j_expire_aux_l

J'EXPIRE AUX LIMBES D'AMOUR INAVOUE
d'après Hamlet de William Shakespeare
Milena Csergo
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Personnages
Clown/Yorick
Hamlet fils
Hamlet père
Claudius
Gertrude
Ophélie
Polonius
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PREMIERE PARTIE
1.
CLOWNPremière partie
Le roi Hamlet dormait dans son verger
Et la mort l'a frappé
Enterrement comme une grande pluie malade
Royaume et reine à Claudius frère du Roi
Repas de noces
2.
HAMLET FILSC’est le monstre ici
C’est la terre qui absorbe les morts et les vomit avant de les avoir pleuré
C'est la horde des loups
Je les aurais barbouillés de tartes et de desserts et de gigot Avec tout ce pain
Tout ce pain
Et les arbres dans les étagères et les guirlandes sur les arbres
Et ce visage content repus concupiscent
Et ce visage aimant content Anesthésiée ma mère
Je les aurais barbouillés de salades et d’olives et la pieuvre sur la table je l’étouffe avec
C’est le monstre
Mère mère ô mère ô ma mère
Ils ne m’entendent pas Ils dansent à gros ventres
Je leur aurais enseigné la décence et l’amour et pitié pour les vivants
Je leur aurais pris la main aimant et partagé mon deuil avec eux extrayant cette nourriture
Je les aurais frigorifiés chagrin de mon chagrin
Si j'avais été autre
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3.
CLOWNHamlet fils valse dans l'abime d'une robe qu'on ne connut jamais
Lettres mais incertitude d'amour
Hamlet Ophélie
Le mystère amoureux
Qui jamais ne surent peut-être jamais ne surent s'aimer le coeur joyeux
Obéissance et négligence
Et pas de liberté dans l'amour
Elle obéit à son père
Il l'attache par le coeur elle ne se détache pas
Pas
C'est la jeune fille huître qui tient fermés ses rêves
Et son amour secret
Pantomime
POLONIUSFille ma fille chérie mon aimée mon adorée tes joues roses
Les as-tu lavées dans le ruisseau ?
OPHELIEOui
POLONIUSMa fille fille chérie je sais par les détours de mon esprit malin Mais sensible
Hi
Que Hamlet
Fils
J’entends bien Non pas le cadavre Hi
Ma fille chérie ma fille
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Ces lettres te les a-t-il envoyées Parce que j’en ai rêvé Et ces lettres étaient si douces et tendres et
charnelles de papier frotté froissé baisé
Je les ai rêvées bleues et roses avec du papier blanc dessus
Je ne me trompe pas Ophélie ma fille fille chérie ?
OPHELIENon
POLONIUSMa fille ma fille ma chérie ma fille tu es loin d’être noble tu es à peine jolie Ma princesse que ma
princesse nulle part tu es princesse
Il ne t’aimera pas de cet amour Blanc
Il ne t’aimera pas de cet amour Silence
Il ne t’aimera pas longtemps comme ceci et les lettres les lettres sache que la cuisinière a les
mêmes dans sa chambre tu le savais cela ma fille le savais-tu
OPHELIENon
POLONIUSC’est la vérité vraie
Dans la cuisinière dans la chambre de la cuisinière pour de bon Allons donc ne sois pas triste je
doute que tu sois triste ma pupucelle
OPHELIENon
POLONIUSC’est bien cela comme je l’imaginais je suis comblé alors mon mignon maintenant
Je vous ordonne
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De rendre à Hamlet fils toutes ces lettres trompeuses menteuses ignominieuses calomnieuses Ces
lettres perfides par lesquelles il espère vous tromper sinon je l’épinglerai à votre botte Je plaisante
Je vous ordonne
De lui rendre ses lettres ou je ne suis plus votre bon papa
OPHELIEOui
4.
HAMLET FILSEt alors qu'Hamlet fils pleurait encore son père
Alors que sa mère ivre se roulait dans de nouveau draps
Lui est apparu un soir le spectre de son père
Splendeur passée, habit terni, lui spectre parle, court et vole
Forêt il vole vole et derrière lui son fils trébuche sur cailloux emmêlés, branches de cette terre
Hamlet fils endeuillé jusqu’à l’os trébuche et s’arrête
Deux figures pâles isolées dans cette forêt blanche. L’un mort l’autre presque
Spectre demande sa vengeance Venge moi Hamlet fils venge moi
Terreur qui s’insinue au creux de son ombre et excès de tristesse devant l’homme courbé sorti de
l’Enfer. Peau brûlée, ongles démis…mais chut chut.
Enfer le frère du Roi qui a tué. La douleur le poison versé dans l’oreille. Douleur, douleur forte
d’ouvrir les yeux. Mort du Roi. Temps asphyxié par cette main sournoise.
Horrible ! Horrible ! Horrible !
Perdu dans les mots de son père. Pensées absentes. Rage brumeuse au fond des yeux.
Plus de larmes. Plus de livres. Plus d’amis. Plus d’Ophélie. Plus de satiété. Plus de société.
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5.
OPHELIEOphélie
Doute que marche mon nom à l'envers de la terre
Doute que le désir délivre
Doute que l'absent par toi délire
Doute que le soleil sans toi ne brille
Doute que les oiseaux meurent sous les cris bleus du vent
Doute que la terre soit ronde de l'univers
Doute que l'homme en moi naisse deux fois sous terre
Mais ne doute pas Que
Je t'aime
OPHELIEJ'ai tout retrouvé ce que vous m'avez donné j'ai tout mis
J'ai tout retrouvé et je me suis perdue au-delà voilà
HAMLET FILSJe n'ai pas écrit de lettres
Je n'écris pas je ne sais pas écrire
OPHELIEOn m'a dit regarder des poèmes et des lettres qui commencent par mon nom
HAMLET FILSEt ma vie ne sera pas une vie ordinaire ma vie sera une vie extraordinaire j'aimerai constamment
et toujours la même personne mes amis seront nombreux et tellement drôles je ferai ce que je
veux absolument je m'envole sans cesse
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Tu comprends tu comprends ce que je dis à toi ce que je te dis petite fille tu comprends
OPHELIENon
HAMLETSouvent je pense il y a une chose dans moi et je ne sais pas si ça existe et ce que c'est mais ça va
me tuer. Et j'irai sous la terre avec les autres invisibles. Avec le cancer.
Tu comprends tu comprends tu comprends ce que je dis
Mais pleure pleure allez pleure allez pleure
Il est où l'autre l'autre le papa ton papa où il est ton papa chéchéchéchéri
Tu seras vieille un jour, tu mettras des maquillages pour cacher tout ce qui bouffe, tout ce qui
tombe tu mettras des maquillages et du fard et du rouge sur les lèvres pour être belle et pour
avoir l'air d'être pas tout à fait morte, tout à fait pourrie, mais tu pourris à l'intérieur à l'intérieur tu
seras toute pourrie du colon
Et après tu vas mourir toute pourrie et tu seras encore plus pourrie et là en bas avec les pas
besoin de fard et de rouge pire pire ton maquillage sera noir noire est l'ivresse noir
Va t'en
OPHELIEJ'ai rien fait
HAMLET FILSSi
Tu respires tu excites
Tu es une femme une fille une femme
Va t'en
Laisse moi
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Et alors
Pourquoi tous ils me regardent
6.
GERTRUDEHamlet
Est-ce que tu vois toujours autour de toi les choses comme elles sont ? Ce serait un moyen de
clarifier ton rapport au monde et ta mère serait contente
Qu'est-ce que c'est que tu fais encore
Qu'est-ce que tu fais
Encore encore partout toujours le bordel
Toujours le bordel
Avec tout ce que j'ai fait pour toi
Évidemment tu as ta vie
Et tes amis et tes conneries
Aujourd'hui
Je te le dis
Je ne pourrai plus rien faire pour toi
Je t'ai mise dehors du ventre
J'ai fait ce que j'ai pu
Débrouille-toi
Tu es fou
Dis moi
Tu vas me rentrer un fusil au milieu du derrière
Un fusil planté derrière
Oui je le sais
Parce que tu es fou et que tu es mon fils
7.
Arrivée de Yorick : jeux.
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HAMLET FILSLavez-moi les mains
Lavez-moi les mains
Je vous absous
Je vous absous pour vos pêchés
Je vous absous
Il y a une main en moi qui n'est pas ma main
Qui est la main d'un autre
Je la couperai volontiers
Je la coupe
Ils jouent un spectacle en trois actes à la cour.
De tous côtés la cour s'écroule.
HAMLET FILSEnivrez-vous du que je verse là il coule ne le voyez-vous pas je me meurs devant vous Vide
comme un tronc sec comme la boue.
GERTRUDEHamlet que dis-tu ?
HAMLET FILSJe ne t’entends pas mère le spectre est là spectre est là
GERTRUDEHamlet que dis-tu
HAMLET FILSMère Écoute moi
Jamais tu ne m’écoutes et jamais tu ne pleures quand je pleure
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Et jamais tu n’appuies ta tête sur la mienne pour voir ce que renferment les fleurs
Et tu ne me croiras pas
Mère je ne sais pas si je t’aime comme il faudrait que je t’aime
Où est-il ton amant de luxure et où salissez vous votre lit
C’est pire que la merde
C’est l’abominable Et le dégoût
Crois moi mère une fois crois moi je ne suis pas si petit si mièvre et si fou que tu crois et que je
semble
Pour une fois crois moi je te sais femme et je t’ai vue femme et je t’ai vue criminelle et je t’ai vu
mère
Mère crois moi
GERTRUDEHamlet que dis-tu
CLAUDIUSTu n'as qu'à aller voir ton père si tu n'aimes pas ta mère
Ha
HAMLET FILSTais toi ! Tais toi !
GERTRUDEHamlet à qui parles-tu
HAMLET FILSVotre mari votre mari le salisseur L’assassin de mes espoirs il est là en face ne le voyez-vous pas
GERTRUDEIl n’y a personne
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HAMLET FILSMais je le vois et il me fait signe et il me fait mourir de honte
Va t’en usurpateur Laisse ma mère tranquille avec son malheur
Cesse de venir lui toucher les cuisses
Ou je te coupe le ventre
Boucher
Et mère voici mon père
Voici mon père
Ne le voyez-vous pas
Il est mort et presque se décompose
GERTRUDEQue dis-tu Hamlet
HAMLET FILSIl pleure maman
Il pleure et son nez pleure avec lui
Comment ne le voyez-vous pas maman
Maman aidez moi maman
GERTRUDEAllez allez
Ça va
Claudius !
HAMLET FILSLâchez moi
Vieille femme
Et voilà le vieux singe ne le voyez-vous pas non plus et dites-vous que je suis monstre encore
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devant cette figure de vie
GERTRUDEJe le vois Hamlet
HAMLET FILSMais c’est un faux mère vous le dites c’est un faux
C’est un rat déguisé
C’est un rat
C’est lui et c’est l’autre
Rat Rat Rat Rat
GERTRUDEAu secours !
HAMLET FILSHamlet tue Polonius.
8.
OPHELIEIl reviendra pas
Il reviendra pas
S'il m'emmenait en terre on pourrait jouer à des farces
Sans yeux
S'il m'emmenait en terre on creuserait jusqu'au centre on tourne
On pourrait nager
On volerait dans l'eau
Animaux crier fort et personne pour entendre
Dans la terre les musiques sont belles mais sèches si on les mange
Dans la terre les musiques abreuvent ceux qui ont soif
Il reviendra pas
Dans la terre la musique sonne et creuse
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Le lac immense et noir autour les corbeaux les gouttes tournent le bec contre les pierres j'entre il
y a cette eau
Le lac autour de moi immense et mes fleurs emportent
Maintenant
Maintenant
J'ai froid
Il y a sur le saule qui pleure plus bas un oiseau que j'ai vu qui a cassé son bec en tombant au sol
alors je suis allée le voir il était bleu de haine et vert il était rongé au milieu de plusieurs formes de
morts qui se roulaient autour de ses pattes il m'a regardée comme un être qui m'eût compris il me
regardait quand j'ai entendu deux autres oiseaux arriver autour de nous j'ai tourné la tête il y en
avait au moins trois qui nous regardaient simplement de grands yeux mauves et plus toute la
journée a passé plus les oiseaux venaient à tel point que la terre entier le sol recouvert de plumes
de beaucoup de couleurs
Je marche sur les cendres de tous les morts j'écrase
J'ai froid
Papa
Papa
Papa
9.
Enterrement Ophélie.
HAMLET FILSAh
Ah
Ah
Ah
Ah Ouais ouais ouais
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Plus vite plus vite plus fort plus fort
Plus vite plus vite plus fort plus fort
Ah
Je vais te bouffer
Ah ah ah
J'ai des glaires
Ahahahaha
Pauvre con
Pauvre con
Je vais te bouffer
Non nanananananan
Non non non nanananananan
La petite jupe bleue
La petite jupe
Bisous
Allez allez allez les connasses
La petite en bleu
Pute pute pute
La police
Les pompiers
Les girophares
Les sirènes
Ahahahaha
J''en ai marre
Ah la pute pute pute
Chaton
Chaton Chatte la pute
Ahahahhaa
Allez allez allez
Bisous
Réveille toi
Bisous
Réveille toi la petite pute en blanc
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La petite pute en blanc
Non
C'est parce que
Parce que tu viens
Tu viens
Tu viens d'Ile et Vilaine
T'es vilaine
Ahahahah
T'es vilaine
Tu viens du Morbihan
Ouauouououoauoauoaoauaouoaoa
Effort de pute
Je veux dormir maintenant tout de suite
Comme le dinosaure je dors
Je dors comme le dinosaure
Je suis le dinosaure du Périgord
T'es baisé t'es baisé
Bisous
Bisous
Bisous
Bisous
Ils meurent.
10.
CLOWNEt tout le sang se retire de leurs peaux, et tous les rires, et toutes les images et toutes les bagarres
Et tous les mystères et tous les amours et toutes les haines et tous les flambeaux
Et toutes les ambitions et toutes les maladies et tous les amours
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DEUXIEME PARTIE
1.
CLOWNDeuxième partie
Hamlet fils
Sur une étoile éteinte perdue dans l’univers
HAMLET FILSJe ne me suis pas pendu à l’image de son corps. Ni roulé dans ses cheveux dorés, bruns, emmêlés
Mes bras dans le lit de la chambre volée. Si les étoiles n’étaient pas niaiseries de mon imagination.
Il chante Led Zeppelin, 'Babe I'm gonna leave you'
Il n’y a pas d’amour impossible. Je ne te bernerai pas, je ne t’humilierai. Ta faiblesse, c’est notre
force. O ma belle, ô amie, ô Ophélie.
2.
CLOWNOphélie
Du fond de la mer
OPHELIEQui pourrait maintenant m’expliquer l’amour ?
Peut être deux ou trois pêchés maintenant
Lécher le sel et le
Susurrement de la mer
Si je suis aussi seule ici qu’ailleurs
On m’a visitée pour la dernière fois il y a cinq jours
Il y a cinq jours je voulais m’agripper à quelqu’un qui vivait devant moi
Ivoire qui me jette à la figure
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L’orme du désespoir de moi
3.
CLOWNSon papa
Polonius
Quelque part inconnu
Dans une roue géante
POLONIUSJe ne veux, pas, être le rat. Mort mon corps, déposé ici, phénix, qui me détourne, de mon art. Je
ne sais, plus faire, belles phrases
M’aiderez, vous à, retrouver, ah, la vie ?
Je tourne je tourne
Prisonnier de ma, propre conscience je ne l’ai pas, ah je, ne l’ai pas, et mon art, mon art
4.
CLOWNGertrude
Pendue au lustre de la salle de gala
GERTRUDEHamlet
Hamlet fils
Hamlet fils
Hamlet
Fils
Hamlet fils
Hamlet
Hamlet
Hamlet
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Hamlet fils
Hamlet
Hamlet
Hamlet
Hamlet
Hamlet fils
5.
CLOWNDanses des morts.
Silence. Recueillement.
6.
CLOWNCe dont je rêve
C'est Hamlet fils et Hamlet père
Entrée d'Hamlet père. Hamlet fils sort un petit papier qu'il lit.
HAMLET FILSTu crois vraiment que je vais croire que tu es mon père
Je ne te reconnais plus
Je ne te connais pas
J'aurais voulu te dire des choses belles dont je ne suis pas capable
J'aurais voulu te dire
Tu as mis sur mes épaules le poids d'une douleur
Tu m'as dit
Meurs ou Tue
Je n'ai pas su quoi faire
Je ne sais pas quoi dire
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Et voilà
J'ai tout raté à cause de toi
Je suis tombé à cause de toi
Tous les jours et les soirs mes mains se joignaient en mépris du monde
Et de moi
Et j'ai perdu l'amour
Et je l'ai pietiné
Pour toi
Va t'en
Laisse moi
Va t'en
Il le chasse en soufflant pendant que Hamlet crie.
Va t’en
Et toi tu ne te souviens de rien
Toi toi tu ne te souviens de rien
Silence.
Yorick
7.
Retrouvailles avec Yorick.
Entrée d'Ophélie.
8.
OPHELIEHamlet Amour Longtemps Revu Pas Je pleure Silence Mémoire Abandonnée Cousue Rouet
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Cassé Hamlet Mort Mémoire Absente Robe fanée dans l’eau qui se déroule sous tes doigts
Frisson Robe de glace Hamlet Fils Hamlet Couvent Couvent couvent Tu Forme que je ne peux
pas dire Cette toi Et mots qui me tripent le cœur Et fausseté dans le regard Dernier regard avant
ma folie mon amour J’ai sauté dans l’eau du précipice pensant qu’au fond l’herbe serait plus
profonde pensant venir toi me cherche dans cette eau qui mangeait mes lèvres et les poissons
coincés Ame laide que tu es laideron de ma mémoire Non
Tu as nourri mon passé d’épices amères
Mais je voudrais me taire
Qui es Tu
Longue étreinte.
Ophélie comme avant la mort se recompose.
9.
CLOWNGertrude et Hamlet père
Retrouvailles.
GERTRUDEJe n'ai jamais vraiment su sourire
Sans avoir froid
J'ai froid
Que n’as-tu gardé de ta haute tenue ? Quand j’étais dans ma robe, frêle, je te connaissais peu Et
tu croquais des pommes pour m’endormir
HAMLETTout peut encore être bien.
GERTRUDENon mais
Regarde ton sourire
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Bientôt qui va tomber
Bientôt un vieux squelette
Je me sens vieillir plus vite que le temps qui me fait Vieille à chacun de tes pas dans tes bras dans
ta bouche dans le souvenir de ta bouche
Et je me sens vieillir dès que tu me touches
HAMLETTu es folle.
GERTRUDENon mais souviens-toi
Long silence
Je voudrais revoir Hamlet fils
HAMLET FILSLaissez moi
Qu'a-t-on à vivre encore ?
Mère Père
Qu’a-t-on à vivre encore ?
J’ai tout vu de vous
Petit Je riais sur vos genoux j’attrapais votre cou nous riions à la mer nous cueillions des fougères
Je n'avais jamais froid.
Ici gelé.
Je suis un orphelin.
GERTRUDENe dis pas ça Hamlet
Chaque mot est un poignard enfoncé dans mon cœur
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Envie de me pendre à ton cou
HAMLET FILSQue peut-on faire de nous ?
GERTRUDEApprendre à vivre morts
Jouer dans les couloirs
Rire sans trop de dents noires
Je te regarderai pour vraiment te connaître
HAMLET FILSEt moi
Je t'ai toujours détestée
Tellement détestée je t'ai détestée avec une haine tellement que je ne pouvais pas dormir
Sans rêver de toi à toutes les sauces
Nue à cheval sur la mer
Ivre avide
Sale
Seule
Ironique en pleurs
J'ai rêvé de toi tout le temps
Déjà tu tombes déjà tu plies déjà tu meurs
Déjà tu cries déjà tu hurles de désir
Les rides commencent à couler sur ton front mielleux
Silence.
Mais je t’aime
Maman
Je t’aime
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Il s'enfuit.
Long silence.
GERTRUDEJe ne veux pas
Que l’on ne reconnaisse plus la reine et être étendue dans une boîte trop petite et inconfortable et
ne pas le savoir et la terre versée sur moi je devrais l’avaler l’horreur du dégoût et des glaires plein
la gorge je vous dirais au secours et vous ne m’entendrez pas car vous m’aurez clouée
HAMLET PEREPauvre femme
Je t’aiderai
J’irai te dissoudre près du soleil
Il va la dissoudre près du soleil.
10.
HAMLET FILSJe veux être vrai dans le silence
Je suis seul dans l’absence
Il est tard
Mes yeux sont fatigués de peine
Et je ne peux pas dormir
OPHELIEJe vous ai rêvé ivre, ivre et haletant, sur la mer, bras tendus vers mes robes pour aspirer l’eau
autour de mes cheveux et me susurrer l’or, je vous ai rêvé sourd et capable d’armure autour de
mes prières et mes jambes cassées, je vous ai rêvé scarifiant la faucheuse de vos mots enchantés,
je vous ai rêvé ivre, et couteau sur le cœur, et cœur à l’avant-larme je vous ai rêvé hymne versé
dans mon oreille, acculé à mes pieds et chant de grand amour je vous ai rêvé pâle, et bleu comme
la neige, et je vous ai vu jeune mal heureux et visage déformé dans le rire de l’ardeur, je vous ai
rêvé pourpre à cheval sur l’ivoire, je vous ai rêvé dans le creux de mes lits, yeux ouverts dans la
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lune je vous ai rêvé prune je vous ai rêvé, immense et protecteur, bras ouverts à mes pleurs, je
vous ai vu glacial et rêvé chaud de fleurs, fenouil, aneth, je vous ai rêvé vieux barbe blanche
comme neige, je vous ai rêvé enfant luisant pensif, renfrogné, agressif, et regard en diamant, je
vous ai rêvé tendre, plus haut que l’être humain, je vous ai rêvé blanc, rempli de mer abrupte, je
vous ai rêvé fenouil lys et pâquerette, ange je vous ai rêvé, ancolie, pensée, je vous ai rêvé
crocodile je vous ai rêvé...
Repose-toi sur mes cheveux`
Il s’endort un instant.
HAMLETRêver à notre saule
Je souvenir Toi Ce saule
Posé sur la rivière près de notre château
Un jour, je pêchais le brochet
Vous riiez dans le chaud du feu de cheminée
M’ayant vu revenir
Retour humide de moi tombé dans la rivière avec le brochet lourd
HAMLET FILSLe saule existe encore
HAMLETJe ne sais pas s’il est mort
Je souvenir Cette crique
Ciel grillé vagues douces
Terre dorée, rochers mousse
Et les rires entiers
Ce visage que tu avais enfant
Éclatait en s’ouvrant insolent
Plissait ton nez
Et tout devenait rire
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HAMLET FILSLa crique existe encore
HAMLETNe sais plus
11.
HAMLET FILSPartons
OPHELIEOui
Tu viendras avec moi
HAMLET FILSOui
D’abord dire au revoir
OPHELIEQui
HAMLET FILSTu dois le reconnaître
Un peu
12.
HAMLET FILS/CLOWNCause he gets up in the morning
And he goes to work at nine
And he comes back home at five-thirty
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Gets the same train every time
Cause his world is built round punctuality
It never fails
And he’s all so good
And he’s all so fine
And he’s all so healthy
In his body and his mind
He’s a well-respected man about town
Doing the best things so conservatively.
POLONIUS (en même temps)No no no no no no (ad lib)
13.
POLONIUSOphélie
OPHELIE Papa
POLONIUSNe partez pas
Restez
Tenez moi compagnie pour ma vie
Ma fille tu ne peux pas suivre cet aborigène sanglant
Il m’a tué
Il t’a tuée avec
Oublies-tu les algues coincées dans tes doigts
Il m’a tué avec lucidité avec passion
Avec esprit critique
OPHELIE27/29
Papa
POLONIUSSauve moi Ophélie
Sauve moi
C’est mes forces qui meurent
Et mes jambes sont toutes petites
Et mes lunettes sont de travers
Et je chancelle vois, je chancelle je chancelle
Je ne suis pas rat
Je faisais de belles histoires, pour distraire, moi et le monde
Je n’aimais personne
Seul je ne riais jamais
Ophélie
Laisse moi
Te raconter qui je suis
L’histoire de moi la vraie
OPHELIENon
POLONIUSTu me laisseras mourir seul dans cette roue
Ne peux-tu, m’enterrer
OPHELIENon
Je pars avec Hamlet
Ta mort m’effraie
Meurs seul Encore une fois
Ou je serais folle encore
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POLONIUS Ophelia, walk your, tone.
Read on, this book, Ophelia walk your tone.
Doubt that, the stars are fire
Doubt that, the sun doth more
Doubt truth, to be a liar
But never, doubt I love
OPHELIEAdieu adieu
Adieu
FIN
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