Ariane by night !

Transcription

Ariane by night !
© 2010 ESA-CNES-ARIANESPACE / Optique Video du CSG - S MARTIN
En direct
Ariane by night !
© 2010 ESA-CNES-ARIANESPACE / Optique Video du CSG
P BAUDON
Avec 180 lancements au compteur de ce super motard,
Jean-Michel Guillon, salarié d'IEC Sarvis, est le photographe
d'Ariane depuis L06 en 1983. Lors du 194 ème lancement en mai
dernier, notre photographe chevronné a réussi une prouesse :
réaliser la 1ère photo numérique d'un décollage Ariane 5 de nuit.
Voyez vous-mêmes.
hotographier un lanceur aussi puissant
qu'Ariane 5 au décollage, c'est un sacré
challenge, surtout la nuit : vous avez
3 à 4 secondes pour immortaliser les lumières
aveuglantes à la base du lanceur tandis que la coiffe
s'enfonce déjà dans une pénombre avancée.
Ajoutez à cela que l'appareil photo doit être
préprogrammé pour fonctionner à distance et se
déclencher au grondement du Vulcain®. Le secret
de Jean-Michel Guillon ? “L'expérience ! Entré
sur la Base en 1978 en tant qu'assistant, j'ai appris
sur le tas et j'ai beaucoup observé !” Et après avoir
apprivoisé les appareils argentiques, Jean-Michel s'est penché sur
la révolution numérique. “La première fois que j'ai fait une photo
de décollage avec le numérique, je me suis exposé comme avec un
argentique et j'ai eu une magnifique boule de lumière ! De jour, j'ai tout
recalculé : il fallait sous-exposer, c'est-à-dire diminuer la quantité
de lumière entrant dans l'appareil, en réglant soit le diaphragme soit
la vitesse.” Et notre Jean-Mi a été récompensé de ses efforts le 13 mai
2009, lors du départ diurne d'Herschel & Planck vers les étoiles,
avec un Nikon D2X de 12 millions de pixels. “Dans la foulée, j'ai fait
un test de nuit, je m'approchais tout doucement de la solution. La grosse
difficulté, c'est qu'un capteur d'appareil lit de façon totalement
différente les hautes et basses lumières” explique le photographe. “Mais
au dernier lancement, j'ai enfin trouvé le bon réglage : sachant
que l'appareil se déclenche à + 7 secondes, comme la fusée, les bonnes
photos sont entre + 9 et + 11 s, quand elle est le mieux éclairée. En bas,
j'ai surexposé de 2 diaph pour contrer le flash du décollage, en haut
j'ai sous exposé de 3 diaph. Le tout programmé sur un Nikon D3X de
24 millions de pixels avec un capteur de dernière génération 24 x 36.”
Mais alors, concrètement, quels sont les avantages du numérique sur
l'argentique ? “La qualité des détails dans les basses lumières, comme
ici au niveau de la coiffe !” s'exclame Jean-Mi. “En prime, il est plus
facile de travailler une telle photo. Enfin, programmé en mode rafale,
l'appareil numérique prend 4 photos par seconde là où l'argentique
(avec un capteur moyen 6 x 7) n'en prend qu'une toutes les
1,8 seconde en moyenne. Nous avons donc une petite moisson
de clichés exploitables là où il n'y en avait qu'un auparavant.”
Maintenant, disposant toujours ses appareils un peu partout sur
les sites environnants, Jean-Michel s'attaque aux hautes et basses
lumières sur la végétation, toujours pour mieux vous faire découvrir
les faces cachées des lancements ! 4
Par Karol Barthelemy
P
10 / LATITUDE 5 / N°89 / JUILLET 2010
Comparez vous-mêmes ces deux clichés non retouchés de V194 :
en haut la prise de vue argentique et en bas la numérique.