Il treno delle vacanze Amarcord, quand j`étais enfant

Transcription

Il treno delle vacanze Amarcord, quand j`étais enfant
Aligre FM
Amarcord
Il treno delle vacanze
De temps en temps, nous sommes réveillés par un arrêt dans
une ville inconnue :
"Laroche Migennes, Laroche Migennes, deux minutes d'arrêt"
Amarcord, quand j'étais enfant, dans l'après guerre ….
…. le début des vacances c'était la gare de Lyon à Paris.
Dès l'approche de la gare, la confusion régnait. Les gens
couraient dans tous les sens. Il y avait des familles entières avec
leurs enfants, des jeunes, des moins jeunes. Tous étaient pressés
et nerveux. Il ne fallait surtout pas manquer ce train que chacun
attendait depuis une longue année. Maintenant nous étions tous,
serrés les uns contre les autres, avec nos bagages à nos pieds,
devant le grand tableau d'affichage. Combien étions nous ? des
centaines ? des milliers ? Même les jours de grève je n'ai jamais vu
autant de gens dans la gare de Lyon.
Finalement le train était affiché: "Simplon express, voie J"
Instantanément, dans un grand mouvement de foule, nous nous
précipitions "voie J". Le train n'était pas encore arrivé mais sur le
quai plus personne ne pouvait passer. Enfin le voilà. Il entre en gare
lentement, déjà, avant l'arrêt, certains se précipitent, ouvrent les
portières et grimpent dans les wagons. Le train stoppe. Les gens se
ruent pour monter. C'est la bousculade. On baisse les carreaux, on
passe les valises et les enfants par les fenêtres. Tout le monde crie.
On cherche sa place "vettura quarantotto, compartimento cinque,
posto cinquanta tre". Parfois la place était déjà occupée. Certains
arrachaient les cartons de réservation. "Ma gé né comprends pa, gé
le biglieto". Patiemment les contrôleurs règlent chaque problème.
Enfin le train part. Les couloirs sont pleins de bagages et de gens
debout qui n'ont pas trouvé de place assise. On ne peut plus se
déplacer. Il y a même des personnes qui voyagent avec leurs
bagages assis dans les toilettes.
Le train file dans la nuit, le sommeil nous gagne, nous
somnolons, nos têtes tombent, un coup d'un côté, un coup de
l'autre. C'est le silence.
Un cheminot passe le long du train et tape avec un marteau sur
chaque roue.
"tatatoum, tatatoum, billets ! tatatoum, tatatoum, douane,
tatatoum, tatatoum"
Quand soudain, dans la grisaille du matin, on entend :
"Domodossola, direttissimo per Milano, binnario uno"
Ca y est nous sommes enfin en Italie! on se précipite aux
fenêtres,!
"panini, acqua minerale, giornali" "fachino, fachino"
On tend les bras par les fenêtres pour acheter quelque chose.
Certains descendent. "un caffè, la gazzetta dello sport" Tous, on
veut un peu de cette Italie enfin retrouvée. Maintenant tout le monde
est réveillé et on parle "vado a Bari, arrivo questa sera e tu ? io vado
a Roma"
La fatigue de la nuit ? mais qui s'en souvient ? Nous sommes
tous en pleine forme !
Heureusement, car, si la 3ème classe n'existe plus, après Milan,
les trains avec leurs bancs en bois sont toujours là. Il y a même des
wagons sans couloir, avec, pour monter, une porte dans chaque
compartiment. Mais quelle importance, il fait beau, il fait chaud,
"sono le vacanze"
Amarcord, si amarcord …. Que chaque fois que j'arrivais dans
mon pays, je prenais un vélo et je faisait le tour de la ville à toute
vitesse. Je regardais tout, je respirais tout, je sentais tout, je vivais
tout. Tout, tout ce qui m'avait tant manqué pendant un an et que
j'avais enfin !
"tatatoum, tatatoum, tatatoum"
Guy Mazzesi
Juin 2008