Aida Gmach: Retour à Takrouna

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Aida Gmach: Retour à Takrouna
Aida Gmach: Retour à Takrouna
Mardi, 16 Mars 2010 14:41
Aida Gmach veille depuis plus de 8 ans sur le village de ses ancêtres. Elle parcourt tous les
jours presque 200 kilomètres
pour accueillir ses hôtes dans un lieu touché par la grâce de dieu.Le rocher abrite un petit
musée, un café et une boutique où elle propose une petite sélection d’objets du patrimoine
tunisien. Entretien avec une femme qui s'identifie à son projet.Par Amel Djait
Amel Djait : Comment est né ce projet?
Aida Bellagha Gmach: Ce projet est né d'un coup de cœur. Takrouna est le village de
mes ancêtres. Dès que j'y ai mis les pieds, j'ai su que j'y finirais ma vie avec ou sans
projet. L'idée s'est imposée à moi naturellement. J'ai de suite, avec le concours de mon
mari, restauré la maison principale et commencé à travailler. Ma fierté aujourd’hui est
que le village de Takrouna a été introduit dans les excursions des touristes en vacances
dans notre pays.J'ai voulu faire de Takrouna un pôle culturel et touristique. Il était
important pour moi de continuer à évoluer dans mon élément. La culture est mon
univers. Pendant 30 ans, j'ai géré la galerie et travaillé avec un grand artiste, feu Ali
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Bellagha. C'est lui qui m'a initiée à la peinture, à la sculpture, à la céramique… Il m'a
appris à regarder les choses avec un œil différent et curieux.
Quelle est votre ambition pour le Rocher Bleu ?
Je me bats pour préserver la richesse de notre patrimoine, qui malheureusement est en
grande souffrance. Il a tendance à disparaître devant un pseudo-modernisme compris au
premier degré. Aux visiteurs qui visitent mon espace, je transmets le savoir-faire de nos
artisans. J’explique nos coutumes et traditions et mets en valeur notre art de vivre. Sur
les blogs et sites internet de voyages, dans les guides comme le Petit futé ou le Routard,
il est mentionné "la propriétaire des lieux parle avec amour de l'histoire et de la richesse
culturelle de son pays". Je me considère un peu comme l'ambassadrice de mon pays
dans mon village.
Pourquoi ce besoin de retour dans le village de vos ancêtres ?
Takrouna est époustouflante de beauté. J’en ai eu envie et besoin. Peut-être un peu par
prestige et beaucoup pour rendre hommage aux hommes de ma vie : mon grand-père, mon
père et Ali Bellagha. Le nom donné à cet espace, le «Rocher Bleu», est aussi un hommage au
grand écrivain Tahar Guiga, originaire du village. L'écomusée porte le nom de "Dar Gmach". Je
tenais à concilier mon nom de jeune fille et celui de mon mari. C’est au quatrième palier, au
sommet du piton, qu’habitait la famille Gmach (Gomez ). Ils sont originaires d’Andalousie, de la
Sierra de Ronda de la région Benaladid «Ta kurunna» et qui, pendant l’immigration mauresque
d’Andalousie en 1609, quitte l’Espagne pour s’installer en Tunisie.
Vous avez le sentiment de ressembler à votre rocher ou bien c’est lui qui vous ressemble
?
Mon projet me ressemble. Il reflète ma personnalité, et résume mon parcours. La décoration et
l'accueil que je réserve aux visiteurs sont ma touche personnelle. J’aime les gens, j’aime les
rencontres et adore dialoguer.
Investir dans un musée n’est pas un peu philanthropique ?
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Ce projet m’a coûté beaucoup d’argent. Dans le musée, rien n'est mis dans des vitrines. Je
considère que les objets anciens et précieux qui y sont exposés ont une âme. Je les laisse
libre. Ils sont à la portée des visiteurs, ils continuent leurs vies d’une certaine manière. En 8
ans, rien n’a jamais été volé du musée. Je continue de compléter, au fur et à mesure, les
quelques pièces qui manquent. Récemment des muséographes du Musée Naturel d'Aix en
Provence m’ont félicitée pour la simplicité et l’homogénéité du musée. Cela est réconfortant !
Pour créer le Rocher Bleu, il a fallu acheminer les matériaux de restauration à dos d'âne
jusqu’en haut du village. Installer l'eau potable et construire des fosses sceptiques avec des
tuyaux qui descendent à 200 m'a coûté le prix d'une petite villa à Tunis. Obtenir les
autorisations de l'Institut National du Patrimoine (INP) a été titanesque. Il a fallu aussi que je me
fasse accepter par les villageois. Bien que je sois originaire de Takrouna, je suis une intruse,
étrangère à leur système.
Que représente pour vous le Rocher Bleu ?
Le Rocher Bleu est un défi. J’ai réussi à faire de ce village fantôme, qui n’était plus que l’ombre
de lui-même à un moment, un point de rencontres. C’est un havre de paix qui inspire sérénité,
noblesse et force à l’image du piton rocheux de l'époque Miocène (22 millions d'années) sur
lequel il est édifié. Il me plait de penser que Guy de Maupassant serait heureux de retrouver le
village comme il l'a décrit en 188O.
Avez-vous un regret ?
Takrouna est un précieux village berbère du nord de la Tunisie. Il lui manque un peu de
considération et davantage d'entretien dans le respect de son cachet architectural. Il pourrait
devenir un pôle culturel international de haute facture. Il s’adapte parfaitement pour
l’évènementiel.
Détails:
Aida Gmach: Retour à Takrouna , Sousse
Maître des lieux : Aida Bellagha Gmach
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Aida Gmach: Retour à Takrouna
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Adresse : Le Rocher Bleu Takrouna 4030 Enfidha Gouvernorat de Sousse. Tunisie
Description:
Un endroit insolite et magnifique.
Horaire d'ouverture : L’hiver de : 8h à 17 h . L'été de : 7h30 mn à 20 h, ouvert 7/7
Tél : (216) 73 381 780 - (216) 98 355 529
Site : takrouna.blogs-de-voyage.fr/
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