Quand Bénabar bat la campagne

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Quand Bénabar bat la campagne
LA LIBERTÉ MERCREDI 8 MAI 2013
SORTIR
MORAT
Les dix ans du Beaulieu
Le centre culturel Le Beaulieu souffle ses
dix bougies ce week-end. Pour fêter
l’événement, il a demandé à dix artistes
d’installer dix portiques sur le chemin qui
mène au bâtiment. > 33
À L’AFFICHE
29
VOTRE SEMAINE
Quand Bénabar bat la campagne
BULLE • Surfant sur la vague du succès de son 6e album, le Français repart pour une tournée
intimiste, prisant les petites salles. Un seul festival au programme, les Francomanias ce soir.
PROPOS RECUEILLIS PAR
NICOLAS MARADAN
FRIBOURG
Toute la mémoire
du cirque
Pour fêter sa 25e tournée, le
Cirque Starlight propose un
nouveau spectacle, «Entresort», en forme de clin d’œil.
L’entresort, dans le langage du
cirque, désigne un établissement forain d’autrefois dans
lequel le public entrait par une
porte et ressortait par une
autre, découvrant sur son parcours différentes curiosités,
genre femme à barbe ou
sœurs siamoises. Rien de tel
pourtant dans la nouvelle tournée de Starlight, même si la
mise en scène et les décors,
toujours très importants sous
le chapiteau de la famille
Gasser, s’inspirent de la
mémoire circassienne. Quatorze artistes, acrobates, équilibristes, jongleurs, clowns ou
contorsionnistes (PHOTO FÉLIX
IMHOFF) se succéderont ainsi
dans des tableaux qui mêlent
l’art du cirque et l’expression
théâtrale. ES
> Sa 20 h, di 14 h Fribourg
Place de pétanque du Jura.
Egalement à Bulle les 15 et 16 mai.
FRIBOURG
Scène ouverte à
Nova Friburgo
La Campesina Friburguense
est à Nova Friburgo ce que la
Gérinia est à Marly: une
société de musique vivante,
vibrante et rayonnante. Mardi
prochain, l’harmonie brésilienne s’allie à son homologue
marlinoise pour un concert de
l’amitié à Equilibre à Fribourg.
Sous la direction de JeanClaude Kolly (PHOTO ALAIN
WICHT) et de son alter ego
Marcus Almeida, les 130 musiciens rééditent le concert
commun donné au théâtre
municipal de Nova Friburgo en
2009. Les retrouvailles seront
aussi l’occasion de commémorer la fondation de la «Nouvelle
Fribourg», née il y a 195 ans au
rythme des coups de bêche
des premiers colons… BI
> Ma 20 h Fribourg
Equilibre.
Pour les filles, il est un nom que
l’on hurle par-dessus une foule
agitée. Pour les garçons, il est un
rival au charme tenace. Pour les
belles-mères, il est un gendre
idéal, quoique volontiers sarcastique. Pour tous les autres, il
est l’un des artistes majeurs de
la scène francophone en ce début de millénaire.
Le chanteur français Bénabar, Bruno Nicolini de son vrai
nom, sera ce soir en concert à
Espace Gruyère, à Bulle, à l’enseigne des Francomanias. Un
spectacle qui s’inscrit dans le
cadre d’une nouvelle tournée,
plus intimiste, surfant sur la
vague du succès de son sixième
album, intitulé «Les bénéfices
du doute». Interview.
Après avoir séduit plus de
450 000 spectateurs lors de la
tournée qui a suivi la sortie de
votre dernier album il y a une
année et demie, vous repartez
sur la route pour des concerts
intimistes, dans des salles plus
petites. Une sorte de retour aux
sources?
Bénabar: C’est surtout parce
que, depuis longtemps, les gens
me demandaient de donner à
nouveau des concerts dans des
villes plus petites où l’on ne se
rendait plus dans le cadre de
grandes tournées. Car si tu
viens à Genève pour jouer à
l’Arena, tu ne vas pas ensuite aller jouer dans les petites villes à
côté. C’est un problème qui me
travaillait depuis un certain
temps. Car, après tout, c’est
aussi notre boulot d’aller à la
rencontre des gens. On le doit
au public.
Dans la plupart des salles où
vous allez vous rendre dans le
cadre de cette nouvelle tournée,
le public sera assis. Est-ce que
cela fait une différence pour
vous?
A l’occasion de cette nouvelle
tournée, nous avons entièrement remanié le spectacle. Le
show n’a plus rien à voir avec celui que l’on a proposé jusqu’à
l’automne dernier dans des
grandes salles. Face à un public
nombreux, beaucoup d’énergie
se dégage. Là, le rapport est différent. Nous pouvons par exemple jouer des chansons plus fragiles dans leur tonalité. Dans les
petites salles, les gens sont plus à
l’écoute. Pas besoin de crier pour
se faire entendre. Par contre,
nous serons tout de même six
musiciens sur scène, contre dix
lors de la tournée précédente. Il
y aura des cuivres, un accordéon, une basse, une batterie,
une guitare. Ce ne sera pas seulement mon piano et moi.
Le répertoire contiendra-t-il
quelques inédits?
Oui, il y a quatre ou cinq chansons qui sont nouvelles. Jouer
des titres inédits, c’est justement quelque chose qui fonctionne mieux dans les petites
salles.
Des chansons qui sont en
quelque sorte en phase de test
avant la sortie d’un nouvel
album?
Ce soir, Bénabar sera la tête d’affiche aux Francomanias de Bulle. DR
album, vous dites ne pas vous
sentir menacé par les minarets.
Quand vous chantez ces paroles,
quelle est la réaction du public
en Suisse, un pays où le sujet est
sensible depuis la fameuse votation du 29 novembre 2009?
J’avoue ne pas connaître la situation en Suisse. En plus, nous
ne jouons pas cette
chanson en ce moment
sur la tournée. Sur
cette question, j’ai un
point de vue français.
En France, la populaBÉNABAR tion musulmane est assez importante. Donc,
à mon sens, il est normal qu’il y
Ce soir à Bulle, vous allez jouer à
ait des minarets.
Espace Gruyère. Est-ce que c’est
difficile d’adapter un tour de
Votre cœur politique bat plutôt à
chant intimiste dans un festival
gauche, vous ne le cachez pas.
et sur une grande scène?
Comme je le disais, nous serons Que pensez-vous des soubresauts
tout de même plusieurs musi- qui agitent actuellement le Gouciens sur scène. Donc je pense vernement français, comme le pic
que cela conviendra aussi aux de chômage et l’affaire Cahuzac?
Francomanias. Mais il est vrai Le président François Hollande
que c’est le seul festival où nous
nous produirons dans le cadre
de cette tournée. Pour d’autres,
on a refusé.
Oui, j’espère sortir un nouvel album bientôt. Mais je ne sais pas
si on peut appeler ça une phase
de test. Car il est toujours difficile de juger une chanson à la
première écoute. Même «Let it
be», la première fois qu’on l’entend, on ne se dit pas que ça
sera un tube planétaire.
«C’est aussi notre
boulot d’aller à la
rencontre des gens»
n’est pas au mieux en ce
moment…
C’est le moins que l’on puisse
dire… Je me considère comme
un homme de gauche, mais je
n’ai jamais été militant. Et puis,
il y a plusieurs gauches en
France. Il n’y a pas que le parti
socialiste. En ce moment, les
temps sont durs politiquement.
Mais surtout socialement. En
France, il y a de plus en plus de
gens qui galèrent. Et c’est surtout ça qui m’inquiète.
Vous avez commencé votre carrière au cinéma et à la télé,
notamment comme régisseur en
1991 sur le tournage du film «Le
Brasier», avec Jean-Marc Barr, et
comme scénariste pour la série
télévisée «H» sur Canal+. Est-ce
que vous vous verriez quitter
définitivement la scène pour
l’écran?
Non, je ne crois pas. Je pense
être vraiment un auteur de
chansons. Mon truc, c’est ça.
Composer, c’est quelque chose
qui me vient naturellement.
Mais j’ai été content de pouvoir
toucher à d’autres activités en
parallèle, c’est une chance.
Vous avez joué dans le film «Incognito» en 2009. La carrière d’acteur, ça vous tenterait, comme un
Patrick Bruel par exemple?
Même chose, je préfère la chanson. Et puis, je n’ai pas reçu
beaucoup de propositions dans
ce registre. Je suis boudé par
une partie du monde du cinéma
français qui voit en moi un artiste trop populaire.
Ce qui n’est pas forcément un
tort, non?
En effet. Mais, en France, il y a
une certaine intelligentsia bobo
qui aime beaucoup donner des
leçons. I
> Me 21 h 30
Grande Scène.
LES FRANCOS, C’EST JUSQU’À SAMEDI
Dans la chanson «Alors c’est ça
ma vie», vous dites «J’ai un boulot qui ne me plaît pas». C’est
vrai ça?
Non, ce n’est pas vrai, j’aime
beaucoup mon boulot. Mais je
mesure la chance que j’ai de vivre de ce que j’aime.
Quelle est la partie de votre boulot que vous préférez?
Le moment que l’on vit actuellement, celui où l’on remonte sur
scène. C’est là que la réalité de
la vie de musicien est entière.
Dans «Politiquement correct»,
titre d’ouverture de votre dernier
Entamée hier en compagnie notamment
de Jacques Higelin et Ariane Moffatt, la
fête continue jusqu’à samedi soir aux
Francomanias de Bulle. Ce soir, en plus de
Bénabar, les festivaliers pourront applaudir sur la Grande Scène le barde rémois
Barcella, auteur il y a une année d’un très
réussi deuxième album et jamais à cours
d’imagination pour étonner son public à
chaque représentation, et Mickael Miro,
récente révélation de la scène francophone.
Demain, le plat de résistance s’appellera
Arno. Le Flamand à la voix de pierre ponce
présentera «Future Vintage», un album
qu’il décrivait en septembre dernier, lors
d’une interview accordée à «La Liberté»,
comme un mélange entre un côté futuriste
venu de Belgique et un côté vintage en
provenance d’Angleterre. Plus que jamais,
Arno mérite son surnom de Tom Waits
belge.
Habituée des lieux, la belle Olivia Ruiz
sera à Bulle vendredi, en compagnie
notamment d’Axel Bauer et de l’excellent
Arnaud Fleurent-Didier, croisement génétique entre Polnareff et Ferré, dont le
nouvel album devrait arriver dans les bacs
d’ici quelques mois. Aloan et le Fribourgeois Sébastien Peiry, entre autres, clôtureront le bal samedi. NM
> www.francomanias.ch

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