Création et dissolution du 22° de Marine
Transcription
Création et dissolution du 22° de Marine
Création et dissolution du 22ème de Marine ________________________________________ 27 janvier 1901, création du 22ème régiment d’infanterie coloniale ________________________________________________________________________________ En 1900, une loi place l'infanterie de marine sous l'administration du ministre de la Guerre. Elle devient l'infanterie coloniale. Aux huit régiments existants, constituant quatre brigades, stationnées à Cherbourg, Brest, Rochefort, Toulon, viennent s'ajouter quatre régiments nouvellement créés, les 21e, 22e, 23e et 24e RIC. Le 17 janvier 1901, le 22ème régiment d’infanterie coloniale (22ème RIC) est formé à La Seyne sur mer (Var), avec des éléments de la 4ème brigade, principalement du 4ème RIC stationné à la caserne du Mourillon à Toulon. 31 mars 1932, dissolution à Aix-en-Provence ______________________________________ Le 31 mars 1932, à la caserne Miollis d’Aix-en-Provence, le 22ème RIC est transformé en régiment d’infanterie coloniale du Maroc (RICM). A cette occasion, le général Benoît a dit aux marsouins : « Je confie à votre garde le drapeau du RICM, un des plus jeunes mais le premier des régiments de France. Il a mérité dix citations à l’ordre de l’Armée, la Médaille Militaire et la croix de la Légion d’honneur ». 23 août 1939, création à Toulon ______________________________ Reformé à la caserne du Mourillon à Toulon par rappel de réservistes. Il y a 60 ans : la mobilisation __________________ Pendant le mois d’août 1939, en congé, après avoir terminé ma première année d’élève-officier à Saint-Cyr, mes vacances sont brutalement interrompues le 24 août par une lettre de rappel m’invitant à rejoindre sans délai l’École. … Le 2 septembre, nous sommes nommés sous-lieutenant et nous recevons nos affectations. Ayant choisi l’infanterie coloniale, je suis désigné pour rejoindre le centre mobilisateur de Toulon où je suis arrivé le 3 septembre. Je suis affecté au 22ème régiment d’infanterie coloniale (22ème RIC), comme chef de section de mitrailleuses à la compagnie d’accompagnement du 1er bataillon (CAB 1). Le 22ème RIC est un régiment en cours de formation à partir de réservistes en provenance du Var, des Bouches-du-Rhône, des AlpesMaritimes et du Vaucluse, voire, accessoirement, de la Savoie, de l’Isère, du Rhône, de l’Ardèche et de la Haute-Garonne. La première mission qui m’est confiée est d’aller accueillir en gare de Toulon les réservistes arrivant par le prochain train en provenance de Marseille. J’accueille ainsi une centaine d’hommes âgés de trente à trente-cinq ans qui, manifestement par leurs propos, ne montrent aucun enthousiasme à aller faire la guerre et qui, pour se donner du courage, ont plus que de raison abusé de la bouteille. Je ne puis m’empêcher de me remémorer les photos en forme d’images d’Épinal de la mobilisation de 1914 représentant des poilus embarquant joyeusement, la fleur au fusil, dans des wagons portant l’inscription « A Berlin ! » … Le contraste est saisissant, et je ne suis pas fier de déambuler, seul en uniforme, dans les rues de Toulon, sous les regards étonnés des passants qui s’arrêtent pour voir « défiler » cette troupe de gens plutôt débraillés et passablement éméchés… Rodolphe-André Benon , Sous-lieutenant au 22ème RIC en 1939/1940. 12 juin 1940, reddition à Manneville-ès-Plains (Seine-Maritime) (Dissolution en juillet 1940) ______________________________________ (Extraits du journal de marche et d’opération) « Le 12 juin, dans la nuit, les restes du 22ème RIC se retranchent dans les limites d’une ferme cauchoise située au sud de Manneville-èsPlains. A 12H15, les commandants de bataillon rendent compte que les munitions sont épuisées et qu’il ne reste plus que quelques cartouches de mitrailleuse. Le lieutenant-colonel Le Tacon (commandant le régiment) décide alors de cesser le feu… Mais il n’a pas besoin de donner cet ordre : à ce moment, la ferme est occupée par l’ennemi et officiers et hommes de troupe sont faits prisonniers. Le sous- lieutenant Benon est blessé et une trentaine de sous-officiers et d’hommes de troupes sont tués ou blessés. Le régiment ne compte plus que 250 à 300 sousofficiers, caporaux et hommes de troupe et 16 officiers dont trois non combattants. (rappel : à la mobilisation le régiment comptait 83 officiers, 337 sous-officiers et 2671 caporaux et hommes de troupe : Total = 3091). Avant d’être emmenés en captivité, les rescapés se virent rendre les honneurs par une section d’infanterie allemande commandée par un officier… ». Projet d’ordre de régiment N°… rédigé par le lieutenant-colonel Le Tacon . _______________________________________________________________ « Au cours des combats offensifs menés pendant la période du 28 mai au 2 juin 1940 et au cours des combats en retraite qui se sont déroulés presque sans trêve du 5 au 12 juin 1940, le régiment a donné toute sa mesure. Prêté successivement aux : 4ème division cuirassée, 51ème division britannique, 2ème division légère de cavalerie et 40ème division d’infanterie il a été employé jusqu’à l’extrême limite de ses moyens et de ses forces, accomplissant avec succès, les tâches, même les plus ingrates, qui lui étaient confiées. Ainsi, lorsque le 12 juin 1940, à 12H45, il a dû cesser le feu alors que l’ordre en était fixé à 08H00, c’est parce que il avait épuisé ses munitions et qu’il ne pouvait lutter avec ses quelques mitrailleuses en l’état et avec ses quelques fusils contre les chars tenus en échec pendant deux heures. Il ne comptait plus à ce moment que 13 officiers et 250 à 300 sous-officiers et soldats en état de combattre. Tous ceux qui ont pris part à ses combats se sont montrés les dignes successeurs des héros de Beauséjour (février 1915 en Champagne). Leur chef est fier d’avoir commandé depuis la mobilisation un tel régiment qui a, par sa brillante conduite, son esprit de sacrifice et d’abnégation, ajouté de nouvelles pages de gloire à celles déjà nombreuses du 22ème RIC. Le colonel adresse à tous ses plus sincères et plus affectueuses félicitations. Il demande à ceux qui restent de conserver pieusement le souvenir des héros tombés sur le champ de bataille, de porter aide à leurs familles, de se porter pendant la paix, comme ils l’ont fait pendant la guerre, un appui fraternel. Il leur demande aussi de garder intact l’esprit qui animait ce magnifique régiment que chacun appelait avec tant de fierté : « Mon beau 22ème RIC. ». Camp de Kreuzburg Oflag VIII A en Silésie, le 17 août 1940 Signé : « Le Tacon » 1er juillet 1945, création à Hyères (Var) ________________________________________ Reformé à partir d’éléments du 16ème régiment de tirailleurs sénégalais (16ème RTS), d’anciens maquisards et d’anciens combattants de la guerre 1939-1945, pour lutter contre le Japon, puis celui-ci ayant capitulé, pour participer à la guerre d’Indochine. 30 novembre 1948, en Indochine transformation du 22ème RIC en bataillons autonomes ________________________________________ Transformation du 22ème RIC en bataillons autonomes puis en bataillons de marche du 22ème RIC. Le PC du 22ème RIC est toujours à Bien Hoa avec le drapeau. 1er octobre 1954, création du 22ème RIC en Indochine ________________________________________ Regroupement des bataillons au sein du 22ème RIC 1er décembre 1958, création du 22ème régiment d’infanterie de Marine (22ème RIMa) (en AFN) ________________________________________ Le mot (ou l’adjectif) « colonial(e) » est banni des textes et du parler français. Le 22ème RIC devient le 22ème RIMa. 30 juin 1963, dissolution du 22ème RIMa (en AFN, à Mers el kebir) ________________________________________ Le 22ème RIMa devient le 22ème BIMa. 1er juillet 1963, création du 22ème bataillon d’infanterie de Marine (22ème BIMa) (en AFN, à Mers el kebir) ________________________________________ 30 septembre 1967, dissolution du 22ème BIMa (en AFN, à Mers el kebir) ________________________________________ 1er janvier 1968, création du 22ème RIMa (en France) ________________________________________ A Albi (Tarn), par changement d’appellation du 65ème bataillon d’infanterie de Marine (65ème BIMa), ancien 5ème régiment de tirailleurs sénégalais (5ème RTS). Le 22ème RIMa est transféré à Angoulême (Charente-Maritime) le 1er juillet 1978. 30 juin 1984, dissolution du 22ème RIMa ________________________________________ Est remplacé par le 1er régiment d’infanterie de Marine. 1er juillet 1984, création du 22ème RIMa par transformation du 33ème groupement de camp de Sissonne (Marne ________________________________________ Le 33ème groupement de camp de Sissonne (Marne) devient le 33ème groupement de camp/22ème régiment d’infanterie de Marine (33ème GC/22ème RIMa). Il reprend les traditions du 22ème RIC et du 22ème RIMa. 30 juin 1999, dissolution du 33ème GC/22ème RIMa ________________________________________ 1er juillet 1999, création du 22ème bataillon d’infanterie de Marine (22ème BIMa) (à Nantes) ________________________________________ Le 9ème régiment de commandement et de soutien (9ème RCS), stationné à Nantes (Loire-Atlantique), au « Quartier Mellinet, est transformé en 22ème bataillon d'infanterie de marine. Il reprend les traditions du 22ème RIC et du 22ème RIMa. 31 mai 2010, dissolution du 22ème de Marine _____________________________________________________ « Il pleut sur Nantes … » _______________________________ « Il pleut sur Nantes Donne-moi la main Le ciel de Nantes Rend mon cœur chagrin. » (chantait en 1964 Barbara [1930-1997]) Le samedi 29 mai 2010 a vu officiellement disparaître le 22e BIMa. Le drapeau, sous lequel nous avons servi, a été roulé et rangé à jamais. Une quarantaine d’entre nous était présente, dont d’anciens chefs de corps et leurs épouses. Merci à eux tous. La cérémonie a débuté à 14h sous les voûtes de la cathédrale Saint Pierre-Saint Paul, par une messe pour tous les morts de la garnison de Nantes, aux accents des grandes orgues et du chœur auxquels se sont mêlés ceux de la fanfare de la 9e brigade légère blindée de Marine (9e BLBMa) ainsi que les clairons et tambours pour la Sonnerie aux Morts. … Après l’office religieux et pour ceux qui avaient eu la chance d’avoir reçu une invitation complète de la part l’EMF 2, à 15h45, une visite de l’exposition historique au château des Ducs de Bretagne avait été programmée. Il s’avère, en effet, que certains ont été oubliés ! Nous nous sommes ensuite retrouvés pour 16h30 sur la Cour Saint-André, pour la prise d’armes, nous désespérant d’avoir des places réservées. Les emblèmes des unités composant la 9e BLBMa étaient présents auprès du drapeau du 65e RI et de l’étendard du 4e Dragons ressortis, pour la circonstance, de leur sanctuaire, car relevant du 11e Corps d’armée d’antan à Nantes. Le drapeau du 22e sortait pour la dernière fois. Mais sait-on jamais ? Après le Salut au drapeau et la remise de décorations, le général d’armée Elrik Irastorza, le chef d’état-major de l’armée de terre (CEMAT), retraça très brièvement dans son allocution la glorieuse épopée du 22e de Marine avant d’égrener les dix (onze, Mon Général) inscriptions figurant en lettres d’or sur son drapeau. Pour les anciens qui ont servi et combattu en Algérie et qui ne doivent pas être oubliés, depuis plusieurs années, une onzième citation « AFN 19521962 » a été inscrite sur sa soie. C’est alors que le crachin breton s’est invité à la cérémonie. Nous en avions vu d’autres ondées, tant à Mareuil-Caubert qu’à l’abbaye de Vauclair, pour nous soucier de cette pluie. Nous sommes restés stoïques. Et puis, le 22e est passé, accompagné des autres emblèmes glorieux, sous les applaudissements des spectateurs, alors que les Anciens de l’Amicale le saluaient respectueusement pour la dernière fois. Le drapeau du 22e est revenu pour être remis par son chef de corps, le lieutenant-colonel Patrick Cornuel, au CEMAT, puis roulé pour être déposé au château de Vincennes (Service historique de la défense), avant, peut-être, de rejoindre le musée des TDM à Fréjus (Rien n’est moins sûr …) C’en est fait ! « Alea jacta est ! ». … « Il pleut sur Nantes Donne-moi la main Le ciel de Nantes Rend mon cœur chagrin. » Daniel Therby, Marsouin de 1ère classe, président de l’Amicale des anciens du 22ème de Marine. * * * « Une dissolution escamotée » ____________________________________ « Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluye, … » Charles d’Orléans, (1394-1465) Le 29 mai 2010, à Nantes, le temps était en phase avec notre chagrin. Notre tristesse de voir notre régiment et son glorieux drapeau disparaître était d’autant plus grande que sa dissolution, en catimini, lors d’une cérémonie sans âme et sans émotion, ne constituait qu’un épiphénomène du départ de l’armée française de Nantes. L’importance de ce départ, après une présence militaire dans la ville de plusieurs siècles, n’impliquait pas d’escamoter la dissolution du 22ème de Marine. L’office seulement catholique qui précéda la cérémonie militaire donnait d’emblée l’esprit de son déroulement. Il fut célébré pour les seuls « défunts de la Loire Atlantique » (Formulation de l’évêque de Nantes en personne, Monseigneur Jean-Paul James, lors de son homélie. Les corps de tradition de la ville : le 65ème régiment d’infanterie et le 3ème régiment de dragons y furent essentiellement cités, leurs emblèmes ayant été, pour l’occasion et très exceptionnellement, extraits des « oubliettes » du Service historique de la défense tandis que le nôtre, manifestement un intrus dans la ville, allait y disparaître. Nos morts pour la France, et ceux de tous les autres corps ayant stationné à Nantes, le centre d’instruction du 2ème RIC/RIMa et le 9ème RCS, par exemple, qui appartenaient à diverses religions, ont été oubliés. Jadis, les morts de la garnison de Nantes étaient certainement issus d’un recrutement essentiellement local et catholique, et encore ! Ceux du 22ème de marine, quant à eux, au cours des différents conflits auxquels des éléments du régiment ont participé, de 1913 au Maroc, au Monténégro et en Albanie, jusqu’en Algérie et dans les opérations extérieures en passant par les premier et deuxième conflits mondiaux et dix ans en Indochine, étaient de diverses religions : catholique bien sûr, mais aussi protestante, israélite et musulmane. La cérémonie comprenant un service religieux, celui-ci se devait donc d’être œcuménique. Outre un aumônier militaire catholique, il y avait un aumônier militaire protestant, qui ne joua aucun rôle religieux au cours de l’office. Il n’y avait ni aumônier militaire israélite ni aumônier militaire musulman. Il était bien entendu difficile de prendre en compte ceux des nôtres qui avaient été bouddhistes, voire animistes, mais quand-même ! Depuis des siècles, l’Armée française est « pluricultuelle ». Elle s’est toujours fait un devoir de respecter les croyances de tous les siens. Il convenait de penser à tous nos morts pour la France, quelle que soit leur confession et leur conviction. L’intégralité de la cérémonie militaire se déroula, en quelque sorte « en privé », sur le cours Saint-André à l’abri des vues des Nantais qui purent ainsi circuler sans encombre dans les artères adjacentes sans être en rien dérangés dans leurs occupations routinières du samedi. Le départ de l’armée française était un « non-évènement » pour les 283 025 Nantais. La garnison de Nantes, comme honteuse, célébrait son départ en cachette dans l’indifférence générale. Quelques spectateurs, moins de 500 certainement, les anciens combattants, leurs porte-drapeaux et les familles de militaires compris, étaient présents. La cérémonie aurait eu, sans doute au risque de perturber la circulation, plus d’impact sur la population et surtout plus de panache si elle s’était déroulée, par exemple, sur la place du Maréchal Foch, tout à côté, au pied du magnifique immeuble du 18ème siècle dit du « 11ème Corps », antérieurement résidence du général commandant d’armes et, jusqu’au milieu du 19ème siècle, préfecture du département de la « Loire inférieure » (Actuel département de la « Loire Atlantique). Pour assister à la cérémonie, il fallait avoir reçu un carton d’invitation. Nombre d’anciens n’ont pas été invités à l’ensemble des manifestations : ni à la visite de l’exposition historique au château des Ducs de Bretagne, ni à la réception qui eut lieu à la mairie. Tel a été le cas du président et du secrétaire général de l’Amicale des anciens du 22ème de Marine ! Pourquoi ? On aurait pu espérer que tout ancien eût droit à une place en tribune. Celle-ci se révélant trop exigüe, ce ne fut pas le cas. Seules les places des deux premiers rangs étaient destinées à des notabilités civiles et militaires, telles que le maire de Nantes, le préfet de la « Loire Atlantique », des généraux, etc. Les autres places étaient occupées, dans le plus grand désordre, dans l’ordre d’arrivée. Dans le droit fil du peu d’importance de la dissolution du 22ème de Marine, il n’est pas étonnant que les anciens du 22ème de Marine aient été ignorés. Alors que certains ont parcouru plus de 1000km pour saluer une dernière fois leur régiment ! Ils n’ont bénéficié d’aucun accueil. Aucune place ne leur fut réservée. C’est ainsi qu’un général de division, ayant commandé la place de Nantes, ancien du 22ème RIC en Algérie, et qu’un ancien âgé de 93 ans, rescapé des glorieux combats du 22ème RIC en 1940, n’ont trouvé que par hasard des places assises. Notre ancien de 1940 au moins aurait pourtant bien mérité d’être à l’honneur. Quant aux anciens, pour la plupart âgés de plus de 80 ans, qui avaient contribué, certains personnellement, à gagner les deux citations du 22ème de Marine en Indochine, ils étaient debout ... Ceux d’Algérie, de jeunes septuagénaires, partageaient évidemment le même sort. Les anciens chefs de corps présents, membres de l’Amicale ou non, n’étaient pas mieux lotis … Il est vrai que le 22ème BIMa et son chef de corps n’ont joué aucun rôle dans l’organisation de la cérémonie. L’allocution du chef d’état-major de l’armée de terre, portant sur le départ de l’armée française de Nantes et sur celui du 22ème de marine fut sans chaleur et sans émotion. Entachée de quelques erreurs et imprécisions, elle avait la froideur d’une fiche d’état-major. Les hauts faits du régiment, depuis sa création, … , ont été très rapidement énumérés, ses pertes très significatives au cours des deux conflits mondiaux, n’ont même pas été évoquées : en 1914-1918 : 11103 tués, blessés et disparus impliquant de reconstituer trois fois le régiment, en 1939-1940 environ 2700 officiers, sous-officiers et hommes de troupe tués, blessés et disparus, en seize jours, sur un effectif global de 3091 à la mobilisation. Le 22ème de Marine n’a pas été spécialement mis à l’honneur tant pendant la prise d’armes que pendant le défilé, mais c’est quand-même lui qui, avec un détachement de la frégate La Motte Picquet en escale à Nantes, défila avec le plus de rigueur, d’allant et de fierté ; ses marsouins voulaient faire une dernière fois honneur à leur régiment bientôt défunt. Grand merci à eux ! Il convient de noter que si le drapeau du 22ème de Marine présida à la remise des décorations, c’était qu’il était le seul drapeau d’un corps d’active de la garnison présent. Bien sûr la dissolution du régiment se déroula réglementairement, les troupes rendant les honneurs, deux sections avec le chef de corps entouraient le drapeau qui fut roulé et remis au chef d’état-major de l’armée de terre. Il n’en reste pas moins qu’autour de ce cérémonial, il aurait pu être organisé des instants d’émotion, de solennité et de tristesse. Le départ du drapeau du 22ème régiment d’infanterie de Marine de Sissonne et la dissolution du 9ème RCS eurent une toute autre allure émotionnelle. Quelle amertume ! Colonel (ER) Philippe Blanchet, secrétaire général de l’Amicale des anciens du 22ème de Marine. Le 22e va mourir Le 22e est mort Tableau conçu et réalisé par le lieutenant-colonel (ER) Hugues Linke, éditeur du bulletin de liaison des anciens du 22e de Marine : « LE TRAIT D’UNION » et directeur de « Marsouins et Méharistes », 9, rue Chabanais, 75002 Paris. Le LC H. Linke a servi au 22ème BIMa à Mers el Kebir de 1965 à 1967, en tant que lieutenant et capitaine, à la 3ème Cie puis à l’état-major du bataillon (BI).