Les vêtements compressifs : l`organisation des services
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Les vêtements compressifs : l`organisation des services
Document complémentaire Les vêtements compressifs : l’organisation des services dans le traitement et la réadaptation des grands brûlés Préparé par Carrie Anna McGinn, M.Sc, conseillère en évaluation et Normand Boucher, Ph.D, chercheur d’établissement 2010-12-03 UETMISSS Unité d’évaluation des technologies et modes d’interventions en santé et en services sociaux Direction de l’enseignement et du soutien scientifique Le contenu de cette publication a été rédigé par l’Unité d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé et en services sociaux (UETMISSS) de l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ). Pour se renseigner sur cette publication ou toute autre activité de l’UETMISSS, s’adresser à : Unité d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé et en services sociaux Institut de réadaptation en déficience physique de Québec 525, boulevard Wilfred Hamel Québec, Québec G1M 2S8 Canada Téléphone : 418-529-9141 poste 6638 [email protected] Afin de faciliter la lecture du document, un seul genre a été retenu pour identifier le féminin et le masculin. Il est recommandé de citer le document de cette façon : Unité d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé et en services sociaux (2010). Les vêtements compressifs : l’organisation des services dans le traitement et la réadaptation des grands brûlés. Document complémentaire. Rapport préparé par Carrie Anna McGinn, M.Sc et Normand Boucher, Ph.D. Québec : Institut de réadaptation en déficience physique de Québec, 12 pages. La reproduction partielle ou complète de ce document à des fins personnelles et non commerciales est permise, à condition d’en citer la source. Copyright © 2010 Institut de réadaptation en déficience physique de Québec er Ce document présente les informations disponibles au 1 novembre 2010 selon la méthodologie de recherche retenue. Ce document n’engage d’aucune façon la responsabilité de l’IRDPQ et de son personnel à l’égard des informations transmises. CONTEXTE La demande a été adressée à l’Unité d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé et services sociaux (UETMISSS) de l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ) par le Comité directeur du Centre d’expertise des victimes de brûlures graves de l’Est de Québec (CEVBGEQ). Elle vise à répondre aux exigences du Ministère de la santé et des services sociaux (MSSS) qui, dans le cadre d’un audit externe du CEVBGEQ réalisé en 2010, a demandé une révision des modalités actuelles d’attribution, de distribution et de suivi des vêtements compressifs pour les victimes de brûlures graves. Afin de soutenir la prise de décision, il a été convenu de produire une note brève, laquelle s’appuiera sur des revues systématiques et des rapports ETMISSS. Cependant, aucun document au sujet de l’organisation des services liés aux vêtements compressifs ne rencontrait les critères d’inclusion de cette note brève. Conséquemment, les informations liées à cette question font l’objet de ce document complémentaire, qui a pour but de présenter une exploration préliminaire de la littérature sans toutefois s’appuyer sur une démarche de recherche ETMISSS. Cependant, il est important de considérer ces informations d’une qualité scientifique reconnue en raison du processus d’évaluation par les pairs auquel elles ont été soumises dans chacune de ces revues retenues. Il s’agit donc d’une revue de la littérature qui emprunte une démarche d’analyse habituelle. OBJECTIF L’objectif de ce document est de présenter des informations ciblées au sujet des principaux paramètres de l’organisation des services liés à l’utilisation optimale des vêtements compressifs lors de la réadaptation fonctionnelle et du soutien à l’intégration sociale pour les victimes de brûlures graves. EXPLORATION PRÉLIMINAIRE DE LA LITTÉRATURE 1. Conditions de l’utilisation 1.1. Efficacité Actuellement, il y a peu de données probantes concernant l’efficacité des vêtements compressifs. Jusqu’à présent, il a été noté dans la littérature que des interrogations sont soulevées quant à leur efficacité dans le processus cicatriciel et de prévention de certains désordres comme l’hypertrophie ou la rétraction cutanée, etc. (Anzarut et al., 2009 et Engrav et al., 2010.1 D’autres auteurs soulignent aussi ce manque de données probantes. Le guide de référence Total Burn Care (Huang, 2007) ainsi que Mustoe et al. (2002) soutiennent que la véritable efficacité des vêtements compressifs est toujours indéterminée. Macintyre et Baird (2006) ajoutent en précisant que les effets sur la pression du derme de certaines variables comme le pourcentage de gras dans le corps, l’âge, le sexe et la race ne sont pas encore bien compris. 1 Pour plus d’informations, veuillez consulter la note brève qui aborde cette question. 1 1.2. Début du port du vêtement Selon plusieurs comptes-rendus repérés dans de la littérature, les vêtements compressifs devraient être appliqués dès que la guérison le permet, c’est-à-dire après l’épithélialisation de la plaie (Bloemen et al., 2009; Macintyre et Baird, 2006; Roques, 2002; Weinert, 2003). Selon l’étude de Ripper et al. (2009), le port des vêtements compressifs commençait entre 1-24 semaines après la blessure (moyenne de 6.7 semaines avec un écart-type de 5.1 semaines). Les participants de l’étude d’Engrav et al. (2010) ont débuté le port des vêtements compressifs au plus tard deux semaines après l’épithélialisation. Deux études incluses dans la méta-analyse d’Anzarut et al. (2009) ont rapporté le moment du début du traitement, c’est-à-dire respectivement deux et quatre semaines après l’épithélialisation. Il est à noter que ces informations sont liées au début du port d’un vêtement compressif. Certaines autres formes de compression transitoires peuvent être utilisées plus précocement, tel que des bandages adhésifs serrés flexibles (type Coban) et des bandages tubulaires compressifs (type Tubi-Grip) (Young, 2002). 1.3. Durée Il semble avoir un consensus général entourant le port des vêtements compressifs qui doit aller jusqu’à la maturation de la plaie (Bloeman et al., 2009; Macintyre et Baird, 2006; Roques, 2002; Weinert, 2003; Young, 2002). Cependant, les méthodes de détermination de la maturation de la plaie sont subjectives, nécessitant une évaluation de la couleur, texture et hauteur (Williams et al., 1998). De plus, la période de maturation des plaies peut varier selon la brûlure. Conséquemment, des auteurs rapportent différentes durées de port des vêtements compressifs, variant généralement entre 6 et 24 mois (Macintyre et Baird, 2006; Mustoe et al., 2002; Roques, 2002; Weinert, 2003; Young, 2002). 1.4. Intensité Parmi les sept études cliniques rapportées dans la note brève, seulement quatre identifient l’intensité du port des vêtements compressifs. Toutes ont exigé que le vêtement compressif soit porté 23 heures par jour. Cette pratique est également reconnue dans d’autres publications (Macintyre et Baird, 2006; Macintyre et al, 2007; Roques, 2002; Stewart et al, 2000; Weinert, 2003; Young, 2002). 1.5. Pression 1.5.1. Pression requise Le niveau thérapeutique de pression entre la plaie et le vêtement compressif pour optimiser la maturation de la cicatrice est toujours un sujet de débat. Selon une revue de littérature réalisée par Engrav et al. (2010), il existe très peu de données probantes répondant objectivement à cette problématique. Il a identifié une étude de Van den Kerckhove et al. (2005) (inclus dans la méta-analyse d’Anzarut) et une thèse doctorale de Naismith (1980) (non repéré pour ce document complémentaire). Cependant, le niveau thérapeutique nécessaire ne fait pas consensus. Macintyre a également fait une revue précise de la littérature et conclue que la pression optimale est toujours inconnue et qu’il a beaucoup de données contradictoires concernant la pression sécuritaire et efficace (Macintyre et Baird, 2005 et 2006; Macintyre, 2007; Macintyre et al., 2007). Cependant, dans les normes de pratique, il est convenu que la pression devrait se situer près de la pression capillaire (± 25 mmHg) (Macintyre et Baird, 2006). Dans les divers comptes-rendus de 2 la littérature, la pression visée par les vêtements compressifs se situe entre 15-40 mmHg (Bloeman et al., 2009; Mustoe et al., 2002; Roques, 2002; Weinert, 2003). Selon les études cliniques incluses dans la note brève, la pression exercée par les vêtements compressifs variait 15 et 25 mmHg (Anzarut et al., 2009; Engrav et al., 2010). 1.5.2. Pression exercée La pression réellement exercée par un vêtement compressif varie, y inclus ceux fabriqués par des manufacturiers commerciaux spécialisés (Macintyre et Baird, 2006). Selon une étude réalisée par Macintyre et Baird (2005), la pression réellement exercée par des vêtements compressifs fabriqués par des établissements de santé au Royaume-Uni varie énormément, de très bas (peu efficace) jusqu’à une pression dangereusement élevée. Divers aspects de leur fabrication influencent la tension réellement exercée par un vêtement compressif : a) plusieurs matériaux sont utilisés sans toutefois connaître leurs propriétés tensorielles; b) il n’y a pas de tests standardisés pour évaluer la tension du matériel; c) une fois fabriqué, la pression réellement exercée par le vêtement compressif est rarement mesurée avec des instruments et mesures standardisés. 1.5.3. Mesure de la pression Selon les résultats d’un questionnaire envoyé à 51 unités régionales de soins de brûlures au Royaume-Uni (Macintyre et Baird, 2005), 88% des répondants indiquaient qu’ils utilisaient « la vue, le touché et l’expérience » pour évaluer la pression exercée par un vêtement compressif. Les auteurs soulignent que des instruments et mesures standardisés sont nécessaires pour réellement évaluer la tension exercée par un vêtement compressif. 1.6. Soins du vêtement Une étude par Macintyre et al. (2007) au sujet de l’entretien des vêtements compressifs révèle que, contrairement à ce qui est recommandé par plusieurs organismes, il n’y a pas de données qui suggèrent que de laver un vêtement compressif à la main l’aide à retenir sa tension. Les auteurs recommandent de laver des vêtements compressifs à la machine, à une température de 40 degrés Celsius après chaque porté. Les auteurs ne font pas de recommandations liées au séchage des vêtements compressifs, mais dans le cadre de leur étude les vêtements compressifs ont été séchés à plat sur une serviette. 1.7. Modification des propriétés du tissu Selon une étude récente de Macintyre et al. (2007), les vêtements compressifs qui sont construits pour exercer une plus grande tension (soit avec un facteur de réduction plus grand ou un matériel à tension élevée) perdent de la tension plus rapidement que des vêtements compressifs qui sont fabriqués pour exercer moins de tension. De plus, les auteurs révèlent que la plus grande perte de tension d’un vêtement compressif est lors du premier cycle de porté et de lavage (réduction de 17.5% en moyenne). Les auteurs suggèrent de pré-stresser le matériel avant la construction du vêtement compressif ou avant le premier porté par le patient. Cette même étude de Macintyre et al. (2007) révèle également que les vêtements compressifs qui sont en contact avec des crèmes hydratantes perdent plus rapidement leur tension que ceux qui ne sont pas en contact avec des crèmes hydratantes. 3 1.8. Remplacement Tous les auteurs qui se sont prononcés sur le sujet déclarent unanimement que les vêtements compressifs doivent être remplacés régulièrement afin d’assurer leur capacité d’exercer une tension adéquate (Bloeman et al., 2009; Engrav et al., 2010; Macintyre et Baird, 2006; Roques, 2002; Weinert, 2003). Une étude clinique par Engrav et al. (2010) recommande que les vêtements compressifs soient remplacés aussi souvent que les patients et les payeurs le permettent. Trois comptes-rendus de la littérature suggèrent des temps plus précis de remplacement : chaque 6-12 semaines (Macintyre et Baird, 2006), 2-3 mois (Weinert, 2003) et 3-4 mois (Young, 2002). 2. Inconvénients Plusieurs problèmes fonctionnels et physiques occasionnellement associés avec le port d’un vêtement compressif sont rapportés dans la littérature : Inconfort Chaleur Sueur excessif Prurit Mobilité réduite Friction excessif entre le vêtement compressif et la peau Complications médicales Irritation de la peau Œdème Phlyctène Allergies aux matériels utilisés Déformations squelettiques et dentaires Macintyre et Baird, 2006; Ripper et al., 2009; Stewart et al., 2000 Macintyre et Baird, 2006; Ripper et al., 2009; Weinert, 2003 Macintyre et Baird, 2006; Ripper et al., 2009; Stewart et al., 2000; Weinert, 2003 Ripper et al., 2009; Roques, 2002; Stewart et al., 2000 Macintyre et Baird, 2006; Roques, 2002; Stewart et al., 2000 Macintyre et Baird, 2006; Ripper et al., 2009; Roques, 2002; Stewart et al., 2000 Macintyre et Baird, 2006 (quand la compression graduée n’est pas appliquée); Stewart et al., 2000 Macintyre et Baird, 2006 (quand il y a pression excessive); Stewart et al., 2000 Roques, 2002 Macintyre et Baird, 2006 (quand il y a pression excessive); Roques, 2002 Il est important de souligner qu’une seule étude de la méta-analyse d’Anzarut (2009) a rapporté des effets secondaires et n’a trouvé aucune différence de prurit ou de douleur entre le groupe qui a porté des vêtements compressifs et le groupe contrôle. Macintyre et Baird (2006) soulignent qu’il est couramment accepté que l’application de la compression allège le prurit et la douleur associés avec des cicatrices hypertrophiques actives. 3. Organisation des services 3.1. Intervenants impliqués L’intervenant le plus souvent identifié dans la littérature comme étant impliqué dans les services liés aux vêtements compressifs est l’ergothérapeute (Ho et al., 2001; Macintyre et Baird 2005 et 2006; Roques, 2002). Les tâches de l’ergothérapeute se résument à la prise des mesures pour la 4 fabrication, l’éducation du patient quant à l’utilisation et au suivi à long terme des vêtements compressifs. Peu de documentation existe sur quel intervenant fabrique les vêtements compressifs, lorsque c’est fait à l’interne. Dans certains cas, la fabrication semble être entrepris par l’ergothérapeute (Macintyre et Baird, 2005 et 2006) ou encore par des techniciens en ergothérapie et du personnel d’un atelier de couture interne (Macintyre et Baird, 2005). Une étude a mentionné un médecin plasticien, comme étant coordonnateur d’équipe (Ho et al., 2001). 3.2. Trajectoire des services Aucune information à ce sujet n’a été repérée. 3.3. Fabrication Les vêtements compressifs peuvent être fabriqués par plusieurs types d’intervenants. Macintyre et Baird (2006) identifient trois grands types de manufacturiers : l’établissement de santé qui fabrique un vêtement compressif sur mesure, un manufacturier commercial qui fabrique un vêtement compressif sur mesure, ou un manufacturier commercial qui fabrique un vêtement compressif prêt à porter. Les auteurs identifient les forces et les faiblesses de chaque type de fabrication, résumées dans le tableau suivant : 5 Tableau 1 : Comparaison des types de fabricants de vêtements compressifs Fabricant Établissement de santé Manufacturier commercial spécialisé Sur mesure Sur mesure Prêt à porter Généralement moins Généralement parmi les Généralement moins Coûts Temps Ajustement couteux que des VC fabriqués sur mesure par un manufacturier commercial spécialisé (+) Temps plus rapide entre e prise des mesures et 1 essayage du VC, ainsi qu’entre les ajustements et essayages suivantes puisque la fabrication et les ajustements se font sur place (+) Mesuré de manière subjective par les ergothérapeutes (-) Mieux que VC prêt à porter (+) Moins que des VC prêt à porter (+) VC plus couteux (-) couteux que des VC sur mesure (+) Temps plus prolongé entre e prise de mesure et 1 essayage, ainsi qu’entre les ajustements et essayages suivantes, puisque le VC doit être envoyé au manufacturier (-) Mesuré de manière subjective par les ergothérapeutes (-) Mieux que VC prêt à porter (+) Moins que des VC prêt à porter (+) Rapidement disponible si tenu en réserve à l’établissement de santé (+) n/d Modifications Composants additionnels sur mesure Manufacturier rencontre le patient et peut considérer plus effectivement des particularités et besoins non-standards (+) Utilise une méthode de « facteur de réduction » Peu consistent (-) La majorité des compagnies peuvent fabriquer des VC nonstandards (+) n/a Utilise un système informatique Peu consistant (-) n/d Choix limité de matériels et de styles de couture (-) Plus grand choix de matériels et de styles de coutures (+) Meilleure apparence puisque fabriqués par des professionnels avec une plus grande variété de matériels et de styles de couture (+) Design Pression exercée Matériaux Apparence Moins belle apparence puisque moins de choix de matériels et de styles de couture (-) Autre Manque de formation des personnes que créent les VC (-) Presque toujours requis (-) n/d n/d n/d Souvent utilisé en attendant pour la fabrication des VC sur mesure VC = vêtement compressif; ( + ) = facteur positif; ( - ) = facteur négatif Informations tirées de Macintyre et Baird, 2006 6 3.3.1. Choix du manufacturier commercial Seulement une étude réalisée par Ward, de 1993, analyse objectivement les facteurs qui contribuent au choix du manufacturier spécialisé dans la fabrication des vêtements compressifs. D’après un sondage mené auprès de 101 centres de traitement de brûlures graves américains (taux de réponse de 61%), les facteurs clés identifiés pour le choix de la compagnie étaient : Accessibilité de la compagnie pour la commande des vêtements compressifs; Facilité des méthodes de prise de mesures; Fiabilité de l’ajustement du vêtement compressif lors du 1e essayage; Services rendus par la compagnie, surtout l’offre des options ou des vêtements nonstandards. 3.4. Choix des matériels et méthodes de fabrication La tension d’un vêtement compressif est liée au matériel et au facteur de réduction utilisés lors de la fabrication. Une variété de matériaux existe. Lors du choix des matériaux, des auteurs soulignent quelques éléments clés à considérer : Couleur : La couleur beige est associé à des connotations négatives (de maladie ou d’incapacité) qui peuvent affecter l’estime de soi et peuvent contribuer à des problèmes sociaux et psychologiques du patient (Thompson et al., 1992; Macintyre et Baird, 2006). Stewart et al. (2000) rapportent que 50% des cliniciens qui ont participé à leur étude croient que les adultes avec des brûlures ne sont pas concernés par la couleur de leurs vêtements compressifs, cependant 48% des patients qui ont participé à l’étude ont indiqué une insatisfaction avec la couleur de leurs vêtements. Apparence générale : Un vêtement compressif de mauvaise apparence ou qui est mal construit peut causer de l’embarras au patient et est associé à la non-adhérence au traitement (Macintyre et Baird, 2006). Capacité à exercer de la tension : Il est important de mesurer la tension réelle d’un matériel avant la fabrication du vêtement compressif (Macintyre, 2007). Les facteurs de réduction influencent également la pression exercée. Selon un sondage de 51 unités régionales de soins de brûlures au Royaume-Uni (Macintyre et Baird, 2005), 82% des répondants utilisaient un seul facteur de réduction pour la fabrication des vêtements compressifs et seulement 18% des répondants changeaient le facteur de réduction selon le parti du corps, le matériel ou l’âge du patient. Selon les répondants qui utilisaient un seul facteur de réduction, 78% choisissaient un facteur de réduction de 20%. Macintyre souligne que si seulement un facteur de réduction est utilisé, la tension réellement exercée par un vêtement compressif varierait énormément en fonction du parti du corps traité, le matériel utilisé et l’âge du patient. Dans une publication récente, Macintyre (2007) tente de développer des nouvelles méthodes pour assurer une pression plus fiable. Elle calcule la tension réelle des vêtements compressifs sur des membres plus larges à l’aide de « Laplace’s Law » (Macintyre, 2007). 3.5. Modifications Chi et al. (2008) ont crée une classification systématique des modifications faites sur des vêtements compressifs au sein de leur organisation, dans le but d’identifier des principales causes et de réduire les modifications nécessaires. Les auteurs ont identifié trois principales causes de modifications : un mauvais ajustement des dimensions relatives à la circonférence ou longitudinale, mauvais positionnement et taille des ouvertures pour les yeux, nez, oreilles et bouche, puis des fermetures éclaires de mauvaise longueur ou mal positionnées. 7 Conséquemment, les auteurs ont instauré une procédure standardisée pour la prise de mesures qui semble avoir contribué à réduire le nombre de modifications totales. 3.6. Coûts Aucune information à ce sujet n’a été repérée, à part de la comparaison des coûts entre les types de fabricants (voir section 3.3). 4. Enjeux 4.1. Guides de pratique Il existe peu de données probantes concernant les vêtements compressifs. Conséquemment, plusieurs méthodes de pratiques divergentes ont développé en absence des standards de pratique basés sur des données probantes (Gibran, 2006). Macintyre et Baird (2006) soulignent ce manque de guides de pratique pour assurer une thérapie compressive sécuritaire et efficace. 4.2. Adhésion au traitement : facilitateurs et barrières Plusieurs facteurs semblent faciliter ou sont une barrière à l’adhésion du patient au port du vêtement compressif. Ils sont résumés dans le tableau suivant : 8 Tableau 2 : Facilitateurs et barrières à l’adhésion au traitement Facilitateurs Liées au VC* Barrières Mauvaise apparence du VC (Bloeman et al., 2009; Macintyre et Baird, 2006); Mauvaise qualité des VC (Ripper et al., 2009); Problèmes fonctionnels ou physiques liés au port du VC (Bloeman et al., 2009; Young, 2002; Macintyre et Baird, 2006; Ripper et al., 2009), surtout de l’inconfort, la restriction des mouvements et la douleur Liées au patient et à son contexte social Patient perçoit les bénéfices du traitement (« outcome expectancy ») et/ou une amélioration de ses cicatrices (Ripper et al., 2009); Facteurs personnels : discipline, utilisation des stratégies appropriées pour faire face aux difficultés (Ripper et al., 2009) Soutien social (émotif et pratique) donné par les proches (Ripper et al., 2009); Soutien psychologique (Roques, 2002); Acceptation par les patients et leurs proches (Roques, 2002); Confiance dans le compétence du personnel (Ripper et al., 2009) Patient ne perçoit pas les bénéfices du traitement (« outcome expectancy ») et/ou une amélioration de ses cicatrices (Macintyre et Baird, 2006; Ripper et al., 2009); Facteurs personnels : Patient détient peu de ressources et de stratégies pour faire face aux difficultés (Ripper et al., 2009) Patient connait peu les risques du non-adhésion (Ripper et al., 2009); Manque de soutien social (émotif et pratique) (Ripper et al., 2009) Problèmes liés à la sphère psychologique, tel qu’un état dépressif, des craintes liés aux réactions du public , ou la peur de manipuler ou de porter inadéquatement son VC (Ripper et al., 2009); Problèmes interpersonnels : réactions négatives du public ou de l’entourage (Ripper et al., 2009); Dimensions socio-culturels (Brown, 2001; Macintyre et Baird, 2006) Liées à l’organisation des services Formation professionnelle (Brown, 2001); Utilisation des guides de pratique et des procédures claires de suivi (Brown, 2001); Implication du patient dans les soins de sa peau (Ho et al., 2001); Considérations spéciales données aux besoins des patients pour le design du VC (Macintyre et Baird, 2006) Éducation des patients et de leurs proches (Ripper et al., 2009; Roques, 2002) *VC = vêtement compressif Problèmes lié au personnel: roulement, manque d’expertise (Brown, 2001) Recommandations pour améliorer l’adhésion au traitement (Ripper et al., 2009) : a. Psychoéducation But : augmenter la perception des risques et l’efficacité personnelle Moyens suggérés : Donner suffisamment d’information médicale sur les brûlures, les séquelles et les dangers liés à la cicatrisation; Expliquer le raisonnement et le fonctionnement des vêtements compressifs (illustrer à l’aide de photos); Expliquer les soins de la peau et du vêtement compressif; 9 Préparer les patients aux barrières potentielles (par exemple, mobilité réduite); Assurer de la qualité du vêtement compressif et expliquer le processus du remplacement; Encourager le patient à observer ses cicatrices pour noter des améliorations. b. Renforcer les ressources personnelles But : augmenter l’efficacité personnelle Moyens suggérés : Formation spéciale concernant la manière de manipuler les vêtements compressifs où les patients peuvent pratiquer et poser des questions; Former des patients quant aux stratégies visant l’augmentation de l’efficacité personnelle et du contrôle, tel que des tactiques pour composer avec les réactions négatives du public. 4.3. Acceptabilité sociale L’acceptabilité sociale des vêtements compressifs semble être liée, en partie, à son apparence. La couleur joue un rôle important : une étude a sondé le public et conclue que des vêtements compressifs de couleurs sont mieux perçus que des vêtements compressifs beiges (Thompson, 1992). Stewart et al. (2000) rapportent que 52% des patients qui ont participé à leur étude indiquent que les vêtements compressifs attirent l’attention et qu’ils se sentaient mal à l’aise, surtout ceux avec des brûlures au visage et aux mains. CONCLUSION Ce document a présenté un survol de la littérature des vêtements compressifs et a identifié certaines conditions d’utilisation, des inconvénients, des éléments liés à l’organisation des services ainsi que des enjeux concernant les guides de pratique, l’adhésion au traitement et l’acceptabilité sociale des vêtements compressifs. En résumé, selon la littérature recensée, trois enjeux importants qui sont à considérer pour l’organisation de services : Une standardisation des pratiques basée sur des données probantes, tel que des guides de pratique et des mesures empiriques de la pression réellement exercée par un vêtement compressif, est essentielle pour assurer un traitement sécuritaire et efficace; L’importance des méthodes de fabrication (tel que le choix des matériaux, facteurs de réduction, fournisseur et formation des professionnels) sur l’apparence (lié à l’adhésion au traitement et l’acceptabilité sociale) et la capacité du vêtement compressif d’exercer une pression standard et fiable (lié à l’efficacité); L’importance de l’éducation et l’implication du patient et des proches. 10 BIBLIOGRAPHIE Anzarut A, J Olsen, P Singh, BH Rowe et EE Treget (2009). The effectiveness of pressure garment therapy for the prevention of abnormal scarring after burn injury: a meta-analysis. 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