CEA Technologie n°87
Transcription
CEA Technologie n°87
PROCÉDÉS AGRO-ALIMENTAIRE AUTOMOBILE > PAGE 5 > PAGE 7 > PAGE 10 Musica, un air neuf pour le soudage Mieux conserver la viande sous emballage CEA Les défauts de faisceaux localisés à 10 cm près www.cea-technologies.com tEChnologiEs PARAPLÉGIE ET STATION DEBOUT LE PATIENT AUX COMMANDES Photo Richard Gardette Pages 2 & 3 #87 OCTOBRE-NOVEMBRE 2007 REEducation fonctionnelle : le patient reprend les commandes TIC Se mettre debout grâce à une stimulation électrique des muscles des jambes, déclenchée par des gestes volontaires : c’est la perspective ouverte aux patients paraplégiques par un module de reconnaissance du mouvement mis au point au CEA/Léti. Bientôt testé dans un centre de rééducation de Montpellier, il pourrait conduire à terme à un dispositif industriel. INRIA (C.Lebedinsky) Un patient paraplégique qui, grâce à une légère inclinaison du buste vers l’avant, déclenche la stimulation électrique des muscles des jambes et se retrouve debout : cette image frappante pourrait devenir un jour réalité grâce aux travaux du CEA/Léti, eux-mêmes partie prenante de ceux d’un centre de rééducation* et d’un laboratoire public de Montpellier**. Le Léti a développé une centrale d’attitude, dispositif capable de se localiser précisément dans les trois dimensions***. Rodolphe Héliot, doctorant au Léti et à l’INRIA Rhône-Alpes a mis au point un traitement INRIA Centrale d’attitude et sa station d’acquisition – L’utilisation d’accéléromètres et de magnétomètres permet de faire chuter le coût et la consommation par rapport aux capteurs de mouvements classiques à base de gyroscopes. du signal très fin capable d’identifier l’inLes applications tention de se lever (cf. figures ci-dessous) : R Aide aux patients paraplégiques “valides ou non valides, nous esquissons en position assise pour passer le passage de la station assise à la station en position debout ; aide à la debout par une inclinaison du buste rééducation fonctionnelle à la marche vers l’avant. La version actuelle de notre des patients hémiplégiques dispositif reconnaît ce mouvement à 97% et écarte 76% des inclinaisons du buste visant une autre finalité, par exemple attraper dispositif du Léti aurait l’intérêt de remettre un verre devant soi”. Chiffre qui va encore au premier plan la volonté du patient et être amélioré afin de permettre, chez une de rendre le mouvement aussi naturel que personne paraplégique, de déclencher à possible : “le cœur du développement a été bon escient la stimulation électrique des la mise au point d’une commande temps réel parfaitement synchronisée avec l’enmembres inférieurs. Cette stimulation, encore au stade expéri- chaînement naturel des gestes, explique mental, est notamment étudiée par le centre Rodolphe Héliot. Pour y parvenir, nous de rééducation Propara avec le laboratoire avons mis au point des algorithmes qui réduisent le temps de m o n t p e lli é ra i n LIRMM. “Il s’agit de “Vivre au même niveau que les calcul à 1 à 2 ms, bien trouver la séquence personnes valides, ce n’est plus que le signal à traiter très complexe”. d’activation muscuvivre à hauteur de fauteuil.” soit Au-delà de la réédulaire qui associe l’efficacité, la stabilité et la sécurité, tant pour cation en centre spécialisé, les personnes le lever de chaise que pour le maintien en paraplégiques pourraient aussi gagner en station debout, explique le docteur Charles autonomie dans la vie quotidienne : saisir Fattal, médecin-chef de Propara. Dans un livre sur une étagère, se mettre à la un second temps, nous comptons aussi hauteur du guichet dans un service public, étudier les facteurs générateurs de fatigue discuter “ à hauteur d’homme ” avec les musculaire, pour faire durer cette station autres invités d’une soirée... Si les essais cliniques sont concluants, le debout le plus longtemps possible.” Par rapport à une stimulation 100% exté- Léti compte intégrer la centrale d’attitude rieure, sans participation du patient, le et le calculateur à un stimulateur électrique Qu’on soit valide ou non, tout mouvement de lever commence par une inclinaison du buste vers l’avant (déplacement du centre de gravité). La centrale d’attitude détecte cette inclinaison et déclenche la stimulation électrique des muscles des jambes, avec un temps de réponse équivalent à celui du mouvement naturel. CEA technologies #87-OCTOBRE|NOVEMBRE 2007 > 2 Philippe Neumager le module, fixé au-dessus du genou gauche de l’expérimentateur, commande sur le robot des pas d’une fréquence rigoureusement identiques. Ce même principe sera appliqué chez les patients hémiplégiques pour la synchronisation jambe valide – jambe déficiente. INRIA (C.Lebedinsky) Movea, centième société technologique essaimée du CEA, a été créée en mars 2007. Elle est spécialisée dans la capture de mouvement. lire p.7 du marché, avec l’appui d’un partenaire industriel familier du monde médical et de ses normes techniques. En parallèle, le laboratoire a étudié et testé sur robot bipède l’utilisation de son dispositif pour la rééducation à la marche des patients hémiplégiques. La centrale d’attitude est fixée sur le membre inférieur valide, enregistre la fréquence et l’amplitude du pas et déclenche sur le membre inférieur déficient une stimulation électrique équivalente, pour que la marche reste équilibrée. Le geste volontaire du patient devient là encore le déclencheur du mouvement global, en lieu et place d’un dispositif extérieur. points foRts R Dispositif léger, compact, peu coûteux R Maîtrise du traitement de signal temps réel : le geste naturel est respecté R Rééducation commandée par les gestes volontaires du patient ExpERt tEchniQuE Dominique David CEA/LETI - DRT contact Tél : 04 38 78 50 50 [email protected] TIC > Aider les patients paraplégiques à se mettre debout seuls .................................. p. 2 et 3 > Vibee, l’interface qui parle en vibrant ................................................................................... p.4 PROCÉDÉS >MUSICA optimise la simulation des procédés de soudage................................................ p.5 VIVANT > Curiethérapie : tester toutes les sources, c’est possible ......................................................................... p.6 > Les cyclodextrines, alliées de la conservation des viandes..............................p.7 OUTILS > Laser : 100% de sécurité avec les lunettes virtuelles ...................................................... p.9 > Faisceaux automobiles : les défauts localisés à 10 cm près ................................................... p.10 doctEuR chaRlEs fattal, médEcin-chEf du cEntRE pRopaRa : mATÉRIAUX “lEs patiEnts paRaplégiQuEs ont bEsoin dE sE tEniR dEbout ” mmS INRIA témoignagE *Centre mutualiste neurologique Propara ** Equipe Demar du laboratoire LIRMM (CNRS - INRIA Université de Montpellier) *** Il fait l’objet d’un transfert et d’un accord de licence avec la start-up Movea créée cette année sommaiRE#87 le docteur charles fattal, médecin-chef du centre de rééducation Propara (Montpellier) : « la stimulation électrique fonctionnelle permettrait de se lever sans dépense d’énergie excessive». “Dans la période qui suit leur accident, beaucoup de personnes paraplégiques sont victimes d’une déminéralisation osseuse de type ostéoporose qu’il faut combattre par voie médicamenteuse et en multipliant les stations debout sur des durées de 30 à 90 minutes. On peut le faire avec des dispositifs passifs de type plan incliné ou appareil de verticalisation. Mais le mieux est d’y associer activement le patient, qui travaille aussi à sa réadaptation au quotidien. Beaucoup finissent par retrouver une indépendance complète pour passer du fauteuil roulant à la voiture, ou du fauteuil au lit, mais c’est au prix d’efforts répétés des membres supérieurs qui provoquent parfois des graves lésions aux épaules. La stimulation électrique fonctionnelle, associée à la détection de mouvements, leur permettrait de se lever en réduisant leur dépense énergétique. L’enjeu est aussi psychologique : vivre au même niveau que les personnes valides, ce n’est plus vivre à hauteur de fauteuil.” >Microcomposites, une nouvelle vie pour les plaques bipolaires...........................................p.12 > Start-up : Movea, spécialiste de la capture du mouvement .................................. p. 7 > Edition : tout savoir sur les robots ......................................................................... p. 8 > Site : F2T, l’accès direct aux technologies du public....................................... p. 8 > Brevet : un cryostat innovant pour l’étude d’échantillons sous vide ..............................................p. 8 > Grenoble : un Showroom “Objets communicants“ dans Minatec ......p. 8 > Expertise : des anneaux de bentonite .......... p. 11 > Développement logiciel : avec Caveat, la productivité s’envole............. p. 11 CEA tEChnologiEs #87-OCTOBRE|NOVEMBRE 2007 > 3 REalitE virtuelle Vibee, ou la communication par les vibrationS L’interface vibrotactile Vibee améliore le réalisme des dispositifs de réalité virtuelle en indiquant à l’utilisateur la proximité d’une zone critique, ou le contact avec un objet à éviter. Développée dans le cadre d’un projet avec PSA, elle complète le bras à retour d’effort. Un prototype 100% opérationnel est disponible. POINTS FORTS R Réalisme accru des simulations en réalité virtuelle R Coût très compétitif par rapport au retour d’effort R Dispositif léger, compact, simple (commande par clé USB Bluetooth®) R Prototype disponible pour des simulations expert technique Samuel Roselier, CEA LIST - DRT contact Tél : 04 38 78 50 50 [email protected] L’interface, particulièrement compacte, peut par exemple être fixée au niveau du coude pour compléter la simulation d’un démontage de pièce dans un moteur. Si le coude s’approche trop d’une zone critique, Vibee donne l’alerte en se mettant à vibrer. CEA Immergé dans une scène de réalité virtuelle, vous cherchez à démonter un écrou situé dans un moteur de voiture, à une dizaine de centimètres d’une pièce brûlante... Un coup de clé énergique, et votre coude s’approche dangereusement de cette pièce : une vibration douce et continue au niveau du coude vous signale le danger. Un nouveau coup de clé et le coude touche fugitivement le métal chaud : cette fois, des vibrations intenses et répétées vous donnent l’alerte. L’écrou n’est toujours pas débloqué mais vous allez vous y prendre autrement ! Cet exemple simple illustre l’intérêt de l’interface vibrotactile Vibee, développée par le laboratoire d’interfaces sensorielles du CEA LIST pour les besoins de PSA : elle améliore considérablement le réalisme des scènes simulées. “Le bras à retour d’effort a l’inconvénient de réduire l’opérateur à la main qui le déplace, note Samuel Roselier, du CEA LIST. Or, l’opérateur en situation réelle CEA TIC travaille avec tout son corps, d’où l’intérêt d’élargir la simulation.” Vibee y parvient en émettant des vibrations contrôlées en intensité (50 à 120 Hz) et dans le temps (en continu, plages d’une seconde, de plusieurs secondes). Ce “langage vibrotactile” est aisément compris par l’utilisateur. Sans pour autant que ce dernier soit gêné dans ses mouvements : le module pèse une trentaine de grammes et occupe un volume de moins de 20 cm3. Il peut être fixé directement sur la peau, ou tenu contre un membre par une lanière souple. La présence d’un vêtement n’altère pas la perception des vibrations. Quant au suivi dans l’espace de la partie du corps à surveiller (coude, dans notre exemple), il est effectué par un dispositif de capture de CEA technologies #87-OCTOBRE|NOVEMBRE 2007 > 4 mouvement localisé dans les trois dimensions. “Dès l’entrée dans la zone critique, la mise en vibration de Vibee s’effectue en moins de 50 millisecondes” précise Samuel Roselier. A partir du prototype actuel, en cours de test chez PSA, le laboratoire estime que Vibee fabriqué en grande série reviendrait à quelques dizaines d’euros l’unité ; c’est peu comparé aux milliers d’euros d’une interface à retour d’effort. De plus, l’interface vibrotactile pourrait trouver d’autres usages grâce au couplage avec des accéléromètres, que le CEA LIST explore avec des spécialistes du CEA/Léti : affiner la vitesse et la précision d’un geste sportif (avec déclenchement des vibrations en cas de dérive), s’exercer à la manipulation de pièces très fragiles, apprendre un geste chirurgical délicat... Autant d’applications dans lesquelles le rendu sensoriel serait associé à la capture du mouvement. Le la boratoire propose aux industriels d’adapter son prototype pour réaliser des démonstrations axées sur leur métier. Il cherche par ailleurs un partenaire extérieur intéressé par la production en volume. Les applications R Couplage avec une interface à retour d’effort pour des simulations de gestes en réalité virtuelle ; couplage avec des accéléromètres pour des simulations de gestes ou des captures de mouvement. PRO CÉDÉS Engagé en septembre 2005 pour une durée de trois ans, le projet MUSICA a pour objectif de simuler le procédé de soudage à l’arc dans des temps et des coûts compatibles avec une utilisation dans l’industrie, tout en étant accessible à des non experts. Un premier démonstrateur chaînant trois logiciels de simulation numérique du soudage a été présenté avec succès. MUSICA optimise la simulation des procEdEs de soudage La simulation du procédé de soudage à l’arc pourrait sortir des laboratoires et faire son entrée dans l’industrie. Lancé à l’initiative du CEA en partenariat avec le CETIM, AREVA, l’éditeur français de logiciels ESI Group et l’Institut de Soudure, le projet MUSICA a en effet pour objectif d’étendre le domaine d’application de la simulation numérique du soudage (SNS). “Il existe bien des logiciels de simulation, mais leur complexité d’utilisation les réserve aux experts, dans le cadre d’études de R&D”, précise Guillaume de Dinechin, chef de laboratoire au CEA de Saclay. En intégrant des modules existants, notamment les logiciels Sy s weld e t Pam-A s se mbly, ainsi qu’un module développé spécialement par le CEA, le projet Les applications CEA Résultats de simulation thermique et comparaison calcul/ expériences, après identification de la source de chaleur dans un cas d’assemblage de tubes soudés. MUSICA a déjà permis de proposer une solution plus large, offrant de meilleures capacités de prédiction des phénomènes physiques. “Les nouveaux modèles doivent par exemple prendre en compte plus de paramètres pour aboutir à des résultats plus proches de la physique, et donc du cas industriel.” Pour être performante et fiable, la simulation numérique doit en effet intégrer les comportements thermiques, métallurgiques et mécaniques du métal, ainsi que certains aspects chimiques des procédés de soudage. En outre, les outils actuels prennent encore trop de temps. MUSICA devra donc également accélérer les opérations. Maître d’œuvre de ce projet, le CEA travaille sur la partie amont du logiciel, qui concerne la modélisation de l’apport de chaleur aux pièces à souder. Il développe pour cela le logiciel “Procédé”, qui est intégré au logiciel final A quoi sert la simulation numérique de soudage ? La simulation numérique du soudage permet d’estimer les contraintes résiduelles et les déformations induites par le soudage. Elle permet de réduire le nombre de tests sur maquettes, d’aider à la conception des montages et d’optimiser les procédés de fabrication. La simulation permet enfin de réduire le nombre et la taille des défauts dans les produits finis. CEA R Optimisation des pièces à souder et des procédés de soudage. Le soudage à l’arc est utilisé dans de nombreux secteurs industriels : transports, énergie, construction mécanique, chaudronnerie, armement... et permet d’optimiser l’étape d’identification des paramètres de la source de chaleur, jusqu’ici identifiés manuellement à l’aide de capteurs. Pour Olivier Asserin, chef de projet MUSICA, “Les logiciels actuels modélisent l’apport de chaleur en déterminant une ‘source équivalente’. Dans le cadre de MUSICA, nous tentons, d’une part, d’améliorer le concept de source équivalente, et d’autre part de nous rapprocher du cas industriel en intégrant davantage de paramètres physiques, et donc en modélisant directement le procédé.“ Déjà, un premier démonstrateur de chaînage des trois logiciels, fonctionnant avec la notion de source équivalente, a été présenté avec succès. Les chercheurs valident maintenant la solution sur des cas concrets proposés par les partenaires de MUSICA. “L’intégration de l’expérience de cas industriels complexes rendra la deuxième version de l’outil encore plus opérationnelle.” A suivre... La simulation permet de réduire le nombre de tests sur maquettes, d’aider à la conception des montages et d’optimiser les procédés de fabrication. POINTS FORTS R Logiciels de simulation accessibles, du non-spécialiste à l’expert R Temps de calculs réduits R Modularité : 3 logiciels complémentaires et autonomes avec une interface commune expert technique Guillaume de Dinechin CEA/Saclay - DEN contact Tél : 04 38 78 50 50 [email protected] CEA technologies #87-OCTOBRE|NOVEMBRE 2007 > 5 Curietherapie du cancer de la prostate : un systEme tout en un pour tester les sources VIVANT Grâce à un système original de lévitation aérodynamique, les implants radioactifs destinés au traitement des cancers de la prostate peuvent subir en une seule étape et en quelques dizaines de secondes, l’ensemble des tests requis lors de leur production. A plus long terme, l’innovation pourrait être utilisée pour tester chaque source avant son implantation chez le patient. Les applications CEA R Caractérisation des microsources pour le traitement des tumeurs prostatiques par curiethérapie et de tout autre objet de dimensions similaires, par exemple, les puces RFID implantables. Les micro implants radioactifs sont placés en lévitation dans un flux de gaz, à l’intérieur d’un tube conique en quartz (visible ici au centre de la photo), où ils subissent une batterie de tests. en quelques mots Estimée à près de dix millions de pièces par an, la production de micro-sources pour le traitement par curiethérapie des cancers de la prostate impose de nombreux contrôles de qualité. Ces derniers sont réalisés séquentiellement à la main, ou partiellement automatisés. Or, des chercheurs du CEA LIST* viennent de mettre au point un dispositif qui permet de réaliser tous les tests nécessaires en une quarantaine de secondes seulement. Habituellement, les sources sont maintenues face aux équipements de mesure par le biais d’un support dont la présence perturbe les résultats. Les scientifiques ont eu l’idée de les mettre en lévitation dans un flux de gaz, à l’intérieur d’un tube conique en quartz, matériau peu absorbant. “En régulant le flux gazeux, il est possible de maintenir la source à la hauteur voulue. Mieux, celle-ci entre en rotation sur elle-même et offre ainsi toutes ses faces aux La curiethérapie La curiethérapie est une alternative à la chirurgie et à la radiothérapie conventionnelle pour le traitement des cancers de la prostate localisés. Elle consiste à introduire dans la tumeur une centaine d’implants miniatures radioactifs, dont l’activité individuelle et l’énergie d’émission permettent de confiner la dose délivrée à la seule prostate. Leur géométrie interne complexe garantit en outre la visibilité de l’implant, aussi bien en radiographie conventionnelle qu’en échographie. CEA technologies #87-OCTOBRE|NOVEMBRE 2007 > 6 mesures de radioactivité,” indique Guilhem Douysset, du CEA LIST. En plaçant l’ensemble des équipements nécessaires aux tests autour des sources, on obtient une caractérisation complète de ces dernières en un temps record : spectrométrie X pour le contrôle d’activité, spectrométrie pour le contrôle de la pureté radiochimique, imagerie visible pour le contrôle des dimensions de l’implant et de la qualité des soudures (avec une résolution de 30 μm), micro radiographie pour le contrôle de la structure interne de la source, etc. De plus, ce dispositif réduit considérablement les risques d’erreur de mesure et diminue la dose de rayons délivrée au personnel qui réalise le contrôle qualité. Une demande de brevet, déposée en mai 2006, a été acceptée récemment. Un démonstrateur a été présenté à des spécialistes de la production de ces implants. Les chercheurs travaillent sur une version de l’équipement destinée aux utilisateurs finaux capables de tester les sources en conditions stériles. “Cela permettrait de tester toutes les sources juste avant leur implantation par le médecin. Aujourd’hui, seuls 10% des implants sont contrôlés en milieu médical. Et comme les services de stérilisation des hôpitaux ne peuvent recevoir de matériel radioactif, les sources testées sont vouées à la destruction.” * Laboratoire national Henri Becquerel (LNHB) du CEA LIST POINTS FORTS R Quarante secondes pour la caractérisation complète d’un implant R Mesures moyennées, plus précises qu’avec les méthodes classiques R Contrôles de qualité en fin de production plus complets qu’actuellement R Moindre risque d’exposition des techniciens expert technique Guilhem Douysset CEA LIST / LNHB - DRT contact Tél : 04 38 78 50 50 [email protected] Connue pour ses propriétés antioxydantes et antimicrobiennes, l’huile essentielle de basilic pourrait être utilisée en agroalimentaire pour améliorer la durée de conservation des viandes. Le CEA propose d’introduire cette substance dans les emballages de produits carnés, grâce aux propriétés originales des cyclodextrines. alliees de la conservation des viandes Les emballages des produits carnés pourraient bientôt être dotés de propriétés bactéricides. Des chercheurs du CEA de Saclay envisagent en effet de créer un film polymère contenant un extrait (inodore) d’huile essentielle de basilic, substance connue pour ses vertus antimicrobiennes. Pour cela, ils comptent sur les cyclodextrines, des molécules capables de maintenir des principes actifs au cœur même du matériau. Les cyclodextrines sont des polysaccharides cycliques de taille variable, formés par des enchaînements d’unités glucose. Elles présentent une cavité interne capable de retenir temporairement des molécules hydrophobes. “Piégé par la cyclodextrine, le principe actif est ensuite relâché progressivement et de façon contrôlée dans le milieu environnant”, précise Laurent Mauclaire, du CEA de Saclay. Biocompatibles et biodégradables, les cyclodextrines sont déjà utilisées dans les domaines de la pharmacie et de la cosmétologie. Pour trouver une alternative à la technique de conservation sous vide, sujette au moindre défaut de l’emballage, les industriels du secteur explorent toutes les pistes. L’ADIV, le Centre technique Français de la filière Viande, s’est déjà montré intéressé. Les premiers tests réalisés au CEA sur une cyclodextrine dérivée de l’amidon montrent que cette dernière retient très efficacement le composé actif de l’huile essentielle de basilic. Les chercheurs, qui maîtrisent parfaitement la chimie des cyclodextrines, pourront modifier le complexe afin d’optimiser son intégration dans les emballages de viande et répondre au mieux aux attentes des industriels. “Nous pouvons notamment modifier la structure des cyclodextrines de façon à jouer sur la vitesse de relargage du composé, et ainsi maintenir un taux constant d’huile essentielle dans le milieu.” Les chercheurs envisagent de réaliser ces emballages actifs en s’associant avec un laboratoire du CEA spécialisé dans les procédés sol-gel. ”L’assemblage de précurseurs composés de silicium et de cyclodextrines, forme un support solide auquel est ensuite intégrée l’huile essentielle de basilic. ” Afin de mener à bien ce projet, les équipes du CEA recherchent un partenaire industriel qui leur soumettra un cahier des charges. POINTS FORTS R Durée accrue de conservation de la viande R Cyclodextrines non toxiques et biocompatibles R Bonne connaissance des cyclodextrines et des procédés sol-gel R Plusieurs brevets déposés expert technique Laurent Mauclaire CEA/Saclay - DSM contact Tél : 04 38 78 50 50 [email protected] La solution proposée par le CEA a déjà retenu l’attention de l’ADIV, le Centre technique Français de la filière Viande ck iSto Les applications R Déjà utilisées en cosmétologie et pharmacie, les cyclodextrines intéressent l’agroalimentaire. Des cyclodextrines associées à des molécules aux propriétés antimicrobiennes pourraient bientôt être intégrées aux emballages des produits carnés. © Movea 2007 Les cyclodextrines, MMS VIVANT Start-up Movea, spécialiste de la capture du mouvement Créée en mars 2007 après incubation au CEA / LETI et à l’incubateur Grain, la start-up Movea se positionne notamment sur les marchés de la santé et des interfaces gestuelles dans les applications grand public. Spécialiste des dispositifs de mesure du mouvement humain, Movea conçoit des microsystèmes capables de capturer et de quantifier les mouvements pour fournir des informations angulaires en trois dimensions. Dans le secteur Santé, les utilisations sont multiples : rééducation fonctionnelle, suivi post-opératoire, analyse de la qualité du sommeil, détection des situations de fragilité chez les personnes âgées... Movea envisage également d’insérer ses technologies de capture dans les équipements sportifs, les smartphones et les périphériques de jeu vidéo. Elle prévoit une levée de fonds auprès d’investisseurs privés et institutionnels pour soutenir son plan de développement R&D et commercial. Elle est la centième société technologique essaimée du CEA depuis la mise en place en 1985 d’une structure dédiée à l’essaimage. Contact Yanis Caritu 06 88 01 24 03 [email protected] CEA technologies #87-OCTOBRE|NOVEMBRE 2007 > 7 Un Showroom “Objets communicants” dans Minatec Un showroom dédié aux objets communicants sera inauguré avant la fin de l’année sur le site Minatec. Les visiteurs peuvent déjà y découvrir des systèmes fonctionnels issus des travaux des laboratoires grenoblois du CEA, dans les domaines de la récupération d’énergie, de la capture du mouvement, des matériaux proprioceptifs, de la “route intelligente” et des systèmes sans contact. Le showroom est en particulier ouvert aux industriels désireux d’innover dans leur domaine en incorporant dans leurs produits des composants miniaturisés. Contact Hélène Vatouyas CEA / LETI 04 38 78 42 05 [email protected] F2T, l’accès direct aux technologies du public Les industriels qui souhaitent connaître les technologies brevetées issues de la recherche publique disposent maintenant d’un site dédié. France Transfert Technologie (F2T), créé à l’initiative d’Oséo et du réseau Curie (transferts technologiques des universités), regroupe déjà plus de 700 offres du CEA, de l’INSERM, des universités, du CNRS ou de l’Institut Pasteur. Elles sont classées par domaines d’activité (énergie, agro-alimentaire, électronique-informatique...), avec pour chacune un résumé, une description technique, les applications possibles, l’état de la propriété intellectuelle et les coordonnées d’un contact. La première version du site comporte une majorité d’offres dans le domaine des biotechnologies. La base de données s’élargira progressivement aux autres thèmes. F2T propose également un service “ recherche de compétences”, également ouvert aux industriels. Brevet Un cryostat innovant pour l’étude d’échantillons sous vide Le CEA a mis au point un cryostat destiné à l’étude d’échantillons sous vide (à l’aide d’un rayonnement électromagnétique). Sa particularité : il s’affranchit des limites habituelles de ce type d’instrument, à savoir l’angle d’admittance inférieur à 180° et l’écartement entre l’échantillon et la paroi extérieure du cryostat supérieur à 2 mm. De plus, le dispositif proposé est peu encombrant et compétitif, grâce à l’utilisation d’azote gazeux sous pression plutôt que d’azote liquide. Le cryostat comporte un support d’échantillon (du mm2 au cm2) placé dans une enceinte sous vide et monté sur une extrémité libre de refroidissement d’un doigt froid. L’enceinte est une cavité transparente à ouverture unique (traversée par la partie doigt). Le corps du cryostat peut être mis en rotation pour la réalisation de mesures en angle. La température de fonctionnement se situe entre 80°K et 300°K, sous vide secondaire. Contact Sylviane Zaninotti CEA/DSM 01 69 08 93 68 [email protected] Contact 2 portails d’accès pour une même base : http://technologie.oseo.fr/ http://www.f2t.fr CEA MMS Edition Tout savoir sur les robots CEAtechnologies Après Comment la réalité peut-elle être virtuelle ? les éditions du Pommier publient un nouvel opus des Petites Pommes du Savoir, intitulé Le robot, ami ou ennemi ? Ecrits par Rodolphe Gelin, responsable des programmes “Systèmes interactifs” au CEA LIST, ces ouvrages apportent des explications aux concepts d’interaction entre mondes réel et virtuel comme aux questionnements sur l’omniprésence des robots et leur rôle dans la société. Disponibles en librairie. Le journal de l’offre technologique du CEA aux entreprises N° 87/// octobrenovembre 2007. CEA - DRT/Direction de la valorisation/17 rue des Martyrs/38054 Grenoble cedex 9. Tél. 04 38 78 40 60 - Fax 04 38 78 51 58 >>D épôt légal 16.03.92. >>Tirage 9 0 0 0 ex. >>Directeur de la publication Jean-Charles Guibert >>Rédacteur en chef Elisabeth Lefèvre-Remy >>Comité de rédaction Claire Abou, Susana Bahri, Véronique Charreyron, Elisabeth Lefèvre-Remy, Frédéric Lardé, Romain Marlange, Jean-Bernard Poiré, Thierry Roll, Hélène Vatouyas, Gilles Vériot, Sylviane Zaninotti >>Rédacteurs journalistes Beno t Playoust, Clotilde Waltz >>Conception/ Réalisation magazine.fr (14 quai Lassagne 69001 Lyon-04 78 28 84 84) >>Crédits photos CEA Richard Gardette, iStock, Jean-Jacques Raynal, Olivier Sébart, PSA. Contact Toute adaptation ou reproduction, même partielle des textes et informations parus dans CEA Technologies est formellement interdite, sauf accord écrit de la rédaction du journal. ISSN 1166-7648 Rodolphe Gelin CEA LIST 01 69 08 94 01 [email protected] CEA technologies #87-OCTOBRE|NOVEMBRE 2007 > 8 Articles et abonnement sur CEA CEA Grenoble Site www.cea-technologies.com Des mini caméras CCD, des lunettes de vision virtuelle, un serre-tête : l’innovation paraît simple à première vue. Restait à avoir l’idée d’assembler ces éléments... CEA Environnements laser La vision virtuelle garantit 100% de securite OUTILS Des lunettes de protection laser qui filtrent toutes les longueurs d’onde, toutes les puissances, et permettent de maintenir le faisceau visible : le CEA/DAM* l’a fait avec un dispositif de vision virtuelle équipé de deux caméras miniatures. Il est adaptable à d’autres applications, par exemple le soudage à l’arc. Jean-François Demonchy, chercheur au CEA/DAM, a conçu son invention à partir de technologies originales en assemblant des lunettes de vision virtuelle, caméras CCD miniaturisées, serretête et connecteurs audio et vidéo. L’innovation (brevet en cours) a permis d’assembler ces éléments pour offrir une solution 100% sûre aux personnes travaillant en environnement laser ; elle est extensible à d’autres environnement lumineux hostiles. “Aucune paire de lunettes laser classique ne couvre toutes les Les applications raître », en même temps qu’une bonne partie du spectre visible. Ces situations conduisent parfois certains à enlever leurs lunettes acte réflexe contre lequel se battent tous les responsables sécurité - par exemple pour des réglages de chaîne laser où il faut ajuster finement l’alignement dudit faisceau ! Ici, ce geste dangereux n’a plus de raison d’être. Les caméras peuvent être choisies pour restituer des longueurs d’onde inaccessibles à l’œil humain, par exemple dans le proche infrarouge, et ainsi étendre le domaine d’application à d’autres environnements de travail agressifs pour les yeux. L’équipe CEA qui perfectionne le dispositif achève actuellement la réalisation d’un second prototype. Léger (200 grammes), alimenté par une batterie lithium-ion de 5 heures d’autonomie, il sera utilisé en routine dans les laboratoires du POINTS FORTS R Dispositif de protection universel et 100% sûr R Faisceau laser visible R Aucune maintenance préventive R Demande de brevet déposée expert technique Pierre Echeine CEA - DAM contact Tél : 04 38 78 50 50 [email protected] CEA R Travail en environnement laser. Soudage à l’arc et autres environnements lumineux agressifs pour les yeux. Suivi à distance d’un opérateur isolé en environnement dangereux longueurs d’onde ni toutes les puissances, rappelle Jean-François Demonchy. Pour peu que le laboratoire compte plusieurs lasers, il faut jongler entre deux, voire trois paires”. De plus, ces lunettes doivent être régulièrement contrôlées pour garantir leur efficacité optimum. Avec la vision virtuelle, ces inconvénients disparaissent. Les yeux ne voient plus directement la scène : retransmise par les deux caméras CCD placées en partie supérieure du dispositif, elle est projetée sur un écran intégré aux lunettes. “Les matériels choisis fournissent une image de haute résolution et de grande taille : elle équivaut à un écran de 40 pouces vu à 2 mètres” précise Jean-François Demonchy. Autre avantage, la vision virtuelle laisse le faisceau laser apparent alors que, par définition, les lunettes filtrantes le font « dispa- Légères, alimentées par une batterie lithium-ion qui leur donne 5 heures d’autonomie, les lunettes virtuelles ne gênent en rien le travail en environnement laser. Tout en offrant un niveau de sécurité sans équivalent à ce jour. laser Mégajoule, près de Bordeaux : “après optimisation, nous devrions atteindre un niveau de coût équivalent ou légèrement supérieur aux lunettes filtrantes classiques, estime Jean-François Demonchy. Mais notre dispositif remplacera plusieurs paires de lunettes et ne nécessitera aucun entretien, alors que les contrôles de qualité de filtration coûtent très cher.” Le CEA recherche actuellement un partenaire pour l’industrialisation et la commercialisation. En outre, l’invention peut servir de socle à des fonctions plus sophistiquées : déport de l’image vers un centre de contrôle pour le suivi d’opérations délicates, affichage d’une procédure ou d’une scène virtuelle superposée sur l’écran (réalité augmentée) pour aider un opérateur dans son travail... Sans oublier les situations comme le soudage à l’arc, où l’opérateur ne serait plus ébloui et pourrait voir l’ensemble de la scène. * Direction des applications militaires CEA technologies #87-OCTOBRE|NOVEMBRE 2007 > 9 P. Gripe/CEA Faisceaux automobiles les dEfauts dEtectEs a moins de 10 cm prEs outils Comment localiser précisément un problème physique sur un brin de faisceau automobile de plusieurs mètres de long ? Aujourd’hui, les garagistes consacrent beaucoup de temps au diagnostic du défaut sur le câblage. Demain, grâce à l’outil de diagnostic développé par le CEA LIST dans le cadre du projet Smart Electronics Embedded Diagnosis Systems (SEEDS), ils pourraient déterminer l’emplacement du défaut en quelques secondes, à moins de 10 centimètres près. CEA Panne de câblage, danger ! Quand un garagiste y est confronté aujourd’hui, il dispose d’outils de diagnostic pour identifier le brin de faisceau en cause, au sein d’un réseau qui peut totaliser plusieurs kilomètres de fils. Mais si ce brin mesure 10 mètres de long et traverse tout le véhicule par des chemins capricieux, il n’a aucune indication sur l’endroit où il doit intervenir. Et la recherche peut durer des heures ! Le CEA LIST a mené ses premiers travaux sur le sujet pour des applications nucléaires et élargit depuis plusieurs années ses études aux transports : recherches amont sur la méthode de détection, réduction de la fréquence de signal, prototypage et tests de validation sur des portions de faisceaux… La grande force de cette technologie est de réaliser cette localisation à environ 7 cm près aujourd’hui (en laboratoire), et sans doute 3 ou 4 cm demain. Elle s’appuie sur la réflectométrie, technique qui consiste à envoyer un signal sonde haute fréquence (100 MHz) sur le brin et à mesurer l’alté ration du CEA technologies #87-OCTOBRE|NOVEMBRE 2007 > 10 signal en retour, qui “signe” la nature du défaut (courtcircuit, fil cassé, connecteur défaillant) et son emplacement. “La réflectométrie est une technique lourde qui nécessite de s’associer à un laboratoire de pointe pour la mise au point d’outils innovants, souligne pour Delphi, l’un des partenaires du projet SEEDS, Charles-Henri Garih*. Elle est éminemment complémentaire de nos outils de diagnostic existants, Les applications R Localisation de défauts sur câbles automobiles, au garage et demain embarquée sur le véhicule ; localisation de défauts sur câbles dans des navires, des avions, sur des réseaux de distribution d’électricité… et c’est ce qui donne du sens à notre collaboration avec le CEA.” “L’objectif à terme serait d’équiper chaque véhicule d’une puce de diagnostic embarquée, précise Fabrice Auzanneau, du CEA LIST. Mais il faudra pour cela tomber à des coûts compatibles avec l’industrie automobile, ce qui suppose encore d’importants travaux.” L’outil de diagnostic pour garagistes constitue donc une étape expert technique Fabrice Auzanneau CEA LIST - DRT contact Tél : 04 38 78 50 50 [email protected] intermédiaire, mais aussi un marché à part entière. Delphi dispose depuis peu d’un préprototype conçu par le CEA LIST. Il va faire l’objet de tests et servir de support à une étude de marché, avant une possible industrialisation. “ Nous souhaitons tout d’abord valider l’adéquation de l’outil à son marché et dans le cadre de cette synergie veiller à la satisfaction de nos utilisateurs” explique CharlesHenri Garih. Ce s s y s tè m e s ont d ’aut r e s applications en vue. Leur technologie permettrait par exemple de localiser des défauts sur les faisceaux des avions de ligne (400 km cumulés de câbles pour certains appareils !) ou des navires de croisière (2500 km sur le Queen Mary II) ; ou encore, sur les centaines de milliers de kilomètres de câbles enterrés servant à la distribution électrique. La précision de localisation serait alors dégradée (environ 10 mètres pour les câbles électriques), mais représenterait un énorme progrès au regard des fastidieuses recherches d’aujourd’hui. * Charles-Henri Garih est responsable de la ligne de produits outils de diagnostic automobiles de Delphi. CEA Avec Caveat, la productivité s’envole R Détection des défauts à quelques centimètres près R Temps et coût de réparation réduits au strict nécessaire R Trois brevets déposés R Technologie multi-marchés La vitesse de production de code qualifié par les ingénieurs de développement logiciel d’Airbus France a significativement augmenté depuis l’adoption de l’outil Caveat du CEA LIST. Caveat permet d’effectuer des preuves mathématiques sur du code informatique ; l’une de ses applications majeures est la validation de propriétés assurant la sûreté du logiciel dans tous les cas d’exécution possibles. Cette technique de vérification automatique est issue d’un partenariat entre Airbus France et le CEA LIST. En décembre 2006, l’utilisation de l’outil Caveat a été qualifiée au sens de la norme DO178B par la Direction des Programmes de l’Aviation Civile (DPAC) sur le niveau de code le plus critique, le niveau A. Cela signifie que la DPAC a autorisé Airbus à ne plus faire de tests sur du logiciel de niveau A, Caveat apportant la preuve nécessaire à la sûreté du code. De nouveaux développements sont aujourd’hui en cours autour de la méthodologie Caveat afin de l’étendre à d’autres systèmes logiciels critiques. Contact Fabrice Derepas CEA LIST 01 69 08 55 32 [email protected] MMS Développement logiciel POINTS FORTS Expertise Des anneaux de bentonite de 4 tonnes et 2,30 m de diamètre Le CEA, en partenariat avec les sociétés MPC et Segula Ingénierie, vient d’achever après trois ans de travaux préparatoires la réalisation de 13 anneaux de bentonite de 2,30 m de diamètre pesant chacun quatre tonnes. Ils constituent le démonstrateur de mise en place d’une barrière ouvragée dans une alvéole horizontale de déchets nucléaires. Le procédé utilisé était le compactage uniaxial dans un moule métallique rigide, bien adapté pour obtenir à partir d’une poudre d’argile et de grains de sable un anneau de grandes dimensions répondant à des spécifications mécaniques ou dimensionnelles très strictes. Tous les objets nécessaires au pressage, à la manutention et au stockage en conteneurs des anneaux ont également été fabriqués. L’acquis technique de ce projet européen permet d’envisager des applications où l’argile gonflante (les matériaux argileux en général) serait utilisée sous forme de pièces de construction de grandes dimensions telles que barrières étanches efficaces en cas d’inondations, rétention de liquides dangereux, etc. Contact Claude Gatabin CEA/DEN - 01 69 08 31 93 [email protected] le cea, partenaire des industriels… Le CEA collabore chaque année avec une centaine de PME et de grands groupes. Pourquoi pas vous ? Types d’interventions Expertises et conseil, mise à disposition de moyens d’essais et de simulation, transfert de technologies, recherche en collaboration dans le cadre de partenariats et de laboratoires communs… thématiques Génie industriel et matériaux avancés, nouvelles technologies pour la santé, nouvelles technologies de l’énergie, nouvelles technologies de l’information et de la communication. iStock Vous aussi, vous souhaitez faire bénéficier votre entreprise de cette opportunité, contactez-nous : Email : [email protected] CEA technologies #87-OCTOBRE|NOVEMBRE 2007 > 11 Piles a combustible Les microcomposites rEinventent la fabrication des plaques bipolaires En associant une formulation originale de poudre composite à une technique de mise en forme par thermocompression, le CEA réalise des plaques bipolaires innovantes pour les piles à combustible basses températures (type PEMFC). Outre une excellente conductivité et une bonne résistance mécanique, elles affichent un design sans défaut et un coût divisé par dix. De plus, leur production est plus rapide que par les méthodes classiques d’usinage. Design d’études de moulage des canaux d’une plaque bipolaire. en forme. Les formulations microcomposites donnent naissance à une poudre à mouler, homogène et facilement transformable à chaud. Il est possible de mouler les canaux d’alimentation directement et en une seule étape, sur les deux faces de la plaque, à partir de techniques maîtrisées de plasturgie. “Le challenge réside alors dans l’optimisation des paramètres de mise en œuvre et de moulage afin d’obtenir un produit fini. On élimine ainsi l’étape d’usinage.” L’opération est gagnante sur tous les plans car les plaques obtenues présentent des propriétés très intéressantes : une conductivité électrique élevée (deux fois supérieure aux 100 S/cm minimum nécessaires), et une bonne résistance à la température et aux efforts de serrage lors de l’empilement des plaques dans les “stacks“. Enfin, contrairement à l’usinage, la thermocompression permet d’obtenir un design parfait des canaux, sans «défaut». Enfin, parce qu’elle élimine cette phase d’usinage, la technologie réduit d’au moins 50% le temps de production des plaques, dont le coût est également diminué d’un facteur dix. Vue éclatée d’une pile à combustible en 3D. Chez Hélion, fabricants de piles à combustibles, les plaques bipolaires sont empilées pour former des “stacks”. A terme, le CEA espère réaliser des plaques multifonctions en intégrant directement les joints d’étanchéité pendant la phase de mise en forme et en réalisant un post-traitement hydrophobe de la surface pour faciliter l’évacuation d’eau. Il pourrait s’associer à un partenaire pour finaliser l’industrialisation des plaques. * Situées au cœur des piles à combustible, les plaques bipolaires assurent la conduction des électrons générés par les réactions électrochimiques, permettent l’alimentation en gaz et l’évacuation de l’eau et des calories. Les applications CEA R Obtention de plaques dont les propriétés sont compatibles avec une utilisation pour les échanges de fluides et de gaz dans les piles à combustible, pour des applications mobiles ou stationnaires. CEA technologies #87-OCTOBRE|NOVEMBRE 2007 > 12 CEA Pour résister aux conditions d’acidité, de température et de pression qui règnent dans les piles à combustible, les plaques bipolaires* doivent présenter des propriétés physico-chimiques élevées. Pour son partenaire industriel Hélion, le CEA a mis au point un processus de fabrication de plaques très novateur. Le secret réside d’abord dans le choix du matériau : plutôt que de miser sur les métaux (oxydables) ou le graphite (trop poreux et friable), les chercheurs ont opté pour les matériaux composites. En collaboration avec un industriel français spécialisé dans les polymères, ils ont mis au point une poudre innovante à base de thermoplastique (pour le liant) et de carbone (pour la conductivité électrique). “La technologie microcomposite permet d’augmenter les taux de carbone tout en conservant un excellent niveau de processabilité”, explique David Descarsin, du CEA. L’originalité de ces plaques tient par ailleurs à leur mode de mise CEA mATé RIAUX POINTS FORTS R Conductivité électrique de 200 S/cm, soit deux fois la conductivité minimale requise R Réduction d’environ 50% du temps de production (une étape unique de quelques minutes) R Coûts des plaques divisés par dix R Qualité «optimale» des canaux R Bonne résistance et mécanique R Conductivité thermique élevée expert technique Hervé Galiano CEA/Saclay - DEN CONTACT Tél : 04 38 78 50 50 [email protected]