antiquité - Musée Lambinet

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antiquité - Musée Lambinet
ANTIQUITÉ
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
TABLE DES MATIÈRES
I. Introduction au thème
I. Introduction au thème de l’antiquité
I.1- Les grands récits mythologiques
I.2- Le panthéon greco-romain
I.3 -Les héros
I.4 - Le goût de l’antique
I.5 - Du jugement de Pâris à la guerre de Troie
II. Outils pratiques
II. Outils pratiques
II. 1- Documents complémentaires
II. 2- Lexique
II. 3- Biographies
II. 4- Bibliographie
II. 5- Arbres généalogiques et tableaux de correspondance
III.1 – Visites clé en main
III Visites clés en main
III. 1 - Visite Mythologie
III . 1 - A support de visite élève
III. 1- B support de visite enseignant
III. 1- C œuvres développées
III .2 - Visite Antiquité rêvée
III . 2 - A support de visite élève
III. 2 - B support de visite enseignant
III. 2- C Ouvres développées
I. Introduction au thème de l’antiquité
I.1 Les grands récits mythologiques
Les oeuvres dans lesquelles sont racontés les récits mythologiques sont des écrits poétiques.
Cette forme d’écriture rend parfois difficile la traduction des différents mythes en histoire de
l’art.
L’Iliade et l’Odyssée, Homère.
Ces deux oeuvres attribuées à Homère sont très dissemblables. Alors que l’Iliade est centrée sur
la colère et la vengeance d’Achille durant la guerre de Troie, l’Odyssée rapporte les épreuves
subies par Ulysse durant son voyage de retour après la guerre. Les unités de temps et de lieux
sont aussi très différentes. L’Iliade se passe toute entière sous les murs de Troie pendant une
période resserrée de quelques jours alors que l’Odyssée s’étend sur une durée six fois supérieure
sans même prendre en compte les dix années pendant lesquelles ont lieu les aventures d’Ulysse
qui connaissent de nombreux lieux.
L’Iliade est composée de 24 chants dont le personnage central est le héros Achille. L’action de
l’Iliade se déroule durant la guerre de Troie qui oppose d’une part, les Troyens et d’autre part,
les Grecs, dont fait partie Achille. Du retrait des combats suite à sa querelle avec Agamemnon au
combat contre Hector pour venger la mort de Patrocle, Achille est au coeur du récit de l’Iliade.
Homère accorde aussi une grande place à l’action des dieux sur les évènements. Ceux-ci sont à
l’origine de la guerre de Troie et ont une influence directe sur les évènements en favorisant l’un
ou l’autre camp.
L’Odyssée est un poème de 24 chants dont le personnage central est Ulysse. Ce poème raconte
les voyages d’Ulysse lors de son retour en Grèce à la fin de la guerre de Troie. Trois parties
peuvent être mises en évidence dans ce récit. Le récit débute sur l’action des dieux dans le sort
d’Ulysse. Ceux-ci décident de son retour et, en parallèle, incitent son fils à rechercher Ulysse afin
d’évincer les prétendants de Pénélope, sa femme. La seconde partie est centrée sur le récit par
Ulysse des évènements qui ont suivi son départ de Troie. La dernière partie relate la vengeance
d’Ulysse lors de son retour à Ithaque et clôture le récit avec la reconnaissance du héros et de sa
place par les siens.
La Théogonie, Hésiode.
Cette oeuvre est aussi appelée la Généalogie des dieux. C’est un récit dans lequel Hésiode
revient sur la création du monde à partir du Chaos puis sur la naissance des différents dieux et
leur filiation. La Théogonie s’ouvre sur une invocation du poète aux Muses qui sont à l’origine de
son inspiration poétique. Il rappelle ainsi leur rôle auprès des dieux mais aussi auprès des
hommes et plus particulièrement des rois et des poètes. Vient ensuite la création
des dieux dont le récit conduit à l’avènement du règne de Zeus. Dans un premier temps, les
divinités élémentaires sont apparues à partir du Chaos et ont données naissance aux éléments
naturels et à certaines allégories. De l’union de Gaïa, la Terre, et d’Ouranos, le ciel, naissent la
génération des Titans dont le dernier né, Chronos, mutile son père et lui prend le pouvoir. Il est à
l’origine, avec sa soeur Rhéa, des Olympiens. La Théogonie raconte les guerres entre les dieux
pour prendre le pouvoir jusqu’à la victoire de Zeus et la mise en place de l’ordre sous son règne.
L’Enéide, Virgile
L’Enéide est une oeuvre rédigée par le poète Virgile au Ie siècle avant JC. Il s’agit de donner une
histoire de Rome issue d’un héros à l’ascendance divine. Cette oeuvre est fortement inspirée de
celle d’Homère puisqu’elle prend la suite du récit de la guerre de Troie à laquelle Enée a
participé dans le camp troyen. La structure de l’Enéide rappelle la division de l’oeuvre d’Homère
entre l’Iliade et l’Odyssée. La première partie de l’oeuvre de Virgile raconte les évènements qui
suivent la chute de Troie et les différentes aventures du héros, notamment en mer, qui
rappellent le schéma de l’Odyssée. La deuxième partie est plus centrée sur la conquête des
territoires par Enée et qui sont à l’origine de Rome et peut être associée au thème de l’Iliade. Le
récit de l’Enéide a donc un objectif politique. Il s’agit de faire d’Auguste, le premier empereur de
Rome, un descendant d’Enée et donc, en ligne directe, de la déesse Vénus (Aphrodite chez les
Grecs) et donc d’assurer sa légitimité par une parenté divine.
Les Métamorphoses, Ovide
Composées de 15 chants ou livres, les Métamorphoses sont inspirées des mythes grecs et
romains racontant les différentes transformations des dieux, déesses, héros ou mortels dans des
récits courts. Ces histoires relatent des métamorphoses de la naissance du monde avec le Chaos,
à l’avènement de l’empereur Auguste. Parmi les récits présents dans les Métamorphoses, on
peut citer les Origines dans le livre I, Actéon et Sémélé dans le livre III ou encore Hercule dans le
livre IX.
Les Fastes, Ovide
Les Fastes d’Ovide proposent un commentaire poétique du calendrier religieux romain. Seuls les
six premiers mois du calendrier sont connus. Celui-ci devait en contenir douze mais les derniers
ont été perdus ou le poète n’a pas terminé son oeuvre. Comme dans les Métamorphoses, Ovide
utilise, pour les Fastes, des mythes issus à la fois de la tradition grecque et de la tradition
romaine. Il s’agit donc d’une oeuvre composée de légendes, d’histoires populaires, des usages et
des cultes dans les fêtes romaines.
I.2 – Le Panthéon gréco-romain
La religion des Grecs est polythéiste. Une kyrielle de dieux anthropomorphes, aux aventures
multiples en compose le panthéon. Les Romains en ont repris les principales figures, les
rebaptisant et adaptant leur histoire.
Les origines
A l’origine du monde est apparu le Chaos, personnification du vide primordial, qui a par la suite
engendré d’autres divinités primitives : Erèbe (les Ténèbres infernales) et Nyx (la Nuit). Celles-ci
vont ensuite donner naissance à Aether (le ciel supérieur où la lumière est la plus pure) et
Héméra (la Lumière du Jour). Ce sont de ces derniers que vont naître Ouranos (le Ciel), Gaïa (la
Terre) et Pontos (le Flot). Il existe différentes variantes dans les légendes concernant les divinités
primitives. C’est notamment le cas de Gaïa qui est présenté comme une entité apparue à la suite
du Chaos et qui aurait ensuite donné naissance, entre autres, au Ciel et au Flot.
Les titans
Les titans sont les six fils d’Ouranos et de Gaïa. Ils ont six soeurs qui portent le nom de titanides.
Ils forment ensemble la génération primitive des Dieux. Ces douze dieux ont formés des couples
qui ont permis de donner naissance à de nouvelles générations de dieux. C’est le plus jeune des
titans, Cronos, qui, unit à Rhéa donne naissance à la génération des dieux de l’Olympe dont est
issu Zeus. Les 6 titans sont Coéos, Crios, Cronos, Hypérion, Japet et Océan, et les 6 titanides sont
Mnémosyne, Phoebé, Rhéa, Théia, Thémis et Thétis.
Les titans ont pris le pouvoir suite à la révolte contre Ouranos qui les avait écartés du pouvoir.
Gaïa se serait plainte auprès de son fils Cronos du traitement d’Ouranos qui avait notamment
emprisonné une partie de leurs enfants, les cyclopes et les hécatonchires. Gaïa donne alors à
Cronos une faucille qu’il utilise pour mutiler son père et prendre le pouvoir. Il emprisonne à
nouveau les cyclopes et les hécatonchires et se met à dévorer ses propres enfants suite à une
prédication lui annonçant qu’il serait détrôné par un de ses enfants comme il l’avait lui-même
fait avec son père.
Les titans perdent ensuite le pouvoir, pris par les Olympiens, suite à une lutte qui porte le nom
de Titanomachie. Ils sont alors envoyés par Zeus dans le Tartare, gardés par les Hécatonchires
qui ont soutenus les Olympiens. C’est Rhéa, lassée de voir disparaître ses enfants, qui soustrait
Zeus à son père en l’échangeant avec une pierre cachée dans un lange. Une fois adulte, Zeus fait
recracher ses frères et soeurs à Cronos et prend le pouvoir qu’il installe sur l’Olympe.
Les Olympiens
Les Olympiens sont les douze divinités qui siègent sur l’Olympe. Il s’agit d’Aphrodite, d’Apollon,
d’Arès, d’Artémis, d’Athéna, de Déméter, d’Héphaïstos, d’Héra, d’Hermès, de Dionysos, de
Poséidon et de Zeus. Cette liste peut cependant connaître des modifications. A l’origine, Hestia,
la déesse du foyer, faisait partie des dieux de l’Olympe avec ses frères et soeurs mais elle a cédé
sa place à Dionysos. La déesse Déméter, quant à elle, ne fait pas toujours partie de la liste des
Olympiens, au contraire, le dieu Hélios est parfois ajouté. Il faut aussi noter l’absence du Dieu
Hadès qui ne vient jamais sur l’Olympe.
Ces dieux forment une sorte de conseil au sein duquel ils régissent la vie des mortels à l’aide des
dieux secondaires. Les dieux attendent en retour des sacrifices et libations et punissent ceux qui
ne respectent pas leur culte. Les dieux sont immortels et gardent une jeunesse éternelle grâce à
la consommation de l’ambroisie et du nectar.
L’Olympe est considéré comme le séjour des dieux, et plus particulièrement de Zeus, dès
l’époque homérique. C’est aussi le nom porté par de nombreux monts dans le monde grec. Une
distinction entre les deux apparaît et le terme « olympe » devient l’appellation générale pour
désigner la demeure d’un dieu.
Les divinités secondaires
De nombreuses créatures peuplent les mythes gréco-romains et prennent place au côté des
dieux. C’est le cas par exemple des centaures. Ce sont des créatures mi-hommes, mi-chevaux
sauvages et brutales. Certains centaures jouent tout de même un rôle important dans les
mythes, comme Chiron qui a éduqué le héros Achille. Les satyres sont aussi des êtres mihumains, mi-animaux. Ils sont représentés avec des oreilles pointues, de petites cornes, des
pattes poilues et des sabots de bouc. Ils sont étroitement associés au culte du dieu
Bacchus/Dionysos et représentent la fertilité. De la même manière pour l’océan, les tritons et les
néréides sont des êtres mi-hommes, mi-poissons. Toutes ces créatures sont des divinités
secondaires comme les nymphes (divinités représentées sous la forme de jeunes filles et
associées à des éléments naturels), dont font partie les néréides (qui habitent la mer).
I.3 - Les héros
Les héros forment une catégorie d’êtres à part. En effet, ils ne sont ni des dieux, ni des mortels
mais issus le plus souvent d’un parent divin et d’un parent mortel, ce sont des demi-dieux. Ils
détiennent une force et une puissance extraordinaire et leur naissance est merveilleuse. Les
héros sont tous des êtres d’exception dont les actions les mènent à la gloire et à la renommée
éternelle. Ils sont identifiés par un trait de caractère singulier et très tranché dont ils deviennent
la personnification. C’est le cas notamment pour Ulysse qui est associé à la ruse, Achille à la
rapidité, ou encore Hercule à la force. Les héros sont des représentations des valeurs et
fournissent une image de l’idéal de la civilisation. Les héros sont à l’origine de très nombreux
mythes de fondation et sont des figures importantes des constructions familiales avec des
ancêtres mythiques.
Achille. Fils de Pelée, un mortel, et de la déesse Thétis, fille de l’Océan. Après sa naissance,
Thétis a plongé son fils dans le Styx, le fleuve des Enfers, afin de le rendre immortel. En effet, les
eaux de ce fleuve avaient le pouvoir de rendre invulnérable quiconque s’y baignait. Cependant,
le talon par lequel Thétis a tenu Achille pour le plonger dans le Styx, n’a pas été mis au contact
de l’eau et est donc resté vulnérable. Son talon est donc devenu le seul point faible d’Achille et
c’est une flèche dans ce talon qui provoque sa mort. Achille est un des personnages principaux
de la guerre de Troie, racontée dans l’Iliade d’Homère qui en fait son personnage principal. Il
s’illustre face aux combattants troyens auxquels il inspire une crainte telle que les armées
grecques sortent victorieuses lorsqu’il est présent mais défaites lorsqu’il se retire des combats.
La figure d’Achille a servi de modèle à l’empereur Alexandre.
Ulysse, personnage central du récit de l’Odyssée d’Homère, est une figure emblématique des
héros de l’antiquité. Il est très généralement associé à la sagesse et à la ruse grâce à son
inventivité en matière de stratégie. Originaire de l’île d’Ithaque, Ulysse est le fils de Laërte et
d’Anticlée. Selon la tradition, il aurait une ascendance divine par chacun de ses parents. Il
épouse Pénélope, la cousine d’Hélène, qui lui donne un fils, Télémaque. Il fait partie des
combattants du camp grec lors de la guerre de Troie et s’illustre à de nombreuses reprises par sa
capacité de réflexion, sa sagesse et sa ruse. Au-delà de son rôle de combattant, Ulysse accomplit
des missions d’ambassadeur voire d’espion. Il serait notamment à l’origine du cheval de Troie
qui permit aux grecs de remporter la guerre et de détruire la ville. Lors de son retour à Ithaque,
raconté dans l’Odyssée, seule la ruse lui permet de sortir victorieux de ses différentes aventures
et de mener à bien son voyage de retour.
Enée est aussi un héros qui s’est illustré lors de la guerre de Troie, dans le camp troyen, et est
connu comme étant à l’origine de la ville de Rome. Il est le personnage autour duquel Virgile à
construit son oeuvre, l’Enéïde. Il est présenté comme le héros à l’origine de la fondation de la
ville de Rome ce qui permet de donner à celle-ci une ascendance divine. En effet, Enée est le fils
de la déesse Vénus. De plus, le fils d’Enée, Ascagne, aussi surnommé Iule, apparaît comme le
fondateur de la famille Julia dont sont issus Jules César et Auguste, premier empereur de Rome.
Parmi les héros on peut aussi citer Hercule, dont les Douze travaux sont particulièrement
connus, et qui symbolise la force. Hercule a la particularité d’avoir rejoint le cercle des dieux une
fois ses travaux accomplis. Hercule est fils de Zeus et son destin est influencé par la colère de la
déesse Héra, jalouse de ce nouvel enfant auquel un brillant avenir est prédit.
Ces héros mythiques ont influencé certains grands personnages de l’histoire antique qui ont par
la suite acquis un statut de héros.
Alexandre le Grand, fils de Philippe II de Macédoine et d’Olympias, est roi de Macédoine au IVe
siècle avant JC. Il est particulièrement connu pour ses conquêtes militaires qui l’ont placé à la
tête d’un immense empire après sa victoire sur le roi Perse et la soumission de ses territoires. Il
continue ses conquêtes jusqu’en Egypte. Il tente de fusionner dans un seul empire ses
possessions occidentales et le territoire oriental de l’immense empire perse. Il est donc le grand
conquérant de l’antiquité dont les victoires ont fait la renommée mais dont l’empire ne lui a pas
survécu. En effet il est divisé, à sa mort, entre ses généraux, donnant ainsi naissance aux
royaumes hellénistiques.
Cyrus II dit Cyrus le Grand est considéré comme le fondateur de l’empire perse au VIe siècle
avant JC. Il s’agit aussi d’une figure de grand conquérant. La naissance et la jeunesse de Cyrus
ont fait l’objet de légendes qui viennent accompagner son image de fondateur d’une dynastie.
Une première guerre place Cyrus à la tête de sa dynastie et de son royaume. Il entame ensuite
ses conquêtes avec la Lydie puis l’Asie centrale et Babylone, donnant ainsi forme à l’empire
perse.
La figure du héros, réel ou mythique a perduré et continue à inspirer les auteurs et les puissants,
bien au-delà de l’antiquité.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les auteurs s’inspirent beaucoup des récits évoquant les grands
personnages de l’Antiquité et rédigent de nombreux recueils regroupant les récits de leurs vies
et leurs exploits, les instaurant ainsi en modèle à suivre. C’est le cas notamment d’Alexandre
dont l’image est réutilisée dans de nombreux ouvrages comme exemple de vertu et de morale
permettant de donner des leçons de savoir-être dans le cadre public et privé.
Les héros sont aussi utilisés dans les représentations du pouvoir et associés à des personnages
important tels que les membres de la famille royale. On peut notamment citer le roi Louis XIV
étroitement associé à la figure d’Alexandre. Alexandre apparaît comme un modèle pour le roi
dont l’objectif est de l’égaler pour atteindre le statut de héros. Après la mort de Mazarin, Louis
XIV règne sans premier ministre et durant cette période les représentations d’Alexandre se
multiplient sous toutes les formes et dans tous les arts.
On retrouve par exemple la tenture de l’Histoire d’Alexandre, tissée par les Gobelins, à l’initiative
de Charles Le Brun, peintre du roi. Une tenture reprenant l’histoire d’Achille a aussi été réalisée
par la manufacture des Gobelins d’après une représentation de Rubens.
I.1 Le goût de l’antique
La Renaissance se définit, entre autres, par le culte voué à l’antiquité et ses formes artistiques
dont les redécouvertes lors des fouilles archéologiques se multiplient en Italie. Ce sont les
références à l’antiquité qui forment les critères esthétiques de l’art à la Renaissance en
influençant les artistes qui y sont confrontés. L’attrait pour l’antique qui réapparaît à la
Renaissance touche aussi les érudits et les puissants qui investissent dans des fouilles afin de
mettre au jour de nouvelles traces de l’antiquité. Les fouilles archéologiques se multiplient alors,
surtout à Rome et dans sa campagne environnante, et les réflexions sur ces découvertes se
mêlent aux réflexions artistiques et philosophiques chez les érudits.
C’est aussi l’époque de la création des grandes collections d’antiques qui mettent en avant le
goût et la richesse des puissants pour les découvertes effectuées lors des fouilles
archéologiques. Dans toute l’Europe, des espaces de collection sont aménagés dans les palais
des puissants et parfois sont ouverts au public.
La formation des artistes de la Renaissance est fortement influencée par les découvertes
archéologiques et le voyage à Rome devient un élément incontournable dans la prise de contact
avec l’esthétique antique. Cet apprentissage passe notamment par la copie des oeuvres qui sont
remises au jour lors des fouilles. Ces copies font ensuite l’objet de carnets ou de catalogues qui
servent de base aux créations des artistes dans un style d’inspiration antique. De très
nombreuses copies d’oeuvres antiques sont alors effectuées par les artistes.
Certaines découvertes archéologiques ont des conséquences directes sur la production
artistique. Une forme de décor dit de grotesque apparaît à la Renaissance après la découverte
d’ornements dans certains monuments antiques alors enfouis et qui faisaient donc penser à des
grottes. Le terme grottesco désignait les décorations peintes ou sculptées des murs et des
voutes. Les caractéristiques de ce décor sont les compositions comportant des arabesques, des
motifs végétaux, animaux ou architecturaux, ou encore des petites figures de fantaisie. Le décor
de grotesque s’est répandu pendant la Renaissance dans toute l’Europe, en touchant toutes les
formes de création artistique. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, se développe un goût de l’étrusque qui
développe un thème ornemental à l’antique.
I.5 - Du jugement de Pâris à la guerre de Troie
Du Jugement de Pâris à la guerre de Troie
Événement légendaire rapporté dans l'Iliade d'Homère, la guerre de Troie oppose les Grecs aux
Troyens. Les Grecs répondent à l'appel de Ménélas, roi de Sparte, dont l'épouse, Hélène, a été
enlevée par un prince troyen, Pâris. Sous la direction d'Agamemnon, roi de Mycènes, les héros de la
Grèce antique (comme Achille, Patrocle, Ulysse) viennent assiéger Troie. Au terme d'un siège de
plusieurs années, la ville ne tombe que par la ruse. Dissimulés à l'intérieur d'un immense cheval de
bois que les Troyens prennent pour un présent marquant la fin des hostilités, un groupe de guerriers
s'introduit dans la ville, en ouvre les portes et la livre à la destruction.
L’intervention des dieux dans les affaires humaines, très présente dans les récits homériques, est
particulièrement visible durant l’épisode de la guerre de Troie qui voit s’opposer, au-delà du camp
grec et du camp troyen, une partie des dieux qui se divisent entre les deux parties.
Selon la légende, l’origine de la guerre de Troie viendrait d’une pomme d’or portant l’inscription « à
la plus belle », lancée par Eris, la déesse de la discorde, pendant le banquet divin célébrant le
mariage de Pelée et de la Néréide Thétis. Cette pomme destinée à la plus belle des déesses est
revendiquée à la fois par Aphrodite, Héra et Athéna. Zeus refuse de trancher et décide de laisser le
jugement à un mortel. C’est à Pâris, fils du roi de Troie Priam, que les déesses apparaissent pour lui
demander de les départager. Chacune lui propose une récompense pour tenter d’obtenir ses faveurs.
Héra lui propose la souveraineté sur l’Asie et l’Europe, Athéna la gloire militaire et en enfin,
Aphrodite, l’amour de la plus belle femme du monde. C’est à cette dernière que Pâris offre la
pomme. Héra et Athéna gardent rancune du jugement de Pâris et soutiennent donc les grecs durant
la guerre les opposant aux troyens. Cette guerre est directement liée au Jugement de Pâris. En
choisissant Aphrodite, celui-ci obtient l’amour de la plus belle femme du monde, qui n’est autre
qu’Hélène, la femme du roi de Sparte Ménélas. Pâris la rencontre durant une ambassade en Grèce et
l’enlève pour la ramener avec lui à Troie. Le refus des Troyens de rendre Hélène à son mari entraîne
la guerre. En effet, l’ensemble des Grecs répondent à l’appel de Ménélas qui part assiéger la ville de
Troie avec le soutien de son frère Agamemnon, le « roi des rois ». Troie est assiégée pendant dix ans
par les Grecs qui parviennent finalement à la prendre par la ruse. De nombreux héros s’illustrent
durant cette guerre. C’est le cas notamment d’Achille et Ulysse du côté grec ou Hector du côté
troyen. La guerre prend fin avec la chute de la ville grâce à une ruse mise en place par Ulysse. Les
Grecs mettent fin au siège de la ville en laissant sur place un immense cheval de bois. Les troyens
s’en emparent comme butin de guerre et le font entrer dans la ville. Les guerriers grecs cachés à
l’intérieur sortent alors pour ouvrir les portes et permettre à l’armée grecque de prendre la ville qui
est détruite.
II. Outils pratiques
II. 1 Documents complémentaires
Différentes représentations du mythe de Léda, très utilisé par les artistes, encore
aujourd’hui.
Le Corrège, Léda et le cygne, huile sur toile, 1532,
Staatliche Museen, Berlin. 152*191 cm. Une copie
effectuée par François Albert. Stiemart est visible
au musée Lambinet.
Salvador Dali, Léda Atomica, huile sur toile, 1949,
Théâtre-musée Dali, Figueres. 61*45 cm.
Paul Cézanne, Léda au cygne, huile sur toile, 1880,
Barnes Foundation, Philadelphie. 59,7*74,9 cm.
Erika Meriaux, Léda and the swan, huile sur
toile, 2007. 26*30 cm.
La naissance d’Athéna.
Naissance d'Athéna qui surgit en arme du crâne de Zeus, terre cuite peinte, environ 550-525 avant J.C, Musée du Louvre,
Paris, France. Face A d’une amphore attique à figures noires.
Extraits issus de la Théogonie d’Hésiode. Traduction de M. Papin, 1872
(gallica.bnf.fr)
« Au commencement donc fut le Chaos, puis Gaïa (…). Gaïa engendra d’abord, égal à ellemême en grandeur, Ouranos, qui devait la couvrir de toute part de sa voute étoilée (…).
D’elle et d’Ouranos naquirent le profond Océan, Coeus, Crios, Hypérion, Japet, Théa, Thémis,
Rhéa, Mémosyne, et Phébé à la couronne d’or, et l’aimable Téthys, Cronos enfin, après tous,
qui, dès le jour de sa naissance, haïssait déjà son père. Gaïa enfanta les durs Cyclopes (…). De
Gaïa et d’Ouranos naquirent encore trois autres enfants (…) ; de leurs épaules sortaient cent
invincibles bras, et de là aussi, au dessus de leurs robustes membres, s’élevaient cinquante
têtes (…). A peine ils étaient nés, qu’il les cachait au jour dans les profondeurs de la terre,
semblant se plaire à ces détestables œuvres. Cependant Gaïa, que remplissait leur masse,
gémissait amèrement au-dedans d’elle-même. Elle médite une ruse cruelle, engendre le fer,
en forge une immense faux et, le cœur plein de tristesse, tient à ses enfants ce langage
audacieux : « O mes enfants, vous que fit naitre un père dénaturé, si vous voulez m’en
croire, nous nous vengerons de ses outrages, car, le premier, il vous a provoqué par ses
forfaits. » Elle dit, mais la crainte les saisit tous ; aucun n’élève la voix ; seul, prenant la
confiance, le grand, le prudent Cronos répond en ces mots à sa mère vénérable : « Ma mère
j’accepte cette entreprise et je l’accomplirai. Je me soucie peu d’un odieux père, car, le
premier, a médité contre nous de détestables actes. » Il dit, et l’immense Gaïa se réjouit en
son cœur. Elle le cache dans un lieu secret, arme sa main de la faux aux dents acérées, et le
prépare à la ruse qu’elle a conçue. Bientôt Ouranos descend avec la Nuit (…), Cronos le saisit
de la main gauche, et, de la droite, agitant sa faux immense, longue, acérée, déchirante, il le
mutile (…). Irrité contre ces enfants, contre ceux qu’il avait fait naître, Ouranos les appela
Titans, exprimant par ce mot leur œuvre coupable, et les menaçant pour l’avenir d’un
châtiment. (…)
Cédant à l’amour de Cronos, Rhéa eut de lui d’illustres enfants, Hestia, Déméter, Rhéa à la
chaussure d’or, le redoutable Hadès aux demeures souterraines, au cœur inflexible,
l’impétueux et bruyant Poséidon, le sage Zeus, père des dieux et des hommes, qui de sa
foudre ébranle la terre. A peine sortis des entrailles sacrées de leur mère et déposés sur ses
genoux, le grand Cronos engloutissait dans son sein tous ses enfants : c’était pour qu’aucun
des glorieux descendants du ciel ne pût un jour lui ravir le sceptre. Car il avait apprit
d’Ouranos et de Gaïa que le sort le condamnait à passer, malgré sa puissance, sous le joug
d’un de ses fils (…). Ne perdant pas de vue ce danger, attentif à le prévenir, Cronos dévorait
ses propres enfants, et Rhéa était en proie à la douleur. Le moment venu de donner le jour à
Zeus, elle supplie ses antiques parents, Gaïa et Ouranos couronnés d’astres, elle implore
leurs conseils pour cacher la naissance de son fils (…). Ils l’entendent et l’exaucent ; ils lui
révèlent ce que les destins ont décidé et de Cronos et de son fils au cœur indomptable (…).
Enveloppant de langes une énorme pierre, Rhéa la présente au puissant fils d’Ouranos, au
précédant roi des dieux. Il l’a prend et l’engloutit aussitôt, insensé, qui ne sait pas qu’au lieu
de cette pierre, un fils lui est conservé un fils qui ne connaitra ni la défaite, ni les soucis, qui
bientôt doit le dompter par la force de son corps, le dépouiller de ses honneurs, et régner à
sa place sur les immortels. Cependant le nouveau dieu s’élevait rapidement ; ses forces
s’augmentaient avec son courage. Le temps venu, surpris par les ruses de Gaïa, vaincu par
les bras et les conseils de son fils, le rusé Cronos rendit à la lumière ces dieux issus de son
sang, qu’il avait engloutis. Et d’abord il vomit la pierre engloutie après eux. Zeus la fixa sur la
terre, dans la divine Pytho, au pied du Parnasse, pour être un jour, aux yeux des mortels, le
monument de ces merveilles. Par lui furent ensuite délivrés les Ouranides, ses oncles, que,
dans sa fureur insensée, son père avait chargés de chaînes. En reconnaissance de ce bienfait,
ils lui donnèrent la foudre ardente, le tonnerre, les éclairs, jusqu’alors enfermés dans le
vaste sein de la terre. C’est par ces armes qu’il règne sur les hommes et sur les dieux.
(…)Quand les dieux eurent accompli leur œuvre et conquis sur les Titans les honneurs du
ciel, ils portèrent, par le conseil de Gaïa, au commandement, à l’empire des immortels, le
maître de l’Olympe, Zeus, dont les regards embrasent tout ce qui existe. C’est lui qui fit entre
eux le partage des divins honneurs.
Zeus, roi des dieux, prit d’abord pour épouse Métis (la Sagesse), qui savait plus de choses
que tous les dieux et tous les humains. Mais comme elle allait mettre au jour la déesse aux
yeux d’azur, Athéna, Zeus, trompant son cœur avec de douces paroles, l’enferma dans ses
propres entrailles. C’était par le conseil de Gaïa et d’Ouranos ; ils le lui avaient conseillé,
dans la crainte qu’à sa place quelque autre dans les dieux immortels ne s’emparât de
l’empire ; car de Métis, ainsi l’avaient annoncé les destins, devaient sortir des enfants d’une
intelligence profonde ; d’abord cette fille aux yeux d’azur, cette Tritogénie, qui égala son
père en force et en sagesse ; puis un fils au cœur magnanime, qui règnerait sur les dieux et
sur les hommes. Prévenant ce danger, Zeus enferma dans ces entrailles sa jeune épouse,
pour que, cachée en lui-même, elle lui révélât la connaissance du bien et du mal. Sa seconde
épouse fut la brillante Thémis (…). La fille de l’océan, la ravissante Eurynome, lui donna
ensuite les trois Grâces (…). Reçu dans le lit de la nourricière Déméter, Zeus fit naître la belle
Prospérine, ravie bientôt à sa mère par Hadès, auquel l’accorda plus tard le sage Zeus.
Ensuite il aima Mnémosyne à la belle chevelure ; d’elle naquirent les neuf Muses (…). De son
union avec le dieu qui tient en main la tempête, Latone eut Apollon et la chasseresse
Artémis(…). Héra, la dernière, devint la brillante épouse de Zeus ; Hébé, Arès, Ilithye, durent
le jour à l’union de cette déesse avec le roi des dieux et des hommes. Seul, il fit sortir de sa
tête la vierge aux yeux d’azur, Tritogénie, divinité auguste, terrible, indomptable, qui anime
la guerre, qui guide les armées, que charment els cris et les tumultes du combat. A son tour,
entrant en lutte, dans sa colère, avec son époux, Héra, sans s’unir à lui, engendra l’illustre
Héphaïstos, le plus industrieux des artisans du ciel. (…) Reçue dans la couche sacrée de Zeus,
la fille d’Atlas, Maïa, mit au jour l’illustre Hermès, le messager du ciel. La fille de Cadmus,
sémélé, conçut de ses embrassements un illustre fils, Dionysos, qui produit la joie. Mère
mortelle d’un immortel enfant, elle est maintenant comme lui parmi les dieux. Alcmène
enfin, unie au souverain des nuages, enfanta le puissant Heraclès. (…) »
Les Muses (huiles sur bois conservées au Musée du Louvre, Paris)
Ces représentations des neuf Muses sont issues de La Chambre des Muses décorée par
Eustache Le Sueur entre 1652 et 1655, au sein de l’hôtel Lambert de Thorigny sur l’île SaintLouis. Celui-ci s’est inspiré du Parnasse de Raphaël, fresque qui décore la chambre de la
Signature dans le palais du Vatican, à Rome. Le premier groupe de trois Muses est composé
de Clio, Muse de l’histoire, qui tient le livre dans lequel sont consignés tous les grands faits
de l’humanité, et la trompette qui les célèbre. Euterpe, la Muse de la musique, joue de la
flûte et, à leurs pieds Thalie, la Muse de la comédie, tient un masque qui rappelle le théâtre.
Viennent ensuite Melpomène, la Muse de la tragédie, en retrait derrière ses sœurs et
présentée sans attribut. Polymnie, la Muse de la poésie lyrique, tient une partition et Erato,
la Muse de l’élégie, joue de la viole de gambe. Les trois dernières sont représentées seules. Il
s’agit de Calliope, la Muse de l’épopée, joue de la Harpe ; Terpischore, la Muse de la danse
et de la poésie, joue d’un triangle ; et enfin, Uranie, la Muse de l’astronomie est présentée
couronnée d’étoile, tenant un compas et appuyée sur un globe.
Latone et les paysans de Lycie
Francesco Albani, Latone et les paysans Lyciens, huile
sur toile, 1604, Musée des Beaux-Arts, Dole. 75*69,5
cm.
« Par cet exemple, tous les mortels apprirent à
redouter le courroux de Latone. (…) Latone donna le
jour à deux jumeaux divins, en dépit de l'implacable
Junon. Mais bientôt après, obligée de se soustraire au
courroux de sa rivale, elle fuit, emportant dans ses
bras le tendre et double fruit de son amour. Elle
arrive dans la Lycie, contrée fameuse par la Chimère.
Un jour que le soleil lançait sur les campagnes ses
feux dévorants, Latone allait succomber à la fatigue
d'un long voyage, au besoin d'étancher une soif
ardente; et ses enfants avaient tari ses mamelles
arides. Elle découvre enfin, dans le creux d'un vallon
fangeux, une source d'eau pure. Là des rustres
coupaient alors l'osier en rejetons fertile, le jonc, et
les herbes qui se plaisent dans les marais. Elle approche; elle plie un genou, et, penchée sur
les bords de l'onde propice, elle allait se désaltérer : cette troupe grossière s'oppose à ses
désirs (…). Bientôt, à l'injure ajoutant la menace, ils lui commandent de se retirer. Ce n'est
pas même assez pour eux. De leurs mains, de leurs pieds, ils agitent, ils troublent le lac; ils y
bondissent, et font monter à sa surface l'épais limon qui reposait sous l'onde. La colère de
Latone lui fait oublier sa soif; et, sans descendre plus longtemps à des prières indignes de la
majesté des dieux, elle élève ses mains vers le ciel, et s'écrie : "Vivez donc éternellement
dans la fange des marais" ! Déjà ses vœux sont accomplis. Ils se plongent dans les eaux.
Tantôt ils disparaissent dans le fond de l'étang; tantôt ils nagent à sa surface. Souvent ils
s'élancent sur le rivage; souvent ils sautent dans l'onde; et, sans rougir de leur châtiment, ils
exercent encore leur langue impure à l'outrage; et même sous les eaux, on entend leurs cris
qui insultent Latone. Mais déjà leur voix devient rauque, leur gorge s'enfle, leur bouche
s'élargit sous l'injure, leur cou disparaît; leur tête se joint à leurs épaules; leur dos verdit, leur
ventre, qui forme la plus grande partie de leur corps, blanchit; et changés en grenouilles, ils
s'élancent dans la bourbe du marais." Les paysans de Lycie (VI, 313-381) Métamorphoses, Ovide (d’après une
traduction de G.T. Villenave parue à Paris en 1806 et proposée dans la Bibliotheca Classica Selecta de l’Université
catholique de Louvain)
Le bassin de Latone, au château de Versailles, est une
des œuvres les célèbres des jardins. Il est le point
d’orgue de la mythologie apollonienne à la gloire de
Louis XIV, le roi-soleil. Louis XIV fait transformé un
bassin creusé sous Louis XIII en installant des jeux
d’eau et des décors qui représentent le mythe de
Latone, la mère de Diane et d’Apollon, le dieu du soleil,
symbole de Louis XIV. Plusieurs versions du bassin se
sont succédé et la version actuelle est celle créée par
Jules Hardouin-Mansart.
Apollon et Daphné
Le Bernin, Apollon et Daphné, marbre, 1622-1625, Galerie Borghèse, Rome.
Fille du fleuve Pénée, Daphné fut le premier objet de la
tendresse d'Apollon. Cette passion ne fut point l'ouvrage
de l'aveugle hasard, mais la vengeance cruelle de
l’Amour irrité. Le dieu de Délos, fier de sa nouvelle
victoire sur le serpent Python, avait vu le fils de Vénus
qui tendait avec effort la corde de son arc : "Faible
enfant, lui dit-il, que prétends-tu faire de ces armes trop
fortes pour ton bras efféminé ? Elles ne conviennent
qu'à moi (…)" L'Amour répond : "Sans doute, Apollon,
ton arc peut tout blesser; mais c'est le mien qui te
blessera (…)". Il dit, et frappant les airs de son aile
rapide, il s'élève et s'arrête au sommet ombragé du
Parnasse : il tire de son carquois deux flèches dont les
effets sont contraires; l'une fait aimer, l'autre fait haïr. (…) Soudain Apollon aime; soudain
Daphné fuit l'amour (…). Daphné fuit plus légère que le vent; et c'est en vain que le dieu
cherche à la retenir, (…), mais, emportée par l'effroi, Daphné, fuyant encore plus vite,
n'entendait plus les discours qu'il avait commencés. (…) Le jeune dieu renonce à faire
entendre des plaintes désormais frivoles : l’Amour lui-même l'excite sur les traces de
Daphné; il les suit d'un pas plus rapide. Ainsi qu'un chien gaulois, apercevant un lièvre dans
la plaine, s'élance rapidement après sa proie dont la crainte hâte les pieds légers; il s'attache
à ses pas; il croit déjà la tenir, et, le cou tendu, allongé, semble mordre sa trace; le timide
animal, incertain s'il est pris, évite les morsures de son ennemi, et il échappe à la dent déjà
prête à le saisir : tels sont Apollon et Daphné, animés dans leur course rapide, l'un par
l'espérance, et l'autre par la crainte. Le dieu paraît voler, soutenu sur les ailes de l'Amour; il
poursuit la nymphe sans relâche; il est déjà prêt à la saisir; déjà son haleine brûlante agite
ses cheveux flottants. Elle pâlit, épuisée par la rapidité d'une course aussi violente, et fixant
les ondes du Pénée : "S'il est vrai, dit-elle, que les fleuves participent à la puissance des
dieux, ô mon père, secourez-moi ! Ô terre, ouvre-moi ton sein, ou détruis cette beauté qui
me devient si funeste" ! À peine elle achevait cette prière, ses membres s'engourdissent;
une écorce légère presse son corps délicat; ses cheveux verdissent en feuillages; ses bras
s'étendent en rameaux; ses pieds, naguère si rapides, se changent en racines, et s'attachent
à la terre : enfin la cime d'un arbre couronne sa tête et en conserve tout l'éclat. Apollon
l'aime encore (…). "Eh bien ! dit le dieu, puisque tu ne peux plus être mon épouse, tu seras
du moins l'arbre d'Apollon. (…)" Il dit; et le laurier, inclinant ses rameaux, parut témoigner sa
reconnaissance, et sa tête fut agitée d'un léger frémissement. Daphné (I, 452-567), Métamorphoses,
Ovide (d’après une traduction de G.T. Villenave parue à Paris en 1806 et proposée dans la Bibliotheca Classica Selecta de
l’Université catholique de Louvain)
Diane et Actéon
Le Cavalier d’Arpin, Diane et Actéon, huile sur cuivre, 1604, musée du Louvre,
Paris. 47*66 cm.
(…) Tandis que Diane se
baigne dans la fontaine de
Gargaphie, Actéon errant
d'un pas incertain dans ce
bocage qui lui est inconnu,
arrive dans l'enceinte
sacrée, entraîné par le
destin qui le conduit. (…)
Quoique ses compagnes se
soient en cercle autour
d'elles
rangées,
elle
détourne son auguste
visage. Que n'a-t-elle à la
main et son arc et ses
traits rapides ! À leur
défaut elle s'arme de
l'onde qui coule sous ses
yeux; et jetant au front d'Actéon cette onde vengeresse, elle prononce ces mots, présages
d'un malheur prochain : "Va maintenant, et oublie que tu as vu Diane dans le bain. Si tu le
peux, j'y consens". Elle dit, et soudain sur la tête du prince s'élève un bois rameux; son cou
s'allonge; ses oreilles se dressent en pointe; ses mains sont des pieds; ses bras, des jambes
effilées; et tout son corps se couvre d'une peau tachetée. À ces changements rapides la
déesse ajoute la crainte. Il fuit; et dans sa course il s'étonne de sa légèreté. À peine dans une
eau limpide a-t-il vu sa nouvelle figure : Malheureux que je suis ! Voulait-il s'écrier; mais il n'a
plus de voix. Il gémit, et ce fut son langage. De longs pleurs coulaient sur ses joues, qui n'ont
plus leur forme première. Hélas ! Il n'avait de l'homme conservé que la raison. Que fera cet
infortuné ? Retournera-t-il au palais de ses pères ? La honte l'en empêche. Ira-t-il se cacher
dans les forêts ? La crainte le retient. Tandis qu'il délibère, ses chiens l'ont aperçu. (…) Cette
meute, emportée par l'ardeur de la proie, poursuit Actéon, et s'élance à travers les
montagnes, à travers les rochers escarpés ou sans voie. Actéon fuit, poursuivi dans ces
mêmes lieux où tant de fois il poursuivit les hôtes des forêts. Hélas ! Lui-même il fuit ses
fidèles compagnons; il voudrait leur crier : "Je suis Actéon, reconnaissez votre maître". Mais
il ne peut plus faire entendre sa voix. (…) Cependant ses compagnons, ignorant son triste
destin, excitent la meute par leurs cris accoutumés; ils cherchent Actéon, et le croyant
éloigné de ces lieux, ils l'appellent à l'envi, et les bois retentissent de son nom. L'infortuné
retourne la tête. On se plaignait de son absence; on regrettait qu'il ne pût jouir du spectacle
du cerf à ses derniers abois. Il n'est que trop présent; il voudrait ne pas l'être; il voudrait être
témoin, et non victime. Mais ses chiens l'environnent; ils enfoncent leurs dents cruelles dans
tout son corps, et déchirent leur maître caché sous la forme d'un cerf. Diane enfin ne se crut
vengée que lorsque, par tant de blessures, l'affreux trépas eut terminé ses jours. Actéon (III,
138-252), Métamorphoses, Ovide (d’après une traduction de G.T. Villenave parue à Paris en 1806 et proposée dans la
Bibliotheca Classica Selecta de l’Université catholique de Louvain)
Pygmalion et Galatée
Etienne-Maurice Falconet, Pygmalion et
Galatée, marbre, 1763, musée du Louvre, Paris.
« 0 la chose précieuse que ce petit groupe de
Falconet! (…) Le groupe précieux dont je veux vous
parler, il est assez inutile de vous dire que c'est le
Pygmalion aux pieds de sa statue qui s'anime (n°
165). Il n'y a que celui-là au Salon, et de longtemps il
n'aura de second. La nature et les Grâces ont
disposé de l'attitude de la statue. Ses bras tombent
mollement à ses côtés ses yeux viennent de
s'entr'ouvrir; sa tête est un peu inclinée vers la terre
ou plutôt vers Pygmalion qui est à ses pieds; la vie se
décèle en elle par un souris léger qui effleure sa
lèvre supérieure. Quelle innocence elle a! Elle est à
sa première pensée: son cœur commence à
s'émouvoir, mais il ne tardera pas à lui palpiter.
Quelles mains! Quelle mollesse de chair! Non, ce
n'est pas du marbre; appuyez-y votre doigt, et la
matière qui a perdu sa dureté cédera à votre
impression. Combien de vérité sur ces côtes! Quels pieds! Qu'ils sont doux et délicats! (…)
Un genou en terre, l'autre levé, les mains serrées fortement l'une dans l'autre, Pygmalion est
devant son ouvrage et le regarde; il cherche dans les yeux de sa statue la confirmation du
prodige que les dieux lui ont promis. 0 le beau visage que le sien! 0 Falconet! Comment as-tu
fait pour mettre dans un morceau de pierre blanche la surprise, la joie et l'amour fondus
ensemble? Émule des dieux, s'ils ont animé la statue, tu en as renouvelé le miracle en
animant le statuaire. (…) Le faire du groupe entier est admirable. C'est une matière une dont
le statuaire a tiré trois sortes de chairs différentes. Celles de la statue ne sont point celles de
l'enfant, ni celles-ci les chairs du Pygmalion. (…) » Commentaire par Denis Diderot dans le Salon de 1763
du Pygmalion et Galatée d’Etienne Falconet.
Représentation du Parnasse
Raphaël Anton Mengs, Le Parnasse, fresque, 1760-1761, Villa Albani, Rome.
Il s’agit ici d’une représentation du Parnasse avec au centre, Apollon entourée des Muses et
de leur mère Mnémosyne. Le dieu de la musique et de la poésie, aussi connu pour diriger le
chœur des Muses, est reconnaissable grâce à ses attributs : la lyre et la couronne de laurier.
Cette œuvre est présentée par le critique d’art Johan Joachim Winckelmann (1717-1768)
comme l’expression parfaite du néoclassicisme et de la représentation de l’antique car
inexpressifs et souverainement froids dans la perfection des formes. Winckelmann écrira
d'ailleurs dans son Histoire de l'art dans l'Antiquité : « la quintessence de toutes les beautés
que j’ai décrites dans les figures des Anciens se trouve dans les œuvres immortelles de M.
Anton Raphael Mengs [...] C’est comme s’il renaissait, tel un phénix, des cendres du premier
Raphaël, pour enseigner à l’univers la beauté dans l’art et y atteindre le plus haut degré
permis par des forces humaines ».
Voltaire
Jean-Baptiste Pigalle, Voltaire nu, marbre,
1776, Musée du Louvre, Paris.
Il existe de nombreuses représentations de Voltaire
ce qui montre bien l’importance de celui-ci et la
volonté de conserver une image du grand homme.
Cette sculpture est une commande effectuée par un
groupe d’intellectuels du siècle des Lumières. C’est
le moyen de faire du philosophe un des génies de la
société moderne à la manière des philosophes de
l’antiquité, nus et glorieux. Cette représentation de
Voltaire fait donc directement le lien entre la culture
antique et le monde moderne qui se place en
héritier. C’est Jean Baptiste Pigalle, un des plus
grands sculpteurs de sa génération, qui effectue
cette commande en 1770. Le sculpteur a choisi ici de
représenter Voltaire à l’antique sans pour autant
utiliser le nu héroïque. En effet, le corps du
philosophe n’est pas idéalisé mais représenté véritablement comme celui d’un vieil homme.
Le drapé posé sur le bras gauche rappelle une nouvelle fois l’antique tout en permettant de
découvrir le corps. Pigalle mêle à la fois la nudité à l’antique et une représentation
contemporaine du corps avec une véritable précision anatomique. Cela lui permet
d’accentuer la mise en avant du génie du philosophe avec la représentation du visage qui
reflète l’esprit en opposition à la déchéance du corps. Le corps n’est qu’une enveloppe qui
disparaît alors que les idées sont immortelles. On a aussi souvent comparé cette sculpture
aux représentations de la mort de Sénèque présenté comme le génie vieillissant et assis, au
bord de la mort. Il peut, par exemple, être mis en parallèle avec le tableau de Pierre Paul
Rubens intitulé La mort de Sénèque, inspiré de la sculpture du Vieux pêcheur, dit Sénèque
mourant de la villa Borghese.
Pierre Paul Rubens, La mort de
Sénèque, huile sur toile, 16001640, Musée du Prado,
Madrid.
Vieux pêcheur, dit Sénèque
mourant, marbre noir, IIe
siècle après J.C., Musée du
Louvre, Paris.
Extrait de l’Enéide de Virgile. Livre 2, vers 707 à 720. Traduction d’Anne-Marie
Boxus et Jacques Poucet pour la Bibliotheca Classica Selecta de l’Université
catholique de Louvain.
Cet extrait raconte la fuite de la ville par Enée portant son père et
accompagné de son fils et de sa femme. Cet épisode est illustré à de très
nombreuses reprises, notamment par Carle van Loo dans son tableau de
1729, Enée portant Anchise, exposé au musée Lambinet.
« Viens donc, père bien-aimé, prends place sur ma nuque,
Moi, je te supporterai sur mes épaules et tu ne pèseras pas ;
Quoi qu’il advienne, un seul et même péril ou un seul salut
Nous attendra tous les deux. Le petit Iule m’accompagnera
Et ma femme suivra nos pas, à quelque distance.
Vous, mes amis, prêtez attention à ce que je vais dire.
A la sortie de la ville, à l’écart il y a le tertre et l’ancien temple,
Dédié à Cérès, et, tout près de là, un antique cyprès
Sauvegardé depuis bien des années par la piété de nos pères ;
Nous rejoindrons tous ce point par des routes diverses.
Toi, père, tiens en mains les objets sacrés et les Pénates de notre patrie ;
Pour moi, qui sors à peine d’une guerre si terrible et de ce carnage,
Ce serait sacrilège de les toucher, avant de m’être purifié
Dans l’eau courante d’une rivière. »
II.2 - Lexique
Allégorie : représentation imagée, en la matérialisant, d’une idée abstraite.
Amazones : peuple de femmes guerrières dans la mythologie grecque. Selon les légendes,
elles tuent leurs enfants mâles ou les rendent aveugles et boiteux afin d’en faire des
serviteurs. Les filles ont le sein droit coupé afin de faciliter la pratique du tir à l’arc et donc
l’art de la guerre. Il n’y a pas d’hommes valides dans leur société mais elles s’unissent avec
ceux des peuples voisins une fois par an. De nombreux héros ont affaire à ce peuple de
guerrières.
Aquatinte : procédé de gravure à l’eau-forte. Dans ce procédé, une plaque de cuivre est
recouverte d’une couche de poudre protectrice puis est plongée dans l’acide. Cela permet
d’obtenir une surface composée de points variés dans leur taille et leur épaisseur, ce qui
permet des effets de couleur en dégradé.
Cyclopes : créatures mythologiques représentées comme des géants ne possédant qu’un
unique œil au milieu du front.
Hécatonchires : Fils d’Ouranos et de Gaïa, frères des Cyclopes et des Titans, ces créatures
possèdent cinquante et cent bras et crachent du feu. Ils sont au nombre de trois et se
nomment Cottos, Gyès et Briarée.
Hespérides : nymphes du couchant. Elles vivent dans le jardin des Hespérides, à l’extrémité
occidentale du monde et sont les gardiennes des pommes d’or que leur a confié Héra.
Hydre de Lerne : monstre possédant plusieurs têtes dont une immortelle. Les têtes se
régénèrent doublement lorsqu’elles sont coupées. L’Hydre souffle aussi un poison mortel, y
compris pendant son sommeil.
Pénates : divinités étrusques puis romaines chargées de la protection du foyer.
Thyrse : grand bâton rappelant un sceptre, il est orné de feuilles de lierre et surmonté d’une
pomme de pin. Le lierre peut être remplacé par de la vigne et la pomme de pin par une
grenade. Il s’agit de l’attribut du dieu Dionysos ou Bacchus.
II.3 - Biographies
- Les auteurs antiques
Homère est le plus ancien auteur grec dont les textes nous sont parvenus. Il est
traditionnellement représenté comme un poète aveugle qui parcourt le monde
méditerranéen en déclamant ses vers. Il est connu pour être l’auteur de deux œuvres
fondatrices de la littérature grecque antique : l’Iliade et l’Odyssée. Son existence reste
cependant entourée de légende et il n’existe presque aucune information concernant sa vie.
L’œuvre d’Homère est extrêmement répandue et même commentée dès l’Antiquité. Malgré
le peu d’informations concernant la vie de l’auteur et les dissemblances entre les œuvres, la
paternité d’Homère sur l’Iliade et l’Odyssée ne fait aucun doute. Son œuvre occupe une
place essentielle dans la culture grecque antique notamment parce qu’elle est récitée lors
des grands évènements tels que les Panathénées par volonté des gouvernements. Ces
œuvres sont aussi à la base de l’éducation dans la Grèce antique. L’Antiquité est aussi la
période des premiers commentaires sur les textes d’Homère et des premières interrogations
sur l’attribution de l’Iliade et l’Odyssée à un même auteur.
A partir de la fin du XVIIe siècle se pose la question homérique. Les érudits se posent alors la
question de l’existence d’Homère, de l’unité des poèmes et de l’authenticité du texte
originel. Pour développer la théorie de l’auteur unique, on considère qu’un poète serait à
l’origine du thème principal des deux œuvres qui aurait ensuite été développé et complété
par les ajouts d’autres poètes. Homère est aussi parfois perçu comme l’auteur qui a réuni et
organisé des textes antérieurs pour concevoir l’Iliade et l’Odyssée. Il existe aussi une thèse
dualiste dans laquelle l’Iliade et L’Odyssée ne sont pas l’œuvre d’un même auteur en raison
des trop importantes dissemblances entre les deux œuvres. Certains chercheurs émettent
tout de même l’hypothèse qu’elles ont le même auteur mais que celui-ci les a conçues à
différents moments de sa vie, ce qui explique les variations de style importantes entre les
deux poèmes.
Hésiode est un poète grec, originaire de Béotie, qui a vécu entre le VIIIe et le VIIe siècle
avant JC. Les connaissances sur ce poète proviennent essentiellement de ce qu’il a raconté
de lui-même dans ses œuvres. Il se présente comme un paysan pauvre, avec une vie rude, et
qui s’est opposé à son frère pour leur héritage. Il aurait été inspiré par les Muses alors qu’il
gardait ses troupeaux. Trois poèmes d’Hésiode sont connus aujourd’hui : la Théogonie, dans
laquelle il propose une généalogie des dieux de l’apparition du Chaos à l’établissement du
règne de Zeus ; les Travaux et les Jours, dans lesquels il évoque les questions de la justice et
du travail avec des mythes expliquant la condition humaine, ainsi qu’un catalogue des
travaux des champs et de la navigation complété par le calendrier des fêtes ; enfin, le
Bouclier d’Héraclès, inspiré de la description du bouclier d’Achille présenté dans l’Iliade
d’Homère.
Il est présenté par les auteurs plus tardifs comme un contemporain et rival d’Homère. Les
poèmes sont particulièrement représentatifs du monde qui suit celui d’Homère et qui
annonce le début de l’ère classique. Son œuvre a eu une influence importante sur la poésie
de la période postérieure.
Virgile est un poète latin né en 70 avant JC et mort en 19 avant JC. Son œuvre poétique, bien
que peu importante, a fortement influencé les auteurs antiques mais aussi de l’époque
moderne au moment de la redécouverte des textes de l’antiquité et du retour de celle-ci
comme modèle. Il existe de nombreuses Vies de Virgile mais postérieures à la vie du poète
et qui ne sont donc pas absolument fiables. Il semblerait que Virgile ait vécu à la campagne
mais qu’il ait effectué un certain nombre de voyages et peut être même des études hors de
sa région d’origine. Virgile est l’auteur des Bucoliques, des Géorgiques et de l’Enéide. Ce
dernier poème a été publié après la mort de Virgile, sur décision de l’empereur Auguste.
Cette œuvre est à la fois un hommage à la gloire de Rome, mais aussi une justification de la
mise en place de l’empire par Auguste, descendant d’Enée et donc de la déesse Vénus.
Ovide est un poète latin né en 43 avant J.C. et mort en 17 après J.C. Il a étudié le droit et est
devenu avocat mais garde un intérêt profond pour la poésie. Il finit cependant sa vie en exil
sur décision de l’empereur Auguste qui l’a banni pour une raison qui reste, aujourd’hui
encore, inconnue. Ovide est l’auteur des Héroïdes, un recueil de lettres écrites par les
héroïnes de la mythologie à destination de leurs amants, les Amours, l’Art d’aimer, un
manuel de séduction, les Métamorphoses, dans lequel il raconte les transformations d’êtres
humains en plantes ou minéraux ou animaux, les Fastes.
- Les théoriciens modernes
Charles-Nicolas Cochin (1715-1795) est un critique d’art issu d’une importante famille
d’artiste. Il devient membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1741 et
donne des cours de dessin à Madame de Pompadour qui lui permet d’effectuer un voyage
en Italie entre 1749 et 1751. Au retour de ce voyage, il rédige deux œuvres sur la sculpture
et la peinture italienne : Observations sur les antiquités d’Herculaneum et Voyages d’Italie.
Cochin est donc reconnu à la fois comme artiste et comme critique d’art et a fortement
influencé la vie artistique du XVIIIe siècle, notamment en critiquant le goût rocaille pour un
retour à l’Antique.
Etienne La Font de Saint-Yenne (1688-1771) est un critique d’art. Il est même considéré
comme l’un des fondateurs de la critique d’art en France. Il est notamment l’auteur des
Réflexions sur l’état de la peinture en France. Il émet l’idée que chacun puisse donner son
avis sur les œuvres, l’architecture, l’urbanisme ou la littérature. Il émet aussi l’idée de créer
un lieu dans lequel seraient exposées l’ensemble des collections royales pour les prévenir de
la dégradation mais aussi les rendre accessibles au public. Enfin, il essaie de montrer
comment l’enseignement des artistes doit être revu en faveur de cours tournés vers
l’Antiquité.
Anne-Claude-Philippe de Tubières, de Grimoard, de Pestels, de Lévis, comte de Caylus
(1692-1765) est un amateur d’art, antiquaire, mécène et écrivain. Il débute par une carrière
militaire dans les armées du roi avant de l’abandonner pour se rendre en Italie, où, pendant
deux ans, il visite les lieux, les monuments et les collections. Il voyage ensuite en Turquie, en
Angleterre et en Hollande avant de se fixer à Paris. C’est probablement au cours de ses
voyages que se sont développés son goût et sont intérêt pour l’antiquité. Il propose à
l’Académie un nouveau prix pour expliquer les usages des anciens peuples par les auteurs et
les monuments. Ce goût pour l’antiquité s’illustra aussi par une importante collection
d’antique réunie par le comte de Caylus et qui fournit la matière à son recueil intitulé Recueil
d’Antiquités dans lequel il décrit les différentes pièces en les classant. Il tire de ses
observations une réflexion sur la migration et les progrès de l’art chez les anciens. Le comte
de Caylus est un collectionneur important qui n’a pas pour but de conserver ses œuvres. En
effet, après leur étude, il dépose ses acquisitions dans le Cabinet du roi. Il estime aussi
important de donner librement accès aux collections d’œuvres d’art à tous.
Johann Joachim Winckelmann (1717-1768) est un archéologue, antiquaire et historien de
l’art allemand. Il est considéré comme le fondateur de l’histoire de l’art et de l’archéologie
comme disciplines modernes. Il a aussi joué un rôle déterminant dans l’émergence du
néoclassicisme, une nouvelle conception de l’art. Pour Winckelmann, l’art grec possède les
caractéristiques absolues du beau. C’est dans cette optique que le néoclassicisme reprend
les caractéristiques de l’art grec, en opposition au baroque et au rococo. Winckelmann
définit l’art grec comme étant « noble simplicité et calme grandeur ». Son œuvre principale
est intitulée Histoire de l’Art de l’Antiquité dans laquelle il propose 4 phases dans l’histoire
de l’art grec avec une apogée au Ve siècle avant JC, qu’il considère comme la période où le
Beau a été atteint.
II.4 - Bibliographie
Sources
Hésiode, La Théogonie.
Homère, L’Iliade.
Homère, L’Odyssée.
Ovide, Les Fastes.
Ovide, Les Métamorphoses.
Virgile, L’Enéide.
Jeunesse
Jean-Pierre Andrevon, Contes et légendes : Les Héros de la Rome antique, Nathan, 2010.
(Dès 9 ans)
Marie Bertherat, Les mythes racontés par les peintres, Bayard Jeunesse, 2011. (A partir
de 8 ans)
François Busnel, Mythologie grecque : contes et récits, Seuil, 2003.
Nicolas et Morgan Cauchy, Les 12 travaux d’Hercule, Gautier-Languereau, 2006.
Laurence Gillot, Contes et légendes : les Métamorphoses d’Ovide, Nathan, 2011. (Dès 9
ans)
Christian Grenier, Contes et légendes : les douze travaux d’Hercule, Nathan, 2010. (Dès
11 ans)
Christian Grenier, Contes et légendes : Les héros de la Grèce antique, Nathan, 2010. (Dès
9 ans)
Christian Grenier, Contes et légendes : Les Héros de la mythologie, Nathan, 2010. (Dès 9
ans)
Homère, L’Iliade, L’Ecole des loisirs, « Classiques abrégés », 2011. (De 12 à 16 ans)
Homère, L’Odyssée, L’Ecole des loisirs, « Classiques abrégés », 2011. (De 12 à 16 ans)
Anne Jonas, Les douze travaux d’Hercule, Milan, 2006. (Epuise)
Anne Lanoë, La mythologie. Histoire extraordinaires de dieux et de héros, Fleurus, 2012.
Jean Martin, Contes et légendes : L’Iliade, Nathan, 2010. (Dès 9 ans)
Jean Martin, Contes et légendes : L’odyssée, Nathan, 2010. (Dès ans)
Florence Noiville, La Mythologie grecque, Actes Sud Junior, 2000. (Dès 9 ans)
Michel Piquemal, Fables mythologiques. Des héros et des monstres, Albin Michel, 2006.
(A partir de 10 ans)
Michel Piquemal, Fables mythologiques. Amours, ruses et jalousies, Albin Michel, 2006.
(A partir de 10 ans)
Claude Pouzadoux, Contes et légendes : la mythologie grecque, Nathan, 2010. (Dès 9 ans)
Adultes
Jean-Claude Belfiore (dir.), Grand Dictionnaire de la mythologie, Larousse, 2010.
Louis Bruit Zaidman et Pauline Schmitt Pantel, La religion grecque dans les cités à
l’époque classique, Armand colin, 2013 (4e édition).
Ilaria Ciseri, Le Romantisme : 1780-1860, la naissance d’une nouvelle sensibilité, Paris,
Gründ, 2004.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, Pocket, 2002.
Fernand Comte, Les grandes figures mythologiques, Bordas, 1988.
Pierre Devambez et Robert Flacière, Héraclès : images et récits, Paris, E. de Boccard,
1966.
Marc Fumaroli, La mythologie gréco-latine à travers 100 chefs d’œuvres de la peinture,
Presses de la Renaissance, 2004.
Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Presses universitaires
de France, 14e édition, 1999.
Edith Hamilton, La mythologie. Ses dieux, ses héros, ses légendes, Marabout, 2013.
Philippe Hoffmann et Paul-Louis Rinuy (dir.), Antiquités imaginaires : la référence antique
dans l’art occidental de la Renaissance à nos jours, Presses de l’Ecole normale
supérieure, 1996.
Bernard Holtzmann et Alain Pasquier, Histoire de l’art antique – L’art grec, RMN, 2011.
Lucia Impelluso, Dieux et héros de l’Antiquité, Paris, Editions Hazan, 2003.
René Martin (dir.), Dictionnaire culturel de la mythologie gréco-romaine, Nathan, 1998.
Erwin Panofsky, Hercule à la croisée des chemins et autres matériaux figuratifs de
l’Antiquité dans l’art plus récent, Paris, Flammarion, 1999.
Erwin Panofsky et Fritz Saxl, Saturne et la mélancolie : études historiques et
philosophiques : nature, religion, médecine et art, Raymond Klibansky, Paris, Gallimard,
1989.
Erwin Panofsky, L’œuvre d’art et ses significations : essais sur les « arts visuels », Paris,
Gallimard, 1969.
Catalogues d’expositions
Les amours des dieux : la peinture mythologique de Watteau à David, exposition, Galeries
nationales du Grand Palais, Paris, 15 octobre 1991 – 6 janvier 1992, Colin B. Bailey,
Réunion des musées nationaux, 1991.
L’Antiquité rêvée : innovations et résistances au XVIIIe siècle, exposition, Paris, Musée du
Louvre, 2 décembre 2010 – 14 février 2011, Guillaume Faroult, Christophe Leribault et
Guilhem Scherf (dir.), Louvres Editions, Gallimard, 2010.
La fascination de l’Antique : 1700-1770, Rome découverte, Rome inventée, exposition,
Lyon, Musée de la civilisation gallo-romaine, 20 décembre 1998 – 14 mars 1999, Danila
Gallo, Marie-Pia Donato et François de Polignac, Paris, Somogy ; Lyon, Musée de la
civilisation gallo-romaine, 1999.
D’après l’antique, exposition, Paris, Musée du Louvre, 16 octobre 2000 – 15 janvier 2001,
Jean-Pierre Cuzin, Paris, Réunion des musées nationaux, 2000.
Sites
http://expositions.bnf.fr/homere/
II.5- Arbres généalogiques et tableaux de correspondance
1. Arbres généalogiques
- Les titans
- La descendance de Zeus
- 2 - Tableau de correspondance mythologie grecque/romaine
Terminologie grecque
Gaia
Ouranos
Cronos
Rhéa
Zeus
Héra
Déméter
Hestia
Hadès
Poséidon
Aphrodite
Eros
Arès
Hébé
Ilithye
Héphaïstos
Athéna
Dionysos
Apollon/ Phoebus
Héraclès
Artémis
Perséphone
Hermès
Hélène
Léto
Sémélé
Métis
Actéon
Daphné
Odysseus
Achille
Terminologie romaine
Les dieux des origines
Saturne
Cybèle
La génération des dieux de l’Olympe
Jupiter
Junon
Cérès
Vesta
Pluton
Neptune
Vénus
Cupidon/ Amour
Les enfants de Zeus/Jupiter
Mars
Vulcain
Minerve
Bacchus
Apollon
Hercule
Diane
Prospérine
Mercure
Hélène
Les maîtresses de Zeus/Jupiter
Latone
Sémélé
Les personnages des mythes
Actéon
Daphné
Ulysse
Achille
- 3 - Attributs et fonctions des dieux
Dieu
Eros/Cupidon
Apollon/Phoebus
Attributs
Enfant ailé ; arc et flèches
Jeune homme avec la tête
auréolée de lumière ; arc,
flèche, carquois, lyre, laurier
Bacchus/ Dionysos
Couronne de feuilles de
vigne ou de lierre, thyrse,
coupe de vin, grappe de
raisin
Cérès/ Déméter
Diane/Artémis
Croissant de lune, arc,
flèches
Hébé
Mars/Arès
Mercure/Hermès
Casque, bouclier
Pétase, chaussures ailées,
caducée
Minerve/Athéna
Casque, armure, bouclier,
chouette
trident
Couronne, fourche à deux
dents
Neptune/Poséïdon
Pluton/Hadès
Prosperine/Perséphone
Vénus/Aphrodite
Rose, myrte, pomme
Vulcain/Héphaïstos
Marteau, enclume
Junon/Héra
Diadème, sceptre
Jupiter/Zeus
Aigle, sceptre, foudre
Ilithye
Fonction
Dieu de l’amour
Dieu du soleil et de la
beauté, de l’ordre moral, des
oracles et des prophéties, de
la musique et de la poésie
Dieu du vin (fertilité à
l’origine)
Déesse de la terre,
protectrice de l’agriculture
et de la végétation
Déesse de la chasse
Déesse de la jeunesse et
servante des dieux
Dieu de la guerre
Messager des dieux,
protecteur des commerçants
et des voyageurs
Déesse de la raison, préside
aux activités intellectuelles
Dieu de la mer
Dieu des Enfers
Déesse des Enfers
Déesse de la beauté et de
l’amour
Dieu du feu, forgeron des
dieux
Veille sur le mariage et
l’accouchement
Dieu du ciel, roi des dieux,
juge suprême des questions
humaines et divines
Déesse de l’enfantement
III. Visites clés en main
III.1 – Visite « mythologie »
Visite thématique pour les élèves du CE1 au lycée.
Cette initiation à la mythologie grecque et latine commence par l’observation des dieux
rencontrés au fil des salles du musée. Leurs attributs seront détaillés et reliés aux
représentations du musée. Pour les élèves les plus jeunes, des croquis des différents
attributs évoqués seront réalisés pendant la visite. Ils pourront finalement être reproduits au
pastel sur une feuille de papier à dessin représentant le Mont Olympe.
Objectifs pédagogiques : Découvrir quelques dieux de la mythologie ; pouvoir comprendre
l’iconographie et comparer par rapport aux sources littéraires.
RDC – Salle 1
Augustin Pajou, Homère => les grands récits et les auteurs grecs
1e Etage – Salle 13
Carle van Loo, Enée portant Anchise => les grands récits et les auteurs romains
1e étage – Salle 10
Dessus de porte représentant l’automne => Bacchus/ Dionysos
Dessus de porte représentant l’hiver => Cronos/ Saturne
1e étage – Salle 9 et salle 10
François-Albert Stiemart, Léda et le Cygne + Etienne-Maurice Falconet, Léda et le Cygne =>
Zeus/ Jupiter
1e étage – salle 13
Etienne-Maurice Falconet, Amour menaçant => Amour/ Cupidon/ Eros
Etienne-Maurice Falconet, Nymphe => Nymphes
1e Etage – Salle 15
Barthélémy Guibal, Hercule et Omphale => Hercule/Heracles
2e étage – Salle 25
Jean-Baptiste Regnault, Allégorie de la Déclaration des droits de l’homme => Athéna/
Minerve
2e Etage – Salle 29
Apollon sur son char (plaque de cuivre de la manufacture de Jouy) => Apollon
RDC – Salle 3
Jean-Antoine Houdon, Diane chasseresse => Artémis/Diane
-
Support de visite élève
Support de visite enseignant (corrigé)
Support pour l’activité pendant la visite
Effectuer des croquis des attributs permettant de reconnaître les différentes divinités.
Zeus/Jupiter = éclairs ; Dionysos/Bacchus = coupe, thyrse et grappe de raisin ; Amour = cœur
et flèche ; Hercule = massue ; Athéna = chouette ; Apollon = lyre ; Diane = croissant de lune,
arc et flèche.
III.1 –A-B- Supports pédagogiques Visite « mythologie »
- Support élève
- Support enseignant
-
MYTHOLOGIE
Ecrivez le titre de l’œuvre de Pajou : maquette pour des dessus de porte au château de Bellevue
représentant ……………………………………………(1773)
1) Plusieurs grands récits racontent les histoires des dieux et héros grecs
a - Les auteurs grecs ont commencé :
Dans les années………..…………….., le poète……………….. écrit l’Illiade, l’histoire de la conquête de
…………….. et du héros……………. , puis l’……………..l’histoire d’Ulysse essayant de revenir vers Ithaque.
Cet auteur est considéré comme le père des auteurs grecs ; comment est-il souvent
représenté ?..............................................................................................................................................
...................................................................................................................................................................
..........................................................................................................................
Un autre auteur, …………………….. écrit la Théogonie, où il évoque la création du monde, et la façon
dont les dieux se disputent le pouvoir.
b - Ensuite, les auteurs romains ont continué :
Virgile, dans L’…………………. poursuit l’histoire de
Troie et évoque, au travers du personnage d’Enée,
l’hypothétique fondation de la ville de ………………… .
Ovide, un poète, évoque dans les ……………………….
et les Fastes, les multiples aventures des dieux.
(Ecrivez le titre de l’œuvre de Carle van Loo datée de 1729, ………………………………………………………………
…)
2) Les dieux
a- CRONOS, l’un des titans, fils d’Ouranos et de Gaïa, ….……….. (que fait-il ?) ses enfants afin
d’éviter qu’ils ne tentent de lui prendre le pouvoir. Seul …………… y échappe car sa mère,
……………, met des pierres à la place de l’enfant dans le sac préparé pour Cronos. Plus tard, il
recrachera tous ses enfants après avoir………………………………………………………………………………… .
On le confond avec Chronos, dont la signification en grec est ……………… Il est là à la création du
monde ; il est considéré comme un père fondateur représenté sous les traits d’un …………………, sage,
barbu, parfois ailé. Au musée Lambinet il est associé à la saison de …………………………. .
b - ZEUS
Zeus a de nombreux enfants. Sa femme, ….…….……., défend la famille et le …………………….., et s’en
prend aux jeunes femmes dont Zeus s’éprend. Elle pousse l’une d’entre elles, Sémélé, enceinte, mère
de ……………………. à supplier Zeus de lui apparaître dans toute sa force et tombe
morte, (comment ?):………………. Zeus aura le temps de prendre le bébé dans le ventre de sa mère
pour le placer dans ………………………. afin qu’il grandisse. On a gardé l’expression
« ………………………………………………………………………………………………………………..……………………… ». L’enfant
deviendra le dieu du ……………………….. de la tragédie, et figure tout ce qui est malin. Il s’appelle
……………………………………………. .
Qui sont les personnages représentés dans le tableau présenté cidessous ?…………………………………………………………………………………………………………………………………
qui déclenchera une guerre fameuse,
Quelle femme célèbre pour sa beauté et
naîtra dans l’un des œufs ?.........................
C-
Pourquoi CUPIDON est-il menaçant ? ………………………………………….
………………………………………………………………………………………………….. Entourez
son attribut sur la sculpture : Fils de……………….. et …………………………, il est le
fruit d’un amour passionné et brûlant, difficile à maîtriser. Sa mère d’ailleurs
le punit souvent !
d - Dans les bois ou les océans vivent d’innombrables jeunes filles qui protègent la nature, la
fertilisent et vivent en harmonie avec elle. Quel est leur nom ?................................................... . L’une
d’entre elles, Thétis, est la mère d’un héros de la guerre de Troie:……………………..
e - ATHENA
Sur le tableau, entourez Athena, Chronos et Heracles :
Qu’est-ce qui rapproche Athena et Heracles, et
qu’est-ce qui les différencie ?...............................................
…………………………………………….…………………………………………….
Quel est l’attribut d’Athena (l’animal) ? ..................................Pourquoi ?..................................
………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
D’ailleurs, Zeus en avait eu peur : Il avait avalé THEMIS, enceinte, afin de faire disparaître le futur
enfant. Mais Zeus est pris de violents maux de tête. Racontez la suite :
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………………………………………
f - HERACLES
Heraclès est reconnaissable facilement : Dessinez ses 2 attributs :
Pourquoi a-t-il réalisé les 12 travaux ?.............................................
……………………………………………………………………………………………………..
Racontez l’histoire d’Heracles chez OMPHALE:
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………….
g- APOLLON
Apollon et ARTEMIS sont les deux enfants de Zeus et ……………….. Furieuse de jalousie, Hera pousse
des paysans à refuser l’accès à leur étang. Pour empêcher Latone de boire, ils soulèvent la vase, et
provoquent alors la colère de Zeus, qui les transforme en …………………….. .
Apollon, Dieu de la lumière, de la musique et des arts (il tient souvent une ………………. dans la main)
vit sur le mont ………………….. , entouré des 9 ………………….. qu’il dirige en créant l’harmonie. Citez le
nom de l’une des 9 jeunes femmes :………………………………………………………..
Sur son char, Apollon s’élève (où ?, pour ?)…………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
Ovide raconte la métamorphose de Daphné : expliquez ce qui s’est passé lorsqu’Apollon s’en
approcha :……………………………………………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………………………………………………………….
h- ARTEMIS
Apollon représente le soleil et la lumière, Artemis la ………………. et la nuit. Elle est déesse de la
……………………. et vit dans la forêt aux côtés de ses …………………… .
Qui est ACTEON ? – un guerrier
- un chasseur qui passait par là
- un berger
PETIT ARBRE GÉNÉALOGIQUE SIMPLIFIÉ
(Complétez le nom des enfants ainsi que la fonction des dieux)
OURANOS GAIA - CHRONOS
CRONOS - RHEA
HESTIA
HADES
POSEIDON
DEMETER
ZEUS
HERA
Déesse de
Dieu de
Dieu de
Déesse de
Dieu de
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
+ LETO
- Ap……..
- Arté……….
+ SEMELE
- Diony….
+ MNEMOSYNE
- les muses
+
METIS
- Ath…..
Déesse de
Illithie
Hébé
Arès
Héphaistos +
?………………….
MYTHOLOGIE
Ecrivez le titre de l’œuvre de Pajou : maquette pour des dessus de porte au château de Bellevue
représentant Homère1773)
1) Plusieurs grands récits racontent les histoires des dieux et héros grecs
a - Les auteurs grecs ont commencé :
Dans les années 700, le poète Homère écrit l’Illiade, l’histoire de la conquête deTroie et du héros
Achille , puis l’Odyssée l’histoire d’Ulysse essayant de revenir vers Ithaque.
Cet auteur est considéré comme le père des auteurs grecs ; comment est-il souvent représenté ? Il
est souvent représenté âgé, barbu, et aveugle
Un autre auteur, Hésiode écrit la Théogonie, où il évoque la création du monde, et la façon dont les
dieux se disputent le pouvoir.
b - Ensuite, les auteurs romains ont continué :
Virgile, dans L’Enéïde poursuit l’histoire de
Troie et évoque, au travers du personnage d’Enée,
l’hypothétique fondation de la ville de Rome .
Ovide, un poète, évoque dans les Métamorphoses
et les Fastes, les multiples aventures des dieux.
(Ecrivez le titre de l’œuvre de Carle van Loo datée de 1729,
Enée portant Anchise
2) Les dieux
a- CRONOS, l’un des titans, fils d’Ouranos et de Gaïa, avale (que fait-il ?) ses enfants afin d’éviter
qu’ils ne tentent de lui prendre le pouvoir. Seul Zeus y échappe car sa mère, ……………, met des
pierres à la place de l’enfant dans le sac préparé pour Cronos. Plus tard, il recrachera tous ses enfants
après avoir………………………………………………………………………………… .
On le confond avec Chronos, dont la signification en grec est le temps. Il est là à la création du
monde ; il est considéré comme un père fondateur représenté sous les traits d’un vieillard, sage,
barbu, parfois ailé. Au musée Lambinet il est associé à la saison de l’hiver .
b - ZEUS
Zeus a de nombreux enfants. Sa femme, Hera, défend la famille et le foyer, et s’en prend aux jeunes
femmes dont Zeus s’éprend. Elle pousse l’une d’entre elles, Sémélé, enceinte, mère de Dionysos à
supplier Zeus de lui apparaître dans toute sa force et tombe morte, (comment ?) foudroyée. Zeus
aura le temps de prendre le bébé dans le ventre de sa mère pour le placer dans sa cuisse afin qu’il
grandisse. On a gardé l’expression « issu de la cuisse de Jupiter ». L’enfant deviendra le dieu du vin,
de la tragédie, et figure tout ce qui est malin. Il s’appelle Dionysos .
Qui sont les personnages représentés dans le tableau présenté ci-dessous ? Leda et le cygne (Zeus
métamorphosé)
qui déclenchera une guerre fameuse,
Quelle femme célèbre pour sa beauté et
naîtra dans l’un des œufs ? La belle Hélène
C-
Pourquoi CUPIDON est-il menaçant ? Il attend en silence de trouver 2
cœurs qu’il rendra amoureux en y lançant une flèche qu’il tirera de son
carquois. Entourez son attribut sur la sculpture.
Fils de Mars et Aphrodite…………, il est le fruit d’un amour passionné et brûlant, difficile à maîtriser.
Sa mère d’ailleurs le punit souvent !
d - Dans les bois ou les océans vivent d’innombrables jeunes filles qui protègent la nature, la
fertilisent et vivent en harmonie avec elle. Quel est leur nom ? Les nymphes. L’une d’entre elles,
Thétis, est la mère d’un héros de la guerre de Troie: Achille
e - ATHENA
Sur le tableau, entourez Athena, Chronos et Heracles :
Qu’est-ce qui rapproche Athena et Heracles, et
qu’est-ce qui les différencie ?
Ils sont tous les 2 très forts, mais Athena, en plus, a la sagesse et l’intelligence
Quel est l’attribut d’Athena (l’animal) ? la chouette. Pourquoi ? La chouette est un rapace, et elle est
clairvoyante (elle voit dans la nuit).
D’ailleurs, Zeus en avait eu peur : Il avait avalé THEMIS, enceinte, afin de faire disparaître le futur
enfant. Mais Zeus est pris de violents maux de tête. Racontez la suite :
Tout d’un coup il voit Athena sortir de sa tête, entièrement casquée et armée
f - HERACLES
Heraclès est reconnaissable facilement : Dessinez ses 2 attributs :
Pourquoi a-t-il réalisé les 12 travaux ? Afin de racheter sa bêtise
La peau de bête / la
massue
Racontez l’histoire d’Heracles chez OMPHALE:
Heraclès est tombé amoureux d’Omphale. Il est tellement transformé qu’il en oublie ses attributs et
son rôle : il file la laine à la place d’Omphale, et c’est elle qui tient la massue, par contre.
g- APOLLON
Apollon et ARTEMIS sont les deux enfants de Zeus et Leto (ou Latone) Furieuse de jalousie, Hera
pousse des paysans à refuser l’accès à leur étang. Pour empêcher Latone de boire, ils soulèvent la
vase, et provoquent alors la colère de Zeus, qui les transforme en grenouilles .
Apollon, Dieu de la lumière, de la musique et des arts (il tient souvent une lyre dans la main) vit sur
le mont Parnasse , entouré des 9 muses qu’il dirige en créant l’harmonie. Citez le nom de l’une des 9
jeunes femmes : Clio (l’histoire), Terpsychore (la tragédie)…
Sur son char, Apollon s’élève (où ?, pour ?)dans le ciel pour installer l’aurore puis éclairer le monde
en le traversant de part en part (c’est la course du soliel)
Ovide raconte la métamorphose de Daphné : expliquez ce qui s’est passé lorsqu’Apollon s’en
approcha : Pour lui échapper, elle se transforma en laurier. Mais le laurier est l’arbre d’Apollon.
h- ARTEMIS
Apollon représente le soleil et la lumière, Artemis la lune et la nuit. Elle est déesse de la chasse et vit
dans la forêt aux côtés de ses nymphes .
Qui est ACTEON ? – un guerrier
- un chasseur qui passait par là
un berger
PETIT ARBRE GÉNÉALOGIQUE SIMPLIFIÉ
(Complétez le nom des enfants ainsi que la fonction des dieux)
OURANOS GAIA - CHRONOS
CRONOS - RHEA
HESTIA
HADES
POSEIDON
DEMETER
ZEUS
HERA
Déesse de
Dieu de
Dieu de
Déesse de
Dieu de
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
+ LETO
- Ap……..
- Arté……….
+ SEMELE
- Diony….
+ MNEMOSYNE
- les muses
+
METIS
- Ath…..
Déesse de
Illithie
Hébé
Arès
Héphaistos +
?………………….
Les Dieux et leurs attributs
III.1 C – Oeuvres développées- visite « Mythologie »
Augustin Pajou, Homère (esquisse pour le décor de la salle à manger du château de
Bellevue à Meudon), terre cuite, deuxième moitié du XVIIIe siècle. Inv. 84.7.1. (Salle 1)
Ce bas-relief en terre cuite réalisé par le sculpteur Augustin Pajou (1730-1809) représente le
poète grec Homère. Il apparaît ici comme un vieil homme barbu et aveugle, habillé à
l’antique. Ces caractéristiques dans la représentation du poète font partie de l’iconographie
classique qui lui est associée. Le travail de création d’Homère est évoqué ici à travers l’action
d’écriture. Cela rappelle les deux récits qui composent l’œuvre du poète : l’Iliade et
l’Odyssée. Homère est une des figures emblématiques de la littérature antique et
notamment des récits mythiques. L’Iliade et l’Odyssée sont les récits les plus connus de
l’antiquité et Homère est considéré dans la littérature comme le père des auteurs grecs. Il
est une référence pour tous ceux qui l’ont suivi. L’Iliade est un récit qui se place à la fin de
l’épisode de la guerre de Troie et qui se concentre sur le personnage d’Achille. L’Odyssée,
quant à elle, relate les voyages d’Ulysse et l’ensemble des aventures qu’il rencontre jusqu’à
son retour à Ithaque.
Homère n’est pas le seul auteur grec de l’antiquité à avoir raconté des récits dans lesquels se
mêlent à la fois les histoires des héros, mortels, et celles des dieux. Il s’agit donc de sources
essentielles pour la connaissance des mythes grecs. Dans ses récits, Homère a fait cohabiter
les dieux et les mortels mais certains auteurs se sont exclusivement intéressés aux divinités.
C’est le cas d’Hésiode dans sa Théogonie qui retrace la naissance du monde et des dieux et
leurs luttes pour le pouvoir.
Carle van Loo, Enée portant Anchise, huile sur toile. Inv. 1038. (Salle 13)
L’épisode peint par Carle Van Loo (1705-1765) est un des
récits les plus emblématiques de l’histoire d’Enée. Lors de la
chute de Troie, Enée se réfugie dans la montagne emmenant
avec lui son père Anchise, son fils Ascagne et sa femme
Créüse. Il réunit aussi les rescapés de la destruction de la ville
et fonde une nouvelle ville avant de poursuivre ses aventures.
Il n’existe pas d’attributs particuliers permettant de définir
Enée dans les représentations iconographiques. Il est
cependant généralement illustré par un épisode de sa vie. Ici,
Enée est un guerrier, portant sur son dos un vieillard,
Anchise, son père. L’enfant qui les suit en s’accrochant à Enée
est Ascagne, son fils. Cet enfant est parfois surnommé Iules et c’est lui qui, selon la légende,
est à l’origine de la famille (gens) Julia dont sont issus Jules César et l’empereur Auguste.
Une femme les accompagne, Créüse, la femme d’Enée, avec dans les bras une statue qui
symbolise les dieux de Troie (les pénates) qu’Enée a sauvé de la destruction de la ville. Troie
apparait en arrière-plan, en flammes, annonçant sa chute.
Enée est un héros troyen, fils de la déesse Aphrodite et du mortel Anchise dont la famille
descend de Zeus. Il est décrit par Homère, dans l’Iliade, comme l’un des plus valeureux
guerriers troyens après Hector. Il devient ensuite l’ancêtre légendaire des Romains à travers
le récit éponyme de Virgile, l’Enéide. Selon les récits, des prédictions promettent le pouvoir à
Enée. Celles-ci sont annoncées dès sa naissance. Enée prend part à la guerre de Troie et
affronte notamment Achille. Tout au long de cet épisode, Enée apparaît comme un héros
jouissant de la protection directe des dieux qui interviennent afin qu’il puisse accomplir son
destin. Après la chute de Troie, Enée effectue de nombreux voyages avant de pouvoir fonder
une ville, qui donnera naissance à Rome, rencontrant de nombreux obstacles avant d’y
parvenir.
Ce tableau de Carle van Loo marque une volonté de représenter l’antiquité de manière plus
juste dans les arts en s’appuyant directement sur les sources antiques, notamment tirées
des récits des grands auteurs. En effet, cet épisode est tiré de l’Enéide de l’auteur romain
Virgile. Cette œuvre, dont l’action se situe après la chute de Troie, peut être considérée
comme une suite à la célèbre Iliade d’Homère. Il y a donc une véritable continuité entre les
auteurs grecs et les auteurs latins qui s’inspirent largement du panthéon des divinités
grecques qui trouvent leurs correspondances à Rome. Les aventures des dieux sont toujours
très présentes dans les œuvres des auteurs romains comme Ovide dont les Fastes et les
Métamorphoses ont pour personnages principaux les dieux. De plus, la figure d’Enée permet
de mettre en avant l’héroïsme lié à l’antiquité, accentué par les couleurs animées et
charnues, et la touche vibrante, tournoyante et empâtée.
Les choix de Carle van Loo pour illustrer la vie
d’Enée sont comparables à ceux d’autres
peintres qui représentent l’épisode de la fuite
de Troie. C’est le cas notamment de Raphaël
dans la salle de l’incendie du Borgo au palais
du Vatican. Cette fresque monumentale
illustre un épisode relaté dans le Liber
Pontificalis. Il s’agit de l’incendie qui s’est
déclenché dans un bourg de Rome en 847 et
qui a été contenu par la bénédiction du pape Léon IV. Cependant, Raphaël place cet épisode
au second plan dans sa fresque pour mettre en avant la foule parmi laquelle le personnage
d’Enée, portant son père Anchise, et accompagné de sa femme et de son fils, est
particulièrement visible. L’incendie rappelle alors la chute de Troie et le fait que Rome est
une nouvelle Troie. On retrouve d’autres tableaux reprenant les mêmes caractéristiques
pour cet épisode de l’Enéïde. C’est le cas, par exemple, d’Enée fuyant Troie avec Anchise,
Ascagne et Créuse de Pompéo Batoni, conservé à la Galleria Sabauda de Turin, ou encore
d’Enée quittant Troie de Frederico Barocci, à la Galerie Borghèse à Rome.
Dessus de porte du salon représentant l’hiver, bois peint et doré. (Salle 10)
Il s’agit ici d’un dessus de porte du salon qui représente la saison de l’hiver. L’hiver est ici
représenté comme un vieil homme barbu, transi de froid, qui tente de se réchauffer auprès
d’un feu. L’arbre mort rappelle aussi la nature durant la saison hivernale. Le dieu qui
représente l’hiver est ici le titan Cronos chez les Grecs, Saturne chez les Romains.
Cronos est un des titans, fils de Gaïa et Ouranos, et père, avec sa sœur et femme Rhéa, des
premiers Olympiens et notamment de Zeus. Le mythe de Cronos le présente comme prenant
le pouvoir de son père aidé de ses frères et sœurs avant de le perdre, détrôné lui aussi par
son propre fils.
La mère de Cronos, Gaïa apparaît à l’origine du monde et représente la Terre. Elle donne
ensuite notamment naissance à Ouranos, le Ciel, avec lequel elle s’unit. De cette union
naissent les Cyclopes, les Hécatonchires, les Titans et les Titanides. Ouranos décide
d’enfermer tous sens enfants à l’intérieur de la terre, leur mère. Gaïa demande alors à ses
enfants de l’aide contre leur père. Seul Cronos accepte et, armé d’une faux façonnée par
Gaïa, blesse son père avant de prendre le pouvoir. Puis, selon la légende, afin d’éviter qu’un
de ses enfants ne lui prenne le pouvoir, Cronos les dévorait dès leur naissance. Seul Zeus
échappe à cette fin grâce à une ruse de sa mère Rhéa qui le cache et donne une pierre
entourée d’un linge à Cronos pour qu’il la mange. Une fois adulte, Zeus combat son père, lui
fait recracher ses frères et sœur et règne à sa place.
Cronos est peu à peu associé à une autre figure des origines, Chronos, qui représente le
temps. Il s’agit cependant de deux entités distinctes.
Dessus de porte représentant l’automne, bois peint et doré. (Salle 10)
Ce dessus de porte représente la saison de l’automne. Elle est ici personnifiée par un jeune
homme tenant d’une main une coupe, et de l’autre un bâton, le thyrse. Il est entouré de
vignes et de deux petits amours dont l’un s’appuie sur un tonneau qui permet de rappeler
une nouvelle fois le thème du vin. Enfin, la couronne de laurier montre bien qu’il s’agit d’une
représentation du dieu Dionysos ou Bacchus associé à la vigne, qui est naturellement
associée à l’automne.
Dionysos, aussi connu sous le nom de Bacchus, est le dieu du vin, de la vigne et du délire
mystique. Il est le fils de Jupiter et de Sémélé. Il s’agit donc d’un dieu de la deuxième
génération de l’Olympe. Bien que fils de Sémélé, Bacchus est né de la cuisse de Jupiter qui
l’avait recueilli après avoir accidentellement tué sa mère. En effet, Sémélé, suite à une ruse
d’Héra qui cherche à se venger, a demandé à Jupiter de se présenter à elle dans toute sa
puissance et pas sous une de ses formes métamorphosées. Cependant, elle ne peut
supporter la vue de Jupiter et des éclairs qui l’entourent et meurt foudroyée. L’enfant qu’elle
portait est alors récupéré par Jupiter qui le coud à sa cuisse jusqu’à la naissance. Cet enfant
est le dieu Bacchus (chez les Romains) ou Dionysos (chez les Grecs). Une fois venu au monde,
l’enfant est caché par Zeus afin de le protéger de la colère de sa femme, Héra. Il est tout
d’abord caché dans une famille sous des vêtements de filles mais Héra le découvre. Il est
ensuite confié aux nymphes sous la forme d’un chevreau. Il découvre la vigne et son usage,
une fois qu’il a atteint l’âge adulte. La vigne devient alors sa plante sacrée. Un culte de
Dionysos/Bacchus est instauré, les Bacchanales, dans lequel le peuple, surtout les femmes,
était pris d’un délire mystique. Une fois sa puissance démontrée et son culte mis en place,
Dionysos/Bacchus a rejoint le ciel comme dieu. Il est traditionnellement représenté avec une
couronne de vigne ou de lierre sur la tête et tenant à la main le thyrse, une coupe de vin ou
une grappe de raisin.
François-Albert Stiemart, Jupiter et Léda, huile sur toile, 1725. Inv. 1047. (Salle 9)
Etienne-Maurice Falconnet, Léda, Biscuit de porcelaine de la manufacture de
Sèvres, 1764. Inv.1710 (Salle 10)
Dans le tableau de François-Albert Stiemart, Léda est représentée nue, au bain. Elle enlace
un cygne, qui représente Zeus, venu s’unir à elle. Le bec du cygne est posé contre la joue de
Léda qui penche la tête vers lui dans un geste visible de tendresse. Le biscuit d’EtienneMaurice Falconet montre Léda, nue, accompagnée d’une suivante. Les drapés sur lesquelles
elles reposent permettent de rappeler la situation du bain. Le cygne est posé près de Léda et
appuie sa tête sur sa cuisse pendant qu’elle lui caresse la tête. Dans les deux cas l’émotion
qui est rendue est la tendresse amoureuse entre Léda et le cygne qui représente Zeus. Il
s’agit ici de deux formes traditionnelles dans la représentation du mythe de Léda qui
apparaît près d’un cygne qu’elle enlace et qui représente Zeus. Il est aussi possible de
trouver des œufs aux pieds de Léda afin de rappeler la naissance des enfants conçus lors de
son union avec Zeus.
Selon la légende, Léda est la fille du roi d’Etolie Thestios, et d’Eurythémisté. Elle épouse
Tyndare, roi de Sparte, après que celui-ci se soit réfugié à la cour du roi Thestios, chassé de
son propre royaume par son demi-frère Hippocoon. Zeus découvre Léda alors qu’elle se
baigne dans le fleuve Eurotas. Il se présente à elle sous l’apparence d’un cygne et de leur
union vont naître Castor et Clytemnestre, sortis d’un œuf. Léda, qui s’était aussi unie à son
mari Tyndare, pond un deuxième œuf qui donne naissance à Pollux et Hélène. Il existe
cependant différentes variantes du mythe relatif aux enfants de Léda et à son union avec
Zeus sous la forme d’un cygne.
Le tableau est une commande royale effectuée en 1725. Il s’agit d’une copie du tableau de
1531 du Corrège (conservé au Staatliche Museen de Berlin), effectuée avant la mutilation du
visage de Léda sur le tableau original. Celle-ci avait été jugée trop expressive. Le travail de
copie d’œuvres des grands artistes de la Renaissance est une des spécialités de Stiemart qui
travaille beaucoup dans ce sens pour le roi Louis XV. En effet, au XVIIIe siècle, le marché de
l’art Renaissance, connaît un développement extrêmement important et le prix des œuvres
ne cesse d’augmenter, ce qui entraîne la pratique des copies, plus facilement accessibles.
Etienne-Maurice Falconet, L’Amour menaçant, biscuit de porcelaine de la manufacture
de Sèvres, 1755. Inv. D.90.4.5 (Salle 13)
La sculpture de Falconet montre un Amour sous les
traits d’un enfant ailé. A ses pieds sont posées des
flèches rangées dans un carquois. L’arc avec lequel il
les tire n’est cependant pas visible ici mais ce sont
véritablement les flèches qui sont le symbole de
Cupidon. Sa position, le doigt sur la bouche, rappelle
la discrétion dont il fait preuve pour tirer ses flèches
et infliger soit l’amour, soit la haine, à ceux qu’il
choisit de toucher. C’est cette discrétion et
l’incapacité à éviter ses flèches qui le rendent
menaçant malgré sa représentation sous les traits
d’un enfant.
Le Dieu Amour est aussi connu sous le nom de
Cupidon en Grèce, et d’Eros à Rome. Il est présenté
soit comme un dieu directement issu du chaos
primitif, soit comme le fils de la déesse
Aphrodite/Vénus et du dieu Arès/Mars. Il est traditionnellement représenté comme un
enfant ou un adolescent ailé muni d’un arc et de flèches. L’Amour possède deux sortes de
flèches : celles en or provoquent l’amour chez ceux qu’elles atteignent et celles en plomb
suscitent l’aversion dans le cœur de l’être aimé. Son action touche à la fois les humains et les
dieux. C’est un être malicieux qui est souvent puni pour ses forfaits. La représentation de
l’Amour sous la forme d’un enfant a entraîné la mise en place d’une iconographie
typiquement enfantine.
Le biscuit est une réduction très recherchée et très vendue du grand marbre original
(conservé au musée Louvre) que Falconet a livré en 1757 à Madame de Pompadour à l’hôtel
d’Evreux.
Etienne-Maurice Falconet, Nymphe des Bois, biscuit de porcelaine de la
manufacture de Sèvres. Inv. 1710. (Salle 13)
Falconet représente ici une nymphe. Le biscuit de porcelaine est
remarquable par sa finesse et la simplicité avec laquelle il
représente la jeune femme.
Les nymphes incarnent la grâce et les beautés de la nature. La
plupart d’entre elles sont les filles de Zeus et accompagnent
d’autres divinités. Il existe plusieurs catégories de nymphes en
fonction de leur lieu de vie. Les Méliades sont les plus anciennes
des nymphes, issues du sang d’Ouranos mutilé par Cronos, elles
vivent dans les frênes. Les Naïades sont les nymphes des sources
et cours d’eau, les Néréides sont associées à la mer calme, les
Oréades aux montagnes, les Alséides aux bois, les dryades aux
arbres et enfin, les Océanides à la mer. Certaines d’entre elles peuvent aussi être attachées à
un lieu particulier. Ces déesses sont considérées comme des divinités secondaires dont les
pouvoirs sont restreints mais elles peuvent être redoutables.
De nombreuses nymphes sont connues pour leurs amours avec d’autres dieux ou de simples
mortels. Certaines de ces unions ont donné naissance à d’autres dieux mais surtout à des
héros. Clytie est une océanide tombée amoureuse du soleil, qui va se transformer en
tournesol suite au chagrin d’avoir été rejetée. Eurydice est une dryade, épouse du poète
Orphée qui va la chercher en enfer avant de la perdre à nouveau en rompant sa promesse de
ne pas la regarder avant d’avoir rejoint la Terre. La nymphe Echo, repoussée par Narcisse, se
consume jusqu’à ce qu’il ne reste plus que sa voix. Narcisse est d’ailleurs le fils d’une
nymphe, Liriopé. Thétis, une néréide, a donné naissance au héros grec Achille, personnage
essentiel de la guerre de Troie et au cœur du récit de l’Iliade.
La représentation de l’antique prend de nombreuses formes au XVIIIe siècle et notamment
la simplicité des œuvres qui est une des caractéristiques de l’antique particulièrement mise
en avant par le théoricien et critique d’art Johann Joachim Winckelmann. Pour cet historien
de l’art allemand, l’art grec est « noble simplicité et calme grandeur », et possède les
caractéristiques absolues du beau. C’est aussi la simplicité et le naturel de l’œuvre qui sont
louée par Denis Diderot face à la représentation de Pygmalion et Galatée d’Etienne-Maurice
Falconet, présentée au Salon de 1763.
Barthélémy Guibal, Hercule filant au pied d’Omphale, biscuit de porcelaine, 1750.
Inv. 704. (Salle 15)
Ce biscuit est une représentation du mythe d’Hercule
et Omphale. Hercule est un des héros les plus
importants de la mythologie qui, à travers ses douze
travaux, incarne le courage et la force physique. Les
représentations associées au mythe d’Omphale sont
très éloignées de ces images. En effet, selon la
légende, Hercule est devenu l’esclave d’Omphale, la
reine de Lydie, afin d’expier le meurtre d’Iphtos. Il se
plie alors aux travaux féminins, notamment filer la
laine. Au contraire, Omphale reprend les attributs
généralement associés à Hercule, la peau de lion et la
massue. Il y a donc une véritable inversion des valeurs
entre les deux personnages et cette iconographie a
souvent été utilisée dans un but moralisant.
Hercule est le fils d’Alcmène et de Zeus, qui avait pris l’apparence d’Amphitryon afin de
s’unir à la femme de celui-ci. Hercule a un frère jumeau, Iphiclès, véritable enfant
d’Amphitryon. La colère d’Héra, la femme de Zeus, contre Hercule a des effets avant même
sa naissance. Elle contourne notamment la prédiction de Zeus afin d’empêcher Hercule de
devenir roi et met à sa place son cousin Eurysthée, plaçant de fait Hercule sous son pouvoir.
Hercule s’illustre dès sa jeunesse par sa force impressionnante et connaît quelques
aventures avant celles des Travaux. Cela lui permet notamment d’épouser Mégara, fille de
Créon, roi de Thèbes, dont il a plusieurs enfants. Cependant, dans un excès de folie envoyé
par Héra, Hercule tue ses enfants. Afin d’expier cette faute, la pythie de l’oracle d’Apollon lui
demande de prendre le nom d’Hercule qui signifie « la gloire d’Héra » et de se mettre au
service de son cousin Eurysthée afin d’accomplir Douze Travaux qui permettront de délivrer
le monde de certains monstres. Ces Travaux bien qu’effectués au service d’Eurysthée, sont à
l’instigation de la déesse Héra et à la gloire de celle-ci. Lors de ses travaux, Hercule tue le lion
de Némée dont il récupère la peau pour s’en vêtir et en fait ainsi un de ses attributs. Il tue
aussi l’Hydre de Lerne et les oiseaux du lac Stymphale. Il capture le sanglier d’Erymanthe, la
biche de Cérynie, le taureau de Crète, les juments de Diomède ainsi que les bœufs de
Géryon. Il est aussi chargé de rapporter la ceinture de la reine des Amazones Hippolyté, de
remonter le chien Cerbère des Enfers, de nettoyer les écuries du roi Augias et enfin, d’aller
cueillir les pommes d’or des Hespérides. En plus des exploits accomplis par Hercule durant le
cycle des travaux, il accomplit de nombreuses expéditions militaires, le plus souvent guidées
par une volonté de vengeance. D’autres aventures secondaires ont lieu durant les Travaux
ou pendant la période d’esclavage auprès d’Omphale.
Jean-Baptiste Regnault, Allégorie relative à la Déclaration des droits de l’homme,
huile sur toile, 1790. Inv. 743 (Salle 25)
Au centre de la composition apparaît Athéna, rédigeant la Déclaration des droits de
l’homme, sous le regard de la Prudence et de la Justice. Hercule aide la France à placer un
buste représentant Louis XVI sur un piédestal. Dans le ciel, le Temps apparaît, associé à la
Vérité qu’il dévoile. Sont aussi présents La Fayette, une foule représentant le peuple insurgé
et Bailly, maire de Paris durant la période révolutionnaire.
Cette esquisse de Jean-Baptiste Regnault (1754-1829) a été présentée en 1790 à la
Commune de Paris pour un tableau qui ne semble finalement pas avoir été exposé. Il s’agit
d’une allégorie de la Déclaration des droits de l’homme qui mêle à la fois des personnages
contemporains des évènements, mais aussi des figures mythologiques.
Athéna apparaît, de manière traditionnelle, comme une jeune femme en armure, coiffée
d’un casque et armée d’un bouclier et d’une lance, posés à ses pieds. Elle est parfois
accompagnée d’une chouette, son animal sacré, qui symbolise le discernement. Athéna est à
la fois la déesse de la guerre et de la sagesse. Elle combat pour maintenir l’ordre et les lois,
en opposition au dieu Arès ou Mars, qui représente la guerre violente et brutale. Athéna est
aussi la protectrice des sciences, des arts et de certaines activités domestiques comme le
tissage. Selon la légende, Athéna est la fille du dieu Zeus et de la titanide Mêtis. Une
prédiction a annoncé à Zeus que si une fille naissait de son union avec la titanide, un fils
suivrait et lui prendrait le pouvoir. Il décide donc d’avaler la mère afin de l’empêcher de
mettre l’enfant au monde. Mais Zeus est pris d’un violent mal de tête et, pour le soulager, le
dieu Héphaïstos lui fend le crâne à l’aide de sa hache. Athéna sort alors du crâne de Zeus,
adulte, toute en armure et poussant un cri de guerre. Hercule apparaît à proximité d’Athéna
avec sa peau de lion sur les épaules mais sans sa massue. Comme la déesse, il représente la
force mais Athéna possède en plus la sagesse et l’intelligence. Hercule est d’ailleurs l’un de
ses protégés à qui elle prête assistance durant ses épreuves. Chronos, lui aussi, est figuré de
manière traditionnelle, sous la forme d’un vieil homme barbu avec des ailes dans le dos et
tenant un sablier à la main. Il peut aussi avoir une faux ou une serpe comme attribut. Cette
entité, qui symbolise le temps, est peu à peu associée à la figure du titan Cronos, père des
Olympiens. Il s’agit pourtant, à l’origine, de deux figures distinctes.
Ces figures de dieux antiques sont le moyen d’apporter une valeur morale au discours
présent dans l’œuvre. En effet, le modèle antique est présent, ici, pour présider aux sages
décisions avec en figure centrale la déesse Athéna, symbole de la sagesse et de l’intelligence,
qui signe la Déclaration des droits de l’homme rédigée pendant la Révolution française qui
met fin au régime monarchique. La figure mythologique apporte une forme de légitimation
aux évènements et aux bouleversements révolutionnaires. Cette image est accentuée par la
présence de la Justice et de la Prudence qui la conseillent. Cette esquisse est aussi
caractérisée par le mélange rare de représentations de personnages contemporains et de
dieux antiques.
Manufacture de Jouy, Le char d’Aurore, plaque de cuivre. Inv. 1438 (Salle 29)
Sur cette plaque de cuivre, Apollon est représenté conduisant le char du Soleil tiré par des
chevaux. Devant lui, Aurore dissipe les ténèbres en jetant des fleurs et l’enfant ailé portant
un flambeau représente Eosphore, l’astre du matin. Enfin, les jeunes femmes qui entourent
le char sont les heures. La plaque de cuivre est une des techniques d’impression sur tissu
permettant de créer la toile de Jouy à partir du XVIIIe siècle. Aux motifs géométriques,
floraux ou végétaux, viennent s’ajouter des scènes inspirées de l’antiquité et de la
mythologie. Ce procédé est utilisé en Irlande à partir des années 1750 puis par la
manufacture de Jouy en 1770 essentiellement pour les décors historiés, c'est-à-dire avec des
représentations de scènes dans lesquelles des personnages sont présents. L’utilisation de la
plaque de cuivre avec les dessins gravés en creux permet d’obtenir des reproductions de très
bonne qualité, avec beaucoup de finesse, proche des estampes.
Apollon est le fils de Léto et de Zeus, et le frère d’Artémis. Léto subit la colère d’Héra qui la
poursuit sur toute la Terre pour l’empêcher de mettre ses enfants au monde. Apollon est un
dieu ambivalent qui peut être à la fois bienveillant ou malfaisant. Il est aussi l’inventeur de la
musique et le chef du chœur des Muses. Il est associé à la figure du Soleil dont il conduit le
char. Il est représenté comme un jeune homme d’une grande beauté et la tête auréolée de
lumière, mais aussi conduisant le char du soleil. Ses attributs sont l’arc, la flèche, le carquois,
la lyre et le laurier.
Le laurier comme attribut du dieu vient du mythe d’Apollon et Daphné. Cet épisode démarre
à l’instigation du dieu Amour qui décide de se venger d’Apollon qui s’était moqué de ses
capacités d’archer. Pour cela, Amour tire une flèche en plomb, qui déclenche l’aversion, sur
la nymphe Daphné, et une flèche en or, qui déclenche la passion, sur Apollon. Apollon,
amoureux de Daphné, la poursuit sans relâche alors qu’elle tente de la fuir par tous les
moyens. Il est sur le point de l’attraper lorsqu’elle se transforme finalement en laurier.
Désespéré par sa perte, Apollon, décide que le laurier deviendra sa plante sacrée.
Latone, la mère d’Apollon et de Diane est au cœur de nombreux mythes. Tout d’abord, celui
relatif à la naissance de ses enfants, mais aussi concernant le châtiment qu’elle inflige aux
paysans de Lycie. Après la naissance de Diane et d’Apollon, Héra continue de persécuter
Latone qui erre avec ses enfants pour échapper à la déesse. Alors qu’elle arrive en Lycie,
épuisée et assoiffée, elle aperçoit un petit étang autour duquel des paysans travaillent. Sous
l’insistance d’Héra, les paysans empêchent Latone de boire à l’étang et vont même jusqu’à
troubler l’eau en y pataugeant. Pour les punir, Latone les transforme en grenouilles.
Les muses sont des déesses grecques qui président à l’inspiration poétique et à toutes les
activités intellectuelles. Elles sont aussi les chanteuses divines et sont donc étroitement
associées au dieu de la musique, Apollon, qui dirige leur chœur. Leurs chants réjouissent les
dieux et inspirent les poètes. Les muses, filles de Zeus et de Mnémosyne (la mémoire), sont
au nombre de neuf et chacune possède correspond à un domaine particulier. Calliope pour
la poésie épique, Clio pour l’histoire, Polymnie pour les hymnes héroïques, Euterpe pour la
poésie lyrique, Melpomène pour la tragédie, Terpsichore pour la danse, Erato pour la poésie
amoureuse, Thalie pour la comédie et la poésie légère et enfin Uranie pour l’astronomie.
Jean-Antoine Houdon, Diane chasseresse, plâtre patiné façon terre cuite. Inv. 701. (Salle 3)
Diane est ici présentée comme une jeune femme grande, mince et belle. Elle est nue et
porte les cheveux attachés. Ses principaux attributs sont l’arc et les flèches, on la reconnait
aussi au croissant de lune posé dans ses cheveux.
Diane est la fille de Zeus et de Léto et la sœur jumelle
d’Apollon. Elle protège la chasteté et les jeunes filles avant le
mariage. Diane est donc présentée comme une déesse vierge
armée d’un arc qu’elle utilise pour pratiquer la chasse. C’est
une déesse qui n’hésite pas à intervenir par les armes et qui
fait de nombreuses victimes. Elle est très attachée à son frère
qu’elle a aidé à mettre au monde, et à sa mère pour laquelle
elle n’hésite pas à intervenir lorsque celle-ci est menacée ou
insultée. Diane vit dans les bois et les montages et est
traditionnellement associée aux figures des nymphes qui
composent sa suite. L’arc et les flèches de Diane ont été forgés par le dieu forgeron
Héphaïstos et par les cyclopes.
Une des légendes attachées à la figure de Diane est celle d’Actéon qui subit la colère de la
déesse : jeune chasseur très habile qui a appris son art aux côtés du centaure Chiron, qui a
éduqué de nombreux héros, Actéon surprend Diane, lors d’une chasse qui prend un bain
dans une source, entourée des nymphes. Diane s’aperçoit de sa présence et, furieuse qu’il
l’ait vu nue, le punit en le transformant en cerf. Alors qu’il s’enfuit dans la forêt il est
pourchassé et tué par ses propres chiens.
Cette sculpture est caractéristique de l’inspiration antique par ses formes naturelles. Cellesci sont particulièrement visibles dans la représentation du nu par Houdon qui a choqué ses
contemporains. Elle a notamment été refusée aux Salons de 1775 et 1777 en raison de son
« inconvenance ». Houdon a donc repris sa Diane afin d’effacer les signes sexuels qui étaient
trop évidents sur sa première version.
Houdon conçoit par plaisir la première version de sa Diane dès 1775. Il s’agit d’une sculpture
en marbre conservée à la fondation Gulbenkian de Lisbonne. Elle a ensuite été reproduite
dans de nombreuses matières avec des tailles variées. On retrouve, entre autres, trois
reproductions en bronze conservées au musée du Louvre, au musée des Beaux Arts de Tours
et à la Huntington Art Gallery de San Marino en Californie. Le bronze du Louvre a
notamment connu un grand succès qui à entraîné la production de très nombreuses
réductions en bronze ou en plâtre patiné.
III.2 – Visite « l’Antiquité rêvée»
Au XVIIIe siècle, l’antiquité connaît à nouveau un engouement inégalé. Synonyme tour à tour
de pureté, de moralité, de canon dans les formes et dans la technique, elle ébranle les
mentalités et les arts et constitue le rêve d’une société soucieuse de se transformer.
1e Etage – Salle 15
Vénus et Cupidon (porcelaine de la manufacture de Meissen) => critiques de l’antique
superficiel et décoratif dans les arts au milieu du XVIIIe siècle.
1e Etage – Salle 9
François-Albert Stiemart , Léda et le Cygne => Retour sur la Renaissance (copie)
1e Etage – Salle 13
Pots à lait (porcelaine de la manufacture de Sèvres) => évolution de l’antique dans les arts
(« goût à l’étrusque » issu du grotesque)
Etienne-Maurice Falconet, Nymphe => évolution de l’antique dans les arts (naturel et
simplicité)
Carle van Loo, Enée portant Anchise => évolution de l’antique dans les arts (héroïsme)
Hubert Robert, Alexandre cherchant le tombeau d’Achille => place de l’antique dans
l’apprentissage des arts (ruines)
2e Etage – Salle 28
Pierre-Antoine Demachy, Caprice architectural avec le château de Clagny à Versailles =>
évolution de l’antique dans l’art (sublime)
Hyacinthe Collin de Vermont, Cyrus déplore la mort d’Abradate et console Penthée =>
évolution de l’antique dans l’art (clarté du discours)
2e Etage – Salle 25
Jean-Baptiste Regnault, Allégorie de la Déclaration des Droits de l’homme => recherche de
moralité
Jean-François Janinet, La Liberté => recherche de moralité
RDC – Salle 2
Jean-Antoine Houdon, Voltaire => Les Grands hommes (antiquité/nu)
RDC – Salle 3
Jean-Antoine Houdon, Diane chasseresse => Les Grands hommes (antiquité/nu)
-
de visite
élèveélève
III.2 Support
- A Support
de visite
- B Support de visite enseignant
- L'ANTIQUITÉ RÊVÉE
De l'antique superficiel et décoratif vers l'antique sérieux et véritable
Jusque dans les années 1740, l'antiquité est appréciée et
comprise sous l'angle plaisant des ………… des Dieux, de la
verve épique des aventures de héros légendaires. Elle est
traduite, dans les arts, par des formes légères et animées,
aux couleurs ………………… , correspondant à la vision d'un
monde bienheureux. La peinture, avec François Boucher,
ou la porcelaine avec les ateliers de Meissen en Saxe
(Allemagne) traduisent ce goût raffiné et tourné vers
l'artifice.
Venus et Cupidon, porcelaine de Meissen, vers 1740
Cependant, quelques artistes, savants, intellectuels s'insurgent peu à peu contre cette vision
superficielle de l'antiquité. Charles - Nicolas Cochin, dessinateur, initie les critiques avec un texte
dans lequel il pointe la …………………………. du goût ambiant. Il avait fait un voyage en Italie,
accompagné du marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour et futur surintendant des
bâtiments du Roi, de l'abbé de Saint Non, et de Soufflot, l'architecte, jusqu'à …………… où ils visitent
les fouilles de Paestum, et les premières salles découvertes à Pompéi et Herculanum en 1747.
En 1747 aussi, Etienne Lafont de Saint-Yenne avec la publication de ses Réflexions dénonce le
manque de …………………… dans l'évocation de l'histoire antique, et propose un concours afin de
régénérer la peinture d'histoire (mythologie, histoire, sujets religieux).
En parallèle, il propose d'introduire un nouveau programme à ……………………………. , où l’on
forme des artistes, avec l'étude systématique de l'Iliade et l'Odyssée, l'Enéide de Virgile, l'art poétique
d'Horace. Le comte de Caylus, un amateur érudit collectionneur d'antiques, conforte cette réforme
de l'enseignement en proposant de rendre accessible, dans un manuel, de nouveaux sujets de
peinture et de sculpture basés sur …………………………………………….., tirés d'Homère et de l'histoire
d'Hercule.
Johann Joachim Winckelmann, secrétaire du cardinal Albani à Rome, grand collectionneur
d'antique et grand savant, publie ses Pensées sur l'imitation des œuvres grecques en peinture et en
sculpture en 1755, l'histoire de l'art chez les Anciens en 1764. Il y prône la "………………………….. et la
grandeur tranquille" des sculptures antiques, en les érigeant en modèle inégalable.
Ainsi, les artistes renouvellent leur manière d'appréhender l'antiquité, cherchent plus la
précision, le contact avec …………………………………, notamment à Rome où ils continuent de parfaire
leur formation lorsqu'ils ont réussi le « …………………………… » à la fin de leurs études. Certains parfois
essaient de retrouver même les ……………………………… de l’Antiquité, utilisant par exemple la peinture
à l'encaustique (à la cire) refusant l'usage de …………………………… à l'instar des exemples de Pompéi,
ou préférant simplifier les contours (comme sur les ……………………………..).
Retour sur la Renaissance
Beaucoup
aussi
reviennent
sur
leurs
prédécesseurs, ceux qui les premiers ont découvert
l'antique dans le sol de Rome: les intellectuels et les
artistes de la Renaissance, en particulier l’artiste qui
pendant longtemps est considéré comme l'artiste le plus
remarquable de cette période, ……………….. Ainsi, au
XVIIIe siècle, les artistes de la Renaissance sont très
recherchés, et vendus très cher. C'est pourquoi, en
France, le peintre François Stiemart se fait une spécialité
de …………………….. Sa carrière est bien remplie puisqu'il
travaille pour le Roi Louis XV notamment, à la copie
d'œuvres très célèbres, comme Léda et le Cygne du
peintre vénitien Corrège (le tableau original, de 1532
environ, est conservé à Dresde à la Gemmaldegalerie).
F. Stiemart, Leda et le cygne, vers 1725
Les solutions pour mieux évoquer l'antique dans les arts
Pots à lait, porcelaine de Sèvres, vers 1780
Partant de la Renaissance, certains artistes se
tournent vers un goût dit « étrusque » inspiré
par les décors de «…………………………….. » de la
Renaissance, (les décors antiques trouvés
dans les restes de demeures romaines, qui
avaient été confondues avec des grottes) et
par une sculpture aux formes longilignes, aux
petites têtes coiffées de perles, au plissé
mouillé, très apprécié au XVIe siècle, comme
dans les bas-reliefs
de la frise des
………………………. au Parthénon à Athènes, par
le sculpteur Phidias (Ve siècle avant Jésus
Christ).
D'autres se tournent vers plus de ………………………………. , comme Falconet avec sa
Nymphe, qui rappelle sa ………………………… s'animant sous les doigts du sculpteur
Pygmalion (1761) tellement admirée par Denis Diderot pour son réalisme.
D'autres préfèrent rester dans l'évocation passionnée
de l'héroïsme antique, avec une touche
………………………………..
,
des
couleurs
………………………………… , qui rappellent le grand goût
du XVIIe siècle. C'est le cas de Carle van Loo et de son
Enée portant Anchise (1729).
C. Van Loo, Enée
portant Anchise, 1729
D'autres encore retiennent ce qui les frappe le plus à
Rome, c'est-à dire les …………………. . Ils y développent une
philosophie qui en dépend, méditative, autour du temps
qui passe, et de la faiblesse des œuvres de l'homme face à
la …………………………… . Hubert Robert, appelé encore
« ……………………. », en est l'un des plus grands
représentants.
H. Robert, Alexandre cherchant le tombeau d’Achille, vers 1754
Certains encore sont frappés par les idées relatives à la philosophie du « sublime », développée par
Addison et Edmund Burke en Angleterre. Inaccessible, grandiose, le sublime est l’objet de
……………………………. qui nous dépassent, déclenchées par la peur, l’étonnement, l’instabilité. C’est
ainsi que l’Antique peut-être perçu en effet, mystérieux, inconnu, ou impressionnant par sa
monumentalité.
H. Collin de Vermont, Cyrus déplore la mort
d’Abradate, vers 1735
PA. Demachy, vue de fantaisie avec le château de Clagny,
vers 1771
Enfin, certains reprennent les modèles des ………………………. antiques et classiques, en frise,
privilégiant la clarté du discours et la concentration des émotions, comme Hyacinthe Collin de
Vermont et son Histoire de Cyrus. Mais parfois, ……………………. même des émotions est préconisée,
car l'antique noble, froid, supérieur, ne semble pas éprouver de sentiments tourmentés. C'est le cas
de Raphael Mengs, un peintre d’origine allemande, qui œuvre à Naples.
L'antique et la recherche de la moralité.
A la recherche d’une antiquité éloignée des jolies histoires des amours des Dieux, où les vices
règnent de façon magistrale, le XVIIIe siècle revendique plus de morale et, dans l’Antique, pense
trouver des exemples de vertu. Cornélie mère des Gracques préfère ……………….. à toute autre forme
de richesse, les femmes de Rome donnent ………………… pour sauver la République, ………………………
brave le danger aux Thermopyles, Brutus se voue à la …………………. ; autant de sujets qui forment des
« exemples de vertu » (« exempla virtutis » en latin) et permettent de modeler les consciences.
Diderot s’émerveille alors devant les tableaux de Greuze, qui célèbrent la piété filiale, le respect, le
courage.
J.F. Janinet, la liberté,
aquatinte, 1792
J.B. Regnault, Allégorie de la signature de la déclaration des
droits de l’homme et du citoyen, 1792
Pour illustrer le changement de régime, la recherche de la pureté dans les idées et les
comportements, la Révolution choisit ainsi l’antique afin de raconter son Oeuvre, et de créer des
images capables d’édifier le peuple.
Les grands hommes
Depuis l’Antiquité, « le grand homme » est érigé en modèle. Achille forme un exemple pour
……………………………, qui lui-même rassemblera toutes les qualités du héros exemplaire. Cependant, la
question du grand homme revient au XVIIIe siècle dans toute sa complexité. Qu’est ce qu’un grand
homme véritablement, et qu’est ce qui le différencie du héros, qu’est ce qui définit la gloire ? S’agit-il
de victoire militaire, de force, de grandeur d’âme, d’intelligence ? Rousseau, Voltaire, Diderot
s’emparent du sujet.
J.B. Pigalle, Voltaire nu, 1776, musée du Louvre
J.A. Houdon, Voltaire, 1777
J.A. Houdon, Diane chasseresse, 1777
Et comment alors représenter le grand homme ? …………….. , à la manière du héros grec, le « kouros »
ou au contraire habillé de tout accessoire permettant de restituer le contexte ? Bientôt la nudité
forme un sujet de discussion à part entière. Si le nu constitue la base de l’apprentissage des élèves à
l’Académie, tant en peinture qu’en sculpture, et constitue une référence, il peut être regardé de
façon variée. Un nu raide, dans une pose outrée, qui fait …………………….. , ou bien au contraire un nu
détendu, au repos, naturaliste, (comme le souhaite Winckelmann), et parfois tellement détaillé qu’il
pourrait soulever l’émotion des gens trop prudes ? Houdon a choisi la deuxième option, et en effet a
dû remettre la main à sa Diane, considérée comme ………………………. lors de sa présentation au public
en1777
L'ANTIQUITÉ RÊVÉE
De l'antique superficiel et décoratif vers l'antique sérieux et véritable
Jusque dans les années 1740, l'antiquité est appréciée et
comprise sous l'angle plaisant des amours des Dieux, de la
verve épique des aventures de héros légendaires. Elle est
traduite, dans les arts, par des formes légères et animées,
aux couleurs douces et fines, correspondant à la vision
d'un monde bienheureux. La peinture, avec François
Boucher, ou la porcelaine avec les ateliers de Meissen en
Saxe (Allemagne) traduisent ce goût raffiné et tourné vers
l'artifice.
Venus et Cupidon, porcelaine de Meissen, vers 1740
Cependant, quelques artistes, savants, intellectuels s'insurgent peu à peu contre cette vision
superficielle de l'antiquité. Charles - Nicolas Cochin, dessinateur, initie les critiques avec un texte
dans lequel il pointe la dégénérescence du goût ambiant. Il avait fait un voyage en Italie,
accompagné du marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour et futur surintendant des
bâtiments du Roi, de l'abbé de Saint Non, et de Soufflot, l'architecte, jusqu'à Naples où ils visitent les
fouilles de Paestum, et les premières salles découvertes à Pompéi et Herculanum en 1747.
En 1747 aussi, Etienne Lafont de Saint-Yenne avec la publication de ses Réflexions dénonce le
manque de rigueur dans l'évocation de l'histoire antique, et propose un concours afin de régénérer
la peinture d'histoire (mythologie, histoire, sujets religieux).
En parallèle, il propose d'introduire un nouveau programme à l'Académie de peinture, où
l’on forme des artistes, avec l'étude systématique de l'Iliade et l'Odyssée, l'Enéide de Virgile, l'art
poétique d'Horace. Le comte de Caylus, un amateur érudit collectionneur d'antiques, conforte cette
réforme de l'enseignement en proposant de rendre accessible, dans un manuel, de nouveaux sujets
de peinture et de sculpture basés sur des suites de tableaux transposables, tirés d'Homère et de
l'histoire d'Hercule.
Johann Joachim Winckelmann, secrétaire du cardinal Albani à Rome, grand collectionneur
d'antique et grand savant, publie ses Pensées sur l'imitation des œuvres grecques en peinture et en
sculpture en 1755, l'histoire de l'art chez les Anciens en 1764. Il y prône la "noble simplicité et la
grandeur tranquille" des sculptures antiques, en les érigeant en modèle inégalable.
Ainsi, les artistes renouvellent leur manière d'appréhender l'antiquité, cherchent plus la
précision, le contact avec les modèles antiques, notamment à Rome où ils continuent de parfaire
leur formation lorsqu'ils ont réussi le « prix de Rome » à la fin de leurs études. Certains parfois
essaient de retrouver même les techniques de l’Antiquité, utilisant par exemple la peinture à
l'encaustique (à la cire) refusant l'usage de la perspective, à l'instar des exemples de Pompéi, ou
préférant simplifier les contours (comme sur les vases grecs).
Retour sur la Renaissance
Beaucoup
aussi
reviennent
sur
leurs
prédécesseurs, ceux qui les premiers ont découvert
l'antique dans le sol de Rome: les intellectuels et les
artistes de la Renaissance, en particulier l’artiste qui
pendant longtemps est considéré comme l'artiste le plus
remarquable de cette période, Raphaël. Ainsi, au XVIIIe
siècle, les artistes de la Renaissance sont très
recherchés, et vendus très cher. C'est pourquoi, en
France, le peintre François Stiemart se fait une spécialité
de copiste. Sa carrière est bien remplie puisqu'il travaille
pour le Roi Louis XV notamment, à la copie d'œuvres
très célèbres, comme Léda et le Cygne du peintre
vénitien Corrège (le tableau original, de 1532 environ,
est conservé à Dresde à la Gemmaldegalerie).
F. Stiemart, Leda et le cygne, vers 1725
Les solutions pour mieux évoquer l'antique dans les arts
Pots à lait, porcelaine de Sèvres, vers 1780
Partant de la Renaissance, certains artistes se
tournent vers un goût dit « étrusque » inspiré
par les décors de « grotesque » de la
Renaissance, (les décors antiques trouvés
dans les restes de demeures romaines, qui
avaient été confondues avec des grottes) et
par une sculpture aux formes longilignes, aux
petites têtes coiffées de perles, au plissé
mouillé, très apprécié au XVIe siècle, comme
dans les bas-reliefs
de la frise des
Panathénées au Parthénon à Athènes, par le
sculpteur Phidias (Ve siècle avant Jésus
Christ).
D'autres se tournent vers plus de naturel et de simplicité, comme Falconet avec sa
Nymphe, qui rappelle sa Galatée s'animant sous les doigts du sculpteur Pygmalion
(1761) tellement admirée par Denis Diderot pour son réalisme.
D'autres préfèrent rester dans l'évocation passionnée
de l'héroïsme antique, avec une touche vibrante,
tournoyante, empâtée, des couleurs animées et
charnues, qui rappellent le grand goût du XVIIe
siècle. C'est le cas de Carle van Loo et de son Enée
portant Anchise (1729).
C. Van Loo, Enée
portant Anchise, 1729
D'autres encore retiennent ce qui les frappe le plus à
Rome, c'est-à dire les ruines. Ils y développent une
philosophie qui en dépend, méditative, autour du temps
qui passe, et de la faiblesse des œuvres de l'homme face à
la nature triomphante. Hubert Robert, appelé encore
« Robert des ruines », en est l'un des plus grands
représentants.
H. Robert, Alexandre cherchant le tombeau d’Achille, vers 1754
Certains encore sont frappés par les idées relatives à la philosophie du « sublime », développée par
Addison et Edmund Burke en Angleterre. Inaccessible, grandiose, le sublime est l’objet de sensations
qui nous dépassent, déclenchées par la peur, l’étonnement, l’instabilité. C’est ainsi que l’Antique
peut-être perçu en effet, mystérieux, inconnu, ou impressionnant par sa monumentalité.
H. Collin de Vermont, Cyrus déplore la mort
d’Abradate, vers 1735
PA. Demachy, vue de fantaisie avec le château de Clagny,
vers 1771
Enfin, certains reprennent les modèles des bas – reliefs antiques et classiques, en frise, privilégiant la
clarté du discours et la concentration des émotions, comme Hyacinthe Collin de Vermont et son
Histoire de Cyrus. Mais parfois, l'absence même des émotions est préconisée, car l'antique noble,
froid, supérieur, ne semble pas éprouver de sentiments tourmentés. C'est le cas de Raphael Mengs,
un peintre d’origine allemande, qui œuvre à Naples.
L'antique et la recherche de la moralité.
A la recherche d’une antiquité éloignée des jolies histoires des amours des Dieux, où les vices
règnent de façon magistrale, le XVIIIe siècle revendique plus de morale et, dans l’Antique, pense
trouver des exemples de vertu. Cornélie mère des Gracques préfère ses enfants à toute autre forme
de richesse, les femmes de Rome donnent leurs bijoux pour sauver la République, Léonidas
brave le danger aux Thermopyles, Brutus se voue à la République ; autant de sujets qui forment des
« exemples de vertu » (« exempla virtutis » en latin) et permettent de modeler les consciences.
Diderot s’émerveille alors devant les tableaux de Greuze, qui célèbrent la piété filiale, le respect, le
courage.
J.F. Janinet, la liberté,
aquatinte, 1792
J.B. Regnault, Allégorie de la signature de la déclaration des
droits de l’homme et du citoyen, 1792
Pour illustrer le changement de régime, la recherche de la pureté dans les idées et les
comportements, la Révolution choisit ainsi l’antique afin de raconter son œuvre, et de créer des
images capables d’édifier le peuple.
Les grands hommes
Depuis l’Antiquité, « le grand homme » est érigé en modèle. Achille forme un exemple pour
Alexandre le grand, qui lui-même rassemblera toutes les qualités du héros exemplaire. Cependant, la
question du grand homme revient au XVIIIe siècle dans toute sa complexité. Qu’est ce qu’un grand
homme véritablement, et qu’est ce qui le différencie du héros, qu’est ce qui définit la gloire ? S’agit-il
de victoire militaire, de force, de grandeur d’âme, d’intelligence ? Rousseau, Voltaire, Diderot
s’emparent du sujet.
J.B. Pigalle, Voltaire nu, 1776, musée du Louvre
J.A. Houdon, Voltaire, 1777
J.A. Houdon, Diane chasseresse, 1777
Et comment alors représenter le grand homme ? Nu, à la manière du héros grec, le « kouros » ou au
contraire habillé de tout accessoire permettant de restituer le contexte ? Bientôt la nudité forme un
sujet de discussion à part entière. Si le nu constitue la base de l’apprentissage des élèves à
l’Académie, tant en peinture qu’en sculpture, et constitue une référence, il peut être regardé de
façon variée. Un nu raide, dans une pose outrée, qui fait ressortir les muscles, ou bien au contraire
un nu détendu, au repos, naturaliste, (comme le souhaite Winckelmann), et parfois tellement détaillé
qu’il pourrait soulever l’émotion des gens trop prudes ? Houdon a choisi la deuxième option, et en
effet a dû remettre la main à sa Diane, considérée comme choquante lors de sa présentation au
public en 1777.
III.2 – C Œuvre développées - Visite « l’Antiquité rêvée »
Vénus et Cupidon, porcelaine de Meissen, années 1730. Inv. 1691 (salle 15)
Cette porcelaine de Meissen représente la déesse Vénus et son
fils, le dieu Cupidon. Vénus est la déesse de la beauté et son fils
est le dieu de l’amour. Ils sont donc une parfaite illustration de
cet intérêt pour l’antiquité du point de vue mythologique avec
plus particulièrement les légendes concernant les amours des
dieux et les aventures des héros. L’utilisation de la porcelaine
pour créer des figures mythologiques montre le raffinement de
cette thématique dans l’art. Les formes sont légères et animées
et présentent des couleurs claires. Il s’agit d’une représentation
très délicate et frivole, presque superficielle. Cette vision est
cependant remise en cause à la fin du XVIIIe siècle. Elle est critiquée en raison du caractère
purement décoratif de l’antiquité qu’elle propose. En effet, elle ne s’appuie sur aucune
forme réelle issue de la période et ne vise qu’à plaire.
Pots à lait avec couvercles, porcelaine dure de Sèvres, 1785. Inv. 2001.1 (1-2) et 2001.2 (12) (salle 13)
Ces deux pots à lait sont des pièces de céramique
effectuées en porcelaine de Sèvres d’après un modèle
dessiné par Louis-Simon Boizot. Les décorations sont
composées de motifs peints reprenant des motifs végétaux
et des arabesques, ainsi que des petites scènes de caprice.
La délicatesse de la porcelaine est accentuée par des
couleurs douces dans des tons clairs et des ornements
végétaux encadrant un décor champêtre.
Diverses formes ont permis d’évoquer l’antique de manière plus juste dans les productions
artistiques. C’est le cas ici avec ce pot à lait en porcelaine de Sèvres décoré avec des formes
rappelant le goût dit « étrusque » issue des décors de « grotesque » de la Renaissance.
Le décor dit de « grotesque » apparaît suite aux découvertes effectuées peu à peu à Rome
sous la houlette de Raphaël. De très nombreux décors antiques ont alors été retrouvés dans
les restes de demeures comme celles de la Domus aurea (maison dorée), le palais de Néron.
Celles-ci étant partiellement enfouies, elles sont tout d’abord apparues lors des découvertes
comme des grottes. C’est ce qui donne son nom à ce type de décorations artistiques qui
évolue aux XVIIe et XVIIIe siècles vers un goût dit « étrusque », notamment grâce aux
découvertes de Dominique-Vivant Denon qui établit un livre dans lequel il précise les
différentes formes de vases antiques, mais aussi avec les décors réalisés pour MarieAntoinette à la laiterie de Rambouillet. C’est le comte d’Angiviller, directeur des bâtiments
du roi et à la tête de la manufacture de Sèvres, qui est chargé de décoré la laiterie destinée à
la reine. Il engage une réforme de style au sein de la manufacture avec une mise en valeur
de l’ « étrusque », caractérisé par l’utilisation de décors en arabesque, de motifs végétaux,
animaux ou architecturaux, ou encore de petites figures de fantaisie. En 1785, il achète à
Vivent Denon, une collection de 525 poteries antiques déposées à la manufacture afin de
servir de modèle. La plupart des pièces du service de Marie-Antoinette ont été dessinées par
Louis-Simon Boizot.
François-Albert Stiemart, Jupiter et Léda, huile sur toile, 1725. Inv. 1047. (Salle 9)
Dans ce tableau de François-Albert
Stiemart, Léda est représentée nue, au
bain. Elle enlace un cygne, qui représente
Zeus, venu s’unir à elle. Le bec du cygne
est posé contre la joue de Léda qui penche
la tête vers lui dans un geste visible de
tendresse.
Léda est la fille du roi d’Etolie Thestios, et
d’Eurythémisté. Elle épouse Tyndare, roi
de Sparte, après que celui-ci se soit réfugié
à la cour du roi Thestios, chassé de son
propre royaume par son demi-frère
Hippocoon. Zeus découvre Léda alors qu’elle se baigne dans le fleuve Eurotas. Il se présente
à elle sous l’apparence d’un cygne et de cette union vont naître Castor et Clytemnestre,
sortis d’un œuf. Léda, qui s’était aussi unie à son mari Tyndare, pond un deuxième œuf qui
donne naissance à Pollux et Hélène. Il existe différentes variantes de la légende relatives aux
enfants de Léda et à son union avec Zeus sous la forme d’un cygne.
Léda est traditionnellement représentée près d’un cygne qu’elle enlace et qui représente
Zeus. Très souvent, des œufs sont à ses pieds afin de rappeler la naissance des enfants
conçus lors de cette union.
Le tableau est une commande royale effectuée en 1725. Il s’agit d’une copie du tableau de
1531 du Corrège (conservé au Staatliche Museum de Berlin), effectuée avant la mutilation
du visage de Léda sur le tableau original. Celle-ci avait été jugée trop expressive. Le travail de
copie d’œuvres des grands artistes de la Renaissance est une des spécialités de Stiemart qui
effectue de nombreux travaux célèbres pour le roi Louis XV.
En effet, au XVIIIe siècle, le marché de l’art Renaissance connaît un développement
extrêmement important et le prix des œuvres ne cesse d’augmenter, ce qui entraine la
pratique des copies, plus facilement accessibles.
Etienne-Maurice Falconet, Nymphe des Bois, biscuit de porcelaine de la
manufacture de Sèvres, inv. 1710. (Salle 13)
Falconet représente ici une nymphe. Le biscuit de porcelaine
est remarquable par sa finesse et la simplicité avec laquelle il
représente la jeune femme.
Les nymphes incarnent la grâce et les beautés de la nature. La
plupart d’entre elles sont les filles de Zeus et accompagnent
d’autres divinités. Il existe plusieurs catégories de nymphes en
fonction de leur lieu de vie. Les Méliades sont les plus
anciennes des nymphes, issues du sang d’Ouranos mutilé par
Cronos, elles vivent dans les frênes. Les Naïades sont les
nymphes des sources et cours d’eau, les Néréides sont
associées à la mer calme, les Oréades aux montagnes, les
Alséides aux bois, les dryades aux arbres et enfin, les
Océanides à la mer. Certaines d’entre elles peuvent aussi être attachées à un lieu particulier.
Ces déesses sont considérées comme des divinités secondaires dont les pouvoirs sont
restreints mais elles peuvent être redoutables.
De nombreuses nymphes sont connues pour leurs amours avec d’autres dieux ou de simples
mortels. Certaines de ces unions ont donné naissance à d’autres dieux mais surtout à des
héros. Clytie est une océanide tombée amoureuse du soleil, qui va se transformer en
tournesol suite au chagrin d’avoir été rejetée. Eurydice est une dryade, épouse du poète
Orphée qui va la chercher en enfer avant de la perdre à nouveau en rompant sa promesse de
ne pas la regarder avant d’avoir rejoint la Terre. La nymphe Echo, repoussée par Narcisse, se
consume jusqu’à ce qu’il ne reste plus que sa voix. Narcisse est d’ailleurs le fils d’une
nymphe, Liriopé. Thétis, une néréide, a donné naissance au héros grec Achille, personnage
essentiel de la guerre de Troie et au cœur du récit de l’Iliade.
La représentation de l’antique prend de nombreuses formes au XVIIIe siècle et notamment
la simplicité des œuvres qui est une des caractéristiques de l’antique particulièrement mise
en avant par le théoricien et critique d’art Johann Joachim Winckelmann. Pour cet historien
de l’art allemand, l’art grec est « noble simplicité et calme grandeur », et possède les
caractéristiques absolues du beau. C’est aussi la simplicité et le naturel de l’œuvre qui sont
louée par Denis Diderot face à la représentation de Pygmalion et Galatée d’Etienne-Maurice
Falconet, présentée au Salon de 1763.
Carle van Loo, Enée portant Anchise, huile sur toile. Inv. 1038. (Salle 13)
L’épisode peint par Carle Van Loo (1705-1765) est un des
récits les plus emblématiques de l’histoire d’Enée. Lors de la
chute de Troie, Enée se réfugie dans la montagne emmenant
avec lui son père Anchise, son fils Ascagne et sa femme
Créüse. Il réunit aussi les rescapés de la destruction de la ville
et fonde une nouvelle ville avant de poursuivre ses aventures.
Il n’existe pas d’attributs particuliers permettant de définir
Enée dans les représentations iconographiques. Il est
cependant généralement illustré par un épisode de sa vie. Ici,
Enée est un guerrier, portant sur son dos un vieillard,
Anchise, son père. L’enfant qui les suit en s’accrochant à Enée
est Ascagne, son fils. Cet enfant est parfois surnommé Iules et c’est lui qui, selon la légende,
est à l’origine de la famille (gens) Julia dont sont issus Jules César et l’empereur Auguste.
Une femme les accompagne, Créüse, la femme d’Enée, avec dans les bras une statue qui
symbolise les dieux de Troie (les pénates) qu’Enée a sauvé de la destruction de la ville. Troie
apparait en arrière-plan, en flammes, annonçant sa chute.
Enée est un héros troyen, fils de la déesse Aphrodite et du mortel Anchise dont la famille
descend de Zeus. Il est décrit par Homère, dans l’Iliade, comme l’un des plus valeureux
guerriers troyens après Hector. Il devient ensuite l’ancêtre légendaire des Romains à travers
le récit éponyme de Virgile, l’Enéide. Selon les récits, des prédictions promettent le pouvoir à
Enée. Celles-ci sont annoncées dès sa naissance. Enée prend part à la guerre de Troie et
affronte notamment Achille. Tout au long de cet épisode, Enée apparaît comme un héros
jouissant de la protection directe des dieux qui interviennent afin qu’il puisse accomplir son
destin. Après la chute de Troie, Enée effectue de nombreux voyages avant de pouvoir fonder
une ville, qui donnera naissance à Rome, rencontrant de nombreux obstacles avant d’y
parvenir.
Ce tableau de Carle van Loo marque une volonté de représenter l’antiquité de manière plus
juste dans les arts en s’appuyant directement sur les sources antiques, notamment tirées
des récits des grands auteurs. En effet, cet épisode est tiré de l’Enéide de l’auteur romain
Virgile. Cette œuvre, dont l’action se situe après la chute de Troie, peut être considérée
comme une suite à la célèbre Iliade d’Homère. Il y a donc une véritable continuité entre les
auteurs grecs et les auteurs latins qui s’inspirent largement du panthéon des divinités
grecques qui trouvent leurs correspondances à Rome. Les aventures des dieux sont toujours
très présentes dans les œuvres des auteurs romains comme Ovide dont les Fastes et les
Métamorphoses ont pour personnages principaux les dieux. De plus, la figure d’Enée permet
de mettre en avant l’héroïsme lié à l’antiquité, accentué par les couleurs animées et
charnues, et la touche vibrante, tournoyante et empâtée.
Les choix de Carle van Loo pour illustrer la vie
d’Enée sont comparables à ceux d’autres
peintres qui représentent l’épisode de la fuite
de Troie. C’est le cas notamment de Raphaël
dans la salle de l’incendie du Borgo au palais
du Vatican. Cette fresque monumentale
illustre un épisode relaté dans le Liber
Pontificalis. Il s’agit de l’incendie qui s’est
déclenché dans un bourg de Rome en 847 et
qui a été contenu par la bénédiction du pape Léon IV. Cependant, Raphaël place cet épisode
au second plan dans sa fresque pour mettre en avant la foule parmi laquelle le personnage
d’Enée, portant son père Anchise, et accompagné de sa femme et de son fils, est
particulièrement visible. L’incendie rappelle alors la chute de Troie et le fait que Rome est
une nouvelle Troie. On retrouve d’autres tableaux reprenant les mêmes caractéristiques
pour cet épisode de l’Enéïde. C’est le cas, par exemple, d’Enée fuyant Troie avec Anchise,
Ascagne et Créuse de Pompéo Batoni, conservé à la Galleria Sabauda de Turin, ou encore
d’Enée quittant Troie de Frederico Barocci, à la Galerie Borghèse à Rome.
Hubert Robert, Alexandre cherchant le tombeau d’Achille, huile sur toile, vers 1754.
Inv. 1032. (Salle 13)
Hubert Robert représente ici Alexandre cherchant le tombeau d’Achille. Cela rappelle deux
figures essentielles de l’Antiquité : Alexandre et Achille. Achille est le héros de l’Iliade qui
s’est illustré dans les combats de la guerre de Troie. Alexandre est un roi de Macédoine,
grand conquérant de l’Antiquité. Le choix de ces personnages peut s’expliquer par le fait que
la vie d’Alexandre était très exploitée dans le cadre de la formation qu’avait reçu Hubert
Robert. Mais cet épisode est surtout l’occasion pour Hubert Robert de représenter
l’architecture. On retrouve le forum, une colonne, un temple à colonnades, une pyramide. Il
s’agit de temples biens connus à Rome qu’Hubert Robert a recopiés puis associés les uns aux
autres dans sa composition. L’usure du temps est bien visible sur l’ensemble des monuments
qui présentent des parties abimées et de nombreuses pierres au sol rappellent qu’il s’agit de
ruines.
L’évolution des représentations de l’Antique apparaît aussi dans les représentations
architecturales des ruines antiques, alors redécouvertes en Italie depuis la Renaissance. Il
s’agit d’une source d’inspiration importante pour les artistes et notamment les peintres
comme Hubert Robert qui est un des plus grands représentants de la peinture de ruines. Il
est même surnommé « Robert des ruines ». Le goût pour les ruines antiques est si fort
qu’une philosophie en est issue, la « philosophie des ruines ».
Pierre-Antoine Demachy, Caprice architectural avec le château de Clagny à
Versailles, huile sur bois, vers 1771. Inv. 92.2.1 (salle 28)
Ce tableau de Pierre-Antoine Demachy représente le château de Clagny à Versailles, associé
à diverses autres formes architecturales, telles que le Colisée de Rome, dans une
atmosphère assombrie par un ciel orageux.
Pierre-Antoine Demachy a travaillé sur la peinture de ruines. Celles-ci sont notamment
présentes dans ses « vues de fantaisie », notamment ici, autour du château de Clagny. Celuici est, semble-t-il, à l’abandon, associé au Colisée de Rome et d’autres éléments
d’architecture en ruine comme par exemple les thermes de Caracalla. Il ne s’agit donc pas
d’une représentation réaliste du château de Clagny mais d’un caprice du peintre. Certains
détails du château ne sont d’ailleurs pas authentiques mais ont été modifiés pour mieux
correspondre aux caractéristiques d’une architecture inspirée de l’antique. C’est le cas
notamment du dôme qui a disparu ou des trois fenêtres du premier étage qui ont été
remplacées par des statues. L’objectif de cette composition sous un ciel d’orage et dans une
atmosphère sombre, est de mettre en avant la grandeur de l’architecture qui doit susciter
des émotions. En effet, la ruine est une des voies d’expression de la philosophie du
« sublime ».
Le sublime est une forme de réflexion philosophique qui se développe aux XVIIe et XVIIIe
siècles sous la plume de Kant puis d’Edmund Burke, et qui trouve des échos importants dans
l’art. Le rapport entre l’art et la nature est un des aspects importants, l’art venant seconder
la nature afin de la rendre visible dans sa réalité, de la mettre en valeur sans la modifier.
Celle-ci apparaît dans sa grandeur à la fois destructrice et constructrice dans toute sa
puissance créant un impact direct sur les émotions du spectateur. Le sentiment suscité par le
sublime est donc un mélange de peur face au danger et de plaisir face à l’éloignement de
celui-ci, créant un véritable trouble.
Hyacinthe Collin de Vermont, Cyrus déplore la mort d’Abradate et console Penthée,
huile sur toile, 1735. Inv. 79.3.1 (salle 28)
Cette esquisse relate un épisode de la vie de l’empereur perse Cyrus, représenté au centre
de l’esquisse, en armure, qui rappelle sa position de chef de guerre. Il est entouré d’une
partie de son armée puisque l’épisode relaté se place au moment de la bataille de Thymbrée
en 548 avant J.C. Cyrus se tient auprès d’Abradate, roi de la Susiane, mort, dans les bras de
sa femme Penthée. En effet, cet allié de Cyrus trouve la mort pendant la bataille. On aperçoit
Cyrus s'inclinant devant le corps d'Abradate soutenu par sa veuve, Penthée. Cyrus est affligé par la
mort de son ami. Soldats et femmes se lamentent sur la disparition du héros
Hyacinthe Collin de Vermont a peint un cycle d’œuvres inspirées de l’histoire de Cyrus, ou
Cyropédie, composé de 32 esquisses dont 13 sont connues aujourd’hui (7 sont conservées
au musée Lambinet), sans que l’on n’ait toutefois trouvé trace des tableaux finis. Il s’agit ici
du 18e épisode du cycle, dans lequel Cyrus déplore la mort d’Abradate et console Penthée.
La création d’un cycle de peinture permet de représenter de nombreux épisodes d’une
même histoire de manière claire grâce à la séparation matérielle entre chaque tableau. Cela
se distingue des tableaux dans lesquels des détails rappellent les différentes péripéties
entourant l’épisode central qui est représenté. Cette succession de scènes s’inspire du mode
d’expression présent sur les bas-reliefs antiques en frise, avec les gestes expressifs et les
personnages principaux biens visibles. Ces compositions avaient d’ailleurs été reprises à
Versailles par Charles Le Brun qui s’était lui-même inspiré de Raphaël et ses cycles de
fresques pour la décoration des quatre chambres du Vatican qui lui ont été confiées. Cette
forme de composition est donc un moyen de rendre le discours plus clair. Il s’agit aussi de
concentrer les émotions produites sur chaque épisode évoqué.
Allégorie relative à la Déclaration des droits de l’homme, Jean-Baptiste Regnault.
Inv. 743
Au centre de la composition apparaît Athéna, rédigeant la Déclaration des droits de
l’homme, sous le regard de la Prudence et de la Justice. Hercule aide la France à placer un
buste représentant Louis XVI sur un piédestal. Dans le ciel, le Temps apparaît, associé à la
Vérité qu’il dévoile. Sont aussi présents La Fayette, une foule représentant le peuple insurgé
et Bailly, maire de Paris durant la période révolutionnaire.
Cette esquisse de Jean-Baptiste Regnault (1754-1829) a été présentée en 1790 à la
Commune de Paris pour un tableau qui ne semble finalement pas avoir été exposé. Il s’agit
d’une allégorie de la Déclaration des droits de l’homme qui mêle à la fois des personnages
contemporains des évènements, mais aussi des figures mythologiques.
Athéna apparaît, de manière traditionnelle, comme une jeune femme en armure, coiffée
d’un casque et armée d’un bouclier et d’une lance, posés à ses pieds. Elle est parfois
accompagnée d’une chouette, son animal sacré, qui symbolise le discernement. Athéna est à
la fois la déesse de la guerre et de la sagesse. Elle combat pour maintenir l’ordre et les lois,
en opposition au dieu Arès ou Mars, qui représente la guerre violente et brutale. Athéna est
aussi la protectrice des sciences, des arts et de certaines activités domestiques comme le
tissage. Selon la légende, Athéna est la fille du dieu Zeus et de la titanide Mêtis. Une
prédiction a annoncé à Zeus que si une fille naissait de son union avec la titanide, un fils
suivrait et lui prendrait le pouvoir. Il décide donc d’avaler la mère afin de l’empêcher de
mettre l’enfant au monde. Mais Zeus est pris d’un violent mal de tête et, pour le soulager, le
dieu Héphaïstos lui fend le crâne à l’aide de sa hache. Athéna sort alors du crâne de Zeus,
adulte, toute en armure et poussant un cri de guerre. Hercule apparaît à proximité d’Athéna
avec sa peau de lion sur les épaules mais sans sa massue. Comme la déesse, il représente la
force mais Athéna possède en plus la sagesse et l’intelligence. Hercule est d’ailleurs l’un de
ses protégés à qui elle prête assistance durant ses épreuves. Chronos, lui aussi, est figuré de
manière traditionnelle, sous la forme d’un vieil homme barbu avec des ailes dans le dos et
tenant un sablier à la main. Il peut aussi avoir une faux ou une serpe comme attribut. Cette
entité, qui symbolise le temps, est peu à peu associée à la figure du titan Cronos, père des
Olympiens. Il s’agit pourtant, à l’origine, de deux figures distinctes.
Ces figures de dieux antiques sont le moyen d’apporter une valeur morale au discours
présent dans l’œuvre. En effet, le modèle antique est présent, ici, pour présider aux sages
décisions avec en figure centrale la déesse Athéna, symbole de la sagesse et de l’intelligence,
qui signe la Déclaration des droits de l’homme rédigée pendant la Révolution française qui
met fin au régime monarchique. La figure mythologique apporte une forme de légitimation
aux évènements et aux bouleversements révolutionnaires. Cette image est accentuée par la
présence de la Justice et de la Prudence qui la conseillent. Cette esquisse est aussi
caractérisée par le mélange rare de représentations de personnages contemporains et de
dieux antiques.
J.F. Janinet, La Liberté, aquatinte, 1792. Inv. 88.17.7 (salle 25)
Cette aquatinte réalisée par J.F. Janinet, d’après un modèle de
Jean-Guillaume Moitte, est une allégorie de la liberté. Il s’agit
donc ici de personnifier une idée, une vertu. La liberté est
représentée sous les traits d’une femme vêtue d’une tunique
plissée à l’antique (le peplos grec), portant sur la tête une
couronne de laurier et écrasant un serpent du pied gauche. Il
s’agit ici des attributs d’Apollon, la massue évoquant, elle, la
force d’Hercule. Surtout, elle tient un bonnet phrygien à la main,
signifiant la victoire sur l’esclavagisme et le despotisme.
Les caractéristiques de l’antiquité sont donc associées à la
représentation d’une vertu ce qui place la période comme un modèle. La référence à
l’antique permet au nouveau régime, après la Révolution, de s’ancrer dans une tradition et
de donner une image positive de son action. Il crée donc des figures afin d’unir le peuple.
Jean-Antoine Houdon, Voltaire, moulage en plâtre. Inv. D.90.5.1 (Salle 2)
Cette statue en ronde bosse a été réalisée par le sculpteur
Jean-Antoine Houdon d’après modèle, à la demande de la
nièce de Voltaire, Mme Denis. En effet, Voltaire a accepté de
poser pour le sculpteur qui a ainsi obtenu ses mesures et
proportions exactes permettant ainsi d’obtenir une
représentation fidèle. Ce moulage en plâtre a été effectué
d’après les sculptures en marbre (Comédie Française et musée
de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg) de Voltaire dont le modèle en plâtre est aujourd’hui à la
Bibliothèque Nationale.
Cependant Voltaire est représenté à l’antique, habillé d’une tunique, un bandeau dans les
cheveux. Ce choix de représentation renforce le sentiment
de sagesse du personnage. Cela rappelle aussi le statut de
philosophe de Voltaire.
Il existe cependant un autre moyen de représenter les
figures des grands hommes : le nu. Le nu est le mode de
représentation des héros grecs qui symbolisent la force, le
courage et l’intelligence. Ils sont érigés comme modèle à
atteindre pour les hommes. Il est utilisé par Pigalle dans
son Voltaire nu, conservé au Louvre.
La sculpture à l’antique est une des formes emblématiques
de l’art néoclassique en référence aux grands modèles de
vertu. Le buste à l’antique n’est introduit en France que
dans le courant du XVIIIe siècle sur le modèle des Anglais.
Houdon a aussi choisi de représenter Voltaire en position assise, rappelant la position d’une
partie des sculptures de la galerie des « Grands hommes » du Louvre. Il s’agit d’une série de
sculptures en marbre commandée au XVIIIe siècle par le directeur du bâtiment du roi Louis
XVI, représentant des « grands hommes » de la nation. On retrouve, par exemple, Jean de La
Fontaine ou Mathieu Molé, qui fut président du parlement de Paris pendant le Fronde,
sculptés en position assise, rappelant une certaine forme de médiation et de réflexion
propre aux « grands hommes ».
Jean-Antoine Houdon, Diane chasseresse, plâtre patiné façon terre cuite. Inv. 701. (Salle 3)
Diane est ici présentée comme une jeune femme grande, mince et belle. Elle est nue et
porte les cheveux attachés. Ses principaux attributs sont l’arc et les flèches, on la reconnait
aussi au croissant de lune posé dans ses cheveux.
Diane est la fille de Zeus et de Léto et la sœur jumelle d’Apollon. Elle protège la chasteté et
les jeunes filles avant le mariage. Diane est donc présentée comme une déesse vierge armée
d’un arc qu’elle utilise pour pratiquer la chasse. C’est une déesse qui n’hésite pas à
intervenir par les armes et qui fait de nombreuses victimes. Elle est très attachée à son frère
qu’elle a aidé à mettre au monde, et à sa mère pour laquelle elle n’hésite pas à intervenir
lorsque celle-ci est menacée ou insultée. Diane vit dans les bois et les montages et est
traditionnellement associée aux figures des nymphes qui composent sa suite. L’arc et les
flèches de Diane ont été forgés par le dieu forgeron Héphaïstos et par les cyclopes.
Une des légendes attachées à la figure de Diane est celle d’Actéon qui subit la colère de la
déesse : jeune chasseur très habile qui a appris son art aux côtés du centaure Chiron, qui a
éduqué de nombreux héros, Actéon surprend Diane, lors d’une chasse qui prend un bain
dans une source, entourée des nymphes. Diane s’aperçoit de sa présence et, furieuse qu’il
l’ait vu nue, le punit en le transformant en cerf. Alors qu’il s’enfuit dans la forêt il est
pourchassé et tué par ses propres chiens.
Cette sculpture est caractéristique de l’inspiration antique par ses formes naturelles. Cellesci sont particulièrement visibles dans la représentation du nu par Houdon qui a choqué ses
contemporains. Elle a notamment été refusée aux Salons de 1775 et 1777 en raison de son
« inconvenance ». Houdon a donc repris sa Diane afin d’effacer les signes sexuels qui étaient
trop évidents sur sa première version.
Houdon conçoit par plaisir la première version de sa Diane dès 1775. Il s’agit d’une sculpture
en marbre conservée à la fondation Gulbenkian de Lisbonne. Elle a ensuite été reproduite
dans de nombreuses matières avec des tailles variées. On retrouve, entre autres, trois
reproductions en bronze conservées au musée du Louvre, au musée des Beaux Arts de Tours
et à la Huntington Art Gallery de San Marino en Californie. Le bronze du Louvre a
notamment connu un grand succès qui à entraîné la production de très nombreuses
réductions en bronze ou en plâtre patiné.

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