RECHERCHE SUR LES ENFANTS ADOPTÉS EN DIFFICULTÉS

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RECHERCHE SUR LES ENFANTS ADOPTÉS EN DIFFICULTÉS
RECHERCHE
SUR
LES ENFANTS ADOPTÉS
EN
DIFFICULTÉS
Approche par analyse de dossiers et entretiens
Volume 2 – 2006
Catherine SELLENET
Professeur des universités en sciences de l’éducation
Directrice du centre de recherches éducation – culture
Recherche commandée au CREC par la Direction Générale de l’Action Sociale du
Ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité
1
SOMMAIRE
Introduction ............................................................................. 4
1-La question de l’agrément.................................... ................ 6
-
Emergence d’un discours de convenance ........................ 6
–
Non homogénéité des pratiques d’entretiens . ................ 7
–
Le discours sur le « deuil de l’enfant imaginaire »
et ses effets délétères ....................................... .............. . 8
–
La tentation de dépasser les limites repérées. ................ 9
2-La question de l’évaluation
de « l’adoptabilité de l’enfant »............................... .............. 10
-
L’adoption comme option, non comme obligation........ 11
-
Les causes récurrentes d’échec : ................... .............. 15
Des enfants très fragilisés par leur naissance
ou leur parcours antérieur ......................................... .............. 16
Des enfants très carencés nécessitant des soins continus ......... 17
Des enfants ayant subi de véritables traumatismes ... .............. 18
Des enfants qui refusent l’adoption ........................... .............. 20
3-La question de l’appariement et de la préparation à l’adoption,
versus parents et enfant. .......................................... .............. 23
-
Les obstacles à l’appariement : ..................... .............. 24
Une méconnaissance de la culture de l’autre ............ .............. 24
Une méconnaissance des trajectoires des enfants ..... .............. 25
Une quête de « familiarité » immédiate ..................... .............. 25
Apparier ou apprivoiser ? .......................................... .............. 25
4-La symptomatologie des enfants adoptés en difficultés.... 27
5-La parentalité adoptive en question .................... .............. 28
La parentalité absente ou pathologique..................... .............. 28
La parentalité défaillante ........................................... .............. 30
La parentalité entravée par la séparation du couple. .............. 30
6- La responsabilité des services engagée............... .............. 30
7-L’accompagnement des parents adoptifs,
Un manque flagrant ................................................. .............. 34
2
8-Le point de vue des parents adoptifs :
Que peuvent-ils dire des difficultés rencontrées ?. .............. 37
Le non respect de l’autorité parentale par les professionnels .. 37
L’absence de partenariat ........................................... .............. 38
Des savoirs et des expériences à transmettre : .......... .............. 38
- Être vigilant sur les conditions de l’adoption
et intervenir précocement......................................... .............. 39
- Prendre en compte la spécificité de l’adoption ....... .............. 40
- Admettre que les parents puissent être des partenaires.......... 41
9-L’analyse critique des théories et pratiques actuelles
en matière d’adoption .............................................. .............. 42
- travailler sur les passages à l’acte violents............. .............. 42
-travailler sur les processus d’attachement ............... .............. 42
-utiliser les théories de la maltraitance et leurs effets .............. 42
-approfondir les théories de la parentalité ................ .............. 43
- utiliser les théories de la construction de l’identité. .............. 43
10-L’articulation entre les institutions ................... .............. 43
11-Préconisations et réflexions du groupe de travail
sur l’adoption............................................................ .............. 44
Annexe 1 : caractéristiques des dossiers étudiés........ .............. 46
Annexe 2 : constitution du groupe de travail sur l’adoption ..... 62
Annexe 3 : exemples de formations à mettre en place.............. 63
Annexe 4 : profil des parents interviewés .................. .............. 68
Conclusion................................................................. .............. 71
3
INTRODUCTION
L’approche privilégiée dans ce second volume est une approche qualitative. Elle consiste en
une analyse de contenu de 81 situations d’enfants, à partir des dossiers remis par les
départements au Ministère (44 dossiers), par des structures hospitalières accueillant des
enfants après un passage à l’acte ou pendant un épisode dépressif ou délirant (13 dossiers), ou
par des structures d’accueil comme les foyers de l’enfance (24 dossiers ) Aucun de ces 81
dossiers ne faisait partie de la première étude. Tous sont des dossiers en cours en 2003, année
de l’étude.
Sur les 81 dossiers, les garçons sont largement sur-représentés puisqu’ils constituent 64% des
dossiers lus (soit 52 dossiers) contre 35,8% de filles (29 dossiers). Les adoptions tardives
(post deux ans) sont importantes (62 dossiers soit 76,5%), mais nous comptons néanmoins 19
adoptions très précoces pour lesquelles les raisons des difficultés existantes ne peuvent être
analysées en fonction d’un passé traumatique. Le tableau synoptique qui se trouve en annexe
donne une première lecture des 81 dossiers analysés. Les * viennent signaler des fratries
confiées à l’ASE, en même temps ou quelques mois plus tard. Nous comptons cinq fratries de
deux et deux fratrie de trois soit au total 16 enfants (19,7%) concernés par un retour groupé à
l’Aide Sociale à l’Enfance, d’où l’intérêt d’être vigilant sur les adoptions des fratries venant
de l’étranger.
Sur les 81 dossiers, 49 enfants viennent d’un pays étranger soit 60,5%, les enfants français ou
nés en France et d’origine algérienne (accouchement sous X) sont donc au nombre de 32, un
chiffre important qui vient questionner l’utilisation de l’article 350 puisque 20 enfants sont
dans ce cas, deux enfants sont des enfants présentant des handicaps lourds, les autres enfants
sont des adoptions précoces (10). La moitié des couples concernés étaient parents d’enfants
biologiques. Le premier constat à faire est que nous devons au plus vite travailler sur les
articles 350, sur la pertinence de la décision, sur le travail mis en amont pour préparer les
enfants, sur l’analyse des troubles qu’ils peuvent déjà présenter, sur l’intérêt qu’il y a ou non à
les changer de lieu d’accueil.
L’analyse de contenu consiste en une méthode de traitement de données qualitatives, à partir
des documents constitutifs du dossier de l’enfant. Ces dossiers comprennent des procès
verbaux, des rapports de synthèse jalonnant le parcours de l’enfant, des bilans
psychologiques, des rapports d’évaluation des candidats à l’adoption, parfois des lettres
4
écrites par les intéressés. Chacun de ces dossiers a été rendu anonyme pour protéger la vie
privée des enfants et des familles. Pour des raisons de sécurité évidente, nous ne donnerons
aucune indication sur le département de l’enfant, les dossiers ne seront évoqués qu’en termes
de numéro. En utilisant l’analyse de contenu, nous poursuivons plusieurs objectifs : décrire
plus finement le profil et le parcours des enfants adoptés en difficultés ; comprendre et repérer
les raisons objectives et subjectives de « l’échec » ; révéler les théories implicites à l’œuvre
dans les procédures utilisées ; déterminer des thématiques à travailler avec les professionnels,
non pour éradiquer toute erreur, mais pour minimiser les risques et progresser dans la
connaissance de l’adoption. Ce second volet d’analyse a été doublé d’un recueil de
témoignages de parents et d’enfants en difficultés (30 entretiens- annexe 4). La méthode
utilisée est celle de l’entretien semi-directif, tous les entretiens ont été enregistrés avec
l’accord des intéressés, d’autres sont des témoignages écrits qui nous ont été adressés. Nous
en rendrons compte dans un second temps. Nous avons par ailleurs doublé cette lecture par un
travail de réflexion avec des départements et des associations concernés par le thème de
l’adoption. La liste des participants à ce groupe de travail se trouve en annexe 3.
Cette analyse globale nous amène à privilégier plusieurs thèmes de réflexion :
1. la question de l’agrément
2. la question de l’évaluation de « l’adoptabilité de l’enfant »
3. la question de l’appariement et de la préparation à l’adoption, versus
parents et enfant.
4. la symptomatologie des enfants adoptés en difficultés
5. la parentalité défaillante
6. l’accompagnement des parents adoptifs
7. l’analyse critique des théories et pratiques actuelles en matière
d’adoption
8. l’articulation entre les institutions
9. la question de la formation des professionnels
10. le point de vue des parents adoptifs : que peuvent-ils dire des difficultés
rencontrées ?
1- La question de l’agrément
Bien que la question de l’agrément ne soit pas le facteur premier d’explication des « échecs »
d’adoption, nous revenons sur ce critère parce qu’il enclenche le processus d’adoption. Les
5
refus sont, on le sait grâce aux travaux de l’INED, assez rares (en moyenne moins d’un sur
dix, variable selon les départements : 4% dans le Puy de Dôme, 14% en Seine Saint Denis), ce
qui suppose qu’a priori la candidature ait été jugée recevable dans sa forme comme dans son
contenu. Cependant le groupe de réflexion constate un certain nombre de failles sur lesquelles
il faudrait revenir :
– Emergence d’un discours de convenance :
Aujourd’hui des forums existent, les candidats s’échangent des informations sur ce qu’il faut
dire ou non, sur les « bonnes réponses » attendues par les professionnels. Ce qui est dès lors
évalué, n’est le plus souvent qu’une construction de ce que notre société attend comme
discours-modèle. Les candidats à l’adoption développent des stratégies pour présenter leur
parcours, leur projet, ils ont ensuite d’autant plus de mal
à évoquer leurs difficultés,
puisqu’ils souhaitent coller à l’image d’eux-mêmes qu’ils ont initialement présentée.
L’exemple de cette conversation prise, parmi d’autres sur un forum, montre combien les
candidats deviennent des « stratèges éclairés » : « Pour les entretiens avec les travailleurs
sociaux, c’est vrai qu’il faut rester toi même mais en te contrôlant quand même. Il ne s’agit
pas déballer ta vie mais de confronter ton projet à la réalité et de le faire valider. Ensuite
selon ton âge et ta situation, tu peux opter pour un pupille de l’Etat ou te tourner vers
l’étranger. Sur ce dernier point, tu as aussi deux options : les OAA ou la démarche
individuelle encadrée par la MAI et bientôt par l’AFA. Pour les OAA ce n'est pas toi qui
choisis… Ils ont des critères particuliers qui peuvent changer et qui n'ont parfois aucun
rapport avec le projet parental. Donc il vaut mieux les brosser dans le sens du poil ».
(Internet, mars 2006). Suit dans certains cas, une grille fidèle des questions posées et les
réponses les plus appropriées à fournir, enfin les réponses à ne pas faire. Cette nouvelle
diffusion des savoirs sur les procédures ne doit pas nous choquer mais elle doit amener les
intervenants à réfléchir aux critères pertinents pour évaluer une candidature, au-delà de
questions qui parfois restent floues pour apprécier la réalité de la demande. Besoin d’enfant,
désir d’enfant, droit à l’enfant, envie de faire une famille…Les facettes de la demande sont
plus complexes qu’il n’y paraît.
– Non homogénéité des pratiques d’entretiens
Les pratiques sont extrêmement variées au niveau des entretiens, tous les départements ne
font pas des entretiens dissociés, ce qui ne permet pas d’être certain de l’engagement des deux
membres du couple. L’histoire (n°81) en est l’exemple type. Le dossier de l’enfant, vu après
6
un signalement anonyme, précise que « Monsieur et Madame ont mûri leur projet d’adoption
après un séjour en Polynésie, le couple a quatre enfants et Monsieur désirait un cinquième
enfant. Madame ne le souhaitait pas. Monsieur a été moteur dans le projet d’adopter un
enfant, madame ne s’y est pas opposée, mais était moins motivée que Monsieur. Madame
avait posé la condition d’adopter un enfant de moins de cinq ans… Par la suite, Monsieur a
été amené à exercer son activité durant deux ans dans un autre pays. La famille ne l’a pas
suivi. C’est donc seul que Monsieur entamera les démarches d’adoption ». C’est aussi seul
qu’il retournera chercher l’enfant, sa femme lui ayant manifesté son désaccord du fait de l’âge
avancé de l’enfant. Lorsque l’enfant arrive chez ce couple, il est âgé de huit ans. L’adoption
durera cinq ans.
Le non engagement de l’un des membres du couple est parfois masqué par un accord de
façade, or tous les départements ne se donnent pas le temps, voire ne voient pas l’utilité de
mettre en place des entretiens dissociés. Nous ne pouvons qu’encourager à la mise en place de
temps séparés où chacun pourra exprimer ses craintes, ses désirs, voire les enjeux actifs au
sein du couple. Il en est de même pour la situation n°75 où nous pouvons remarquer que la
demande émane d’un couple présentant une forte différence d’âge : monsieur à 67 ans,
madame est âgée de 37 ans. Quelle place est venue occuper cet enfant âgé de 11 ans dans la
dynamique de ce couple ? Quel regard cet enfant a-t-il pu poser sur ce « père » en âge d’être
grand-père, alors que lui-même souhaitait être adopté par sa famille d’accueil, chez laquelle il
se trouvait depuis l’âge de quatre ans. La lecture du dossier de l’enfant montre explicitement
l’attachement de l’enfant à son assistante maternelle. On note que l’enfant souhaite « porter le
nom de cette dernière, mais que l’adoption n’est pas possible car Madame X est divorcée et a
la charge de ses cinq enfants ». Le petit garçon est décrit comme « brillant, scolarisé en
CM2 ». Pendant la préparation à l’adoption, cet enfant « griffera et strangulera l’autre enfant
placé », un comportement qu’il n’avait jamais eu auparavant. Cette agression ne venait-elle
pas signifier la difficulté à supporter le maintien de l’autre enfant dans une demeure qui pour
lui était la sienne, et qu’il devait quitter ? Les appréhensions de cet enfant, pourtant
consignées dans le dossier, ne seront pas prises en compte. On note « qu’il faut passer au
concret » et en Juillet 2002, le placement en vue d’adoption est réalisé. Madame émet
immédiatement des « craintes », elle se fait violence en disant « qu’il faut passer de la théorie
à la pratique ». Monsieur manifeste d’emblée son désintérêt, mais son propre projet, son
propre désir avait-il été suffisamment cerné lors de l’évaluation ? La durée de l’adoption sera
de six mois. À la lecture de ce dossier, on a le sentiment d’une expérimentation, d’une
tentative non réaliste de « passer en effet de la théorie à la pratique » sans prise en compte de
7
la réalité et des signes de retrait manifestés par tous. L’enfant vivra une double perte, celle de
son assistante maternelle chez qui il ne pourra pas retourner, celle de sa famille adoptive.
Accueilli en foyer, il est décrit comme un enfant respectueux du règlement, inscrit
normalement à l’école, mais disant « qu’il n’a plus rien à perdre, et que les adultes ne tiennent
pas leur engagement ».
Cette histoire montre que le temps de l’agrément est utilisé différemment selon les
départements, les grilles d’entretien lorsqu’elles existent (ce qui n’est pas partout le cas) sont
plus ou moins affinées. Les rôles de chacun (assistante sociale, psychologue, psychiatre) ne
sont pas toujours spécifiés, ce qui conduit les candidats à répéter et à structurer leur discours
en fonction des attendus qu’ils perçoivent. Parmi ces attendus, notons le thème de « l’enfant
imaginaire ».
– le discours sur le « deuil de l’enfant imaginaire » et ses effets délétères.
Les candidats à l’adoption ont largement intériorisé le discours selon lequel ils « devaient
faire le deuil de « l’enfant imaginaire », une formule toute faite qui amène parfois les
professionnels à ne plus interroger cet imaginaire et les limites qu’il permet de poser en
termes d’âge pour l’enfant à adopter. On est en fait passé du « deuil de l’enfant biologique au
deuil de l’enfant imaginaire », ce qui est loin d’être la même chose. Cette théorie gêne les
couples pour exprimer leurs attentes. Le groupe de réflexion sur l’adoption note un certain
« formatage » dans les réponses. Sur les sites Internet, les couples choisissent les pays en
fonction de ce qui est possible, non en fonction de leur désir, d’où des désillusions sévères
lorsque l’enfant arrive et qu’il ne correspond pas aux stéréotypes. Ce « point aveugle » dans
l’évaluation de « l’enfant imaginaire », nous le retrouvons dans le dossier n°73 concernant
l’adoption d’un petit garçon âgé de quatre ans. Cet enfant né en 1999 est reconnu par sa mère,
à la naissance. Cette dernière fait une tentative de suicide immédiatement après
l’accouchement et reprend son errance. Le petit garçon est accueilli au foyer de l’enfance,
puis en famille d’accueil. Il marche seul à 13 mois, est décrit comme « coquin, rieur,
facilement têtu », mais sans troubles du comportement. La dernière visite de la maman est
effectuée en novembre 1999 et en 2002 la maman comparaît (procédure article 350) et
accepte l’adoption. Celle-ci est réalisée en janvier 2003 chez un couple ayant une fille
biologique âgée de huit ans. En août 2003, la famille redonne l’enfant aux services (sans
aucune préparation à la séparation) « en raison des troubles de comportement constatés :
boulimie, mutisme et automutilation ». La famille se défend de toute responsabilité et note
que « c’est l’enfant qui désire partir et qu’il aurait dû bénéficier depuis longtemps de soins
pour ses problèmes psychologiques ». En fait, le couple est divisé sur cette adoption, le père
8
entretient avec l’enfant une relation positive, la mère dit « son impossibilité à nouer une
relation affective ». Accueilli en famille d’accueil, ce petit garçon ne présentera aucun trouble
et exprimera le sentiment d’avoir « été trahi » par cette première famille. Une seconde
adoption est tentée chez un couple, parents d’un enfant biologique et d’un enfant adopté, en
décembre 2003. L’évolution est satisfaisante, aucun trouble n’est noté. En cinq ans, cet enfant
aura vécu deux abandons et trois placements (pouponnière, famille, d’accueil, famille
d’accueil relais).
À l’évidence, dans cette histoire, seule la problématique du premier couple est en cause. La
mère adoptive n’a jamais pu accepter l’enfant tel qu’il était, ni faire appel pour demander de
l’aide. Toutes les observations ultérieures montrent que cet enfant ne présentait aucun
problème psychologique. Les réactions manifestées par l’enfant, si tant est qu’elles aient
existé, étaient toutes des manifestations réactionnelles. Dans cet échec de première adoption,
l’appariement est en cause ainsi que la sélection des candidats. Notons également, qu’au-delà
de sa réussite, la rapidité mise en œuvre pour procéder à la seconde adoption, peut être
interrogée. Derrière l’envie de ne pas laisser cet enfant en attente, n’y-a-t-il pas aussi dans
cette rapidité l’expression de la culpabilité de l’équipe ?
La situation 23 est à l’identique de la précédente, l’enfant est un petit garçon de trois ans au
moment de l’adoption, il intègre une famille composée d’un enfant biologique. La durée de
l’adoption est de huit mois, l’enfant ne présente aucun trouble mais le rapport conclut : « cet
enfant ne correspondait pas aux attentes du couple ». Il y a donc tout lieu d’interroger les
candidats sur cet enfant imaginaire, de mesurer la plasticité du projet, au risque d’être
confronté un jour au désenchantement.
– la tentation de dépasser les limites repérées
La tentation de dépasser les limites de chacun est également un facteur de risque. Elle est
fortement impulsée par les intermédiaires qui proposent les adoptions. Nous constatons, dans
les dossiers lus, une forte tendance à proposer des enfants plus âgés que prévu, à proposer
deux à trois enfants au lieu d’un seul. L’adoption ne risque t-elle pas d’être conçue comme un
marché où règneraient l’offre et la demande ? Nous notons que certaines associations
demandent aux départements de ne plus délivrer des agréments pour des enfants de moins de
trois ans, de ne pas stipuler cette limitation sur les avis donnés, afin de correspondre à la
réalité de l’offre d’adoptions. Mais qu’en est-il alors des risques encourus, alors que le
professionnel est convaincu que tel ou tel couple n’est pas prêt à accueillir un enfant plus
grand ? L’extension d’agrément doit être interrogée, qu’elle concerne l’âge de l’enfant ou le
nombre. Un délai pour ré-instruire les dossiers devrait être spécifié, afin de ne pas céder à la
9
pression des candidats agréés ou des organismes. Pour les départements, il est difficile d’avoir
au téléphone des parents qui, de l’étranger, après avoir été mis en contact avec les enfants,
demandent une modification immédiate de leur agrément. Si les décrets de la loi de 2005
prévoient une réactualisation des dossiers, et si celle-ci nous semble légitime pour prendre en
compte l’évolution des couples, il nous semble néanmoins opportun d’empêcher toute
réactualisation immédiate, demandée en fonction des offres d’adoption. Par là-même, nous
préconisons un délai d’une année entre l’agrément et sa réactualisation.
L’adoption des fratries n’est certes pas à limiter mais elle est aussi à travailler. Notre corpus
montre que les adoptions simultanées ne sont pas simples. Certaines « fratries » sont
purement fictives, non liées à des liens biologiques, ni même à des liens affinitaires. Nous
notons dans certaines histoires de vie, des « fictions de fratries », dans lesquelles le bébé sert
« d’appât » pour l’adoption d’enfants âgés. Les situations 4, 5,6 (trois enfants adoptés de 4 à 7
ans, tous accueillis au foyer de l’enfance) par une famille composée de deux enfants
biologiques ; la situation 15 (famille de 4 garçons adoptant quatre filles, toutes placées), la
situation 19 (2 enfants biologiques, 2 adoptés placés)…et bien d’autres, nous alertent sur une
majoration des risques, lorsque la limitation donnée n’est pas respectée.
2- La question de l’évaluation de l’adoptabilité de l’enfant »
Si l’évaluation des candidatures à l’adoption fait l’objet de procédures relativement
structurées, il n’en est pas de même nous semble-t-il pour l’évaluation de « l’adoptabilité de
l’enfant ». Tout se passe comme s’il allait de soi que tout enfant est transplantable dans un
autre univers, pour peu que celui-ci soit accueillant et bienveillant. Et pourtant, Jean Paul
Sartre ne disait-il pas « le jardinier peut décider de ce qui convient aux carottes, mais nul ne
peut choisir le bien des autres à leur place ». Pouvons-nous dès lors, décider de la
transplantation d’un enfant, sans interroger au passage l’intérêt de cette optique ? L’adoption
est-elle la formule magique à proposer dans tous les cas ?
De plus, la formule « une famille pour un enfant » laisse supposer que cette famille existe
toujours, indépendamment de la problématique de l’enfant, et que tout « échec » sera à référer
en priorité à la famille qui n’aura pas su s’adapter à l’enfant qui lui arrive. Cette hypothèse
obère toute lecture nuancée, prenant en compte la dynamique même de l’adoption.
-
L’adoption comme option, non comme obligation
10
Après une longue période de frilosité vis-à-vis des adoptions tardives, il semble que les
services évoquent de plus en plus l’hypothèse de l’adoption, le plus souvent cependant après
un temps long d’atermoiements qui obère l’adaptation future de l’enfant. La décision d’article
350 prise, il faut en moyenne trois ans pour obtenir sa concrétisation. Pendant tout ce temps,
l’enfant vieillit. Les enfants sont dès lors âgés (Dossier 7-7ans ; D 20-12 ans ; D21-8 ans ;
D22-11 ans ; D23-3 ans ; D 32-4 ans ; D50-9ans ; D52-8ans ; D66-6ans ; D67-6 ans ; D 68-7
ans ; D70-7ans ; D71-8 ans ; D72-6 ans ; D73-4ans ; D74-8 ans ; D75-11ans ; D76-9 ans ; D
81-8 ans ), ils présentent un parcours, des habitudes de vie, des goûts, des forces et des
faiblesses qu’il va falloir apprécier. En face, se trouvent des couples dont les caractéristiques,
les rêves, les limites, sont également à prendre en compte. Paul D. Steinhauer dans son livre
Le moindre mal1 dresse une première synthèse des caractéristiques recherchées chez les
parents adoptifs, à partir des écrits généralement publiés sur ce thème. Il note, que plus
l’enfant est âgé, plus la gamme des attitudes adaptatives des parents doit être étendue. Sans
être une liste à suivre à la lettre, les tableaux ci-dessous peuvent servir utilement de repères
évitant les « points aveugles » de certaines évaluations.
1
Seinhauer, P. Le moindre mal. Presses de l’université de Montréal, 1996, 463 p.
11
12
13
14
Nous avons repéré plusieurs causes récurrentes pouvant expliquer les difficultés. Les
premières tiennent à la santé de l’enfant, d’autres à son histoire, les dernières à son propre
positionnement et à son refus de l’adoption. Pour illustrer ces trois cas de figures, nous ferons
référence aux dossiers lus.
- Les causes récurrentes d’échec
-
Des enfants très fragilisés par leur naissance ou leur parcours antérieur
La situation 66 évoque un petit garçon né en 1990, accueilli en pouponnière à l’âge de sept
mois. Dès son admission, la pouponnière note que cet enfant présente « des troubles du
comportement nécessitant un suivi psychologique. Ses crises d’instabilité et d’oppositions
sont fréquentes et augmentent y compris en famille d’accueil », famille qu’il devra quitter
pour une structure d’observation. Un article 350 est néanmoins demandé avec ce diagnostic
« au vu des difficultés rencontrées par cet enfant, de sa forte demande affective, de son besoin
d’avoir des parents disponibles, qui sauront lui imposer des règles éducatives, nous avons
pensé à une adoption ». L’enfant a alors six ans, il intègre une famille sans enfants.
Cette situation montre à quel point les parents sont ici mis en demeure de « réussir » là où une
structure n’y arrive pas. Placés en position de « thérapeutes » de leur enfant, les parents
adoptifs sont-ils « armés » pour une telle prise en charge ? Nous notons une absence réelle
d’évaluation de la gravité des troubles de l’enfant, et surtout la croyance indéfectible en la
force de l’affection, comme si celle-ci pouvait à elle seule aplanir les difficultés. S’agissait-il
seulement « d’imposer des règles éducatives à cet enfant » ? Et pourquoi la famille adoptive
serait-elle censée être plus performante que l’institution ?
A posteriori, certains couples adoptifs s’interrogent sur ce qui a été cliniquement fait pour ces
enfants, avant leur adoption. On a parfois le sentiment, à la lecture des dossiers, que les
troubles sont connus, mais que rien ou trop peu de choses ont été tentées pour les résorber en
partie :
-
« Vers un an et demi notre fils a été retiré puis placé en pouponnière au bord de la
mer, puis vers l’âge de trois ans, trois ans et demi dans cette famille d’accueil où il se
trouvait quand on est arrivé pour l’adoption. On ne nous a effectivement pas caché les
difficultés, mais bon, il n’avait quasiment pas fait de maternelle, c’est un enfant qui
ne s’intégrait pas, qui refusait tout travail graphique, de s’asseoir pour faire quelque
chose par exemple, c’était quasiment impossible pour lui. On nous l’avait présenté
comme un enfant qui avait demandé à avoir des parents, on trouvait cela plutôt bien,
il l’avait dit au psychologue qui l’avait vu pour l’adoption, …donc un enfant qui se
pose difficilement, mais qui bénéficie de la tolérance d’une école de campagne, de
15
beaucoup de tolérance et d’affection de sa famille d’accueil, il est quand même dans
le groupe, donc il y tout un mouvement autour de lui, un enfant attachant, un enfant
très bavard, très investi dans la parole, mais un enfant aussi qui se met en danger, qui
fait n’importe quoi. Il est dans une quête affective terrible, il peut s’adresser à
n’importe qui dans rue, qui que ce soit enfant ou adulte, il s’adresse à tout le monde
au même niveau, il parlait dans les rues de Basse Indre à des gens que l’on ne
connaissait absolument pas, mais d’homme à homme, des choses absolument pas de
son âge, il aurait pu aller boire un coup au café, pas de repères sur les générations,
les âges, tout était bon du moment qu’il y ait une relation…Il avait des tas de troubles
connus mais non soignés. C’est avant l’adoption qu’il fallait agir, quand il était tout
petit, en attente d’une famille d’accueil ou d’adoption. La question qui se pose est :
quand repère-t-on que l’enfant a des troubles ? L’année où sa mère venait et le
raptait, cet enfant a vécu des choses violentes et cela n’a pas été repris (maltraitance,
toxicomanie, errance, scènes violentes…), cela remonte à la surface. Le service Ase ne
pouvait-il pas organiser un suivi psychologique pour cet enfant et ne pas attendre que
l’adoption vienne régler les problèmes ? Qu’ont-ils fait de ces cinq années ? »
(témoignage n°23 annexe 4)
Les difficultés dans la famille adoptive seront immédiates ; Cinq années plus tard, cet enfant
âgé de onze ans intègre un institut de rééducation, avec une famille d’accueil le week-end,
deux jours par semaine à l’unité de l’hôpital psychiatrique, et une prise en charge dans un
centre équestre. Le rapport note que seule cette prise en charge multiple permet un maintien
de l’enfant. Cette histoire nous invite à revisiter les critères d’adoptabilité de l’enfant. La
générosité seule ne suffira pas lorsqu’il s’agit de soins cliniques à dispenser. Faute d’émettre
un véritable diagnostic, le risque est de fragiliser des couples qui ne sont pas formés à ce type
d’accueil. Les symptômes de cet enfant n’étaient semble-t-il pas conjoncturels, en réaction à
l’institution, mais bien structurels, présents dans la très petite enfance. On ne peut dès lors
imaginer que l’adoption ait des effets magiques et qu’elle résolve des problèmes que ni les
soignants, ni les institutions n’ont pu résoudre ou diminuer antérieurement. Les tableaux
récapitulatifs 17-3 et 17-4 de Steinhauer reproduits ci-dessus devraient être connus, ainsi que
les études sur lesquelles ils s’appuient.
Les situations 26 et 27 sont du même ordre. La pathologie des enfants est trop lourde pour
permettre une intégration réussie. La première concerne un garçon né en 1998, atteint de la
maladie de Marfan, associant des malformations squelettiques, cardio-vasculaires et oculaires
16
graves. La famille adoptive a déjà quatre enfants, dont un enfant adopté. Leur souhait était
d’adopter un enfant qui occupe la dernière place dans la fratrie, avec un handicap physique
mais non mental. En fait, ce petit garçon âgé de quatre ans s’intègre entre les enfants. L’aîné
dit tout de suite son hostilité à cette adoption et sa crainte devant l’apparence physique du
petit garçon, qui est au-delà de ce qu’il peut supporter. L’adoption est néanmoins réalisée, elle
entraînera une souffrance de toute la famille et du petit garçon qui cessera de manger. Son
retour en famille d’accueil terminera la tentative, mais fallait-il qu’elle soit tentée, alors que
cet enfant est décrit comme parfaitement heureux dans sa famille d’accueil ?
La situation 27 concerne une petite fille née en 1997 avec un syndrome d’Appert (doigts et
orteils non formés, os du crâne soudés, plusieurs opérations chirurgicales sont nécessaires).
En 1998, une première adoption est tentée, elle dure un an. On note un non accrochage de la
mère adoptive. En 2000, une nouvelle adoption est tentée avec un couple jeune, parents d’une
petite fille. L’adoption est prononcée un an plus tard mais en 2002 il faut reconnaître l’échec
de l’adoption. Le rapport conclut : « ces parents sont en échec, non parce qu’ils sont
défaillants, mais parce qu’ils se heurtent à l’insuffisance voire l’inexistence de structures. Ce
sont des personnes authentiques, chaleureuses, totalement malmenées »
Ces premières situations nous engagent à élaborer un diagnostic serré, qui ne banalise pas les
difficultés de la prise en charge de ces enfants. L’adoption n’a pas à pallier les insuffisances
de nos politiques concernant l’enfance. Elle n’a pas vocation à remplacer des soins cliniques
indispensables. Il en est de même pour les enfants carencés, ayant vécu de multiples ruptures
affectives. L’adoption de ces enfants est tout à fait envisageable, mais à la condition d’avoir
évalué leurs capacités d’attachement, d’avoir repéré les symptômes asociaux, d’en avoir
informé la famille adoptive, et de mettre en place un accompagnement dès le début de
l’adoption. Là encore, trop de dossiers montrent une forte croyance en une résolution magique
des problèmes, ou l’attente d’une résolution « avec le temps », comme si ce dernier allait
gommer les traumatismes subis.
-
Des enfants très carencés nécessitant des soins continus
Au-delà de ces handicaps lourds, certains enfants présentent des carences affectives graves,
minimisées ou dû moins non soignées précocement. Les situations 8/9, 33 et 36 sont dans ce
registre et révèlent une insuffisance de connaissances des professionnels sur les effets de la
carence (voir travaux de Michel Lemay : j’ai mal à ma mère. Fleurus, 1979) et sur le
« mécanisme de brisure » mis en place par ces enfants pour éviter toute désillusion affective.
Les situations 8/9 concernent des jumeaux (fille et garçon) nés en 1985 et adoptés à l’âge de
trois ans. Originaires de Haïti, ces enfants malgré leur jeune âge, présentent un lourd passé
17
fait de : maltraitance, dénutrition, brûlures, poignets coupés…Ces enfants vont rencontrer un
couple adoptif dont la problématique est tout autant souffrante (deux enfants décédés, un
enfant biologique vivant). Les deux enfants adoptés développent des symptômes lourds
(errance, tentative de pendaison…), auxquels les parents ne savent comment répondre. Une
délégation d’autorité parentale est signée en 1999, la jeune fille est en lieu de vie, le garçon a
totalement disparu.
T (situation 32) a également un passé carentiel. Né en 1987, il est adopté en 1991, à l’âge de
quatre ans après un article 350. La problématique personnelle de T va là encore rencontrer
une problématique familiale difficile. Le père adoptif décède devant T (alcoolisme) en 1997 ;
T qui a dix ans présente déjà des troubles du comportement qui vont s’amplifier : urine sur les
murs en cas de frustration, tentative de strangulation de sa mère, troubles du comportement
sexuel, hyperactivité, fugues, agressions, retard de développement affectif et cognitif dû selon
les psychiatres à « des cicatrices narcissiques précoces ». Orienté en institut de rééducation
avec de fréquentes hospitalisations en psychiatrie, ce jeune garçon maintient des liens avec sa
mère qui reste très présente.
La situation 36 montre la non prise en compte du passé institutionnel des enfants. C est née en
1994, en Moldavie. Adoptée à l’âge de trois ans et demi par une femme seule, en même temps
qu’un autre enfant (âgé de trois semaines) de la même pouponnière, C présente tout de suite
des troubles : instabilité constante, mise en danger, « réactions de fuite en avant, mêlant des
éléments visant à établir tout de suite et à tout prix une relation affective, mais y mettant fin
aussitôt de crainte d’être abandonnée ». Le diagnostic posé est celui « d’angoisse
d’abandon avec carences graves liées au passé en pouponnière », avec des comportements
archaïques (porte tout à sa bouche) et une immaturité affective totale. L’hospitalisation et la
scolarité à temps partiel sont proposées mais on note que « la mère est totalement épuisée ».
Chacune de ces situations montre une non évaluation des troubles de l’enfant, et une
incapacité, une fois l’adoption réalisée, à proposer des soins adaptés. La plupart des familles
font appel, mais la réponse est souvent dérisoire, du style : « la crainte de l’abandon est
normale pour un enfant adopté, cela va se résoudre au fil du temps ».
-
Des enfants ayant subi de véritables traumatismes
Sont également minimisés les traumatismes subis comme si l’amnésie infantile allait
recouvrir les cicatrices. Pour ces enfants, ce n’est pas tant l’adoption qui est en cause que le
traumatisme refoulé. Il est étonnant de voir, en France, le décalage entre les « cellules de
crise » proposées systématiquement pour le moindre événement, et la non réflexion
accompagnant l’arrivée des enfants ayant été confrontés à la guerre ou à des traumatismes
18
divers. Les situations 7, 14, 34, 37, 41, 71, parmi d’autres, nous montrent l’urgence de mettre
en œuvre des formations adaptées à la prise en charge de ces enfants. S née en 1989 (situation
34), que nous avons rencontrée, a été adoptée en 1995, à l’âge de six ans. Originaire du Népal
(comme la situation 14, histoire identique), elle est placée à l’orphelinat après le décès de ses
parents (sa plus jeune sœur sera adoptée en région parisienne), c’est le père de S qui a égorgé
sa mère (alcoolisme) et la sœur aînée qui a tué le père pour éviter le carnage de la fratrie. La
fratrie (9 enfants) est dispersée, S vit dans la rue puis est recueillie par un oncle qui la frappe
(« il était pire que mon père, il m’a cassé le poignet alors j’ai fui et j’ai été accueillie à
l’orphelinat »). Suivie dès son arrivée en thérapie, S multiplie les hospitalisations pour
tentatives de suicide. Elle note « je suis tombée dans une bonne famille d’adoption, mais il y a
l’enfance qui remonte et je souffre. Je me suis fait exclure du collège parce que je pose trop
de problèmes, je suis toujours à l’infirmerie, j’ai l’impression d’embêter tout le monde.
J’adore mes parents mais je suis trop lourde, je fais des tentatives de suicide (coma 72H) et je
les fais souffrir. Je préfèrerai un foyer ou une famille d’accueil et seulement les retrouver le
week-end pour cesser de les détruire. J’ai envie de fuir. ». S est la seule enfant de ce couple
adoptif.
L’histoire de D (situation 37) adopté à cinq ans et originaire de Djibouti est tout aussi sordide.
Abandonné à la naissance sur une décharge publique, D reste obsédé par le désir de retrouver
ses parents d’origine et par sa couleur. Présentant des comportements masochistes et
suicidaires (défenestration), D est hospitalisé plusieurs fois dont l’une à la suite d’une
agression sur sa mère adoptive. Le rapport d’hospitalisation note : « cet enfant n’arrive pas à
prendre souche dans sa famille adoptive, il est totalement envahi par les conditions de son
abandon et par une recherche identitaire ».
E (situation 41) vient du Brésil. Né en 1992, il assiste à l’assassinat de ses parents, puis est
confié à une famille d’accueil qui le maltraite (sévices sexuels) avant d’être accueilli en
orphelinat. Adopté à l’âge de sept ans par une femme seule, E est hospitalisé très vite pour
comportement asocial (violences, vols, agitation, fugues, refus des règles). L’adoption tardive,
le déracinement, les troubles liés aux traumatismes subis dans l’enfance, sont pointés comme
majeurs, bien avant le fait que cette adoption soit le fait d’une femme seule ayant des
difficultés à faire face à cet enfant (à noter que la mère est à l’origine d’une demande d’aide
de type AEMO). On ne peut penser que ces troubles étaient ignorés des services du Brésil.
L’adoption est alors un pari risqué tant pour l’enfant que pour l’adoptant qui se propose à
devenir parent. Savons-nous « traiter » de tels traumatismes ? Avons-nous mis en place des
structures d’accompagnement dignes de ce nom ? À l’évidence, la réponse est négative. Nous
19
ne proposons alors que des admissions en instituts de rééducation, voire en centres fermés,
pour des enfants qui relèvent d’une clinique de soins. Quand ces mêmes structures ont
également trouvé leurs limites, nous restituons aux parents adoptifs leurs enfants, des enfants
dont certains parents ont peur sans toujours oser le dire.
-
Des enfants qui refusent l’adoption
Tous les enfants ne sont pas adoptables, et tous ne le souhaitent pas. Certains enfants sont
acteurs de l’échec, ils mettent toute leur énergie à dénoncer le projet qui a été pensé en leur
nom. Tel est le cas pour les situations 3, 18, 35, 42, 45, 46, 49, 63, 65, 68, 69, 75, 76, 80, 81.
Cette longue liste dit assez combien cette donnée doit être considérée. Nous n’ignorons pas
combien le refus de l’enfant peut-être consécutif au refus des parents, qu’il peut être une
rationalisation secondaire pour garder la maîtrise du rejet. Il est sans doute plus facile, pour un
enfant, de dire « je ne veux pas de cette famille », plutôt que d’admettre « ils n’ont pas voulu
de moi ». Nous aurions là l’expression d’une tentative de consolation, dernière stratégie du
narcissisme pour se protéger. Pour autant, et sans exclure cette hypothèse, nous avons
néanmoins le sentiment que certains enfants refusent farouchement leur adoption. Certains
témoignages que nous avons recueillis vont dans le même sens (malgré l’attachement des
parents adoptifs)
Témoignage d’une petite fille
-
« Je viens d’Haïti. J’y suis restée 10 ans et demi, j’ai douze ans et demie cela fait donc
2 ans que je suis en France. Je me souviens que c’est très pauvre là-bas et qu’une
riche américaine s’est occupée de moi. Mais je n’avais pas compris que c’était pour
une adoption. Elle s’est occupée de mon adoption… Il y avait 3 autres enfants, chez
cette américaine, qu’elle a fait adopter. Il y avait deux des enfants qui étaient plus
âgés que moi. Je vivais avec ma mère dans un village et un jour cette dame est venue
parler avec ma mère et je n’ai pas entendu ce qu’elles se disaient. Ma demi-sœur est
venue me chercher pour aller voir cette dame et quand ma mère m’a dit au revoir, je
pensais que j’allais retourner chez ma mère, mais je n’y suis pas retournée… Comme
j’avais compris que j’allais vraiment être adoptée, je comprenais qu’il fallait aimer
mes parents adoptifs, on me l’avait dit. Alors quand X est arrivé, j’ai été dans ses
bras, mais c’était un peu de la comédie…J’aurais préféré que ce soit la riche
américaine qui m’adopte ; J’étais en colère parce que je ne voulais pas venir en
France et pas être adoptée. J’ai toujours envie de retourner à Haïti. Je leur en ai
voulu de m’avoir adoptée. Maintenant la colère est moins forte, mais je ne les aime
quand même pas et je veux retourner dans mon pays. je préfère un orphelinat à Haïti
20
plutôt qu’ici. X et Z sont gentils avec moi, ils me parlent beaucoup. Ils essaient de me
comprendre mais ce n’est pas suffisant. Je préférerais vivre au milieu de ma couleur
avec mes racines. J’ai dit un jour que je n’aimais pas les blancs, mais je ne sais pas
pourquoi j’ai dit cela. Je ne me sens pas vraiment à ma place en France. J’ai décidé
de repartir dans mon pays, je n’ai pas trop envie qu’on me donne des ordres et qu’on
décide de ma vie. J’ai envie de décider toute seule. »
Cette analyse du refus est présente dans les rapports qu’il nous a été donnés de lire.
- La situation 35 est l’histoire d’un enfant garçon adopté à l’âge de huit ans. Venant de Dakar,
cet enfant sera placé en institut de rééducation à l’âge de 12 ans, avec des hospitalisations en
psychiatrie. Au-delà de la présence de ses parents adoptifs qui demeure effective, ce jeune
garçon présente des troubles du comportement entravant toute scolarité. Le dossier
psychiatrique note « cet enfant n’a pas compris pourquoi il a quitté son pays où il a laissé un
père biologique et un grand frère. Son départ s’est passé sans explication et reste vécu comme
un traumatisme. Cet enfant est profondément triste, il développe une instabilité de type
hypomaniaque servant à lutter contre un syndrome dépressif sévère ».
- La situation 42 est celle d’un garçon né en 1992, originaire d’Ethiopie. Ce jeune garçon
adopté à quatre ans intègre une famille de sept enfants (quatre biologiques, trois adoptés en
Ethiopie). K est le septième enfant et le seul à avoir des problèmes. Hospitalisé en 2003, ce
jeune garçon âgé de onze ans présente des idées suicidaires et des comportements prépsychopathiques. Il explique « qu’il conteste totalement l’adoption, qu’il ne veut pas de
parents adoptifs ». Sa mère est morte dans ses bras en Ethiopie, c’est là qu’il veut retourner.
Il ne faudrait pas croire que le refus d’adoption touche exclusivement les enfants étrangers
rêvant de retourner dans leur pays, nous le trouvons aussi chez des enfants français proposés à
l’adoption après un article 350 (cinq cas sur 16). Ce rejet de l’adoption interroge la capacité
des adultes à entendre l’ancrage antérieur de l’enfant, sa non mobilisation, ses capacités à être
acteur de son destin, y compris dans le refus.
- La situation 68 est celle d’un garçon né en 1994, abandonné en 1999 par sa mère après des
actes de maltraitance (fracture des bras, gencives en sang, traumatisme crânien…). Adopté en
2001, après un bon ancrage dans sa famille d’accueil, cet enfant met en échec le projet
d’adoption moins d’une semaine après son insertion. La famille adoptive est constituée d’une
enfant biologique âgée de quatre ans. Le couple souhaitait, suite à une stérilité secondaire,
adopter un enfant de moins d’un an. Pour des raisons inconnues, on leur propose ce jeune
garçon âgé de sept ans, qui se retrouve en place d’aîné. La lecture des écrits ne laisse aucun
21
doute sur les sentiments de l’enfant qui dit « je ne sais pas si je veux être adopté, mais c’est
obligé. Il me faudra du temps pour les aimer. » ou « j’ai trois mamans mais ma préférée c’est
ma maman d’accueil, puis ma mère naturelle, ma mère adoptive ce n’est pas ma préférée. Ce
n’est pas ma vraie maison, elle n’est pas fausse non plus, je voudrais retourner chez V même
sans être adopté ». À la présentation exemplaire du couple adoptif (« madame est une femme
réfléchie, généreuse, câline, une boule de douceur »), va succéder un bilan négatif rejetant
l’échec sur le couple : « le projet d’adoption venait en désir de réparation, le projet était de fait
idéalisé, un enfant ne peut être l’objet d’une réparation, ce couple est dans l’incapacité de
s’interroger et d’analyser cet échec ». Le couple, lui dira, « cet enfant est une plaie vivante,
séparé des siens et le service est inhumain d’avoir séparé cet enfant de sa famille d’accueil ».
Les analyses qui s’affrontent couvrent la voix de l’enfant, la « maltraitance » est en spirale,
chacun dénonçant l’autre de n’avoir pas su définir un projet cohérent pour cet enfant. Notons
toutefois certaines erreurs pointées dans d’autres dossiers : l’insuffisante écoute de l’enfant ;
le faible temps consacré à la préparation (en l’espèce : une rencontre au service, deux nuits à
quinze jours de distance avant le départ définitif) contrastant singulièrement avec le temps
ralenti de l’avant projet. Plus l’enfant est âgé, plus son ancrage dans sa famille d’accueil est
grand, plus le rythme devrait prendre en compte les mouvements de l’enfant. De même, dans
cette situation, on ne voit pas comment l’appariement a pu passer d’une demande initiale
concernant un enfant de moins d’un an à un enfant de sept ans.
- Dans la situation 76, le processus est identique. Né en 1991, l’enfant est accueilli de 1993 à
1997 en famille d’accueil. En prévision d’un article 350 et d’une adoption, il est déplacé en
établissement, l’adoption ne sera effective qu’à neuf ans (en 2000). Cet enfant qui a déjà
perdu sa mère, son assistante maternelle, perd aussi son frère qui sera adopté ailleurs. Dès le
début de l’adoption, les problèmes sont tels que toute la famille suit une thérapie. L’adoption
prend fin en 2002. La mère adoptive dira « il n’a jamais voulu de nous, ni de notre monde, il
a toujours dit qu’il ne voulait pas rester là et pour obtenir son départ il a mis le feu à la
maison, torturé les animaux, nous n’avons jamais eu quinze jours de repos ». Les symptômes
présentés par cet enfant sont lourds : décrochage scolaire total, masturbation publique,
agressions sexuelles sur d’autres garçons, se frappe, découpe ses pantalons, fait des
photographies sans pellicule comme s’il vivait dans un monde imaginaire…
- La situation 80 qui concerne un garçon né en 89 adopté en 2000 présente les mêmes erreurs.
Informé du projet d’adoption, le premier rapport note « que V n’est pas prêt pour entrer dans
un projet d’adoption ». Mais trois mois plus tard, un nouveau rapport note « nous allons
accélérer la procédure, cette décision montrera à V que ce n’est pas lui qui décide et cela le
22
déculpabilisera du choix qu’il a à porter ». V est alors placé en adoption en août 2000, alors
que vient de naître un autre enfant dans la famille adoptive. En 2002, arrêt de l’adoption, V
note « ils m’ont embêté, je les ai embêté, on est quitte, je ne voulais pas de l’adoption. Avec
elle (mère adoptive) cela a été plus simple, avec lui (père) c’était plus compliqué, il s’est
accroché pour me garder ». L’avenir de cet enfant est aujourd’hui très problématique.
En conclusion, et au-delà des facteurs de risques bien connus (âge de l’enfant, adoption
tardive, déracinement culturel et géographique…) nous notons l’importance des facteurs
cliniques, et subjectifs en jeu. Compte tenu du parcours des enfants, l’accompagnement des
professionnels n’est pas à la hauteur des difficultés rencontrées. Nous notons également que
de nombreuses adoptions (article 350) se font pendant des périodes de vacances (en raison de
la non scolarité et de la plus grande disponibilité de la famille), à une période de moindre
mobilisation des services, ce qui laisse les familles en un face à face non médiatisé avec
l’enfant. Enfin, nous ne pouvons qu’alerter sur la prise en compte de l’enfant dans ce projet.
L’intervention faite en son nom est certes pleine de bonnes intentions (le fameux intérêt de
l’enfant) mais c’est oublier le pouvoir de ce dernier au sein de la famille : pouvoir
d’intégration, pouvoir de mimétisme même parfois (ressembler aux parents), mais aussi
pouvoir de refus, d’opposition, voire de destruction. Peu de travaux, peu d’interrogations
existent sur le devenir de ces familles, sur les enfants déjà présents à l’arrivée de l’adopté, sur
leur devenir après son départ, voire même sur le devenir de ces enfants « adoptés »
aujourd’hui très en difficultés.
3- La question de l’appariement et de la préparation à l’adoption,
versus parents et enfant.
L’appariement revient souvent comme un leitmotiv dans l’adoption, sans que cette notion soit
d’ailleurs particulièrement interrogée. L’appariement, selon le dictionnaire, c’est assortir par
paire (apparier des gants), accoupler un mâle et une femelle, c’est donc rechercher des
similitudes qui permettront de faire émerger une nouvelle configuration. Apparier, c’est tenter
d’assortir ; Apparenter (parfois aussi employé dans le cadre de l’adoption) c’est s’allier (par
un mariage par exemple) ou rechercher des points communs, une ressemblance. Le tout nous
donne ce fameux proverbe « qui se ressemble, s’assemble ». La question de l’adoption est
donc d’emblée placée sous le registre du « semblable ». Ne parle-t-on pas « d’esprit de
famille », « d’air de famille », pour pointer tout ce qui marque des formes d’appartenance
passant par quelque chose de commun, et de visible. D’emblée la question de l’appariement
23
tente donc de « gommer » les différences, de minimiser ce qui risque de fragiliser la famille
perçue comme un tout cohérent. La recherche de la « familiarité » est au cœur de l’adoption ;
mais cette recherche est peut-être aussi ce qui pose problème. Les synonymes du terme
« appariement » disent bien ce qui est visé, à savoir : l’accord, l’accouplement, l’alliance,
l’appropriation,
l’assortiment,
l’harmonie.
Si
les
services
disent
rechercher
cet
« appariement », peu sont en mesure de dire la méthodologie suivie, sauf pour des données
objectives comme l’âge, le sexe, la nationalité. L’adoption ne peut en aucun cas être aussi
précise que les techniques de fécondation in vitro, qui elles, rechercheront l’appariement sur
des critères de caractères phénotypiques (peau, yeux, cheveux...), de groupe sanguin et de
Rhésus et en évitant le cumul de facteurs de risques génétiques. En adoption, l’appariement
est une technique aléatoire, entièrement subjective, plus souvent dépendante des opportunités
que d’une véritable analyse. Le groupe de travail qui s’est réuni s’est longuement interrogé
sur cette question de l’appariement, de la recherche de la « familiarité », pour en pointer les
failles. En recherchant l’appariement, ne sommes-nous pas déjà dans un simulacre, une
tentative de « copier » la famille biologique ? La question reste posée, comme elle reste posée
pour le livret de famille qui présente l’enfant adopté comme « né » du couple adoptif. De
même, nous avons pointé certaines pratiques qui tentent de « mimer la nature » : ainsi en
Polynésie, l’adoptant assiste à l’accouchement, mais que penser de cette mise en scène ? Que
penser également de la culpabilité de certains couples qui ne souhaitent pas adopter le petit
frère de leur enfant, qu’on leur propose quelques années plus tard, parce qu’il vient de naître ?
Faut-il que ces couples reconstruisent artificiellement la « famille biologique » de leur
premier enfant adopté ? Cette culpabilité exprimée ne vient-elle pas révéler toute la force du
modèle biologique qui tend à s’imposer ? L’appariement n’est donc pas seulement une
évidence, il est aussi une question venant interroger nos représentations de la famille. Sur un
plan théorique, comme sur le plan technique, l’appariement pose des problèmes.
-Les obstacles à l’appariement :
Une méconnaissance de la culture de l’autre
Dans le cadre de l’adoption internationale, nous notons une profonde méconnaissance
culturelle des pratiques des autres pays. La notion même « d’enfant » qui prévaut en France,
ne correspond pas forcément à la réalité sociologique des autres pays. Quand un couple
français imagine l’adoption d’un enfant de huit ans, il le fait en se référant aux enfants connus
de son entourage, sans prendre la mesure de ce qu’est un « enfant de huit ans du Brésil »,
ayant vécu dans la rue par exemple. Les connaissances des professionnels de l’adoption sont
tout aussi aléatoires. L’exemple a été donné d’un enfant du Mali, âgé de cinq ans, et refusant
24
de regarder ses parents adoptifs. Pour ceux-ci, ce refus du regard ne pouvait correspondre
qu’à un rejet ou être l’expression d’une personnalité inhibée ou fuyante. Or, au Mali, un
enfant de cinq ans ne doit pas regarder les adultes, ce regard étant une marque d’irrespect.
L’apport des OAA, sous forme de conférences à instituer dans tous les départements
permettraient de pallier cette insuffisance de connaissances des services d’adoption.
Une méconnaissance des trajectoires des enfants
Pour apparier correctement, si tant est que cela soit possible, encore faut-il connaître la
trajectoire de l’enfant, en saisir le déroulement et les effets possibles. Au Danemark et en
Suède, il existe des cessions de formations sur ce thème. En Espagne, cinq cessions de trois
jours chacune sont proposées sur l’histoire de l’enfant. Au Canada, des formations (voir
annexe 3) centrées sur l’enfant adopté de 0 à 10 préparent les parents à l’accueil de leur
enfant. Nous pourrions aisément nous en inspirer. En France, tout dépend de la bonne volonté
des départements qui organisent ou non des réunions thématiques pour les candidats déjà
agréés.
Une quête de « familiarité » immédiate
Si l’appariement recherche une certaine harmonie, une certaine « familiarité », celle-ci est
parfois trop précipitée. Notre groupe constate combien les parents adoptifs sont dans l’envie
de créer cette familiarité (embrassades, demande d’utilisation de « papa », « maman »,
modification des goûts, rituels…) alors que l’enfant est plutôt sur le registre de la découverte,
de l’étrangeté. Le décalage temporel entre les gestes et les émotions de chacun serait à
accompagner. Il n’y a pas toujours de véritable apprivoisement, le temps de la réserve n’est
pas respecté. À la demande pressante de ses parents, l’enfant réagit souvent pas une hyperadaptation (comme si l’appariement était immédiat), puis celle-ci cède et l’étrangeté de
l’enfant réapparaît, semant le trouble voire la désillusion. D’autres enfants vont rechercher la
« familiarité » par des comportements désordonnés (comportements de séduction, fusionrejet…) non compris des parents. Si appariement, il y a, celui-ci est sans doute plus à
construire qu’un pré requis qui ne serait plus à interroger.
Apparier ou apprivoiser ?
Au terme d’appariement, nous substituons plus volontiers celui d’apprivoisement qui ne
gomme pas les différences et qui ne fait pas l’économie de l’histoire de l’enfant et de sa
différence. Dans ce registre de l’apprivoisement, nous signalons l’importance de la dimension
temporelle. Nous notons que pour répondre à l’exigence de la norme scolaire, beaucoup
d’enfants se retrouvent dans les quinze jours qui suivent leur arrivée, sur les bancs de l’école.
25
Cette précipitation est justifiée soit par le « retard » à ne pas prendre sur le groupe d’âge, soit
par l’habitude de l’enfant à vivre en collectivité. Des arguments qui font fi des mécanismes de
l’attachement et du temps nécessaire à la constitution des liens.
Nous interrogeons également ce que l’on appelle la « préparation à l’adoption », que celle-ci
concerne les parents ou les enfants. Côté parents, celle-ci est laissée à la discrétion des
départements, d’où une extrême variation des pratiques. Un long temps s’écoule souvent entre
l’agrément et l’arrivée de l’enfant, un temps parfois vide, entre parenthèse, où le projet du
couple peut évoluer. De nombreux thèmes pourraient être abordés avec ces couples en attente
comme : la rencontre, la création de liens, les difficultés possibles. Si l’idée même « de
l’adoption exemplaire » pouvait un peu céder le pas à une vision plus réaliste, nous pourrions
espérer que les couples fassent ensuite appel en cas de difficultés. Des parents rencontrés
reconnaissent la nécessité de ces formations « préventives »
-
« Dans les propositions, il faudrait introduire des formations pour les professionnels,
les bénévoles des associations d’adoption et pour les futurs parents. Il faudrait aussi
mettre en place un observatoire de l’adoption et structurer les gens qui déjà
travaillent là-dessus. Même si les parents n’entendent pas ce qu’on dit sur le coup,
cela reste dans un coin de la tête et ils reviennent ensuite plus vite pour demander de
l’aide. En tant que parents, on ne peut se dédouaner d’une quelconque responsabilité
et d’une quelconque interrogation sur soi, il n’y a pas de honte à avoir d’être en
difficultés. Il faut pouvoir le dire pour avancer. J’ai le sentiment qu’on rencontrera
des freins et qu’on se fera mal voir en disant que tous les enfants ne sont pas
adoptables, et que pour certains enfants le parrainage serait mieux que l’adoption.
Pour des enfants en difficultés d’attachement, le parrainage serait une bonne solution.
Il y a des enfants pour qui l’adoption c’est trop ». (couple ayant adopté deux enfants,
l’un venant de Roumanie est en difficultés)
Côté enfants, serait à interroger ce qu’ils ont entendu ou compris de l’adoption. Nous avons
rencontré beaucoup d’enfants à qui l’adoption avait été présentée comme un rêve, un paradis
style « vacances sans contraintes », d’où la désillusion lorsque le quotidien impose sa marque
et qu’il devient définitif (adoption plénière différente de la circulation des enfants pratiquée
dans certains pays et à laquelle ces enfants se réfèrent).
-
« Je reconnais que la vie que je fais mener à mes parents adoptifs n’est pas trop
normale, mais mon adoption aussi n’est pas trop normale puisqu’on ne m’a pas trop
26
expliqué ce que c’était que l’adoption, ils ne m’ont rien expliqué. » (garçon de douze
ans, Ethiopie)
-
« Je suis arrivée en France et là, j’ai vu que mes parents adoptifs n’étaient pas riches.
La famille d’accueil m’avait dit que tous les français étaient riches. J’aurais aimé
qu’ils soient riches comme Miss G, la riche américaine qui s’est occupée de moi à
Haïti, avant mon adoption, elle avait des domestiques, une piscine, je pensais que la
vie en France serait pareille ». (enfant fille de douze ans, Haïti)
4- La symptomatologie des enfants adoptés en difficultés
Mal préparée voire non préparée, l’adoption peut générer des troubles réactionnels. Il est
souvent difficile, à la lecture des dossiers, de désintriquer les troubles constitués avant
l’adoption de ceux dont elle serait la cause. Seule l’absence de troubles chez l’enfant ou la
régression manifeste des symptômes avec une mise à distance de l’enfant vient dire la
difficulté « d’être ensemble » et de « faire famille ». C’est le cas pour les situations : 11, 12,
17, 22, 23, 24, 47, 50, 68, 73, 81 voire pour d’autres où on note une nette amélioration du
comportement de l’enfant après la séparation. Pour la plupart des dossiers étudiés
malheureusement, la symptomatologie observée confirme les données quantitatives recueillies
et analysées dans le volume 1. Sans que nous puissions dire la part prise par la situation
d’adoption, nous notons l’ampleur et l’aspect cumulatif des difficultés exprimées par ces
enfants : déscolarisation, errance, fugues, scarifications, atteintes corporelles, agressions,
exhibitions sexuelles, atteintes aux biens et aux personnes, y compris les agressions sur les
parents, sont fréquentes. Les hallucinations, les phénomènes de dépersonnalisation ne sont pas
rares, y compris pour des adoptions précoces.
G est née au Brésil (situation 38). Adoptée à l’âge de trois mois, elle est décrite comme un
bébé vif et joyeux. G est adoptée par un couple sans enfant (plusieurs fives, plusieurs fausses
couches et un enfant spina-bifida décédé). Six mois plus tard, un deuxième enfant est adopté,
il est plus âgé que G ; Viennent ensuite deux enfants biologiques. G est hospitalisée en 2003
pour de graves troubles du comportement : mise en danger sur le plan de la sexualité
scarifications à la moindre frustration, fugues et violences verbales. G explique que les
scarifications lui permettent d’apaiser sa rage ou de se punir. Elle dit « avoir l’impression
d’une double personnalité, dont l’une serait diabolique ». Toute la famille est en thérapie
familiale et le pronostic est réservé malgré des compétences familiales évidentes.
27
Les phénomènes de ce type sont retrouvés dans de nombreux dossiers (sentiment de double
personnalité), sans que nous puissions dire avec certitude si s’exprime ainsi l’une des
difficultés des adoptés (avoir deux vies, l’une avant l’adoption, l’autre après l’adoption). Mais
les dossiers 38, 40, 48, 52 et 58 sont dans ce registre clinique et évoquent des clivages au
niveau de la personnalité.
Le plus souvent, l’expression du mal être se fait dans le registre asocial (situations 16,43, 51,
59, 61…) entravant toute prise en charge éducative. Actuellement de nombreuses juridictions
et la PJJ de certains départements signalent une présence de plus en plus grande d’enfants
adoptés en difficultés, cette donnée serait à vérifier statistiquement.
5- La parentalité adoptive en question
Les facteurs de risques que nous avons jusqu’à présent décrits étaient le plus souvent situés du
côté des enfants. Il va de soi que les parents adoptifs ne sont pas exempts de difficultés
personnelles dans la mise en place de leur parentalité. Par parentalité, nous faisons référence
aux travaux menés avec le groupe Houzel, et les trois axes constitutifs que sont : l’axe de
l’exercice de la parentalité (axe des droits et des devoirs) ; l’axe de l’expérience subjective de
la parentalité (axe des sentiments éprouvés vis-à-vis de l’enfant et des projections dont il est
l’objet), l’axe de la pratique de la parentalité (axe des soins et des actes éducatifs mis en
œuvre en direction de l’enfant). Comme tout autre parent, tout ou partie de ces axes peut être
défaillant chez les parents adoptifs, même si cette parentalité a des spécificités comme nous le
verrons à partir des dossiers. Les situations analysées nous amènent à distinguer quatre
écueils : la parentalité absente, la parentalité défaillante, la parentalité pathologique, la
parentalité entravée par une séparation conjugale.
La parentalité absente ou pathologique
Les travaux effectués sur la parentalité nous ont appris que celle-ci est un mouvement, non un
état. On ne naît pas parent, on le devient. Nous avons vu que les situations 22, 23, 25,
précédemment citées montraient une incapacité de ces trois couples à devenir les parents de
l’enfant confié. Erreur des services dans l’appariement ou erreur plus globale d’agrément ? La
question ne peut être facilement tranchée. Ces couples auraient-ils pu être les parents d’un
autre enfant ? Rien n’est moins certain. Mais à la différence des parents biologiques qui de
gré ou de force assument leur parentalité, la tentation est grande pour ces parents adoptifs de
faire marche arrière en disant « que cet enfant n’est pas le leur », « qu’il y a erreur sur l’enfant
confié ». C’est sur l’axe de l’exercice de la parentalité que se joue la rupture, par un refus
28
d’assumer légalement l’adoption, en demandant soit une délégation d’autorité parentale, soit
en signant un PV d’abandon. L’adoption plénière, même si elle est en principe impossible à
remettre en cause, est attaquée par des couples qui en discutent la pérennité et qui souhaitent
une disparition de l’inscription de l’enfant sur leur livret de famille.
L’erreur d’agrément est par contre manifeste pour les situations 11, 12, 15, 21, 24, 47 qui font
apparaître une pathologie au niveau des adoptants. Cette pathologie aurait-elle pu être
dépistée ? La situation 24 est à cet égard exemplaire. La demande d’adoption est formulée par
une femme seule (secrétaire), vivant avec sa mère et un frère âgé de 40 ans, au chômage. Au
départ, la demande concerne un enfant de moins de deux ans d’Amérique du Sud. Faute de
proposition Madame se tourne vers la Roumanie et adopte une petite fille née en 1997 qui a
vécu quatre années en orphelinat puis une année en famille d’accueil. Scolarisée dès février
2002, cette petite fille est signalée par l’école en Mai 2002 pour des hématomes. En Juillet, le
centre de loisirs fait le même constat : madame dit alors que c’est l’enfant qui se balance
contre les murs, qu’elle se griffe le corps et découpe ses vêtements. Un bilan médical est
demandé, il ne sera pas fait. En octobre 2002, un nouveau signalement émane de l’école
(même si l’institutrice confirme les balancements et les coups de tête contre les murs) : la
petite fille est décrite comme vive, intelligente, avec de bonnes capacités de mémoire.
Visiblement maltraitée, elle pleure pour rentrer le soir et n’a pas de lit au domicile maternel.
Madame décrit sa fille « comme un animal féroce » et note « elle m’a usée, elle a brisé le
feeling que j’avais au départ, elle refuse d’obéir et d’être éduquée, je ne peux continuer à me
rendre malade pour une enfant qui n’a aucun geste pour m’attendrir. Sous l’effet de la colère,
je la frappe, je pense qu’un jour elle pourrait me tuer ». Un procès verbal d’abandon est signé
en janvier 2003. La petite fille bénéficie d’un parrainage par un couple roumain, elle ne
présente plus aucune manifestation de mal être.
La situation 12 concerne deux enfants adoptés, tous deux en échec. Le dossier évoque la
pathologie du couple et une agression sexuelle par le père sur sa fille.
Ces erreurs d’appréciation des capacités adoptives mettent en évidence des manques au
niveau des grilles d’entretien. La mise en place d’un groupe de travail centré sur l’entretien
d’agrément serait une bonne chose, voire une spécialisation d’équipes sur les départements.
Lorsque les demandes d’adoptions sont rares, certaines assistantes sociales n’ont aucune
expérience acquise de cette procédure complexe, qui n’est enseignée ni dans les formations
initiales, ni sur le terrain. Dès lors les professionnels de l’enfance travaillent sans repères, en
élaborant eux-mêmes les questions à poser, au mieux de ce qu’ils peuvent faire, mais sans
soutien.
29
La parentalité défaillante
Le plus souvent, il s’agit davantage d’une parentalité défaillante sur le plan éducatif, à
l’identique de ce qui pourrait arriver à des parents biologiques. Les situations 4, 5, 6, 9, 13,
17, 19, 29, 30, 31, 33, 50, 63 sont dans ce registre. Les parents sont alors décrits comme trop
rigides ou dépassés par les manifestations de leur enfant, sans que l’on puisse dire si la
rigidité est structurelle ou là encore conjoncturelle, c'est-à-dire en réaction aux comportements
de l’enfant. Les réponses parentales, maladroites ou coercitives, sont celles que pourraient
avoir d’autres parents, mais le regard porté est plus critique. Des parents adoptifs, on attend le
meilleur, en considérant que l’enfant adopté a déjà un passé difficile. L’exemplarité est
attendue, comme en témoigneront les entretiens effectués (voir point 10).
La parentalité entravée par la séparation
Enfin, certains enfants ont été confrontés à la séparation parentale (situations 10, 20, 39), trois
situations, ce qui est statistiquement peu dans ce corpus, mais qui vient sans doute réactiver
chez ces enfants des angoisses anciennes d’abandon.
6- La responsabilité des services engagée
Nous ne pouvons clore la lecture de ces dossiers sans noter que certaines causes des
difficultés rencontrées proviennent directement des services adoption. Dix dossiers sur 81
révèlent des pratiques inappropriées par absence d’analyse voire acharnement à mettre en
place une adoption. L’idéologie, les représentations de l’enfance, des parents de naissance, de
l’adoption, sont ici en cause. La non articulation ou dû moins une certaine incohérence dans
les décisions prises est parfois flagrante dans certains dossiers. La situation 70 nous servira
d’illustration pour mettre à jour les dysfonctionnements dus
une « envie de réparer »
l’histoire de ces enfants, sans tenir compte des difficultés majeures des enfants. L’histoire est
celle de deux enfants, un garçon né en 91 et sa sœur née en 92. Les deux enfants sont pupilles
suite à une déchéance parentale en 1999. Le petit garçon a été brûlé, il gardera à vie les traces
sur son corps. La petite fille a été également gravement maltraitée sur le plan sexuel, le
dossier ne parle d’aucun suivi spécifique, les deux enfants ont été placés en famille d’accueil.
En 2001, les enfants sont proposés en adoption à un couple qui a perdu une première fille
d’une crise d’asthme. L’adoption est effective alors que les enfants ont 9 ans et 10 ans, elle ne
durera qu’une semaine, car au bout de cette durée la mère adoptive demande le carnet de santé
et constate que la petite fille est asthmatique. Lors de sa demande, cette maman avait signifié
son impossibilité à accueillir une enfant présentant cette pathologie, le service a oublié cette
30
donnée. La première tentative (janvier 2001) est donc un échec, qui divise les enfants, chacun
accusant l’autre de l’arrêt, le jeune garçon demande à ne plus être adopté avec sa sœur. La
seconde tentative pour la petite fille a lieu en août 2001. Le couple voulait un enfant petit
mais a fait évoluer sa demande en fonction des propositions. L’adoption dure un mois, le
couple fait appel au psychologue, la famille du couple se déchire et Madame est insultée par
sa propre mère. Début septembre, la petite fille est de retour au foyer de l’enfance. Le couple
demande une nouvelle tentative, tentée jusqu’en novembre 2001, la petite fille vit là encore
une nouvelle désillusion. Une troisième tentative est tentée sous forme de parrainage-adoption
dans une autre famille en juin 2002 : la petite fille qui teste la réalité de cet investissement
développe des comportements nouveaux : masturbation pendant les repas, exhibitionnisme et
séduction à l’égard du père, tentative de séparer le couple, comportements sexuels à l’école.
En janvier 2003, constat d’échec et arrêt du parrainage-adoption, placement en maison
d’enfant. Cette petite fille se remet mal de tous ces rejets, on note des comportements
inquiétants, une masturbation compulsive, des mains souillées de matière fécale, des
automutilations, griffures, des agressions sexuelles sur les autres enfants avec intrusion de
crayon dans l’anus. Il faudra une année entière pour que ces symptômes disparaissent et que
cette petite fille retrouve une scolarité normale. Le dossier note : « elle aura besoin d’un
accompagnement thérapeutique continu »…on ne peut qu’espérer qu’il soit en place et que ce
ne soit pas seulement un projet. On ne compte pas le nombre de désillusions et de pertes
vécues par cette petite fille, y compris celle de son frère adopté dans une autre famille, qu’elle
ne reverra pas.
Le dossier 21 est tout aussi problématique. X est née en 1992 et pupille en 1995 (article 350).
Dès un an, elle est placée en famille d’accueil qui candidate à l’adoption. Cette candidature
est refusée « sous le motif que le couple n’est pas marié, et que cela ne permet pas
l’adoption » (était-ce le seul élément de refus ? En cachait-il d’autres ? Méconnaissance des
règles de l’adoption ? ). La fillette est proposée « à une tante en difficultés, hébergée chez un
couple » qui demande une adoption simple. Le service accepte, privilégiant les liens du sang,
alors que cette jeune femme est âgée de 21 ans, sans emploi, sans enfant…Un accord pour
placement en vue d’adoption est donné en 1997, accord non concrétisé car entre temps la
jeune femme épouse un jeune homme non investi dans ce projet. L’évaluation faite par le
service ne peut que poser question. L’enfant fugue alors de chez sa famille d’accueil (dépit ?)
et dénonce des actes de maltraitance. La petite est accueillie deux mois chez un tiers digne de
confiance puis remise dans sa famille d’accueil (affaire classée sans suite) qui
psychologiquement va mal depuis cette affaire. Le rapport conclut néanmoins « il ne faut pas
31
rompre le placement car la rupture serait plus traumatisante que bénéfique pour cette enfant
qui a de la ressource et la capacité de gérer certaines situations » ! La question étant de savoir
à quel prix cette petite fille gère ce qu’on lui fait vivre. Pendant toute l’année 2001, on
s’inquiète des ruptures du couple d’accueil (Madame s’en va, revient, repart…) et du fait que
l’enfant reste parfois seule avec Monsieur (que l’on dit « peu scrupuleux »), mais rien de plus
n’est semble-t-il fait que ce constat.
X rencontre la famille L qui l’accueille (parents d’un petit garçon), le service est informé a
posteriori et le conseil de famille entérine avec ces mots : « il faut une OGP signifiée par la
magistrat afin que X entende qu’elle est officiellement confiée à monsieur et madame L et
q’elle n’est pas soumise à l’arbitraire ni maître des décisions des uns et des autres mais bien
référée à la loi ». Cette prose cache mal les vides du système et un dysfonctionnement grave,
dans le projet élaboré pour cet enfant, dans le suivi, dans le renvoi de la gestion des difficultés
à cet enfant, dans l’absence de cohérence globale, bref dans l’arbitraire pourtant dénoncé. On
pouvait espérer une fin paisible de cette histoire mais en 2003, le couple L renonce à
l’adoption, X présente désormais des décrochages scolaires, une sexualité incontrôlée, le
couple craint les effets sur leur petit garçon …X est de retour en foyer de l’enfance, elle veut
retrouver sa mère biologique et son frère. À onze ans, cette petite fille a vécu plus de ruptures
que nous pouvons même l’imaginer. Quelle image peut-elle avoir d’elle-même et des
adultes ? Nous n’avons pu qu’à espérer très fort qu’elle soit particulièrement résiliente.
Au terme de cette lecture, et si nous reprenons la cause qui nous apparaît première dans les
difficultés des familles, nous obtenons le tableau suivant (sachant que les causes sont parfois
intriquées et cumulatives). Nous percevons bien ce qu’il peut y avoir de violent à ainsi réduire
des situations complexes à une « entrée unique » mais cette lecture qui force le trait nous
permet de mieux pointer les efforts à fournir, sachant qu’il y a des domaines où les
améliorations peuvent plus vite être obtenues. Il n’y a pas lieu de céder au fatalisme ou au
renoncement, des progrès nets peuvent être envisagés. Si nous regroupons ces catégories,
nous notons que dans un tiers des cas (appariement, respect de l’agrément, évaluation des
handicaps trop lourds, pratiques institutionnelles) nous pouvons avancer très vite une
réflexion au sein des professionnels qui ont montré qu’ils sont motivés en ce sens. Il en est de
même dans l’écoute de l’enfant où notre vigilance doit progresser (20%), pour les articles
350, sachant que malheureusement ce sera plus complexe pour les enfants venant de
l’étranger. Plus difficiles à traiter seront les troubles de l’enfant et les troubles de la
32
parentalité, qui relèvent d’une analyse de la problématique et d’une clinique de soins (40%
des situations).
Cause première
situations
total
En %
Agrément
81,73,75, 23, 15, 45, 6, 19, 28
9
11
3
3,7
7. 14.34.37.41.71.
6
7,4
8.31.32.33.36
5
6,1
16.43.59.61
4
4,9
51.64.67.72
4
4,9
7
8,6
16
19,7
3
3,7
13
16
3
3,7
insuffisant
ou
non respecté
Handicap
de 66, 26, 27
l’enfant
sous
évalué
Traumatismes
enfance
Carences
affectives
Troubles
asocialité
Crise
d’adolescence
exacerbée
Origine
non 60.62.38.40.48.52.58
repérée
des
troubles
(autisme…)
Refus
de 3.18.35.42.45.46.49.63.
l’enfant
d’être 65.68.69.75.76.80.81.28
adopté,
écoute
insuffisante
Appariement
Problèmes
parentalité
Pathologie
22.23.25
de 4.5.9.13.17.19.29.30.
63.50.10.20.39
de 11.12.15.
couple
33
Pratiques
21.24.47.70.73.74.77.78.79.80. 10
12,3
81
100
institutionnelles
en cause
Total
7- L’accompagnement des parents adoptifs
L’accompagnement des adoptions est, nous l’avons noté dans le volume 1, trop peu réactif. Il
est surtout peu systématisé et laissé à l’appréciation des départements. Il conviendrait que les
puéricultrices se mettent à la disposition des familles lors de l’arrivée de l’enfant, or ceci n’est
pas en place partout. De même, le groupe constate l’absence de formation des médecins
généralistes sur les pathologies des enfants étrangers. Les discours des uns et des autres sont
contradictoires sur bien des registres. L’école cristallise les malentendus. Le groupe de
réflexion témoigne de phrases maladroites ou « racistes » comme « tu viens d’Afrique, tu
peux bien avoir soif cinq minutes » ou « quelle chance tu as d’avoir été adopté » ou « tu
n’arrives qu’à ces résultats malgré tout ce qu’ont fait tes parents pour toi ! ». L’estime de
l’enfant est souvent mise à mal par ces phrases qui culpabilisent ou assignent à un statut
différent. Les enfants adoptés expriment des difficultés lors de la représentation de « l’arbre
généalogique » effectué en CE2. L’enfant adopté est parfois accueilli comme une mascotte,
suscitant un enthousiasme collectif qui s transforme vite en rejet s’il ne s’intègre pas selon ce
qui est attendu. L’articulation avec les écoles et une information minimale seraient là encore
nécessaires pour aplanir les difficultés.
L’articulation entre les services et les parents est une nécessité, mais à l’évidence elle s’inscrit
souvent dans des mécanismes de jugement qui entravent la communication. Madame I. que
nous avons rencontrée témoigne de cette incompréhension, elle et son mari ont adopté un
enfant étranger de quelques semaines aujourd’hui majeur et sans problème, et secondairement
un enfant de cinq ans (article 350) qui a toujours présenté des troubles du comportement,
s’aggravant au fil du temps :
-
« Je me suis souvent demandée si l’on nous avait pas proposé cet enfant de cinq ans à
l’adoption parce que j’étais assistante sociale en psychiatrie, avec l’idée que je
saurai…Mais j’ai envie de dire que ce n’est pas forcément le bon critère et que tout ne
va pas s’arranger par miracle. Je ne suis pas sure d’avoir été une meilleure mère
pour mon fils parce que j’avais ces connaissances sur l’enfant, je ne suis pas sure,
…c’est d’ailleurs l’une des dernières choses que m’a reprochée l’Aide sociale à
34
l’enfance, la dernière fois que nous nous sommes vus : que j’étais une professionnelle!
J’amenais ma souffrance et on me dit que je réagis en professionnelle parce que je
suis en mesure de décrire les réactions de mon fils! Ce qui avait contribué à nous
confier (mes compétences professionnelles) cet enfant, nous était finalement reproché.
L’inspectrice de l’Aide sociale à l’enfance qui nous avait proposé notre fils n’a jamais
voulu en reparler, revenir au point de départ, quand on a demandé de l’aide. Il n’était
pas possible de reparler de la trajectoire totale de notre enfant. Tout de suite cela a
été dur, difficile, pénible, l’entretien est resté purement administratif. On a eu le
sentiment que rien ne pouvait se dire, d’être jugés comme ayant échoué. Peut-être
devrait-on former les gens qui travaillent sur l’adoption à l’accueil des couples en
difficultés, que l’histoire d’un enfant on puisse la reprendre et faire le pont entre le
moment de l’adoption et le maintenant, on peut se le dire. Nous ne sommes pas venus
dans ce service avec des reproches mais avec du mal être, de la souffrance, on aurait
juste voulu s’interroger ensemble, cela n’a pas pu se faire. Longtemps après on a vu
une psychologue du service, mais qui n’a pas voulu continuer parce qu’elle a dit
qu’elle ne voyait pas ce qu’elle pouvait faire, je ne sais pas, c’est très étrange ce
manque de savoirs sur l’adoption…nous n’étions pas bien mais le service n’a pas été
contenant »
Cet autre témoignage dénonce la même incompréhension et une absence d’accompagnement
-
« Quand je dis qu’on me pousse à l’abandon, je veux dire que les professionnels de
l’Aide sociale à l’enfance ont l’habitude de situations où ils retirent les enfants, et là
c’est moi qui ai demandé le placement ! Plein de fois je me suis sentie maltraitée, et
j’ai été obligée de rappeler que c’était moi qui avais demandé le placement, ils
renversent la vapeur, et d’ailleurs c’ était de l’aide que je demandais et non un
placement, mais c’est la seule chose qu’ils m’aient proposée. C’était horrible, je
pensais ne plus pouvoir me regarder dans un miroir si je demandais le placement,
mais il n’y avait rien d’autre ! Les professionnels ont l’habitude de retirer des enfants
maltraités et d’une certaine façon de les sauver. Là je pense qu’ils ne sont pas en
position de sauvetage, puisque c’est le parent qui demande, et du coup ils ne savent
plus quoi faire. L’objectif de leur métier disparaît si je leur enlève l’envie de sauver,
donc ils font en sorte qu’on devienne des mauvais parents pour retrouver un schéma
qu’ils connaissent. On a demandé de l’aide, on leur a confié notre enfant et ils font
comme si on était coupable. Dans mon dialogue avec le foyer, il y a sept éducateurs
35
qui tournent, avec certains cela se passe bien mais tout dépend de qui j’ai en face, ils
ne s’articulent pas entre eux, ils ne lisent pas le dossier de l’enfant, donc à chaque
fois je dois re-raconter. Les professionnels tournent, mon fils n’a aucun ancrage mais
moi non plus. J’ai dit à un éducateur : « prenez soin de mon enfant, je vous l’ai
confié », il m’a répondu « mais non madame, c’est le juge qui a décidé, l’air de dire :
on vous l’a enlevé », je lui ai dit mais « attendez, c’est moi qui ai écrit au juge pour
demander la protection de mon fils, je considère que c’est moi qui l’ai confié, même si
cela a été la décision la plus dure de ma vie ».
Accompagner les parents adoptifs ne se fera pas sans un changement de regard porté sur eux.
Sans doute, ces derniers ne sont-ils pas toujours ajustés, certains abandonnent même
volontiers la partie, mais le jugement porté ne peut être généralisé. Nous avons rencontré de
nombreux parents qui persistent à assumer leur rôle et qui dénoncent des dysfonctionnements
institutionnels dont nous avons à tenir compte pour progresser dans la prise en charge des
enfants. Certains vont au-delà d’une simple critique et proposent des solutions comme :
-
des parrainages par des adultes adoptés qui vont bien et qui ont une bonne image de
leur histoire ;
-
la création d’une association d’entraide pour enfants adoptés dans chaque
département ;
-
pour les nouveaux parents adoptifs, un suivi obligatoire par des professionnels formés,
-
la mise en place d’un observatoire du devenir des enfants adoptés ;
-
une articulation avec les services de psychiatrie pour l’accueil de ces enfants ;
-
une articulation avec les associations qui mettent en relation pour qu’elles soient plus
vigilantes sur les falsifications concernant l’âge de l’enfant, son histoire, les
traumatismes subis ;
-
une réflexion sur l’adoption plénière,
-
une réflexion sur les stéréotypes et les paroles blessantes type : « lequel est ton vrai
frère ? » ; « cela ne vous pose pas problème ce mélange des races ? » ; « votre pays ne
vous manque pas ? » ; « tu n’as pas à te plaindre, si tu étais restée dans ton pays, tu
serais sur les trottoirs de Manille »…Petites phrases cruelles même si non
intentionnelles.
-
La mise en place, au sein des services adoption, d’un accueil pour les parents en
difficultés.
36
_8- Le point de vue des parents adoptifs : que peuvent-ils dire
des difficultés rencontrées ?
Le non respect de l’autorité parentale
Les dysfonctionnements pointés par les parents adoptifs touchent principalement au non
respect de l’autorité parentale. C’est sur l’axe de l’exercice de la parentalité que les atteintes
sont les plus grandes. Elles ne sont sans doute guère différentes de ce que vivent les parents
d’enfants placés (population habituelle), mais les parents adoptifs sont d’un autre niveau
social et par là-même capables de se faire entendre plus fortement :
-
« Au début nous étions assez contents de les voir dans un centre social, on pouvait
respirer un peu et puis on pensait qu’ils allaient nous aider. Sur le plan éducatif, on
ne pouvait plus poser un non, nous étions conscients qu’il fallait nous aider. Mais à
partir du placement, vous n’existez plus comme parents sauf si vous êtes entièrement
d’accord avec eux, si vous êtes dociles. » (couple ayant adopté deux enfants
d’Ethiopie)
-
« Ce n’est pas le rôle des services d’enfants d’enfoncer les parents. Nos filles ont donc
été placées à X et là c’est le naufrage, un scandale, elles y entrent en septembre 2001.
Je ne connaissais pas cette incompétence, cette toute puissance, c’est monstrueux. On
a vécu des rendez-vous où l’on est venu voir nos filles et on leur a dit qu’on n’était pas
là. Nous n’avons pas eu accès à nos dossiers, les rapports sont arrivés juste en
période de délibéré, ce qui fait qu’on n’a pas pu les voir. Une multitude de choses
illégales ! Il faut vivre tout cela ! On nous a refusé de faire un travail avec le
psychologue, il avait été décidé alors qu’elles avaient quinze ans et que le placement
serait jusqu’à la majorité. Les écoles nous ont avertis que nos filles manquaient la
scolarité un tiers du temps, personne de X nous avait informés. Quand on s’est
adressé aux services de X, on nous a dit que c’était faux alors que nous sortions de la
réunion parents-professeurs ! puis on m’a dit que les professeurs disaient n’importe
quoi, puis qu’elles avaient des besoins physiologiques à satisfaire ! je vous jure que
l’éducateur m’a dit cela ! des fugues sexuelles autorisées sur les heures scolaires ! Sur
les rapports c’est devenu que j’étais une mère envahissante, que les filles étaient
terrorisées, que cela leur rappelait des mauvais souvenirs….Tout est organisé comme
cela, nous ne voyons plus nos filles, la dernière fois que nous les avons vues c’est
après une fugue en février ; Notre droit de visite n’a jamais été respecté, ni la décision
37
d’appel qui nous rendait la garde de nos filles » (couple suspecté de maltraitance puis
réhabilité, deux filles adoptées)
L’absence de partenariat
Le partenariat a du mal à s’installer, l’articulation éducateurs-parents si souvent prônée
comme un incontournable de la relation est défaillante, dû moins si l’on accorde quelque
crédit aux propos tenus.
-
« Je n’accuse personne mais mon fils est en danger, il n’est pas normal qu’il fugue la
nuit du foyer. Je pense qu’il est avec moi dans une relation amour-haine et que c’est à
travailler, je ne peux pas le reprendre et être à nouveau en face à face sans cette aide
et ce travail. Si ce n’est pas moi qui m’occupe de mon fils, il faut que je sois en
confiance et là je ne le suis pas. » (mère adoptive, garçon de quinze ans)
-
« Les dossiers ne sont jamais transmis, ou ils sont lus par les éducateurs avec trois
semaines de retard. Résultat je m’épuise et pendant ce temps on ne travaille pas la
relation avec mon fils, or c’est pour cela que j’aie demandé de l’aide, le travail n’est
pas fait ! Il n’y a pas d’articulation, ce n’est même pas qu’elle est mauvaise, c’est
qu’elle n’existe pas. À chaque fois que mon fils a volé, des trottinettes, des vélos, j’ai
fait appel au juge parce que je ne veux pas cautionner de tels actes, d’autres parents
se seraient contentés sans doute de jeter les objets volés, moi je voulais un rappel de
la loi, je fais confiance au juge…mais cela se retourne contre moi. Les visites
médiatisées par exemple, je me demande qui cela protège ? La fête de l’école de
l’établissement où est placé mon fils, c’est pareil, je l’ai apprise par hasard, parce
que j’aie téléphoné, personne ne m’avait invitée. Pourquoi ? Je n’ai pas reçu les
résultats scolaires de mon fils ! (mère adoptive, garçon de douze ans)
Des savoirs et des expériences à transmettre :
Au-delà de ces critiques, vives mais qui peuvent être constructives pour tous, les parents
adoptifs ont accumulé des expériences et des savoirs qu’il serait utile de diffuser aux
professionnels et parents candidats ou déjà en difficultés. Les expériences racontées montrent
que les parents ont souvent repéré très vite les difficultés de leur enfant, qu’ils ne sont pas
restés inactifs dans la recherche de solutions, mais que peu d’écoute ou d’aide appropriée leur
ont été apportée :
38
- Être vigilant sur les conditions de l’adoption et intervenir précocement
-
« Moi je me suis rendue compte tout de suite, dès l’adoption, qu’il avait des
problèmes, il allait avoir sept ans et demi, il est né au Brésil. C’était mon premier
enfant adopté, il venait en second, j’ai une fille biologique qui a 16 ans de plus que
lui, elle a 28 ans aujourd’hui. J’ai eu des éléments sur la vie de mon fils en arrivant
dans le pays, ce qui n’avait rien à voir avec ce que l’association d’adoption m’avait
dit. Au téléphone, on m’avait dit que les parents de cet enfant étaient décédés et qu’il
avait été recueilli par une voisine. C’est tout, et puis après au brésil les psychologues
m’ont reçue pour me dire que les parents étaient morts assassinés, qu’une femme
l’avait déclaré comme son enfant et que cette femme l’avait maltraité, qu’il y avait eu
un procès, et qu’elle avait été déchue, elle était alcoolique et en hôpital psychiatrique.
J’avais les bras ballants, comme cela, l’impression d’avoir reçu sur la tête un coup
énorme, on m’a demandé tout de suite si j’avais des possibilités de me faire aider en
France, que l’enfant aurait des séquelles, j’ai dit oui, et puis bon…Et on m’a dit on va
dans une heure à l’orphelinat, que voulez-vous faire ?…Dès l’instant que j’aie vu cet
enfant, pour moi c’était mon fils, il est venu se réfugier sur mes genoux, donc il n’était
plus question à ce moment là de faire marche arrière. » (couple adoptif d’un enfant de
sept ans, Brésil)
-
« C’étaient deux enfants éthiopiennes qui arrivaient des camps que l’on voit à la
télévision, il y a douze ans. Le père était mort dans la guerre d’Érythrée, et la mère
était morte comme nous a dit l’une des deux filles : « maman n’a pas assez mangé et
elle a trop pleuré ». Elles avaient des souvenirs très forts, je crois qu’il s’était passé
très peu de temps entre le décès de la mère et l’adoption. Officiellement elles sont
arrivées à cinq ans, mais elles nous ont dit très vite qu’on leur avait dit de dire cela,
qu’après cinq ans dans ce camp l’adoption n’était plus possible. Donc là c’était
flagrant. Très vite notre voisine qui avait vécu onze ans en Éthiopie nous a dit que les
filles devaient avoir neuf à dix ans, cela faisait un écart énorme. Elles ont été suivies
pendant très longtemps par un endocrinologue, de Genève, par des grands services,
ils disaient qu’elles étaient plus âgées, leur physique a explosé à leur arrivée. On a
oublié de vous dire un autre mensonge, c’est qu’au bout de deux années, on a appris
qu’elles avaient cinq frères et sœurs. On leur avait dit de ne pas nous le dire parce
qu’autrement on ne voudrait plus d’elles, elles ont donc vécu dans le mensonge parce
que là-bas les enfants avec de la famille ne sont pas adoptables. C’est le côté illégal et
cela crée une anxiété colossale chez l’enfant. Et à partir de ce moment là elles ont
39
raconté leur adoption. Et la belle vision du départ qui était pour nous celle de deux
petites filles totalement isolées dans un camp, est devenue un arrachage. On a voulu
tout de suite les aider par un suivi psychologique, mais on nous a dit que cela allait
s’arranger » (couple adoptif, deux sœurs, Ethiopie)
-
« On savait qu’on ne pouvait pas demander un bébé, mais cinq ans et demi cela me
faisait peur, je pensais plus à un enfant de deux à trois ans maximum, la maternelle
me semblait importante à vivre avec l’enfant, un moment où l’on peut encore jouer,
tisser des liens plus faciles, mais voilà, la réalité de la proposition a été celle-là et on
a embarqué pour cela. Avec tout à fait de l’enthousiasme et pas trop d’appréhension
une fois la première surprise passée…c’est moi qui ai ressenti cela, mon mari
beaucoup moins, l’âge ne représentait pas pour lui la même chose. Donc on est parti
avec l’enthousiasme que l’on a lors d’une adoption. Et tout de suite, dès l’école, les
problèmes ont été massifs. Je suis atterrée par le fait qu’on ne parle pas de la
problématique de ces enfants, on a l’impression de parler dans le désert, tous ces
enfants ont vu des tas de professionnels qui ne nous aident pas. (couple ayant deux
enfants adoptés, dont le dernier en difficultés, adoption à l’âge de cinq ans, article
350). »
Ces symptômes ont souvent été banalisés ou la prise en charge différée avec le secret espoir
d’une résolution spontanée. Une information large sur ces témoignages mériterait d’être faite,
dans la mesure où ceux-ci remettent en cause les techniques de prise en charge. Trop tardives
ou inadaptées, elles achoppent à aider ces enfants. Parfois, pour dit-on ne pas stigmatiser
l’enfant, la singularité de sa trajectoire et de son statut d’enfant adopté est déniée :
- Prendre en compte la spécificité de l’adoption
-
« Le chef de service m’a dit : « adopté ou pas adopté c’est pareil, pour moi ce n’est
qu’un problème d’autorité ! ». C’était notre premier rendez-vous, il n’a pas voulu
entendre tous les traumatismes vécus par notre fils. Je voudrais qu’on arrête de
plaquer des schémas qui ne marchent pas, je suis révoltée qu’on plaque des théories,
qu’on dise que tout est pareil ! ce n’est pas possible, ce sont des théories plaquées en
cinq minutes. Depuis quatre ans vous vous battez et on vient vous dire en cinq minutes
où est votre problème ! vous mettez une journée pour vous en remettre ! Il faut
absolument qu’il y ait des formations qui se mettent en place, ce sont des schémas
d’analyse qui ne marchent pas. Il n’y a eu aucune amélioration du comportement,
40
notre fils est aujourd’hui en fugues et multiplie les agressions contre les autres ou
contre lui-même »
- Admettre que les parents puissent être des partenaires
-
« Il y a eu des problèmes tout de suite dès la première école, des troubles du
comportement, des violences avec les objets et sur les enfants…J’ai demandé au
psychologue de me dire où mon fils en était avec les personnes et là le psychologue
n’a rien voulu me dire. Moi je trouvais que ce n’était pas bien, parce que moi je ne
connaissais pas mon fils, je venais de l’adopter. Il ne faut pas se comporter avec les
parents adoptifs comme avec les autres parents, moi je voulais des clefs puisque je ne
le connaissais pas cet enfant. Dire à des parents adoptifs qui ont un enfant de huit ans,
depuis seulement quatre mois : mais non, madame, nous n’avons pas à parler avec les
parents, …c’est une grave erreur ! Pour des parents qui connaissent leur enfant, qui
ont vécu avec lui, qui ont une mémoire avec l’enfant, c’est peut-être possible, mais
moi je n’avais rien avec mon petit garçon, et il se trouvait que cet enfant ne parlait
pas. J’ai posé plein de questions à ce psychologue, sans réponses…j’ai cherché une
autre psychologue, les problèmes ont continué, les écoles se sont succédées. Un
psychologue m’a juste dit : j’avais peur qu’il soit autiste, heureusement je ne crois
pas qu’il le soit…Voilà, ensuite, je lui ai expliqué que je n’étais pas un cas social, que
j’avais une certaine dignité et que je pouvais comprendre intellectuellement ce qu’il
voudrait bien me dire…Il m’a juste dit que mon fils ne faisait pas la différence entre
moi et sa mère, mais c’est tout, il m’a laissé patauger. »
Si ces familles « pataugent », nous pouvons nous demander si le silence des professionnels
n’est pas aussi l’expression d’un flou théorique plus global. À trop vouloir idéaliser l’adoption
et à la présenter sous sa forme magique et heureuse, nous avons oublié de réfléchir aux cas
problématiques et à ce qu’ils pouvaient nous enseigner des processus psychiques marqués par
l’abandon. Nous nous sommes extasiés devant la plasticité de certains enfants sans nous
interroger sur les stratégies développées par ces enfants adoptés. Comment réussit-on son
adoption ? Quels facteurs protègent l’enfant ? Les contradictions entre auteurs montrent que
même sur le facteur âge, l’accord ne s’est pas fait (voir volume 1). Qui croire ? Comment
soigner ? Sur des questions comme la langue maternelle de l’enfant, nous sommes
aujourd’hui incapables de dire si son maintien est à favoriser ou si au contraire cela empêche
l’intégration de l’enfant. À la détresse de certains parents fait écho la carence de savoirs
41
étayés, vérifiés, validés. Et pourtant, nous ne manquons pas de théories pouvant être retenues
comme fécondes à la réflexion. Le problème est leur faible connaissance par les
professionnels de l’enfance, leur non articulation, l’absence de diagnostic, la faible
représentativité des psychologues dans les services concernés et le fait qu’il n’y ait pas de
spécialisation sur cette thématique. Pour autant, et à titre indicatif, nous récapitulons cidessous les théories qui seraient utiles à la prise en charge spécialisée de ces enfants.
9-L’analyse critique des théories et pratiques actuelles en
matière d’adoption
L’objet de ce rapport est de faire un état des lieux à partir des dossiers lus, non de faire une
recension des théories explicatives. Pour autant, nous donnons ici quelques pistes de lecture
pouvant aiguiller le travail futur des professionnels désireux d’aider les enfants adoptés en
difficultés :
Travailler sur les passages à l’acte et la violence
De nombreux enfants présentent des comportements particulièrement violents : violences
agies, subies, violences sur soi. Or la prise en charge de cette violence (pas seulement celle
des enfants adoptés) fait rarement référence aux travaux sur la violence fondamentale, la
violence liée au sentiment de désubjectivation, la violence dans son rapport à l’objet et les
rapports entre violence et dépendance (Abdessalem Yahyaoui et col, éditions la pensée
sauvage, titre : « violence, passages à l’acte et situation de rupture ; 2000). Donner un sens à
ces passages à l’acte serait pourtant le premier acte à poser dans une clinique de soins. Or
nous avons l’impression que seules quelques vagues notions sont plaquées comme : absence
de cadre, défaut d’autorité, conflit de loyauté…des notions floues qui n’aident aucunement les
intervenants à proposer un projet individualisé.
Travailler sur les processus d’attachement et les mécanismes de brisure
Pour des raisons de luttes théoriques, opposant des chapelles de pensée, ces travaux sont
également ignorés des Français. Leur diffusion par Guedenay (2005) et autres est récente. Il y
a urgence à s’en emparer quitte à les critiquer secondairement pour voir ce qu’ils peuvent
apporter dans l’étude des enfants adoptés.
Travailler sur les théories de la maltraitance et leurs effets
Si la maltraitance est nommée, reconnue, elle ne fait toujours pas l’objet d’une clinique de
soins active, or la grande majorité des enfants adoptés ont eu à souffrir de maltraitance. Les
effets sur la constitution psychique ne sont pas suffisamment repérés chez ces enfants.
42
Approfondir les théories de la parentalité
Comment devient-on parent, comment devient-on parent d’un enfant adopté ? Qu’en est-il des
mécanismes réciproques d’apprivoisement ?
Utiliser les théories de la construction de l’identité, dans une dimension interculturelle
De nombreux enfants adoptés semblent se situer dans un entre-deux, entre deux familles,
deux cultures, sans pouvoir faire la synthèse de ces deux apports. Les hallucinations,
sentiments de double personnalité, sont trop souvent décrits ou parlés pour que nous ignorions
cette dimension dans l’analyse.
La liste est loin d’être exhaustive et n’a pas prétention à l’être mais ce simple début de
programme suffirait déjà à penser autrement les « échecs d’adoption », qu’en termes de
recherche de « coupables » et de « victimes »
10-L’articulation entre les institutions, professionnels, parents
En cas de difficultés, les parents se retrouvent pris dans le morcellement des institutions. Le
service adoption qui a fait l’agrément ne se sent pas forcément investi du suivi, le service Ase
qui parfois prend la suite ne recherche pas toujours à remonter dans l’histoire de l’enfant, ni
dans celle du couple agréé, les services de pédiatrie ou de psychiatrie sont coupés du reste.
Nous avons ainsi des enfants dont l’histoire se perd au cours de leur périple institutionnel.
Les signes précurseurs d’un mal être qui va grandissant ne sont alors plus mémorisés. Il faut
de véritables passages à l’acte de l’enfant ou des parents pour que la réaction des services
opère, mais avec des mois voire des années de perdues. La question des réactions fraternelles
n’est que peu élaborée, alors qu’au quotidien il n’est pas rien d’intégrer un « nouveau frère »
ou une « nouvelle sœur » surtout lorsque les places dans la lignée se trouvent perturbées.
N’est pas non plus parlé l’impact des difficultés sur la famille élargie, or de nombreux
dossiers évoquent des ruptures familiales graves entre parents adoptifs et grands-parents,
chacun prenant fait et cause pour ou contre l’enfant adopté.
Devant tous ces manques, le groupe s’interroge sur la mise en place d’un lieu-ressources pour
les familles en difficultés, que celui-ci dépende du service adoption ou d’un autre service, peu
importe à la condition qu’il y ait une articulation entre les équipes.
Les préconisations du groupe de travail sont donc multiples et touchent aux différents
moments de l’adoption.
43
11-Préconisations et réflexions du groupe de travail
sur l’adoption
Lors de l’agrément
Systématisation des entretiens de couple séparés pour que le désir de chacun puisse être
évalué ; création d’une grille d’entretien plus affinée ; évaluation de la plasticité du couple
d’un entretien à l’autre et de ses capacités réflexives.
Rigueur dans la délimitation des possibles, tout couple a des marges qu’il ne peut dépasser ;
non réactualisation immédiate des avis donnés sous prétexte qu’une offre est faite qui risque
de dépasser les possibilités repérées.
Après l’agrément
Mise en place de séances thématiques, sur les processus d’attachement, les différences
culturelles, la réalité des adoptions et des profils d’enfants dans les autres pays. Actualisation
des données recueillies sur le parcours des enfants, les difficultés qu’ils peuvent exprimer…
Mise en garde des parents sur une scolarisation hâtive, sur une recherche de la conformité ou
de la familiarité, gommant le temps de l’apprivoisement. Rappel de la vigilance à avoir sur les
adoptions multiples, déstabilisant l’équilibre familial (quatre enfants adoptés en une seule
fois). Questionnement sur la notion de famille, qu’est-ce qui fait famille ? Approche des
représentations de l’abandon et des stéréotypes concernant les enfants des différents pays.
A l’arrivée de l’enfant
Mise en place systématique d’un suivi, mise à disposition des puéricultrices, création d’un
pool de médecins spécialisés dans les maladies tropicales par exemple ou dans les
phénomènes de dénutrition. Liens avec les écoles pour permettre une intégration en douceur
comme pour les « enfants migrants ». Repérage précoce des troubles et mise en place de lieux
de soutien aux parents désireux de parler.
Formation
Mise en place de formations sur le développement de l’enfant, les usages de l’article 350,
évaluation des risques pour l’enfant et sa future famille, suivi spécifique pour les adoptions
44
tardives. Approche et écoute de l’enfant comme acteur de ce projet. Préparation réelle à
l’adoption. Formation à la symptomatologie des enfants adoptés. Mise en place d’un
observatoire des situations difficiles pour en tirer des enseignements cliniques et théoriques.
Le but de ces préconisations n’est pas d’éradiquer toute erreur mais de diminuer le nombre
des enfants adoptés en difficultés. Si notre pays souhaite augmenter le nombre des adoptions,
encore faut-il qu’il se donne les moyens d’accueillir convenablement ces enfants. Cette étude
en ne prenant en compte que les enfants accueillis au sein de l’Aide sociale à l’enfance
minimise le nombre des souffrances. Une même étude côté protection judiciaire de la
jeunesse, côté psychiatrie…serait nécessaire pour apprécier correctement la réalité d’un
phénomène qui ne fait qu’émerger. Enfin, nous ne pouvons que rappeler la nécessité qu’il y
aurait de mener des études longitudinales, suivant des cohortes d’enfants Il manque des
recherches visant à connaître et à comprendre le point de vue des enfants sur cette transition
identitaire qu’ils sont amenés à vivre. Des adoptés de tous âges devraient être interrogés,
satisfaits ou non de leur adoption, mais portant un regard réflexif sur ce parcours singulier. Ce
n’est qu’à ce prix que nous pourrons sécuriser davantage les adoptions et éviter de jouer aux
apprentis-sorciers.
45
ANNEXE 1 : DOSSIERS ÉTUDIÉS
°
Origine
Sexe
Date
dossier
enfant
naissance
Date abandon
Date
Origine
Couple
Début
Durée
adoption
géographique
adoptif
des
adoption
Profil enfant
Statut
Analyse
actuel
causes
problèmes
1*
Foyer
fille
1987
naissance
11 mois
Ile Maurice
1988
Mère
2001,
infirmière
à 14 ans
échec
En cours
Accueil
Fugues,
de provisoire
tentatives
Père
suicides,
handicapé
déscolarisation
Incompréhension
mutuelle
en 4e techno
2*
Foyer
garçon
1984
3 ans
1988
Ile Maurice
Idem que 1
4 ans
1995,
En cours
7 ans
Fugues, vols,
Lieu
Traumatisme
agressions,
de vie
sexuel
crises clastiques,
avec
mutilation
psychiatrie ++
dans
la
petite
enfance
3
foyer
fille
1988
orpheline
1996,
6ans
8 ans
Ethiopie
2
enfants 2001,
DAP
parents éthiopiens
bios,
signalement
Sans
maintien Vivants,
2 adoptions,
a 13 ans
liens
adoption
1998
DAP 2002
Fugues,
foyer
refus
couple
voulant
gommer le passé,
maltraitance
adoption
humanitaire
4*
foyer
fille
1987
inconnu
1994,
Brésil
7 ans
5*
foyer
garçon
1985
inconnu
9ans
Brésil
2 bios,
tiers
Carences
3 adoptés en
agressions,
anciennes, couple
1994
psychiatrie
rigide
Psychiatrie,
idem
idem
2000
agressions
6*
foyer
garçon
1990
inconnu
4ans
Brésil
idem
46
Vols, strangulation
idem
famille accueil
7
Foyer
garçon
1987
Art
350, 1994, 7ans
France
Famille accueil
8*
foyer
fille
1985
3 mois
jumeaux
1 bio,
De suite
En cours
Vols, fugues,
2adoptés
1988
Haïti
DAP 99
tiers
Passé non résolu,
exclusion scolaire,
famille
refus attachement
solide
Tentative pendaison Lieu
Maltraitance
3 ans
de vie
adoptive
petite
enfance,
dénutrition,
brûlures, poignets
coupés
9*
foyer
garçon
1985
3 mois
1988,
Haïti
3 ans
2
enfants
DAP 99
errance
Disparition
décédés,
Incapacité couple
à comprendre
1 enfant bio
vivant
10
Foyer
garçon
1984
naissance
1984,
Sri Lanka
2 mois
11
12
Foyer
foyer
fille
fille
1987
1985
Naissance
inconnu
4 mois
1989,
4 ans
Couple
qui 1991, 7 ans
divorce juste
Séoul
Madagascar
1998, 14 ans,
Fugues,
garde provisoire marginalisation,
Lieu
de vie.
après
fabulation, vols,
parents
adoption
change d’identité,
maintiennent
drogue
des liens
Enfant résiliente,
Vit dans sa
Pathologie
pas de troubles
famille
exclusive
élargie
couple
En FJT
Pathologie
Sans enfant
2
1998, 11 ans
enfants 1990,
adoptés
maltraitance
Pupille en 1999
Garde
Pas de troubles
provisoire
du
du
couple,
avec échec
séparation,
sexuel
par
abus
le
beau-père
13
Foyer
Fille
1990
inconnu
1995,
5 ans
1
enfant 1995
adopté, sans
47
Garde
provisoire
Se sent exclue
en
Ne
Foyer,
e
est en 5 ,
pas
correspond
à
l’enfant
problème
14
hôpital
fille
1986
Famille
et 1988, deux Népal
orphelinat
ans
2
enfants 1989, 13 ans
Foyer
fille
1985
6 ans, puis rue
1995,
ans
larvé
scolaire
souhaitée
Fugues,
Chez elle ou
Famille
solide,
psychologique,
vols,
à l’hôpital
enfant
ayant
tentatives
injures,
assisté au meurtre
suicides
automutilation
de sa mère
Famille de 4 1997
Garde
Fugues,
garçons
provisoire, puis menaces
bios
10 Brésil
gros retard
Aide
décès parents
15
2002, abandon
adoptant
4
RTM
au
Stabilisation
Traumatismes
relative
multiples, couple
couteau,
ayant
adopté
filles, toutes
vols, se taillade,
quatre
enfants
en échec et
énurésie,
sans
placées
fantasmes sexuels
l’enjeu. Refus de
mesurer
cette adoption par
tous
16
foyer
garçon
1986
Inconnu
1989,
Madagascar
Femme seule 1999, 13 ans
incarcéré
3 ans
Violences,
prison
7 dossiers au pénal,
Pathologie enfant,
la mère tient
met le feu,
frappe sa mère
17
Foyer
Fille
2000
naissance
Naissance
Colombie
Femme seule PV
d’abandon Pupille
Foyer de l’enfance
Femme incapable
en 2002
de répondre aux
besoins
d’un
enfant
18
foyer
fille
1987
Histoire
confuse
1994
Madagascar
Couple
Demande d’aide Garde
Fugues,
adoptant
dès 1999, GP en provisoire
Couple
dépassé,
casse tout,
cachant
les
deux sœurs, 2000
violences,
problèmes, jeunes
les deux sont
déscolarisation
refusant
placées
48
foyer
adoption
cette
19
Foyer
garçon
1986
foyer
1996,
10 Algérie
ans
2
enfants 1999,
bios,
2
AEMO Révocation
puis placement
vols
prison
Rejet couple
Garde
Fugues,
foyer
Recherche
provisoire
déscolarisation,
adoption simple
enfants
adoptés
les
deux
en
échec
20
Département
garçon
1985
Famille accueil
Pupille en Français
Couple
1991,
alterne
adopté par
divorce
refus autorité,
sa
et
vols
retrouvailles
bancaire, addictions
famille
accueil en
1993,
qui 2000, 15 ans
sur
des
origines
compte
12
ans
21
Département
fille
1992
Pupille
en 1997,
française
1995, art 350, accord
est en famille pour
d’accueil
Confiée
2000, 8 ans renonce
une
adoption
pour
l’adoption,
adoption,
placement
à qui on refuse par
une
couple
l’adoption
qui
crise,
tante,
en 2003,
à
Veut
reprendre foyer
Carences
contact
avec
services
sa
des
mère biologique
en
en foyer
IOE,
parce qu’ils ne finalement
confié à Mr
sont pas mariés
décrit comme
renonce
Mr pupille
peu honnête
22
Département
Fille
1992
Pupille art 350 Adoption
en 2002,
française
2003
10 ans
Durée
de
pupille
Famille d’accueil
Couple
l’adoption 10
voulait un enfant
mois
plus
chez
Département
garçon
1999
Placement à la Art 350 en française
jeune,
couple avec
absence de liens
un
créées, retour en
enfant
adopté,
23
qui
Adoption en Durée
49
famille d’accueil
de Pupille,
e
2
Enfant ne
En adoption
Enfant
ne
naissance
2002, 3 ans
2003
chez l’adoption huit adoption tentée présentant
couple avec mois
en 2004
correspondant pas
aucun trouble
aux attentes du
un enfant bio
24
Département
Fille
1997
orphelinat
2002, cinq Roumanie
couple
Femme seule Pupille en 2003
ans
Nombreux
Troubles
signalements
régression
pour
arrêt
maltraitance
mise
en En parrainage Erreur d’agrément
après
adoption
en
et
place
parrainage
25
Département
Fille
1991
orphelinat
2000,
Roumanie
9 ans
Couple avec Pupille en 2002
2
Maltraitance
Vols
enfants
En foyer
Non respect âge
dégradations,
enfant, impression
provocations
d’avoir
été
adoption
trompés
sur
humanitaire,
l’enfant,
refus
voulait un
d’être aidés
bios,
enfant jeune
26
Département
garçon
1998
Naissance
2002,
handicap,
4 ans
français
Couple avec Pupille,
4
famille accueil
durée Couple dépassé Régression massive Famille
enfants adoption
dont
de par le handicap
accueil
un quatre mois
Handicap
trop
lourd, enfant qui
régresse
adopté
27
Département
Fille
1997
Naissance avec 1
handicap
er
adop- français
tion
en
Couple jeune Abandon
avec
1998 avec
une 2002
enfant
en Pathologie
par multiple
épuisement
Placement
de
Handicap
lourd,
l’enfant
trop
mauvaise
évaluation
échec,
2e
tive
tentaen
2000
28
Département
garçon
1987
orphelinat
1991,
4 ans
Haïti
Couple avec Pupille en 2003, Provocations de
un
enfant, veut
50
reprendre tous les côtés,
internat
Adoption
faite
seulement
par
adoption
son ancien nom agressions,
monsieur, ce n’est
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et repartir dans vols,
pas le projet de
son pays
mensonges,
madame,
addictions,
enfant qui refuse
tentatives
de
plus
cette adoption
suicide
29
foyer
garçon
1987
Naissance
1987,
français
4 mois
Couple sans Difficultés vers Drogue, fugues, Garde provisoire
enfant,
Mr onze ans
est handicapé
foyer
anorexie,
violences
Cadre
éducatif
défaillant
et
menaces
30
Foyer
garçon
1988
naissance
2 jours
Polynésie
couple avec Difficulté
Placement
Cadre éducatif à
un
judiciaire
questionner
enfant relationnelle
adopté, aussi déscolarisation
en difficultés
en CAP, actes
de
violences,
frappe sa mère,
menace son père
avec un couteau
31
hôpital
garçon
1989
naissance
3 mois
Brésil
couple
2002, 13 ans
recomposé,
5
Toujours
cours
en Haine à l’égard des Maison
parents,
injures, et hôpital
enfants
coups, attaque sa
bios pour Mr
mère tentatives de
suicide,
Profondes failles
narcissiques
sexualité
problématique
32
hôpital
garçon
1987
Famille
1991,
d’accueil
Français
Couple sans 2002, 15 ans
Institut
4 ans, art
enfant,
rééducation
350
décède
père
de Urine sur les murs En IR,
si frustration, refuse maintien
narcissiques
toute
précoces
aide
efficience
intellectuelle
51
Cicatrices
psy, de la mère
limitée
33
Hôpital
garçon
1986
Naissance
3 semaine
accouchement
Origine
Couple sans Troubles
algérienne
enfant,
se l’école
sépare
en maternelle
sous X
2000
1
dès Maison
familiale
Hallucinations
Dépression
auditives,
des
dans la psychose
et
deux contexte familial
persécution, entrée parents,
er
Psychose
dysfonctionnel
mais se
hospitalisation à
maintiennent
15 ans
34
hôpital
fille
1989
Décès parents
6 ans
Népal
Couple
âgé Tentatives
sans enfant
35
hôpital
garçon
1991
Vit
avec
mère
36
hôpital
fille
1994
Pouponnière
sa 1999, Huit Dakar
ans
3 ans
de Lycée
suicide répétées thérapeutique
suicide,
dès la puberté
scarifications
Couple sans 2003, 12 ans
En IR
enfant
Roumanie
Femme seule 2000, six ans
avec
CE1
enfant
hôpital
garçon
1990
Abandon
5 ans
Djibouti
sordide
de Parents
tiennent
hôpital
fille
1988
naissance
3 mois
Brésil
multiples
petite
enfance
Troubles
Parents
N’a pas compris
du comportement
présents
son adoption, la
refus des règles
refuse
Instabilité,
Carences
hyper Mère tient
affectives graves
abandonnisme,
liées au séjour à la
mise en danger
pouponnière
Menace sa mère, Mère
Obsédé
Père
comportement
couleur et le désir
alcoolique,
masochiste
Couple,
2002, 12 ans
présente
3 , maison et Scarifications
au Thérapie
Dit
deux enfants
hôpital
en familiale
double
1
rasoir,
mise
avoir
danger sexuel
personnalité
Oppositions
Troubles
violentes à sa mère,
oppositionnels
adopté
39
hôpital
garçon
1990
?
?
Tahiti
Couple
séparé quand
52
sa
origines
e
Couple avec 2003, 15 ans
bios,
par
de retrouver ses
séparation
38
Traumatismes
activité,
adopté
37
Tentatives
2003, 13 ans
une
l’enfant
a
Huit
garde
à
angoisse
ans,
séparation, refus de
la
toute aide, grandes
mère
40
hôpital
fille
1988
naissance
bébé
brésil
de
difficultés scolaires
Couple sans 2003, 15 ans
Internat à mi- Décrochage
enfant
temps
scolaire,
Parents
phobie, présents
Abandon,
faible
estime de soi
menaces, insultes
41
hôpital
garçon
1992
Foyer (parents 7 ans
Brésil
Femme seule 2003, 13 ans
Violences,
Mère
Maltraitance
morts
exclusion scolaire,
présente
sexuelle
assassinés)
fugues
petite
enfance, adoption
tardive, difficultés
éducatives
42
hôpital
garçon
1992
?
4 ans
Ethiopie
Couple avec 2003, 11 ans
Veut quitter ses Violences verbales
Parents
Refuse
4
parents
présents
adoption
enfants
bios,
et physiques
son
3
enfants
adoptés
43
hôpital
garçon
1989
pouponnière
18 mois
Ethiopie
Couple avec 2001, 13 ans
Agitation, met le Mère
deux enfants
feu, refuse de rester présente,
bios
chez lui, vols en
placement
rejet père
bande
44
Département
garçon
1984, 1985 Foyer
et
dès 7 ans en Pologne
naissance
45*
1992, avec
Couple sans 1996, 12 ans
errance
fugues
enfant
Rejet
Placement
des parents
deux enfants, veut
son frère
des
retourner
Pologne
en
parents
bios vivants
46
Département
garçon
1985, Vit Adoption à 7 7 ans, 1992 La réunion
Couple
avec
parents de 3
sa ans, confié par
53
1993
Lieu de vie
Fugues,
conflits,
rejet
Refus adoption
famille
sa mère
jusqu’au
décès
du
filles
et
maltraitance
adopte
3
familiale
intra-
garçons
père
47
48
Département
Hôpital
fille
garçon
1988
1992
12 jours
1988
4 mois
1992
Maroc
Français
Femme seule 1990,
AEMO foyer
bien Décès mère
pour
structurée,
maltraitance sur
pathologie
enfant
adoptive
Couple sans Consultations
enfant
Enfant
maison
dès 18 mois
Erreur d’agrément
en 2001,
mère pupille
Troubles du
Parents
Composante
comportement,
présents
autiste
agressivité,
angoisse,
pensée
morcelée
49
hôpital
garçon
1990
Remis par sa 1990,
mère
Brésil
3 semaine
Couple avec 2004, 14 ans
internat
veut
3
exploser,
enfants
qui
fille
1989
Vit
avec
mère,
sa 1998,
France
puis 9 ans
se
intolérance
vont bien
Département
morbide, Rejet père,
1 enfant bio,
adoptés
50
Obésité
faire
Rejette
mère
sa famille, veut
dépressive
retrouver
aux
sa mère
limites
au Brésil
Couple avec 2001,
Rejet de toute la Agressivité
DAP sans
Adoption tardive,
trois filles
famille
maintien
pas de greffe
signalement
réactionnelle
placement pour
des liens
carences
depuis 2003
de
soins
51
Département
garçon
1986
?
?
France
Couple avec 1998, 12 ans
un enfant bio
Rejet
Pré-délinquance,
DAP
Crise existentielle
violences
avec
Amélioration
maintien
52
Département
fille
1995
Famille accueil
1997,
pupille,
Pologne
Couple sans De suite
enfant, durée
54
autisme
Retour foyer
Autisme,
erreur
de diagnostic du
53
Département
fille
1987
naissance
adoption en
de l’adoption
service, cas trop
2003, 8 ans
deux mois
lourd
1987
malgache
Couple, mère 2001, 14 ans
Manque
décède
d’assurance,
en
2000,
père
DAP
Maltraitance père
mais sans maintien
pas de troubles
liens
des Lieu de vie
Auto-mutilations
Dap,
dès
graves, troubles de père
maltraitant
54
Département
garçon
1987
naissance
1987, à 3 France
Couple avec
Début
mois
un enfant bio problèmes
1989,
55
Département
Fille
1989
orphelinat
1994,
Lettonie
5 ans
1996,
la
Département
Fille
1993
(adoption
fait 1990)
avec
(en orphelinat
2000,
ans
premières fugues à téléphone
7 ans
Couple avec 1999, 10 ans, Recherche
problèmes
personne
psychologiques
veut
Couple avec Signalement
un enfant
relation, mère
école
un enfant bio intègre un IR, structure,
10 Ethiopie
rejet,
signalement
de Problèmes
de comportement
ne à
de
jeune,
56
Psychose précoce
Dap sans
Adoption réalisée
maintien
dans
connotation
mauvaises
cette sexuelle,
conditions
hôpital encoprésie,
quête
de jour
d’affection
Placement
Rejet des parents, Non maintien Enfants
école en 2003
son
frère)
petite
fille des liens
Trop
présentant
une
grands, parents
sexualité
ne
problématique
s’adaptant
pas
57*
Département
garçon
1988
orphelinat
1992, 4ans
Colombie
Couple avec Signalement en placement
Enfant suivi dès le Parents
Vécu
un
les
CP, refus autorité et
Antérieur ?
qui
règles,
enfant 2001
adopté
1990
par
en parents
demandent
l’aide au juge
55
de
violences
avec le père
présents
de
58*
Département
garçon
1989
orphelinat
1992,
Colombie
3 ans
Couple avec idem
un
placement
Hallucinations
enfant
adopté
idem
auditives, violences
en
1990
59
Département
garçon
1987
pouponnière
1987,
France
4 mois
Couple avec 2001, 14 ans
Foyer
un
l’enfance
enfant
de Déscolarisation,
présents
?
DAP
?
vols,
adopté
agressions,
perversité
60
Département
garçon
1985
rue
1993,
Brésil
8 ans
Couple sans IOE en 2001, 16 Foyer
enfant
ans
de repli
l’enfance
sans maintien
des liens
61
Département
garçon
1983
orphelinat
1987,
Corée
4 ans
Couple avec 2000, 17 ans, Hospitalisation
Fugues,
1 enfant
agression de sa
mutilations, conflits
sœur et de sa
verbaux
mère
physiques
auto- Parents
?
présents,
puis amélioration
de l’état
psychique
62
Département
fille
1986
Naissance,
1986,
accouchement
3 mois
France
Couple avec Suivi
un enfant bio pendant
sous X
63
Département
garçon
1986
orphelinat ?
psy 2003,
toute école,
l’enfance
1990,
Corée
4 ans
Couple avec 2000, 14 ans
une
arrêt Fugues,
mission provocations
Parents très
Recherche
investis
identitaire
locale
FJT
enfant
bio
Refus des affects, Rejet parents
Refus
carapace, bouscule
couple rigide sur
sa mère, passionné
le plan éducatif,
de l’histoire nazie
revendique
adoption,
retour en Corée
64
Département
garçon
1987
Accouchement
3 mois
sous X
Origine
Couple avec 2002, placement placement
Drogue, fugues, pas Parents
Recherche
algérienne
un
de projet
très investis
identitaire
rejet
Enfant refusant
enfant
adopté
65
Département
garçon
1993
Avec sa mère 2000,
Pologne
Couple sans Difficultés
56
Placement avec dépression
un
jusqu’en 1997, 7 ans
enfant,
puis orphelinat
adoption
immédiates,
en placement
demande
cette
en d’abandon
adoption
même temps 2003
d’un
autre
enfant
66
Département
garçon
1990
Pouponnière
IME, troubles du
Enfant
comportement,
avec une
accueil, art 350
prise
pathologie
en 1996
multiple
puis
Adoption
France
famille en 1996
Couple sans Difficultés
enfant
Pupille en 2001
immédiates
en
charge
trop
lourde
pour une
adoption
67
Département
garçon
1984
Famille accueil, Adoption
France
art 350 en 1989 en 1990,
6 ans
Couple ayant Diverses
aides Pupille
Conflit, ne présente Pupille mais
un enfant bio psy
en 1999,
pas
au
a 15 ans
majeurs, BEP
moment
de
Crise
troubles a repris des Grave
adoption
liens
mais
avec sa
amélioration
famille
adoptive et
avec sa
famille
naturelle
68
Département
garçon
1994
Famille accueil, Adoption
art 350 en 1999 en
France
juillet
Couple avec Difficultés
Durée adoption
un enfant bio immédiates
3 mois
conflit
pupille
Refus
par
l’enfant
de
2001,
l’adoption,
7 ans
respect du désir
non
couple pour
enfant de moins
d’un an
69
Département
garçon
1987
Vivait avec sa Adoption
mère
en 1991,
Haïti
Couple avec Signalement en Violences,
un
enfant 2003
57
Veut être émancipé, DAP avec
drogue, sorties est
en
famille
visites
Ne
Comprend
4 ans
bio,
désir
enfant de 2-3
nocturnes, refus d’accueil
médiatisées,
Pas cette
de tout affect
couple épuisé adoption
ans, adoption
militante
70*
Département
fille
1992
er
déchéance
1
parentale,
erreur
pupille
3e
essai France
Essai Arrêt
adoption
en service,
adoption Masturbation
en en 2003
2002
Pupille
institution
3 erreurs apparie
compulsive,
ment,
exhibitions
acharnement des
services
1999,
durée
séduction,
7 ans
adoption
comportement
15 jours
sexuel inadapté,
mutilations,
griffures,
agressions
sexuelles
sur
enfants
71*
Département
garçon
1991
Brûlé par ses idem
France,
2e
parents,
essai en 2001
En cours
8 ans
72
Département
garçon
1985
Famille accueil Adoption
France
Foyer
de
Fabulation,
à
en 1991,
l’enfance en
mélancolie,
3 mois
6 ans par
2001
addiction, vols
sa
placement
Maintien
Crise passagère
famille
famille
accueil
73
Département
garçon
1999
Art
2002
350
en Adoption
Echec
1er Abandon
en 2003,
adoption chez essai
4 ans
un
couple adoption
ayant une fille 2004
bio
2e
en
chez
couple avec
deux enfants
58
Enfant n’ayant
2e adoption
Erreur
pas de troubles
en cours
couple
sélection
adoptés
74
Département
Fille
1994
Art
350
2000
75
Département
garçon
1991
en Adoption
Enfant
ne Couple avec
Enfant
Couple dépassé par pupille
Erreur
des services
en 2002,
supportant pas enfant
régressant,
la
8 ans
l’arrêt
limitation
abandonnique
visites de ses
intellectuelle,
cette petite fille
parents
mise en danger
des
problématique
de
Foyer en 1993, Art 350 en Couple
Difficultés
Vols,
maltraitance
2001,
immédiates
mensonges,
de cette adoption,
grave
adoption en lui 67 ans, elle Mauvaise
griffures,
voulait
2002,
tentative
adopté
de strangulation
famille
recomposé,
11 37 ans
préparation
ans
Rejet famille
pupille
Refus par l’enfant
être
par
sa
accueil,
mauvais
appariement
76
Département
garçon
1991
Famille accueil, Adoption
Couple
art 350 en 98
enfant
en 2000,
9 ans
sans Arrêt
adoption
Troubles
en immédiat,
2002
Troubles
PV d’abandon
sommeil,
Pupille,
Enfant non
en foyer
Entendu,
thérapie
hygiène, monde
ne
familiale
imaginaire,
être adopté,
refus
veut sa mère bio
voulait
d’attachement,
masturbation
publique,
se
frappe, agresse
sexuellement
d’autres
garçons
77*
Département
garçon
1991
orphelinat
Adoption
en 2000
Brésil
Abandon des
3 enfants en
2001
59
Pas de troubles
Foyer + parrainage
Pupille
Erreur
agrément
pas
78*
Département
fille
1988
idem
IDEM
Brésil
IDEM
idem
idem
pupille
idem
79*
Département
garçon
1990
idem
IDEM
Brésil
IDEM
idem
idem
pupille
idem
80
Département
garçon
1989
Famille accueil, Adoption
Couple avec Arrêt
art 350 en 1997 en 1999, 10
6 enfants, 1 en 2001
ans
81
Département
garçon
1991
Famille accueil Adoption
en 1995
La réunion
adoption A tout fait pour PV abandon, est en pupille,
se faire rejeter
foyer
veut revoir
naissance en
sa
cours
accueil
Désir du
Service,
famille Pas de travail
avec enfant
Couple avec Signalement en Arrêt adoption Opposition de toute Rejet,
Veut aller
en 1999,
4 enfant, seul 1999, puis en en 2004, enfant la fratrie, seul Mr PV
à
8 ans
Mr adopte
refus adoption
2004
ne voulant pas avait
de
adoption,
60
ce
projet, d’abandon
cette dysfonctionnement
la
Réunion,
ANNEXE 2- groupe de travail sur les enfants adoptés en difficultés
nom
Arnaud Brosson
Isabelle Devillard
organisme
OAA de Pauline et Anaëlle (Départ 19)
Département du Nord
Jean-Yves Launay
Martine Zeisser
Danielle Housset
Nadine Lopezgoris
Pascal Gaube
Nathalie Katsamantou
Nathalie Collin
Pascale Lemare
Catherine Poisson
Carine Schlichtig
Viviane Romana
Sandrine Dekens
Catherine Sellenet
Dominique de Galard
Laure Néliaz
Département d’Ille et Vilaine
Fédération enfance et famille d’adoption
Fédération enfance et famille d’adoption
Département des Yvelines
Département du Val d’Oise
Département du Val d’Oise
Département du Val d’Oise
Département de la Seine Maritime
Département des Deux-Sèvres
Département du BasCentre d’ethnopsychiatrie
Centre d’ethnopsychiatrie
Centre de recherche éducation-cultures
Mission de l’adoption internationale
Ministère chargé de la famille, DGAS
61
ANNEXE 3- exemples de formations sur l’adoption proposées au Canada
COURS POUR LES PARENTS
TITRE : Santé et développement, attachement et exploration chez les enfants adoptés de
zéro à 10 ans.
CONTENU :
L’enfant adopté qui se méfie des adultes n’a pas raison, mais il a des raisons de le faire. Ses
manières d’être, d’agir et de réagir sont déterminées par la somme des expériences fœtales et
environnementales auxquelles il a eu plus ou moins droit (ou pas) : alcoolisation fœtale,
malnutrition, ruptures, maltraitance, saleté repoussante, etc. Plus il aura souffert, plus
longtemps il aura souffert, moins l’enfant sera en confiance avec qui que ce soit.
Ses manières d’être, d’agir et de réagir sont également déterminées par la somme des
expériences environnementales auxquelles il a et aura plus ou moins droit (ou pas) : solidité
parentale, disponibilité parentale, empathie parentale, etc. Plus les parents adoptifs seront
suffisamment bons, selon l’expression chère à Winnicott, plus l’enfant aura confiance en lui et
meilleur sera son appétit pour l’autre.
DURÉE : Une journée
TITRE : Mieux vivre la première année d'adoption avec votre enfant
CONTENU :
Le cours « Mieux vivre la première année d’adoption avec votre enfant » s’adresse aux futurs
parents adoptants ou à ceux qui expérimentent les premiers mois après l’adoption. Nous
aborderons les attitudes à prendre lors du premier contact et durant le voyage d’adoption afin
de favoriser l’attachement et augmenter les chances d’une récupération rapide des possibles
problèmes de santé.
Nous expliquerons les étapes d’apprivoisement, d’adaptation,
d’attachement ainsi que la façon de retourner au travail sans causer trop d’insécurité affective.
Des conseils seront également donnés pour faire face aux difficultés de sommeil,
d’alimentation, aux petites et grandes manifestations d’émotions comme la colère, la tristesse
et la peur.
DURÉE : Une journée
TITRE : Les conditions gagnantes d'un attachement sain tout au long de la vie avec mon
enfant adopté
CONTENU :
Ce cours s’adresse à tous les parents adoptants
qui souhaitent approfondir leurs
connaissances et leur compréhension du processus d’attachement très particulier dans le
contexte d’une parentalité adoptive. L’emphase sera mis sur les enfants de 0 à 11 ans (s’il y a
une demande, nous offrirons éventuellement une formation pour les parents d’adolescents et
de jeunes adultes). Nous explorerons le continuum de la réalité de l’attachement : des phases
attendues et normales jusqu’aux difficultés plus complexes qui vont des petits défis
d’attachement jusqu’aux troubles plus sévères. Nous parlerons de méthodes concrètes pour
62
favoriser l’attachement et pour surmonter des défis plus particuliers selon l’âge et le stade de
développement de l’enfant. Les manifestations des troubles d’attachement plus sévères (une
réalité présente mais statistiquement limitée) seront très brièvement abordées mais aucune
méthode thérapeutique ne sera expliquée. Il s’agit d’une formation générale ayant des
objectifs préventifs et non d’un groupe thérapeutique pour un parent ayant un enfant avec un
diagnostic de troubles d’attachement importants.
DURÉE : Une journée
FORMATIONS POUR LES PROFESSIONNELS
Formation « L'adopteparentalité »
Qu’est-ce que la formation l'adopteparentalité ?
Devant la réalité relativement nouvelle de l’adoption internationale, plusieurs professionnels
doivent intervenir auprès d’enfants adoptés et de familles adoptives en difficulté avec très peu
de connaissances spécifiques pour saisir correctement ces situations. Plus encore, ils sont
sans outils d’évaluations et d’interventions adaptés aux enjeux très particuliers de la relation
parent-enfant dans le contexte d’une parentalité adoptive. C’est dans ce contexte et pour
répondre aux besoins de perfectionnement de tous ces intervenants impliqués en adoption
nationale et/ou internationale que l’approche psychosociale « Adopteparentalité » a été créée
en 1999 par deux intervenantes du Bureau de Consultation en adoption de Québec.
À qui s’adresse la formation ?
La formation Adopteparentalité s’adresse à tous les professionnels de l’éducation, du réseau
de la santé physique et mentale, des services de réadaptation, des services sociaux ou toutes
autres professions en relation d’aide qui souhaitent intégrer la réalité adoptive à leur pratique.
Cette formation compte deux niveaux :
TITRE : L'Adopteparentalité, Niveau I : Comprendre les enjeux bio-psycho-sociaux de
l’adoption internationale ou nationale
CONTENU :
Cette formation s’adresse à ceux qui désirent comprendre les enjeux bio-psycho-sociaux de
l’adoption internationale ou nationale. Les deux journées seront consacrées à la transmission
des théories de bases et du vocabulaire spécifique de l’ adopteparentalité. Nous aurons
comme objectif d’augmenter considérablement la compréhension du vécu spécifique des
parents adoptants, des enfants adoptés et des adultes adoptés allant du concept de « normalité
adoptive » jusqu’aux réalités plus « pathologiques » tel que les défis ou les troubles
d’attachement, les syndromes post-traumatique ou les problèmes de santé inhérent à
l’abandon. Nous aborderons également les problèmes scolaires et ainsi que le monde affectif
des enfants adoptés où les colères, les peurs et les angoisses affectent souvent leur
développement et leur fonctionnement. Cette formation est ouverte aux intervenants oeuvrant
en enseignement, en centre de la petite enfance, en réadaptation physique, en santé physique,
63
en santé mentale ou dans des organismes communautaires (organismes d’adoption,
associations de parents, etc.).
DURÉE: 2 jours
NOTE :
Les participants au niveau I doivent posséder au minimum un "baccalauréat" complété et
terminé.
TITRE : L'Adopteparentalité, Niveau II : Savoir intervenir auprès des familles
adoptives, des enfants adoptés et des adultes adoptés en tenant compte particulièrement
des aspect biologiques, développementaux et pathologiques de l’attachement
CONTENU :
Cette formation s’adresse aux professionnels qui désirent approfondir les enjeux
d’attachement en adoption internationale. L’emphase sera mise sur la compréhension de la
théorie de l’attachement dans le contexte particulier d’une relation adoptive. Des outils
d’évaluation du continuum d’attachement seront enseignés ainsi que de nombreuses méthodes
éducatives et thérapeutiques favorisant un attachement normal et sain. Nous aborderons aussi
des méthodes thérapeutiques dans les cas de défis d’attachement léger à moyen.
Cette formation est donc réservée aux professionnels désirant faire des interventions
cliniques de types évaluatives ou psychothérapeutique. Ces professionnels doivent être au
minimum détenteurs d’un diplôme universitaire de premier cycle (ou l’équivalent hors des
frontières du Québec) et membres d’un ordre professionnel en santé physique et/ou en
relation d’aide ou à l’emploi d’un établissement du réseau de la santé et des services sociaux
en santé physique et/ou en relation d’aide qui n’exigent pas que ses intervenants soient
membres d’un ordre professionnel pour pratiquer leur profession ( par exemple ,des
intervenants sociaux détenteurs d’un diplôme universitaire en service social mais nonmembres de l’ordre professionnel des travailleurs sociaux du Québec.)
DURÉE: 2 jours
TITRE : La pédiatrie des enfants retrouvés
CONTENU :
L’originalité de l’approche québécoise est de se situer au carrefour des deux principales
approches des situations d’enfants adoptés en adoption internationale et d’essayer de les
intégrer :
•
l’approche des pays européens francophones, qui met globalement plus l’accent sur les
aspects liés aux parents adoptants que sur ceux liés aux enfants, d’une part, et sur les
aspects psychosociaux et filiatifs que sur les aspects médicaux-sociaux, d’autre part;
•
l’approche anglo-saxonne ou états-unienne, qui privilégie, elle, les aspects liés aux
enfants dans leur développement, de l’attachement précoce aux apprentissages, ainsi
que les aspects de santé globale de l’enfant incluant croissance, nutrition, infections,
ethnomédecine, intégration scolaire, etc. L’approche anglo-saxonne de la mise en
famille de l’enfant adopté s’inspire des modèles de pédiatrie sociale et familiale.
64
Au cours de ces trois journées, modélisables sur une ou deux, le formateur vous entretient et
vous fait travailler sur les différents aspects pédiatriques, psychologiques et sociaux de
l’adoption : nutrition, croissance, géomédecine, infectiologie, développement psychomoteur
et psychoaffectif. Sont abordés les différents aspects de la pré-adoption, notamment
l’évaluation de dossiers ainsi que les éléments incontournables à l’accueil de l’enfant, du bilan
de santé à l’identité, en passant par la discipline, la vie quotidienne, la prise en charge des
troubles scolaires ou neuropsychologiques.
DURÉE: 1 à 3 jours
STAGE DE FORMATION POUR LES PROFESSIONNELS
TITRE : Stage professionnel sur l'enfant adopté et sa famille
CONTENU :
Après une année de préparation et de recherche, l’équipe de "Le monde est ailleurs"offre
maintenant en français au Québec un nouveau programme de connaissances fondamentales et
cliniques et d’intervention préventive et thérapeutique: un stage de formation produit et pensé
spécialement pour les professionnels qui travaillent ou qui travailleront auprès des enfants
adoptés ainsi qu'auprès de leur famille en pré- et en post-adoption internationale.
DURÉE : 5 jours
DESCRIPTION DU STAGE :
Cinq journées de formation, sous forme de stage, thèmes abordés ci-dessous
Titre : Orphelinats, nourrices et soins à l'enfant adopté
CONTENU :
Pour les parents en attente d’adoption les préparatifs sont nombreux. Mais que se passe-t-il du
coté de l’enfant qui attend ? Il existe de liens entre la qualité des soins reçus en orphelinat,
l’importance et l’influence de ce milieu de vie et l’état de santé de l’enfant adopté au moment
de la rencontre avec ses parents. Les nouveaux parents doivent en tenir compte, c’est un
incontournable.
TITRE : La vie quotidienne de la famille adoptive
CONTENU :
L’ajustement parents-enfant.
L’adaptation de la famille : grands-parents, fratrie, communauté.
Les repas.
La prévention des accidents à la maison.
Les soins de base
TITRE : La recherche sur le devenir des enfants adoptés
65
CONTENU :
Comprendre et mieux connaître les plus récentes conclusions des recherches effectuées en
adoption internationale et les applications pratiques pour les familles
TITRE : L’alimentation, la nutrition, la croissance, le comportement et le développement
de l’enfant adopté
Comment évaluer l’état nutritionnel de son enfant? Quels sont les mécanismes en jeu, les
effets à court et long terme de la malnutrition sur le développement du cerveau? Quels sont
les problèmes particuliers des enfants de petits poids? Quel est le lien entre alimentation et
carences affectives? Comment prévenir les allergies alimentaires? Comment introduire les
aliments solides? Doit-on prévoir des suppléments alimentaires? Quelle est l’importance du
périmètre crânien? Comment assurer un bon suivi pondéral et statural? Comment interpréter
les incertitudes quant à l’âge? Les petites filles sont-elles à risque de puberté précoce? Quel
est le lien entre malnutrition et développement? Comment développer le goût de l’enfant?
Peut-il prendre du lactose? Quelle sorte d’huile faut-il utiliser pour la cuisson? Que faut-il
faire quand il ne veut plus rien manger?
TITRE : Le développement sensoriel, moteur, cognitif, affectif et social de l’enfant
adopté
CONTENU :
Le développement d’un enfant se fait par étapes. En adoption, il faut réaliser que certaines
étapes ont été moins bien réalisées que d’autres. Comment le parent adoptant peut-il revenir
en arriéré, non pas pour effacer le passé, mais pour le revoir et le réaménager au maximum
des possibilités de l’enfant et de sa famille? Quand doit-il consulter un ergothérapeute, un
physiothérapeute? Comment peut-il encadrer lui-même le développement des 6 sens de son
enfant? À quoi doit-il s’attendre sur le plan moteur, du côté de ses capacités et de son avenir
social? Que doit-il surveiller dans son comportement? Comment peut-il s’assurer de lui
procurer une meilleure attention, une meilleure motivation? Comment gagner sa confiance?
Qui sont les enfants plus à risque? Que peut-on attendre dans les mois, les années après
l’adoption? Comment favoriser chacune des étapes à retransformer? Comment s’arrimer à
son enfant, stimuler un dialogue interactif avec lui?
TITRE : L’ajustement, l’adaptation et l’attachement avec l’enfant adopté
TITRE : Les caractéristiques médicales, ethniques, culturelles et l’identité de l’enfant de
l’enfant adoptif
CONTENU:
Certaines caractéristiques ethniques des enfants adoptés ou migrants rappellent à notre
mémoire les multiples visages des enfants de notre planète. Ces caractéristiques méritent
d’être connues pour dépister des anomalies potentiellement graves, aussi bien que pour éviter
certaines interventions injustifiées qui viseraient à normaliser des particularités ethniques
pourtant bien naturelles.
TITRE : L’abandon d’enfants et l’adoption de quelques-uns d’entre eux
TITRE : Les infections, la vaccination, la fièvre et les boutons et l'enfant adopté
TITRE : Questions et réponses sur l’enfant adopté et sa famille
66
ANNEXE 4- témoignages
1. Monsieur et Madame R (département 44): deux enfants garçons adoptés en Ethiopie,
une petite fille biologique conçue à l’arrivée des enfants. Retour des enfants au foyer
de l’enfance. Parentalité absente, erreur d’agrément. Enfants placés en institution faute
de mieux. Parents voulant annuler l’adoption.
2. Monsieur et Madame G (dept 44) : adoption d’une enfant fille de cinq mois, venant
du Mali, bébé toujours nourrie au sein par sa mère biologique, rupture brutale. Pas de
troubles pendant les trois premières années mais apparition de comportements
répétitifs, refus de regarder, insensible à la douleur, violences en maternelle. Adoption
d’une autre enfant née sous X ce qui déclenche la violence de E. Suivi psychologique
sans amélioration, aggravation nécessitant l’arrêt de la profession de Madame
(infirmière). Placée en famille d’accueil depuis 2002, diagnostic très réservé.
3. Monsieur et Madame M (dept 91) : adoption d’un petit tahitien à l’âge de trois mois.
Difficultés dès la maternelle, colères, hyperactivité, enfant mis sous médicaments plus
suivi psychologique. Ne supporte pas la couleur de sa peau. Décrochage scolaire en 4e,
retour dans son pays pour revoir sa mère, déception, revient en France. Alcoolisation,
met le feu à la maison de ses parents. Incarcéré pour un an
4. Monsieur et Madame C (dept 35) : deux garçons adoptés à quatre et six ans, tous deux
en psychiatrie, fugues, violences, hallucinations, viennent de Roumanie
5. Monsieur et Madame E (dept 56) : deux enfants adoptés, une fille à 11 mois et un
garçon à 19 mois, originaires de Bombay. Enfant garçon triste, nombreuses maladies
pendant l’enfance, se maintien jusqu’au BEPC; Ensuite alcoolisation, agressivité,
brûle son visage sur les photos d’enfance, dépression, hospitalisation en psychiatrie.
6. Monsieur et Madame T (dept 23) : trois enfants biologiques, 4 enfants adoptés dont
deux filles et deux garçons, origines Corée et Philippines. Fille née en Corée, dossier
présentant des falsifications, enfant maltraitée à l’orphelinat, balancements (soit elle
devait être dirigée en psychiatrie, soit adoptée) adoption sans connaissance de ces
éléments. Sévices sexuels subis dans l’enfance, les reproduit sur ses frères et sœurs
d’adoption. Plus aucun contact avec ses parents adoptifs aujourd’hui. Pour le garçon
(Philippine), avait déjà vécu une adoption ratée avec des australiens, enfant violent
mais présenté en adoption avec un bébé (le tout ou rien). Comportement délinquant,
vols et agressions. Conclusion : deux adoptions réussies sur quatre.
7. Monsieur et Madame F : deux garçons biologiques, une fille adoptée à l’âge de deux
ans (Inde), onze ans sans difficultés puis rejet et dénonciation par l’enfant
d’attouchements sexuels en 2000. Madame est assistante maternelle, perd son
agrément. Couple qui se dit innocent. Ne voit plus leur fille depuis deux ans, celle-ci
est en psychiatrie, veulent une annulation de l’adoption.
8. Monsieur et Madame H (dept 75) : parents de six enfants dont quatre adoptés. Des
difficultés avec le plus jeune fils
9. Madame D (dept 35), divorce après adoption d’une enfant trouvée dans la rue en
Yougoslavie. Rupture à l’adolescence, fugues, rupture progressive des liens puis plus
rien, pas de nouvelles depuis trois ans.
10. Madame L (dept 42) : adoption d’un garçon de huit ans originaire de Russie, carences
affectives graves, toujours suivi par les psychologues, âgé aujourd’hui de seize ans,
importants troubles du comportement : hyper activité, vols, toxicomanie, refus de
toute règle, pas d’amis, en lieu de vie, voit sa mère tous les quinze jours.
11. Monsieur et Madame B (dept 35) : quatre enfants adoptés âgés de 16 à 13 ans dont
l’un souffre de troubles de l’attachement et de troubles du comportement, suivi en
psychiatrie.
67
12. Monsieur et madame K (Belgique) : adoption d’une petite fille à deux mois (Sri
Lanka) puis d’un garçon de même origine. Apparition des troubles du comportement à
12 ans pour la fille : violences, mise en danger sur le plan sexuel, agressions physiques
sur la mère, marginalisation. Le garçon va bien.
13. Monsieur et Madame D (dept 13) : deux enfants biologiques et adoption de deux
enfants filles de Roumanie de quatre ans. Très grande carence vécue dans l’orphelinat,
coups, enfant qui s’automutile, vols de nourriture, mange jusqu’aux vomissements,
comportements de victimisation, suivi psychologique mis en place une fois par
semaine. A dix ans, toujours impossible de la prendre dans les bras, refus de tout
contact proche. Amélioration mais parents épuisés. L’autre petite fille (suivi et
accueilli par Rufo) a mis le feu à l’institut, est hospitalisé en psychiatrie
14. Monsieur et Madame L (35) : adoption de quatre enfants, deux filles à 3 et 2 ans, deux
garçons à deux ans et un an. La première fille présente des troubles de l’attachement,
la seconde une déficience intellectuelle, les deux garçons vont bien.
15. Monsieur et Madame R (dept 57) : adoption de quatre enfants (fratrie) venant de
Roumanie. Ont été maltraités (déchéance maternelle de la mère) puis placés en
orphelinat. Début des problèmes pour l’aîné des enfants à 8 ans : vols, déni total, jeux
bizarres, création de fausses cartes d’identité, affabulations, hallucinations. A 14 ans,
bouffées délirantes…psychiatrie pour une longue durée
16. Monsieur et Madame D (dept 75) : trois enfants biologiques, un enfant adopté article
350; début des troubles dès quatre ans, équipe éducative mise en place avec la
pédopsychiatrie, orientation en IR, parents accusés de maltraitance par un appel
anonyme. Affaire classée sans suite
17. Monsieur et Madame M (dept 49) : deux enfants biologiques, deux enfants adoptés,
une fille et un garçon. Ce dernier venant de Roumanie présente des troubles de
l’attachement
18. Monsieur et Madame K (dept 75) : adoption d’un enfant français à deux mois, âgé
aujourd’hui de sept ans, vie quotidienne difficile, suivi psychologique
19. Monsieur et Madame B (Belgique) : quatre enfants biologiques, deux enfants
éthiopiennes, plus âgées que prévu, mensonge sur l’histoire des enfants, fugues,
parents accusés de maltraitance, affaire classée sans suite, placements, errance
20. Madame L (dept 44) : veuvage après adoption, enfant du Brésil adopté à trois
semaines. Agressions sur sa mère, enfant placé.
21. Monsieur et Madame B (85) : adoption d’une fille venant d’Haïti, sept ans refus
adoption de l’enfant, témoignage de l’enfant enregistré
22. Monsieur et Madame Z (dept 44) : « A l’ origine, on avait un agrément pour deux.
Deux issus de fratrie et moins de cinq ans. En fait l’association qu’on a contactée a en
fait orienté notre choix, j’utiliserais même le mot "forcer la main", pour aller vers une
fratrie de trois. On aurait même pu aller à plus ! Les enfants avaient 4 ans et demi,
deux ans et demi et un an et demi. Hyper-agitation pour le premier nécessitant un
traitement médicamenteux et un suivi psychologique
23. Monsieur et Madame I (dept 44) : deux enfants adoptés dont un enfant garçon article
350 à cinq ans, troubles graves du comportement, est aujourd’hui en lieu de vie
24. Monsieur et Madame L (dept 49) : adoption d’un garçon né en Russie âgé de Sept ans.
Problèmes d’adaptation immédiats ; Difficultés avec les autres enfants Agitation
désordonnée et pathologique. Feu, alcool, marginalisation, suivi au pénal
25. Madame M (dept 78) adoption d’un enfant garçon maltraité, cinq ans venant du Brésil.
Début des problèmes à sept ans, suivis multiples, violences multiples, hallucinations,
enfant suivi au pénal
68
26. Monsieur et Madame F (dept 78) : deux enfants adoptés dont un garçon âgé de 18
mois lors de l’adoption, orphelinat Haïti. Début des problèmes au collège, émergence
de comportements asociaux, tentatives de suicide, de multiples établissements,
aujourd’hui en IR, refuse de voir ses parents
27. Monsieur et Madame D (dept 44) : enfant fille adoptée à deux ans et demi, aujourd’hui
seize ans, en foyer de l’enfance, fugues, addictions, refus de voir sa famille, vols,
agressions sur la mère, automutilations…Une autre fille adoptée venant de
Madagascar avec laquelle tout va bien
28. Monsieur et Madame G (dept 85) adoption d’une fille de huit ans venant d’Ethiopie et
de son frère âgé de six ans. Deux enfants biologiques alors âgés de 15 et 13 ans. Début
des problèmes en 5e, la petite fille avoue que sa mère est vivante et non morte, elle a
deux ans de plus que l’âge annoncée, refus des règles, provocations, couple ayant le
sentiment d’avoir été trahi, éducation rigide voire maltraitante.
29. Monsieur et Madame B (dept 85) : adoption de trois enfants dont une fille âgée de sept
ans, fugues, déficience intellectuelle, errance, couple qui souhaite un abandon
30. Madame T (dépt 29) : femme seule adoptant un enfant de Roumanie, garçon âgé de
cinq ans, troubles de l’attention, difficultés de contact, autisme diagnostiqué, en
structure spécialisée
69
CONCLUSION VOLUMES 1 ET 2
La recherche sur les enfants adoptés en difficultés, que nous avons menée pour l’année 2003,
avait pour corpus les enfants adoptés, confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance. Une triple
approche par questionnaires, puis par lecture de dossiers et enfin par entretiens a été mise en
place. De plus, un groupe de travail constitué de représentants de certains départements,
d’associations EFA et OAA, et de quelques experts, s’est réuni sur six journées pour élaborer
quelques préconisations.
Présentation du premier corpus : approche quantitative
À l’origine, un questionnaire a été envoyé à tous les départements. 42 départements n’ont pas
répondu, ce que nous ne pouvons que regretter malgré les relances faites. Les refus ont été
motivés par la surcharge de travail ou par une impossibilité à comptabiliser les enfants
adoptés en difficultés, ce qui montre un déficit dans l’articulation entre les services. 48
départements ont répondu avoir des enfants concernés par cette étude, six départements ont
noté ne pas avoir de problèmes. Chaque département a donc recensé les situations connues,
faisant l’objet d’une intervention au cours de l’année 2003 ; il s’agit d’un recensement de type
« stock » et non « flux », certaines interventions sont donc plus anciennes que d’autres.
L’étude porte sur 317 enfants dont 52% de garçons et 48% de filles. Les enfants de sexe
masculin sont sur représentés dans la population des enfants adoptés en difficultés,
phénomène qui tient moins à l’adoption en tant que telle, au moment où elle se concrétise,
qu’au facteur sexe. Toutes les études montrent en effet une vulnérabilité plus grande des
garçons au niveau de l’intégration scolaire et sociale. La recherche internationale faite au
Québec sur les enfants adoptés de 1985 à 2002 confirmait cette tendance sur 3600 enfants :
« pour tous les groupes d’âge à l’adoption, il y a une différence statistiquement significative
en désavantage des garçons.
Ces enfants, viennent de l’étranger à 74,8% et de France pour 24,9% d’entre eux. Si nous
comparons ces chiffres à l’adoption en générale (77,6% d’enfants étrangers en 2003 contre
22,35% d’enfants français) un premier a priori se trouve mis à mal : les enfants étrangers ne
sont pas plus à risques que les enfants français. Seul leur nombre les rend plus visibles. À
l’inverse, on note une légère sur représentation d’enfants français dans notre échantillon.
70
Présentation du second corpus : approche qualitative
Pour cette seconde partie de l’étude, nous avions demandé aux départements de faire parvenir
au Ministère les dossiers anonymes des enfants ayant vécu un deuxième abandon. Les
statistiques annuelles montrent que pour l’année considérée 61 enfants étaient dans ce cas
c'est-à-dire accueillis comme « pupilles ». 44 dossiers ont été remis au Ministère, 23
débouchent sur un nouvel abandon justifiant du statut de pupille, 10 sont des DAP avec ou
sans maintien des liens, 7 sont des gardes provisoires, 4 sont des enfants pupilles pour
lesquels l’adoption a été interrompue en cours de procédure, au regard du handicap de
l’enfant. Nous avons complété ce corpus avec des dossiers proposées par des structures
hospitalières accueillant des enfants après un passage à l’acte ou pendant un épisode dépressif
ou délirant (13 dossiers), ou par des structures d’accueil comme les foyers de l’enfance (24
dossiers ). Au total, nous avons donc travaillé sur 81 situations où la gravité des difficultés
rencontrées nécessitait un placement de l’enfant. Aucun de ces 81 dossiers ne faisait partie de
la première étude. L’approche choisie est celle de l’analyse de contenu pour repérer les
facteurs endogènes ou exogènes qui peuvent expliquer les difficultés rencontrées.
Cette seconde approche a été complétée par des entretiens semi-directifs avec des parents
volontaires de nombreux départements. 30 témoignages ont été recueillis, le profil des
témoins se trouve en annexe 4.
De ces trois approches complémentaires, quel bilan pouvons-nous faire ? Il n’est nullement
question dans cette recherche de quantifier les adoptions en difficultés, le chiffre donné d’un
pays à l’autre, voire dans un même pays est le plus souvent fantaisiste allant de 4% à 40%
voire plus, ce qui scientifiquement ne veut rien dire car il n’est pas certain que chacun évalue
la même chose voire que la définition de la notion de difficultés soit identique. Certaines
études portent sur les tranches d’âge d’enfants du primaire, d’autres sur des adolescents, en
début d’adoption ou beaucoup plus tard, d’où l’extrême variété de ce qui peut être mesuré.
Notre recherche avait d’autres objectifs, plus exploratoires et plus préventifs à la fois. Il
s’agissait de repérer des facteurs de risques (personnels, familiaux ou institutionnels) pour
asseoir une réflexion autour d’une modification des pratiques. Par « échec d’adoption », nous
entendons la remise de l’enfant aux services (procès verbal d’abandon) ou toute DAP sans
maintien des liens depuis plusieurs années. Par « difficultés d’adoption », nous entendons tout
cas (de gravité variable) nécessitant l’intervention d’un tiers sous forme placement
administratif ou judiciaire, hospitalisation en psychiatrie. Ceci ne prend donc pas en compte
tous les enfants ayant besoin de soins ambulatoires, d’une mesure éducative en milieu ouvert.
71
Les situations que nous avons considérées sont donc les situations les plus graves, ce qui ne
préjuge en rien du nombre et de la réalité des autres situations possibles.
Quelques constats à retenir
C’est sous la forme de fiches récapitulatives que nous avons choisi de présenter les résultats,
cette forme synthétique permettant à chaque département de comparer sa population en
difficultés aux résultats globaux :
Faits saillants de notre étude : fiche 1 approche de la population
-
confirmation de la plus grande vulnérabilité des garçons
-
les enfants étrangers adoptés ne seraient pas plus à risques, ni plus présents dans
les enfants en difficultés
-
l’adoption précoce protège indéniablement mais néanmoins un tiers des enfants
de notre échantillon adoptés avant deux ans présentent des difficultés
-
les enfants adoptés après quatre ans seraient plus vulnérables et sur représentés
dans l’échantillon
-
un déficit de connaissances est repéré quant au parcours de l’enfant : son âge à
l’abandon, son parcours institutionnel, son état de santé physique et mental…des
données qui manquent et qui traduisent une prise en compte insuffisante de
l’histoire antérieure de l’enfant dans l’analyse des problèmes
-
Contrairement aux idées préconçues, les adoptions dites humanitaires ou celles
effectuées par des femmes célibataires ne sont pas plus à risques que d’autres, les
enfants appartenant à ces configurations familiales ne sont pas sur représentés
-
La place d’enfant aîné voire d’enfant unique est une place sur exposée
-
On note un non-respect des agréments et de la définition du champ des possibles.
De nombreux parents se trouvent en difficultés après avoir adopté un enfant
voire plusieurs ne correspondant pas au vœu initial
-
On note quelques situations illégales présentes dans l’échantillon
72
-
Faits saillants de l’étude : fiche 2 sur la symptomatologie repérée
-
les problèmes sont très souvent anciens, dans un tiers des cas ils datent de
l’arrivée de l’enfant, d’où la nécessité de mettre en place un accompagnement
approprié immédiat
-
Ce sont les parents qui ont adopté des enfants âgés de plus de quatre ans qui sont
le plus immédiatement en difficultés dans la rencontre avec leur enfant. Le risque
semble maximal entre quatre et 10 ans
-
Ce sont les parents (46,4%) qui majoritairement sollicitent de l’aide, ils doivent
donc être considérés comme des partenaires actifs de l’intervention
-
Le couple parental ne sort généralement pas indemne de cette aventure, à la fois
sur l’analyse de la situation où des divergences peuvent apparaître (48,9%), mais
aussi sur des perspectives de séparation (24,3%) voire de divorces effectifs (17%).
-
Les demandes d’aide vont crescendo en fonction de l’âge de l’enfant, la
préadolescence et l’adolescence concentrent tous les risques, que l’adoption ait
été précoce ou tardive
-
La mère adoptive est en première ligne dans le conflit enfant-parents
-
Les adoptions multiples sont repérées comme étant problématiques
-
Les passages à l’acte de l’enfant doublés de comportements asociaux sont une des
marques de la symptomatologie observée par les intervenants. On note des
fugues, vols, agressions, addictions, des refus explosifs des règles.
-
Il est vraisemblable que les symptômes soient à différencier selon le sexe de
l’enfant, sa culture, voire la configuration familiale. L’expression du mal être
serait déterminée en partie par ces facteurs
-
Le climat de violence intra familial explique en grande partie les demandes de
séparations. Si ces demandes émanent des adultes, elles émanent aussi des enfants
-
Pour les enfants qui demandent à partir sans se retourner (sans maintien des
liens 15,6% - retour au pays 5,1%), l’adoption a bel et bien été refusée assez
précocement. L’adoption n’est pas la solution rêvée pour tous les enfants,
certains la refusent et mettent en œuvre les conditions de la rupture.
-
Le rejet de l’adoption est significativement plus élevé chez les enfants adoptés
précocement (28,6%), ce qui pose la question des conditions de la greffe adoptive
-
La recherche des origines préoccupe un enfant sur deux
73
Faits saillants de notre étude : fiche 3 interventions et théories utilisées
-la différence entre les couples et leurs motivations ne se fait pas sur l’augmentation des
risques mais sur la résistance aux aléas lorsque ceux-ci surgissent. Les familles avec
enfants, ou celles ayant adopté pour raisons humanitaires sont moins résilientes que les
autres lorsque les difficultés surgissent. Les perspectives de désengagement voire
d’abandon sont plus nettes
- le temps passé avec l’enfant minore les risques de rejet. Plus l’enfant a été adopté
jeune, moins les parents sont dans le rejet ou une perspective d’abandon. La solution
envisagée est alors une mise à distance, mais avec maintien des liens.
- Dans la moitié des cas, le risque de rupture est présent, ce qui vient signifier la gravité
des situations.
- Le placement proposé est peu souvent pensé en termes de « pause » pour souffler,
l’incertitude est massive sur sa durée et son issue.
- La judiciarisation des interventions en direction des familles adoptives (37,8%) est très
nettement inférieure aux statistiques habituelles de l’ASE (76%).
- Les théories implicites utilisées pour comprendre ces situations sont relativement
classiques :
crise
de
l’adolescence,
théorie
du
trauma
et
des
carences,
dysfonctionnements de couple, écart entre l’enfant rêvé et l’enfant réel, carences
éducatives…
- Les difficultés d’attachement signalées (« greffe qui ne se fait pas) sont par contre peu
reliées à des théories sous-jacentes. De même, les questions identitaires posées par
certains enfants qui « se sentent différents » ne sont pas référées explicitement aux
théories de l’identité ou à une clinique transculturelle.
Cette première approche quantitative montre que plusieurs facteurs intriqués peuvent
expliquer les difficultés et que sur chacune d’entre-elles nous pouvons développer des
réponses préventives ou curatives plus appropriées. Par exemple, le non respect des agréments
et des limitations préconisées est un des éléments pour lequel une plus grande vigilance
s’impose. De même, l’évaluation du développement de l’enfant, des effets des traumatismes
subis, de ses capacités à intégrer une nouvelle famille, reste très en deçà des exigences.
74
L’articulation entre l’avant et l’après adoption souffre d’un déficit évident, que ce soit entre
les pays ou entre les services en France (service adoption/service ASE), d’où la perte
d’informations précieuses pour le suivi de ces enfants.
Tous ces premiers éléments ont été vérifiés à partir de la lecture des dossiers transmis. Ceuxci confirment un certain nombre d’impasses. Sur les 81 dossiers, 49 enfants viennent d’un
pays étranger soit 60,5%, les enfants français ou nés en France et d’origine algérienne
(accouchement sous X) sont donc au nombre de 32, un chiffre important qui vient questionner
l’utilisation de l’article 350, puisque 20 enfants sont dans ce cas, deux enfants sont des
enfants présentant des handicaps lourds, les autres enfants sont des adoptions précoces (10).
La moitié des couples concernés étaient parents d’enfants biologiques. Le premier constat à
faire est que nous devons au plus vite travailler sur les articles 350, sur la pertinence de la
décision, sur le travail mis en amont pour préparer les enfants, sur l’analyse des troubles
qu’ils peuvent déjà présenter, sur l’intérêt qu’il y a ou non à les changer de lieu d’accueil.
Trop souvent les troubles du comportement sont identifiés mais minimisés, il est attendu une
résolution quasi miraculeuse par le biais de l’adoption. Les parents sont parfois mis en
position de thérapeutes et de réussir là où les structures d’accueil ont déjà rencontré des
limites. Pour les enfants qui viennent de l’étranger, les traumatismes subis ou les carences
sont sévères et obèrent le développement de l’enfant et ses capacités d’attachement. De
même, le droit à l’enfant prend parfois trop le pas sur le droit de l’enfant à dire notamment
son refus d’être adopté. Dans les dossiers lus, trop d’enfants disent le rejet du projet qui a été
pensé pour eux. Le tableau ci-dessous récapitule les causes des difficultés en prenant pour
porte d’entrée « la cause » qui à la lecture nous a semblé première (mais non unique) dans
l’émergence des difficultés. Les facteurs endogènes propres à l’enfant (handicap, carences,
traumatismes, refus de l’adoption), ou à la famille (parentalité absente, défaillante, pathologie
de couple, séparations) ; comme les facteurs exogènes : erreur d’agrément, dépassement des
limites, erreurs d’appariement, absence de suivi, acharnement à l’adoption, insuffisance de
formation, sont repérables. Si nous ne pouvons agir sur tous ces facteurs, avec facilité, au
moins la moitié d’entre eux sont par contre susceptibles d’une amélioration au sein des
services. Pour obtenir une diminution des difficultés, des formations s’imposent sur cette
thématique singulière qui ne fait l’objet d’aucun enseignement en formation initiale, des
suivis plus systématisés ou des lieux de propositions d’aides doivent voir le jour dans chaque
département. Le problème n’est pas spécifique à la France, et dans tous les pays où le
problème se pose, des formations, des lignes SOS parents adoptifs ont fait apparaître une
véritable demande.
75
Cause première
situations
total
En %
Agrément
81, 73,75, 23, 15, 45, 6, 19, 28
9
11
3
3,7
7. 14.34.37.41.71.
6
7,4
8.31.32.33.36
5
6,1
16.43.59.61
4
4,9
51.64.67.72
4
4,9
60.62.38.40.48.52.58
7
8,6
Refus de
3.18.35.42.45.46.49.63.
16
19,7
l’enfant d’être
65.68.69.75.76.80.81.28
3
3,7
13
16
3
3,7
insuffisant
ou
non respecté
Handicap
l’enfant
de 66, 26, 27
sous
évalué
Traumatismes
enfance
Carences
affectives
Troubles
asocialité
Crise
d’adolescence
exacerbée
Origine non
repérée des
troubles
(autisme…)
adopté, écoute
insuffisante
Appariement
Problèmes
22.23.25
de 4.5.9.13.17.19.29.30.
parentalité
Pathologie
63.50.10.20.39
de 11.12.15.
couple
Pratiques
21.24.47.70.73.74.77.78.79.80. 10
12,3
81
100
institutionnelles
en cause
Total
76
En matière d’adoption, la fatalité n’est pas de mise. Certaines pratiques sont à réguler comme
la proposition de « fratries fictives » de plusieurs enfants, dépassant les capacités éducatives
de certains parents, l’accroche faite par le bébé qui sert d’entrée à l’adoption du plus grand,
les atteintes à l’autorité parentale lorsque les parents adoptifs demandent de l’aide. Dans les
institutions, les éducateurs se disent très démunis devant la symptomatologie de ces enfants.
Au pénal, des structures PJJ refusent même l’accueil de ces enfants, préférant les prendre en
charge sur l’extérieur. Ces enfants au vécu douloureux deviendront-ils les « incasables » de
demain ? Sur le plan théorique et clinique, la réflexion en est selon nous aux balbutiements, il
serait urgent de mettre en place des études longitudinales sur les enfants adoptés, ceux en
difficultés comme ceux ne posant aucun problème d’intégration. Cette recherche n’était qu’un
préalable, elle propose, grâce au groupe de suivi un certain nombre de préconisations (page
36, 42-44 du rapport), nous espérons que certaines seront retenues.
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