16 lorsqu`elle s`intéresse au déroulement d`une

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16 lorsqu`elle s`intéresse au déroulement d`une
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lorsqu’elle s’intéresse au déroulement d’une rencontre diplomatique au lac des DeuxMontagnes en 1741 82 .
Par contre, deux auteurs minimisent le poids des missionnaires dans la diplomatie
amérindienne à cette époque. C.J. Jaenen soutient que les Amérindiens agissent d’abord
selon leurs propres intérêts et que le succès de l’alliance franco-amérindienne repose sur la
simplicité de la hiérarchie décisionnelle française83 . A. Balvay n’associe plus quant à lui les
missionnaires au maintien des alliances franco-amérindiennes dans l’arrière-pays américain
du XVIIIe siècle. Ce rôle reviendrait plutôt aux officiers français adoptés par les
Amérindiens ou aux commandants des forts et postes de traite français qui possèdent les
langues amérindiennes 84 . Dans un cadre territorial plus large, G. Havard et C. Vidal
signalent en revanche que les missionnaires ne sont pas encore complètement dépouillés de
ce rôle « extra-religieux » qui était le leur au XVIIe siècle. Ils soulignent d’ailleurs que des
prêtres comme Le Loutre et Picquet sont encore très actifs sur la scène de la diplomatie
franco-amérindienne au XVIIIe siècle 85 . Les travaux de A. Dragon et de M.C. Calvert qui
éclairent le rôle joué par le jésuite Sébastien Rale dans les conflits anglo-abénaquis du
premier quart du XVIIIe siècle s’inscrivent également dans le même ordre d’idées 86 .
En conclusion, bien que la valeur stratégique des alliances franco-amérindiennes à
cette époque ne soit pas remise en question, il n’y a toujours pas de consensus sur la place
qu’occupent les missionnaires dans ces relations. L’historiographie révèle pourtant que
certains d’entre eux ont pu jouer un rôle significatif au sein des rapports politiques et
diplomatiques franco-amérindiens. En effet, si différentes fonctions ont été remplies par des
missionnaires, rien n’indique cependant qu’elles aient été le lot de chacun d’entre eux. Par
contre, l’attention que les historiens ont accordée depuis la fin du XIXe siècle à l’apostolat
82
G. HAVARD, « Paix et interculturalité en Nouvelle-France au temps de Louis XIV », Recherches
amérindiennes au Québec, vol. 27, no 2 (1997), p. 13; Louise JOHNSTON, « Onontio, le grand arbre et la
chaîne d’alliance : Le discours du marquis de Beauharnois aux Kanehsata’kek´ó:non, août 1741 »,
Recherches amérindiennes au Québec, vol. 29, no 2 (1999), p. 13-14.
83
Cornelius J. JAENEN, Les relations franco-amérindiennes en Nouvelle-France et en Acadie, Ottawa,
Affaires indiennes et du Nord Canada, 1985, p. 152 et 159.
84
Arnaud BALVAY, L’Épée et la Plume : Amérindiens et soldats des troupes de la marine en Louisiane et
au Pays d’en haut (1683-1763), Québec, Presses de l’Université Laval (PUL), 2006, p. 172-177.
85
G. HAVARD et C. VIDAL, op. cit., p. 175.
86
Antonio DRAGON, Le vrai visage de Sébastien Rale, Montréal, Bellarmin, 1975, p. 73-171; Mary C.
CALVERT, Black Robe on the Kennebec, Monmouth, Monmouth Press, 1991, p. 119-204.

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