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Le fabuleux destin d’Emilie
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LE FABULEUX DESTIN D’EMILIE
Emilie Schaeffer, le jour d'après. Une championne du monde à Thionville. Une jeune femme ordinaire.
Elle en rêvait petite fille. Elle l’a fait, jeune fille. Emilie Schaeffer est devenue, samedi dans la nuit, à Paris, championne
du Monde de boxe française. Un sport qu’elle a commencé à quatre ans en imitant papa
qui lui a tout donné.
Partagée entre deux désirs, Emilie aura-t-elle choisi ? Elle a quatre ans. Le mercredi, elle pratique la danse classique,
le vendredi, elle accompagne son père à la salle et met les gants. Par mimétisme. «Ma mère rêvait de faire de moi un
petit rat de l’Opéra, je me suis vite rendu compte que je n’étais qu’un vilain petit canard. Je mettais mon justaucorps,
mes chaussons et j’avais des bleus partout. J’ai vite choisi ma route ». Emilie regarde, décalque, imite. Elle est grande
pour son âge et a une ouverture de jambes à nulle autre pareille. Ce sera sa force. Hier, aujourd’hui. «Finalement, je
suis une danseuse du ring ». L’art d’associer ses parents dans sa réussite. «Au début, j’accompagnais mon père parce
que j’avais le goût des assouplissements». Sa souplesse est son arme maîtresse, son piqué à la figure, une botte
secrète, une signature. «C’est la marque de fabrique déposée du club de boxe française thionvillois », dit Marc
Schaeffer, un peu fier. Ses matches, elle les signe d’un S qui veut dire Schaeffer. Emilie se sera construite année après
année. Dans la joie, dans la peine. Les titres, elle les aura tous eus. Ou presque. Le palmarès est éloquent. Elle est
tombée dedans toute petite, plus comme Falbala que comme Obélix. Mais elle a tout conquis. Toutes les ceintures,
tous les trophées. Avec des pannes. En cadettes, en juniors. Et encore. «J’ai appris dans la défaite, dit la championne
du Monde d’aujourd’hui. C’est parce que tu perds, que tu gagnes ». Elle aura tout surmonté ses titres et ses trois
années d’abstinence dont elle ne veut pas parler. On lui demande de quoi elle est la plus fière. Elle doute encore. Bien
sûr, il y a ce titre-là, le titre suprême, celui dont elle rêvait à douze ans quand, à Woippy, son père lui avait présenté
Aziz Raguig, l’Alsacien, alors champion du Monde des poids lourds. Elle était repartie avec son autographe et une
promesse qu’elle s’était faite à elle-même. Jamais, il ne faut se détourner des souvenirs d’enfance. Son regard tombe
sur les photos. Photos d’hier. Jamais reniées. Une pléiade d’enfants brandissent le poing. Elle reconnaît tout le monde.
Et modeste, «ils étaient tous meilleurs que moi ». Pour un peu, elle ajouterait, c’est notre médaille collective. Je l’ai
conquise, ils l’ont forgée. Et de citer Julien Zintu, deux fois vice-champion de France benjamins, Elvis Mélo, lui aussi
vice-champion et aujourd’hui footballeur passé par Auxerre. Et plus loin, Féty et Ahmed De Mircan, champion de
France minimes. Enfin Régis Husson, lui aussi titré. Thionville a une école. Depuis 35 ans, Marc Schaeffer en est le
professeur avisé. Le destin a voulu que ce soit par sa fille qu’il soit récompensé. Car l’année aura été belle.
Championne de France en juin, Emilie touche du doigt le Graal en septembre. Hier, elle échouait systématiquement
devant Naïma Guernou, la championne tout terrain de sa catégorie. Aujourd’hui, en moins de 52 kg, la reine des
guêpes est thionvilloise. Elle a même le charme piquant des grandes championnes. Fabuleux !
A.Z.
Publié le 23/09/2008
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