La Nuit des Temps
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La Nuit des Temps
La Nuit des Temps LA NUIT DES TEMPS Auteur : René Barjavel Pays : France Edition : Pocket Dimensions : 18 x 11 x 2 cm 393 pages Publication : 1968 Prix de vente : 5.7 € environ Genre : aventures/fantastique Résumé. Au coeur de l'Antarctique, une expédition française réalise une très curieuse découverte. Depuis des centaines de mètres sous la glace du continent gelé est émis un signal parfaitement clair et régulier. Depuis 900.000 ans, un objet de technologie très avancée repose dans les entrailles de notre globe. La nouvelle révolutionnaire déchaine les scientifiques, et très vite une opération internationale est montée pour forer la calotte polaire et aller à la recherche du mystérieux émetteur. En tentant plus ou moins bien d'oublier leurs différents nationaux en pleine Guerre Froide, les scientifiques en arrivent finalement à dégager une immense sphère d'or contenant deux corps, un homme et une femme, parfaitement cryogénisés et n'attendant que d'être réveillés... Après concertations, les plus éminents médecins entreprennent de réanimer la femme. Une histoire stoppée il y a près d'un million d'année est alors sur le point de reprendre, avec son lot de révélations surprenantes... ******* La Nuit des Temps est un livre magique. Magique et beau. Car Barjavel a su manier sa plume et mêler humanisme, suspense et science-fiction. Le résultat est prenant et émouvant. L'histoire semble au départ s'élancer sur un terrain de science-fiction. Une découverte fabuleuse est réalisée et pourrait bien changer la face du monde. Très vite, le lecteur est pris dans ce frénétisme pour connaître quelles seront les découvertes fauleuses des scientifiques... Mais déjà, s'insinue dans le récit les traces des préoccupations de l'auteur. Le monde est alors en pleine Guerre Froide, les hommes ne peuvent se tenir en paix très longtemps où que ce soit dans le monde. Pourtant, la science semble avoir réussi à maintenir une trève de circonstances autour de la mission internationale en Antarctique. Russes et Américains collaborent dans le but de pouvoir profiter conjointement de potentielles découvertes et éviter de gâcher la fabuleuse source d'informations qui s'offre à eux ; une idée développée dans une superbe tirade du savant Russe Moïssov, un peu avant la moitié de l'oeuvre. Mais l'homme est malgré tout rattrapé par son passé. Elea éveillée, c'est une autre dénonciation qui débute : par le récit de ses souvenirs s'établit une dénonciation évidente de la guerre, destructrice et mécanisée, déshumanisée et déshumanisante... Les échappatoires sont inexistants, les hommes préfèrents détruire la terre que de s'avouer vaincus et l'opposition Enisoraï/Gondawa bien qu'universelle, ne peut que rappeler l'affrontement URSS/USA d'actualité lors de la rédaction du livre. En vis-à-vis s'élabore simultanément un plaidoyer à l'amour, à la beauté et à la vie tout simplement. Païkan et Elea s'aimaient et s'aiment à travers les âges. L'homme reste l'outil de l'amour qui surpasse les millénaires et déboussole le scientifique. La nature luxuriante et l'amour sont d'autant plus valorisées que confrontées à cette tétanisante description de mort et de violence rapportée par Elea. Et cet amour intemporel, vieux de neuf cent mille ans trouve alors sa conclusion dans un final aussi sublime qu'amer, très classique et presque logique dans sa forme : l'homme reste aussi égal à lui-même, plus intéressé par le profit personnel ou national que par le savoir et la découverte... L'épilogue, comme souvent chez Barjavel, reste en deça du reste de l'oeuvre, comme pour obliger le lecteur à faire le point par lui-même et tirer ses propres conclusions. Mais pour ce qui est du reste de l'ouvrage, le lecteur est absorbé par un récit sans temps mort et maîtrisé de bout en bout. Un exemple parfait d'alchimie entre une écriture intelligente et prenante... (16.5/20) G.Hanen, novembre 2005