1624 - Église catholique de Québec

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1624 - Église catholique de Québec
 L'universalité de Frère André Conférencière Madame Françoise Deroy-­Pineau Socio-­historienne Conférence du 20 mars 2011 Conférences Notre-Dame à Québec (20e anniversaire)
20 mars 2011
« L'universalité de Frère André »
témoignage de Françoise Deroy-Pineau L’universalité de frère André sera abordée en quatre points : 1. L’importance historique de Joseph dans la construction du Québec, du Canada et de l’Église universelle ; 2. L’enfance et la jeunesse d’Alfred Bessette : son origine rurale et modeste le liant au parcours de nombreux travailleurs migrant des campagnes vers les villes ; 3. Son statut de « frère » qui lui fait nouer des relations de fraternité ; 4. La création d’un Haut Lieu de référence unissant la terre et le ciel. 1 – Du saint Joseph de Marie de l’Incarnation, patron du Canada (1624) au saint Joseph de Frère André, patron de l’Église universelle (1870) Le regretté monseigneur Beaumier, de Trois-­‐Rivières, aimait à dire que le petit ermitage Saint-­‐Joseph du XVIIe siècle à Tours était l'ancêtre du grand Oratoire Saint-­‐Joseph du XXe siècle à Montréal1. En effet, du minuscule ermitage Saint-­‐Joseph de Tours où Marie de l’Incarnation reçut la nouvelle de son obédience en Canada, jusqu’à l’immense basilique de Montréal, une très longue et discrète histoire ponctue le passage de France en Nouvelle-­‐France2. Dès 1624, un récollet, Joseph Le Caron, l’un des quatre premiers missionnaires en Huronie, choisit saint Joseph comme « patron du pays et protecteur de cette Église naissante ». Tout l’avenir de la Nouvelle-­‐France lui est confié3. En 1633, les jésuites remplacent les récollets en Nouvelle-­‐France, mais Joseph demeure le dernier recours. Beaucoup de Jésuites, tel le mystique français Louis Lallemant ou le célèbre père Jean de Brébeuf éprouvent une profonde dévotion envers saint Joseph. En 1637, la fête du charpentier de Nazareth prend des allures de fête nationale en Canada. Un autre Jésuite, le père Vimont, écrira en 1660 : «La pensée de s’établir en la Nouvelle-­‐France s’accompagne de la résolution de s’en remettre 1
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Beaumier, Joseph-Louis, 1979, Le souvenir de Marie de l’Incarnation à Tours 1939-1979. L’Ermitage Saint-Joseph, TroisRivières, éditions du Bien Public.
Voir nos travaux :
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Marie de l’Incarnation, femme d’affaires, mystique, mère de la Nouvelle-France, 2008 (3e éd,) Montréal, Bibliothèque
québécoise.
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Frère André, un saint parmi nous, 2010 (2e ed), Montréal, Fides.
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Pour les jeunes : Frère André, le saint de l’Oratoire, 2010, illustrations de Robert Julien, Montréal, Médiaspaul.
Catta, Étienne, 1965, Le frère André, Montréal, Fides, p. 27-28.
à saint Joseph4.» C’est exactement ce qu’ont fait plusieurs pionniers de la Nouvelle-­‐France. Marie de l’Incarnation, alors qu’elle était encore à Tours en décembre 1633, rêve de Québec où elle est accueillie par un homme, le « gardien du lieu » qu’elle identifiera comme saint Joseph5. À la même époque, une autre jeune veuve, Madeleine de La Peltrie, d’Alençon, malade au point d’expirer, se sent inspirée de faire le vœu à saint Joseph de donner sa fortune et d’aller en Canada si elle est guérie. Madeleine vient alors à Tours chercher Marie qui se trouvait en prière à l’ermitage Saint-­‐Joseph au moment où la nouvelle lui arrive en février 1639 « le jour des épousailles de la Vierge » avec Joseph. Le navire sur lequel embarquent les religieuses et Madeleine de La Peltrie se nomme le Saint-­‐Joseph, de même que le nouveau «séminaire» des ursulines à Québec. L’idée de la fondation de Montréal a jailli dans le cœur d’un père de famille de La Flèche, Jérôme de La Dauversière, en février 1630, alors qu’il venait de se consacrer à la Sainte Famille, tout en projetant la création d'une communauté d’hospitalières vouées à saint Joseph. Par ailleurs, Marie de l’Incarnation a été avisée de la pertinence de sa vocation en Nouvelle-­‐France par l’intermédiaire d’un Jésuite, le père Poncet qui lui envoie la Relation de 1634 -­‐ réclamant des maîtresses d’école pour les Amérindiennes – avec une image de la carmélite Anne de Saint-­‐Barthélémy, fondatrice du carmel de Tours quelques années plus tôt, puis en Flandre. Or le Carmel entretient une grande dévotion à saint Joseph depuis sainte Thérèse d’Avila qui aurait sorti le père de Jésus des oubliettes du Moyen-­‐Age6. J'aime à penser que, de mères en filles, de maîtresses en élèves, de Marie de l'incarnation au XVIIe siècle jusqu'à Clothilde Foisy et son petit Alfred Bessette, au XIXe siècle, Jésus, Marie et Joseph ont toujours vécu dans le cœur de leurs amis. 2 – L’enfance et la jeunesse d’Alfred Bessette, une formation forgée à l’école d’une vie familiale éclatée, « aux frontières » de l’humain et du divin, du Québec et des États-­‐Unis (1845 – 1870) Lorsque naît Alfred Bessette le 9 août 1845 à Saint-­‐Grégoire-­‐d’Iberville, l’enfant est si chétif qu’on le baptise tout de suite, de peur qu’il ne s’éteigne. Il sera malade… toute sa longue vie, souffrant dès le départ d’une indéfinissable maladie d’estomac qui l’empêche de manger normalement, ralentit sa croissance et justifie des privautés de la part de sa pauvre maman, épuisée par les nombreuses grossesses. Alfred est le huitième d’une famille qui comptera treize enfants dont la plupart parviendront à l’âge adulte. En 1855, Isaac Bessette, bûcheron-­‐menuisier-­‐charpentier (comme Joseph) meurt en abattant un arbre, laissant les siens dans la misère. Quelques années plus tard, Clothilde le rejoint. Mais avant de s’éteindre, elle aura eu le temps d’apprendre au jeune Alfred quelques éléments de lecture et, surtout, un profond amour pour Jésus, Marie et 4
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Cité par Catta, op. cit. p. 43.
Correspondance, p. 42-43.
Cf Jean Delumeau, 1990, Histoire des pères et de la paternité.
Joseph. L’adolescent se constitue une nouvelle famille intérieure où Joseph prédomine comme père. Il expérimente la paternité de Joseph, image du Père, à travers quatre caractéristiques de Joseph de Nazareth7 : -­‐
Soutien des familles, notamment des familles éclatées comme les Bessette dont les enfants sont répartis en divers lieux. -­‐
Consolateur des affligés, à qui le petit Alfred, laissé pour compte, peut livrer tous ses problèmes. -­‐
Gardien des cœurs purs et de tous les adolescents ou jeunes adultes se confiant à lui. -­‐
Modèle des travailleurs : Alfred, obligé de gagner sa vie dès douze ans, ne se laisse pas abattre et apprend, malgré sa santé fragile et ses lancinantes douleurs d’estomac, mille et un métiers en Estrie et en Nouvelle-­‐Angleterre où il s’exile quatre ans (1863-­‐1867), à l’image de Joseph, comme lui, travailleur émigré quelques temps en Égypte. De l’autre côté de l’Atlantique, Bernadette Soubirous (Lourdes, 1844 -­‐ Nevers, 1879) vit la même relation familiale avec Marie. Il y a d’ailleurs une grande parenté spirituelle entre le petit Alfred, méprisé pour sa taille chétive, sa mauvaise santé, sa soi-­‐disant ignorance, ses manières de la campagne et la petite Bernadette, partageant ces caractéristiques et souffrant du regard condescendant des gens « comme il faut », stupéfaits de ce qui arrive à ces êtres supposés méprisables. L’un et l’autre sont aussi homme et femme de leur temps, parties prenantes des conditions socio-­‐économiques du monde occidental et de l’ajustement des mentalités qui s’ensuit. Les consciences religieuses sont en interaction avec la mutation sociale politico-­‐économique du XIXe siècle. Des régimes à dominante monarchique et agricole deviennent démocratiques, industriels et urbains. On assiste au passage d’une représentation divine d’un Seigneur, monarque lointain et absolu, à un Dieu plus proche, incarné par la petite trinité familiale de Nazareth. En France, la jeune Elisabeth Cattez (Bourges, 1880 -­‐ Dijon, 1906), carmélite, décrit la Trinité d’une manière que Marie de l’Incarnation, 250 ans plus tôt et en avance sur son temps, avait déjà expérimentée8. Alfred n’est ni intellectuel ni théologien, il est travailleur manuel, à l’école laborieuse d’une vie populaire. Il vit à sa manière cette construction d’une nouvelle relation familiale à Dieu où Joseph est médiateur par excellence, tout proche. Sa petite spiritualité de la vie ordinaire parle au cœur des gens : « grand faiseux, petit parleux ». 7
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Voir les titres des autels dans la Chapelle des ex-voto à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal.
Voir notre article « Marie Guyard, femme de l’Incarnation » dans L’aventure intérieure, Montréal, Novalis, N°50, mai-juin
2011, p. 10-13.
Si petit « parleux » que, revenu de Nouvelle-­‐Angleterre, il n’ose avouer à personne son désir secret d’entrer dans les ordres. S’interdit-­‐il d’y penser ? Qui voudrait de lui, petit, sans formation et d’une mauvaise santé ? Alors qu’il est garçon de ferme chez monsieur Ouimet, de Saint-­‐Césaire, celui-­‐ci prend les choses en mains et organise une rencontre avec le curé du village. Depuis longtemps l’abbé André Provençal inspire confiance à Alfred : il l’avait préparé à sa première communion. L’homme est perspicace et efficace. Après lui avoir fait avouer ses désirs, il conduit promptement Alfred, ravi, chez les pères de Sainte-­‐Croix qui refusent la candidature d’un jeune homme bien peu ajusté aux normes destinées à former les élites québécoises. L’infortuné p’tit gars de la campagne trouve une place de palefrenier-­‐garçon de table chez un médecin. Alors Provençal écrit aux pères de Sainte-­‐Croix : « Je vous envoie un saint ». Pendant qu’Alfred apprend les « bonnes manières » bourgeoises, les pères, qui ont de l’estime pour ce prêtre remarquable (ses réalisations à Saint-­‐Césaire sont impressionnantes) décident d’accueillir le jeune homme qui devient « Frère André » fin 1870, juste au moment où, à Rome, le pape Pie IX proclame saint Joseph « patron de l’Église universelle ». 3 -­‐ Frère André, et non pas « père André » apprend et construit des relations fraternelles et non paternalistes : un vrai fils de Joseph, travailleur et bâtisseur (1870 – 1910) Dès qu’il est accepté comme novice, frère André est chargé d’une multitude de tâches : infirmier, linger, balayeur, lampiste (entretien des lampes à huile) puis portier. Toujours malade de l’estomac, le novice assume cette situation en bas de l’échelle, propre à rien, bon à tout et apprend avec stupéfaction en janvier 1872 qu’il n’est pas admis aux vœux temporaires en raison de son état de santé. Il s’identifie au Christ, souffrant, bafoué, flagellé (le chemin de croix sera toujours pour lui une démarche d’un grand secours) et confie sa déception à saint Joseph, tout en continuant, digne et silencieux, à effectuer son énorme travail. Sa qualité d’être impressionne. Survient alors une épidémie de variole. Les élèves sont renvoyés chez leurs parents. Deux novices meurent. La communauté, désemparée, écoute la « naïve » suggestion de frère André qui propose de sa petite voix éteinte, d’organiser une procession de la statue de saint Joseph dans les salles du collège. Deux jours plus tard, l’épidémie a disparu. On oublie frère André. Arrive un nouveau maître des novices qui déclare : « si ce jeune homme devient incapable de travailler, il saura du moins très bien prier. » André qui n’a peur de rien, profite d’un passage de monseigneur Bourget pour demander à rester dans la Congrégation de Sainte-­‐Croix. Il est admis à la profession définitive en février 1874. Ce qu’il résumera lui-­‐même en disant : « On m’a mis à la porte et j’y suis resté. » Il continue à travailler comme pas un. On ajoute aux tâches mentionnées celle de jardinier, de chargé de la toilette ou de la promenade des enfants et de commissionnaire. Ce qui lui vaut de nombreuses brimades, ne pouvant assumer à la fois la porterie et les courses. Les algarades qu’il reçoit d’un certain supérieur le font surnommer « le paratonnerre du collège ». Presque à la même époque, Charles de Foucauld (Strasbourg, 1858 – Tamanrasset, 1916) cherchera à s’abaisser, pour ressembler au Fils du charpentier de Nazareth. Frère André n’en a pas besoin : il est à la dernière place. Mais il y a un mystère. Il manipule l’huile qui a brûlé devant la statue de saint Joseph et si quelqu’un souffre, il conseille de masser la partie douloureuse avec cette huile tout en priant saint Joseph. Des guérisons sont observées autour de lui. Le médecin du collège est furieux, mais sa propre épouse est guérie par frère André. Par ailleurs, se tenant à la porte du collège, André est à un poste stratégique : il voit tout ce qui passe de l’intérieur à l’extérieur, et vice-­‐versa. Ses qualités de fraternelle compassion, sachant écouter et partager problèmes et douleurs des autres, sans aucune condescendance, en font un ami pour tous. Sa « petitesse extrême » comme dirait Thérèse de Lisieux (Alençon, 1873 – Lisieux, 1888) est une chance pour lui : loin de la tentation du paternalisme, il ne menace personne. Au fil du temps, il tisse un incroyable réseau social de relations de toutes conditions sociales : enfants et anciens élèves, parents bien placés dans la société, ouvriers ou voisins du village Côte-­‐des-­‐Neiges. La plupart de ceux qu’il rencontre reviennent le voir. Il réconforte. Il guérit. On le lui interdit. Mais il est impossible de l’empêcher de conseiller de prier saint Joseph. On finit par l’envoyer recevoir sa suite de visiteurs, après les heures de porterie, dans l’abri du tramway, en face du collège, de l’autre côté de chemin Queen Mary. Cela serait resté inaperçu en dehors du collège Notre-­‐Dame et du quartier Côte-­‐des-­‐Neiges si frère Aldéric, guéri d’une mauvaise blessure, n’en avait pas écrit le récit dans une revue française de la Congrégation de Sainte-­‐Croix. La notoriété de frère André dépasse alors Montréal, atteint la France et rebondit au Québec. Le collège des médecins s’alarme, la Ville aussi, sans suite. André en pleure parfois si le téléphone lui hurle des injures, mais il continue son petit train apparemment tranquille et il a un grand projet. « Saint Joseph veut être honoré sur la montagne » confie-­‐t-­‐il à son entourage. Le terrain sur la montagne face au collège est à vendre. Les pères l’achètent et finissent par autoriser la construction d’un oratoire à saint Joseph… si le petit frère en trouve les moyens. Un parent d’élève offre le bois. Les autorités du collège délèguent les services du frère menuisier. Le réseau déjà étoffé des amis laïcs se mobilise et un modeste oratoire est construit en 1904. Toujours à l’aide des amis de frère André (constitués en association, sous la présidence de Jules-­‐Aimé Maucotel, Français d’origine) l’oratoire s’agrandit, il est complété d’un petit restaurant et de commodités, si bien qu’en 1909 frère André est nommé « gardien de l’oratoire » et y déménage. En 1910, la chapelle rallongée est encore trop petite pour les 500 pèlerins qui se présentent chaque jour. En 1911, à l’âge où les travailleurs prennent leur retraite, André (65 ans) commence une nouvelle carrière et va à son bureau – qu’il nomme son « bourreau » où il écoute défiler les misères du monde de 9 à 5. Le soir, avec la permission des supérieurs, ses amis lui organisent des visites chez les malades à travers Montréal. Mais le projet n’en est encore qu’à ses débuts. 4 – Bâtisseur d’un Haut Lieu de fraternité universelle, entre terre et ciel (1909–1937) frère André affiche les forces cachées de Joseph à la grandeur du monde et à la portée de chacun André, tout pauvre, humble et obéissant qu’il soit, estime que l’oratoire dont il est le gardien est vraiment trop petit. Il voit considérablement plus grand. Il veut que les forces cachées de Joseph soient connues à la grandeur du monde et à la portée de chacun. Depuis toujours, il propose saint Joseph comme soutien des familles, consolateur des affligés, gardien des cœurs purs, modèle des travailleurs, plus que jamais, il veut aussi le faire connaître comme espérance des malades, patron des mourants, terreur des démons, protecteur de l’Église universelle9. Mais il faut, à ses yeux, que le témoignage soit accompagné de la présence d’une très grande basilique ouverte sur le paysage grandiose du nord-­‐ouest de Montréal (Laurentides, lacs Saint-­‐Louis et des Deux-­‐Montagnes). Entre terre et ciel, frère André veut qu’on bâtisse à Joseph un Haut Lieu de fraternité universelle. Les pères de Sainte-­‐Croix, dont la vocation première est l’éducation des jeunes, finissent par accepter le projet, à condition que cela ne leur coûte rien. Les réseaux d’amis laïcs se mobilisent pour trouver l’argent. Les pères font les démarches à tous les niveaux. Quant à André, pressenti à travers toute l’Amérique du Nord, il voyage malgré une santé toujours fragile et guérit bien des gens un peu partout. Les dons qu’il reçoit financent le projet, mais il tient à en donner une partie à la Croix Rouge, car le Première Guerre mondiale bat son plein et des Canadiens sont mobilisés. En 1917, l’église inférieure est terminée. En 1918, ses mille places sont insuffisantes. Avec la fin de la guerre arrivent la grippe espagnole et le début de la récession. André voit sa « clientèle » de malades, chômeurs et déprimés augmenter. Il lui faut de l’aide. Un prêtre aveugle (qu’il guérit) le seconde au confessionnal, car le petit frère est convaincu des bienfaits du sacrement de pénitence dans le processus de guérison. Des amis au seuil de la retraite se consacrent à améliorer ses conditions de travail, notamment par un service d’ordre autour de lui. Malgré la foule, il porte attention à chacun et, comme l’écrit un journaliste anglophone « dans les yeux de ceux qui sortent de son bureau brille une clarté qui n’y était pas quand ils sont entrés ». Ce journaliste, à la réputation caustique, s’était rendu à l’oratoire avec des intentions fort critiques. Mais l’atmosphère du lieu et la simplicité de frère André l’ont 9
Voir les titres des autels dans la Chapelle des ex-voto à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal.
conquis et l’article est dithyrambique. Un Torontois agnostique, chargé de relations publiques de Canadien Pacifique, lit le reportage et vient vérifier par lui-­‐même les dires du journaliste. À son tour, il est conquis et écrit la première biographie de frère André qui sera peu après traduite en français et suivie de bien d’autres. À 81 ans, en 1926, André est bien fatigué. On l’hospitalise pour la première fois. Il sort revigoré de l’Hôtel-­‐
Dieu de Montréal, par les bons soins des religieuses hospitalières de Saint-­‐Joseph et continue son « bourreau ». Peu importe la religion de celui ou celle qui vient, si les gens désirent le bon, le bien et le beau. Sinon, ils ne sont pas guéris. Les murs de la très grande basilique montent au-­‐dessus de la crypte, mais avec la crise, les travaux doivent cesser. André ne s’inquiète pas : « Si saint Joseph veut avoir sa maison, il trouvera et nous donnera les moyens de la construire ». André ne verra pas la basilique terminée, car il s’éteint le mercredi 6 janvier 1937. Ses funérailles attirent deux millions de personnes d’Amérique du Nord. Autant que l’actuel Oratoire Saint-­‐Joseph du Mont-­‐Royal en reçoit chaque année. Comme du temps de frère André, et peut-­‐être encore plus, les visiteurs sont loin d’être tous catholiques : on voit des Hindous déposant des fleurs au pied de leur statue favorite, des musulmans qui prie vers l’est, en direction de La Mecque, des Japonais qui s’arrêtent parfois de prendre des photos pour méditer en silence, et bien d’autres, de tous les pays du monde. Conclusion À la lumière des crises actuelles, le rôle de Frère André, en tant que fondateur d'un Haut Lieu de fraternité universelle à Montréal, et par la création de liens de proximité donne à réfléchir sur le rapport d'un individu à sa ville et à son milieu de vie. André n'a jamais été supérieur, ni occupé de poste important. Mais il a construit des liens sociaux par l'intermédiaire de l'écoute et des soins, établi un climat de confiance entre les uns et les autres, et par là conforté les fondements d'une société mise à mal par de nouvelles restructurations. Il a renouvelé l'expertise en relation d'aide initiée par des pionnières comme Marie de l'Incarnation à Québec ou Jeanne Mance à Montréal, situant l'autre au centre des préoccupations. Sur la « montagne » de Montréal, Frère André a construit un Haut Lieu qui témoigne, comme Frère François à Assise ou Frère Charles de Foucauld au Sahara de l’actualité évangélique pérenne des béatitudes, énoncées il y a deux millénaires sur une montagne de Galilée par le premier fils de Joseph. 

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