Les vêtements compressifs : l`organisation des services

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Les vêtements compressifs : l`organisation des services
Document complémentaire
Les vêtements compressifs :
l’organisation des services dans le
traitement et la réadaptation des
grands brûlés
Préparé par
Carrie Anna McGinn, M.Sc, conseillère en évaluation et
Normand Boucher, Ph.D, chercheur d’établissement
2010-12-03
UETMISSS
Unité d’évaluation des technologies et modes
d’interventions en santé et en services sociaux
Direction de l’enseignement et du soutien scientifique
Le contenu de cette publication a été rédigé par l’Unité d’évaluation des technologies et des
modes d’intervention en santé et en services sociaux (UETMISSS) de l’Institut de réadaptation
en déficience physique de Québec (IRDPQ).
Pour se renseigner sur cette publication ou toute autre activité de l’UETMISSS, s’adresser à :
Unité d’évaluation des technologies et des modes d’intervention
en santé et en services sociaux
Institut de réadaptation en déficience physique de Québec
525, boulevard Wilfred Hamel
Québec, Québec G1M 2S8
Canada
Téléphone : 418-529-9141 poste 6638
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Afin de faciliter la lecture du document, un seul genre a été retenu pour identifier le féminin et
le masculin.
Il est recommandé de citer le document de cette façon :
Unité d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé et en services sociaux
(2010). Les vêtements compressifs : l’organisation des services dans le traitement et la
réadaptation des grands brûlés. Document complémentaire. Rapport préparé par Carrie Anna
McGinn, M.Sc et Normand Boucher, Ph.D. Québec : Institut de réadaptation en déficience
physique de Québec, 12 pages.
La reproduction partielle ou complète de ce document à des fins personnelles et non
commerciales est permise, à condition d’en citer la source.
Copyright © 2010 Institut de réadaptation en déficience physique de Québec
er
Ce document présente les informations disponibles au 1 novembre 2010 selon la méthodologie de
recherche retenue. Ce document n’engage d’aucune façon la responsabilité de l’IRDPQ et de son
personnel à l’égard des informations transmises.
CONTEXTE
La demande a été adressée à l’Unité d’évaluation des technologies et des modes d’intervention
en santé et services sociaux (UETMISSS) de l’Institut de réadaptation en déficience physique de
Québec (IRDPQ) par le Comité directeur du Centre d’expertise des victimes de brûlures graves
de l’Est de Québec (CEVBGEQ). Elle vise à répondre aux exigences du Ministère de la santé et
des services sociaux (MSSS) qui, dans le cadre d’un audit externe du CEVBGEQ réalisé en 2010, a
demandé une révision des modalités actuelles d’attribution, de distribution et de suivi des
vêtements compressifs pour les victimes de brûlures graves.
Afin de soutenir la prise de décision, il a été convenu de produire une note brève, laquelle
s’appuiera sur des revues systématiques et des rapports ETMISSS. Cependant, aucun document
au sujet de l’organisation des services liés aux vêtements compressifs ne rencontrait les critères
d’inclusion de cette note brève. Conséquemment, les informations liées à cette question font
l’objet de ce document complémentaire, qui a pour but de présenter une exploration
préliminaire de la littérature sans toutefois s’appuyer sur une démarche de recherche ETMISSS.
Cependant, il est important de considérer ces informations d’une qualité scientifique reconnue
en raison du processus d’évaluation par les pairs auquel elles ont été soumises dans chacune de
ces revues retenues. Il s’agit donc d’une revue de la littérature qui emprunte une démarche
d’analyse habituelle.
OBJECTIF
L’objectif de ce document est de présenter des informations ciblées au sujet des principaux
paramètres de l’organisation des services liés à l’utilisation optimale des vêtements compressifs
lors de la réadaptation fonctionnelle et du soutien à l’intégration sociale pour les victimes de
brûlures graves.
EXPLORATION PRÉLIMINAIRE DE LA LITTÉRATURE
1. Conditions de l’utilisation
1.1. Efficacité
Actuellement, il y a peu de données probantes concernant l’efficacité des vêtements
compressifs. Jusqu’à présent, il a été noté dans la littérature que des interrogations sont
soulevées quant à leur efficacité dans le processus cicatriciel et de prévention de certains
désordres comme l’hypertrophie ou la rétraction cutanée, etc. (Anzarut et al., 2009 et Engrav et
al., 2010.1 D’autres auteurs soulignent aussi ce manque de données probantes. Le guide de
référence Total Burn Care (Huang, 2007) ainsi que Mustoe et al. (2002) soutiennent que la
véritable efficacité des vêtements compressifs est toujours indéterminée. Macintyre et Baird
(2006) ajoutent en précisant que les effets sur la pression du derme de certaines variables
comme le pourcentage de gras dans le corps, l’âge, le sexe et la race ne sont pas encore bien
compris.
1
Pour plus d’informations, veuillez consulter la note brève qui aborde cette question.
1
1.2. Début du port du vêtement
Selon plusieurs comptes-rendus repérés dans de la littérature, les vêtements compressifs
devraient être appliqués dès que la guérison le permet, c’est-à-dire après l’épithélialisation de la
plaie (Bloemen et al., 2009; Macintyre et Baird, 2006; Roques, 2002; Weinert, 2003). Selon
l’étude de Ripper et al. (2009), le port des vêtements compressifs commençait entre 1-24
semaines après la blessure (moyenne de 6.7 semaines avec un écart-type de 5.1 semaines). Les
participants de l’étude d’Engrav et al. (2010) ont débuté le port des vêtements compressifs au
plus tard deux semaines après l’épithélialisation. Deux études incluses dans la méta-analyse
d’Anzarut et al. (2009) ont rapporté le moment du début du traitement, c’est-à-dire
respectivement deux et quatre semaines après l’épithélialisation.
Il est à noter que ces informations sont liées au début du port d’un vêtement compressif.
Certaines autres formes de compression transitoires peuvent être utilisées plus précocement,
tel que des bandages adhésifs serrés flexibles (type Coban) et des bandages tubulaires
compressifs (type Tubi-Grip) (Young, 2002).
1.3. Durée
Il semble avoir un consensus général entourant le port des vêtements compressifs qui doit aller
jusqu’à la maturation de la plaie (Bloeman et al., 2009; Macintyre et Baird, 2006; Roques, 2002;
Weinert, 2003; Young, 2002). Cependant, les méthodes de détermination de la maturation de la
plaie sont subjectives, nécessitant une évaluation de la couleur, texture et hauteur (Williams et
al., 1998). De plus, la période de maturation des plaies peut varier selon la brûlure.
Conséquemment, des auteurs rapportent différentes durées de port des vêtements
compressifs, variant généralement entre 6 et 24 mois (Macintyre et Baird, 2006; Mustoe et al.,
2002; Roques, 2002; Weinert, 2003; Young, 2002).
1.4. Intensité
Parmi les sept études cliniques rapportées dans la note brève, seulement quatre identifient
l’intensité du port des vêtements compressifs. Toutes ont exigé que le vêtement compressif soit
porté 23 heures par jour. Cette pratique est également reconnue dans d’autres publications
(Macintyre et Baird, 2006; Macintyre et al, 2007; Roques, 2002; Stewart et al, 2000; Weinert,
2003; Young, 2002).
1.5. Pression
1.5.1. Pression requise
Le niveau thérapeutique de pression entre la plaie et le vêtement compressif pour optimiser la
maturation de la cicatrice est toujours un sujet de débat. Selon une revue de littérature réalisée
par Engrav et al. (2010), il existe très peu de données probantes répondant objectivement à
cette problématique. Il a identifié une étude de Van den Kerckhove et al. (2005) (inclus dans la
méta-analyse d’Anzarut) et une thèse doctorale de Naismith (1980) (non repéré pour ce
document complémentaire). Cependant, le niveau thérapeutique nécessaire ne fait pas
consensus. Macintyre a également fait une revue précise de la littérature et conclue que la
pression optimale est toujours inconnue et qu’il a beaucoup de données contradictoires
concernant la pression sécuritaire et efficace (Macintyre et Baird, 2005 et 2006; Macintyre,
2007; Macintyre et al., 2007).
Cependant, dans les normes de pratique, il est convenu que la pression devrait se situer près de
la pression capillaire (± 25 mmHg) (Macintyre et Baird, 2006). Dans les divers comptes-rendus de
2
la littérature, la pression visée par les vêtements compressifs se situe entre 15-40 mmHg
(Bloeman et al., 2009; Mustoe et al., 2002; Roques, 2002; Weinert, 2003). Selon les études
cliniques incluses dans la note brève, la pression exercée par les vêtements compressifs variait
15 et 25 mmHg (Anzarut et al., 2009; Engrav et al., 2010).
1.5.2. Pression exercée
La pression réellement exercée par un vêtement compressif varie, y inclus ceux fabriqués par
des manufacturiers commerciaux spécialisés (Macintyre et Baird, 2006). Selon une étude
réalisée par Macintyre et Baird (2005), la pression réellement exercée par des vêtements
compressifs fabriqués par des établissements de santé au Royaume-Uni varie énormément, de
très bas (peu efficace) jusqu’à une pression dangereusement élevée. Divers aspects de leur
fabrication influencent la tension réellement exercée par un vêtement compressif : a) plusieurs
matériaux sont utilisés sans toutefois connaître leurs propriétés tensorielles; b) il n’y a pas de
tests standardisés pour évaluer la tension du matériel; c) une fois fabriqué, la pression
réellement exercée par le vêtement compressif est rarement mesurée avec des instruments et
mesures standardisés.
1.5.3. Mesure de la pression
Selon les résultats d’un questionnaire envoyé à 51 unités régionales de soins de brûlures au
Royaume-Uni (Macintyre et Baird, 2005), 88% des répondants indiquaient qu’ils utilisaient « la
vue, le touché et l’expérience » pour évaluer la pression exercée par un vêtement compressif.
Les auteurs soulignent que des instruments et mesures standardisés sont nécessaires pour
réellement évaluer la tension exercée par un vêtement compressif.
1.6. Soins du vêtement
Une étude par Macintyre et al. (2007) au sujet de l’entretien des vêtements compressifs révèle
que, contrairement à ce qui est recommandé par plusieurs organismes, il n’y a pas de données
qui suggèrent que de laver un vêtement compressif à la main l’aide à retenir sa tension. Les
auteurs recommandent de laver des vêtements compressifs à la machine, à une température de
40 degrés Celsius après chaque porté. Les auteurs ne font pas de recommandations liées au
séchage des vêtements compressifs, mais dans le cadre de leur étude les vêtements compressifs
ont été séchés à plat sur une serviette.
1.7. Modification des propriétés du tissu
Selon une étude récente de Macintyre et al. (2007), les vêtements compressifs qui sont
construits pour exercer une plus grande tension (soit avec un facteur de réduction plus grand ou
un matériel à tension élevée) perdent de la tension plus rapidement que des vêtements
compressifs qui sont fabriqués pour exercer moins de tension. De plus, les auteurs révèlent que
la plus grande perte de tension d’un vêtement compressif est lors du premier cycle de porté et
de lavage (réduction de 17.5% en moyenne). Les auteurs suggèrent de pré-stresser le matériel
avant la construction du vêtement compressif ou avant le premier porté par le patient.
Cette même étude de Macintyre et al. (2007) révèle également que les vêtements compressifs
qui sont en contact avec des crèmes hydratantes perdent plus rapidement leur tension que ceux
qui ne sont pas en contact avec des crèmes hydratantes.
3
1.8. Remplacement
Tous les auteurs qui se sont prononcés sur le sujet déclarent unanimement que les vêtements
compressifs doivent être remplacés régulièrement afin d’assurer leur capacité d’exercer une
tension adéquate (Bloeman et al., 2009; Engrav et al., 2010; Macintyre et Baird, 2006; Roques,
2002; Weinert, 2003). Une étude clinique par Engrav et al. (2010) recommande que les
vêtements compressifs soient remplacés aussi souvent que les patients et les payeurs le
permettent. Trois comptes-rendus de la littérature suggèrent des temps plus précis de
remplacement : chaque 6-12 semaines (Macintyre et Baird, 2006), 2-3 mois (Weinert, 2003) et
3-4 mois (Young, 2002).
2. Inconvénients
Plusieurs problèmes fonctionnels et physiques occasionnellement associés avec le port d’un
vêtement compressif sont rapportés dans la littérature :
Inconfort
Chaleur
Sueur excessif
Prurit
Mobilité réduite
Friction excessif entre le vêtement
compressif et la peau
Complications médicales
Irritation de la peau
Œdème
Phlyctène
Allergies aux matériels utilisés
Déformations squelettiques et
dentaires
Macintyre et Baird, 2006; Ripper et al., 2009; Stewart
et al., 2000
Macintyre et Baird, 2006; Ripper et al., 2009; Weinert,
2003
Macintyre et Baird, 2006; Ripper et al., 2009; Stewart
et al., 2000; Weinert, 2003
Ripper et al., 2009; Roques, 2002; Stewart et al., 2000
Macintyre et Baird, 2006; Roques, 2002; Stewart et al.,
2000
Macintyre et Baird, 2006; Ripper et al., 2009; Roques,
2002; Stewart et al., 2000
Macintyre et Baird, 2006 (quand la compression
graduée n’est pas appliquée); Stewart et al., 2000
Macintyre et Baird, 2006 (quand il y a pression
excessive); Stewart et al., 2000
Roques, 2002
Macintyre et Baird, 2006 (quand il y a pression
excessive); Roques, 2002
Il est important de souligner qu’une seule étude de la méta-analyse d’Anzarut (2009) a rapporté
des effets secondaires et n’a trouvé aucune différence de prurit ou de douleur entre le groupe
qui a porté des vêtements compressifs et le groupe contrôle. Macintyre et Baird (2006)
soulignent qu’il est couramment accepté que l’application de la compression allège le prurit et
la douleur associés avec des cicatrices hypertrophiques actives.
3. Organisation des services
3.1. Intervenants impliqués
L’intervenant le plus souvent identifié dans la littérature comme étant impliqué dans les services
liés aux vêtements compressifs est l’ergothérapeute (Ho et al., 2001; Macintyre et Baird 2005 et
2006; Roques, 2002). Les tâches de l’ergothérapeute se résument à la prise des mesures pour la
4
fabrication, l’éducation du patient quant à l’utilisation et au suivi à long terme des vêtements
compressifs. Peu de documentation existe sur quel intervenant fabrique les vêtements
compressifs, lorsque c’est fait à l’interne. Dans certains cas, la fabrication semble être entrepris
par l’ergothérapeute (Macintyre et Baird, 2005 et 2006) ou encore par des techniciens en
ergothérapie et du personnel d’un atelier de couture interne (Macintyre et Baird, 2005). Une
étude a mentionné un médecin plasticien, comme étant coordonnateur d’équipe (Ho et al.,
2001).
3.2. Trajectoire des services
Aucune information à ce sujet n’a été repérée.
3.3. Fabrication
Les vêtements compressifs peuvent être fabriqués par plusieurs types d’intervenants. Macintyre
et Baird (2006) identifient trois grands types de manufacturiers : l’établissement de santé qui
fabrique un vêtement compressif sur mesure, un manufacturier commercial qui fabrique un
vêtement compressif sur mesure, ou un manufacturier commercial qui fabrique un vêtement
compressif prêt à porter. Les auteurs identifient les forces et les faiblesses de chaque type de
fabrication, résumées dans le tableau suivant :
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Tableau 1 : Comparaison des types de fabricants de vêtements compressifs
Fabricant
Établissement
de santé
Manufacturier commercial spécialisé
Sur mesure
Sur mesure
Prêt à porter
Généralement moins
Généralement parmi les
Généralement moins
Coûts
Temps
Ajustement
couteux que des VC
fabriqués sur mesure par
un manufacturier
commercial spécialisé (+)
Temps plus rapide entre
e
prise des mesures et 1
essayage du VC, ainsi
qu’entre les ajustements
et essayages suivantes
puisque la fabrication et
les ajustements se font sur
place (+)
Mesuré de manière
subjective par les
ergothérapeutes (-)
Mieux que VC prêt à porter
(+)
Moins que des VC prêt à
porter (+)
VC plus couteux (-)
couteux que des VC sur
mesure (+)
Temps plus prolongé entre
e
prise de mesure et 1
essayage, ainsi qu’entre
les ajustements et
essayages suivantes,
puisque le VC doit être
envoyé au manufacturier
(-)
Mesuré de manière
subjective par les
ergothérapeutes (-)
Mieux que VC prêt à porter
(+)
Moins que des VC prêt à
porter (+)
Rapidement disponible si
tenu en réserve à
l’établissement de santé
(+)
n/d
Modifications
Composants
additionnels sur
mesure
Manufacturier rencontre le
patient et peut considérer
plus effectivement des
particularités et besoins
non-standards (+)
Utilise une méthode de
« facteur de réduction »
Peu consistent (-)
La majorité des
compagnies peuvent
fabriquer des VC nonstandards (+)
n/a
Utilise un système
informatique
Peu consistant (-)
n/d
Choix limité de matériels
et de styles de couture (-)
Plus grand choix de
matériels et de styles de
coutures (+)
Meilleure apparence
puisque fabriqués par des
professionnels avec une
plus grande variété de
matériels et de styles de
couture (+)
Design
Pression exercée
Matériaux
Apparence
Moins belle apparence
puisque moins de choix de
matériels et de styles de
couture (-)
Autre
Manque de formation des
personnes que créent les
VC (-)
Presque toujours requis (-)
n/d
n/d
n/d
Souvent utilisé en
attendant pour la
fabrication des VC sur
mesure
VC = vêtement compressif; ( + ) = facteur positif; ( - ) = facteur négatif
Informations tirées de Macintyre et Baird, 2006
6
3.3.1. Choix du manufacturier commercial
Seulement une étude réalisée par Ward, de 1993, analyse objectivement les facteurs qui
contribuent au choix du manufacturier spécialisé dans la fabrication des vêtements compressifs.
D’après un sondage mené auprès de 101 centres de traitement de brûlures graves américains
(taux de réponse de 61%), les facteurs clés identifiés pour le choix de la compagnie étaient :
Accessibilité de la compagnie pour la commande des vêtements compressifs;
Facilité des méthodes de prise de mesures;
Fiabilité de l’ajustement du vêtement compressif lors du 1e essayage;
Services rendus par la compagnie, surtout l’offre des options ou des vêtements nonstandards.
3.4. Choix des matériels et méthodes de fabrication
La tension d’un vêtement compressif est liée au matériel et au facteur de réduction utilisés lors
de la fabrication. Une variété de matériaux existe. Lors du choix des matériaux, des auteurs
soulignent quelques éléments clés à considérer :
Couleur : La couleur beige est associé à des connotations négatives (de maladie ou
d’incapacité) qui peuvent affecter l’estime de soi et peuvent contribuer à des problèmes
sociaux et psychologiques du patient (Thompson et al., 1992; Macintyre et Baird, 2006).
Stewart et al. (2000) rapportent que 50% des cliniciens qui ont participé à leur étude
croient que les adultes avec des brûlures ne sont pas concernés par la couleur de leurs
vêtements compressifs, cependant 48% des patients qui ont participé à l’étude ont
indiqué une insatisfaction avec la couleur de leurs vêtements.
Apparence générale : Un vêtement compressif de mauvaise apparence ou qui est mal
construit peut causer de l’embarras au patient et est associé à la non-adhérence au
traitement (Macintyre et Baird, 2006).
Capacité à exercer de la tension : Il est important de mesurer la tension réelle d’un
matériel avant la fabrication du vêtement compressif (Macintyre, 2007).
Les facteurs de réduction influencent également la pression exercée. Selon un sondage de 51
unités régionales de soins de brûlures au Royaume-Uni (Macintyre et Baird, 2005), 82% des
répondants utilisaient un seul facteur de réduction pour la fabrication des vêtements
compressifs et seulement 18% des répondants changeaient le facteur de réduction selon le parti
du corps, le matériel ou l’âge du patient. Selon les répondants qui utilisaient un seul facteur de
réduction, 78% choisissaient un facteur de réduction de 20%. Macintyre souligne que si
seulement un facteur de réduction est utilisé, la tension réellement exercée par un vêtement
compressif varierait énormément en fonction du parti du corps traité, le matériel utilisé et l’âge
du patient. Dans une publication récente, Macintyre (2007) tente de développer des nouvelles
méthodes pour assurer une pression plus fiable. Elle calcule la tension réelle des vêtements
compressifs sur des membres plus larges à l’aide de « Laplace’s Law » (Macintyre, 2007).
3.5. Modifications
Chi et al. (2008) ont crée une classification systématique des modifications faites sur des
vêtements compressifs au sein de leur organisation, dans le but d’identifier des principales
causes et de réduire les modifications nécessaires. Les auteurs ont identifié trois principales
causes de modifications : un mauvais ajustement des dimensions relatives à la circonférence ou
longitudinale, mauvais positionnement et taille des ouvertures pour les yeux, nez, oreilles et
bouche, puis des fermetures éclaires de mauvaise longueur ou mal positionnées.
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Conséquemment, les auteurs ont instauré une procédure standardisée pour la prise de mesures
qui semble avoir contribué à réduire le nombre de modifications totales.
3.6. Coûts
Aucune information à ce sujet n’a été repérée, à part de la comparaison des coûts entre les
types de fabricants (voir section 3.3).
4. Enjeux
4.1. Guides de pratique
Il existe peu de données probantes concernant les vêtements compressifs. Conséquemment,
plusieurs méthodes de pratiques divergentes ont développé en absence des standards de
pratique basés sur des données probantes (Gibran, 2006). Macintyre et Baird (2006) soulignent
ce manque de guides de pratique pour assurer une thérapie compressive sécuritaire et efficace.
4.2. Adhésion au traitement : facilitateurs et barrières
Plusieurs facteurs semblent faciliter ou sont une barrière à l’adhésion du patient au port du
vêtement compressif. Ils sont résumés dans le tableau suivant :
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Tableau 2 : Facilitateurs et barrières à l’adhésion au traitement
Facilitateurs
Liées au VC*
Barrières
Mauvaise apparence du VC (Bloeman et al., 2009;
Macintyre et Baird, 2006);
Mauvaise qualité des VC (Ripper et al., 2009);
Problèmes fonctionnels ou physiques liés au port
du VC (Bloeman et al., 2009; Young, 2002;
Macintyre et Baird, 2006; Ripper et al., 2009),
surtout de l’inconfort, la restriction des
mouvements et la douleur
Liées au patient et à son contexte social
Patient perçoit les bénéfices du traitement
(« outcome expectancy ») et/ou une amélioration
de ses cicatrices (Ripper et al., 2009);
Facteurs personnels : discipline, utilisation des
stratégies appropriées pour faire face aux difficultés
(Ripper et al., 2009)
Soutien social (émotif et pratique) donné par les
proches (Ripper et al., 2009);
Soutien psychologique (Roques, 2002);
Acceptation par les patients et leurs proches
(Roques, 2002);
Confiance dans le compétence du personnel
(Ripper et al., 2009)
Patient ne perçoit pas les bénéfices du traitement
(« outcome expectancy ») et/ou une amélioration
de ses cicatrices (Macintyre et Baird, 2006; Ripper
et al., 2009);
Facteurs personnels : Patient détient peu de
ressources et de stratégies pour faire face aux
difficultés (Ripper et al., 2009)
Patient connait peu les risques du non-adhésion
(Ripper et al., 2009);
Manque de soutien social (émotif et pratique)
(Ripper et al., 2009)
Problèmes liés à la sphère psychologique, tel qu’un
état dépressif, des craintes liés aux réactions du
public , ou la peur de manipuler ou de porter
inadéquatement son VC (Ripper et al., 2009);
Problèmes interpersonnels : réactions négatives du
public ou de l’entourage (Ripper et al., 2009);
Dimensions socio-culturels (Brown, 2001;
Macintyre et Baird, 2006)
Liées à l’organisation des services
Formation professionnelle (Brown, 2001);
Utilisation des guides de pratique et des procédures
claires de suivi (Brown, 2001);
Implication du patient dans les soins de sa peau (Ho
et al., 2001);
Considérations spéciales données aux besoins des
patients pour le design du VC (Macintyre et Baird,
2006)
Éducation des patients et de leurs proches (Ripper
et al., 2009; Roques, 2002)
*VC = vêtement compressif
Problèmes lié au personnel: roulement, manque
d’expertise (Brown, 2001)
Recommandations pour améliorer l’adhésion au traitement (Ripper et al., 2009) :
a. Psychoéducation
But : augmenter la perception des risques et l’efficacité personnelle
Moyens suggérés :
Donner suffisamment d’information médicale sur les brûlures, les séquelles et les
dangers liés à la cicatrisation;
Expliquer le raisonnement et le fonctionnement des vêtements compressifs (illustrer à
l’aide de photos);
Expliquer les soins de la peau et du vêtement compressif;
9
Préparer les patients aux barrières potentielles (par exemple, mobilité réduite);
Assurer de la qualité du vêtement compressif et expliquer le processus du
remplacement;
Encourager le patient à observer ses cicatrices pour noter des améliorations.
b. Renforcer les ressources personnelles
But : augmenter l’efficacité personnelle
Moyens suggérés :
Formation spéciale concernant la manière de manipuler les vêtements compressifs où
les patients peuvent pratiquer et poser des questions;
Former des patients quant aux stratégies visant l’augmentation de l’efficacité
personnelle et du contrôle, tel que des tactiques pour composer avec les réactions
négatives du public.
4.3. Acceptabilité sociale
L’acceptabilité sociale des vêtements compressifs semble être liée, en partie, à son apparence.
La couleur joue un rôle important : une étude a sondé le public et conclue que des vêtements
compressifs de couleurs sont mieux perçus que des vêtements compressifs beiges (Thompson,
1992). Stewart et al. (2000) rapportent que 52% des patients qui ont participé à leur étude
indiquent que les vêtements compressifs attirent l’attention et qu’ils se sentaient mal à l’aise,
surtout ceux avec des brûlures au visage et aux mains.
CONCLUSION
Ce document a présenté un survol de la littérature des vêtements compressifs et a identifié
certaines conditions d’utilisation, des inconvénients, des éléments liés à l’organisation des
services ainsi que des enjeux concernant les guides de pratique, l’adhésion au traitement et
l’acceptabilité sociale des vêtements compressifs.
En résumé, selon la littérature recensée, trois enjeux importants qui sont à considérer pour
l’organisation de services :
Une standardisation des pratiques basée sur des données probantes, tel que des guides
de pratique et des mesures empiriques de la pression réellement exercée par un
vêtement compressif, est essentielle pour assurer un traitement sécuritaire et efficace;
L’importance des méthodes de fabrication (tel que le choix des matériaux, facteurs de
réduction, fournisseur et formation des professionnels) sur l’apparence (lié à l’adhésion
au traitement et l’acceptabilité sociale) et la capacité du vêtement compressif d’exercer
une pression standard et fiable (lié à l’efficacité);
L’importance de l’éducation et l’implication du patient et des proches.
10
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