Documents relatifs à l`intervention de David Lagain

Transcription

Documents relatifs à l`intervention de David Lagain
Cyclone à la Jamaïque
d’Alexander Mackendrick
L’abordage
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4.a
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14.b
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Analyse de la séquence
1
La séquence commence en plans fixes, tant que l’abordage ne se présente pas comme tel. Les passagers de la chaloupe montent dans
le bateau et leur montée est vue de l’intérieur et de l’extérieur du navire (plans 1 à 3). Déguisés en femmes, on ne connaît pas leur
identité : la plongée cache le visage de l’individu en robe (plan 3) et elle correspond au point de vue du pilote présenté en contre-plongée
au plan suivant (plan 4).
L’attaque commence à l’extérieur du bateau, lorsqu’un membre du navire est jeté à l’eau par la "femme" qu’il aide à monter (plans 5-6) :
l’action et l’effet de surprise sont mis en valeur par un raccord dans l’axe. Mais le plan de demi-ensemble (plan 6) permet un effet de
recul qui dédramatise immédiatement l’action, en lui conférant un caractère comique (vol plané du marin). Même si le plan 6 reprend le
plan 2 de manière plus rapprochée, l’action est encore peu dramatisée.
C’est aux plans suivants que l’action se dramatise : lorsqu’une bagarre éclate entre la première "femme" et le pilote, le plan de demiensemble cède la place au plan moyen et la caméra se fait mobile, filmant l’action dans un travelling latéral rapide. Un raccord dans
l’axe, très marqué, coupe la chute de la "femme" (plan 7) puis un travelling-arrière permettent de passer du particulier au général. La
bagarre a gagné tout le bateau et la rapidité des mouvements de caméra met en valeur le retournement de situation (plan 8.a).
Cependant, en s’élargissant, le plan retrouve sa fixité (plan 8.b), montrant la maîtrise rapide des pirates sur l’équipage du bateau. Ce
retour rapide à l’ordre et à la fixité favorise l’impression d’une attaque organisée. Le champ-contrechamp à 180° et l’arrêt du mouvement
– des personnages comme de la caméra – suspend l’affrontement entre les deux groupes antagonistes (plans 8.b à 10).
L’affrontement reprend alors sur la dunette : un travelling-avant accompagne un assaillant en amorce (plan 11). L’action va être à
nouveau dramatisée (plans 11 à 14) : filmée de près, avec des personnages en amorces que suivent les mouvements de caméras
(travellings latéraux). Mais c’est qu’elle est désormais soumise au regard d’Emily, filmée en plan rapproché en alternance avec l’action
(plan 12), parfois dans le même plan (plan 14). Si la caméra ne suit pas à proprement parler son regard (il n’y a pas de champ/contrechamp et Emily est toujours filmée suivant le même axe), elle est présente à l’arrière plan afin que son regard assure la cohérence du
montage. L’impression de chaos est ici liée à la subjectivité d’Emily.
Mais cette impression de chaos est de courte durée : le meurtre d’un membre de l’équipage sous les yeux d’Emily (plans 13 et 14.a) est
représenté hors-champ et de façon sonore, par ses cris, auxquels succède le silence. C’est à ce moment que les deux "femmes"
révèlent leur identité. Un raccord-regard regard permet de présenter la voile qui a été démontée : là encore, la mort est hors-champ (on
entend les cris d’un homme écrasé par la chute celle-ci).
Le chaos aura duré très peu de temps et lorsque le capitaine va faire son entrée, la mise en scène retrouve une relative fixité.
En réalité, l’abordage va céder le pas à une nouvelle action : la rencontre d’Emily et du capitaine. L’action est entièrement filmée suivant
le point de vue d’Emily (plans 16 à 26). D’abord, la chaloupe apparaît à l’intérieur d’un plan semi-subjectif avec Emily en amorce (plan
17), puis une série de champs/contrechamps confronte le capitaine et Emily (plans 18 à 21). Cette confrontation est marquée par
l’ambigüité : le capitaine semble gêné et détourne le regard (plan 21) et Emily, filmée en plongée, semble avoir un ascendant sur lui ;
cependant, son mouvement de recul la fait paraître de plus en plus petite et donc fragile par rapport au capitaine (elle est écrasée par la
mature au plan 20). La musique marque l’importance de cette première rencontre de façon presque mélodramatique.
L’abordage reprend avec l’arrivée des hommes de la chaloupe armés de fusils (plan 22) mais il y a désormais deux lignes dramatiques
et elles cohabitent dans le plan (cf. plan 22.b) : d’une part l’abordage (les hommes qui traversent le plan du fond à droite vers le premier
plan à gauche), d’autre part la rencontre d’Emily et du capitaine (situés suivant l’autre diagonale, lui au fond de l’écran à gauche, elle à
l’avant-plan à droite). La musique semble soumettre l’abordage, action initiale, à la deuxième action.
D’ailleurs, la confrontation entre les deux personnages reprend avec une nouvelle série de champs/contre-champs où le rapport de force
s’est inversé (plans 23 à 26) : le capitaine, désormais en plongée, semble dominer Emily, filmée en contre-plongée. L’enjeu du film se
met en place : l’innocence enfantine sera-t-elle victime de la corruption des pirates ou en viendra-t-elle à bout ?
L’abordage reprend pourtant, avec quatre plans en montage alternés (plans 27 à 30) : on voit, d’une part, Zac coupant les cordages de la
voile démontée, d’autre part, le pont où les pirates de la première chaloupe tiennent en joue les membres de l’équipage, jusqu’à ce que
leurs complices révèlent leur présence derrière la voile tombée à terre.
La reprise du champ/contre-champ présent au début de la séquence (plans 31 à 33 // plans 8 à 10) boucle alors celle-ci à l’avantage des
pirates : le plan rapproché sur les visages des membres de l’équipage au début du plan 32 (qui propose une variation par rapport au plan
9) met en valeur leur mouvement de recul et répond ainsi aux travellings-arrière mettant en valeur l’arrivée de Zac (plans 31 et 33).
Le fait que l’action ait été presqu’entièrement filmée suivant le même axe durant toute la séquence, la reprise des plans à la fin confèrent
à la séquence – et à l’attaque – une impression d’organisation plutôt que de chaos : une organisation quasi-théâtrale, puisque la voile
semble faire office de rideau de scène. L’impression de chaos et de trouble est surtout liée à la perception qu’a Emily des événements. À
ce titre, le trouble marque autant sa rencontre avec le capitaine que sa vision de l’attaque et, par la suite, les conflits intersubjectifs (entre
individus) primeront sur les conflits guerriers (entre bateaux rivaux).
David Lagain