Recommandations de la Société de Pneumologie de Langue
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Recommandations de la Société de Pneumologie de Langue
Textes officiels Recommandations de la Société de Pneumologie de Langue Française sur la réhabilitation du malade atteint de BPCO Conférence d’experts – texte court Société de Pneumologie de Langue Française Le Comité de Rédaction remercie l’ensemble des intervenants de la Conférence d’Experts ayant contribué à la rédaction des recommandations de la SPLF sur la réhabilitation du malade atteint de BPCO dont la version courte est publiée ci-dessous, et disponible en ligne via http:// www.splf.org/rmr/accesLibre/rehabBPCO.htm. La mise en page de ces textes et la coordination des textes longs qui paraîtront prochainement sous la forme d’un numéro spécial de la Revue des Maladies Respiratoires, n’aurait pu être possible sans les efforts de coordination et de rédaction de J. Gonzalez-Bermejo. Comité d’organisation Dr B. AGUILIANIU : Pneumologue : Grenoble, France Pr P. GODARD : Pneumologue, Montpellier, France Pr B. HOUSSET : Pneumologue, Créteil, France, (président SPLF) Dr J. GONZALEZ-BERMEJO : Pneumologue, Paris, France D. PIPERNO : Pneumologue, Lyon, France Président Pr B. HOUSSET : Pneumologue, Créteil, France, (président SPLF) Secrétariat Mme F. DUGUET : Secrétaire SPLF, Paris, France Coordonnateur Dr J. GONZALEZ-BERMEJO : Pneumologue, Paris, France Experts Dr S. ABDEL KAFI : Pneumologue, Bruxelles, Belgique Dr B. AGUILIANIU : Pneumologue, Grenoble, France (animateur de groupe) Dr C. ARON : Pneumologue, Berck sur mer, France Dr P. BAREL : Pneumologue, Albi, France Dr F. BART : Pneumologue, Béthune, France (animateur de groupe) Dr D. BAJON : Pneumologue, Toulouse, France Dr A. BERNADY : Pneumologue, Saint Jean de Luz, France Dr F. X. BLANC : Pneumologue, Le Kremlin-Bicêtre, France Dr J. BOURBEAU : Pneumologue, Montréal, Canada Dr D. BOURGOIN : Pneumologue, Osseja, France Pr R. BRISSOT : Spécialiste en Médecine Physique et Réadaptation, Rennes, France (SOFMER) Mme A. BRUN : Psychologue, Osseja, France Pr J. M. CASILLAS : Spécialiste en Médecine Physique et Réadaptation, Dijon, France Dr E. CHABRY : Pneumologue, Durtol, France Dr K. CHAORY : Spécialiste en Médecine Physique et Réadaptation, Paris, France Pr C. CHOUAID : Pneumologue, Paris, France Dr M. CHAMBOULEYRON : Pneumologue, Osseja, France M. P. CONIL : Kinésithérapeute, Marseille, France M. G. DEBOECK : Kinésithérapeute, Bruxelles, Belgique Pr A. DENJEAN : Pneumologue et physiologiste, Paris, France Dr J. DESPLAN : Pneumologue, Toulouges, France C. DUBREUIL : Kinesithérapeute, Le Plessis Robinson, France (SKR) Dr G. DURU : CNRS, Lyon, France Dr V. GAUTIER-DECHAUD : Pneumologue, Montpellier, France Dr D. GINDRE : Pneumologue, Charny Losanne, France Dr J. GONZALEZ-BERMEJO : Pneumologue, Paris, France Dr N. GOSSELIN : Activités Physiques adaptées/ réhabilitation, Leuven, Belgique Dr J.-M. GROSBOIS : Pneumologue, Béthune, France (animateur de groupe) Dr M. HAYOT : Pneumologue, Montpellier, France S. JACQUEMET : Pédagogue, Genève, Suisse Mme J. JENNEQUIN : Kinésithérapeute, Lyon, France M. P. JOUD : Kinésithérapeute, Lyon, France Mme N. LEMAITRE : Patiente, Dijon, France, (FFAIR) Dr F. LEMOIGNE : Pneumologue, Nice, France (animateur de groupe) Dr J. LE TREUT : Pneumologue, Aix en Provence, France Dr B. LIRSAC : Pneumologue, Marseille, France (animateur de groupe) Pr J. LONSDORFER : Physiologiste, Strasbourg, France Mme C. MIFFRE : Directrice d’établissement, Osseja, France Dr G. NINOT : Psychologue, Montpellier, France Dr H. OUKSEL : Pneumologue, Angers, France Mr B. PALOMBA : Kinésithérapeute, Montpellier, France Mr J. PERRONNO : Patient, Nîmes, France, (APPRES) Société de Pneumologie de Langue Française, Paris, France. Correspondance : SPLF 66, boulevard Saint-Michel, 75006 Paris, France. [email protected] Accessible en ligne via : http://www.splf.org/rmr/accesLibre/ rehabBPCO.htm 696 Rev Mal Respir 2005 ; 22 : 696-704 Doi : 10.1019/200530056 Dr J.-M. PERRUCHINI : Médecin Généraliste, Dijon, France Mme C. PILAT : Kinésithérapeute, Saint Julien de Ratz, France Dr D. PIPERNO : Pneumologue, Lyon, France Pr C. PISON : Pneumologue, Grenoble, France Pr C. PREFAUT : Pneumologue et Physiologiste, Montpellier, France (animateur de groupe) Mr J. C. ROUSSEL : Patient, Paris, France, (FFAIR) Pr R. SERGYSELS : Pneumologue Réadaptateur, Bruxelles, Belgique (animateur de groupe) Dr P. SERRA : Pneumologue, Marseille, France Dr P. SURPAS : Pneumologue, Marseille, France Pr T. TROOSTERS : Réhabilitation Respiratoire, Leuven, Belgique Pr T. URBAN : Pneumologue, Angers, France Pr A.VARRAY : Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS), Montpellier, France Dr D. VEALE : Pneumologue, Saint Julien de Ratz, France Pr B. WALLAERT : Pneumologue, Lille, France Dr B. WUYAM : Pneumologue, Grenoble, France Dr M. YACONO : Pneumologue, Nîmes, France Pr M. ZELTER : Pneumologue et Physiologiste, Paris, France (Société de Physiologie) Comité de relecture Pr B. CRESTANI : Pneumologue, Paris, France Dr A. CUVELIER : Pneumologue, Rouen, France Pr M. FOURNIER : Pneumologue, Clichy, France Pr E. MARCHAND : Pneumologue, Yvoir, Belgique Dr F. SOYEZ : Pneumologue, Bagneux, France Dr T. PEREZ : Pneumologue, Lille, France Pr M. PERRIGOT : Spécialiste en Médecine Physique et Réadaptation, Paris, France Dr M. MIGUERES : Pneumologue, 31240 Saint Jean, France Recommandations de la SPLF sur la réhabilitation du malade atteint de BPCO Préambule Le Comité d’Organisation, au cours d’une première réunion, a déterminé six questions à aborder par la conférence. Le thème de ces questions a été déterminé en fonction de l’état de la science. Un groupe chargé de la bibliographie a réalisé une revue exhaustive de la littérature, fournie à tous les experts. Pour chaque question, les animateurs, grâce au travail de leurs experts, ont rédigé des textes longs sur chacune des 6 questions, textes qui seront publiés dans un cahier spécial de la Revue des Maladies Respiratoires, dans les semaines à venir. À l’issue de ce travail, le Comité d’Organisation et les animateurs ont proposé une première version de recommandations, qui ont fait l’objet d’un vote de l’ensemble des experts (vote selon 3 niveaux de réponse : tout à fait d’accord ; pas tout à fait d’accord et en total désaccord). Des recommandations consensuelles (c’est-à-dire plus de 85 % tout à fait d’accord et moins de 10 % de réponses en total désaccord) ont été ainsi identifiées. D’autres recommandations, non consensuelles à l’issue du premier vote, ont fait l’objet de discussions lors d’une seconde réunion plénière. Un second vote a permis d’aboutir à un premier texte court, qui a été relu et validé par les animateurs. Ce texte court a fait l’objet d’une publication anticipée sur le site de la Revue des Maladies Respiratoires, pour permettre au public de la séance du cf. à Lille lors du 9e Congrès de Pneumologie de Langue Française de préparer ses remarques. La version finale, établie à l’issue de la séance publique, a été relue par un comité de relecture constitué par le comité scientifique de la SPLF. Le texte ainsi validé et corrigé est publié ici. Le niveau de chacune des recommandations a été coté selon la grille proposée par l’ANAES en grade A, B ou C selon les modalités suivantes : – une recommandation de grade A est fondée sur une preuve scientifique établie par des études de fort niveau de preuve (niveau de preuve 1), par exemple essais comparatifs randomisés de forte puissance et sans biais majeur, méta-analyse d’essais randomisés, analyse de décision basée sur des études bien menées ; – une recommandation de grade B est fondée sur une présomption scientifique fournie par des études de niveau intermédiaire de preuve (niveau de preuve 2), par exemple essais comparatifs randomisés de faible puissance, méta-analyse de méthodologie critiquable, études comparatives non randomisées bien menées, études de cohorte ; – une recommandation de grade C est fondée sur des études de moindre niveau de preuve, par exemple études castémoins (niveau de preuve 3), séries de cas (niveau de preuve 4) ; – en l’absence de précision, les recommandations proposées reposent sur un accord professionnel au sein du groupe de travail et du groupe de lecture (Avis d’Experts). Question 1 Quelles sont les définitions de la réhabilitation respiratoire chez un patient atteint de BPCO ? (Chapitre de définitions, pas de recommandations) Quelle est la définition de la réhabilitation respiratoire ? La réhabilitation respiratoire est un ensemble de soins personnalisés, dispensé au patient atteint d’une maladie respiratoire chronique, par une équipe transdisciplinaire. Elle a pour objectif de réduire les symptômes, d’optimiser les conditions physiques et psychosociales, de diminuer les coûts de santé. Quelles sont les définitions du handicap ? Les déficiences sont les pertes ou dysfonctionnements des diverses parties du corps. Elles résultent en général d’une maladie (au sens large). Ce terme se rapproche de celui d’invalidité. Chez le patient atteint de BPCO, l’obstruction des bronches est une déficience. Les incapacités sont les difficultés ou incapacités à réaliser les actes élémentaires de la vie (alimentation, hygiène personnelle, sortie du domicile, travail ou activités sociales etc…) Elles résultent en général d’une ou plusieurs déficiences. Chez le patient atteint de BPCO, la limitation de l’effort liée à la dyspnée est l’incapacité qui résulte de l’obstruction des bronches. Les désavantages (ou handicap) désignent les difficultés ou impossibilités que rencontre une personne à assurer les fonctions sociales auxquelles elle peut aspirer ou que la société attend d’elle. La claustration du patient atteint de BPCO est le désavantage psychosocial lié à son incapacité. Pathologie Déficience Incapacité « Handicap » (ou Désavantage Psychosocial), devient chez le patient atteint de BPCO : BPCO obstruction des bronches dyspnée d’effort claustration, sédentarité isolement. Quel est le bénéfice attendu d’une réhabilitation ? Le bénéfice attendu de la réhabilitation respiratoire est de réduire le désavantage psychosocial des patients atteints de BPCO. Les objectifs prioritaires sont de réduire la dyspnée et de donner au patient les moyens d’améliorer sa qualité de vie, d’accroître son autonomie et de réintégrer une vie sociale acceptable pour lui. © 2005 SPLF, tous droits réservés 697 Recommandations de la SPLF sur la réhabilitation du malade atteint de BPCO À qui s’adresse la réhabilitation respiratoire ? La réhabilitation respiratoire s’adresse à chaque patient présentant un handicap secondaire à l’évolution de la BPCO, quel que soit le degré de la déficience respiratoire. Quels seront les examens utiles dans l’évaluation du patient atteint de BPCO avant une réhabilitation respiratoire ? (fig. 1) Quel est le contenu d’une réhabilitation respiratoire ? Un programme de soins proposé par la réhabilitation respiratoire comprend plusieurs composantes : – entraînement à l’exercice ; – éducation thérapeutique ; – sevrage tabagique ; – prise en charge psychologique ; – suivi nutritionnel ; – prise en charge sociale. 698 Rev Mal Respir 2005 ; 22 : 696-704 Qui peuvent être les intervenants dans un programme de réhabilitation respiratoire ? Des professionnels médicaux ou non, pneumologues, spécialistes en médecine physique et de réadaptation, omnipraticiens, kinésithérapeutes, diététiciens, psychologues, éducateurs sportifs, assistantes sociales, ergothérapeutes, infirmières, tabacologues. Cette pratique transdisciplinaire nécessite une formation spécifique dans le domaine de la réhabilitation respiratoire. La coordination des soins dispensés par ces intervenants est assurée par un groupe restreint de professionnels de santé formés à la réhabilitation, généralement structuré autour d’un pneumologue. Quelles sont les modalités de réalisation de la réhabilitation respiratoire ? Il existe de nombreuses modalités de réalisation, mais un stage initial sera toujours nécessaire. Le stage, sans spécificité de lieu, sera une période définie pendant laquelle le patient atteint de BPCO exercera des activités adaptées et programmées en vue de sa formation à la prise en charge de sa maladie. Recommandations de la SPLF sur la réhabilitation du malade atteint de BPCO Fig. 1 Niveau de handicap Déficiences – Trouble ventilatoire obstructif (TVO), perte de l’élasticité pulmonaire et leurs conséquences sur les échanges gazeux – Trouble de la fonction musculaire – Respiratoire – Membres inférieurs et supérieurs – Anomalies du statut pondéral Moyens d’évaluation objectifs { { ➟ { – Mesure du VEMS (sévérité du TVO) – Mesure de la CRF (recherche de distension) – Mesure de la CI (recherche de distension) – Mesure de la DLCO (recherche de signes d’emphysème) – PaO2, PaCO2, SaO2 – Mesure de la PImax et PEmax – Mesure de la force du quadriceps et de la force de préhension – Mesure de l’IMC et de la masse maigre Incapacités – Dyspnée – Questionnaires et échelles de dyspnée – Test de marche de 6 mn – Tests d’endurance – Limitation des capacités d’exercice – Epreuve fonctionnelle à l’exercice (EFX) ➟ Désavantages (« Handicap ») – Adaptation à la vie socio-professionnelle – Questionnaires de qualité de vie génériques et/ou spécifiques CI : Capacité inspiratoire ; PImax : pression inspiratoire maximale ; PEmax : pression expiratoire maximale © 2005 SPLF, tous droits réservés 699 Recommandations de la SPLF sur la réhabilitation du malade atteint de BPCO Question 2 Quelles sont les indications et les contre-indications de La réhabilitation respiratoire chez un patient atteint de BPCO ? Question 3 Quelles sont la nature et les modalités de l’évaluation d’une réhabilitation respiratoire chez un patient atteint de BPCO ? L’efficacité de la réhabilitation respiratoire chez le patient atteint de BPCO est démontrée en terme d’amélioration de la qualité de vie, de la dyspnée et de la tolérance à l’effort. La réhabilitation respiratoire a également un impact positif sur les dépenses de santé en réduisant les exacerbations, les consultations en urgence et la durée des hospitalisations. Avant le programme de réhabilitation respiratoire chez un patient atteint de BPCO, il est recommandé d’évaluer les déficiences, les incapacités et le désavantage psychosocial du patient (B). Avant de commencer une réhabilitation respiratoire, il est recommandé de définir le degré de sévérité de la maladie par l’évaluation des déficiences et de l’incapacité fonctionnelle. La sévérité de la maladie ne constitue pas une contre indication à une réhabilitation mais nécessite d’adapter l’évaluation et le contenu du programme (B). Les experts proposent un programme d’évaluation en fonction du statut clinique du patient : 1. Il est recommandé pour un patient atteint de BPCO (avec un VEMS < 80 % de la théorique) gardant un handicap évaluable malgré un traitement par ailleurs bien conduit de réaliser : Idéalement, afin d’optimiser le programme de réhabilitation (C) : – une évaluation clinique, nutritionnelle et psychologique ; – une évaluation du tabagisme ; – une évaluation des facteurs de mauvaise compliance au programme de réhabilitation respiratoire ; – une évaluation complète de la fonction respiratoire au repos : spirométrie, test de bronchodilatation, volumes pulmonaires, diffusion ; – une mesure des gaz du sang artériel au repos ; – une exploration fonctionnelle à l’exercice complète : elle doit comporter une mesure de la ventilation minute, de la VO2, VCO2, une mesure de la SpO2 et un électrocardiogramme. Les gaz du sang et la lactatémie sont optionnels ; – une mesure de la force musculaire (Pression inspiratoire maximale, Pression expiratoire maximale, force de préhension et force du quadriceps) ; – une évaluation de la dyspnée par des échelles de dyspnée ; – un test de marche de 6 minutes standardisé avec mesure de la SpO2, évaluation de la dyspnée à l’aide d’une échelle de dyspnée et évaluation de la fatigue musculaire à l’aide d’une échelle validée ; – un questionnaire de qualité de vie de St Georges. Des échelles de fatigue musculaire et de dyspnée seront analysées par rapport à la charge et à la ventilation minute. La mesure de la capacité inspiratoire en cours d’effort estime la distension pulmonaire dynamique. Le seuil ventilatoire, la limitation ventilatoire, et les problèmes cardiaques additionnels, notamment ceux contre indiquant un exercice, sont également recherchés. Quelles sont les indications de la réhabilitation respiratoire chez un patient atteint de BPCO ? Il est recommandé de proposer une réhabilitation respiratoire à tout patient atteint d’une BPCO et présentant une incapacité respiratoire ou un handicap respiratoire évaluables. Elle est particulièrement indiquée chez les patients qui présentent malgré une prise en charge optimale de leur maladie : – une dyspnée ou une intolérance à l’exercice (A) ; – une réduction de leurs activités sociales en rapport avec l’altération de leur état de santé (A) ; – la réhabilitation respiratoire est possible chez les patients en état stable ou au décours d’une exacerbation (A) ; – la motivation est un préalable nécessaire à l’adhésion au programme de réhabilitation respiratoire. (Avis d’experts). Quelles sont les contre-indications de la réhabilitation respiratoire chez un patient atteint de BPCO ? Il est recommandé de rechercher systématiquement les contre indications de l’entraînement à l’exercice avant de débuter une réhabilitation (A). – contre-indications cardiovasculaires à l’exercice. – instabilite de l’état respiratoire (acidose respiratoire non compensée). – affection interférant avec le processus de réhabilitation respiratoire (maladie neuromusculaire évolutive, maladie psychiatrique). Il est recommandé de rechercher des contre-indications relatives (Avis d’experts) – affection intercurrente évolutive (pathologies locomotrices par exemple) ; – manque persistant de motivation et d’observance du patient. 700 Rev Mal Respir 2005 ; 22 : 696-704 Recommandations de la SPLF sur la réhabilitation du malade atteint de BPCO Au minimum, en cas d’impossibilité de réaliser un bilan complet (Avis d’experts) : – une évaluation clinique, nutritionnelle et psychologique ; – une évaluation du tabagisme ; – une évaluation des facteurs de mauvaise compliance au programme de réhabilitation respiratoire ; – une élimination des contre indications cardiovasculaires à l’exercice, notamment à la recherche d’insuffisance coronarienne à l’exercice ; – un test de marche de 6 minutes standardisé avec mesure de la SpO2 ; – une spirométrie et un test de bronchodilatation ; – une mesure des gaz du sang artériel au repos ; – une exploration fonctionnelle à l’exercice. Elle peut se limiter à un exercice associant la mesure de la puissance de travail à la mesure de la SpO2 mais pour des raisons de sécurité, l’épreuve doit comporter un tracé électrocardiographique ; – une évaluation de la force des muscles locomoteurs, si besoin par l’intermédiaire d’un kinésithérapeute ; – une évaluation de la force des muscles respiratoires par mesure de la pression inspiratoire maximale si un réentraînement des muscles inspiratoires est prévu. 2. Il est recommandé pour un patient atteint de BPCO au décours d’un épisode de décompensation et/ou dyspnéique au moindre effort de la vie quotidienne (lever du lit, parole, alimentation ; hygiène personnelle…) de réaliser au minimum les examens suivants (Avis d’experts) : – une évaluation clinique, nutritionnelle et psychologique ; – une evaluation du tabagisme ; – une evaluation des facteurs de mauvaise compliance au programme de rehabilitation respiratoire ; – une spirometrie avant et apres administration de bronchodilatateurs de courte duree d’action ; – une mesure des gaz du sang arteriel au repos ; – une mesure de la force musculaire (Pression inspiratoire maximale ; Pression expiratoire maximale et force de quadriceps et force de préhension) ; – une évaluation de la dyspnée par des échelles de dyspnée ; – un test de marche de 6 minutes standardisé avec mesure de la SpO2, échelles de dyspnée (de Borg ou EVA) et échelles de fatigue musculaire ; – une exploration fonctionnelle à l’exercice. Elle peut se limiter à un exercice associant la mesure de la puissance de travail à la mesure de la SpO2 mais pour des raisons de sécurité, l’épreuve doit comporter un tracé électrocardiographique. Question 4 Quelles sont les composantes de la réhabilitation respiratoire chez un patient atteint de BPCO ? Le programme de soins proposé par la réhabilitation respiratoire comprend plusieurs composantes : – entrainement à l’exercice ; – éducation thérapeutique ; –prise en charge psychologique ; – sevrage tabagique ; –suivi nutritionnel ; –prise en charge sociale. Traitements physiques Entraînement des muscles locomoteurs Quel réentraînement musculaire faut-il proposer à un patient atteint de BPCO dans le cadre d’une réhabilitation respiratoire ? Le réentraînement des membres inférieurs est indispensable. (A). Il est recommandé d’associer des exercices d’endurance et de force des membres inférieurs (C). Il n’y a pas de modalité préférentielle de réentraînement, néanmoins il est recommandé d’utiliser une intensité de 50 % à 80 % de la puissance maximale aérobie ou à la fréquence cardiaque cible, avec une durée de 30 à 45 minutes par séance, 3 à 5 fois par semaine, pour un total minimum de 20 à 30 séances pour le stage. Cette charge devra être adaptée au fur et à mesure des progrès du patient (C). (la fréquence cardiaque cible se détermine au seuil ventilatoire ou éventuellement au seuil de dyspnée). Il est recommandé d’associer des exercices d’endurance et de force des membres inférieurs (C). Il est recommandé d’associer au réentraînement des membres inférieurs un réentraînement des membres supérieurs (C). Oxygénothérapie et réhabilitation Faut-il réentraîner les patients atteints de BPCO sous oxygène ? Le réentraînement à l’exercice n’est pas contre indiqué chez les patients sous oxygène au long cours (Avis d’experts). Il est recommandé d’entraîner sous oxygène les patients qui désaturent à l’exercice (B) avec un débit d’oxygène permettant une SpO2 > 90 % pendant le réentrainement (Avis d’experts). Muscles respiratoires Le réentraînement des muscles respiratoires est-il utile ? et si oui, quelle méthode peut être recommandée ? Dans un stage de réentraînement musculaire, il est recommandé d’inclure un réentraînement des muscles respiratoires inspiratoires chez les patients présentant une diminution objective de la force des muscles respiratoires. (B). Il est recommandé de réaliser un entraînement contre résistance, à au moins 30 % de la pression inspiratoire maximale et d’utiliser les systèmes de type « à seuil » (C). Kinésithérapie Quel complément est utile dans le cadre du désencombrement bronchique chez un patient atteint de BPCO ? Quel complément est utile dans le cadre d’apprentissage de techniques de maîtrise du souffle ? © 2005 SPLF, tous droits réservés 701 Recommandations de la SPLF sur la réhabilitation du malade atteint de BPCO Pour le désencombrement bronchique, il est recommandé d’utiliser et d’enseigner les méthodes d’augmentation du flux expiratoire chez tous les patients atteints de BPCO (B). Il n’est pas recommandé d’utiliser les percussions externes et internes, manuelles ou mécaniques ; les vibrations ; les oscillations ; les techniques d’hyperinsufflations. Il est recommandé d’évaluer et d’homogénéiser les méthodes de relaxation des patients BPCO. (Avis d’experts). Dans le programme de réhabilitation respiratoire, il est recommandé d’inclure l’apprentissage gestuel des activités de la vie journalière (Avis d’experts). Cette stratégie s’appuie sur les structures existantes et doit reposer sur un cadre sécuritaire et réglementaire défini. Éducation thérapeutique La réhabilitation respiratoire peut se faire sur les lieux suivants : – en hospitalisation ; – en ambulatoire ; – au domicile. La réhabilitation respiratoire est efficace quel que soit le lieu. Il est recommandé de choisir le lieu de la mise en place de la réhabilitation respiratoire en fonction de l’évaluation initiale du patient, de sa motivation et des possibilités locales (C). Chaque type de structure a des avantages et des inconvénients, qui influencent l’orientation des patients : Il est recommandé de ne pas adresser en hospitalisation des patients pouvant bénéficier d’une réhabilitation ambulatoire ou à domicile. Il est donc recommandé de développer des structures de réhabilitation respiratoire ambulatoire ou à domicile, si possible dans le cadre d’un réseau de santé (C). Il est recommandé de réaliser la réhabilitation respiratoire en hospitalisation pour les malades BPCO polypathologiques et/ou souffrant de problèmes psychologiques graves et/ou sociaux et/ou dans les suites immédiates d’une exacerbation ayant nécessité une hospitalisation, quand la prise en charge ambulatoire est impossible (Avis d’experts). Les structures de proximité de réhabilitation respiratoire transdisciplinaire concernent aussi des cabinets médicaux et/ou de kinésithérapie sans accès immédiat aux soins d’urgence. Il est recommandé d’adresser dans ces structures des malades atteints de BPCO stable (cf. Question 3), sans contre-indication à un réentraînement à l’exercice (cf. Question 2) (Avis d’experts). Il est recommandé de faire un diagnostic éducatif. (C). Il est recommandé de mettre en œuvre un programme d’éducation thérapeutique, partie intégrante de la réhabilitation respiratoire (B). Il est recommandé de tenir compte du diagnostic éducatif, pour décider des domaines à travailler. Il s’agira le plus souvent des thèmes suivants : connaissance de la maladie, traitement de fond, traitement de crise, signes avant coureur d’une décompensation, sevrage tabagique, activités physiques, sexualité (Avis d’experts). Soutien Psychologique Il est recommandé de proposer des techniques cognitivo-comportementales dans la prise en charge psychologique des patients BPCO, dans le but de réduire la souffrance psychique des patients et de leur entourage (C). Il est recommandé de rechercher un syndrome dépressif, car accessible à une thérapeutique médicamenteuse (C). Sevrage tabagique et réhabilitation pulmonaire Si le sevrage du tabagisme n’est pas obtenu au préalable, il est indispensable de l’incorporer au stage de réhabilitation respiratoire (Avis d’experts). Question 5 Quelles sont les stratégies de la réhabilitation respiratoire chez un patient atteint de BPCO ? La réhabilitation respiratoire est sous utilisée en France malgré une efficacité reconnue. Il existe un retard dans le développement des structures, mais aussi un manque d’information et de formation des soignants et des malades. Il est proposé des recommandations fondées sur une stratégie d’orientation des patients, d’optimisation des sites de réhabilitation respiratoire et de coordination des actions afin de répondre aux besoins des malades, en d’autres termes de répondre aux questions suivantes : où ? Quand ? Comment ? Les besoins des malades sont fonction de la sévérité de leur maladie, de leurs attentes, de leur contexte socio familial. 702 Rev Mal Respir 2005 ; 22 : 696-704 Contrat patient/soignant Il est recommandé de donner au patient une information écrite décrivant les objectifs, la nature, les risques et le cahier des charges du programme de réhabilitation respiratoire, réalisant un contrat patient/soignant (Avis d’experts) Où doit-on réaliser une réhabilitation respiratoire chez un patient atteint de BPCO ? Quelles sont les modalités de réalisation de la réhabilitation respiratoire ? Les différentes modalités de la réhabilitation respiratoire sont complémentaires et peuvent évoluer dans le temps. Il est cependant recommandé que chaque patient ait accès dans son parcours à la totalité des composants de cette réhabilitation (cf. Question 4), quel que soit le lieu de la réhabilitation (B). Il est recommandé d’initier la réhabilitation respiratoire par un stage de durée déterminée qui favorise le regroupement et la coordination de tous les moyens de cette activité transdisciplinaire (Avis d’experts). Recommandations de la SPLF sur la réhabilitation du malade atteint de BPCO Lorsque le réentraînement à l’exercice est réalisé à domicile, il est recommandé d’encadrer la réhabilitation par un des membres de l’équipe coordonnatrice : le médecin, l’infirmière et le kinésithérapeute, au domicile ou au cabinet, à une fréquence régulière (1 à 3 fois/semaine au début du programme et espacée à 1 fois/mois par la suite) (Avis d’experts). Comment améliorer l’observance des patients au programme de réhabilitation ? Malgré les bénéfices apportés par la réhabilitation respiratoire, le manque d’adhésion et d’observance des malades est un facteur important à prendre en compte et à gérer. Il est recommandé d’identifier les facteurs de mauvaise observance, qui sont : – une compréhension ou une perception erronée de la maladie BPCO et de ses traitements, du rôle de la réhabilitation respiratoire et de son efficacité, ce qui justifie des explications claires et une éducation ; – un entourage familial défavorable ; – un état anxio-dépressif qui peut nécessiter une prise en charge spécifique ; – les exacerbations qui nécessitent un aménagement du programme de réhabilitation ; – la pénibilité excessive et inadaptée du réentraînement à l’exercice (Avis d’experts). Il est recommandé d’associer l’environnement médical et paramédical du patient à toute réhabilitation en externe ou au domicile, ainsi que l’association locale des Insuffisants Respiratoires si elle est présente et impliquée (Avis d’experts). Après une exacerbation, il est recommandé d’envisager une réhabilitation respiratoire précoce (B). Comment améliorer l’accès à la réhabilitation en France à des patients atteints de BPCO ? Il existe un retard dans le développement de la réhabilitation respiratoire, en particulier du fait d’une politique sanitaire inadaptée malgré un rapport coût/bénéfice favorable. Pour des raisons d’économie de santé, il est recommandé d’engager un patient BPCO atteint d’un handicap d’origine respiratoire dans un programme de réhabilitation respiratoire (A). Il est recommandé de promouvoir le développement de la réhabilitation respiratoire auprès des Pouvoirs Publics par 1) une reconnaissance et une tarification de tous les éléments de cette activité et 2) une formation des médecins et autres soignants prenant en charge ces patients (Avis d’experts). L’ensemble du corps médical et paramédical ainsi que les malades et leurs associations doivent être informés de l’importance du rôle tenu par la réhabilitation respiratoire dans les traitements de la BPCO (Avis d’experts) Dans quel cadre juridique s’intègre la réhabilitation respiratoire en France ? Le cadre juridique de la réhabilitation respiratoire est encore imprécis. La réhabilitation respiratoire peut être proposée par tous les acteurs de santé. Il est recommandé que l’indication soit confirmée et la mise en œuvre réalisée par un pneumologue, un médecin spécialiste en Médecine Physique et de Réadaptation ou un médecin formé à la réhabilitation respiratoire (Avis d’experts). La prise en charge doit rester coordonnée par le pneumologue (Avis d’experts). Quel que soit le lieu, il est recommandé que le programme de réhabilitation respiratoire soit détaillé dans une prescription médicale écrite s’appuyant sur le bilan pneumologique, avec en particulier pour le réentraînement à l’exercice : fréquence cardiaque ou puissance cible, débit d’oxygène si besoin, critères d’arrêt et/ou d’annulation de la séance. Le délai entre la prescription et le début de la réhabilitation ne doit pas dépasser 3 mois (Avis d’experts). Question 6 Modalités de suivi et évaluation de l’efficacité à long terme de la réhabilitation Que faut-il proposer après un stage de réhabilitation respiratoire ? La réhabilitation respiratoire est un processus continu, évolutif, jamais définitif. Il est recommandé d’entretenir les bénéfices acquis (activités physiques, observance au traitement, projets de vie, diététique) de la réhabilitation respiratoire au-delà du stage initial (A), pendant plusieurs années (C), et toute la vie durant (Avis d’experts). Quel est l’intérêt de poursuivre une réhabilitation sur le long terme ? Il est recommandé, notamment pour des questions de coût de santé, d’engager un patient atteint de BPCO dans un processus de réhabilitation à long terme (B). Il est recommandé qu’un programme de réhabilitation respiratoire, grâce notamment à l’éducation thérapeutique, débouche sur des modifications de comportement à long terme, dans la vie quotidienne, et amène le patient vers l’autonomie et la diminution du recours à l’équipe médicale (Avis d’experts). À qui proposer une réhabilitation à long terme ? La prise en charge à long terme s’adresse à des patients atteints de BPCO en état stable, ayant bénéficié d’un stage de réhabilitation respiratoire (Avis d’experts). Que doit contenir la réhabilitation sur le long terme ? Il est recommandé de poursuivre à vie, une activité physique régulière, au moins trois fois par semaine, durant 30 à 45 minutes, à une intensité « suffisante » (seuil de dyspnée, © 2005 SPLF, tous droits réservés 703 Recommandations de la SPLF sur la réhabilitation du malade atteint de BPCO fréquence cardiaque cible), au mieux de façon autonome et dans des associations de patients et/ou de loisirs. (B) Il est recommandé de poursuivre de façon continue lors des différentes visites de suivi médical et paramédical, l’éducation thérapeutique, la prise en charge psychosociale et la diététique (Avis d’experts). Comment peut s’organiser une réhabilitation sur le long terme ? Il n’y a pas de lieux spécifiques ni de type précis de suivi à long terme. Il est recommandé d’utiliser pour le long terme tous les moyens décrits à la question 5. La réhabilitation peut être faite en dehors de toute structure médicale ou paramédicale, notamment grâce aux activités proposées par les associations locales de patients et/ou de loisirs. Les différents intervenants doivent être formés à cette prise en charge et respecter notamment les engagements minimaux de sécurité pour le réentraînement. (Avis d’experts). Il est recommandé que les différentes structures prenant en charge les patients BPCO travaillent de façon coordonnée (Avis d’experts). Il est recommandé que le suivi soit effectué à une fréquence adaptée au statut du patient (Avis d’experts) Il est recommandé que le suivi à long terme soit coordonné par le pneumologue (Avis d’experts) 704 Rev Mal Respir 2005 ; 22 : 696-704 Pour des raisons de coût de santé et d’absence d’efficacité démontrée, il est recommandé de ne pas reprendre de façon régulière et systématique des stages de réhabilitation respiratoire (B). Quelles sont les conditions de sécurité si l’on engage un BPCO sur un réentraînement à l’exercice sur le long terme ? Il est recommandé de réaliser une nouvelle exploration fonctionnelle d’exercice en cas d’aggravation de la pathologie respiratoire ou cardiovasculaire (B). Comment évaluer l’efficacité d’un programme de réhabilitation sur le long terme ? Il est recommandé d’évaluer régulièrement le programme de réhabilitation respiratoire (tolérance à l’exercice, qualité de vie, dyspnée, nombre d’exacerbations) et de l’adapter aux modifications du statut du patient. (Avis d’experts). Il est recommandé d’évaluer régulièrement la tolérance à l’exercice (au moins une fois par an) par un test de marche avec étude de la SpO2. L’ exploration fonctionnelle à l’exercice sera réalisée en cas d’aggravation de la pathologie respiratoire ou cardiovasculaire (Avis d’experts).