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RABAT - SALE UN PROJET DE TRAMWAY POUR RELIER LES DEUX RIVES DE LA VALLEE DU BOUREGREG Mots clés : Gouvernance urbaine ; Modes de gestion ; Planification Monographie rédigée par Camille MARTINET et validée par Julien ALLAIRE. Propriété intellectuelle de CODATU Dernière mise à jour : 27/07/2012 Rabat-Salé UN PROJET DE TRAMWAY POUR RELIER LES DEUX RIVES DE LA Rabat est la capitale du Maroc et Rabat-Salé est la deuxième plus grande agglomération du Royaume après Casablanca. Les principaux centres d’activités se développent de plus en plus loin des centres historiques des deux communes. Dans un contexte de croissance économique soutenue, l’implantation de deux lignes de tramway apparaît comme un outil pour répondre à la croissance des besoins de déplacements des habitants entre les deux rives du Bouregreg. VALLEE DU BOUREGREG Maroc Population : 31 951 000 hab. Superficie : 446 550 km² Densité : 71,6 hab. / km² Taux d’urbanisation : 56,70 % PIB / habitant : 2 795,5 $ Rabat-Salé Population : 2 000 000 hab. (2010) Superficie : 812 km² Densité : 2 463 hab. / km² Longueur des lignes : Tramway : 19,5 km (2011) Parts modales : VP : 17,5 % TC : 15,3 % MA : 67,2 % IDH : 0,582 / 1 Taux de motorisation : 53 véhicules pour 1 000 hab. Véhicules par kilomètre de route : 38 Accidentologie : 1,23 accident mortel pour 10 000 hab. Sources : Banque Mondiale – PNUD – Tramway Rabat-Salé Mots clés : Gouvernance urbaine ; Modes de gestion ; Planification LE CONTEXTE MAROCAIN Depuis 1964, les villes marocaines géraient leurs transports publics en régie. A partir de 1985, devant les performances très médiocres des régies, les agglomérations sont peu à peu revenues vers une gestion déléguée de leur réseau et parfois, en coexistence avec leur régie. Les régies ont progressivement disparu (sauf à Fès et Safi). En 2005, la loi sur la gestion déléguée des services publics est promulguée et de nombreuses agglomérations optent pour ce mode de gestion. Cependant, les transports artisanaux se sont maintenus et ont fortement concurrencé les réseaux institutionnels qui se sont montrés défaillants : faiblesses institutionnelles, pénuries de ressources humaines, absence de planification multimodale, mauvaise gestion du stationnement et de la circulation, etc. La congestion grandissante a affecté considérablement la fiabilité et les coûts opérationnels des services de transports publics. En outre, les ressources financières manquaient, faute de subventions et d’une révision seulement partielle des tarifs car la continuité du service public primait sur les objectifs d’efficacité économique et de rentabilité. LE DEVELOPPEMENT DE L’AGGLOMERATION RABAT - SALE L’agglomération de Rabat - Salé s’est développée à partir de la médina de Salé qui s’est étendue vers le sud. La médina puis la ville de Rabat se sont alors développées. Les deux médinas aux ruelles étroites, bien qu’interdites au trafic automobile, sont restées des lieux de vie, d’artisanat et de commerce importants. Mais aujourd’hui, les principaux centres d’activités sont éloignés des deux médinas. Des logements sociaux et des quartiers résidentiels se sont construits à la périphérie en raison d’un développement important de la population (+ 50 % entre 2004 et 20101). Les pôles de développement modernes se sont principalement développés autour de Rabat. Salé, qui est plus éloignée de ces pôles, est pénalisée par les difficultés de franchissement de la vallée du Bouregreg, une vallée de près de 6 000 hectares, qui sépare les deux villes. Le pont Moulay Al Hassan qui relie Salé à Rabat est particulièrement encombré aux heures de pointe2 ; ce qui augmentent considérablement les temps de parcours. Les analyses liées à la problématique du transport entre Rabat et Salé, menées dans le cadre du projet d'aménagement de la Vallée du Bouregreg, ont montré « qu’environ 650 000 personnes transitent chaque jour par la vallée. Dans les dix prochaines années, et dans un contexte de croissance économique soutenue, la population tendra tout naturellement à poursuivre son équipement automobile, motivée par le système de transport collectif actuel, encombré et peu attractif. Une politique volontariste en faveur de la fluidité et de la facilité d'accès aux moyens de transport entre les villes de Rabat et Salé s’avère donc nécessaire »3. L’un des objectifs principaux de l’aménagement de la vallée du Bouregreg est d'assurer la fluidité et la facilité d'accès aux moyens de transport entre les villes de Rabat et Salé, afin de répondre aux besoins croissants de déplacements dans l'agglomération. Un projet de transport à haut niveau de service reliant les deux communes devrait alors permettre de faire face au problème de congestion et doterait ainsi la capitale d’un moyen de transport de masse répondant aux besoins croissants de déplacements. LA MISE EN PLACE D’UN TRAMWAY Depuis la fin des années 1970, plusieurs études ont été menées concernant les transports et la mobilité (plan de transport de 1976, études en 1982). En 2003, les autorités de la ville ont évoqué la faisabilité de lignes de transport en commun en site propre (TCSP) dans l'agglomération. Les différentes études ont conclu à la possibilité de mettre en œuvre un système de tramway. Les années 2005 et 2006 ont été consacrées aux études préliminaires et d’avant projet. La conception, la réalisation et la mise en exploitation du Tramway ont été confiées à l'Agence pour l'Aménagement de la Vallée du Bouregreg (AAVB) Elle a créé en mai 2009 la Société du Tramway de Rabat Salé (STRS) pour assurer la maîtrise d’ouvrage. Des représentants des deux communes siègent au conseil d’administration de la STRS. 1 Dossier de presse du tramway de Rabat - Salé Guide Médinas 3 http://www.tramwayrabatsale.com/ 2 Pour fluidifier le trafic sur cet axe un nouveau pont de 2 x 3 voies, le pont Hassan II, a été construit pour remplacer le pont Moulay Al Hassan qui était un 2 x 2 voies. D’une longueur de 1,2 km, le pont est composé de trois tabliers : un dédié à deux voies piétonnes, au tramway et aux pistes cyclables et deux autres pour la circulation automobile. Les travaux de réalisation des deux lignes de tramway ont été lancés à la fin de l’année 2007. Le tramway a été mis en service en 2011. Constituées de 31 stations, deux lignes sont opérationnelles sur une longueur de 19,5 km. Elles permettent de relier les pôles majeurs de l’agglomération (gares ferroviaires, facultés, hôpitaux, ministères, établissements scolaires, etc.) ainsi que différents quartiers denses. 110 sites majeurs sont ainsi desservis par le tramway4. Le tracé des deux lignes longe en partie les deux médinas qui sont desservies par des arrêts situés en face des principales portes. Figure 1 : Tracé des deux lignes de tramway de Rabat - Salé. Les deux lignes empruntent un tracé commun sur trois kilomètres. Elles traversent la vallée du Bouregreg par le pont Hassan II. La réalisation de ce nouveau pont a réduit les temps de parcours pour les usagers des transports collectifs, mais elle a également permis de réduire le nombre de bus traversant le pont Moulay Al Hassan, qui était une des sources de congestion. Le tracé des deux lignes s’est en partie intégré aux infrastructures existantes ainsi qu’au réseau de bus et de taxis. En effet, huit pôles d’échanges avec des lignes de bus ont été mis en place et deux stations sont situées à proximité des gares. L’implantation de 3 parkings relais a pour objectif de capter les usagers réguliers de l’automobile. 4 Dossier de presse sur le tramway de Rabat - Salé. Toutefois, on peut constater que contrairement à la stratégie des villes de la rive nord méditerranéenne, l’aménagement des lignes du tramway ne contraint pas toujours la circulation automobile en ville, comme le prouve les élargissements de voiries réalisés afin de restituer « leurs fonctions de circulation automobile et piétonne »5. Un contrat d’assistance technique de 3 ans a été signé en juillet 2010 avec le Grand Lyon afin d’accompagner la modernisation du secteur des transports au Maroc6. Le projet a coûté 3,8 milliards de Dirhams, soit environ 340 millions d’euros. 50 % du budget provient des fonds propres de l’AAVB (32 %) et de la STRS (18 %), les 50 % restants de partenaires européens. Le montant de l’accord, financé par l’AFD, s’élève à 128 millions d’euros. Le budget se répartit de la manière suivante : Figure 2 : Répartition du budget. CONCLUSION Le tramway a réussi à s’intégrer facilement dans le paysage des deux villes. Il est même devenu, pour certaines catégories de la population, notamment les étudiants, leur moyen de transport préféré7. En décembre 2011, six mois environ après la mise en service du tramway, la directrice de la STRS constatait une « nette amélioration des recettes de la société qui ont atteint près de 12 millions de DH par mois. Ce qui permet de couvrir plus ou moins les charges d’exploitation. Le montant des charges globales, y compris celles relatives à l’amortissement de la dette, s’élève à 180 millions de DH par an ». Des extensions du réseau actuel, ainsi que la réalisation de trois lignes supplémentaires sont prévues sur le moyen terme. 5 Article de présentation sur le site Internet officiel R. Maghari, - Signature du contrat d’assistance technique du tramway de Rabat – Salé 7 Rabat tramway :70 000 déplacements par jour, dans l’économiste, 23 décembre 2011 6