblement la bouche.
A ce moment, arrive le propriétaire de l’âne. Ignorant ce qui s’est passé, il ne comprend
pas pourquoi son âne a l’air furieux et se tient debout sur ses deux pattes arrière. Ni
pourquoi le roi est à quatre pattes, en train de manger des chardons. S’adressant à l’âne
changé en roi, il dit :
- Majesté, excusez mon âne d’être entré dans votre jardin. Il s’est échappé !
Et sans perdre un instant il enfourche ce qu'il croit être son âne, et lui bourre les côtes de
coups de pied pour le faire avancer. « Aïe ! veut crier la bête, arrête je suis ton roi !»
Mais tout ce qui sort de sa bouche, c'est "Hi-han hi-han!". Et il est bien obligé de se mettre à trotter. Pendant ce temps, au château, tout le monde s'inquiète de la disparition du
roi. Soudain, un jardinier s'écrie :
- Je l'ai trouvé ! Sa majesté est à quatre pattes dans l'herbe, en train de manger des chardons !
Aussitôt les serviteurs se précipitent :
- Majesté, vous allez vous abîmer les genoux à rester par terre. Et l'herbe va vous faire
mal au ventre. Venez au château, le dîner vous attend.
Ravi qu'on soit si gentil avec lui, l'âne devenu roi les suit. Mais une fois à table, il trouve
tout tellement mauvais qu'il préfère encore manger son soulier.
Puis quand on l’emmène au lit, il préfère aller dormir dans l’étable sur un tas de foin. Les
ministres trouvent cela un peu bizarre. Mais au moins, le roi ne les embête plus avec de
nouvelles lois.
A la ferme, au contraire, le paysan n'en peut plus car son âne se comporte comme s'il
était le roi en personne. Dès que le dîner est prêt il vient s'asseoir à table et mange les
meilleurs morceaux. Et le soir, le fermier le trouve couché dans son lit en train de lire un
livre. Au bout de trois jours, le fermier est à bout de patience, il s'écrie :
- Cette fois, c'en est trop, je te chasse, bougre d'animal ! Et il le chasse de la ferme à
grands coups de bâton.
Affolé, le roi changé en âne galope aussitôt jusqu'aux jardins du château. là, assoiffé, il
s'approche de la fontaine pour y boire. Et que voit-il, juste devant lui ? L’âne devenu roi
qui, lui aussi, s'est arrêté pour boire un coup. Cette fois, le roi ne veut pas de bagarre. Il
brait doucement : "Hi han !" Ce qui veut dire « Bois le premier ! Comme disait la fée, c'est
au plus sage de céder. »
Et pouf ! Aussitôt, tout redevient comme avant : il retrouve son apparence de roi et l'âne
redevient âne. Soulagé, le roi rentre vite château. Il s'assied sur son trône et annonce :
- Moi sa majesté le roi déclare que désormais le roi n'a pas le droit d'être un âne, et qu'un
âne ne peut pas devenir roi !
A compter de ce jour, le roi devint beaucoup plus raisonnable. Et pour ne pas oublier le
temps où il était un âne, il demanda que chaque jour, on place un chardon dans un vase,
à côté de son trône.
Fin
Le moulin magique - (Conte chinois)
Autrefois, en Chine, vivaient deux frères nommés Dong et Bong. Dong était généreux et
travailleur. Mais Bong était égoïste et paresseux. D’ailleurs, Dong travaillait du matin au
soir tandis que son frère restait au lit toute la journée !
Un matin, Dong va couper du bois. Et comme d’habitude, il emporte un bol de riz pour
son déjeuner. Soudain, un vieux nain tout ratatiné apparaît.
Le nain demande à Dong :
- S’il te plaît, donne-moi un peu de ton riz, je n’ai rien mangé depuis trois jours.
- D’accord, répond Dong.
Gentiment, il offre au nain la moitié de son riz. Et le nain l’engloutit en un clin d’œil.
Puis, il se met à loucher vers le reste de riz avec tellement d’envie que Dong lui donne
aussi. Tout heureux, le nain dit en se frottant le ventre :
- Tu es généreux de me donner ta part. Cela mérite une récompense. Sur ce, il tend à
Dong un petit moulin qu’il porte en bandoulière et explique :
- C’est un moulin magique. Il moudra tout ce que tu lui demandes. Et quand tu voudras
qu’il s’arrête, il suffira de lui demander. Mais surtout, n’oublie pas d’ajouter « s’il te
plaît ». Sinon, ça ne marchera pas. Et zou, le nain repart en sautillant.
Le soir, Dong raconte son aventure à son frère. Comme c’est l’heure de dîner, il ordonne
au moulin de moudre deux grands bols de riz parfumé , une pleine assiette de petits pâtés et plein de gâteaux à la noix de coco. Puis, quand la table est couverte de bonnes
choses, il dit poliment au moulin :
- Arrête-toi, s’il te plaît.
Voyant cette merveille, Bong s’écrie :
- Nous devrions utiliser ce moulin pour devenir riche : demandons-lui de moudre plein de
sel et vendons-le aux commerçants du village !
- Je ne sais pas si c’est une bonne idée, répond Dong. Allons nous coucher. Nous déciderons demain. Hélas, Bong est têtu comme une mule. Le lendemain matin, il prend le
moulin, sans le dire à son frère, court à son bateau, et file en pleine mer. Là, il ordonne
au moulin :
- Mouds-moi du sel !
Aussitôt, le moulin obéit et se met à moudre du sel. Tout content, Bong ramasse le sel
avec une pelle et en remplit de gros sacs. Seulement voilà : le moulin va trop vite. Bong
n’arrive pas à être aussi rapide que lui. Si bien qu’au bout d’un moment, le sel lui monte
jusqu’au genoux. Inquiet, il crie au moulin :
- Arrête-toi !
Mais comme il ne dit pas « s’il te plaît », le moulin continue à moudre du sel.
Affolé, Bong crie encore :
- Arrête-toi, non d’une pipe ! Tu vas faire couler le bateau !
Mais le moulin n’obéit pas et continue à moudre. Si bien que le sel finit par remplir tout
le bateau, et Bong est obligé de sauter à l’eau pour ne pas couler avec.
Voilà comment Bong, le paresseux, dut rentrer chez lui à la nage. Quant au moulin,
comme personne ne lui avait dit « s’il te plaît », il continua à moudre du sel. Et il continue encore. C’est pour cela que la mer est salée !
fin
Le Minotaure - (Mythologie grecque)
L’âne musicien - (Conte de Grimm)
Il y a longtemps, le roi d'Athènes avait un fils très courageux, qui s'appelait Thésée. A
seize ans, il était déjà si fort qu'il pouvait soulever un rocher trois fois plus gros que lui.
Puis, il délivra son pays de deux géants et d'un cochon féroce, Si bien que le roi était très
fier de son fils adoré.
Un jour, en se promenant, Thésée voit sept jeunes hommes et sept jeunes filles, qui embarquent sur un bateau.
- Où vont-ils ? demande le prince. Et pourquoi ont-ils l'air si tristes ?
- Hélas, soupire le capitaine du bateau. Ils vont en Crète, l'île du roi Minos. Ce roi a apprivoisé un monstre, le Minotaure, qui ne mange que de la chair humaine. Alors, chaque
année, il exige qu'on lui envoie sept garçons et sept filles... et il les donne à manger à
cette horrible bête.
- Quelle horreur ! s'écrie Thésée. Je ne peux pas laisser faire ça. Détache un des garçons.
Je prendrai sa place et j'irai tuer le Minotaure !
Aussitôt, le capitaine détache un jeune homme, et Thésée prend sa place sur le bateau.
Quand les voyageurs arrivent sur l’île, la foule se presse pour les accueillir. Le roi Minos
est là, tout content de voir arriver le repas de son monstre préféré. Mais sa fille, Ariane,
pleure. Et quand elle aperçoit Thésée, elle tombe tout de suite amoureuse de lui. Alors
elle s'approche et lui dit tout bas
- Sauve-toi, beau jeune homme. Sinon, le Minotaure va te dévorer !
- Il ne me dévorera pas, répond Thésée, car je le tuerai avec mon épée.
- Même si tu le tues, insiste Ariane, tu mourras de faim ! Car il vit dans un labyrinthe dont
personne n'a jamais trouvé la sortie !
- Tant pis, répond Thésée. Je dois délivrer le pays de ce monstre.
Désespérée, Ariane cherche vite une idée pour sauver le prince. Soudain, elle fouille dans
sa poche, en sort une pelote de fil, et dit à Thésée :
- Prends cette pelote et déroule-la à mesure que tu avanceras dans le labyrinthe. Je resterai ici en tenant l'autre bout. Ainsi, si tu parviens à tuer le Minotaure, tu n'auras qu'à
suivre le fil pour retrouver la sortie.
Bientôt, les quatorze jeunes gens entrent dans le labyrinthe. C'est un endroit bizarre et
sombre, avec plein de couloirs qui se ressemblent tous, si bien qu'on ne sait pas de quel
côté aller. Courageux, Thésée marche devant, en déroulant la pelote de fil... Soudain, un
bruit de sabots retentit
Une seconde plus tard, le Minotaure se dresse devant eux en mugissant. C'est un monstre
horrible : il a un corps d'homme, une tête de taureau et des yeux rouge sang ! Terrifiés,
les jeunes gens se jettent à terre, Seul Thésée, bravement, regarde le monstre dans les
yeux. Une fois, deux fois, dix fois, il le frappe avec son épée. Mais à chaque coup, le Minotaure se relève !
Enfin, jouant le tout pour le tout, Thésée lui enfonce son épée en plein dans l’œil. Le
Minotaure pousse un cri terrible, vacille, et baoum, s'écroule dans un énorme vacarme.
Fous de joie, les treize jeunes gens applaudissent Thésée et crient :
- Hourra ! Le Minotaure est mort
Maintenant, Thésée et ses compagnons n'ont plus qu'à suivre le fil d'Ariane pour sortir du
labyrinthe. Dehors, la princesse attend son amoureux avec impatience. Quand elle le voit
apparaître, elle lui saute au cou et dit :
- Suis-moi vite ! Un bateau vous attend pour vous conduire à Athènes. Car si mon père
apprend la mort de son monstre chéri, il vous fera tous tuer. C'est ainsi que Thésée rentra
chez lui sain et sauf, en emmenant la belle Ariane... Quant au Minotaure, il ne mangea
plus jamais personne. Ni homme, ni femme, ni enfant !
Un roi et une reine regrettaient de ne pas avoir d’enfant. Un jour, enfin, la reine est
enceinte. Seulement voilà, l’enfant qu’elle met au monde n’est pas un bébé : c’est un
petit âne avec de longues oreilles, du poil partout et des sabots en guise de pieds !
En le voyant, la reine se lamente :
- Si j’avais su, j’aurais préféré ne pas avoir d’enfant !
- Ne dis pas ça, répond le roi, le ciel nous a donné un petit âne et moi, je l’accepte
comme mon fils.
Le petit âne est donc élevé au château comme un vrai petit garçon. Il est gai et il aime
jouer comme tous les enfants. Par-dessus tout, il adore la musique. Aussi, un jour, il va
trouver le maître de musique et lui demande de lui apprendre à jouer du luth.
- Mon pauvre petit, répond le maître, comment veux-tu jouer du luth avec des sabots ?
- Je vous en prie ! Insiste le petit âne, je vous promets que j’y arriverai. Et en effet, le
petit âne travaille si bien qu’il finit par jouer du luth encore mieux que son maître.
Cela le rend si heureux qu’il ne quitte jamais son instrument. Il l’emmène partout avec
lui.
Un jour qu’il joue ses airs préférés au bord d’une rivière, il aperçoit par hasard son reflet dans l’eau. C’est la première fois qu’il se voit car il n’y a pas de miroir au château.
Quand il découvre ses longues oreilles, son corps poilu et ses sabots, il s’écrie :
- Quelle horreur ! Je suis vraiment très laid, je ne ressemble pas à un prince. Le petit
âne est si désespéré qu’il décide de partir très loin.
Il marche longtemps, longtemps, et finit par arriver dans un autre royaume. Epuisé, il
se met à jouer du luth devant le palais royal. Sa musique est si belle qu’aussitôt une
foule accourt pour l’admirer.
- Regardez, c’est incroyable, dit l’un, un âne qui joue de la musique !
- Comme il joue bien ! Dit un autre. Le roi, lui aussi, a entendu la musique depuis la
fenêtre du château. Charmé, il ordonne à ses serviteurs :
Faites donc entrer cet âne, je veux qu’il joue pour moi. Obéissant, le petit âne entre
dans le château et joue du luth devant le roi. A la fin, le roi est tellement émerveillé
qu’il ne veut plus le laisser repartir :
- Reste vivre dans mon château, supplie-t-il. Je veux t’écouter tous les jours. L’âne
accepte. Et le roi ajoute :
- En attendant, mes serviteurs vont te donner une bonne ration de foin.
- Vous êtes fou ! S’exclame le petit âne, je ne mange pas de foin. Je mange à table,
comme tout le monde.
- Alors, tu n’as qu’à aller manger à la cuisine avec les serviteurs, dit le roi.
- Pas question, dit le petit âne, je suis un prince, je dois être assis à votre table ! Lorsqu’il entend cela, le roi éclate de rire :
- Bien ! Puisque c’est comme ça, viens donc à ma table. Et voilà le petit âne assis à la
table du roi. Cela ne l’impressionne pas. Après tout, il est prince. Il se tient bien, il
participe à la conversation et il ne se laisse pas intimider par les regards moqueurs des
ministres, qui sont un peu jaloux.
Lorsque la fille du roi vient s’asseoir auprès de lui, elle est si belle que le petit âne en
tombe tout de suite amoureux. Il lui fait les yeux doux mais elle ne le regarde même
pas. Cela le rend triste et il ne dit plus rien.
- Qu’as-tu donc, mon petit âne ? dit soudain le roi, tu as l’air bien songeur.
- Je dois vous quitter, répond le petit âne. Après tout, je ne suis qu’un âne, je n’ai rien
à faire ici.
- Ah non ! Je ne laisserai pas partir un âne si extraordinaire ! Proteste le roi. Que faut-il
pour être heureux ? Des bijoux, de l’or ?
- Non, non, cela ne m’intéresse pas, dit le petit âne.
- fin -
- la moitié de mon royaume ? insiste le roi.
- Non, non, je ne veux rien de tout cela, répète le petit âne.
- Quoi alors ? Soupire le roi. Et si je te donnais ma fille en mariage ? A ces mots, le petit
âne se met à gambader et à danser à travers la pièce. Il est fou de joie !
La princesse trouve un peu bizarre d’épouser un âne. Mais elle obéit à son père, et le
jour même, le mariage est célébré. Le soir, dans la chambre, le petit âne ne sait pas
comment dire son amour à sa femme. Alors il lui joue du luth. Et sa musique est si jolie
que la princesse se jette à son cou. A peine a-t-elle posé ses lèvres sur son museau que le
petit âne se transforme en un beau jeune homme. C’est ainsi que, grâce à l’amour de la
princesse, le petit âne devint ce qu’il avait toujours été dans son coeur : un vrai prince !
fin
Le poisson magique - (Conte vietnamien)
Bao était serviteur chez un homme riche nommé So San. Son maître le faisait travailler
dur, le battait et ne lui donnait presque rien à manger. Heureusement, la jeune épouse
de So San, Maï, avait bon cœur. Et souvent, en cachette, elle donnait au jeune homme
des fruits ou des gâteaux.
Un jour, So San ordonne à bao de l’accompagner au marché. Au bout d’une heure, il
achète un poisson et dit à Bao :
- Je vais boire un verre à l’auberge. Ramène ce poisson à ma femme, et dis-lui de le faire
griller pour dîner ! Bao obéit. Mais en chemin, il lui semble voir des larmes briller dans les
yeux du poisson.
Pauvre petit poisson, soupire-t-il, la vie n’est pas juste. Moi, je me tue au travail et tout
ce que je reçois, ce sont des coups de bâton. Et toi, tu vas finir dans l’estomac de mon
maître. Bao réfléchit un instant, puis ajoute :
- Toi, tu ne peux rien faire pour moi…Mais moi, je peux te rendre la liberté ! Sur ce, il
court à la rivière et remet le poisson à l’eau. Le soir, quand le maître rentre chez lui, il
réclame son poisson grillé. Tremblant, Bao avoue :
- Pardonne-moi, maître. Mais ce poisson m’a fait tellement pitié que je l’ai remis à l’eau.
- Quoi ! s’écrie So San. Puisque c’est ainsi, je te chasse ! Et il poursuit le jeune homme à
coups de bâton hors de la maison. Désespéré, bao se réfugie au bord de la rivière. Il
pense : « Que vais-je devenir maintenant que je n’ai plus de travail ? »
Soudain, une jeune fille surgit devant lui et l’interroge :
- Pourquoi es-tu si triste ?
Bao lui raconte son histoire. Quand il a fini, la jeune fille lui demande :
- Tu as déjà songé à te marier ?
- Oh non ! répond Bao. Qui voudrait d’un garçon pauvre comme moi ?
- Oublie cela ! insiste la jeune fille. Y a-t-il une femme que tu aimes ?
- Oh oui ! J’aime beaucoup Maï, l’épouse de mon maître. Elle a toujours été douce et
gentille avec moi. Mais elle est déjà mariée. Mais qui es-tu à la fin ? Et pourquoi me poses-tu toute ces questions ?
- Je suis le poisson à qui tu as sauvé la vie. Et je veux te remercier. Sur ce, la jeune fille
tend une écaille de poisson à Bao et ordonne :
- Jette-la par terre !
Bao jette l’écaille. Et aussitôt, comme par magie, ses vêtements se transforment en habits de prince, et un beau palais s’élève devant lui ! La jeune fille dit alors :
- Maintenant, va chez So San et invite-le à venir manger chez toi. Mais surtout, n’oublie
pas : à toutes les questions qu’il te posera, réponds par un seul mot : « oui ».
Bao obéit et court inviter son maître. So San est étonné lorsqu’il voit ses beaux habits,
mais il l’est encore plus lorsqu’il voit le palais. Il s’exclame :
- Ce palais est vraiment à toi ?
- Oui, répond Bao
Lorsque les deux hommes passent à table, la mystérieuse jeune fille de la rivière vient
leur servir des mets délicieux. Emerveillé, So San demande encore :
- Et elle, c’est ta femme ?
- Oui, répond Bao.
Vert de jalousie, So San réfléchit et propose :
- Dis donc, j’ai une idée : tu serais d’accord pour que nous échangions nos maisons et nos
femmes ?
- Oui, répond Bao.
- Alors, tope-là ! s’écrie So San. A partir de maintenant, je reste ici avec ta femme. Et
toi, tu iras vivre chez moi avec la mienne.
Tout content, Bao se rend à la maison de So San et explique à la jeune femme ce qui
s’est passé. Entendant cela, la jolie Maï répond :
- Et bien ! Je suis contente de ne plus vivre avec ce méchant homme. Toi au moins, tu es
gentil. Et je serai heureuse d’être ta femme.
C’est ainsi que Bao épousa la femme de son maître et vécut heureux jusqu’à la fin de ses
jours. Quant au rusé So San, son bonheur fut de courte durée. Juste après le départ de
Bao, l’étrange jeune fille frappa dans ses mains. Alors, le ciel se couvrit de nuages, la
terre se mit à trembler, et pouf ! le palais disparut. A la place, il ne resta qu’une petite
écaille de poisson. Mais quand So San voulut la ramasser, la rivière bouillonna, sortit de
son lit et l’emporta ! Si bien qu’on entendit plus jamais parler de lui.
fin

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