N°119 - Unadfi

Transcription

N°119 - Unadfi
Septembre 2013 - 3è trimestre
BulleS
Sectes et
état de droit
N°119
La revue trimestrielle de l’UNADFI
BulleS
N°119
Sommaire
1
Éditorial
2
FECRIS, Copenhague, mai 2013 - Compte rendu
8
La Maison de Prière : un groupe marial apocalyptique
irlandais - Témoignage
14
Témoins de Jéhovah : décryptage (3) - Pédophilie : Dans une
congrégation de Témoins de Jéhovah, les enfants sont-ils
protégés ?
19
« Dérives thérapeutiques et dérives sectaires : la santé en
danger » - Synthèse du rapport du Sénat (2)
28
FAITS ET NOUVELLES
Miviludes
29
REVUE DE PRESSE
France : Phénomène sectaire - Eglise de Jésus-Christ
des Saints des derniers Jours - Mandarom - Scientologie Témoins de Jéhovah - Université de la Relation Chamanisme - Développement personnel - Reiyukai
Étranger : Colonia Dignidad (Chili) - Méditation
Transcendantale (Belgique) - Scientologie (Eats-Unis, Suisse) Témoins de Jéhovah (Norvège, Etats-Unis) - Santé (Maroc) Sorcellerie, magie noire, exorcisme (Australie, Inde)
45
à signaler
Enquête sur les créationnismes, C. Baudouin & O. Brosseau
Iô, Claire Vajou
Propagande noire, Georges Fenech & Alexandre Malafaye
L’Evadé de la secte, Revue XXI (BD)
Retrouvez toutes les informations de l’UNADFI sur notre site  : www.unadfi.org
Éditorial
« Nous ne pouvons pas admettre que des organisations totalitaires, qui font
injure aux libertés fondamentales, en appellent aux mêmes libertés pour obtenir que leurs pratiques anti-démocratiques et contraires aux droits de l’homme
soient protégées.[…] Afin d’empêcher que les autorités administratives et les tribunaux des états individuels ne soient abusés par des organisations totalitaires,
nous avons besoin d’avoir une société civile éclairée et vigilante, tant au niveau
local que national et international. » (Annelise Oeschger, ancienne présidente de
la conférence des OING du Conseil de l’Europe).
Dès leur création, nos associations ont eu pour préoccupation d’informer les pouvoirs publics sur le fonctionnement totalitaire des groupes sectaires ; les victimes
elles-mêmes ont pris la parole pour dénoncer les atteintes aux droits fondamentaux
des personnes dans ces groupes, allant jusqu’à intenter des actions en justice contre
le gourou ou l’organisation. Ces procès, longs, difficiles et très éprouvants, ont mis au
grand jour un fonctionnement bien éloigné de celui d’un état de droit…
Certains pays se préoccupent de la question sectaire, par la prévention et la
législation, d’autres n’y voient que l’exercice d’une liberté de croyance inaliénable. L’écho, dans les médias internationaux, de la condamnation de la Watchtower
Society de New-York, lors du procès intenté par Candace Conti, semble cependant
indiquer une prise de conscience par la société civile de la responsabilité pénale
des organisations.
Alors mineure, Candace a subi des sévices sexuels de la part d’un Témoin de
Jéhovah, pédophile récidiviste, appartenant à la même congrégation qu’elle ; en
2011, elle porte plainte à la fois contre l’agresseur, la congrégation où s’étaient
déroulés les faits, et la Watchtower Society.
Le jury de la Cour supérieure du comté d’Alameda (Californie) a condamné l’agresseur et reconnu coupables de négligence les anciens de la congrégation et la direction du mouvement, condamnant cette dernière à près de 24 millions de dollars (la
Watchtower a fait appel de cette décision).
Candace explique qu’en portant plainte, et en refusant un éventuel arrangement
financier, elle a deux objectifs : protéger les enfants et encourager les victimes d’abus
sexuels, ayant subi la politique interne du mouvement, à se manifester.
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
1
F ECRIS, Copenhague, mai 2013
Compte rendu
Sur le thème « Sectes et Etat de Droit », la conférence annuelle de la Fédération Européenne des Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme (FECRIS) s’est tenue
à Copenhague le 30 mai 2013. Un groupe de « reporters », se disant de médias indépendants, filmait les participants à l’entrée, tentait d’en interviewer et distribuait un tract
anti-FECRIS : le siège européen de l’église de Scientologie étant établi à Copenhague, on
peut penser qu’elle n’était pas étrangère à cet accueil…
Tom Sackville (Grande-Bretagne), président de la FECRIS, a ouvert le
colloque par un mot de bienvenue, devant près d’une centaine de participants
venus de 18 pays.
Serge Blisko (France), président de la Miviludes, a rappelé qu’en France,
la liberté de conscience est un principe constitutionnel et que l’exercice de cette
liberté n’a d’autre limite que les libertés d’autrui et le respect de l’ordre public.
L’Etat doit garantir les droits fondamentaux, la liberté et l’autonomie des plus
fragiles, d’où la Loi About-Picard. En Europe, les idées de la FECRIS progressent,
un observatoire des dérives sectaires est à l’étude.
Il a souligné que les ambiguités de vocabulaire (culte et secte en français, traduits par sect et cult en anglais) étaient souvent à l’origine de critiques erronnées envers la « laïcité à la française ».
Annelise Oeschger, présidente de la Commission des Droits de l’homme de
la Conférence des OING1 du Conseil de l’Europe (Strasbourg), a rappelé ce qu’est
le Conseil de l’Europe, une organisation qui réunit 47 pays membres ayant signé
la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Sa mission est de promouvoir
la démocratie et de protéger les droits de l’homme et l’Etat de droit en Europe.
Les actions législatives y reposent sur 4 piliers : le Comité des Ministres, l’Assemblée Parlementaire, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux, la Conférence
des OING. Celle-ci dispose de peu de pouvoir politique mais d’une grande force
de conviction tenant à son lien direct avec la société civile. Madame Oeschger en
1 Organisation internationale non gouvernementale
2
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
a été présidente de 2004 à 2009 ; en 2007, soutenue par l’ensemble des OING,
elle a organisé une journée d’étude sur le thème « Dérives sectaires et violations
des Droits de l’Homme ».
Elle travaille en lien avec Rudy Salles, rapporteur sur « La Protection des mineurs contre les influences des sectes » au Conseil de l’Europe. La Conférence
des OING s’est dotée d’un code de bonnes pratiques quant au dialogue avec les
politiques, dans le sens d’un vrai partenariat et d’initiatives législatives, mais
aussi pour inciter à la mise en œuvre des lois par des juges éclairés, veiller à leur
bonne application et observer ce qui marche et ce qui ne marche pas en vue de
mesures correctives.
Jean Pierre Jougla (France), membre de l’UNADFI, a traité du « modèle
politique sectaire face à la démocratie ». Abordant le concept d’Etat de Droit,
élaboré dans l’objectif de « protéger les individus de l’arbitraire au moyen de la
loi », il a rappelé les grandes étapes de sa création, depuis la Grande Charte des
règles en Grande Bretagne (1215) jusqu’à la Déclaration Universelle des Droits
de l’Homme adoptée par 48 Etats en 1948 et aux résolutions de l’ONU lors de ses
dernières sessions. Mais la secte contemporaine appelée « nouveau mouvement
religieux » agit comme un Etat dans l’Etat, elle se donne des attributs régaliens qui justifient des transgressions aux lois de la société profane ; elle fait de
l’adepte l’inverse d’un citoyen, un vassal sans fief, un sujet qui aime son tyran
et abdique sa souveraineté.
Cette intervention sera présentée dans un prochain numéro de Bulles.
Eric Brasseur (Belgique), directeur du Centre d’Information et d’Avis
sur les Organisations Sectaires Nuisibles (CIAOSN), a rappelé que ce centre,
créé par une loi avec une mission de service public, est indépendant du gouvernement comme du Ministère de la Justice, son tuteur. Il offre à tous les
citoyens un grand centre de documentation où chacun peut venir se faire son
idée sur les groupes qui l’interpellent, à partir de sources ouvertes vérifiées
par des magistrats : historique, pratiques, publications, affaires de justice, bibliographie, controverses. Le CIAOSN intègre les informations des associations
de terrain. Depuis décembre dernier, et suite à la loi sur l’abus de faiblesse,
le CIAOSN a décidé de prendre position et de publier des avis sur les sectes
nocives avant même d’avoir été questionné.
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
3
Stephen Kent (Canada), professeur à l’université d’Alberta, a présenté une
étude documentée sur les groupes antigouvernementaux en Amérique du Nord, et
leurs émules en Grande Bretagne, Australie et Nouvelle Zélande. Ces mouvements
ont débuté dans les années 60-70 par le « Posse Comitatus » (Pouvoir aux Comtés), et des groupes conspirationistes vouant une haine virulente à toute autorité
supérieure aux shérifs. Les évènements économiques ont favorisé la croissance de
ces mouvements : la crise agricole des années 85 à 95, puis la crise immobilière,
bancaire et financière de 2008 à 2012. Cette dernière crise fut à l’origine du mouvement d’occupation illégale des maisons avec l’aide d’activistes.
Aux Etats-Unis aujourd’hui, ces groupes antigouvernementaux violents, tels les
« free men » ou les « détaxers », partagent une méfiance profonde envers le gouvernement fédéral avec d’autres groupes comme les libertariens ou les membres
républicains des Tea Parties, par exemple. Ils peuvent entraver le système judiciaire, la police, le commerce et les activités bancaires. Mais la rhétorique et les
actions inefficaces de ces groupes permettent aux officiels de les éconduire.
En Grande Bretagne, le phénomène s’est étendu avec la crise sanitaire des
bovins puis les inondations qui ont fait chuter les revenus paysans de 40 à 50%
vers 2005. Les mouvements de type « Free men » s’opposent à la bureaucratie
par des moyens moins violents destinés à casser les opérations de l’Etat là où
elles sont perçues comme transgressant le droit inaliénable de l’individu. Leurs
actions d’entrave à la justice changent les relations entre l’Etat et les individus
et entrent dans la culture populaire.
Cette intervention sera présentée dans un prochain numéro de Bulles.
Hans Werner Carlhoff (Allemagne), président du groupe de travail interministériel sur les sectes et psycho-groupes du Bade-Württemberg a analysé la
situation générale, dont un renouveau de mouvements néo germaniques proches
de l’extrême droite, se référant à des mythologies pré-chrétiennes et ésotériques
avec un racisme ethnique. On y trouve des mouvements tels que « le nouveau
Reich », « les Citoyens du Reich », « le Reich germanique », « le conseil des citoyens », « l’aide aux victimes de la justice », « la nouvelle Allemagne », « le
projet allemand », la « Commission anticensure » (liée à la Scientologie). Ils ne
considèrent pas l’Etat fédéral comme légitime, certains créent des îlots de vie
alternative, comme à Kirsheim où se pratique la nouvelle médecine germanique
du Dr Hamer. Ces groupes cherchent à créer la confusion et peuvent être très
4
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
agressifs avec leurs clichés idéologiques. Au delà des insultes et des menaces,
certains ont des comportements criminels. Il faut se rappeler le massacre de l’île
d’Utoya en Norvège. Ces groupes ne sont pas sous estimés, ils sont surveillés par
le Bureau de Protection de la Constitution.
Yuji Hirooka (Japon), journaliste, dans son exposé sur la Soka Gakkai, a
décrit cette organisation à la façade religieuse (bouddhisme Nichiren) comme
extrêmement puissante et intégrée dans les rouages de la politique (Koméito),
de la finance et des ambassades à l’étranger. Il a décrit la stratégie , retracé
l’histoire et souligné les dangers d’un mouvement assagi en apparence, mais aux
pouvoirs énormes tant au plan national qu’international qui profite et menace
l’Etat de Droit.
Roland Planchar (Belgique), journaliste et secrétaire d’Aviso, association
d’aide aux victimes de sectes, vice président du CIAOSN, a traité des infiltrations
sectaires dans le monde politique, les administrations belges et au Conseil de
l’Europe. Se référant au rapport parlementaire belge de 1997 et à sa propre
expérience, il a rappelé nombre d’affaires depuis Ecoovie, l’Ordre du Temple
Solaire et d’autres, dès les années 80, jusqu’au grand procès attendu de la Scientologie (14 inculpés dont la personne morale). Il constate que, comme l’écrit
Marcel Conradt dans « Cheval de Troie : Sectes et lobbys religieux à l’assaut de
l’Europe » (2008), l’UE considère ces lobbys comme des partenaires car elle n’a
pas compétence en matière de croyance (Traité de Lisbonne Art 17). Or ces organisations ont pour la plupart dans leurs textes de base des idées totalitaires donc
antidémocratiques – comme Ron Hubbard pour lequel il n’y a « pas de place pour
les faibles », ou Rael ne voulant éligibles que les 50% des individus ayant un QI
plus élevé que la moyenne et excluant les malades et victimes de malformation.
Alexander Dvorkin (Russie), responsable de l’association CRS de Moscou,
a décrit la secte de Vissarion, une communauté apocalyptique de 5 000 adeptes
en Sibérie vivant sous des tentes ou dans quelques chalets de la « Ville du Soleil »,
sur un district grand comme la Belgique. Le gourou impose une bible de 1 000 pages, mélangeant des idées néoreligieuses œcuméniques, de l’occultisme, et du
marxisme. Considéré comme le Nouveau Christ, il a voyagé aux Etats-Unis, créé
son propre calendrier commençant au début de sa prédication en 1991, un 14 janvier (son anniversaire). Il dispose d’un pouvoir absolu sur ses adeptes, à qui il
interdit l’alcool comme… l’eau, que seuls des fruits doivent remplacer. Il impose
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
5
un régime alimentaire végétalien, l’urinothérapie, et la polygamie. Ses adeptes,
faméliques à l’exception de sa famille, doivent payer la dîme et bien plus; ils
ne reçoivent aucune information de l’extérieur, obligés d’écouter ses sermons
confus lors de processions dans les montagnes ; la plupart vivent dans une pauvreté absolue, et mortifère, carencés en protéines et en calcium. L’Etat, incapable de protéger ses citoyens bafoués dans leurs droits élémentaires, se contente
de noter ceux qui entrent et qui sortent du district, mais pas les disparus. La secte
de Vissarion a des extensions en Bulgarie, Allemagne et aux Etats-Unis.
Franco da Prato (Italie), ancien adepte de Damanhur, consultant, a décrit
cette communauté et ses dérives. Il s’agit d’une communauté à buts économiques de 1 000 personnes vivant en quasi autarcie dans les Alpes, près de Turin ;
elle a ses propres lois et sa propre monnaie, le « credit » (1 euro, mais non échangeable à l’extérieur). Les témoignages font état de tendances magiques, et de
pression considérable sur les adeptes.
Cette intervention sera présentée dans un prochain numéro de Bulles.
Jon Atack (Grande-Bretagne), ancien cadre scientologue de haut niveau,
a refait un historique des actes totalitaires de « l’Eglise de la haine » (titre d’un
de ses ouvrages). Il a évoqué les accords avec les administrations américaines,
dont elle a terrorisé les agents jusqu’à obtenir une annulation de ses dettes envers le fisc et une forme de reconnaissance de statut de religion caritative, alors
que l’Etat n’a pas le pouvoir de statuer sur cette question. Avec l’entraînement
de ses adeptes à mentir et à tromper les « wogs » (les non-scientologues), la
« propagande noire » contre les personnes « suppressives », la Scientologie a peu
de respect pour l’individu et ses libertés. Certes, elle perd des membres prestigieux, mais elle développpe un important programme immobilier, manière de
maintenir la pression sur ses membres.
Luigi Cosvaglia (Italie), vice président du CeSAP (Centro Studi Abusi Psicologici), a montré que dans le débat entre « anti-sectes » et « anti-anti-sectes »,
certains sont selon lui, guidés par des mirages. Première illusion, il s’agirait de
croyance ou non croyance à la manipulation mentale ; deuxième illusion, le combat contre le concept de manipulation mentale serait un lutte pour la liberté.
Se référant à Max Weber, L. Corvaglia pense qu’il s’agit plus, en réalité, de deux
positions incompatibles, l’une guidée par l’éthique de conviction, pour laquelle
6
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
les bons choix s’appuient sur des principes vertueux (le concept de manipulation
mentale est vague, donc il est impossible de légiférer pour protéger les individus) ; et l’autre guidée par l’éthique de responsabilité, pour laquelle les actions
ont pour base une évaluation des conséquences prévisibles (les préjudices constatés justifient qu’on légifère pour protéger les individus).
Une table ronde a réuni Jon Atack, Stephen Kent, et Hans Werner Carlhoff,
avec la participation active du public. Les discussions, alimentées par de nombreux exemples significatifs, ont débuté par les abus de la Scientologie, les raisons
d’engagement de ses adeptes, puis ses problèmes financiers actuels (constructions de nombreuses églises, militants exsangues pour les financer, effectifs en
baisse, procès qui s’enchaînent, réouverture récente du deal fiscal passé en 1992
par l’IRS américain). Moon ne passe plus bien en Europe, mais continue à tirer de
forts revenus de ses adeptes japonais. Les enfants de Dieu n’ont pas fait de réserve pour les membres âgés qui commencent à être à la charge des Etats, etc.
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
7
L a Maison de Prière : un groupe
marial apocalyptique irlandais
Témoignage
Extraits de l’intervention de Mike Garde, directeur de Dialogue Ireland , lors de la
conférence de la FECRIS « Sectes apocalyptiques : « utopies ratées et conséquences pour
les adeptes », à Perpignan, le 13 octobre 2012
Mike Garde a montré comment une certaine Christina Gallagher, prophétesse se disant
en contact régulier avec la Vierge Marie, soutenue par le père Gerard McGinnity, utilise
l’annonce d’une apocalypse proche pour exercer son emprise sur les membres de la
Maison de Prière, une organisation non reconnue par l’Eglise, installée sur l’île d’Achill,
en Irlande de l’ouest.
A l’origine, le mot apocalypse se rapportait à une révélation de la volonté de
Dieu ; mais aujourd’hui, il recouvre plutôt l’idée que le monde est proche de
sa fin, que la civilisation, telle qu’on la connait, aura, très prochainement, une
fin tumultueuse, avec un événement catastrophique mondial, tel qu’une guerre.
Cette croyance va souvent de pair avec une vision ésotérique du monde qui sera
probablement révélée suite à une confrontation importante entre les forces du
bien et du mal destiné à changer le cours de l’histoire. Cette connaissance ésotérique est souvent transmise par un médiateur, une figure charismatique qui
exerce un ascendant excessif sur des personnes. Le charisme combiné avec l’ésotérisme produit un cocktail puissant difficilement compréhensible.
Pour l’Eglise catholique, l’ère de la « révélation publique » est terminée depuis
la disparition des derniers apôtres. Une apparition mariale, si elle est reconnue
par une autorité ecclésiastique, est traitée comme « une révélation privée » qui
peut faire ressortir un aspect de la révélation mais n’ajoute rien de nouveau à la
foi, et le croyant n’est pas obligé de croire à ces révélations. L’Eglise considère
que ces révélations privées peuvent ouvrir la porte au développement de toutes
sortes de fraudes. Les sites mariaux consacrés à ces révélations privées prolifè-
8
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
rent ; Fatima, Lourdes et Knock, ici en Irlande, ont été officiellement reconnus,
mais ce sont souvent des intérêts commerciaux qui sont derrière les nouveaux
sites et accroissent la pression pour une reconnaissance. Il suffit de penser à
Medjugorje qui s’est rapidement transformé en centre commercial. Il est certain
que l’île d’Achill dépend de la Maison de Prière pour sa survie financière et par
conséquent personne dans la région ne voudra s’exprimer.
Christina a transformé Marie - tendre mère intercédant auprès de son fils dans
la religion populaire - en une mère supérieure qui s’érige en juge, à qui il faut
obéir, et qu’on ne peut apaiser qu’en se plaçant sous l’autorité de Christina et de
son sous-fifre McGinnity. Si vous n’êtes pas dans l’arche de Christina qui s’appelle
Maison de Prière, vous allez vous noyer.
Origine de la Maison de Prière
Christina Gallagher était, selon ses propres termes, « une femme au foyer comme tant d’autres », jusqu’au milieu des années 1980, quand elle eut une vision de
Notre Seigneur, raconte-t-elle. Depuis lors, elle prétend avoir régulièrement reçu
du ciel, des messages dont le ton devenait très menaçant. Elle s’est aussi associée au père Gerard McGinnity, un prêtre lui-même très controversé. En utilisant
des donations d’adeptes en nombre croissant, elle a construit la Maison de Prière
sur l’île d’Achill, la plus grande île d’Irlande au paysage accidenté spectaculaire ;
s’en est suivi un empire de maisons aux Etats-Unis et au Mexique. La propriété de
l’Ile d’Achill est devenue le site de pèlerinages réguliers et fervents.
Christina Gallagher, qui n’a pas de sources officielles de revenus, habite un
manoir de 4 millions d’Euros près de Dublin avec quatre maisons dans le Comté
de Mayo dans l’ouest de l’Irlande. Sans compter l’œuvre de bienfaisance créée
aux Etats-Unis, la Confraternité Notre Dame Reine de la Paix, dont les actifs se
chiffrent à plus de $800 000.
Les preuves d’une telle opulence ont représenté une surprise désagréable et
choquante pour les adeptes de Christina Gallagher, dont certains avaient donné
leurs économies de toute une vie à la Maison de Prière, convaincus que l’organisation avait un grand besoin d’argent. La publication en 2009 du livre « L’Immaculée Supercherie », du journaliste Jim Gallagher, a aussi complètement transformé
l’interprétation de la situation. Avant, on voyait cela dans une sorte de brouillard
théologique, avec des arguments pour et contre le fait de savoir si ces visions
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
9
étaient authentiques ou pas. Jim a suivi la piste de l’argent avec acharnement, et
a démontré que l’utilisation de l’Apocalypse n’était qu’une façon de contrôler les
adeptes. Des adultes vulnérables, âgés pour la plupart, sont « dressés », et rendus
mentalement handicapés. On leur dit de ne pas lire le journal ou regarder la télévision. Il est aussi peu probable qu’ils fassent des recherches sur Internet où ils
pourraient trouver des informations pour éclairer leur intelligence.
Emprise et non théologie
Après que la Maison de Prière eut perdu son statut d’œuvre de bienfaisance en
Irlande, certains adeptes ont été invités à une réunion secrète. « Nous sommes
tous arrivés en autobus, et quand nous sommes arrivés, on était déjà très fatigués », a déclaré une personne, ayant noté que la plupart des présents étaient
assez âgés. « Le Père McGinnity a commencé par réciter le rosaire en entier.
Puis il a commencé à lire des messages envoyés par Notre-Dame et Jésus. Ces
messages étaient très menaçants, disant que la Maison de Prière avait besoin
d’argent, et que si nous étions en mesure d’aider financièrement, nous devions
le faire, sous peine de damnation éternelle dans l’au-delà. On a alors fait circuler une feuille de papier et la somme de un million d’euros a été promise.
Le père McGinnity a déclaré que ce n’était pas suffisant ; à nouveau, il a fait
circuler la feuille jusqu’à ce que la somme de 2 millions ait été atteinte. Deux
ou trois ont dit qu’ils avaient mis de l’argent de côté pour leur vieillesse, mais
le père McGinnity leur a dit qu’il fallait donner cet argent de toute manière,
et qu’on s’occuperait d’eux à l’avenir. C’était comme une hypnose collective à
cette réunion ».
L’utilisation de messages de type apocalyptique afin d’obtenir des donations
semble être devenu une marque de fabrique de la Maison de Prière. Le 18 Juillet
2006, Christina déclara avoir reçu le message suivant de Jésus : « Si la Maison de
Prière au Texas n’est pas libérée de ses dettes d’ici le neuvième mois de cette
année, elle devra être dissoute. La plus grande partie de cet Etat sera rasée. »
L’argent a été recueilli, la Maison a été sauvée, et rien n’est arrivé au peuple
innocent du Texas. De nouvelles escroqueries, telles que la médaille Matrix, des
rumeurs sur la construction possible d’abris anti-nucléaires, et la nécessité de
posséder un certain tableau (qu’ils fournissaient) pour éviter les feux de l’Enfer,
font partie du « stock » de cette femme « mariale ».
10
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
Alors que beaucoup de personnes auraient traité ces missives d’illusoires, le
danger de la Maison de Prière réside dans la crédibilité des adeptes dont la plupart sont âgés et très pratiquants. Ils estiment à tort que c’est une forme plus engagée de catholicisme, et sont décidés à éviter leurs paroisses d’appartenance.
Position de l’Eglise catholique ?
Avec McGinnity à ses côtés, Christina a l’appui de quelqu’un que de nombreux
catholiques fervents considèrent comme un des prêtres les plus pieux d’Irlande :
« c’est le soutien le plus solide de Christina », a déclaré un ancien adepte, « c’est
à cause de lui que j’ai cru en elle. C’est à cause de lui que j’ai donné de l’argent.
Il lui assure toute la crédibilité dont elle a besoin ».
McGinnity est le seul lien réel de Gallagher avec l’Eglise Catholique officielle,
un fait souligné avec force par l’archevêque Michael Neary, dans une déclaration
de 2008, disant que la Maison de Prière ne jouissait d’aucune approbation de
la part de l’Eglise, et il encourageait tous les fidèles à ne pas hésiter, en cas de
doute, à s’adresser au bureau diocésain.
Cette attitude était une bonne position d’attente il y a 15 ans, cependant les
problèmes continuent. La Maison de Prière se dit catholique, et l’archevêque
ne fait rien pour contester cette position. Ce qui encourage les adeptes à passer
outre à ce que dit l’évêque et le faire passer pour incompétent. Ils le défient
ouvertement, et se déclarent Vrais Catholiques.
De nombreux anciens adeptes se sont demandé pourquoi le Cardinal Sean Brady
avait refusé d’intervenir, autorisant ainsi un prêtre dont il est le supérieur à recommander publiquement une organisation qui n’a pas le soutien de l’Eglise.
Voici l’exemple d’une personne qui lui a écrit :
Lettre de la fille d’une adepte au cardinal Brady
« Cher Cardinal,
C’est en tant que catholique inquiète et fille d’une femme fortement induite
en erreur, à cause de la Maison de Prière d’Achill, que je vous écris. Ma mère
a commencé à fréquenter la Maison de Prière d’Achill il y a 8 ans, elle s’y rend
tous les samedis. Elle est très influencée par Christina Gallagher et le père Ge-
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
11
rard McGinnity. Elle a emprunté des sommes importantes pour financer cette
relation avec la Maison de Prière. Ma famille a essayé de la raisonner à de
nombreuses reprises, mais elle ne veut pas écouter et se méfie des membres
de sa famille.
Ma mère était une femme extraordinaire, elle a travaillé pendant 45 ans et a
été récompensée pour son professionnalisme. Elle a été transformée : elle croit
maintenant qu’elle reçoit un message de Dieu qui lui est communiqué par des
visions, elle croit devoir créer une Maison de Prière et elle croit que si elle a
un contact visuel avec qui que ce soit, y compris ses parents et amis, pendant
plus d’une seconde, le diable se précipitera en elle par ses yeux ; elle jeûne
intégralement six jours par semaine et a perdu plus de la moitié de son poids
en 8 ans, alors qu’elle est âgée de plus de 65 ans.
Elle subit fortement l’influence du contrôle mental de la Maison de Prière
d’Achill ; elle a essayé de faire adhérer sa famille aux nombreux supposés messages de la Vierge Marie et de Dieu à Christina Gallagher, qui avaient pour thèmes des conspirations apocalyptiques effrayantes. Elle a acheté de nombreux
objets au magasin de la Maison de Prière. Elle va à la messe jusqu’à six fois par
jour et peut réciter cent rosaires par jour ; elle regarde la chaîne de télévision
religieuse toute la nuit et ne dort pas.
La différence entre l’Eglise Catholique et la Maison de Prière n’est pas claire
pour ma mère, comme pour d’autres membres de la Maison de Prière que je
connais. Ce culte marial a littéralement empoisonné et détruit les relations
entre ma mère et ses parents proches ou éloignés, ses amis et ses connaissances. Elle ne communique plus avec sa famille et ses amis, alors que tous se
préoccupent de sa santé et sa sécurité. Bien qu’elle soit la soignante principale
d’un membre handicapé de la famille, elle s’est récemment approprié – afin
d’obtenir plus d’argent - toutes les économies de cette personne, cachées sous
son lit. Ce dernier a été en grande détresse, et se retrouve avec peu de sécurité
matérielle après qu’elle ait hypothéqué notre maison. C’est une vraie torture
mentale pour notre famille.
Bien que j’aie demandé des conseils aux spécialistes de questions religieuses,
aux médecins généralistes, aux psychiatres, aux professionnels de santé mentale et à la gendarmerie, nos possibilités d’intervenir sont très limitées tant
que l’organisation de la Maison de Prière, avec ses ramifications, n’aura pas
été démantelée. Il est clair qu’il y a un manque de compréhension des abus
12
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
perpétrés par ce groupe sur des adultes vulnérables d’Irlande. Souvent, ceux
qui adhèrent à la Maison de Prière sont des êtres isolés, qui ont souffert suite
à une tragédie grave ou un traumatisme, et qui se sont tournés vers cette
organisation spirituelle pour être aidés et guidés, alors qu’on est en train d’abuser d’eux de manière absolument monstrueuse, à leur insu. Bien que ma mère
semble agir de son propre chef, ce n’est pas le cas ; elle est terrifiée par la
menace de damnation éternelle prédite par Christina Gallagher si elle ne se
plie pas aux sanctions imposées par elle et le Père McGinnity.
Je m’adresse à vous comme fidèle de votre église pour vous prier instamment
de faire acte d’autorité à l’égard de Christina Gallagher et du père McGinnity et
de mettre enfin un terme à ce crime ignoble contre ma mère et les personnes
âgées d’Irlande. »
En conclusion
La notion d’apocalypse sert de point de départ au contrôle de la pensée et à la
mise en sommeil de l’esprit critique.
L’avenir dépend de la réponse de l’Eglise catholique. Va-t-elle agir pour conforter ce processus de contrôle constant de la pensée, ou va-t-elle participer à la libération des esprits que des livres et des articles écrits par des personnes comme
Jim Gallagher peuvent toucher ?
La fonction de notre association est d’être présente auprès de ces victimes et
de leurs familles au moment où elles réagiront et recommenceront à lire et à
s’informer…
Le texte complet de cette intervention est disponible sur le site : http://fecris.org
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
13
Témoins de Jéhovah : décryptage (3)
Pédophilie : Dans une congrégation, les enfants sont-ils
protégés ?
« Nous avons toujours condamné vigoureusement les atteintes de toutes sortes sur
les enfants. Un examen de nos publications, largement diffusées auprès des fidèles
et du public, révèle que nous favorisons à la fois la prévention et l’aide aux victimes. » Communication de l’Association Cultuelle les Témoins de Jéhovah de France,
18 janvier 20081.
En effet, les Témoins de Jéhovah ont toujours condamné les agressions contre les
enfants, mais il semble que, pour cette Organisation, la protection des enfants est
essentiellement du ressort des parents qui peuvent régulièrement lire, dans leurs
publications, des conseils sur ce sujet et des suggestions sur les façons de mettre en
garde leurs enfants contre d’éventuels « prédateurs sexuels ».
Que se passe-t-il quand un cas de pédophilie est porté à
la connaissance des anciens d’une congrégation ?
Comme dans tout ce qui régit la vie des congrégations de Témoins de Jéhovah, les directives sont précises. Elles figurent dans le livre Faites paître le
troupeau de Dieu, réservé aux anciens, et dans une lettre d’instructions adressée par la Congrégation Chrétienne des Témoins de Jéhovah à tous les collèges
d’anciens. Datée du 1er octobre 2012, cette lettre est une mise à jour de tous
les courriers envoyés depuis 1992 concernant la maltraitance des enfants.
Les responsables de la Congrégation doivent « immédiatement appeler le bureau de la filiale pour demander conseil,… » ; dans beaucoup d’Etats, la loi oblige
à signaler aux autorités des accusations d’abus sexuel, et le service juridique
« fournira des conseils juridiques sur la base des faits et de la loi applicable ».
1 http://www.temoinsdejehovah.org/page.aspx?REF=5a2cc957-27ea-4e00-a497-c1d2f7aa2744=
14
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
La Watchtower a-t-elle revu sa façon de traiter ces questions à la suite de
l’affaire Candace Conti ? En juin 2012, en effet, la Cour supérieure du comté
d’Alameda en Californie a estimé que non seulement l’agresseur, mais aussi la
congrégation locale de Freemont Nord et plus encore la Watchtower, étaient
pénalement responsables du préjudice subi par Candace Conti. Celle-ci avait
en effet expliqué que les anciens de sa congrégation, qui n’avaient fait qu’appliquer les règles internes de la Watchtower, savaient que son agresseur avait
déjà dans le passé agressé une jeune fille, mais qu’ils avaient préféré tenir
l’affaire secrète.
Les directives n’ont pas changé : selon l’Organisation, seul son Service Juridique est apte à décider de la conduite à tenir.
Pourquoi un citoyen adulte, censé avoir le sens des responsabilités s’il est
ancien de la congrégation, ne serait-il pas capable de se conformer aux lois de
son pays en alertant lui-même les autorités ?
Les « anciens doivent prendre au sérieux leur responsabilité afin que la
congrégation soit protégée contre toute accusation de négligence irréfutable »
dans la protection des enfants ; ils doivent « aider les parents des enfants
concernés afin qu’ils comprennent qu’ils ont la responsabilité première de protéger leurs enfants ».
Les anciens doivent en outre « enquêter systématiquement sur chaque allégation d’abus sexuel », en se tenant à la règle biblique « des deux ou trois
témoins » :
« Un seul témoin ne pourra se dresser contre un homme à propos d’une faute
ou d’un péché quelconque, pour un péché quelconque qu’il peut commettre. Ce n’est que sur le dire de deux témoins ou sur le dire de trois témoins
que l’affaire tiendra. » (Deut. 19:15)
Aucune mesure ne doit être prise par les responsables de la congrégation s’il
n’y a pas d’aveu ou du témoignage de « deux ou trois témoins oculaires ». S’il
n’y a pas d’aveu, ni deux ou trois témoins, les anciens ne sont pas autorisés à
prendre des mesures au sein de la congrégation, mais ils garderont trace de
l’affaire en rédigeant un compte rendu confidentiel.
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
15
Dans le cas de pédophilie ou d’inceste, l’aveu ou la présence de témoins sontils fréquents ? Dans ces conditions, l’agresseur qui a connaissance de cette règle
religieuse, ne peut que se sentir à l’abri du risque de condamnation.
Dans le cas où l’aveu permet d’engager l’action judiciaire, si la personne ne
se repent pas, la sanction peut aller jusqu’à l’excommunication.
Si l’auteur de l’abus sexuel reconnaît les faits et se repent, il reste membre
de la congrégation, les anciens devant porter une attention particulière à ses
activités et le mettant en garde « pour qu’il s’abstienne de marques d’affection
particulières envers les enfants ».
Et qu’en est-il des enfants qui ne font pas partie de la congrégation et qu’aucune information ne mettra en garde ?
Dans le cas ou les conseils donnés ne sont pas suivis, il faut demander l’assistance du service juridique. Il peut s’agir d’un « prédateur » (quelqu’un qui manque clairement de maîtrise de soi et qui, par ses actions, donne des raisons de
croire qu’il va continuer à s’attaquer aux enfants) ou d’un « pédophile connu »,
ceci ne pouvant être déterminé que par la filiale2. Si tel est le cas, il faudra
avertir les parents ayant des enfants mineurs.
Les Témoins de Jéhovah dénoncent-ils aux autorités les
cas de pédophilie ?
Selon le communiqué officiel déjà cité, l’Organisation manifeste « une volonté de
dénonciation en phase avec les évolutions de la société » :
« Notre ligne de conduite sur cette douloureuse question est claire. Les Saintes
Écritures recommandent expressément d’« honorer le roi «, c’est-à-dire de respecter les autorités et dispositions étatiques et judiciaires (Première lettre de Pierre
2:17 ; Lettre de Paul aux Romains 13:4). Les faits de cette nature doivent être signalés aux autorités et leurs auteurs doivent être punis en conséquence. »
Pourtant, les publications citées en référence s’attachaient essentiellement à
2 Toute accusation d’agression sexuelle sur un enfant étant signalée au Service Juridique de la filiale, celle-ci
détient des informations concernant les individus accusés de pédophilie (prouvée ou non). « Il serait utile
que votre lettre au bureau de la filiale contienne un rapport circonstancié sur l’affaire et explique quelles
sont la condition spirituelle et la situation de l’accusé et de l’accusateur. » Faites paître le Troupeau de Dieu,
Chap 12, §21
16
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
donner des conseils aux parents sur la façon de prévenir les agressions sexuelles sur
les enfants, de les dénoncer éventuellement aux autorités, et ne mentionnaient que
rarement, ou de façon peu encourageante, une obligation pour les responsables de
la congrégation d’alerter les autorités :
« Des juristes conseillent de rapporter les abus aux autorités dès que possible.
Dans certains pays le système judiciaire peut exiger cela. Mais dans d’autres endroits le système judiciaire offre peu d’espoir de voir les accusations aboutir. »
(Réveillez-vous ! 1993 10/8 Page 9).
Comme on vient de le voir, les directives dont disposent les anciens de congrégation à propos des abus sexuels sont très détaillées et il faut se rendre à l’évidence
qu’il n’y est peu fait mention de dénonciation aux autorités. Des consignes précises
sont données sur la nécessité de contacter le service juridique, de rappeler aux parents qu’ils doivent protéger leurs enfants, d’enquêter sur les faits, sur l’accusé et
sur l’accusateur… mais pas d’indication sur la manière de prévenir les autorités.
Une allusion, tout de même, à la liberté d’une victime de dénoncer elle-même
l’agression :
« Un abus sexuel sur enfant est une action criminelle. Ne laissez jamais entendre à quiconque qu’il est préférable qu’il ne signale pas une accusation d’abus
sexuel sur enfant à la police ou à d’autres autorités. Si on vous pose la question,
faites clairement savoir qu’il est laissé à la décision de chacun de signaler ou
non les faits aux autorités et que, quelle que soit la décision d’un chrétien, la
congrégation ne prendra pas de sanction à son encontre. Les anciens n’adresseront jamais de reproches à quelqu’un qui fait état d’une telle accusation aux
autorités. Une victime a le droit absolu de signaler son agression aux autorités si
elle le souhaite. » (Faites paître le troupeau de Dieu, Chap 12, § 19).
Cela veut-il dire que certains sont tentés d’empêcher une victime de porter
plainte ? Ou que les anciens se soustraient à l’obligation de signaler les faits aux
autorités et en laissent la responsabilité aux parents ?
Les enfants sont-ils vraiment protégés ?
En résumé, deux situations se présentent :
Ou bien l’agresseur fait toujours partie des Témoins de Jéhovah, et dans la plupart des cas les membres de la congrégation ne sont pas au courant des actes qu’il
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
17
a commis : les enfants de la congrégation ne sont donc pas spécialement protégés,
pas plus que les enfants qu’il est amené à rencontrer à l’extérieur de la congrégation (éventuellement par son métier)
Ou bien il a été exclu après une procédure judiciaire interne ; mais aucune
dénonciation n’a été faite auprès des autorités et c’est un délinquant sexuel abandonné à lui-même sans assistance médicale, psychologique et juridique.
Il faut enfin noter que la protection des enfants non-Témoins de Jéhovah que
l’abuseur peut être amené à rencontrer dans sa vie professionnelle, par exemple,
n’est jamais évoquée dans les conseils et directives…
Pour conclure, on ne peut que constater que les Témoins de Jéhovah ont, une fois
encore, deux discours : ils affichent une position officielle respectueuse des lois du
pays, mais donnent des directives aux anciens des congrégations qui ne tiennent pas
compte de ces lois.
Mais cette politique, qui place les directives internes au dessus des lois du pays, a
été sévèrement sanctionnée par les juges californiens en condamnant la Watchtower
à 28 millions de dollars de dommages et intérêts dans l’affaire Candace Conti3.
Ce verdict met nettement en lumière la responsabilité de la direction du mouvement dans le manque de protection de certains enfants victimes d’abus sexuels dans
les congrégations de Témoins de Jéhovah, et d’autres victimes ont d’ores et déjà
mis en cause la Watchtower.
3 L’Organsiation a interjeté appel.
18
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
« Dérives thérapeutiques et dérives
sectaires : la santé en danger »
Synthèse (2)
Dans le précédent numéro de Bulles, nous avons publié la première partie de la synthèse
du rapport de la commission d’enquête du Sénat sur « l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé » ; elle concernait le constat de la dimension
thérapeutique dans les groupes sectaires, les points communs entre les dérives sectaires
et les thérapies déviantes et abordait un premier facteur démultipliant les dangers : le
développement des pratiques non conventionnelles.
12è partie (suite) : des dangers démultipliés par différents
facteurs
La diffusion en toute liberté d’une offre de soins non maîtrisée
sur Internet
Tels les mouvements sectaires, les thérapeutes recrutent par des promesses
de deux ordres : la guérison pour le malade et, pour les stagiaires qui achètent
une formation, des perspectives professionnelles particulièrement recherchées
en période de crise… Cette offre, largement diffusée sur Internet, constitue un
marché très lucratif qui génère des exigences financières parfois exorbitantes.
La Haute Autorité de santé (HAS)1 rappelle qu’« un patient sur cinq environ
consulte un site Internet pour rechercher de l’information médicale ou de santé ».
La commission s’inquiète du fait que des pratiques « étranges »2 font l’objet d’un
immense marché de soins parallèles que l’on retrouve notamment sur Internet.
Ainsi Daniel Kieffer, directeur du Cenatho, collège européen de naturopathie
holistique, définit la naturopathie comme la « synthèse des méthodes naturelles
1 Communiqué de presse daté du 27 novembre 2007
2 La Miviludes évalue ces pratiques à 400.
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
19
de santé à vocation préventive, éducative et pédagogique ». Le fait que la naturopathie soit associée à l’iridologie, enseignée au Cenatho, suscite néanmoins
quelques doutes sur la rationalité ses fondements.
Beaucoup plus surprenants encore sont l’« ondobiologie » et son corollaire, la
« chirurgie immatérielle », techniques auxquelles il est impossible d’accorder le
moindre crédit. Selon M. Jean-Marie Bataille, président du Syndicat des ondobiologues, la discipline vise à « extraire les énergies usées - notamment du dos, de chaque côté de la colonne vertébrale - pour que les organes puissent se régénérer. »
Le décodage biologique présenté par Christian Flèche, formateur en décodage
biologique, auditionné par la commission le 17 février 2013, ne semble pas plus
crédible. Il affirme s’être démarqué de l’inventeur du décodage biologique, le
Dr Hamer, condamné à 3 ans de prison ferme en 2004 pour escroquerie et complicité d’exercice illégal de la médecine.
L’analyse des mesures d’alerte quant au risque sectaire sur Internet fait apparaître un décalage entre la profusion de renseignements proposés par des praticiens de médecines non conventionnelles, parfaitement organisés, et la rareté
des informations provenant des autorités susceptibles d’éclairer les citoyens
avec des données objectives.
La commission a procédé à une recherche sur Internet en tapant les mots « cancer médecines naturelles » sur Google. La première réponse fournie par le moteur
de recherche est « quand la médecine naturelle soigne mieux » ; la deuxième correspond à un article intitulé « Cancer - les médecines douces font leurs preuves »
Le site e-cancer.fr, de l’Institut national du cancer (Inca) n’arrive qu’en troisième position.
Les modalités d’indexation semblent avoir été bien comprises par les promoteurs de pratiques dangereuses pour la santé. En effet, comme l’indique le président de la Miviludes, « sur Internet, les sites les mieux référencés en matière
de vaccination sont ceux de groupes antivaccinaux donnant les adresses de médecins délivrant des certificats de complaisance. Les accidents de la vaccination
y sont mis en exergue, ses bienfaits, pourtant considérables, occultés ».
Compte tenu des risques, les pouvoirs publics doivent définir une véritable
stratégie de communication.
Pour améliorer l’information médicale en ligne, la commission préconise entre
autres de :
• Renforcer la sécurité de l’information des internautes en garantissant que
20
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
toute recherche en lien avec les pratiques thérapeutiques non conventionnelles
débouche, en premier lieu, sur les messages officiels provenant d’autorités telles que le ministère de la santé, la Haute Autorité de santé ou la Miviludes.
• Mieux informer les internautes en créant, sur le site du ministère de la santé,
un répertoire de notices descriptives de ces pratiques, assorties le cas échéant
de messages d’alerte sur d’éventuels risques de dérives sectaires.
Le champ de la formation
Selon la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle
(DGEFP), « depuis plusieurs années, on constate un flux constant de déclarations
de nouveaux organismes de formation dans les domaines du développement des
capacité mentales et comportementales, du développement personnel et parfois de la psychologie et de la santé ».
Dans le champ de l’enseignement supérieur, deux cas sont à distinguer pour
l’analyse du risque sectaire dans le domaine de la santé : les diplômes universitaires délivrés par les universités et les formations prétendues « qualifiantes »
proposées par des établissements d’enseignement privés qui dispensent des faux
diplômes. La référence à des titres universitaires et l’utilisation d’un vocabulaire pseudo-académique constituent un mode de légitimation destiné à attirer
des individus à la recherche d’une formation.
Une amélioration de la situation est possible, si l’on se réfère aux progrès accomplis tout récemment en matière de contrôle par la DGEFP (circulaire de 2010
et instruction de 2012). Cet effort doit donc impérativement être poursuivi. Il
faut pour cela :
• Sensibiliser tous les acteurs de la formation : les Organismes Paritaires Collecteurs Agréés (OPCA) et les collectivités « acheteuses » de formations. Cette
action de sensibilisation serait incomplète si elle n’associait pas le ministère de
l’Enseignement supérieur et de la recherche.
• Recenser les diplômes universitaires et conditionner la délivrance d’un diplôme universitaire (DU) à l’appartenance à une liste nationale publiée par le
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.
• Coordonner les efforts et définir une responsabilité partagée des acteurs de
la formation, impliquant l’ensemble des intervenants. Cette coordination pourrait s’appuyer sur une plateforme d’information commune à laquelle participeraient les services fiscaux. En outre, cette plateforme constituerait de manière
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
21
opportune un réseau d’alerte et de conseil qui permettrait aux intervenants
d’échanger au moindre doute de dérive.
• Créer un label afin d’éviter que des financements publics ne viennent soutenir le développement de formations à des pratiques thérapeutiques non validées qui pourraient être porteuses de dérives sectaires. Actuellement, la stricte
application du droit de la formation professionnelle rend toute appréciation de
fond susceptible d’être jugée discriminatoire.
Une réponse globalement insuffisante des pouvoirs publics
Alors même que les phénomènes sectaires sont de plus en plus complexes à
appréhender et nécessitent une véritable expertise, la commission a observé un
véritable décalage entre les témoignages des praticiens du droit sur l’existence
de phénomènes sectaires et la connaissance de ces phénomènes par certains
services ministériels.
La commission d’enquête juge nécessaire de rétablir un référent spécialisé au
niveau départemental en matière de dérives sectaires, doté de véritables « capacités de coordination et d’animation », au sens de la circulaire du Premier ministre
du 27 mai 2005. Elle estime nécessaire qu’en 2013 le ministre de la justice rappelle
l’obligation de désigner un magistrat référent au sein de chaque parquet général,
qui participe aux groupes de travail préfectoraux. Pour elle, il est impératif que,
quel que soit le format choisi, un groupe de travail se réunisse au niveau départemental au moins une fois par an pour évoquer la question des dérives sectaires.
Les services de police et de gendarmerie ont pris la mesure de la spécificité
de la menace liée aux dérives sectaires et se sont dotés d’outils adaptés pour
y faire face, et notamment de structures spécialisées dans ce type d’affaires.
D’ailleurs, selon les renseignements fournis par les services du ministère de l’intérieur, les signalements par le canal associatif ou par la Miviludes constituent
un fait générateur important de leur action.
Concernant le domaine plus spécifique de la santé, l’action de la SousDirection des Informations Générales (SDIG) est particulièrement centrée sur la
surveillance de l’offre thérapeutique émanant de praticiens déviants ou « autoproclamés ». La cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires (Caimades) a mené des investigations dans une quarantaine de dossiers.
Selon M. Christian Hirsoil, sous-directeur de l’information générale, plus de 50%
sont en lien avec la santé.
22
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
Enfin, la gendarmerie est intervenue en 2011 dans 37 affaires judiciaires en
lien avec des dérives sectaires3.
A la fin de l’année 2012, sur les 49 affaires diligentées en matière de dérives
sectaires, la Gendarmerie nationale recensait 17 enquêtes en cours ou clôturées, plus ou moins liées au domaine de la santé.
La commission a pu constater l’implication de la Direction générale des douanes et des droits indirects dans le contrôle des ventes de médicaments sur Internet.
L’action des Ordres est quant à elle limitée : d’une part en raison des pouvoirs
dont ils disposent, d’autre part en fonction de leur implication dans la lutte
contre les dérives sectaires.
La commission d’enquête souhaite que soit renforcée la coopération internationale, et en premier lieu européenne, tendant à empêcher l’exercice à
l’étranger des praticiens radiés par leur ordre professionnel national. En effet,
rien n’empêche une personne radiée d’un ordre d’exercer une autre profession,
quand bien même elle serait dans le domaine de la santé.
L’Ordre des sages-femmes alerte sur les doulas. L’Ordre des médecins s’inquiète lui de la vague de médecine chinoise. L’Ordre des pharmaciens conteste
quant à lui les demandes de reconnaissance de la profession d’herboriste.
L’exercice illégal n’est pas négligeable, il est source de dérives dangereuses.
Les Ordres n’ayant pas compétence pour sanctionner l’exercice illégal de leur
profession, ils doivent saisir le procureur de la République. Il semble toutefois
que l’Ordre des médecins pourrait être plus diligent dans les signalements qu’il
effectue. La commission d’enquête regrette que l’exercice illégal d’une profession de santé ne soit pas davantage sanctionné, et que les recommandations et
plaintes des ordres ne soient pas mieux suivies par les autorités publiques.
En dépit du progrès que constitue la réglementation du titre de psychothérapeute, celle-ci laisse entier le problème lié à l’intervention, sans contrevenir
à la loi, de « psychotechniciens », « psychoconseillers », « psychospécialistes »
ou, tout simplement, « coachs ».
Afin de compléter les dispositions existantes, la commission d’enquête souhaite
que les Agences Régionales de la Santé (ARS) puissent interdire l’usage du titre
de psychothérapeute aux praticiens qui ne respectent pas les obligations légales.
Cette disposition serait un moyen de pallier l’absence d’ordre professionnel.
3 Contre 18 affaires en 2010, 25 affaires en 2009 et 13 en 2008
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
23
Un contrôle inexistant de la vente des appareils pseudo médicaux
Pendant cette enquête, la commission a été surprise de constater l’impunité
qui caractérise les offres les plus douteuses de produits ou d’appareils vendus
comme ayant des effets sur la santé. Elle s’étonne du décalage entre les exigences auxquelles sont soumises, par exemple, les ventes de produits alimentaires
(dates de péremption, par exemple) ou de jouets, et l’impunité totale qui semble caractériser la vente d’appareils pseudo médicaux.
Un arsenal législatif complet
Les affaires touchant aux dérives sectaires sont très particulières. Elles se
caractérisent par des dépôts de plaintes peu fréquents et souvent tardifs, des
enquêtes complexes et des difficultés particulières en matière d’établissement
de la preuve. De l’avis de la plupart des personnes auditionnées, l’arsenal législatif actuel est cependant suffisant pour permettre de réprimer les agissements
des mouvements à caractère sectaire.
Comme l’a exprimé M. Xavier Ronsin, directeur de l’Ecole nationale de la magistrature (ENM), lors de son audition, « Comme autrefois les incestes, il y a
une large part de faits qui restent méconnus, qui ne sont malheureusement pas
portés à la connaissance de la justice. Je pense donc qu’il faut une extrême
vigilance de la part des magistrats pour détecter que, dans telle situation, il y a
peut-être un sujet d’emprise ou de dérive sectaire ».
L’appréhension du phénomène sectaire par l’autorité judiciaire se heurte fréquemment à l’absence de plaintes, à la rareté des témoignages qui par ailleurs
peuvent varier dans le temps, voire à la rétractation, en cours de procédure, des
victimes qui s’étaient constituées partie civile.
L’une des principales difficultés réside dans le fait que l’adepte ne se considère pas comme une victime et vit en état de dépendance totale du gourou.
Les victimes renoncent souvent à porter plainte car elles peinent à admettre
qu’elles se sont trompées. La honte d’avoir été manipulées, la peur des représailles, les empêchent parfois de porter leur affaire devant la justice. Le coût
d’une action à l’issue incertaine peut également être dissuasif.
Les victimes ont également besoin de se reconstruire psychologiquement avant
de déposer plainte. Or, pendant ce temps, les délais de prescription de l’action
publique courent. Ce délai est de trois ans en matière délictuelle, dix ans en
matière criminelle.
24
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
Dans le champ pénal, les dérives sectaires sont appréhendées à la fois par des
infractions de droit commun et par une infraction spécifique : le délit d’abus
frauduleux de l’état de faiblesse. Selon Mme Marie-Suzanne Le Queau, directrice
des affaires criminelles et des grâces au ministère de la justice, « L’introduction
en 2001 du délit spécifique d’abus frauduleux de l’état de faiblesse permet de
couvrir au plan pénal, avec les infractions de droit commun […], l’ensemble
des comportements liés à des dérives sectaires ». Les termes retenus par la loi,
assez généraux, laissent au juge un large pouvoir d’appréciation en fonction des
faits et permettent de surmonter les difficultés juridiques liées au consentement
donné par les adeptes à tous les agissements demandés.
La loi de 2001 est également venue renforcer les sanctions applicables aux
personnes morales.
Les atteintes aux biens les plus fréquemment relevées par les tribunaux sont
l’escroquerie, l’extorsion de fonds ou l’abus de confiance.
Concernant les atteintes aux personnes, sont applicables les dispositions relatives par exemple aux homicides ou blessures involontaires, à la privation de
soins, ou à la non-assistance à personne en danger. Les infractions peuvent être
relatives à d’autres codes :
• Code de la santé publique : l’exercice illégal de la médecine ou de la pharmacie, l’administration de substances nuisibles ainsi que l’usurpation de titre.
• Code du travail : infractions telles que le travail dissimulé,
• Code de la construction et de l’urbanisme,
• Code général des impôts,
• Code des douanes : infractions en matière douanière, notamment en ce qui
concerne les déclarations de mouvements internationaux de capitaux (article
464 du code des douanes).
En ce qui concerne les mineurs, depuis la loi du 5 mars 2007 relative à la protection de l’enfance :
• Le défaut de déclaration à l’état-civil, délit prévu et réprimé à l’article 43318-1 du code pénal
• Le défaut de vaccination, prévu et réprimé à l’article L. 3116-4 du code de
la santé publique.
• La législation sur l’obligation scolaire.
Selon les services de la direction des affaires criminelles et des grâces (DACS),
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
25
la création d’un délit autonome d’emprise mentale n’est pas opportune, car elle
serait particulièrement difficile à caractériser en l’absence d’éléments matériels précis.
L’emprise mentale, en tant que telle, ne donne pas lieu à une indemnisation
particulière pour la personne qui la subit mais la victime peut obtenir du juge la
réparation de ses conséquences (matérielles, ou morales) sur le fondement du
droit commun et du délit d’abus de faiblesse.
Les autres personnes compétentes pour agir
Dans la mesure où les victimes sont souvent réticentes à agir et où le parquet
ne peut s’autosaisir, une forte mobilisation de l’entourage des victimes et des
acteurs de terrain est nécessaire pour lutter contre les dérives sectaires. Le premier moyen d’action est la plainte avec constitution de partie civile.
La commission d’enquête invite le ministre de la Justice, dans une prochaine
circulaire de politique pénale, à appeler les procureurs de la République à une
vigilance toute particulière lorsqu’ils sont saisis, en application de l’article 854,
d’une plainte des proches d’une personne potentiellement sous emprise sectaire.
A défaut d’une plainte avec constitution de partie civile, le deuxième moyen
d’engager l’action publique est le signalement au procureur de la République.
Dans le prolongement de ce qu’elle a préconisé en matière de plainte devant
le procureur de la République, préalable à la constitution de partie civile, la
commission souhaite que, dans une prochaine circulaire de politique pénale, le
ministère de la Justice apporte des précisions aux parquets concernant l’appréciation des suites à donner à ces signalements, permettant ainsi une harmonisation des pratiques des tribunaux.
S’agissant de l’appréciation de l’emprise mentale, il existe un décalage entre
les progrès accomplis par les services de police et de gendarmerie et l’insuffisante sensibilisation des magistrats au phénomène.
Ce hiatus tient à la force particulière qui s’attache, dans notre droit, à la
notion de « libre consentement », qui s’accorde mal avec l’idée qu’une personne, majeure et dotée de ses pleines capacités mentales, puisse tomber sous
l’emprise d’un « gourou ». Or, la commission n’a pu que constater la réalité et
la force destructrice incroyable de l’emprise mentale sur les adeptes, quels que
4 Relatif à la constitution de partie civile
26
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
soient leur âge, leur situation socioprofessionnelle ou leur sexe.
Face à la complexité de ces problématiques, la circulaire du 19 septembre
2011 est venue apporter quelques éléments d’appréciation à destination des
magistrats, pour leur permettre de caractériser le délit d’abus frauduleux de
faiblesse d’une personne en état de sujétion psychologique.
La commission estime que les experts sont trop peu nombreux et insuffisamment formés à ces problématiques. C’est pourquoi, elle estime nécessaire de
doter chaque parquet général d’un expert spécialisé compétent en matière de
dérives sectaires et particulièrement formé à l’appréciation de l’état de sujétion psychologique.
La commission demande qu’à tout le moins, les magistrats référents « dérives
sectaires » présents dans chaque parquet général, en application de la circulaire
du 1er décembre 1998, suivent la session de formation continue proposée par
l’École Nationale de la Magistrature.
Pour conclure, le rapport détaille quarante et une propositions formulées par
la commission visant à endiguer un danger dont elle a mesuré, audition après
audition, la gravité.
« Tout ceci pourrait être considéré comme relevant de la sphère juridiquement protégée, du libre choix des personnes, voire de leur liberté de conscience. Les pouvoirs publics ont néanmoins le devoir de protéger les citoyens contre
ceux qui abusent de leur faiblesse ou compromettent leurs chances de guérison,
voire de survie. »
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
27
Faits et nouvelles
Miviludes
Les personnes âgées, cible des sectes
Depuis quelques années, la Miviludes reçoit au moins une fois par semaine la demande d’une
fille ou d’un fils concernant ses parents âgés, et tous les jours, des signalements « à propos de
méthodes, de produits et d’interventions suspects »…
La Mission a pu identifier deux types d’abus sectaires : celui concernant les adeptes vieillissants qui ont pendant 20 ou 30 ans travaillé bénévolement sans être déclarés. « Jetés dehors
parce qu’ils ne sont plus actifs et représentent un poids pour l’organisation », ils se retrouvent
démunis et vivent pour certains dans « des conditions de dénuement extrême ». L’autre type
d’abus sectaire concerne les personnes qui se sont intéressées à des « mouvements » et qui,
à partir du moment où elles sont retraitées, deviennent des « proies », surtout si elles sont
propriétaires, qu’elles ont des biens et sont un peu éloignées de leur famille…
Par ailleurs, le président de la Miviludes, Serge Blisko, a reçu une alerte des Petits Frères
des Pauvres. Ces derniers ont pu constater que des personnes âgées solitaires ou isolées,
avaient été contactées par des groupes intéressés par l’argent.
Compte tenu de toutes ces dérives, un contrôle sur les dons, les héritages et les testaments
s’avérerait indispensable.
D’autre part, le président de la Mission travaille avec le ministère de la Santé, en particulier
Michèle Delaunay, ministre déléguée en charge de l’Autonomie et des Personnes Agées,
pour faire le tri entre les nombreux appareils et péri-médicaments proposés aux personnes
âgées dans certains journaux : ce qui n’est pas dangereux pour la santé, ce qui peut soulager les douleurs et ce qui n’a aucune efficacité.
Enfin, Serge Blisko a alerté les directeurs des Ehpad en rappelant les tentatives d’intrusion
par le biais de la formation professionnelle destinée au personnel. Beaucoup de formations
ne sont pas contrôlées.
Les directeurs des Ehpad, tout en respectant la liberté des résidents se doivent, d’une
manière générale, d’être vigilants et d’observer s’il n’y a pas d’emprise morale et de mouvements financiers suspects. « S’ils ont des doutes ou des suspicions », ils doivent prévenir
la Miviludes, voire avertir la famille du résident. En fonction de la gravité, la Mission alerte
la mairie et les services sociaux, ou bien encore saisit la justice.
(Source : EHPAD Magazine, Julie Martinetti, juin-juillet 2013)
28
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
Revue de presse
En France
Phénomène sectaire
Guadeloupe / Sept femmes recluses
« Sur les hauteurs de Marie Gaillard au Gosier », sept femmes et deux enfants vivent isolés du monde dans une communauté créée il y a huit ans par une femme, Heptsiba, âgée
aujourd’hui de 56 ans.
Ancienne infirmière, cette dernière a changé radicalement de vie après que Dieu lui ait
révélé que les îles de Guadeloupe « sauveront le monde ». Elle s’est alors installée sur
une montagne et a entrepris de construire une arche « semblable » ( ?) à celle de Noé.
(Source : France-Antilles, Christopher Jacobin, 17.07.2013)
Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours
La CNIL autorise les mormons à numériser l’état civil français
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a autorisé l’église mormone
à numériser l’état-civil français et à le rendre accessible « sous conditions » sur internet.
La CNIL rappelle que la société mormone Family Search (anciennement Société généalogique d’Utah), possède déjà une collection d’images de registres d’état civil et des
registres paroissiaux de plus de cent ans, constituée grâce à l’accord conclu en 1960 avec
les Archives de France. 70 % de l’état-civil français, correspondant à 80 départements
français, serait déjà entreposé dans les bunkers souterrains de Salt Lake City sous la
forme de microfilms.
L’église mormone considère « que si un mormon parvient à établir un lien de parenté avec
une personne décédée, l’aïeul peut être considéré comme mormon, à titre posthume et
sans son consentement ».
(Source : Le Figaro avec AFP, 13.06.2013 & Street Press, 12.06.2013)
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
29
Mandarom
Un montage juridique à démonter
En 1969, Gérard Bourdin créait Le Mandarom. Par la suite, le fondateur s’était rebaptisé
Seigneur Hamsah Manarah de l’Ordre des Chevaliers du Vajra Triomphant de l’Aumisme.
A la mort du fondateur en 1998, l’administration fiscale française avait imposé les activités commerciales du Mandarom au régime de taxation habituel.
Mais au début 2013, la Cour européenne des
droits de l’homme condamnait la France à
rembourser plus de 3,5 millions d’euros
d’imposition au Mandarom. En outre, l’Etat
français est tenu de payer les intérêts et
les frais de justice pour un montant approchant 50.000 euros. Il n’y a pas eu appel de
ce jugement.
Pourtant, les adversaires du Mandarom et
notamment l’Association pour la protection
des sites du Verdon dont le président est
Robert Ferrato n’ont pas « baissé les bras ».
Le combat de ce dernier avait « connu un
épisode fracassant » le 24 septembre 2008
avec la destruction de la principale statue
du Mandarom : celle du fondateur, Gilbert
Bourdin, haute de 33 mètres ! Robert Ferrato était déjà parvenu à bloquer le projet
de construction d’un « temple pyramide »
d’une hauteur [lui aussi !] de 33 mètres qui
avait déjà entraîné d’importants travaux
« dans des conditions de légalité très suspectes ». Au terme d’une série de recours,
le Mandarom avait été condamné à remettre le site du Verdon dans son état initial
mais « l’association » liée au Mandarom
qui gérait les travaux du « temple pyramide » n’existe plus. Un montage juridique
complexe de sociétés liées au Mandarom
conduit aujourd’hui à une « fondation »
domiciliée à Vaduz, capitale du Liechtenstein. Robert Ferrato et l’association dont il
est président cherchent à obtenir la mise
en cause de cette « fondation ».
En attendant, les affaires continuent et le
« monastère » du Mandarom dit Shambha
Salem organise des visites du site, deux
fois par jour pendant 45 minutes. Entrée :
5 euros.
(Source : Fait-religieux.com, 27.07.2013)
Scientologie
Indemnités refusées
Le tribunal administratif de Nantes vient de rejeter une demande d’indemnisation de
7.000 euros présentée par la Scientologie à la ville d’Angers. La Scientologie devra en
outre payer les frais de justice.
30
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
Petit rappel des faits. En octobre 2007, sur l’une des plaquettes de la Scientologie, intitulée « Le Chemin du Bonheur », figurait la mention « présenté par Jean-Claude Antonini,
maire d’Angers », accompagnée du logo de la ville. Au revers de la plaquette se trouvait
la photo du maire, avec une autre mention : « les valeurs sont importantes ».
En réaction à cette usurpation, le 29 octobre 2007, le maire avait alors pris un arrêté
interdisant la diffusion de tout document scientologue à Angers. Sauf que le tribunal administratif avait en 2010 estimé que cette interdiction était « disproportionnée » et avait
frappé cette interdiction de nullité.
La Scientologie avait alors déposé une nouvelle réclamation pour obtenir « réparation »,
demandant 7.000 euros à la ville d’Angers et 3.000 euros à l’Etat français qui aurait dû
interdire plus tôt l’arrêté… Ce que le tribunal administratif vient donc de rejeter.
(Source : Courrier de l’Ouest, Jean-Yves Lignel, 13.07.2013)
Témoins de Jéhovah
« Sept ans de réflexion »
Un habitant de Péronne (81), âgé de 78 ans, ancien Témoin de Jéhovah, vient d’être
condamné par la cour d’assises de la Somme. Le 7 juin 2013, il a été conduit à la maison
d’arrêt d’Amiens (81) où il devra passer sept années d’emprisonnement.
Entre 1988 et 1996, il avait agressé sexuellement et violé plusieurs de ses petites filles.
Après avoir écarté des faits prescrits, l’ordonnance de mise en accusation a finalement
recensé cinq victimes. Deux d’entre elles s’étaient portées parties civiles. Au cours du
procès, Il a aussi été révélé que l’accusé avait violé sa fille en 1964.
Lors de l’enquête, il était apparu que des membres de la famille avaient été alertés tout
comme les Témoins de Jéhovah. Il semblerait, selon un témoin direct, que le Péronnais ait
d’abord été « pardonné à condition qu’il ne recommence plus ». Mais les actes de pédophilie
ayant continué, il aurait fait l’objet d’une excommunication par le Collège des anciens.
Les faits n’avaient pas été transmis à la justice. Cette absence de transmission est un reproche régulièrement fait aux Témoins de Jéhovah. Trois de leurs responsables avaient été
convoqués devant la cour d’assises de la Somme. L’un d’entre eux, « ministre du culte à Péronne depuis 1995, soutient qu’il avait incité « la famille à porter plainte ». Cette réponse fait
« bondir » l’avocate générale, Clémence Peyrou, qui lui assène que « s’il n’y avait pas prescription », il serait dans le box aujourd’hui parce que cette affaire avait été traitée à huis clos
et que les faits de pédophilie avaient « recommencé ». Le « ministre des cultes » demande
comment il aurait pu « vérifier » qu’il ne recommencerait pas. Ce à quoi l’avocate générale
lui explique que c’est là « le travail de la police, des gendarmes et des magistrats ! »
(Source : Courrier Picard, Tony Poulain, 07.06.2103 & 08.06.2013)
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
31
Mensonges, sexe et omerta
Lyon Capitale revient sur l’affaire de Péronne (81), passée inaperçue dans les médias,
exception faite du Courrier Picard (lire la synthèse précédente).
Cette affaire impliquait un ancien Témoin de Jéhovah, âgé de 78 ans qui, entre 1988
et 1996, avait agressé sexuellement et violé sept de ses petites filles, toutes sœurs ou
cousines. L’omerta de la famille et des Témoins de Jéhovah de Péronne n’avait été brisée
qu’en mars 2010.
Ce dossier avait permis de mettre en lumière les pratiques
Les pédophiles sont
des Témoins de Jéhovah qui agissent « en marge des insprotégés par une loi
titutions » et qui avaient « dissimulé pendant vingt deux
du silence
ans les viols aux yeux de la justice ». En matière d’abus
William H. Bowen a passé
sexuels sur mineur, l’organisation des Témoins de Jéhovah
43 ans chez les Témoins de
applique en effet ses propres règles, « édictées par un colJéhovah américains dont 15
lège de hauts dirigeants » appelés « anciens », basés à la
en tant qu’ « ancien ». SuiWatchtower, la société mère de Brooklyn en Pennsylvanie
te à la découverte d’abus
(Etats-Unis). Le manuel réservé aux « anciens » a pour titre
sexuels sur mineurs commis
« Faites paître le troupeau de Dieu ». Il énonce que deux
au sein de l’organisation,
personnes au moins doivent avoir été témoins de l’agres« connus » mais « cachés
sion sexuelle. Ainsi lorsqu’un enfant est interrogé et qu’un
par la direction », il quitte
pédophile incriminé nie les faits, le seul témoignage de
les Témoins de Jéhovah
l’enfant victime n’est pas suffisant. « Les anciens sont tepour fonder « Silentlambs »
nus de lui demander de produire deux témoins oculaires »
(Les Agneaux silencieux),
comme si un agresseur agissait en présence d’un témoin !
une association de victimes
Rappelons que le « code pénal interne » des Témoins de
d’abus sexuels perpétrés
Jéhovah s’appuie sur une référence biblique, le Deutédans l’organisation.
ronome [cinquième livre de la Bible hébraïque ou Ancien
Il a publié sur son site une
Testament], écrit en 1473 avant notre ère. Les Témoins de
base de données apparteJéhovah l’appliquent à la lettre.
nant aux Témoins de JéhoAuditionné il y a quelques années, lors de la commisvah, faisant état de 23 720
sion d’enquête parlementaire « relative à l’influence des
cas d’agressions sexuelles
mouvements à caractère sectaire » et aux conséquences
et de viols. La base date de
de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des
2002. Aujourd’hui, il estime
mineurs, Alain Berrou, ancien responsable, explique que
que cette base contient plus
le mouvement a tout un système de « justice parallèle »
de 40.000 noms d’agreset que c’est le Collège des anciens qui détermine « la
seurs d’enfants.
meilleure solution pour la Congrégation et sa réputation »
(Source 
:
Lyon
Capitale,
dans le cas d’une agression d’enfant.
Guillaume Lamy, juillet-août
La jurisprudence française recense des condamnations de
2013)
32
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
Témoins de Jéhovah pour non-dénonciation de crimes ou non-assistance à personne en
danger dans des affaires d’inceste et/ou de pédophilie. Et à Péronne, seule une prescription de trois ans a évité aux responsables de la congrégation locale de se retrouver dans
le box des accusés.
Si Péronne n’a pas suscité d’intérêt dans la presse nationale, en revanche l’affaire Candace Conti qui s’est déroulée outre-Atlantique, « a fait la une de tous les grands médias
de la planète ». L’affaire concerne une jeune Témoin de Jéhovah agressée par un autre
adepte. Elle était mineure à l’époque des faits. Il y a un an, la Cour supérieure du comté
d’Alameda en Californie, jugeant cette affaire de pédophilie, a condamné la Watchtower
Bible & Tract Society of New York Inc, l’entité juridique des Témoins de Jéhovah, à payer
28 millions de dollars de dommages et intérêts. Les juges avaient alors condamné « la
politique du secret » de l’organisation. A noter que la dite organisation a fait appel. Un
jugement devrait avoir lieu dans les prochains mois.
(Source : Lyon Capitale, Guillaume Lamy, juillet-août 2013)
Université de la Relation
Le gourou sur le banc des accusés en 2014 ?
Le procès du gourou Gabriel Loison et de son ex-compagne, Julie Baschet, 39 ans, accusés de viols ou de complicité de viols et d’abus de faiblesse sur une mineure, qui devait
s’ouvrir le 1er juillet 2013 et se poursuivre durant cinq jours, devant la cour d’Assises
de Loire Atlantique, a été renvoyé. Une nouvelle audience pourrait être programmée en
janvier 2014.
Le président de la cour d’assises, Dominique Pannetier, qui avait prononcé le huis clos
total à l’ouverture des débats, a en effet ordonné deux contre-expertises psychiatriques
du gourou et de sa compagne, à la demande de Me Olivier Morice, avocat de cette dernière. Le renvoi se justifie également par le fait que Me Morice a cité une quarantaine de
témoins parmi lesquels se trouverait Georges Fenech, ancien président de la Miviludes.
En 1995, Gabriel Loison, 73 ans, avait fondé L’Université de la nature, de l’écologie et
de la relation.
Lui et sa compagne avaient été interpellés en Espagne le 26 mars 2011.
Gabriel Loison organisait des stages en France et à l’étranger. La « première étape initiatique » d’un coût de 1.600 euros se déroulait au Maroc pendant 21 jours, suivie d’une
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
33
session à 10 000 euros, de trois semaines, en Espagne ou au Costa Rica. Enfin, un stage de
72 jours se déroulait au Costa Rica, moyennant 2.300 euros. Au programme : tantrisme et
relations sexuelles en groupe.
La famille d’une mineure âgée de 14 ans au moment des
En Loire-Atlantique, les agisfaits, dont les parents participaient aux stages, a déposé
sements de Gabriel Loison
plainte fin 2010 pour viol et agressions sexuelles. Une autre
ont été suivis par Dominivictime, âgée aujourd’hui de 30 ans, a elle aussi porté
que Hubert, présidente de
plainte. Les deux victimes sont parties civiles au procès.
l’ADFI Nantes. L’Université
Gabriel Loison a été placé en détention préventive.
de la Relation avait compté
jusqu’à 200 membres mais
(Source : Presse Océan, Yan Gauchard, 01.07.2013)
aujourd’hui, les relais du
gourou dans le département
L’ex-compagne espère l’acquittement
répondent « 
aux abonnés
absents ».
Officiellement,
l’association Portefort, orJulie Baschet, bras droit de Gabriel Loison, a opéré un reganisatrice de conférences
virement le 25 janvier 2012, alors qu’elle était placée en
au cours desquelles Gabriel
détention provisoire. Elle avait alors exprimé des remords
Loison recrutait de nouveaux
et une volonté de rompre avec Gabriel Loison. Me Olivier
adeptes, n’est plus active.
Morice, son avocat, plaidera donc l’acquittement sur la
base d’une nouvelle expertise commandée au professeur
(Source : Presse Océan,Yan Gaude psychiatrie, Marc Peyron.
chard, 01.07.2013)
(Source : Presse Océan, Yan Gauchard, 01.07.2013)
Chamanisme
« Néo-chamanisme, les voyages du surplace »
Les Occidentaux « cherchant à faire vivre » artificiellement un chamanisme, se voient
« contraints » d’inventer un néo-chamanisme en puisant à différentes sources pour élaborer « leurs croyances ».
Et dans ce cadre du néo-chamanisme occidental, «nombreux sont les authentiques manipulateurs à bricoler des cérémonies rituelles » tout en développant une mécanique
d’emprise mentale sectaire !
En 1951, la connaissance occidentale du chamanisme a été marquée par l’analyse de
Mircea Eliade(1) dans son ouvrage « Le chamanisme et les techniques archaïques de
l’extase », venu « populariser des données de référence » sur le sujet. Pour l’ethnologue contemporain, Michel Perrin, la définition du chamanisme d’Eliade est mot pour mot
« celle du néo-chamanisme actuel tel qu’il est pratiqué par certains Occidentaux ».
34
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
Pour Guy Rouquet, du site Psychothérapie Vigilance, ce fut la publication des premiers
ouvrages de Carlos Castaneda qui constitua « l’acte de naissance » du néo-chamanisme.
« De même que le chamanisme est pluriel, le néo-chamanisme se décline en plusieurs
volets », mais le recours aux hallucinogènes n’y est pas automatique, observe-t-il. Le
sujet est incité « à trouver sa vraie nature, son maître intérieur, son esprit allié, son
animal de pouvoir »…
L’univers de la contre-culture des années 60 et 70 « fut un terrain propice à l’expérimentation des transes chamaniques dont l’une des portes présumée serait la consommation de plantes hallucinogènes ». Par son refus de la rationalité scientifique et « son
mysticisme anti-Lumières affiché », l’œuvre de Mircea Eliade fut ainsi « précieuse » à
la contre-culture émergente. Avec des auteurs tels que lui, « certains beatniks, hippies,
écologistes et New-Agers trouvaient une analyse intellectuelle fustigeant la modernité,
le désenchantement du monde, et plus largement, l’Occident ».
La contre-culture fit du chamane un personnage capable de régenter l’ordre du monde
« intégralement vivant » en le simplifiant. Avec le chamane traditionnel, en effet, les
néo-chamanistes disposent « d’une figure humaine capable de régenter, à elle seule,
l’harmonie du réel ». Mais avec lui, « la liberté n’est pas le fruit du consentement
mutuel des individus mais une structure codifiée par cette unique figure tutélaire qui
décide et édicte, seul, un grand nombre de règles pour le groupe ». Ces aspects sont
« séduisants » pour les intellectuels anti-Lumières.
Reste que les pratiques du néo-chamanisme, proches à bien des égards des préceptes
du New Age, sont propices à de très nombreuses dérives sectaires « contre lesquelles la
Miviludes met en garde ».
Il existe en effet une « porosité » entre les adeptes occidentaux du New Age et ceux
du néo-chamanisme : les matrices sont, sur de très nombreux points, similaires. Même
si la Miviludes informe des risques qu’encourent les pratiquants du néo-chamanisme,
cela n’empêche pas des revues d’en faire la promotion ou de trouver « des relais de
l’industrie culturelle » tel le réalisateur Jan Kounen. Ce dernier est un adepte du néochamanisme auquel il a consacré films et ouvrages apologétiques, notamment son documentaire « D’autres mondes », fruit de sa rencontre avec les Shipibo d’Amazonie
péruvienne et leur plante hallucinogène, l’ayahuasca. Son film, « pensé comme une
invitation au voyage », renoue avec la tradition de la contre-culture anti-Lumières des
seventies. A bien des égards, « D’autres mondes » peut être considéré « comme une
invitation à la consommation de l’ayahuasca ». Jan Kounen viendra ensuite témoigner
sur la chaîne de télévision LCI, dans les magazines culturels urbains en vogue ou sur le
plateau de Thierry Ardisson, « de ses expériences mystiques hallucinées », accréditant
ainsi que la consommation d’un stupéfiant est « une médecine traditionnelle » et une
« ouverture vers le monde ».
Enfin avec l’émergence du néo-chamanisme est également apparu le tourisme chamanique, dédié aux Occidentaux. Ils peuvent ainsi contourner l’interdiction d’ingérer
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
35
des décoctions psychotropes hallucinogènes et séjourner dans « des villages vacances »
appelés « centres de médecine chamanique ». Mais de ces voyages qui se veulent initiatiques, les Occidentaux ne reviennent pas tous sains et saufs.
Le comble est que cette nouvelle manne financière liée au « tourisme initiatique » en
Amazonie déstabilise l’économie locale des contrées amazoniennes. Car l’afflux des
devises des Occidentaux, qui bénéficient souvent au chef de village, incite les Indiens à
se consacrer exclusivement à cette activité très lucrative, au détriment du développement d’une véritable économie.
(Source : Golias, Jean-Baptiste Malet, janvier-février 2013)
(1) Des événements « méconnus » de la biographie de Mircea Eliade ont récemment révélé
qu’il fut sympathisant d’un « mouvement d’extrême droite fasciste sanguinaire ». Il était,
entre autres, un farouche ennemi des Lumières… (Source : Golias, janvier-février 2013)
Développement personnel
Rencontre chrétienne de l’Ennéagramme
Dans un article « Apprenez à vous connaître grâce à l’ennéagramme » et sous deux
rubriques : « Bien vivre » et « Spiritualité », le journal La Vie présente un événement
« phare » : « les Rencontres chrétiennes de l’ennéagramme » qui auront lieu, du 9 au
11 novembre 2013, à Saint-Etienne (42).
Ces « rencontres » sont organisées par le diocèse de Saint-Etienne et La Vie.
L’événement a été « élaboré » en collaboration avec le Centre d’études de l’ennéagramme (CEE) et en partenariat avec la radio RCF Saint-Etienne.
Le postulat de ces « rencontres » est de mieux se connaître et d’identifier les traits de
sa personnalité à travers l’ennéagramme.
Plus de 600 personnes sont attendues dont de nombreux auteurs-conférenciers : théologiens, philosophes, psychologues…
[Rappelons que l’ennéagramme se présente comme un modèle de la structure de la
personnalité humaine. Ce modèle aboutit à neuf configurations différentes : le perfectionniste, l’altruiste, le battant, le romantique, l’observateur, le loyaliste, l’épicurien,
le chef, le médiateur].
(Source : La Vie, Albert Fauré, 27.06.2013)
En juin 2011, l’UNADFI avait rendu compte du débat que soulevait la pratique de l’ennéagramme.
36
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
Ainsi, en 2003, le Conseil pontifical pour la culture et le Conseil pontifical pour le
dialogue interreligieux avaient mis en garde contre l’ennéagramme dans un document
commun consacré au Nouvel Age… Selon ces deux structures, l’ennéagramme utilisé
« comme instrument de croissance spirituelle, introduit une ambiguïté dans la doctrine
et la pratique de la foi chrétienne ».
Néanmoins, selon un article de La Croix1, plusieurs instituts religieux, des animateurs
dans des centres spirituels, des thérapeutes qui animent des sessions en milieu chrétien… proposent de nombreuses initiations à l’ennéagramme par le biais du développement personnel. Selon ses promoteurs, cet outil aiderait à repérer quel « évitement
compulsif » est adopté le plus fréquemment par une personne en fonction de blessures
d’enfance, ou bien encore « à mieux comprendre les réactions et les motivations intérieures des personnes »…
Suite à cet article de La Croix, la Coordination « Pastorale, nouvelles croyances et dérives sectaires » de la Conférence des évêques de France avait apporté quelques« précisions » :
La Coordination avait ainsi rappelé que si l’ennéagramme peut être considéré comme
un outil de connaissance de soi « non validé cependant par des études universitaires »,
il ne peut être privilégié ni surtout dissocié d’une démarche d’ensemble ou d’une vision
spirituelle plus large. Il « a sa cohérence propre » mais ne peut pas « avoir de prétention théologique ». Enfin la Coordination ne trouvait pas inutile de situer l’ennéagramme dans son « histoire », demandant s’il faut « distinguer la compréhension actuelle
que l’on peut avoir de l’ennéagramme et la référence à la pensée de Gurdjieff ».
La Coordination terminait sa réflexion en affirmant « exercer une mission de vigilance
et de discernement ecclésial, dans un contexte marqué par une dispersion des recherches et le développement, direct ou plus subtil de nouveaux types de dérives ».
(Source : La Croix, Mgr André Dupleix & Mgr Denis Lecompte & M. Bertran Chaudet, juin 2011)
1 La Croix, Claire Lesegretain, 15.06.2011
Terre du Ciel : le verdict est tombé
Le tribunal de grande instance de Chalon a rendu son verdict dans le procès des responsables de l’association Terre du Ciel, Alain Chevillat et son épouse.
Installée au domaine de Chardenoux à Bruailles en Bresse (71), l’association propose des
stages de développement personnel en faisant appel à des intervenants extérieurs.
Plusieurs infractions au code du travail, notamment du travail dissimulé, leur était
reprochées.
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
37
Au final, le responsable de Terre du Ciel a été, par jugement contradictoire, reconnu
coupable de prêt illicite de main-d’œuvre, de travail dissimulé et d’emplois non déclarés. Il a en revanche été relaxé des chefs d’accusation de travail dissimulé à l’égard
de stagiaires.
Il devra s’acquitter d’une peine de 1.500 euros d’amende. A cette dernière s’ajoutent
les dommages et intérêts des trois parties déclarées recevables, dont l’URSSAF.
L’épouse du responsable a, quant à elle, été relaxée de l’ensemble des poursuites.
(Source : Le Journal de Saône et Loire, 04.06.2013)
Reiyukai
La face cachée du reiyukai charentais
Le reiyukai1 faisait partie de la liste des sectes du rapport parlementaire de 1995. Venu
du Japon, il se revendique du bouddhisme.
En Charente, « les têtes de pont » du mouvement se défendent « de toute dérive sectaire ». Selon l’une d’elle, il y aurait à peine 80 adhérents dans le département. Un chiffre
sous-estimé, selon d’anciens adeptes, qui évaluent le chiffre entre 120 et 150.
Le mouvement se répartit en deux « cercles ». L’un d’eux est mené par un professeur de lycée d’Angoulême et l’autre par un avocat. Ils sont identifiés comme étant les « recruteurs »
du mouvement. Ce que confirme la présidente de l’ADFI Nantes, Dominique Hubert, qui
souligne qu’avant l’arrivée du professeur à Angoulême, « il n’y avait pas d’adhérents en
Charente ». Les dirigeants jurent ne pas faire de prosélytisme. Pourtant « les membres
ont une obligation morale d’attirer chacun cinq personnes », affirme Dominique Hubert.
Ce qui est confirmé par les anciens adeptes.
Le professeur assure qu’il n’évoque jamais le reiyukai au sein du lycée. « Tout juste
concède-t-il en parler à des gens qu’il sent réceptifs ». La présidente de l’ADFI Nantes
présente une version quelque peu différente et précise que le mouvement recrute surtout
des personnes fragilisées à la suite d’une rupture, de difficultés familiales ou professionnelles… Elle raconte ainsi qu’un homme « qui traversait une passe difficile » s’est fait
recruter par cet enseignant. Il est devenu 100 % reiyukai, a quitté sa femme et a, pour
nouvelle compagne, une adepte ».
De son côté l’avocat confie qu’il lui arrive de parler du reiyukai à des gens avec qui il a
des affinités. « Ils peuvent venir à une réunion si ça les intéresse et laisser tomber par
la suite ». Dominique Hubert qui reçoit à la permanence de l’ADFI Nantes des appels
1 Le reiyukai est arrivé en France à la fin des années 70. Il comprendrait plus de trois millions d’adeptes
dans le monde dont 1.500 en France.
38
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
de personnes se plaignant d’être harcelées par le mouvement parce qu’elles ont refusé
d’adhérer n’est évidemment pas d’accord.
Le reiyukai « fait des dégats » au sein des couples ou au cœur des familles. Ainsi en est-il
de Jean dont l’épouse très investie dans le mouvement a « perdu tout son libre arbitre »
et de Marie qui s’inquiète pour son enfant âgé d’une dizaine d’années car son ancien
conjoint est un adepte fervent du reiyukai… Marie se demande comment réagira son enfant à l’adolescence, une période où les jeunes sont plus fragiles et influençables.
Il y a deux ans, des voix « s’étaient élevées dans le monde de l’enseignement » pour
dénoncer l’ampleur prise par le mouvement, « son enracinement et son influence pernicieuse » sur les écoliers et les lycéens. Dominique Hubert ne manque pas de rappeler
« que de très nombreux adeptes sont des enseignants ».
(Source : La Charente Libre, Laurence Guyon, 09.05.2013)
A l’étranger
Colonia Dignidad
Chili / Demande d’extradition
La Cour Suprême vient d’autoriser un juge à demander l’extradition d’un médecin allemand, Hartmut Hopp, appartenant à la secte Colonia Dignidad, et qui s’était enfui en
Allemagne en 2011.
En janvier 2013, la cour suprême du Chili avait confirmé une peine de cinq ans de prison
contre lui. Il était en effet accusé d’être le complice du chef de la secte, Paul Schäfer,
dans le viol de 4 garçons et l’abus sexuel de 16 autres.
Rappelons que Paul Schäfer avait fondé la secte, la Colonia Dignidad, près de Parral au
Chili, en 1961. Les locaux de la secte avaient ensuite servi de centre de torture pendant
la dictature du général Pinochet.
Paul Schäfer est mort en prison en 2010 alors qu’il purgeait une peine de 20 ans pour des
agressions sexuelles sur 25 mineurs.
(Source : D’après traduction de « Chilean court approves extradition request for former sect leader,
New York Times, Pascale Bonnefoy, 08.07.2013)
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
39
Méditation Transcendantale
Belgique /Une secte s’infiltrerait dans l’enseignement
Des conférences « écoles sans stress » ont été organisées, notamment à Bruxelles et à
Gand, par le Mouvement Maharishi.
Mais selon le Centre d’Information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles
(CIAOSN), « les affirmations du mouvement Maharishi concernant la supériorité scientifique constatée de leur forme de méditation sont totalement fausses ». La forme de
méditation en question est la Méditation Transcendantale, conçue par Maharishi Mahesh
Yogi il y a plus de quarante ans. La méthode consiste à méditer quinze minutes deux fois
par jour à l’école et le stress disparaîtra pour les élèves et les professeurs.
Le coût du programme est de 1.200 euros. Mais exceptionnellement, les enseignants
flamands et bruxellois ne paient que 450 euros « s’ils s’inscrivent tout de suite » !...
Des tentatives pour pénétrer le milieu de l’enseignement flamand ont eu lieu en 2007
et 2010.
(Source : Le Soir, Didier Zacharie avec Belga, 01.06.2013)
Scientologie
Etats-Unis / Elle quitte la Scientologie avec fracas
L’actrice, Leah Remini, vient de quitter la Scientologie après avoir subi, explique-t-elle
dans un communiqué de presse, « des années de lavage de cerveau ».
Selon sa sœur, Nicole, ancien membre de l’organisation, Leah aurait posé des questions
trop insistantes sur l’absence de l’épouse du chef de la Scientologie, David Mescavige,
qui n’est pas apparue en public depuis 2007, date correspondant au mariage de Tom
Cruise et de Katie Holmes.
Leah Remini aurait ensuite été soumise à des interrogatoires et des séances de « modification de pensées ». Puis, de nombreux membres de sa famille auraient été placés sous
surveillance et auraient fait l’objet d’une enquête.
L’actrice, âgée de 43 ans, était scientologue depuis trente ans. Elle a pu compter sur le
soutien de Paul Haggis, le célèbre scénariste lui aussi ancien membre de l’organisation.
Ce dernier a publié une lettre ouverte dans « Hollywood reporter » pour défendre la
comédienne attaquée par ses anciens amis scientologues.
(Source : Le Journal de Montréal, Isabelle Hontebeyrie / Agence QMI, 12.07.2013 & Pure People,
02.08.2013)
40
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
Etats-Unis / Projet de loi pour contrôler Narconon Arrowhead
Le gouverneur de l’Etat de L’Oklahoma, Mary Fallin, vient de signer un projet de loi
instituant le contrôle par l’Etat de centres pour toxicomanes, tels Narconon Arrowhead
lié à la Scientologie.
Le projet de loi découle d’une enquête sur une série de décès qui ont eu lieu dans le
centre Narconon Arrowhead au cours de ces derniers mois.
(Source : D’après traduction de mcalesternews.com, Jeanne LeFlore, 07.05.2013)
Suisse / Des écoles vaudoises approchées par une association scientologue
Au printemps 2013, des établissements scolaires ont reçu un DVD intitulé « L’histoire des
droits de l’homme », accompagné d’un dossier pédagogique, réalisé par l’association « Des
Jeunes pour les Droits de l’Homme ». Or, cette association est liée à la Scientologie.
Le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) a opposé « un
veto formel », avec menace de procédure juridique. Le DFJC rappelle enfin que le règlement stipule que l’école doit respecter « les convictions religieuses, morales et politiques
des enfants et de leurs parents » et que « toute forme de propagande » y est interdite.
(Source : 24heures, Lise Bourgeois, 28.06.2013)
Témoins de Jéhovah
Norvège / Scandales à la Watchtower
Début décembre 2012, des journaux, magazines et des chaînes de télévision norvégiens
ont entrepris d’exposer au public les faits et les secrets occultés au public de la puissante
Société des Témoins de Jéhovah, la Watchtower.
NRK (Norsk Rikskringkasting, NRK), média norvégien appartenant au service public comportant deux chaînes de télévision, trois stations de radio et un site internet, a mis sous les
projecteurs de l’actualité toute une série de cas démontrant qu’une « justice interne » est
appliquée chez les Témoins de Jéhovah. Les informations émanent d’anciens membres de
l’organisation ayant eu une expérience dans ce genre d’affaires et qui ont servi à des postes
clés. Il leur avait été demandé d’étouffer des cas d’agressions sexuelles.
Dans une série d’articles, NRK.no (le site internet de NRK), a mis l’accent sur les Témoins
de Jéhovah qui ont été impliqués cette année dans plusieurs affaires de pédophilie au niveau international.
Ainsi aux Etats-Unis, en juin 2012, la Société Watchtower a été condamnée à payer par la
Cour supérieure du comté d’Alameda en Californie, 2,8 millions de dollars à Candace Conti,
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
41
26 ans. Entre 1995 et 1996, cette dernière, alors âgée de 9 ans, avait été abusée à plusieurs
reprises par un membre de la congrégation de Freemont Nord en Californie. Son agresseur,
Jonathan Kendrick, avait déjà fait plusieurs victimes. Fin 1993, il avait été convoqué par les
« anciens » de la congrégation pour deux faits semblables et « sanctionné » en perdant sa
charge « d’assistant ministériel ». Toutefois, ni les membres de la congrégation locale ni la
police n’avaient été informés de ses actes. Kendrick avait pu conserver « la confiance » des
familles de la congrégation et « gagner l’amitié » des parents de la jeune Candace avant
d’abuser d’elle. En conséquence, la Cour californienne avait
également condamné les « anciens » de la congrégation à Etats-Unis / Une vidéo
payer 910.000 dollars pour négligence.
compromettante pour
En faisant comparaître la Société Watchtower en justice, les Témoins de Jéhovah
Candace Conti a montré « l’incapacité de ce mouvement
à traiter les cas de délinquants sexuels en son sein, particulièrement ceux qui concernent les cas de pédophilie, Un journal local de San Diele plaçant ainsi en infraction avec la loi. Par ailleurs, Can- go, 10News, rapporte être
dace Conti a mis au grand jour « l’hypocrisie des dirigeants en possession d’une vidéo
de la Watchtower » qui prétendent protéger les enfants et qui prouve que les Témoins
les femmes alors qu’elle contraint dans le même temps de Jéhovah ont couvert des
les « anciens » à faire usage de leur « règle des deux té- abus d’enfants pendant des
moins » dans toute affaire de pédophilie ! En effet, une années.
des règles internes des Témoins de Jéhovah précise qu’il Dans la vidéo que s’est prodoit y avoir au moins deux témoins pour qu’un crime, un curée 10News, un pédophile
viol par exemple, soit « reconnu ». Selon les sources de Gonzalo Campos admet qu’il
NRK, les responsables locaux sont encouragés à informer a abusé de plusieurs enfants
immédiatement le siège de l’organisation mais ne sont pas dans la congrégation de San
incités à prévenir la police.
Diego à partir du début des
Enfin, la conseillère politique d’Amnesty Norvège, Patri- années 1980 jusqu’au milieu
cia Maria Kaatee, explique sur le site internet de NRK que des années 90.
les dirigeants des Témoins de Jéhovah ont des « pratiques Les Témoins de Jéhovah ne
d’un autre siècle » et posent des questions intimes d’ordre l’ont jamais dénoncé et il fait
sexuel à des jeunes filles. D’autres organisations pour les toujours partie des membres
droits sexuels considèrent qu’un tel interrogatoire est une de l’organisation.
agression. NRK rapporte qu’une jeune Témoin de Jéhovah Il a fui les Etats-Unis et
âgée de 20 ans avait témoigné d’une scène : elle avait été se trouve maintenant au
obligée de décrire en détail devant trois dirigeants son ex- Mexique.
périence sexuelle afin qu’ils puissent déterminer son re- (Source : D’après « 10 obtains
pentir par rapport « à l’acte » qu’elle avait commis !
video of admitted child mo(Source : Média Norvégien NRK.No , décembre 2012 & http://exjw.com/norwegian-media-exposes-watchtower-scandals & www.
change.org/fr/petitions/affaire-candace-conti, mai 2013)
42
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
lester in Jehovah’s Witnesses », 10News, Mitch Blacher,
22.07.2013)
Santé
Maroc / Le Ministère de la Santé » veut interdire les guérisseurs sur les ondes
Un communiqué du Ministère de la Santé stipule qu’il saisit la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), lui demandant de mettre fin aux émissions « dites de
conseil pour la santé, animées par des personnes se disant spécialisées soit en médecine,
en nutrition diététique et en herboristerie ».
Interrogé, le directeur de la division de la communication au sein du ministère de la
Santé, fait référence à un article de loi qui fixe les formes de publicité interdites, notamment celles comportant, entre autres, « des indications mensongères sur la santé et
incitant à la pratique illégale de médecine ou de charlatanisme ».
De son côté, le Centre national antipoison et de pharmacovigilance dénonce une augmentation du nombre des intoxications suite à l’absorption de préparations conseillées
par des animateurs d’émissions dites de conseils pour la santé.
(Source : medias24.com, Imane Azmi, 15.05.2013)
Le journal marocain « Libération », fait référence à la législation qui stipule que « nul
ne peut accomplir aucun acte de la profession médicale s’il n’est pas inscrit à l’Ordre
national des médecins » et « être titulaire du diplôme de docteur en médecine délivré
par l’une des facultés de médecine marocaines ou d’un titre ou diplôme d’une faculté
étrangère reconnu équivalent par l’administration ». La loi interdit tout exercice illégal
de la médecine, c’est-à-dire qu’elle interdit à toute personne de procéder, entre autres
actes, à des « consultations verbales »… (Source : Libération, Hassan Bentaleb, 17.05.2013)
Sorcellerie / magie noire / Exorcisme
Australie / Symposium sur la sorcellerie
Du 5 au 7 juin 2013, un symposium sur la sorcellerie s’est tenu à l’Université nationale
australienne à Canberra. Une telle manifestation est une première. Elle traduit l’inquiétude liée au phénomène de la sorcellerie dans cette région du monde. Une trentaine de
spécialistes provenant de trois pays particulièrement touchés par la « chasse aux sorcières » : la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon et le Vanuatu ont partagé leur
expérience. Environ 200 personnes se sont déplacées pour participer au symposium.
Rappelons que les meurtres liés à des accusations de sorcellerie inquiètent l’ONU, Amnesty International et des organisations non gouvernementales. Il y a en effet de quoi
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
43
s’alarmer. En Papouasie Nouvelle-Guinée, la presse a relaté plusieurs meurtres commis
par des « commandos de justiciers autoproclamés ». L’un des conférenciers du symposium, le missionnaire Philip Gibbs, a relevé qu’entre 2000 et 2007, 121 soi-disant
sorcières ont été tuées ou « sérieusement maltraitées » dans la province de Chimbu, en
Papouasie. « Et ce n’est que la pointe de l’iceberg, puisque la majorité des victimes ne
se manifestent pas ».
(Source : Les Nouvelles calédoniennes, Laurence Arthur, 10.06.2013)
Inde / Assassinat d’un militant rationaliste
Narendra Dabholkar a été abattu en pleine rue le 20 août 2013, à Pune, ville située
dans l’Etat du Maharashtra. Depuis dix ans il menait une campagne avec son association
rationaliste « Maharashtra Andhashraddha Nirmoolan Samiti (MANS) appelée aussi « Committee for the Eradication of Blind Faith » visant à interdire les pratiques rituelles « obscurantistes et dangereuses ». Il avait abandonné sa carrière de médecin pour se consacrer
à « démasquer les charlatans » qui abusaient de l’ignorance des gens pour monnayer des
pratiques magiques dont des sacrifices humains, notamment de jeunes enfants. Il dirigeait également une revue hebdomadaire.
Le militant s’était attiré « l’inimitié féroce » des extrémistes hindous mais aussi de la
secte des Varkaris très influente dans la région du Maharashtra. Ces derniers lui reprochaient de vouloir détruire « les traditions et les croyances hindoues en décrédibilisant
les pratiques liées à la magie noire ou tantrique ».
Persuadé que la lutte contre la magie noire et « les pratiques superstitieuses » allait de
pair avec le recul de l’ignorance, Dabholkar avait lancé des programmes de sensibilisation
dans les écoles de l’Etat du Maharashtra et avait, entre autres, mis en place une campagne de promotion de l’éducation des femmes. Mais son projet phare était un projet
de loi qui proposait de « faire interdire les pratiques, la promotion et la propagation du
sacrifice humain et autres pratiques inhumaines, malfaisantes et relevant de la magie
noire, ainsi que la pratique illégale de la médecine par des gourous, guérisseurs et autres
charlatans ». Il prévoyait également de sanctionner ces pratiques par une peine de prison
ferme de six mois à sept ans, ainsi que d’une amende de 5.000 à 50.000 roupies, tout en
« veillant à l’exécution de ces mesures par le contrôle d’agents de l’Etat ayant pouvoir
d’enquêter, de poursuivre et de condamner les contrevenants ».
Le combat que menait Narendra Dhabolkar ne semble pas avoir été vain puisque le lendemain même de son assassinat, et à l’issue de manifestations houleuses, le ministreprésident de l’Etat a signé une ordonnance le 21 août 2013, afin de promulguer le projet
de loi. Le texte n’attend plus que la validation du gouverneur pour être présenté au vote
définitif de l’Assemblée, annonce le Times of India du 22 août 2013.
(Source : EDA (Agence d’information de la Société des Missions Etrangères de Paris), 22.08.2013)
44
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
à signaler
Enquête sur les créationnismes – Réseaux, stratégies et objectifs politiques
Cyrille Baudouin & Oliviers Brosseau, Editions Belin (Collection Regards), mai 2013
Au-delà de leur diversité, tous les créationnismes se caractérisent par leur volonté
d’instrumentaliser la science pour justifier une vision du monde conforme à certains
dogmes religieux. Leur démarche est politique.
Fruit d’une enquête minutieuse et riche d’interviews de spécialistes reconnus, cet ouvrage,
qui s’adresse à un vaste public, est à la fois un recueil d’informations sur les créationnismes
et un outil indispensable pour exercer son esprit critique dès lors que la science est convoquée pour justifier des positions politiques.
Après avoir rappelé les spécificités de la démarche scientifique, les deux auteurs explorent
la diversité des mouvements créationnistes et les ressorts de leur mondialisation, en livrant
une analyse inédite de leurs réseaux, de leurs stratégies et des contextes politiques dans
lesquels ils émergent, y compris en France. Ils montrent ainsi combien le créationnisme
est à la croisée de questions sociétales majeures, comme le rôle politique des religions, la
privatisation de l’enseignement et la place de la science dans une démocratie.
Olivier Brosseau et Cyrille Baudouin, respectivement docteur en biologie et ingénieur en
physique, se sont spécialisés dans la diffusion de la culture scientifique. Ils enquêtent sur
les créationnismes depuis plusieurs années et sont les auteurs de divers travaux sur le
sujet, dont un ouvrage sur le créationnisme paru en 2008.
La préface est écrite par Guillaume Lecointre, professeur au Muséum national d’histoire
naturelle, et directeur du Département Systématique et Evolution de ce même Muséum.
(Source : D’après note de l’éditeur, 2013)
Iô (1)
Claire Vajou, Editions Odile Jacob,
septembre
2010
Claire, une jeune intellectuelle mystique en recherche spirituelle, tombe sous l’influence
d’un moine orthodoxe, membre d’une église minoritaire. Fascinée par ce type de spiritualité et sa tradition contemplative, elle se convertit et décide de rejoindre un monastère
situé sur une île de l’archipel grec, Kastallos.
Elle passera quinze années de sa vie au sein d’une communauté fermée, rétrograde, fondamentaliste et isolée de tout avant de s’en enfuir.
L’homme qui dirige le monastère où elle « arrive pour toujours », appelé «père » » ou « des-
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
45
pote », jouit du privilège de pouvoir « résider à demeure ». Claire constatera la vénération
que les quinze moniales présentes ressentaient pour lui. Elle-même rentrera dans le moule,
lui manifestant les marques de respect en usage. Car lui résister était impensable. Certes,
il entretenait de «curieux » liens avec « ses » moniales, écrit Claire dont les sentiments
deviendront au fil des années troubles et ambivalents, passant à son égard de la haine à une
jalousie « ravageuse », le maître s’octroyant, auprès d’elle et sans doute auprès d’autres
moniales, des prérogatives d’ordre sexuel destinées uniquement à son propre plaisir ! Claire
parle du despote comme partageant les « égarements » à la fois de Sade et de Casanova !
Consciente de l’emprise qu’il exerçait sur elle, elle parle « d’une adhésion pathétique » à
laquelle elle ne pouvait cependant pas se soustraire.
Après toutes ses années d’endoctrinement et une survie désespérée, et bien que « penser
par elle-même » lui soit devenu très « difficile », Claire finira par mettre en place avec
succès un plan pour s’enfuir… de cette (autre) antre du Minotaure !
(1) Iô, personnage de la mythologie grecque, était la maîtresse de Zeus. Elle donnera son
nom à la mer Ionienne…
Propagande noire
Georges Fenech & Alexandre Malafaye, Editions Kero,
janvier
2013
Un thriller judiciaro-politique, une intrigue intense… Georges Fenech, magistrat et député,
ancien président de la Miviludes, et Alexandre Malafaye, écrivain, signent ensemble un
premier roman.
L’action se déroule à Lyon, la ville où pour la première fois dans la France de l’après-guerre
un juge, François Renaud, avait été assassiné…
Le juge campé par les deux auteurs s’appelle Renan Le Goff. Saisi d’une enquête sur la mort
d’un adepte des survivalistes, il va s’attaquer à la secte « la plus puissante du monde »qui
lancera alors contre lui une méthode infaillible pour tenter de l’éliminer : la propagande
noire.
(Source : Quatrième de couverture & France 3 Rhône-Alpes, 07.03.2013)
Bande dessinée
L’Evadé de la secte
Revue XXI, L’Information Grand Format, n°23, Eté 2013
Le dessinateur Renaud de Heyne est parti à la rencontre d’un ancien adepte de la Scientologie… dans le Beaujolais. Il a retranscrit son témoignage dans une bande dessinée,
démontrant tout le « mécanisme d’embrigadement ».
46
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
Dons
A bonnements
Je soutiens l’UNADFI et je fais
40 €
60 €
75 €
150 €
Autre : ...........€
un don de :
A la réception des dons, l’UNADFI, association reconnue d’utilité publique par décrêt du 30
avril 1996, délivre un reçu fiscal (articles 200 et 238 bis du Code général des impôts).
Particuliers - Votre don est déductible de l’impôt sur le revenu à hauteur de 66 % (dans la limite
de 20 % du revenu imposable).
Entreprises - Votre don permet une réduction d’impôt de 60% dans la limite de 5%o du chiffre d’affaire.
Je m’abonne à la revue
BulleS de l’unadfi
FRANCE
Abonnement de 1 an / 4 numéros
Abonnement de 2 ans / 8 numéros
Souscription à un abonnement : .......€
Je m’abonne et je
la revue BulleS
ÉTRANGER
25 €uros
30 €uros
48 €uros
50 €uros
Renouvellement d’abonnement : .......€
soutiens
FRANCE
Abonnement de 1 an / 4 numéros
Abonnement de 2 ans / 8 numéros
Souscription à un abonnement : .......€
ÉTRANGER
30 €uros
35 €uros
60 €uros
70 €uros
Renouvellement d’abonnement : .......€
NOM - Prénom : …………………………………………………………………………………………………
Adresse : ……………………………………………………………………………………………………………
E-Mail : ………………………@………...………… Date et signature :
Ci-joint le versement de la somme de : …..........… €
Versements par chèque bancaire ou mandat administratif à l’ordre de l’UNADFI (voir l’adresse au dos de la revue).
Conformément à l’article 27 de la loi du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux
données vous concernant. Seule l’UNADFI est destinataire des informations et s’engage à ne pas les transmettre.
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
47
BulleS
N°119
La revue trimestrielle de l’UNADFI
Bulletin de liaison pour l’étude des sectes
Directrice de publication : Catherine Picard
Rédigé par l’équipe de l’UNADFI - Paris
Maquette et mise en page  : Nicolas Thouvenin - [email protected]
Impression : COMPEDIT BEAUREGARD S.A.
Zone industrielle Beauregard - 61600 LA FERTE MACE
ISSN 0758-3370
Numéro tiré à 2500 exemplaires
Union Nationale des Associations de Défense
des Familles et de l’Individu victimes de sectes
Centre d’accueil, d’étude et de documentation sur les mouvements sectaires
L’UNADFI est une association nationale qui informe sur le phénomène
sectaire et joue un rôle essentiel dans la prévention et l’aide aux
victimes à travers les 29 associations locales de défense des familles et
de l’individu (ADFI) et les 8 antennes.
L’UNADFI regroupe et coordonne les ADFI depuis 1982. Elle a été reconnue
d’utilité publique en 1996, et a reçu les agréments du Ministère de
l’Éducation nationale, ainsi que du Ministère de la Jeunesse, des Sports
et de la Vie associative.
L’UNADFI est membre associé de l’Union Nationale des Associations
Familiales (UNAF), membre actif de la Fédération Européenne des
Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme (FECRIS) et reste
indépendante de tout mouvement religieux, idéologique ou politique.
UNADFI - Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes
130, rue de Clignancourt - 75018 PARIS - Tél.: 01 44 92 35 92 - Fax : 01 44 92 34 57
Siret n° : 335255956 00039
48
BulleS - N°119 - 3è trimestre 2013
Associations membres de l’UNADFI
Vous pouvez soutenir notre action en adhérant à l’ADFI de votre région
ADFI Alpes Maritimes : 3 bis, rue Guigonis - 06300 Nice
adfi ALSACE : ARES / 10, rue d’Ankara - 67000 Strasbourg
ADFI aube  : 8, rue de la Mission - BP 70103 - 10003 Troyes Cedex
adfi aude : Rue Jacques de Vaucanson - BP 1022 - 11850 Carcassonne Cedex 9
adfi 63 AUVERGNE : Maison des asso - 2, boulevard Trudaine - 63000 Clermont-Ferrand
adfi bordeaux : 31, rue de Cursol - 33000 Bordeaux
Antenne ADFI 24 : Maison dép. de la vie sociale - 2, Cour Fénelon, 24000 Périgueux
adfi Bretagne sud : B.P. 34 - 56520 Guidel
adfi Champagne ardenne sud lorraine : BP 108 - 52103 St Dizier Cedex
adfi gard : 9, rue de la Trompe - 30700 Uzes
Adfi haute bretagne - mayenne : BP 10421 - 35004 Rennes Cedex
adfi hérault : 85, rue Passereaux - 34000 Montpellier
adfi loire : 25, rue Gouttebarge - 42000 St Étienne
adfi lot & garonne : BP 80146 - 47004 Agen Cedex
adfi lyon : Palais de la mutualité - 1bis, place Antonin Jutard - 69003 Lyon
Ant. Dijon : Maison des associations - 2, rue des Corroyeurs - Boîte U3 - 21000 Dijon
adfi martinique : Cité bon Air - Route des Religieuses - 97200 Fort de France Cedex
adfi midi-pyrénées : 57 rue Bayard c/o UDAF31 - BP 41212 - 31012 TOULOUSE cedex
Ant. Tarn - Aveyron : 3, Place de l’Église - 81100 Burlats
adfi nantes : BP 88723 - 44187 Nantes Cedex 4
Ant. Maine et Loire : B.P. 88 723 - 44187 - NANTES CEDEX 4
adfi nord pas de calais - picardie : 19, place Sébastopol - 59800 Lille
adfi normandie : 74, bd Dunois - 14000 Caen / Courrier - BP 6298 - 14067 Caen Cedex
Ant. Haute Normandie : Courrier - BP 6298 - 14067 Caen Cedex
adfi Paris : 42, rue Léon - 75018 Paris
ADFI Poitou : UDAF - 24, rue de la Garenne - 86000 Poitiers
adfi provence : Le Ligourès - Place Romée de Villeneuve - 13090 Aix-en-Provence
adfi pyrénées atlantiques : Villa Ducontenia - 12, av. Ithurralde - 64500 St Jean de Luz
Ant. Pau : BP 257 - 64502 Saint Jean de Luz
adfi pyrénées orientales : UDAF - rue Déodat de Severac - 66000 Perpignan
adfi sarthe : UDAF - 67, boulevard Winston Churchill - 72019 Le Mans Cedex 2
adfi deux savoie - isère : Maison des asso. - 67, rue St François de Sales - 73000 Chambéry
sofi - ADFI VAL DE MARNE : BP 22 - 94141 Alfortville Cedex
adfi touraine  : 9, rue Chanoine Dalmas - 37000 Tours
Ant.Loiret : 1, Cloître St Pierre Le Puellier - 45000 Orléans
adfi yvelines  : Maison de la Famille - 14, rue du Parc de Clagny - 78000 Versailles
06 32 42 60 15
06 12 40 87 47
06 78 07 46 27
04 68 47 72 00
04 73 90 03 69
05 56 52 15 04
06 78 77 68 14
06 31 04 05 33
03 25 05 78 26
06 11 74 25 11
02 99 51 10 06
04 67 79 70 68
04 77 38 99 07
05 53 69 37 75
04 78 62 33 49
03 80 41 80 65
05 96 71 67 07
05 34 41 44 95
06 27 60 51 16
02 51 88 95 20
02 41 87 44 03
03 20 57 26 77
02 31 74 48 48
06.83.89.20.51
01 44 92 30 14
05 49 37 37 18
04 42 66 02 49
05 59 43 72 26
05 59 43 72 26
04 68 52 74 22
02 43 61 48 11
04 79 33 96 14
06 87 57 02 09
02 47 38 32 48
02 38 42 79 30
01 39 50 85 67
Retrouvez toutes les informations de l’UNADFI sur notre site  : www.unadfi.org
130, rue de Clignancourt
75018 PARIS
Tél.: 01 44 92 35 92
www.unadfi.org
La liberté et le respect des personnes ne peuvent être des
prétextes pour abandonner les individus sans information
et sans défense à des organisations spécialisées dans la
mise sous dépendance dont les objectifs réels sont très
éloignés de leurs thèmes de séduction.
Prix unitaire : 6,50 € (France) - 8 € (Étranger)
Bulletin trimestrielle Bulles - ISSN 0758-3370

Documents pareils