Le régime minier et son évolution liée à son expérience
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Le régime minier et son évolution liée à son expérience
Institut Régional du Travail Social Nord Pas de Calais Site Métropole Lilloise DIPLOME D’ETAT D’INGENIERIE SOCIALE DF1 : production de connaissances, Épreuve « recherche à dimension professionnelle » « L’avenir du Régime Minier et de son expérience en matière de gérontologie » Mémoire rédigé et soutenu par Valérie CUVILLIER Ep. HERBAUT Promotion DEIS 2 Directeur de mémoire Josette BRASSART Janvier 2011 REMERCIEMENTS Arrivée au terme de la rédaction de ce mémoire, il m’est particulièrement agréable d’exprimer ma gratitude et mes remerciements à tous ceux qui, par leur enseignement, leur soutien et leurs conseils, m'ont aidé à sa réalisation. Ma gratitude va d'abord à Madame Josette BRASSART mon directeur de mémoire pour sa disponibilité, ses conseils, pour tout le temps qu'elle a consacré à de multiples relectures et de précieuses corrections. Une pensée particulière est adressée à l’équipe de l’Institut Régional du Travail Social du site de la Métropole Lilloise qui nous accompagne dans le cadre de la validation au Diplôme d’Etat en Ingénierie Sociale, Monsieur Dominique DELAVAL, responsable de formation et Madame Sylvie SYPER sa collaboratrice dont j'ai apprécié la gentillesse et la bonne humeur ainsi qu’aux collègues de la promotion DEIS 2. Toute ma reconnaissance va également aux professionnels qui ont accepté de me rencontrer, qui ont bien voulu répondre patiemment et aimablement à mes nombreuses questions. Je remercie aussi l’équipe du service social de la CARMI, où chacun se reconnaîtra, dans l’aide et le soutien qui m’ont été apportés. Enfin, au terme de ces remerciements, je souhaiterai rendre hommage aux membres de ma famille, pour leur soutien sans faille dans cette aventure qu’est la formation continue… 1 SOMMAIRE Introduction générale p1 1ère partie : Pour comprendre et permettre d’analyser les changements intervenus dans le régime minier aujourd’hui Introduction p7 Chapitre 1 : le régime minier et son système de protection sociale comme sujet de recherche p7 Introduction p7 1.1 Le Régime Minier et son système de protection sociale p8 1.1.1. La construction du régime minier 1.1.2 Le développement d’une organisation sanitaire et sociale 1.1.3 La structuration du régime minier 1.2 Des perspectives de changement 1.2.1 La réforme de 2004 1.2.2 Les nouveaux outils de pilotage 1.2.3 L’offre de santé aujourd’hui 1.3 Les changements en cours, les enjeux pour demain 1.3.1 Pour la structure 1.3.2 Pour l’acteur 1.3.3 Pour l’usager/client p8 p 11 p 12 p 13 p 13 p 15 p 16 p 18 p 18 p 19 p 21 Conclusion p 25 Chapitre 2 : Une hypothèse en relation avec les éléments du changement intervenu p 25 Introduction p 25 2.1 L’hypothèse formulée p 25 2 2.2 Les concepts p 26 2.3 La méthodologie de recherche p 33 2.3.1 La recherche théorique 2.3.2 La démarche exploratoire p 33 p 34 2.4 La méthodologie d’enquête p 36 2.5 Intérêt de la recherche p 37 2.6 Limites de la recherche p 38 Conclusion p 39 Conclusion de la première partie p 39 2ème partie : Le régime minier à l’épreuve des changements Introduction p 41 Chapitre 1 : la construction progressive de l’exploitation p 41 minière et du régime minier de 1720 à 2004 Introduction p 41 1.1 La construction progressive de l’exploitation minière de 1720 à 2004 p 41 1.1.1 L’ère du charbon roi : 1830 Ŕ 1945 1.1.2 La nationalisation et l’ouverture à l’Europe : 1945 Ŕ 1960 1.1.3 La récession et la fermeture: 1960 Ŕ 2004 1.2 La mise en place du système de protection sociale 1.2.1 À l’origine, une gestion des risques essentiellement liée au travail 1.2.2 La loi du 29 juin 1894 : la gestion des risques maladie et vieillesse 1.2.3 Le décret de 1946 : l’extension des risques sociaux p 42 p 44 p 46 p 48 p 48 p 49 p 50 1.3 La construction des droits sociaux des mineurs p 52 Conclusion p 54 3 Chapitre 2 : depuis 2004, la réforme du régime minier p 55 Introduction p 55 2.1 Le fonctionnement après la réforme p 55 2.2 Les outils de pilotage : la convention d’objectifs et de gestion p 57 2.3 Filieris : une offre de santé ouverte à tous p 60 Conclusion p 63 Chapitre 3 : la réforme au niveau régional : la CARMI Nord Pas De Calais p 63 Introduction p 63 3.1 Les outils de pilotage : les contrats pluriannuels de gestion p 63 3.2 Le personnel, les structures et services de la CARMI Nord Pas De Calais p 67 3.2.1 Le personnel 3.2.2 Les structures et services 3.2.3 Les conséquences de la réforme p 67 p 68 p 69 3.3 La population minière, données statistiques, données anthropologiques p 71 Conclusion p 74 Conclusion de la deuxième partie p 74 3ème partie : L’étude de terrain Introduction p 75 Chapitre 1 : l’enquête de terrain p 75 Introduction p 75 4 1.1 Méthodologie d’enquête et de recherche en fonction des entretiens réalisés p 75 1.1.1 Les entretiens p 75 1.1.2 Les conditions de réalisation p 78 1.1.3 Les questions posées et les liens possibles avec l’hypothèse p 79 et les concepts 1.2 La prise en charge de la personne en perte d’autonomie p 80 1.2.1 La spécialisation du régime minier et la difficulté des autres p 81 services à prendre en charge la personne en perte d’autonomie 1.2.2 Des professionnels identifiés par les affiliés miniers et les p 83 partenaires 1.2.3 La prise en charge de la personne âgée : un travail p 85 pluridisciplinaire et coordonné 1.3 Le changement 1.3.1 La fin du régime minier, une évidence pour la majorité des personnes interviewées 1.3.2 L’apparition d’une culture gestionnaire 1.3.3 Des acteurs qui se projettent dans le changement 1.4 Les enjeux 1.4.1 Un besoin pour la population 1.4.2 La pérennité des emplois 1.4.3 Le maintien des valeurs du régime minier p 87 p 87 p 88 p 89 p 90 p 91 p 91 p 92 Conclusion p 93 Chapitre 2 : notre projet professionnel en lien avec la prise p 94 en charge de la personne âgée Introduction p 94 2.1 Définition de la prise en charge de la personne âgée par la CARMI Nord Pas De Calais et plus particulièrement par le service social p 95 2.2 Des propositions d’actions en lien avec l’organisation p 101 2.3 Des propositions d’actions en lien avec le territoire p 109 Conclusion p 114 Conclusion générale p117 5 INTRODUCTION GENERALE Depuis une quinzaine d'années maintenant, j'exerce ma profession d'assistante de service social, dans un service social du Régime Minier du département du Pas de Calais. Il s’agit d’un Régime Spécial de Sécurité Sociale créé en 1946. La population assurée s’étend à l’ensemble des travailleurs d’un secteur d’activité qui comporte des entreprises publiques et privées titulaires de concessions d’exploitation minière c'est-à-dire principalement les mineurs et leurs familles. C'est ainsi que très tôt, le Régime Minier a mis en place une organisation couvrant l’ensemble des risques sociaux. Sa construction s’est faite au fil des ans, en lien avec l’histoire de l’exploitation minière et l’histoire des hommes qui y ont travaillé. Dans la région Nord Pas de Calais et dans la société française, le monde de la mine a tenu une place particulière. En effet, l’exploitation du charbon a contribué pour une grande part au développement industriel de notre pays, permettant à la France de devenir une puissance économique de premier plan. Le bassin minier du Nord Pas de Calais a joué un rôle prépondérant dans ce développement. Durant les périodes de production, les exploitants ont fait appel à de la main d’œuvre étrangère : maghrébine, polonaise, italienne pour répondre aux besoins non satisfaits par la main d’œuvre locale. Puis, le système minier s’est stabilisé et a fonctionné de manière endogène, les générations de mineurs se succédant de père en fils. Au milieu du XXe siècle, la stratégie des acteurs s’est inversée. Les Houillères des Bassins Nord Pas de Calais (HBNPC), héritières des compagnies privées, ont organisé le repli de l’exploitation, par phases successives de concentration de l’activité sur quelques sièges. Les générations de mineurs dont l’existence a été rythmée par les cadences de travail de la fosse et la vie au sein des cités minières pendant plus de deux siècles, ont perdu en une quarantaine d’années, leurs points de repère. Toutefois, le sentiment d’appartenance de ce groupe social, aux territoires miniers perdure. Ils sont liés à des acquis référentiels, à un mode de vie social et au paysage industriel et urbain. Aujourd’hui, le régime minier est confronté à son déclin. Le nombre de salariés en activité diminue progressivement et le nombre d’affiliés diminue à un rythme de 5 à 7 % par an. 6 Dans notre région, le Régime Minier dispose encore aujourd’hui de 126 structures ambulatoires et de 14 établissements médico-sociaux et Services de Soins Infirmiers à Domicile1 ainsi que d’un service social composé de 30 assistants sociaux et de personnel de secrétariat. Les personnes concernées2 par le service social sont maintenant des personnes âgées avec une moyenne d’âge de 76 ans, majoritairement des femmes, veuves de mineurs. De fait, durant ces années d’activités, j’ai vu des changements s’opérer au sein de Régime Minier et particulièrement au sein du service social dans lequel j'exerce encore, à l’origine service polyvalent de catégorie qui s’est spécialisé en 1996 dans la prise en charge de la personne âgée. Le service social a connu des modifications de nature organisationnelle et structurelle en 2005, en raison des décisions prises au niveau national avec une transformation et une rationalisation des moyens en regroupant les sites d’accueil et le personnel du service social. À l’époque, assistante sociale de secteur, l’antenne dans laquelle je travaillais a été fermée et j’ai été affectée dans une des autres antennes existantes dans le département du Pas de Calais. L’inquiétude des salariés pour leur avenir était présente, verbalisée le plus souvent par : « quel est l’avenir du service ? Quelle sera la prochaine étape ? » La question que nous nous posions tous était de savoir combien de temps le Régime Minier allait « survivre » ainsi que nos postes. Bien que la réforme ait démarré en 2004 avec la parution de différents décrets, le service social n’a été touché qu’en 2005. A l’époque, les conséquences de l’application du décret de 2004, qui prévoit la séparation de la gestion des actes d’assurance et des actes d’offre de soins c'est-à-dire la gestion des risques et les soins, n’étaient pas claires pour moi alors qu’elles allaient s’avérer être importantes pour les membres du personnel, l'institution mais aussi sur les affiliés. En 2007, les Caisses Régionales Minières (CARMI) ont été créées, leur action consiste à organiser le système de soins dans leur circonscription en s’ouvrant à la population non minière. Sur la région Nord Pas de Calais cinq territoires ont été redéfinis, avec des changements pour tous les salariés. En 2007, le service social ne disposait que de quatre antennes sur le territoire Nord Pas de Calais, une cinquième a été créée provoquant des mutations pas toujours choisies à l’interne. En 2009, le Régime de Sécurité Sociale des Mines a crée la marque FILIERIS, la santé en action, pour l’ensemble de son offre de santé (représentant l’ensemble de ses structures et services). 1 2 Annexe 13 : l’offre de santé de la CARMI Nord Pas de Calais Annexe 2 : répartition des CARMI en France - la CARMI Nord Pas de Calais : 65 714 affiliés miniers 7 Accessible à tous sans dépassement d’honoraires, quel que soit le régime de sécurité sociale, cette offre de santé assure une prise en charge globale, sanitaire et médico-sociale, du patient intégrant la prévention et le dépistage, les soins et leur suivi dans des structures adaptées ou à domicile. L’activité du service social est à ce jour toujours liée au décret de 1945 et il ne permet pas l’ouverture du service social à toutes les populations. Aujourd’hui, j’occupe un poste de responsable d’une antenne de service social de la Caisse Régionale Minière (CARMI), sur le territoire de Lens-Liévin et l'inquiétude persiste pour l’avenir du régime et celui du service social. Des mutations structurelles et organisationnelles profondes sont toujours en cours. Une de mes missions principales consiste à accompagner mon équipe de salariés dans ce changement. Récemment nous avons vu les affiliés miniers, les syndicats et les salariés se mobiliser pour défendre les droits acquis qui étaient menacés par ces réformes3. Ces éléments m’ont interpellée et m'interpellent encore professionnellement mais aussi sur le plan personnel. J’ai toujours connu ce Régime Spécial de Sécurité Sociale créé au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale4, avec ses corons, un habitat particulier, le médecin des mines, le dispensaire, toute une organisation sanitaire, administrative et sociale créée autour des puits de mines ; uniquement à destination des affiliés du Régime Minier. Je suis cadre, salariée et issue de la population minière de part mes origines familiales. Je pense que chacun d’entre nous, quel que soit son statut, est confronté à d’importants bouleversements. L’histoire de la région et particulièrement celle de l’ancien bassin minier sont liées à l’histoire des mines. Le basculement de la gestion de l’assurance maladie au Régime Général représente la fin du Régime Minier de Sécurité Sociale avec un impact sur la région, ses habitants, sa culture, les affiliés, les salariés qui sont aussi pour la majorité affiliés au régime minier de sécurité sociale et l’organisation mise en place par le Régime. 3 Manifestation interfédérale des mineurs (salariés des caisses régionales minières et des retraités miniers) à Paris le 17 mars 2010 suite à la parution du décret du 31/12/2009 remettant en cause la gratuité des soins pour les affiliés au régime minier 4 www.legifrance.gouv.fr, décret n°46-2769du 27/11/1946, portant organisation de la sécurité sociale minière 8 Les interrogations des salariés sont toujours présentes. Une de mes difficultés de manager est de créer du dynamisme, de l’implication au sein de mon équipe pour développer de nouvelles actions sur notre territoire, qui est une de mes missions ; alors que je ne dispose pas d’une lisibilité suffisante sur le devenir du service social et de ses agents permettant d’avoir une projection dans l’avenir. C’est en réaction à ces bouleversements que l’idée de traiter ce sujet est venue. Il s’agit pour moi de transformer un sujet de préoccupation, de discussion, de débat et de connaissances en un objet de recherche, démarche qui peut correspondre aux attentes du DEIS qui sont « d’acquérir les outils susceptibles d’analyser les organisations de travail, les territoires, les populations, les politiques sociales et économiques5». J'ai donc choisi d’orienter mon questionnement sur l’avenir de ce patrimoine historiquement et socialement important pour la population de la région, son organisation et la prise en charge de ses affiliés maintenant âgés. Ce premier questionnement a été le suivant : Quel est l’avenir du Régime Minier ? Quel est l’avenir de son expérience dans la prise en charge de la personne en perte d’autonomie ? Pour notre société, l’accompagnement des seniors dès la retraite à la perte d’autonomie constitue un enjeu essentiel. La prise en charge des personnes en perte d’autonomie est un défi majeur pour les années à venir. L’ampleur des évolutions démographiques attendues d’ici 2015 doit nous interpeller. Chaque année l’espérance de vie s’accroît d’un trimestre, elle dépasse désormais 80 ans avec une différence entre les hommes et les femmes. En 2005, en France, 1 100 000 personnes ont plus de 85 ans, ce seront 1 900 000 personnes en 2015 et le doublement de cette population est envisagé pour 2020, d’après les études réalisées par la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques6. 5 Projet pédagogique de l’Institut Régional du Travail Social Nord Pas de Calais, formation au Diplôme d’Etat d’Ingénierie Sociale 6 www.medetic.com/docs/02/projection%25 Personnes âgées dépendantes et aidants potentiels : une projection à l’horizon 2040 9 Dans ce mémoire professionnel, je m’attacherai à préciser le déroulement de ma réflexion, ce qui permettra de comprendre et d’analyser les changements intervenus dans le Régime Minier de sa création jusqu’à aujourd’hui. Ces différents éléments m'ont amenée à la formulation de la question de départ suivante : Comment le régime minier pourra dans la durée proposer une activité de qualité pour la population âgée prise en charge ? La suite du travail de recherche présentera le sens d'une démarche avec une partie exploratoire qui m'a permis de repérer le ressenti des interviewés, des professionnels intervenant dans le domaine de la personne en perte d’autonomie, majoritairement des salariés de la CARMI, du Conseil général, de l’Agence Régionale de Santé ainsi qu’une personne âgée face à ces questions. L’analyse de ces entretiens, les connaissances acquises sur le terrain professionnel et les lectures effectuées autour de la sociologie de la vieillesse, la protection sociale et l’analyse organisationnelle de M.CROZIER et E.FRIEDBERG m'ont permis de poser l’hypothèse suivante : La CARMI Nord Pas de Calais est confrontée à un changement profond, elle pourrait franchir cette étape décisive pour son avenir en raison de son expérience dans la prise en charge de la personne âgée. Ma réflexion s’appuie sur trois thèmes en lien avec des concepts qui nous aideront à « rendre compte du réel7 » : l’avenir du régime minier, la prise en charge de la personne en perte d’autonomie et le changement. Je déterminerai en fonction de l’orientation théorique ce que j’entends par « avenir du régime minier », je caractériserai la prise en charge de la personne en perte d’autonomie au sein de la CARMI Nord Pas de Calais puis le changement du point de vue de l’organisation et de l’acteur. Ma démarche de recherche sera déclinée en trois parties, la première traitera du régime minier et de son système de protection sociale, les changements intervenus et notamment la récente réforme de 2004. Les changements vont être abordés sous l’angle de la structure : la gouvernance évolue et ne se présente plus uniquement sous l’égide du système de protection 7 DEPELTEAU (F.), 2009, la démarche d’une recherche en sciences humaines de la question de départ à la communication des résultats, Québec, Editions De Boeck, p 176 10 sociale et nécessite un pilotage différent, de l’acteur qui travaille dans le système : pour cela j'ai pris en référence les travaux de M.CROZIER et E. FRIEDBERG sur l’approche organisationnelle, ce qui nous permettra d'envisager ces changements du point de vue de l’acteur et enfin de l’usager qui peut être un affilié minier et un usager de l’offre de santé. Dans la deuxième partie, nous aborderons le régime minier à l’épreuve des changements qu’il a connu, sous un angle national mais aussi régional, de sa construction jusqu’à aujourd’hui, en mettant l’accent sur la situation depuis 2004 de la CARMI Nord Pas de Calais, en conservant les perspectives du point de vue de la structure, du personnel et des affiliés. Dans la troisième partie, nous mettrons en relation les éléments des lectures, des possibilités d’entretiens et notre expérience personnelle pour construire une méthodologie de recherche et d’enquête qui a retenue comme outil l’entretien semi directif. Il a été utilisé auprès de différentes personnes salariés ou non de la CARMI Nord Pas de Calais afin de repérer leur perception de la prise en charge de la personne âgée, des changements intervenus ou à venir au sein du régime minier, la teneur et la portée de son impact sur leur situation. Puis nous considérerons les entretiens et leur analyse pour permettre la construction d’un projet professionnel qui consistera à sélectionner et extraire les données susceptibles de permettre la validation ou la non-validation de l’hypothèse aux faits. 11 1ère partie : pour comprendre et permettre d’analyser les changements intervenus dans le régime minier aujourd’hui Salariée depuis 1996 du régime minier, sur un poste de cadre depuis dix huit mois, il m’a semblé intéressant de poser ma pratique, mes connaissances, d’adopter une position de chercheur vis-à-vis de mon terrain professionnel. Cette partie est la première étape de mon travail de recherche, elle reprend tout un cheminement intellectuel alternant des recherches théoriques et exploratoires partant d’une question de départ, une question centrale pour aboutir à l’hypothèse qui est une des réponses possibles à la question centrale. Ma question de départ était la suivante : quel est l’avenir du Régime Minier ? Cette première partie nous permettra de comprendre et d’analyser les changements intervenus dans le Régime Minier jusqu’à aujourd’hui. Pour cela, nous observerons le Régime Minier et son système de protection sociale avec les différents changements dont il a fait l’objet aussi bien au niveau de la structure que pour le personnel et son public. Le deuxième chapitre mettra en lien une hypothèse avec les changements apportés. Chapitre 1 : le régime minier et son système de protection sociale comme sujet de recherche Avoir comme sujet de recherche le régime minier suppose de l’examiner sous tous les angles. Ebauché au XVIII siècle, le régime minier n’a cessé d’évoluer jusqu’à aujourd’hui. La profession de mineur n’est plus exercée depuis 1990, date de la fermeture du dernier puits de mine dans la région. En 2006, à l’issue du contrat de plan Etat/Région, le bassin minier a cessé d’exister au moins en terme administratif pour devenir un territoire comme un autre. Quand est-il exactement ? A qui s’adresse-t-il ? Comment est il financé ? 12 Il s’agit de présenter ici le régime minier et son système de protection sociale : sa construction, le développement d’une organisation sanitaire et sociale, la structuration de l’ensemble ; puis les modifications survenues depuis 2004, les nouveaux outils de pilotage et l’offre de santé aujourd’hui pour ensuite aborder les enjeux en terme d’avenir pour la structure, les salariés dans le cadre des politiques actuelles et pour terminer sur les changements opérés et à venir. 1.1 le régime minier et son système de protection sociale Notre région a été fortement marquée par l’histoire de l’exploitation minière et de son système de protection sociale autour desquels se sont construites des organisations sociales, culturelles et politiques. Cette première partie essentiellement historique, présentera la construction du régime minier, le développement de son organisation sanitaire et sociale, et la structuration du régime. 1.1.1 la construction du régime minier L’histoire de l’exploitation minière et des mineurs s’étend dans la région Nord Pas de Calais de 1720 à 1990, ni ruraux, ni citadins, les charbonniers constituent dès leur origine un groupe à part. Au sein d’une même entreprise (la compagnie), ouvriers et employeurs partagent un savoir faire et un cadre de vie ; ensemble, ils posent les bases d’une profession. En l’absence de cadre juridique ou réglementaire, un contrat moral les unit. Au fil des années, le nombre de mineurs s’accroît. Leurs conditions de vie et de travail souvent difficiles vont beaucoup évoluer. Industrie de main d’œuvre, la mine crée autour d’elle une importante concentration humaine. Chaque groupe d’exploitation est à lui seul une très grande entreprise qui gère non seulement de nombreuses fosses et usines, des infrastructures et des centres de formation, des centres sociaux, des centres de congés, de vastes cités minières dotées de multiples équipements avec du personnel spécialisé. L’entreprise encadre, organise la plupart des moments de la vie sociale et professionnelle du mineur et de sa famille, y compris, et ce n’est qu’un exemple, par les centres ménagers destinés aux jeunes filles. 13 La profession minière a été amenée dès sa naissance à créer de toutes pièces cette infrastructure particulièrement dans le domaine médical. La mise en place du système de protection sociale s’est fait progressivement. Un édit de 1604 imposait aux propriétaires de mines de remettre un trentième des produits extraits à leur Trésorier afin d’ouvrir un crédit permettant que « les pauvres blessés soient secourus gratuitement et, par cet exemple de charité, les autres plus encouragés au travail desdites mines » et de s’attacher les services d’un chirurgien. On ne retrouve pas d’autres interventions de l’Etat en ce domaine avant le XIX siècle. L’extraction minière n’était pas alors très développée. C’est la loi du 29 juin 1894 qui instaure un véritable régime de prévoyance sociale obligatoire par capitalisation en faveur des travailleurs du sous sol. Elle jette les bases du régime minier actuel. Les salariés des autres professions, agricoles et industrielles, ont du attendre respectivement 1910 et 1930. Cette protection sociale couvre les risques maladie, infirmité et décès. Elle est fondée sur deux principes fondamentaux : elle est obligatoire, ce qui constitue à l’époque une avancée sociale considérable ; et son financement est fondé sur la contribution des employeurs et des travailleurs. Ainsi la mise en place de Sociétés de Secours Mutuel devient-elle obligatoire dans chaque exploitation. Les retraites sont assurées par un financement fondé sur la contribution des employeurs et des travailleurs. La loi du 25 février 1914 crée la Caisse Autonome de Retraite des Ouvriers Mineurs (CAROM). Elle est basée sur un triple financement : les exploitants, les ouvriers et l’Etat. Lors de la victoire électorale du Front populaire en 1936, les mineurs bénéficient des mêmes mesures que les autres travailleurs : congés payés et réduction du temps de travail. Ils réussissent également à négocier des conventions collectives avantageuses. L’ordonnance du 13 décembre 1944 confie l’exploitation du bassin aux Houillères Nationales du Nord Pas de Calais, passant d’un statut d’entreprise privée à la nationalisation. Le statut du mineur est adopté par l’Assemblée Nationale en février 19468. En 1947, les Houillères du bassin du Nord Pas de Calais comptent 220 000 personnes à leurs effectifs9. La base de l’organisation était choisie de façon à ce que chacune d’elles se trouve au cœur d’une région dense en population : Auchel, Bruay, Noeux, Bully-Grenay, Lens, Liévin, Courrières, Dourges, Ostricourt, l’Escarpelle, Aniche et Valenciennes. 8 www.sictame-unsa-total.org/documents/statut_du_mineur.pdf, statut du mineur, décret du 14 juin 1946 Service communication des HBNPC de Douai, 1991, « Relais spécial : le bassin minier du Nord Pas de Calais de 1946 à 1990 à travers les journaux de l’entreprise », Dainville, p 153 9 14 L’ordonnance du 19 octobre 1945 crée le régime général qui rassemble (à l'exception des salariés agricoles) tous les salariés du secteur privé. Pour J.M. ALBERTINI10, elle appartenait à la panoplie des mesures prises pour assurer la reconstruction et le redressement économique du pays. A court terme, la santé des travailleurs et leur intégrité physique étaient d'autant plus nécessaires que l'état sanitaire de la nation, miné par une longue période de pénurie, n'était pas bon. Il fallait d'abord disposer d'un capital humain productif, le plus nombreux possible. L'ordonnance du 19 octobre 1945, en cela permet la couverture des risques maladie, maternité, invalidité, vieillesse, décès. La loi du 22 août 1946 étend les allocations familiales à pratiquement toute la population et la loi du 30 octobre 1946 intègre la réparation des accidents du travail à la sécurité sociale. La loi du 22 mai 194611 pose le principe de la généralisation de la Sécurité Sociale à l'ensemble des citoyens. La généralisation à tous les Français de la Sécurité sociale, et l'unification du système avec une caisse unique pour l'ensemble des régimes d'assurance maladie, vieillesse et allocations familiales étaient prévus, mais l'unification souhaitée par le législateur ne s'est pas réalisée. Les décrets du 27 novembre 1946 et 22 octobre 194712 conservent la structure historique du régime minier, mais en créant à l’instar du régime général, une sécurité sociale dans les mines qui regroupe les risques maladie, accidents de travail, vieillesse et prestations familiales. Sa particularité est de faire reposer les prestations sur une offre de soins gratuite et exclusive, le mineur ne disposant pas de liberté de choix. L’exploitation minière est progressivement remise en cause en raison des changements de stratégie industrielle, avec la création de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) au niveau européen et des licenciements progressifs liés aux fermetures des puits de mines, où en 1990 le dernier puits est fermé dans le Pas de Calais. Le déséquilibre prend progressivement corps, ceci pose le problème du financement du système de Sécurité Sociale Minière qui repose sur les cotisations des actifs comme ceci est le cas dans le régime général. 10 ALBERTINI (J.M.), 1988, Bilan de l'économie française. A l'usage du citoyen ordinaire et de quelques autres, Paris, collection Economie et société, Edition du Seuil, p 225 11 www.legislation.cnav.fr/.../loi/TLR-LOI_461146_22051946.htm, loi n° 46-1146 du 22 mai 1946 portant généralisation de la sécurité sociale 12 www.legifrance.gouv.fr, décret n°47-2100 du 22 octobre 1947 fixant les mesures d'application du décret N° 46-2769 du 27 novembre 1946 portant organisation de la Sécurité Sociale dans les mines. 15 1.1.2 Le développement d’une organisation sanitaire et sociale Dans les années cinquante, devant la carence de l’organisation sanitaire et la sous médicalisation des régions à forte densité de population minière, les sociétés de secours qui avaient à gérer l’assurance maladie avec un système de soins particulier (rémunération forfaitaire des soignants et pratique du tiers payant) ont, pour attirer des médecins dans les cités minières, adopté la médecine à temps plein afin de se doter d’un système de soins ambulatoires de qualité. Le médecin généraliste, rémunéré forfaitairement consacre exclusivement son activité professionnelle à la population minière dont il est amené à assurer la prise en charge globale : prévention et soins. Le praticien dispose dans l’exercice quotidien de sa profession, de l’aide permanente d’un infirmier. L’implantation de la médecine à temps plein s’est accompagnée de la construction de cabinets médicaux où se pratiquent les soins infirmiers des malades. Dans un deuxième temps, les sociétés de secours se sont dotées de centres de médecine spécialisée où exercent des médecins spécialistes dans les disciplines essentielles telles que la cardiologie, la pneumologie pour la surveillance et les soins liés aux pneumoconioses et surtout à la silicose, la plus grave maladie des mineurs. L’équipement sanitaire de la SSM comporte encore un certain nombre de réalisations d’ordre médical ou paramédical appelées « œuvres13 » : pharmacies, ambulances, laboratoires, soins dentaires etc. La Sécurité sociale minière gère également des établissements hospitaliers et des instituts médico éducatifs. Le régime minier a aussi mis en place des services de soins infirmiers à domicile permettant l’intervention d’aides soignantes. La population concernée et la construction de l’offre de soins proposée trouvent leur origine dans la réponse à leurs besoins spécifiques : une offre de soins qui s’est adaptée aux besoins des usagers axée principalement sur le maintien à domicile. Dès 1960, la région minière du Nord Pas de Calais a été confrontée au vieillissement de ses affiliés ; les mineurs souffrant de pathologies propres à leurs conditions de travail difficiles (accidents de travail, silicose) accélérant leur vieillissement et leur décès. Si l’âge est un facteur de risque, il s’aggrave avec une population d’anciens mineurs présentant des poly pathologies. Le veuvage est aussi plus 13 On désigne sous ce vocable un ensemble de réalisations qui ont permises aux SSM de mettre à disposition de leurs ressortissants des prestations en nature ou des services adaptés à leurs besoins. Source : URSSM du Nord, 1969, les réalisations sanitaires et sociales dans la région, Lens 16 important. Le Régime Minier s’est trouvé très tôt confronté au problème de la prise en charge des personnes en perte d’autonomie. Le service social a été créé en 1954, à l’époque, il était polyvalent de catégorie et s'adressait à une catégorie de population spécifique, les ressortissants miniers pour tous les types de difficultés sociales. Il est devenu spécialisé en « gérontologie » en 1996, après le transfert de la branche « famille » aux Caisses d’Allocations Familiales. Dès 1965 des aides au maintien à domicile dans le cadre de l’action sanitaire et sociale ont été développées dans la région Nord Pas de Calais. Les établissements médicaux des Houillères ont été créés dans les années 1965-1980 : nouvel hôpital de Liévin en 1966, création de la Manaie, maison de santé et de cure médicale pour personnes âgées, par la SSM d’Auchel en 1977, premières pierres de l’EHSPAL (Etablissement d’Hébergement et de Soins pour Personnes Agées de Liévin) en 1978. L’équipement médical des Houillères répond aux besoins des mineurs dans le cadre de leur travail, celui de la Sécurité Sociale Minière répond davantage aux besoins du personnel de l’entreprise pour les risques indépendants de son activité, et surtout aux besoins des familles. 1.1.3 La structuration du Régime Minier De 1946 à 2005, le régime minier est organisé de façon pyramidale. Pour cela, la CAROM est transformée en Caisse Autonome de Sécurité Sociale dans les Mines (CANSSM). La CANSSM14, organisme de droit privé chargé de la gestion d’un service public, est administrée par un Conseil d’Administration composé de 30 membres dont le président est nommé par décret sur rapport du Ministre chargé de la Sécurité Sociale : 7 membres représentants de l’Etat 8 membres désignés par les exploitants des mines 15 membres élus par les représentants des travailleurs au sein des conseils d’administration des Unions Régionales des Sociétés de Secours Minières et des Sociétés de Secours Minières. La Caisse Autonome Nationale est à la fois caisse de retraite et organisme national pour l’ensemble de la sécurité sociale minière. Elle gère le risque vieillesse, détermine la politique 14 Annexe 1 : schéma du régime minier et organigramme de la CANSSM 17 générale du régime, recouvre les cotisations, assure le financement et la trésorerie commune des différentes prestations et dépenses d’actions sanitaires et sociales et de gestion administrative des organismes du régime. Elle organise et dirige le contrôle médical. Au niveau local, les 15 sociétés de secours minières gèrent les risques maladies ainsi que les structures sanitaires du régime. Les 7 Unions Régionales de Sociétés de Secours Minières (URSSM) gèrent les risques accident de travail et maladie professionnelle et organisent la politique d’action sanitaire et sociale au niveau local. La récession débute en 1960. Elle se concrétise par l’arrêt des embauches massives, les restructurations successives. Des années durant, les efforts ont visé un but essentiel : faciliter la mobilité interne, aider le mineur à se convertir à un autre métier, limiter les conséquences de l’arrêt des puits de mines. Cette récession a également eu un impact sur la structure Régime Minier. 1.2 Des perspectives de changement Depuis la fermeture des puits de mines dans la région en 1990, face au vieillissement des affiliés miniers, le déséquilibre financier devient de plus en plus important. Des réformes vont être programmées, la plus importante en 2004, permettant la survie voire le développement du régime à la population non minière à travers une nouvelle offre de santé par le biais de nouveaux outils de gestion. 1.2.1 La réforme de 2004 Actuellement, le régime minier est confronté à une situation difficile : le rapport démographique cotisants/inactifs est déséquilibré : le nombre de salariés en activité diminue progressivement (un peu plus de 20 000 actifs en 2000) alors que le nombre de pensionnés miniers en 2005 est important : 228 000 dont plus de 72 % répartis dans le Nord et l’Est de la France15. La population affiliée au régime minier de Sécurité Sociale vieillit et meurt à un rythme de 5 à 7 % par an. Le régime minier est aujourd’hui déficitaire et compensé à 98 %16 par l’ensemble des autres régimes de protection sociale. La compensation démographique 15 www.secumines.org, site Internet du régime minier Ressources.ensp.fr/memoires/2007/mip/groupe_17.pdf La médecine minière un exemple à suivre ? Module interprofessionnel de santé publique, Ecole Nationale de la Santé Publique de Rennes, 2007, p18 16 18 impose depuis 197417 au régime général des salariés, dont le nombre de cotisants augmente, et au budget de l’Etat ; de compenser les charges résultant du déplacement de l’activité indépendante vers le salariat. L’ouverture bilatérale nécessite la mise en œuvre de la maîtrise médicalisée des dépenses de santé à l’instar du régime général. Les évaluations de la qualité du service rendu, la quantification et la codification des actes, l’évaluation des pratiques deviennent incontournables sur le plan économique. La CARMI Nord Pas de Calais est marquée par cette réalité, au 31/12/2006 il y avait 70 117 affiliés au régime minier de sécurité sociale, contre 60 554 au 31/12/200818 soit une baisse de 14 % des effectifs en 2 ans. Lors du séminaire de direction de juin 2010, le Directeur Général a affirmé qu’à ce jour la CARMI Nord Pas de Calais était équilibrée au niveau financier ; mais jusqu’à quand ? Je me suis posée la question suivante : Dans le cadre de la poursuite d’activité du régime minier, dans quel cadre allons-nous pouvoir assurer la prise en charge médico-sociale de la personne en perte d’autonomie ? L’évolution du régime a été marquée par le décret du 02/11/200419 qui prévoit la séparation de la gestion des actes d’assurance et des actes d’offre de soins. Le risque maladie est confié à la CANSSM qui délègue des missions aux organismes régionaux. Depuis le 1er janvier 2005, la Direction des Retraites de la Caisse des Dépôts20 gère la Retraite des Mines et assure, désormais le recouvrement des cotisations et la gestion du risque vieillesse Ŕ invalidité des anciens mineurs et de leurs ayants droits. La modernisation du régime organise la création de 7 CARMI21 en France dont celle du Nord Pas de Calais22. Leur action consiste à organiser le système de soins dans leur circonscription en s’ouvrant à la population non minière. La CARMI Nord Pas de Calais23 a été créée en mars 2007 et se décline avec une Direction Générale et 9 domaines avec la nomination d’un nouveau directeur général et des nouveaux 17 www.securite-sociale.fr/chiffres/lfss/lfss2004/anx_g2.pdf, loi-cadre du 24 décembre 1974 instaurant une compensation démographique entre les caisses 18 Service social régional, CARMI Nord Pas De Calais, dénombrement des affiliés par site 19 www.cdc.retraites.fr - décret 2004 - 1172 du 2/11/2004 modifiant le décret n°46 Ŕ 764 du 27/11/1946 portant organisation de la sécurité sociale minière 20 www.cdc.retraites.fr, décret n° 2004-1172 qui entérine le transfert de gestion du risque vieillesse/invalidité à la Caisse des dépôts signé le 2 novembre 2004 21 Annexe 2 : répartition des CARMI en France 22 Résultat de la fusion des 7 URSSM et 15 SSM 23 Annexe 3 : organigramme de la CARMI Nord Pas De Calais 19 outils de pilotage tels la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. L’offre de soins de la CARMI Nord Pas de Calais s’organise autour des 5 territoires24 : le Valenciennois, le Douaisis, les régions d’Hénin-Carvin, Lens-Liévin et le Bruaysis, en référence aux anciens sites d’exploitation minière. 1.2.2 Les nouveaux outils de pilotage Le décret de 2004 a été complété par une Convention d’Objectifs et de Gestion signée avec l’Etat, qui formalise dans un document contractuel la délégation du service public de Sécurité Sociale aux organismes gestionnaires. La COG 2008-2011 vise les objectifs suivants : la consolidation de l’offre de service en direction de la population minière, la performance et l’efficience de la gestion du régime, la promotion d’une offre de soins de qualité pour tous. Sur un plan pratique, la COG représente la « feuille de route » de l’ensemble des structures de la CARMI Nord Pas de Calais prévue jusqu’en 2011. Elle renforce le rôle de pilotage du régime par la Caisse nationale, elle détermine la politique générale du régime minier, assure le financement et la trésorerie des risques maladie, accidents du travail et maladies professionnelles, vieillesse et invalidité. Elle coordonne et contrôle l’action des organismes miniers locaux et régionaux. Nous n’avons aucune connaissance des perspectives au-delà de cette date. En 2008, un rapport d’audit25 a été rendu, effectué par un cabinet de consultants, le contexte du régime minier était défini de la façon suivante : « Le régime minier est confronté au déclin inéluctable de sa démographie (une démographie en déclin et un vieillissement de sa population). Pour préserver son avenir, la CAN est en train de changer de métier : l’avenir du régime est d’être un opérateur de soins, un réseau souvent complémentaire à l’offre libérale en particulier dans le Nord et l’Est de la France ; dans lequel la CAN doit jouer un rôle de coordinateur entre l’ensemble des acteurs. Dans ce contexte, la CAN et ses équipes sont en train de gérer de profondes mutations tout en préservant le fonctionnement quotidien du régime. » En termes d’avenir, la CARMI Nord Pas de Calais semble disposer de deux options la collaboration avec le régime général ou l’absorption, dans les deux cas de figure, des modifications de l’organisation voire un transfert vers une autre organisation. 24 25 Annexe 4 : le découpage des territoires de la CARMI Nord Pas De Calais Rapport d’audit, Eurogroup, 15 février 2008 20 C’est à partir de ces éléments qu’a émergé ma question centrale : Comment le régime minier pourra exercer de telles responsabilités dans la durée, assurer une gestion équilibrée et une activité de qualité pour les personnes âgées prises en charge ? 1.2.3 L’offre de santé aujourd’hui D’un régime spécial prenant uniquement en charge ses affiliés issus de l’exploitation minière qui sont aujourd’hui âgés ; l'offre de santé du régime minier est maintenant un système de soins intégré : une offre de santé globale et diversifiée ouverte à tous quel que soit le régime de sécurité sociale qui comprend les trois degrés de la prise en charge médicale : • 1er degré : Médecine généraliste ambulatoire, soins dentaires, ensemble des soins, • 2ème degré : Médecine spécialisée, analyses médicales et lien avec les centres hospitaliers, • 3ème degré : médecine hospitalière, soins de suite et de réadaptation, soins de moyenne et longue durée. Le régime minier gère également des centres de santé polyvalents (médical, infirmier, dentaire, spécialités), des pharmacies (en cours de restructuration), des centres d'optique, des laboratoires d'analyses médicales, des services ambulanciers. A ces structures ambulatoires viennent s'ajouter, en gestion directe ou associative, des services à la personne (SAP), des Services de Soins Infirmiers A Domicile (SSIAD), des établissements de soins répartis sur l'ensemble du territoire : établissements hospitaliers, établissements de soins de suite et de réadaptation, structures d'hébergement temporaire, établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, foyers logements. Cette offre de soins et de services couvre également la prévention, le dépistage, le traitement et le suivi des maladies et affections courantes, la dispensation et l'administration des médicaments, les produits et les dispositifs médicaux (prises en charge médicales, paramédicale spécifiques), l'orientation dans le système de soins et le secteur médico-social, l'éducation pour la santé, le champ social. La prise en charge se caractérise par approche globale de la personne tant sanitaire que sociale. Le volet social est explicitement lié au réseau sanitaire. Mais il dispose de structures d’accueil propres intégrant tout à la fois le préventif et le curatif. Le régime minier est bâti autour de la prise en charge globale du patient réalisé par une même organisation qui se structure autour de la personne et les relations entre les 21 professionnels sont facilitées par l’appartenance à la même organisation sociale et sanitaire. La prise en charge du régime minier est un parcours de soins coordonné avec le médecin traitant comme pivot central qui articule et organise avec les services compétents la prise en charge du patient. Une des missions du service social consiste à accompagner la personne âgée et son entourage dans son projet de vie. Ce travail se fait en collaboration avec les acteurs du sanitaire, les champs sanitaires et sociaux sont bien souvent imbriqués dans la prise en charge des personnes en perte d’autonomie. En 2009, les principales problématiques rencontrées étaient la perte d’autonomie et l’accès aux droits. Les personnes âgées pour la plupart souhaitent continuer à vivre à domicile, ce qui nécessite un accompagnement et une coordination médico-sociale. Le maintien à domicile d’une personne âgée implique la mise en œuvre d’aides : intervention d’une aide ménagère, d’une auxiliaire de vie, d’une garde de jour/nuit ou la mise en place de la téléalarme, d’un portage de repas à domicile, et autres prestations. L’organisation du système du régime minier, avec à la base le médecin traitant assisté de son infirmière, agissant dans un secteur géographique délimité, devenu un « véritable espace gérontologique pour une population connue et répertoriée, s’est révélée particulièrement efficace et adaptée26 ». L’une des personnes interviewée dans le cadre des entretiens exploratoires a décrit la médecine minière comme : «Une forme de médecine qui s’est développée en fonction des besoins de la population et des compagnies minières. Elle s’est trouvée confrontée au vieillissement de ses affiliés et a développé une pratique, une expertise du maintien à domicile en créant les services nécessaires, internes au régime permettant la mise en œuvre de prestations. A l’époque l’organisme national s’était appuyé sur le Rapport Laroque27 ». La CARMI Nord Pas De Calais et en particulier les professionnels du territoire de Lens Liévin disposent actuellement d’un outil original intégrant une approche sanitaire et sociale qui met à la disposition de la personne en perte d’autonomie un ensemble de moyens et de professionnels pour l’accompagner dans son projet de vie. Un des professionnels interviewés dans la démarche exploratoire évoque : l’idée d’une chaîne avec des services à la population du régime minier28. 26 La revue de l’institut social de France et de l’Union Européenne, n° 116 du 15/4/1995, p20 Entretien exploratoire n°2 Ŕ cadre supérieur, Service Social de la CARMI Nord Pas De Calais 28 Entretien exploratoire n°3 Ŕ cadre intermédiaire, Service des Oeuvres de la CARMI Nord Pas De Calais 27 22 A partir de ces éléments, nous entendons réaliser notre étude sur notre territoire d’intervention soit Lens Liévin. Depuis 2004, le régime minier s’est interrogé sur son avenir et a évolué tant dans la prise en charge de sa population que dans sa gestion. A partir de ces éléments, on peut distinguer d’un côté le régime minier, organisme de sécurité sociale prenant en charge la population minière qui a deux missions principales par délégation de la CANSSM, la gestion des risques maladie et AT-MP, l’action sociale en faveur des affiliés miniers et de l’autre une entreprise promouvant son offre de soins ; les deux se rejoignant sur une démarche qualité et un objectif d’équilibre financier. 1.3 Les changements en cours, les enjeux pour demain Les organismes régionaux se sont restructurés, ont changé de nom, ont modifié leur organisation, pour être dans notre région la CARMI. Ces changements ont pris corps au niveau de la structure, de l’encadrement mais aussi dans une dimension individuelle pour chaque salarié ; sans oublier la population minière qui bénéficie de sa prise en charge par l’organisme et les professionnels qui le constitue. Le changement du régime minier se décline à trois niveaux : la structure, les salariés et le public. 1.3.1 Pour la structure L’histoire montre que le régime minier a toujours fait le choix de s’adapter, de s’organiser au sein même du régime en fonction des nécessités de changement. Aujourd’hui, alors que nous sommes confrontés à de nouveaux changements en lien avec le régime général, il a travaillé avec un cabinet de consultants extérieurs qui l’a accompagné dans ce processus. La réorganisation de sa structure est récente, c’est le décret de 2004 qui en pose les bases. La mise en place des 7 CARMI en France (dont celle du Nord Pas de Calais) a eu lieu en 2007. L’ouverture bilatérale, qui permet l’accès des œuvres du régime à toute la population, offre aussi la possibilité aux affiliés du régime minier de recourir aux services médicaux et paramédicaux des professionnels du régime général, nécessite la mise en œuvre de la maîtrise médicalisée des dépenses de santé. En raison des ces changements, la composition de l’offre de soins ambulatoire ne peut être maintenue dans l’état actuel ni dans son intégralité. La CANSSM incite au groupement d’œuvre de type « maison médicale » de manière à permettre la coordination des soins sur une aire géographique, pour une population donnée, en 23 vue d’une gestion équilibrée. Elle a élaboré le cahier des charges adressé depuis 2005 aux SSM afin de réaliser un travail de diagnostic portant sur l’offre de soins actuelle et l’incitation au développement des activités du régime. Je n’ai pas pu obtenir d’informations plus précises sur ce point. En Moselle Est, des projets de maisons médicales sont à l’étude. Elles incluraient outre le binôme médecin infirmier, des assistants sociaux, et permettraient de développer des actions de prévention et d’éducation à la santé. Ce projet après formalisation pourrait être étendu à l’ensemble des groupements d’œuvres dans le cadre d’une prise en charge globale du patient de type « guichet unique ». A ce jour dans le Nord Pas de Calais, un plan de restructuration des œuvres est en cours (fermeture ou développement de certains centres) avec un objectif de déploiement des permanences des assistants sociaux sur les sites restructurés ainsi que dans chacun des centres de médecine spécialisée. Toutefois, comme le prévoit le décret modifié du 27 novembre 194629 toujours en vigueur : une structure, dont le budget de fonctionnement n’est pas équilibré, peut être conservée si l’offre de soins au plan local n’est pas à même de répondre aux besoins sanitaires de la population. L’objectif de maîtrise des dépenses du régime minier doit donc être concilié avec ce principe, qui pourrait avoir pour effet pervers de ne pas inciter à mieux gérer. Le régime minier est confronté à une contrainte : celle d’une gestion à l’équilibre en maintenant une activité de qualité pour les populations concernées. 1.3.2 Pour l’acteur La CARMI Nord Pas De Calais avec ses 9 domaines et la Direction Générale totalise en 2010 presque 4 000 professionnels30 acteurs de santé, du social, de la prévention ou personnel administratif. Le personnel est issu des 3 organismes précédents où chacun était cloisonné dans sa structure et son fonctionnement. Dans la démarche exploratoire, une des personnes interviewée précise qu’elle : « Travaille pour le régime minier depuis plus de vingt cinq ans (…). Les réformes survenues dans le régime ont été opérées je pense à des moments précis mais en tant que salariée, je n’ai pas été associée à la réflexion sur l’évolution du régime, j’en parlais lors des réunions de service avec les collègues, l’assistante sociale principale mais c’est tout, il n’y avait pas de réflexion commune entre les services concernés.31 » 29 www.ccomptes.fr/.../Chap15-regime-securite-sociale-mines.pdf 30 Chiffres issus des propos du Directeur Général lors du séminaire de direction du 10/6/2010 Entretien exploratoire n°1 Ŕ assistant de service social à la CARMI Nord Pas De Calais 31 24 Actuellement les salariés sont confrontés à la recomposition de leur service, de leur structure locale, à une nouvelle organisation de service, de travail : tous les services ont été restructurés, l’ouverture a créé de nouvelles activités et des nouvelles tâches, et en en supprimant d’autres ; parfois avec une mutation dans un service différent ou juste une délocalisation qui n’étaient pas forcément choisies. Nous pensons qu’il est notable de souligner la taille importante de l’organisation ainsi que son implantation sur toute la région Nord Pas de Calais, avec une pluralité de sites de proximité pour la population minière. Dans le cadre d’un entretien, une assistante sociale précise les éléments suivants sur l’avenir : « A mon embauche, on parlait déjà de la fin du régime, on me disait tu ne finiras pas ta carrière ici. Aujourd’hui, je suis encore là. Ma pratique professionnelle a certainement évolué mais les besoins des personnes aussi, on s’est adapté. Et finalement on s’adapte à beaucoup de choses : union (Union Régionale des Sociétés de Secours Miniers), CARMI, et demain ? Seul le nom change, le métier reste le même32. » Cette professionnelle ne nous a pas semblé particulièrement inquiète pour son avenir. Elle pose son discours sur un vécu, une expérience qui est la sienne. Avec un autre professionnel, plus jeune, avec une ancienneté moins importante, le discours aurait peut être été différent. Ces éléments mettent en évidence la place de l’acteur dans l’organisation. Ce point fera l’objet d’un développement dans la suite de l’étude. L’avenir du réseau se pose aussi au niveau du reclassement du personnel de la CARMI Nord Pas De Calais dans un nouveau métier d’offreur de soins. Par le passé, quand il y a eu transfert de compétences, le régime minier a reclassé les professionnels vers d’autres organisations : les puéricultrices au Conseil Général avec la prise en charge de la Protection Maternelle et Infantile par exemple. Actuellement, certains services sont plus exposés en terme de risque car tous ne sont pas ouverts à la population générale : l’action sanitaire et sociale, les pharmacies et le service social, ce dernier est lié au régime par l’ordonnance de 1945 et émarge sur le budget de l’action sociale. La question qui se pose est la suivante : Comment motiver une équipe, un individu quand ces personnes ne peuvent se projeter dans leur avenir professionnel même à moyen terme ? 32 Entretien exploratoire n°1 Ŕ assistant de service social à la CARMI Nord Pas De Calais 25 Lors d’un séminaire qui s’est déroulé en juin 2010 le Directeur Général a apporté les éléments suivants : « La meilleure façon de sécuriser les statuts c’est de répondre au mieux aux clients. Il est nécessaire de s’imprégner du fait que la performance de chacun est liée aux performances des autres. Il faut optimiser les relais entre les activités et suivre en priorité les taux de fuite. Il est important de développer le sens de la responsabilité collective en développant la vision systémique globale pour assurer la gestion de son domaine ainsi que la contribution, par la vision et l’action, à la gestion globale. » Aujourd’hui, pour la CARMI Nord Pas de Calais, comme c’est le cas pour les 7 CARMI en France, il s’agit d’impliquer, de donner envie, d’animer pour intégrer, de proche en proche, tous les acteurs, à partir des responsables de service et de l’encadrement intermédiaire en vue de répondre au mieux à ses finalités de service au travers du projet d’entreprise. Pour cela, des pratiques clés sont indispensables : formaliser et suivre (tableaux de bord de suivi, comptesrendus), communiquer etc. 1.3.3 Pour l’usager/client La dénomination du public de la CARMI Nord Pas de Calais est aussi en train d’évoluer. Pour autant, même si le régime minier change et évolue, ses responsabilités vis à vis de la population minière reste les mêmes. Dans le cadre d’un entretien, la personne interviewée précise les engagements du régime vis-à-vis de son public : « Le régime de sécurité sociale va continuer à exister pour ceux qui relèvent de ce régime (…) même si le pilote est différent. La gratuité des soins sera toujours assurée jusqu’au dernier des mineurs.33 » Cependant l’appellation du public par les salariés est aujourd’hui différente en fonction des services et domaines : usager, client ou patient ? L’utilisation du terme « client » fait référence au registre du commerce. Un organisme de droit privé tel que la CARMI Nord Pas de Calais, avec une mission de service public se modifie pour devenir une entreprise privée proposant une offre de santé pour une certaine catégorie de population. Le risque n’est il pas de perdre cette notion de service public, de globaliser la prise en charge quel que soit le public affilié minier ou pas, d’utiliser des outils tels que le management pour contribuer à l’équilibre financier de l’entreprise ou au profit comme cela a pu se produire dans plusieurs entreprises : 33 Entretien n° 1 Ŕ cadre supérieur médical de la CARMI Nord Pas De Calais 26 France Telecom en France, la privatisation des chemins de fer en Allemagne34. La survie de la médecine minière dépend de la concrétisation de la réforme générale du régime minier, il s’agit là du sens du changement. L’appropriation de la réforme est le défi pour l’avenir pour tous ses professionnels de santé et du social dans le régime minier en relation avec le régime général. L’activité assurantielle du régime minier étant appelée à plus ou moins long terme à disparaître, les caractéristiques sanitaires des régions minières peuvent inciter à une préservation des oeuvres minières et à leur insertion dans le tissu local d’offre de soins. Ceci suppose leur ouverture à la population, ce qui est le cas dans la Région Nord Pas de Calais où certains territoires présentent une sous densité médicale et une sous densité d’équipement. Cependant, cette approche volontariste n’est pas exempte de difficultés. Elle nécessite notamment des efforts de modernisation et d’amélioration de la gestion, de restructuration du réseau et d’ouverture des œuvres, autant de réformes de structures qui suscitent de nombreuses résistances. La CARMI Nord Pas De Calais est une organisation qui facilite les contacts entre les professionnels et peut permettre de formaliser les actions dans une optique de construction de volonté collective. C’est dans ce sens que la CARMI répond aux attentes des Agences Régionales de Santé pour qui l’attribution de compétences médico-sociales répond à la volonté des pouvoirs publics de « développer des passerelles entre le sanitaire et le médico-social, afin d’encourager la transversalité entre les soins et l’accompagnement des personnes dépendantes.35 » La coordination médico-sociale pratiquée depuis de nombreuses années de façon informelle par les professionnels du médical, du sanitaire et du social, se voit aujourd’hui concept central de la CARMI dans son offre de santé. La coordination médico-sociale figure dans le projet médical national du régime minier. Afin de « promouvoir une offre dans ses composantes médico-sociales36 », il recommande d’établir des liens fonctionnels entre les professionnels notamment entre le médecin traitant et l’assistant de service social dans le cadre de la prise en charge ambulatoire. Ces liens existent mais ne sont pas formalisés dans ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui « un guide des bonnes pratiques », outil qui pourrait mettre à jour ces 34 BONELLI (L.), PELLETIER (W.), (sous la direction de), 2010, l’Etat démantelé enquête sur une révolution silencieuse, Paris, La Découverte, p 241 35 www.senat.fr, rapport sénat N°90, tome III (2009-2010), Desmarescaux, novembre 2009 36 www.secumines.org, site Internet du régime minier, projet médical national du régime minier, 2009, p23 27 liens qui ne sont pas toujours clairement identifiés et qui sont laissés à l’initiative des professionnels. Depuis février 2007, un comité de pilotage composé des professionnels de La CARMI travaille à une nouvelle coordination des relations médico-sociales. L’objectif de ce groupe est d’améliorer et d’optimiser la coordination médico-sociale de l’offre de santé de La CARMI, en 2009, le comité a souhaité avoir un éclairage sociologique par l’intermédiaire d’une sociologue de l’Institut Régional du Travail Social37 dans le cadre d’une recherche action. Cette étude s’est effectuée auprès d’un échantillon de 31 professionnels de La CARMI : 15 médecins, 10 infirmiers et 6 assistants sociaux, la construction de l’échantillon s’est réalisée en fonction de deux critères, l’inscription territoriale et l’ancienneté dans l’institution. Il apparaît que : « Les contacts actuels médecin-assistant social peuvent se développer et se généraliser si la volonté politique de l’institution prend en compte les différents paramètres qui viennent perturber les échanges entre les deux services réunis aujourd’hui dans la même institution. Pour construire des objectifs partagés, une connaissance et reconnaissance des spécificités, des limites des champs respectifs sont nécessaires »38. La précision suivante est apportée : « L’intervention des uns et des autres ne s’effectue qu’à partir de la demande du patient. Et c’est bien pour ce dernier que les uns et les autres sont amenés à se concerter. (…) Il est donc important de bien situer l’usager, le patient dans l’organisation actuelle. » Les orientations politiques vont également dans ce sens en resituant le patient au cœur du dispositif dans une dimension territoriale. La loi « hôpital, patients santé et territoires » (HPST) 39 vise à la modernisation des établissements de santé, à l’amélioration de l’accès à des soins de qualité, à la prévention et la santé publique, l’organisation territoriale du système de santé. La CARMI Nord Pas De Calais et les professionnels du secteur de Lens Liévin sont concernés par l’ensemble de ces éléments. La loi HPST entend lutter contre l'inégalité des patients en matière d'accès aux soins. Face à l'inégale répartition des professionnels de santé 37 DELAVAL (B.), mars 2009, la coordination médico-sociale, analyses des relations actuelles entre médecins, infirmières et assistantes sociales permettant de dégager les principes pour une prise en charge globale et coordonnée, recherche action effectuée par l’Institut Régional du Travail Social pour la CARMI Nord Pas De Calais, p1 38 Op. Cit., DELAVAL (B.), 2009, p 17 39 Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires 28 sur le territoire, la loi veut tenter de repeupler les déserts médicaux tout en respectant le principe de la liberté d'installation des professionnels libéraux. Elle a aussi pour objectif la simplification du système de santé (décloisonnement sectoriel, cohérence, efficacité des politiques de santé sur un territoire). En ce qui concerne les personnes âgées, dans le cadre du schéma gérontologique du Pas de Calais, un de ses enjeux est de mettre en place une politique gérontologique concertée et cohérente à l’échelle des territoires. Il précise également « qu’en matière gérontologique, toute démarche visant à séparer durablement accompagnement social et démarche curative est illusoire »40. La dimension territoriale constitue sans conteste l’élément le plus novateur du schéma 2008-2012. Son élaboration s’est appuyée sur la participation active des acteurs locaux de la prise en charge gérontologique dans le cadre des groupes de diagnostics territoriaux. C’est à l’échelle territoriale que l’essentiel de la mise en œuvre du schéma sera organisé au travers de projets gérontologiques de territoire. Ce sont autant d'éléments qui amènent à renforcer l'organisation de l'offre de santé du régime minier dans une logique de cohérence territoriale tenant pleinement compte de son environnement. Au vu de ces éléments, il est possible de se demander si la pratique de chacun est le résultat d’un objectif institutionnel alimenté par une politique managériale, ou si elle correspond à la marge de manœuvre des acteurs de cette organisation, fruit de l’histoire et d’une culture institutionnelle ; ce qui renvoie à l’analyse stratégique qui utilise les attitudes comme un dispositif de recherche qui permet d’appréhender et de comprendre la façon dont les acteurs membres d’un système d’action agencent les potentialités de leur situation pour tirer parti des opportunités qu’offre le jeu. C’est l’articulation entre elles de ces différentes stratégies qui permet de comprendre la structuration et les régulations propres du système d’action étudié. Si l’on envisage cette question sous un angle stratégique, on peut dans une certaine mesure repérer le comportement des acteurs, leurs stratégies et leurs pratiques professionnelles qui en découlent ; dans le prolongement de cette approche, l’axe managérial est aussi important à mettre en œuvre dans le travail quotidien de ces professionnels. Le management est enseigné et a envahi l’espace professionnel, c’est un élément dont il faut aujourd’hui tenir compte. Enfin, la CARMI Nord Pas De Calais dispose d’une « double casquette » : organisme de 40 Schéma départemental du Pas de Calais en faveur des personnes âgées 2008 - 2012 29 sécurité sociale avec l’affilié minier ; et entreprise avec le client de l’offre de santé. De 1720 à 1990, plus de deux siècles et demi séparent la découverte du charbon de la région Nord Pas de Calais de la fermeture de la dernière fosse. A travers ces différents éléments, nous avons pu reconstruire de façon globale l’histoire du régime minier et de son système de protection sociale jusqu’à aujourd’hui, abordant les divers changements survenus d’un point de vue micro et macro. La question centrale qui se pose est comment le régime minier pourra exercer dans la durée une gestion équilibrée et une activité de qualité pour la population âgée prise en charge ? Le Régime Minier, sa structure et son personnel vont devoir faire face à des changements avec la transformation d’un organisme de sécurité sociale autonome, vers un organisme lié très directement au Régime Général de la Sécurité Sociale. Chapitre 2 : une hypothèse en relation avec les éléments du changement intervenu Ce chapitre abordera l’hypothèse avec les choix des concepts puis présentera la méthodologie utilisée pour la recherche et pour l’enquête. Ce chapitre se terminera par une réflexion sur l’intérêt et les limites de la recherche. 2.1 L’hypothèse formulée La CARMI du Nord Pas-de-Calais affirme son positionnement dans la politique régionale de santé. Elle considère que sa dimension régionale, la qualité et l’ampleur de son offre contribuent à renforcer son action auprès des partenaires régionaux. Elle entend être un élément moteur de la régulation de l’offre de soins sur son territoire. Un objectif fort et partagé par l’ensemble des domaines de la CARMI est de garantir à l’usager une prise en charge efficiente coordonnée et globale de santé que ce soit sur le plan curatif, préventif ou social mais également en garantissant la meilleure adéquation du projet avec la réalité du territoire. 30 Les politiques actuelles et particulièrement la loi Hôpital Patient Soins Territoire (HPST) ont pour objectif de mieux adapter l'offre de soins aux nouveaux besoins de la population, aux évolutions techniques et aux attentes des professionnels de santé. La loi repose sur quatre grands chapitres : la modernisation des établissements de santé, l’accès de tous à des soins de qualité, la prévention et la santé publique, l’organisation territoriale du système de santé ; et propose une modernisation globale du système de santé. Dans ce nouvel environnement sanitaire et social qui se dessine, la pérennité du régime minier dépend de sa capacité à mettre en oeuvre une stratégie permettant de solvabiliser son potentiel d'offre en adéquation avec la demande. Notre hypothèse est la suivante : La CARMI de la Région Nord Pas de Calais, est confrontée à un changement profond, elle pourrait franchir cette étape décisive pour son avenir en raison de son expérience dans la prise en charge des personnes âgées. 2.2 Les concepts Afin d’aller plus dans notre réflexion, nous allons nous attacher à développer les concepts suivants : l’avenir du régime minier, la prise en charge de la personne en perte d’autonomie et le changement. Dans la recherche en sciences sociales, les concepts sont « des constructions abstraites qui visent à rendre compte du réel. 41 » Pour F.DEPELTEAU42, ce sont des produits de la raison du chercheur, qu’on retrouve dans les conjectures théoriques et qui servent à définir les phénomènes empiriques dont il est question. Ces concepts vont nous permettre d’orienter, de donner du sens à notre recherche y compris lors de la démarche empirique. Les dimensions sont les composantes des concepts. Elles définiront les caractéristiques des concepts que l’on veut observer. Les composantes sont des sous parties des dimensions, elles servent à faciliter l’observation des dimensions les plus complexes. Dans le cadre de la recherche empirique, les indicateurs nous permettront d’observer chacune des dimensions et des composantes des concepts. 41 QUIVY (R.) et VAN CAMPENHOUDT (L.), 1988, manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, p114 42 Op. Cit., DEPELTEAU (F.), 2009, p 176 31 - L’avenir du Régime Minier : afin d’étudier ce concept, notre idée première était de définir les éléments suivants : le Régime Minier et l’avenir. A deux reprises dans notre questionnement nous avons fait mention à « l’avenir » celui du régime minier et celui de son expérience en lien avec la prise en charge des personnes en perte d’autonomie. Nous avons pu à travers son histoire observer son évolution, aussi bien au niveau de la structure que dans l’accompagnement proposé à son public, mais faut il parler d’avenir ou de devenir ? De la structure et/ou du personnel ? Afin de développer notre réflexion, nous allons d’abord caractériser le régime minier puis étudier les deux définitions en les illustrant d’exemples concrets pour ensuite faire des liens avec l’objet de notre recherche. Le Régime Minier : le Régime Minier est un Régime Spécial de Sécurité Sociale organisé par le décret de 194643. Il couvre l’ensemble des risques sociaux à l’exception des prestations familiales dont la gestion est assurée depuis 1997 par les Caisses d’Allocations Familiales et l’assurance vieillesse gérée par la Caisse des Dépôts et Consignations depuis 2004. La population assurée s’étend à l’ensemble des travailleurs et leurs ayants droits d’un secteur d’activité qui comporte des entreprises publiques et privées titulaires de concessions d’exploitation minière. Il offre une gamme complète de services médicaux, paramédicaux et sociaux qui forment un réseau autour de l’affilié minier. Le décret de 200444 a permis l’ouverture d’une majorité de ses activités à l’ensemble de la population. Certains services tels l’assurantiel, l’action sanitaire et sociale, les pharmacies et le service social sont attachés exclusivement à la population minière. Il nous semble important de noter qu’à l’intérieur du même organisme, la situation des salariés peut être variable en fonction de « l’appartenance » à un service ouvert ou non, avec une projection dans le futur qui peut s’avérer différente d’un employé à l’autre. Son avenir : le terme « avenir » trouve son origine45 vers 1360-1400 où il signifie « succès, réussite » puis vers 1427 le temps advenir veut dire « temps futur, qui doit arriver ». En 1790 au figuré avenir est défini comme une « situation dans le temps futur, destinée » ; ce qui sera plus tard, les événements futurs. Il est ainsi fait référence au temps à venir. Pour A. 43 www.legifrance.gouv.fr, décret n°46-2769du 27/11/1946, portant organisation de la sécurité sociale minière www.cdc.retraites.fr - décret 2004 - 1172 du 2/11/2004 modifiant le décret n°46 Ŕ 764 du 27/11/1946, portant organisation de la sécurité sociale minière 45 www.cnrtl.fr/definition/avenir/substantif 44 32 DESTUTT DE TRACY46 il y a trois manières principales de considérer l'existence, c'est de la regarder comme passée, comme présente, ou comme à venir. Les idées de passé et d'avenir ne sont que des idées relatives à l'idée de présent. C'est donc le présent qu'il faut d'abord déterminer. Or, dans la durée comme dans l'espace, on ne peut déterminer un point que par ses relations avec un point connu : il faut donc attacher l'idée de présent à une époque connue, pour distribuer autour d'elle le passé et l'avenir. Pour le sujet qui est le notre, nous situons le régime minier et la CARMI aujourd’hui comme un organisme de sécurité sociale qui s’est construit et développé sur le bassin minier durant plusieurs siècles (passé) et qui est maintenant constitué de nombreuses structures médicales, sociales et médico-sociales proposant une offre de santé à l’ensemble de la population. Son devenir : pour développer notre réflexion, nous nous appuierons sur la définition du « devenir » d’A.REY47 et sur un article de J. D'HONDT48, pour ensuite faire des liens avec la situation étudiée dans le cadre de cette recherche. « Devenir » est un emprunt ancien (vers 980) au latin « devenir » de « de » et « venir » (venir), proprement « venir de, arriver à » d’où au figuré « aboutir à, recourir à » et à basse époque « être engagé dans un processus qui aboutit à un changement d’état.» J.D’HONDT, lui se réfère aux philosophies qui saisissent le devenir comme un absolu inanalysable. Souvent, faute de pouvoir le définir adéquatement, on ne le désigne que partiellement, en renvoyant à l'une de ses modalités concrètes : mouvement, altération, évolution. Plusieurs auteurs présentent le devenir comme « la série des changements (Lalande) ». Dans cette approche le devenir se trouve réduit à une expression minimum. Du moins l'idée de série, suppose-t-elle l'analogie des termes associés, même si le principe d'organisation leur reste extérieur. Néanmoins, un véritable devenir est bien plus que la somme des changements en répondant à de plus hautes exigences. Son unité réclame que chaque type de changement ne reste pas éternellement identique à lui-même, que son apparition ne soit pas un commencement absolu, ni sa disparition, un anéantissement. Il faut que le changement s'altère. Le devenir, c'est ce changement du changement. Il conviendra par la suite de définir le concept de changement. 46 DESTUTT DE TRACY (A.), 1803, Éléments d'idéologie, Grammaire, p. 202. REY (A.) (Sous la direction), dictionnaire historique de la langue française, Paris, dictionnaire le Robert, 1988, p1067 47 48 www.universalis-edu.com, recherche sur le devenir, espace numérique de travail, Université Lille 3 33 La question de l’avenir est très présente dans notre contexte de travail, nous disposons d’une lisibilité assez faible sur le devenir de la CARMI et en particulier sur celle du service social. Elle se pose d’une façon globale concernant l’institution, et de façon individuelle puisque chacun s’interroge sur son propre devenir professionnel. C’est un élément que j’intègre dans le management des équipes. A travers ces apports sur le sens de l’avenir du régime minier se pose l’appropriation des changements opérés de façon individuelle et collective et leur projection ; l’avenir du régime minier et de La CARMI Nord Pas De Calais représente ce que le régime sera demain, dans sa perspective d’ouverture, et dans son nouveau métier d’offreur de soins. - La prise en charge de la personne en perte d’autonomie : Historiquement, les mineurs constituent un public spécifique, souffrant de pathologies propres à leurs conditions de travail (silicose), qui a subi un vieillissement rapide. Le Régime Minier a été confronté dès 1960 au vieillissement de sa population. En France, le terme vieillissement fait référence à une catégorie de population. Nous avons choisi d’utiliser ce terme de « personne en perte d’autonomie » car on peut rester autonome c'est-à-dire continuer à décider par soi même à suivre sa propre loi (selon l’étymologie du terme), malgré les handicaps physiques. Comme tout individu, la marge d’autonomie dont dispose « une personne dépendante » n’est pensable qu’à l’intérieur du réseau d’interdépendance dans lequel elle se situe. Pour V.CARADEC49, il existe plusieurs manières théoriques d’appréhender le vieillissement, les analyses vont d’un pôle objectiviste qui se propose de décrire en quoi consiste le vieillissement à un pôle qui tente une phénoménologie de la vieillesse, nous allons nous intéresser à ce second pôle. Le concept de « déprise » forgé par S.CLEMENT et M.DRULHE50 dans l’ouvrage de V.CARADEC nous apparaît particulièrement pertinent pour appréhender le vieillissement. Il désigne le processus de réaménagement de l’existence qui se produit au fur et à mesure que les personnes qui vieillissent doivent faire face à des circonstances nouvelles telles que déficiences physiques croissantes, une fatigue plus prégnante, ou encore de moindres 49 CARADEC (V.), 2ème édition janvier 2008, sociologie de la vieillesse et du vieillissement, Barcelone (Espagne), éditions A.Colin, collection universitaire de poche, p 87à 95 50 Cette notion a été proposée à la fin des années quatre vingt, Vieillesse ou vieillissement ? Les processus d'organisation des modes de vie chez les personnes âgées, Jean-François Barthe, Serge Clément et Marcel Drulhe, Revue du Centre de recherches sur le travail social, n°15, Caen, 1988 34 sollicitations d’autrui. Ce réaménagement qui conduit à une diminution tendancielle du niveau moyen des activités est le produit de tout un ensemble de reconversions : recours aux aides techniques, astuces, poursuite des actions antérieures mais à plus petite échelle, délaissement de certaines activités afin de continuer à avoir prise sur d’autres. Les personnes s’efforcent de conserver aussi longtemps que possible des engagements importants pour elles. Il convient de souligner le caractère plus ou moins accentué du phénomène de déprise et au-delà, la très grande diversité des trajectoires de vieillissement : loin d’être uniforme, la déprise se décline différemment selon les contextes sociaux et physiologiques très divers, dans lesquels se déroule l’avancée en âge. La déprise n’est pas irréversible : il arrive qu’à une phase de déclin succède un « rebond ». Il existe une certaine proximité entre le concept de déprise et celui d’optimisation sélective avec compensation issue de la psychologie qui vise à rendre compte d’un triple mécanisme gage d’un vieillissement « réussi » : la sélection de certaines actions par les personnes qui vieillissent lorsqu’elles constatent que leurs forces déclinent, l’optimisation qui consiste pour elles à s’investir fortement dans ces activités et à déployer des efforts particuliers pour les réaliser au mieux, la compensation qui les conduit à adopter des procédures ou des techniques permettant de pallier leurs déficiences. Ainsi le vieillissement est un processus qui se décline différemment d’une personne à une autre en fonction des capacités et de l’environnement de chacun, abordant des disciplines très différentes telles que la médecine, la psychologie. La CARMI Nord Pas de Calais est une organisation sanitaire et sociale composée de différents domaines à l’intérieur desquels on retrouve des établissements et structures qui facilitent la prise en charge de la personne en perte d’autonomie dans les différents moments de sa vie (établissements sanitaires et médico-sociaux : Services de Soins Infirmiers A Domicile, service d’aide à la personne etc). Au fil des années, les professionnels de la CARMI se sont spécialisés dans la prise en charge de ce type de population. Les connaissances de ces professionnels et particulièrement ceux du territoire de Lens Liévin se sont approfondies au contact de la population dont elle a la responsabilité, par le biais de la formation professionnelle, par la création d’établissements (services de soins de suite et de réadaptation notamment) et des services (services de soins infirmiers à domicile, service d’aides à domicile). Ce sont des éléments à la fois humains et structurels qui conditionnent les changements opérés, l’adaptation nécessaire à la prise en charge de la population minière. 35 L’expérience acquise de façon empirique montre effectivement que la prise en charge de la personne en perte d’autonomie est pluridisciplinaire. La présence de professionnels de disciplines différentes au sein d’une même structure constitue un réseau sur lequel chaque professionnel peut s’appuyer pour solliciter les compétences recherchées, permettant une étude individuelle et pluridisciplinaire des situations. Le service social, par son approche transversale favorise notamment les liaisons entre le domicile et l’hôpital. La pratique de la territorialisation détermine un espace d’intervention précis. Cette organisation semble correspondre à l’un des quatre objectifs stratégiques des Agences Régionales de Santé figurant dans la loi HPST qui est d’organiser les parcours de soins en fonction des patients en facilitant la coordination entre les professionnels et les établissements de santé et médicosociaux. Il est également précisé que les ARS permettront d'améliorer les parcours de soins des personnes âgées : environ 15% des lits hospitaliers sont occupés aujourd'hui par des personnes âgées faute de place en structures adaptées. Il conviendra dans la suite de la recherche d’approfondir ces éléments. - Le changement : Dans la construction de cet écrit, nous faisons régulièrement référence au changement, de la structure, de l’acteur. Pour nous guider dans notre réflexion, nous nous appuierons sur la définition d’A.REY51 puis sur l’éclairage sociologique de M.CROZIER et E.FRIEDBERG pour ensuite faire des liens avec l’objet de notre recherche. Le terme « changement » est un nom masculin (v.1120, cangement) qui signifie en général « action de changer », avec des spécialisations. Le verbe changer est un verbe pronominal issu (1160, premier tiers du XIIe s. en franco-provençal) du latin tardif cambiare (également cambire) « échanger, troquer », terme du vocabulaire commercial, probablement emprunté au gaulois. Le mot a progressivement évincé « muer » (du latin mutare). Avant la fin du XIIe., il exprime le fait de rendre autre, de modifier, d’où la construction changer en (v. 1580) et, à la forme pronominale, « se transformer » (v.1175), intransitivement « devenir différent » (11721175). Comme nous l’avons vu précédemment, depuis sa création le régime minier a été réformé à plusieurs reprises et a connu une succession de changements. Les changements les plus 51 Op. Cit., REY (A.) (Sous la direction), 1988, p 697 36 importants sont ceux intervenus en 2004. La dernière réforme de 2004 prévoit le transfert de gestion du risque vieillesse/invalidité de la CANSSM vers la CDC. Elle réorganise aussi le régime en regroupant les différents organismes au niveau local et met en œuvre une convention d’objectif et de gestion. D’une organisation locale relativement autonome, la réforme réaffirme la place de l’organisme national et décline ses attentes par des contrats pluriannuels de gestion. Nous pouvons constater que ces changements ont lieu à trois niveaux : la structure, l’encadrement et les salariés. En choisissant un éclairage théorique en lien avec l’approche organisationnelle, nous les définirions de la façon suivante : organisation, acteur et système. En tant que phénomène systémique, nous pouvons définir le changement comme la transformation d’un système d’action52 c'est-à-dire non pas des règles, mais de la nature du jeu, afin de trouver : o un modèle de régulation qui intégrerait toutes les contradictions, o des rapports de force favorables, o des capacités cognitives, relationnelles et des modèles de gouvernement suffisants. Pour la structure : en référence aux travaux de M.CROZIER et E.FRIEDBERG, nous pouvons considérer que la structure CARMI Nord Pas de Calais est un « système d’action concret puisqu’il s’agit d’un système dont l’existence et le mode de régulation peuvent être démontrés empiriquement53 ». Ces auteurs l’appellent système d’action dans la mesure où on peut le considérer comme une solution aux problèmes de l’action collective, aux problèmes de l’interdépendance, de la coopération, et du conflit. Leur définition du système d’action concret est la suivante54 : il s’agit d’un ensemble humain structuré qui coordonne les actions de ses participants par des mécanismes de jeux relativement stables et qui maintient sa structure, c'est-à-dire la stabilité de ses jeux et les rapports entre ceux ci, par des mécanismes de régulation qui constituent d’autres jeux. Pour qu’il y ait changement, il faut que tout le système d’action se transforme c'est-à-dire que les hommes doivent mettre en pratique de nouveaux rapports humains, de nouvelles formes de contrôle social55. 52 CROZIER (M.), FRIEDBERG (E.), juin 1992, l’acteur et le système, Paris, Editions du Seuil, Collection points essais, p 383 53 Op. Cit., CROZIER (M.), FRIEDBERG (E.), 1992, p 286 Op. Cit., CROZIER (M.), FRIEDBERG (E.), 1992, p 286 55 Op. Cit., CROZIER (M.), FRIEDBERG (E.), 1992, p 383 54 37 Pour l’acteur : le changement doit être considéré comme un problème sociologique, ce sont les hommes qui changent56. Non seulement ils ne changent pas passivement mais ils changent dans leur collectivité et comme une collectivité ; non pas individuellement mais dans leurs relations les uns avec les autres et dans leur organisation sociale. Le nouveau construit collectif ne peut s’élaborer qu’à partir du construit collectif ancien qui représente la seule expérience humaine disponible57. Mais, en même temps, il constitue une rupture de ce construit et ne peut donc l’élaborer que contre lui. Si nous voulons aller plus loin, nous devons revenir à l’analyse et à la réflexion stratégique, c'est-à-dire reprendre le point de vue de l’acteur et non plus du point de vue systémique. L’acteur est confronté à un système d’action qui, s’il est bien un construit humain et non pas une nécessité, s’est constitué avant lui et en dehors de lui ; il est également confronté aux changements de ce système qui sont le résultat des efforts des autres avant lui et en dehors de lui. C’est en comprenant la nature des ressources que ces contraintes lui laissent, qu’il va pouvoir développer une stratégie pour les surmonter. Cela veut dire qu’il devra d’abord découvrir sa marge de liberté réelle d’action. Ces différents changements semblent être intervenus à des périodes clés, ces éléments seront approfondis dans la partie théorique. 2.3 La méthodologie de recherche Dès le départ, j’ai souhaité orienter ma recherche sur mon cadre de travail, la CARMI Nord Pas de Calais qui me questionnait surtout en terme d’avenir, celui de la structure et donc le mien, celui de mon équipe mais aussi celui de l’expérience développée depuis plus de quarante ans avec son public, la personne en perte d’autonomie. Pour cela, j’ai orienté mes recherches dans deux directions : l’une théorique, l’autre exploratoire auprès de professionnels de terrain. 2.3.1 La recherche théorique Issue du bassin minier et travaillant pour la CARMI Nord Pas de Calais depuis presque quinze ans, je pensais connaître l’histoire du régime minier. En faisant les recherches théoriques, je me suis aperçue avoir mes propres représentations sur le régime minier et la population minière. Dans un premier temps, nous nous sommes documentés sur l’exploitation minière et 56 57 Op. Cit., CROZIER (M.), FRIEDBERG (E.), 1992, p 379 Op. Cit., CROZIER (M.), FRIEDBERG (E.), 1992, p 388 38 sur son système de protection sociale, reprenant des ouvrages essentiellement historiques afin de déconstruire mes représentations pour ensuite construire un objet de recherche. Puis, nous nous sommes penchés sur les perspectives d’avenir du régime minier en termes de fusion ou de collaboration, par le biais de documents souvent internes. Nous nous sommes surtout attardés sur les réformes les plus récentes, en lien avec les politiques publiques et notamment la Loi HPST, pour cela, nous nous sommes appuyées sur des éléments législatifs, ainsi que sur l’ouvrage de B.MAJNONI D’INTIGNANO58, la protection sociale, afin d’avoir un regard croisé sur les deux systèmes de protection. Puis dans un second temps, nous nous sommes questionnés sur l’avenir du régime qui revêt plusieurs formes : la structure, l’encadrement, et la population. Une question centrale a émergé : Comment le régime minier peut dans la durée, maintenir une gestion financière équilibrée et une activité de qualité pour la population ? Nous avons fait référence aux travaux de M.CROZIER et E.FRIEDBERG59, l’acteur et le système, pour leur approche organisationnelle de l’action collective et sur V.CARADEC60, sociologie de la vieillesse et du vieillissement, pour les éléments en lien avec la personne en perte d’autonomie. Concernant la démarche scientifique, nous nous sommes appuyés sur les cours reçus à l’IRTS durant la formation et sur les indications du Directeur de Mémoire. 2.3.2 La démarche exploratoire Si les observations réalisées sur le terrain montrent qu’une prise en charge globale de la personne en perte d’autonomie existe, elle ne rend pas compte du vécu subjectif des salariés au travail. Nous avons pointé dans les paragraphes précédents les éléments relatifs à la structure, l’organisation. Aussi, afin de connaître quelles peuvent être les postures des salariés face à la prise en charge des personnes en perte d’autonomie, l’usage d’un entretien exploratoire parait désigné. A ce stade de la recherche, les hypothèses de départ ne sont pas formulées. Et il se peut que d’autres pistes de recherche ne soient pas mises en évidence. 58 MAJNONI D’INTIGNANO (B.), 2ème édition 1997, la protection sociale, Paris, Editions de Fallois Op. Cit., CROZIER (M.), FRIEDBERG (E.), 1992 60 Op. Cit., CARADEC (V.), 2ème édition 2008 59 39 Aussi le choix d’un entretien exploratoire semble opportun parce qu’ « il est lui-même un processus exploratoire.61 » Dans leur ouvrage, A.BLANCHET et A.GOTMAN62 précisent que : « Les entretiens exploratoires ont pour fonction de compléter les pistes de travail suggérées par les lectures préalables et de mettre en lumière les aspects du phénomène auxquels le chercheur ne peut penser spontanément. L’entretien exploratoire visant à faire émerger au maximum les univers mentaux et symboliques à partir desquels les pratiques se structurent. » Il nous a paru judicieux d’utiliser l’outil de l’entretien exploratoire63. Afin de le réaliser dans les meilleures conditions, nous nous sommes appuyés sur le livre cité précédemment. Prolonger l’exploration sans orienter les réponses suppose une question principale : que pensez-vous de la prise en charge des affiliés du régime minier. Le but recherché était double : il devait nous permettre de découvrir si les premières observations liées à la mise en place d’une organisation sanitaire et sociale pour la personne en perte d’autonomie se confirmaient ou amenaient d’autres pistes ; et de valider la faisabilité de notre sujet. Cet entretien de type non directif pourra produire un discours singulier en fonction de l’interviewé. Il est nécessaire de prendre en considération trois paramètres intervenant dans l’élaboration et le déroulement de la situation, posant ainsi les principes de fonctionnement de l’entretien : l’environnement matériel et social (définition des lieux et la configuration des places), la programmation temporelle, le choix des interviewés. Nous avons choisi d’interviewer trois professionnels de la CARMI Nord Pas De Calais : o deux du secteur social : une assistante sociale de secteur pour la partie terrain et un cadre pour avoir une vision plus globale, o un cadre du sanitaire ayant une vision globale du territoire de part le poste occupé. Il nous paraissait opportun de nous adresser à chacun de ces services pour repérer si nos constats étaient réels, si les éléments observés étaient ressentis… afin de poursuivre la recherche. 61 BLANCHET (A.), GOTMAN (A.), 2e édition 2007, l’enquête et ses méthodes : l’entretien, Paris, Collection sociologie 128, Armand Colin, p 39 62 Op. Cit., BLANCHET (A.), GOTMAN (A.), 2e édition 2007, p 39 63 Annexe 5: grille d’entretien exploratoire 40 2.4 Méthodologie d’enquête En fonction de l’hypothèse présentée, cette recherche va porter sur le mode opératoire du salarié, inscrit dans un collectif de travail, confronté à la prise en charge de la personne en perte d’autonomie. Afin de confirmer ou infirmer l’hypothèse, nous nous proposons de réaliser un entretien de type semi-directif. En nous appuyant sur les travaux de A.BLANCHET et A.GOTMAN, nous avons choisi ce type de méthode car l’entretien fait « apparaître les processus, les « comment », il révèle la logique d’une action, son principe de fonctionnement, les rationalités propres aux acteurs, celles à partir desquelles ils se meuvent dans un espace social64 ». Dans cette perspective, il s’agira de repérer deux niveaux : o micro : pour repérer le comportement des acteurs, leurs stratégies, leurs pratiques professionnelles dans la prise en charge de la personne en perte d’autonomie, pour appréhender la formalisation ou l’absence des pratiques de coordination, la prise en compte de l’aspect économique... o macro : pour discerner l’axe managérial, la politique de l’institution, pour traiter des processus de formalisation qui opèrent à un niveau plus systémique et institutionnel. Conformément à la méthodologie développée par A.BLANCHET et A.GOTMAN65, ces enquêtes qui visent la connaissance d’un système pratique nécessitent la production de discours modaux et référentiels (qui décrit l’état des choses), obtenue à partir d’entretiens centrés d’une part sur les conceptions des acteurs et d’autre part sur les descriptions des pratiques. Le lieu de recherche est le territoire de la CARMI Nord Pas de Calais, celui de Lens Liévin. Il est composé de quarante cinq communes66 qui se situent sur trois communautés de communes ou d’agglomérations : la communauté d’agglomérations de Lens Liévin qui représente la majorité du territoire soit vingt sept communes, la Communauté Urbaine d’Arras pour six communes et Artois Com pour les douze communes restantes. 64 Op. Cit., BLANCHET (A.), GOTMAN (A.), 2e édition 2007, p 37-38 65 Op. Cit., BLANCHET (A.), GOTMAN (A.), 2e édition 2007, p 30 66 Annexe 6 : le territoire de Lens Liévin 41 Afin d’étudier la population minière, nous avons sollicité une requête informatique auprès de la Direction du Service Social67 qui a été réalisée sur quarante de ces communes car cinq n’ont pas été renseignées (suite à une erreur de saisie). Il s’agit de communes rurales avec une population minière peu importante (98 affiliés au total). Compte tenu du découpage des communautés urbaines ou d’agglomérations, nous avons choisi de cibler vingt quatre communes du territoire, relevant de la Communauté d’Agglomération de Lens Liévin (CALL) où sont regroupées à la fois les villes les plus importantes en termes d’affiliation à la sécurité sociale minière (13 271 contre 91 pour la Communauté Urbaine d’Arras et 1 300 pour Artois Com) et les structures du régime. Les professionnels choisis sont les acteurs de l’offre de santé médico-sociale de la CARMI Nord Pas de Calais, au nombre de huit mais également trois professionnels intervenant hors du régime minier dans le champ médico-social pour les personnes en perte d’autonomie ainsi qu’une personne âgée. 2.5 Intérêt de la recherche L’exploitation minière est à l’origine du développement économique de la France. Les compagnies minières ont cessé leurs activités il y a vingt ans, elles ont laissé leurs empreintes sur la région : le logement, la culture et un système de protection. La prise en charge minière, héritière d’une organisation et d’un savoir faire doit aujourd’hui s’adapter pour survivre. L’intérêt de cette démarche est de faire une étude territoriale du régime, avec ses atouts et faiblesses afin d’en tirer des éléments pour envisager son avenir sur le secteur de Lens Liévin. Il lui faut à la fois conserver ce qui fait sa force, intégrer les enjeux d’aujourd’hui et s’approprier de nouveaux outils notamment de gestion qui sont devenus maintenant incontournables. L’intérêt de la recherche sera la connaissance approfondie du territoire et de la population de Lens Liévin et une des limites sera probablement l’étude à ce territoire circonscrit qui ne permet pas d’en faire une généralisation à l’ensemble de la région. L’intérêt de notre exploration correspond au besoin de connaître et de comprendre l’organisation dans laquelle nous travaillons. Dans le cadre de notre exercice professionnel, 67 Annexe 7 : la population minière au 31/12/09 42 des comportements, des pratiques se présentent face à nous avec un caractère d’évidence. Parce qu’elle possède un statut scientifique, la recherche nous permet de réfléchir, prendre du recul, adopter une posture intellectuelle de distance critique. La recherche est un processus qui traite de la connaissance en visant la construction et la vérification de savoirs, de théories et de concepts. Pour atteindre ce but, le chercheur aura à cœur d’accepter les principes de rigueur et de sincérité, de se mettre à distance de l’objet étudié, d’user d’une méthodologie pertinente à sa problématique et d’accepter la discussion de ses résultats. 2.6 Limites de la recherche Les limites de notre travail s’inscrivent aussi dans les limites de l’outil de l’entretien, l’approche discursive est limitative mais aussi dans nos propres limites à l’utiliser de manière efficiente. Même si le recueil de données produit des informations intéressantes, l’orientation de la recherche fait l’objet d’un choix qui produit une direction, certaines données sont donc mises de côté. Dans le choix des outils utilisés, l’entretien est un outil d’investigation qui repose sur un nombre limité de personnes interrogées (douze pour cette recherche). Aussi sa représentativité pourrait être discutée bien que l’entretien étudie la singularité et que le questionnaire vise la généralisation des propos. Nous avons aussi principalement interrogé des professionnels du social, un échantillon un peu plus important de professionnels de santé aurait sans doute été intéressant. La planification des entretiens a parfois été difficile et a nécessité au moins deux voire trois relances, certaines personnes ont des agendas avec des rendez vous à plus de trois mois. C’est la raison pour laquelle, tous nos entretiens programmés initialement n’ont pas pu faire partie de l’analyse (onze sur les douze). La position de chercheur est une position d’extériorité, ce qui n’est pas évident du fait de mon appartenance à cette organisation, je pense qu’il s’agit là d’une des limites. Pour cela, le travail avec le directeur de mémoire m’aide à rester vigilante sur ma posture, en confrontant régulièrement mes propres avis, doutes ou certitudes. Mon statut professionnel à la CARMI Nord Pas de Calais, a pu influer les réponses des personnes interviewées soit dans le contrôle ou la mesure des paroles ou au contraire dans leur libération. Intégrer des critères de rigueur nous semble être aussi judicieux : nous serons en 43 mesure d’expliquer comment les données sont produites, leur analyse…et nous pourrons communiquer les résultats, en discuter avec des collègues : construire, déconstruire nos façons de penser. Cette recherche va nous permettre de faire évoluer notre réflexion et notre pratique mais aussi d’appréhender différemment notre territoire d’intervention par une meilleure connaissance de sa population. Aujourd’hui notre activité est en lien avec les affiliés du régime minier, demain elle se situera probablement dans l’ouverture à une nouvelle population qu’il conviendra certainement d’étudier dans la suite de cette recherche. Conclusion Cette première partie, fruit d’un cheminement intellectuel enrichi par des apports théoriques et une démarche exploratoire, vise à comprendre et à analyser les changements intervenus dans le régime minier jusqu’à aujourd’hui. Le régime minier et son système de protection sociale se sont développés en même temps que l’exploitation minière, sur plus de deux siècles devenant un régime spécial de sécurité sociale en 1946. Il a développé une offre de santé médico-sociale prenant en charge initialement les travailleurs, puis les familles et enfin plus récemment une population vieillissante. Depuis 1960, l’industrie charbonnière est en récession. La fermeture du dernier puits de mine dans la région date de 1990. Actuellement le nombre d’actifs diminue au profit des retraités et des ayant droits. La question du financement du régime se pose. Des réformes ont été entreprises restructurant l’organisation du régime au niveau national et régional permettant l’ouverture de la majorité des structures et services à la population non minière, projetant ainsi un avenir mais modifiant aussi le rôle de chacun dans l’organisation. Les enjeux sont importants pour la pérennité du régime en terme d’emplois, de patrimoine culturel et historique etc. mais aussi pour la Région. Le Nord Pas de Calais connaît les indicateurs de santé les plus mauvais de France. Sur certains bassins de vie, la densité médicale est faible. L’offre de santé médico-sociale de la CARMI Nord Pas de Calais pourrait répondre à la demande des politiques actuelles qui est de décloisonner les secteurs médicaux et sociaux afin d’améliorer la réponse apportée à l’usager. Notre hypothèse s’oriente dans ce sens. Trois concepts en lien avec l’hypothèse ont été déterminés dans la suite de notre travail : 44 l’avenir du régime minier, la prise en charge de la personne en fin d’autonomie et le changement. Ces éléments faciliteront notre observation dans notre enquête notamment dans ses dimensions les plus complexes. Il s’agira d’observer la réalité du terrain, pour infirmer ou pour confirmer notre hypothèse. Au niveau de la méthodologie, l’outil choisi est l’entretien semi directif auprès de professionnels du régime minier, le territoire étudié est celui de mon secteur d’intervention, Lens Liévin. 45 2ème partie : Le régime minier à l’épreuve des changements Cette partie sera consacrée à l’histoire de l’exploitation minière et de la protection sociale, ses fondements et son évolution en tenant compte du développement du monde de la mine dans le temps et en m’arrêtant particulièrement sur la période de 2004 à aujourd’hui qui est objet de changements profonds au sein du régime minier. Chapitre 1 : la construction progressive de l’exploitation minière et du régime minier de 1720 à 2004 Le régime minier est étroitement lié à l’histoire de l’exploitation minière en lien avec l’histoire de France. Elle s’est déclinée d’abord de façon territoriale puis nationale de 1720 à 1990 dans notre région jusqu’à la fermeture des puits de mines. La fin de l’exploitation minière n’a pas signifié la fin du régime minier. Ce chapitre sera consacré à l’histoire de son développement jusqu’à la récession, à la protection sociale et la construction des droits sociaux des mineurs. 1.1 La construction progressive de l’exploitation minière de 1720 à 2004 Le monde de la mine est constitué de dirigeants d’entreprises, de travailleurs et de familles qui partagent un savoir faire et un cadre de vie. Ils fondent à la fois l’exploitation minière, la population minière et le système de protection sociale qui répond aux besoins des salariés et dont les acteurs, dirigeants, salariés et familles ont tissé des liens au fil du temps. En France, le droit d’ouvrir une mine de charbon est une des prérogatives de la souveraineté féodale. Dans le Nord de la France, la houille n’a été découverte et exploitée que successivement à partir de 1720 jusqu’en 1990. L’exploitation minière dans le Nord Pas de Calais a une histoire de 3 siècles. La loi fondamentale du 21 avril 1810 énonce nettement les droits de l’Etat sur le sous-sol ; seul habilité à octroyer des concessions. La loi ne limite pas l’extension et la réunion de concessions et rend celles-ci perpétuelles ; l’acte de concession « donne la propriété perpétuelle de la mine, laquelle est dès lors disponible et transmissible 46 comme tous autres biens » (Article 7).68 L’article 51 de cette loi précise que « les concessionnaires antérieurs à la présente loi deviendront, du jour de sa publication, propriétaires incommutables » ; il rend donc perpétuelle la propriété des vastes concessions d’Anzin et d’Aniche. Durant cette période, les recherches minières se situent dans le prolongement occidental du bassin minier belge déjà exploité dans la région de Valenciennes (Anzin, Fresnes, Vieux Condé…). 1.1.1 L’ère du charbon roi : 1830-1945 Le XIX ème siècle correspond à la période de la « révolution industrielle ». Le Nord de la France se situe en première ligne de ce mouvement qui bouleverse les économies et les sociétés. Le charbon n’en est pas seulement le symbole, il en est le moteur. A partir de 1834, pendant cinq ans, la région du Nord connaît une fièvre de recherches houillères, la partie essentielle du nouveau gisement est reconnue dans le Pas de Calais. Pour la première fois, l’Etat doit en quelques années concéder une étendue très importante et le mode de partage qu’il a adopté, a beaucoup pesé sur l’évolution économique et sociale du nouveau bassin ; en procédant à une politique de répartition. Soucieux d’établir un équilibre69, le gouvernement de Napoléon III cherche à freiner l’extension des sociétés houillères en limitant la taille des concessions et en empêchant les fusions. Pour lui, les entreprises doivent avoir une taille suffisante pour assurer leur rentabilité mais rester en concurrence afin de préserver l’intérêt des consommateurs. Les entreprises de gestion minières nées dans le Pas de Calais au milieu du XIXe siècle ont à leur tête les pionniers qui ont fourni les premiers capitaux, puis leurs enfants et leurs alliés. Au début du XXe siècle, on assiste à une spectaculaire évolution, de nombreuses entreprises changent de statut pour devenir des sociétés anonymes, et leurs titres, traditionnellement côtés sur le marché régional, sont introduits en bourse à Paris. On assiste alors à un désengagement des investisseurs régionaux au profit d’un grand nombre de petits porteurs. En 1904, le capital de Lens est détenu par 10 464 actionnaires. L’historien Marcel Gillet pourra écrire qu’ « à la veille de la guerre de 1914-1918, les charbonnages du Nord – Pas de Calais ont autant d’actionnaires que d’ouvriers ». Louis Mercier à Béthune et Elie Reumaux, à Lens, deviennent effectivement les dirigeants des entreprises qui les emploient. 68 Texte de la loi dans DUVERGIER (J.B.), 1836, collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements et avis du Conseil d’Etat, Paris, Guyot et Scribe, p.83-92 69 Annexe 8 : le bassin houiller à la fin du XIXème siècle 47 A la veille de la première Guerre Mondiale, le bassin minier du Nord Pas de Calais produit 67 % du charbon français. Les compagnies, celle de Lens à leur tête, connaissent alors une période de grande prospérité. L’été 1914 voit se déclencher le premier conflit mondial. Dès le début du conflit, les compagnies doivent faire face à la mobilisation de leurs ouvriers et à l’occupation allemande. Face à la défaite, les Allemands programment la destruction de l’outil économique de la région, les populations du bassin minier doivent également supporter, après les pénuries de guerre et la disparition de l’outil de travail, la destruction de leurs cités, 16 000 logements sont en ruine, presque autant ont été endommagés par les bombardements. La ville de Lens est quasiment rayée de la carte, tout est à reconstruire. L’électricité va jouer un rôle prépondérant dans la reconstruction, la société électrique des houillères du Pas-de-Calais est constituée en décembre 1917. La Compagnie de Béthune, choisit de donner une nouvelle direction à l’entreprise en diversifiant ses productions, notamment par la valorisation du gaz des fours à coke, utilisé jusqu’alors pour le chauffage. La compagnie de Béthune ouvre, en 1922, la première usine de synthèse au monde. La carbochimie70 est en route et, avec elle, de nombreux développements : produits pour l’agriculture, produits pharmaceutiques, colorants, explosifs, détergents, peintures, vernis, matières plastiques, aujourd’hui encore, les usines de Mazingarbe fonctionnent toujours dans le domaine de la carbochimie. En 1918, lors de la reconstruction, les compagnies minières du Nord Pas de Calais ont fait appel à de la main d’œuvre étrangère. Pour combler ses manques dans les mondes industriels et agricoles, l’Etat français signe des conventions d’immigration respectivement les 3 et 30 septembre avec la Pologne, l’Italie et la République tchécoslovaque le 20 mars 1920. Parmi les immigrés, les polonais occupent une place particulière, près de 200 000 personnes sont 70 Branche de l'industrie chimique qui utilise comme matière première principale les sous-produits de la cokéfaction de la houille. Le coke est destiné principalement à la sidérurgie. Les goudrons et benzols fournissent, par distillation, des huiles variées et un résidu, le brai de houille. Les huiles permettent d'obtenir des hydrocarbures aromatiques, bases de l'industrie des colorants, des produits pharmaceutiques, des explosifs, des plastifiants, du caoutchouc et des textiles synthétiques. Les gaz sont brûlés ou séparés par liquéfaction fractionnée ; l'ammoniac est le point de départ de l'industrie des engrais, tandis que le méthane et l'éthylène servent à fabriquer les principales matières plastiques : Plexiglas, Néoprène, polyamides (Nylon), polyéthylène, résines polyesters, polystyrène, etc. Face à la réduction de consommation de coke, la carbochimie a été amenée à s'associer de plus en plus étroitement à la pétrochimie, qui lui fournit une matière première de remplacement des gaz de cokerie (gaz naturel ou gaz de craquage). D'autre part, en raison de l'importance des réserves connues de charbon dans certains pays (États-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, Russie, Ukraine, Afrique du Sud), des recherches sont menées pour transformer le charbon en hydrocarbures liquides ou gazeux. 48 venus en France. Sur certaines communes minières, ils peuvent constituer jusqu’à 40 % de la population, se regroupant en associations. En 1929, la crise économique survenue aux Etats-Unis après le krach boursier s’est propagée en Europe et touche la France dès le début des années 1930. Elle détermine une baisse de la production de charbon. Dès lors, pour les compagnies, se pose la question des sureffectifs. Touchés par le chômage partiel et la baisse de leurs revenus, les mineurs sont parmi les premiers à manifester leur désarroi, notamment lors des « marches de la faim ». Le 8 août 1934, le renvoi puis l’expulsion des mineurs polonais qui ont fait grève à Leforest apparaît comme l’illustration la plus dramatique de cette crise. 70 000 travailleurs immigrés sont contraints au départ entre 1932 et 1936, les premiers mouvements sociaux se manifestent bientôt. En 1939 éclate la 2ème Guerre Mondiale. Durant cette période, les compagnies brandissent la nécessité de l’effort de guerre pour augmenter encore les temps de travail. Pendant la guerre, les mouvements sociaux marquent la vie sociale du bassin minier. A la fin de la guerre, la production est poussée à son maximum pour tenter de compenser l’arrêt des importations de charbon anglais et belge qui permettaient depuis longtemps à la France de satisfaire ses besoins. Le bassin minier du Nord Pas de Calais porte à bout de bras la production nationale de charbon ; le 28 août 1944, Henri Martel, député communiste du Nord, lance, depuis Londres, un appel aux mineurs, les enjoignant à retourner abattre le charbon. 1.1.2 la nationalisation et l’ouverture sur l’Europe : 1945 - 1960 Les ministres communistes entrés au gouvernement provisoire du général de Gaulle travaillent au changement de statut des houillères. En 1946, c’est la nationalisation des houillères françaises. La loi du 17 mai 1946 fixe définitivement le sort des houillères françaises en créant un établissement public central (les Charbonnages de France) et des établissements publics distincts (les Houillères de bassin) qui succèdent aux anciennes compagnies minières. Leurs missions sont de produire, d’exploiter et de vendre la houille. La nationalisation des houillères françaises signifie que l’exploitation du charbon est non plus assurée par des sociétés privées mais confiée à des organismes où sont représentés, tout à la fois, l’Etat, les utilisateurs et le personnel et qui sont appelées « Houillères de bassin » . 49 Les exploitations minières, alors très dispersées en raison du régime de concessions progressives octroyées, ont pu être regroupées ; un seul organisme a été chargé d’assurer la mise en valeur des gisements d’une région. Ainsi, ont été crées 9 houillères de bassin, ce sont par ordre d’importance : les Houillères du bassin du Nord Pas de Calais, les Houillères du bassin de Lorraine, les Houillères du bassin de la Loire (St Etienne), les Houillères du bassin de Blanzy (Montceau les Mines), les Houillères du bassin des Cévennes (Alès), les Houillères du bassin d’Aquitaine (Albi), les Houillères du bassin de Provence (Marseille), les Houillères du bassin d’Auvergne (Clermont-Ferrand), les Houillères du bassin du Dauphiné (Le Villaret de Susville) . Chaque Houillère de bassin est un établissement industriel et commercial doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière. Au sommet de son édifice, les Charbonnages de France assurent la direction d’ensemble de la profession, leurs principales attributions sont les suivantes,71 le contrôle et la coordination des activités des Houillères du bassin, la politique des prix et des salaires, la coordination des investissements, la fixation du niveau de la production nationale, les recherches techniques, la formation professionnelle et la représentation de la profession vis-à-vis des pouvoirs publics. 97 % de la production charbonnière72 française sont assurées par les 9 Houillères de bassin, soit en 1964, 54,6 millions de tonnes. Les Houillères du Nord et du Pas de Calais représentent environ 50 % de la production française. Le bassin dispose de 45 sièges d’extraction (contre 114 lors de la nationalisation), il y a 13 centrales qui brûlent les charbons de qualité secondaire et la fabrication de coke est assurée dans 8 cokeries. Il existe durant cette période deux importants centres de carbochimie à Mazingarbe et Drocourt. Durant la même période, le gouvernement provisoire a créé un Commissariat général au plan chargé de moderniser totalement l’industrie française. L’État, ne disposant pas des énormes moyens financiers requis, il accepte la proposition d’aide des Etats-Unis. Jean Monnet élabore le plan qui permet de débloquer des crédits américains dans le cadre du Plan Marshall dont l’objectif est d’aider massivement l’Europe à se reconstruire. L’aide américaine finance 60% des investissements des Charbonnages de France entre 1948 et 1952. L’industrie houillère 71 La documentation française illustrée, mars 1962, le charbon dans l’économie française, mensuel n° 175, p6 Chiffres issus de la documentation photographique, 1964, le charbon en France, série 15-33, document non paginé 72 50 française entreprend un effort sans précédent de modernisation et de concentration de ses exploitations, effort qui était rendu indispensable à la fois par le progrès de la technique et les données nouvelles de la conjoncture notamment l’émergence de nouvelles énergies. La mécanisation de l’abattage de transports au fond a non seulement augmenté la productivité mais aussi profondément transformé les conditions de travail. La création de La Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) en 1952 annoncée par Robert Schuman, ministre des Affaires Etrangères, dans son discours du 9 mai 1950 (journée maintenant devenue journée de l'Europe), amorce le début de la récession. Le but de la création de la CECA était d’empêcher une nouvelle guerre mondiale. C’est la naissance d’une alliance composée de six nations unifiant l'Europe de l'Ouest dont les bases sont fondées sur le développement économique et qui préfigure l’actuelle Union Européenne. Le traité instituant la CECA est entré en vigueur le 23 juillet 1952 pour une durée de 50 ans. Le marché commun du charbon prit effet le 10 février 1953, et celui de l'acier le 1er mai 1953. Six ans après (en 1957), le Traité de Rome fut signé par les six membres de la CECA, créant ainsi La Communauté Economique Européenne (CEE) et La Communauté Européenne de l'Energie Atomique (CEEA ou "Euratom"). En 1960, le ministre de l’Industrie Jean-Marcel Jeanneney annonce officiellement le démarrage du processus de la récession charbonnière. 1.1.3 La récession : 1960 - 2004 Au milieu du XXe siècle, la situation énergétique a changé, le pétrole et le gaz progressent par rapport au charbon. La stratégie des acteurs s’est inversée. Les HBNPC héritières des compagnies privées ont organisé le repli de l’exploitation, dans le sens inverse, par phases successives de concentration de l’activité sur quelques sièges. Le plan Jeanneney prévoit un assainissement de la situation des Charbonnages de France par la fermeture des exploitations marginales. Dès 1963, la CECA recommande à la France de réduire son extraction. Dans le bassin Nord Pas de Calais, les conditions naturelles d’extraction sont difficiles, les veines de charbon sont profondes. Les travaux de modernisation et de concentration, les dépenses de conversion requièrent des investissements considérables. Des centaines de milliers de personnes travaillent pour les Houillères du bassin Nord Pas de Calais, au fond de la mine, dans les usines, les ateliers, les bureaux. En mars 1963, les syndicats, inquiets de cette situation, appellent à une grève de quarante-huit heures pour défendre l’avenir de la profession, la grève 51 touche l’ensemble de la corporation, la mobilisation est massive et constitue une sorte d’union sacrée entre socialistes, communistes et démocrates chrétiens. Pour la première fois, les ingénieurs se joignent au mouvement. Après trente-cinq jours, le gouvernement est obligé de céder et d’accorder des augmentations substantielles de salaires. En 1963, devant la désaffectation des enfants des mineurs et des habitants de la région pour un métier considéré comme dangereux, les Houillères font une nouvelle fois appel à l’immigration. La convention franco-marocaine ouvre la voie à une arrivée massive de travailleurs marocains en France. C’est ainsi que 78 000 Marocains sont venus travailler dans les mines du Nord Pas de Calais. En 1946, 215 500 personnes travaillaient aux HBNPC produisant plus de 25 millions de tonnes, il en restait 22 580 avec une production de 3 millions de tonnes en 198273. L’adaptation des effectifs en vue d’une fermeture du bassin à terme rapproché, telle est la priorité qui s’impose aux HBNPC dans le cadre du projet d’entreprise de Charbonnages De France (CDF) défini en 1984. Dans le cadre des départs volontaires, l’entreprise a signé en mars 1984 une convention de transfert d’agents de Charbonnages de France vers Electricité De France (EDF). Des modalités particulières sont prévues pour ceux qui souhaitent une mutation, dans un autre bassin, dans une autre entreprise du groupe CDF. D’autres mesures ont pour but d’aider les agents d’origine étrangère comme les marocains qui le souhaitent à retourner dans leur pays. Il est prévu des primes de conversion pour les agents qui quittent CDF pour travailler dans une autre entreprise. L’État, décide l’implantation dans le bassin minier de Renault et de l’Imprimerie nationale. Des plans successifs d’adaptation et de restructuration s’efforcent de concentrer l’exploitation sur les sites les moins déficitaires et à partir de 1986, le recrutement est pratiquement arrêté. Les lourdes pertes d’exploitation subies depuis plusieurs années et l’absence de toute perspective d’amélioration de cette situation, ont conduit les pouvoirs publics à mettre en œuvre un programme de fermeture progressive des mines. Considérant que « la collectivité nationale avait une dette historique vis à vis de la population charbonnière », ils ont soutenu l’élaboration d’un « pacte charbonnier » signé en octobre 1994 entre la direction du groupe Charbonnages de France et la plupart des syndicats. Ce texte prévoit la fin de la production 73 TOURSEL (C.), 1983, Bruay en Artois et sa région de 1945 à 1983, Auchel, édité par l’association des anciens élèves du lycée de Bruay en Artois, p 124 52 nationale de charbon en 2005. Il s’accompagne de mesures sociales. Chaque mineur aura le choix entre rester au sein du groupe Charbonnages de France jusqu’à ce qu’il puisse bénéficier d’une mesure d’âge ou se diriger vers une conversion. 1.2 la mise en place du système de protection sociale Les mines sont à l’origine du premier système français de protection sociale. La protection sociale recouvre l’ensemble des dispositifs mis en place pour assurer et aider les individus devant les risques majeurs de l'existence (chômage, maladie, vieillesse, famille). La protection sociale a donc à la fois des objectifs matériels (permettre aux individus de survivre quand ils sont malades, ou âgés, ou chargés de famille nombreuses, par exemple) et des objectifs sociaux (réduire l'inégalité devant les risques de la vie et assurer aux individus un minimum de revenus leur permettant d'être intégrés à la société). Au régime minier, les premières protections mises en place ont été celles en lien avec le travail, puis en 1946, elles se sont développées pour assurer les principaux risques sociaux. 1.2.1. A l’origine, une gestion des risques essentiellement liée au travail Les travailleurs du sous sol bénéficient d’un régime spécial de protection sociale qui fonde son originalité sur sa construction faite pas à pas au fil des années, des décennies… au prix de nombreuses luttes. Il est de tradition de faire remonter les prémisses d’une « législation sociale minière » au règne d’Henri IV. Un édit de 1604 imposait aux propriétaires de mines de remettre un trentième des produits extraits à leur Trésorier afin d’ouvrir un crédit permettant que « les pauvres blessés soient secourus gratuitement et, par cet exemple de charité, les autres plus encouragés au travail desdites mines » et de s’attacher les services d’un chirurgien. On ne retrouve pas d’autres interventions de l’Etat en ce domaine avant le XIXe siècle. L’extraction minière n’était pas alors très développée. En 1813, à la suite de plusieurs catastrophes minières, l’Empereur Napoléon 1er prend deux décrets par lesquels les exploitants sont tenus d’observer des mesures de sécurité, de prévoir et de prendre à leur charge les dépenses liées aux accidents. Une Caisse de prévoyance est créée au profit des mineurs de l’Ourthe (lieu d’un grave accident) et doit fonctionner avec des fonds prélevés sur les salaires des ouvriers, une contribution patronale et une subvention de l’Etat. En 1850, une Caisse de retraites ou rentes viagères pour la vieillesse, est créée, certains 53 exploitants effectuent des versements au nom de leurs ouvriers. Les droits variaient selon les caisses ; le travailleur n’était assuré d’aucune garantie et dans presque tous les règlements l’ouvrier quittant volontairement la compagnie ou qui était renvoyé perdait tous ses droits à pensions. Dans les années 1870-1880, les mineurs sont victimes de la dépression économique qui touche l’Europe. Les années 1880 voient se multiplier les mouvements revendicatifs et le développement du syndicalisme minier qui a beaucoup œuvré pour les droits des mineurs. Le roman74 « Germinal » est le récit d’une grève de mineurs sous le Second Empire. Le développement des compagnies minières et l’accroissement important de la main d’œuvre a nécessité la construction massive de logements. Cela détermine la création de nouvelles circonscriptions électorales, dans lesquelles les personnalités reconnues ne sont pas tant les notables que des hommes issus du monde ouvrier. Ils ont l’avantage de bien connaître les conditions de travail et les besoins des mineurs et de leurs familles. C’est ainsi qu’en 1891 Emile Basly est élu député à Lens et en 1892 Arthur Lamendin est élu à Liévin. Au Parlement, ils proposent, débattent et votent des lois pour améliorer les conditions de travail des mineurs et engager une meilleure protection des individus. En 1891, pour la première fois, les compagnies reconnaissent la compétence et l’autorité des syndicats pour discuter des salaires et des préoccupations des mineurs : cinq représentants des ouvriers rencontrent cinq patrons dans les salons de l’hôtel Univers à Arras le 30 Novembre. La question des salaires est extrêmement complexe, en fonction des périodes mais aussi des métiers. Chaque compagnie agit de façon indépendante et détermine le salaire en fonction de la tâche de l’ouvrier mais aussi du prix de vente du charbon. La Convention d’Arras de 1891, aborde pour la première fois cette question pour l’ensemble du bassin minier. Jusque là, chaque patron agit comme il l’entend et le salaire est aussi un moyen de débauchage des meilleurs ouvriers. 1.2.2 La loi du 29 juin 1894 Elle institue un véritable régime de prévoyance sociale obligatoire par capitalisation en faveur des travailleurs du sous sol. Les salariés des autres professions, agricoles et industrielles, ont du attendre respectivement 1910 et 1930. La loi du 29 juin 1894 met en place une assurance maladie et une assurance vieillesse pour les mineurs. Elle jette les bases du régime minier actuel. Cette protection sociale est fondée sur deux principes fondamentaux : elle est 74 ZOLA (E), 1ère publication février 1956, édition 75 Ŕ janvier 2009, Germinal, Paris, collection les classiques de poche, le livre de poche 54 obligatoire, ce qui constitue à l’époque une avancée sociale considérable ; et son financement est basé sur la contribution des exploitants et des travailleurs. Ainsi la mise en place de Sociétés de Secours Mutuel devient-elle obligatoire dans chaque exploitation. Les retraites sont assurés par un double financement : celui des ouvriers et celui des exploitants. Les fonds ainsi récoltés sont remis à la Caisse Nationale de Retraites pour la vieillesse, créée en 1850. Ce système de retraite est jugé trop insuffisant par les mineurs et les syndicats. De plus, subsistent les retraites constituées auprès des caisses de prévoyance déjà existantes, ce qui crée de grandes disparités entre les nouveaux mineurs et les anciens. Deux modifications sont apportées en 1903 et 1906 pour pallier en partie à ces inconvénients. La loi du 31 mars 1903 met en place une subvention de l’Etat pour augmenter le montant des pensions. Cette loi constitue une double innovation : la participation de l’Etat dans le financement de retraites de travailleurs privés et la mise en place de la notion de « minimum vieillesse ». La loi du 17 avril 1906 rend ces allocations réversibles par moitié pour le conjoint survivant et non remarié. La loi du 25 février 1914 crée La Caisse Autonome de Retraite des Ouvriers Mineurs (CAROM). Elle est basée sur un triple financement : les exploitants, les ouvriers et l’Etat. Les mineurs, les veuves, les invalides du travail et les orphelins peuvent bénéficier immédiatement d’une pension quand l’événement (décès, invalidité) se produit. Les retraites sont ainsi basées sur le principe nouveau de « répartition ». A la libération du territoire français, à l’occasion d’une réforme générale de la sécurité sociale, on procède à l’unification du régime de sécurité sociale minière. La CAROM, devenue Caisse Autonome Nationale de Sécurité Sociale dans les Mines (CANSSM)75, prend en charge les attributions de la Caisse de Retraite des Ouvriers Mineurs d’Alsace Lorraine (CROMAL) dès le 1er janvier 1946. Le décret du 27 novembre 1946 stabilise pour près de 50 ans l’organisation du régime minier. 1.2.3 Le décret de 1946 : l’extension des risques sociaux Les décrets du 27 novembre 1946 et 22 octobre 194776 conservent la structure historique du régime minier, mais en créant à l’instar du régime général, une sécurité sociale dans les mines qui regroupe les risques maladie, accidents de travail, vieillesse et prestations familiales. La particularité du système de santé est de faire reposer les prestations sur une offre de soins 75 Ces éléments sur la CANSSM ont précédemment été développés à la page 6 www.legifrance.gouv.fr, décret n°47-2100 du 22 octobre 1947 fixant les mesures d'application du décret N° 46-2769 du 27 novembre 1946 portant organisation de la Sécurité Sociale dans les mines. 76 55 gratuite et exclusive, le mineur ne disposant pas de liberté de choix. Le régime est organisé en réseau avec à sa tête, la CANSSM qui, jusqu’au 1er janvier 2005, assurait également la gestion de l’assurance vieillesse. Au niveau local en France, 15 Sociétés de Secours Minières gèrent le risque maladie et l’offre de soins, 7 unions régionales gèrent le risque Accident de Travail Ŕ Maladie Professionnelle et pilotent l’action sanitaire et sociale du régime. Dans le Nord Pas de Calais, la partie sanitaire est pilotée par deux SSM (Nord et Pas de Calais). L’Union régionale, basée à Lens, s’occupe de la totalité du bassin minier pour les missions qui lui sont confiées. A l’échelon régional, douze Sociétés de Secours Minières, réparties de Valenciennes à Auchel (principaux sites d’exploitation minière), permettent à chaque mineur de disposer ainsi près de chez lui d’un dispensaire avec des médecins et des infirmières mais aussi de consultations de nourrissons. Les centres de santé regroupent quant à eux des services spécialisés, par exemple en cardiologie, en radiologie et surtout en pneumologie pour la surveillance et les soins liés aux pneumoconioses et surtout à la silicose, la plus grave maladie des mineurs. La Sécurité Sociale Minière gère également des établissements hospitaliers. Pour mieux illustrer nos propos, nous citerons en référence un extrait de la revue « Relais77 » qui précise l’étendue des activités du régime : « C’est dans le cadre du groupe d’exploitation - il y en a huit en 1957 – que sont organisées toutes les activités qu’elles soient industrielles, commerciales ou sociales. Prenons un groupe-type, celui d’Hénin Liétard. Il compte 24 000 agents en 1957. Plus de 75 000 personnes sont logées dans 20 000 logements. Le groupe en a construits 2 000 depuis 1946. Chaque logement est doté d’un jardin de 200 m² ; en outre les familles qui le demandent reçoivent des « carreaux de terre » de 250 m² à proximité des cités.78 En dix ans, le régime minier a développé ses activités en direction de son public composé essentiellement de familles, répondant aux besoins sanitaires mais aussi au niveau de la formation, des loisirs etc. La production minière a décliné progressivement et dans le même temps le nombre de personnes appartenant au régime minier a vieilli. Entamée en 1960, la récession s’achève au début des années quatre vingt avec une perspective de fermeture. A 77 Service communication des HBNPC de Douai, 1991, « Relais spécial : le bassin minier du Nord Pas de Calais de 1946 à 1990 à travers les journaux de l’entreprise », Dainville, p 158 78 La suite de l’article expose les œuvres sociales du groupe. Il nous semble important de les énumérer afin d’en situer l’ampleur. Les œuvres sociales comprennent : 5 centres familiaux ménagers (pour 650 élèves de 14 à 18 ans), 3 centres éducatifs pour 1 000 jeunes de plus de 16 ans et adultes, 3 sociétés omnisports avec 3 stades, salles de gym (2 400 membres), 3 harmonies (300 membres), des sociétés colombophiles (2 600 amateurs), 2 sociétés de jardins ouvriers (16 000 membres), les colonies de vacances, 2 hôpitaux de 100 à 130 lits, 2 centres médico-sociaux, une maternité de 40 lits, 6 dispensaires 56 partir de 1960 face à la récession charbonnière le régime minier a mis en place des mesures de conversion du personnel ayant des incidences sur le système de protection sociale, diminution des actifs, diminution du nombre de personnes affiliées au régime minier de sécurité sociale. 1.3 La construction des droits sociaux des mineurs Le terme de mineurs recouvre une grande diversité. Diversité à la fois dans l’identité des personnes qui travaillent à la mine, mais aussi dans les fonctions qu’elles occupent. A la mine travaillent des hommes, des femmes et des enfants depuis le début de l’exploitation. Chacun occupe un poste bien précis et bien défini, en fonction de ses capacités. L’organisation minière repose également sur une hiérarchie très claire : des patrons actionnaires, souvent très loin de la réalité des mines, des administrateurs et des patrons de terrain (ingénieurs, cadres et porions) et enfin des employés et des ouvriers. La plupart des personnes travaillent dans les fosses, au fond, à l’extraction du charbon ; au jour pour le triage et le transport mais aussi pour sa transformation ; dans les usines, les centrales ou les cokeries. Tous sont considérés comme des mineurs. Cette diversité est née des structures industrielles elles-mêmes, créées par les différentes fosses d’exploitation, que ce soit au temps des compagnies privées ou après la nationalisation des Houillères. Les conditions de travail sont difficiles, la mort des mineurs est souvent prématurée, ce qui s’explique par la pénibilité du travail à la mine et les pathologies associées qui entraînent le décès de ces travailleurs. L’histoire de la région est aussi marquée par les catastrophes minières dont la plus importante est celle de Courrières qui a fait 1 099 victimes en 1906. Aujourd’hui la population régionale est composée aux deux tiers de veuves. Les différentes catastrophes minières et les conditions de travail difficiles ont marqués la construction des droits sociaux en lien avec les nombreuses actions des syndicats mineurs. L’obtention du statut du mineur en 1946 fixera la réglementation de l’exercice de la profession. L’obtention du statut du mineur et de leur famille A l’initiative de la Fédération nationale du sous-sol, les mineurs obtiennent le 14 février 1946 un statut particulier qui réglemente tous les aspects de leur vie professionnelle. Le Statut du Mineur79 tient lieu de convention collective nationale et constitue l’aboutissement d’un long processus de négociations successives entre le patronat minier et les organisations syndicales 79 www.sictame-unsa-total.org/documents/statut_du_mineur.pdf 57 amorcé dès la fin du XIXe siècle sous la pression de l’Etat. L’intervention des syndicats a été prépondérante surtout après la deuxième guerre mondiale dans cette lutte pour acquérir des droits. C’est la réglementation de toute une profession de l’embauche et le licenciement, les conditions de titularisation, la durée du travail, la hiérarchie professionnelle et les conditions de rémunération, ainsi que les congés payés, les avantages en nature, l’exercice du droit syndical et toutes les autres questions traitées dans ce statut. Certaines dispositions n’ont plus rien de spécifique et sont aujourd’hui entrées dans le droit commun. Le chapitre des « avantages en nature » aura des répercussions importantes. L’attribution de combustible gratuit ou d’une « prime pour chauffage » est généralisée pour toutes les catégories de salariés à l’ensemble des exploitations, pour les retraités et les veuves. Le statut du mineur prévoit l’attribution d’un logement gratuit à tous les salariés mariés ou, à défaut, l’attribution d’une indemnité compensatrice. Cette dernière disposition va inciter les exploitants, en particulier les Houillères de Bassin, à poursuivre la politique de développement de l’habitat minier des anciennes compagnies. L’habitat minier et l’attribution de charbon se déclinent différemment selon le poste occupé dans la hiérarchie. On trouve des quartiers distincts : « ouvriers », « employés » et « cadres ». Aujourd’hui, de nombreux retraités ou veuves de retraités continuent de bénéficier de ces « droits acquis » ce qui a nécessité la mise en place d’une structure nationale chargée de gérer ces prestations l’Agence Nationale pour la Garantie des Droits des Mineurs (ANGDM). Etablissement public créé le 1er janvier 2005, il a pour mission de garantir les droits sociaux de plus de 200 000 mineurs qui sont liés aux entreprises minières, afin d’assurer la pérennité des droits sociaux des mineurs et de leurs ayants droits après la disparition des exploitants. L’ANGDM liquide, verse ou attribue l’ensemble des prestations dues (à l’exception de celles relevant du Régime de Sécurité Sociale dans les mines gérées par la CAN). La notion d’ayant droit est ainsi créée80. Longtemps, les ayants droits n’ont eu aucun statut spécifique. Tant qu’un membre de la famille travaille, ils peuvent bénéficier de quelques avantages comme le logement et les premiers soins médicaux, notamment dans les consultations de nourrissons et les gouttes de lait. Quand le mineur décède, les ayants droit ne disposent que de secours de bienfaisance alloués selon de bon vouloir du patron. Cette notion d’ayant droit a par la suite 80 On désigne par ayants droits les veuves de mineurs et les orphelins qui n’ont pas l’âge de travailler. 58 été reprise dans le régime général. L’octroi d’un statut particulier et les avantages acquis ne peuvent toutefois masquer les dangers du métier et des conditions de travail difficiles. L’accrochement du régime minier à la seule démographie minière constitue un handicap de plus en plus important pour la survie du réseau de soins qui ne peut se limiter à la seule population minière sans que cela le conduise à une gestion d’accompagnement du déclin qui ne garantirait pas en plus le maintien d’une bonne qualité de soins. Le remplacement des salariés qui assurait le financement du régime et de son fonctionnement n’est plus assuré. Cette situation a créé un déséquilibre important qui fait l’objet d’une réflexion et d’une volonté de reconversion des équipements et des structures du régime minier. L’exploitation minière s’est développée dans notre région de 1720 à 1990, date de la fermeture du dernier puits de mine. Elle a survécu aux deux guerres mondiales qui ont détruit notre région et a participé à la reconstruction de la France, le statut des mines a évolué au fil des années. L’Etat a toujours été présent autour de cette question minière : il est intervenu dans le partage du bassin minier au moment de la découverte des gisements jusqu’à la nationalisation de 1946, créant neuf « houillères de bassin » dont une des plus importantes, celle du Nord Pas de Calais. La population minière est internationale, Pologne, Italie et Maghreb, fruit de la politique d’immigration des Houillères. Parallèlement, les droits des mineurs se sont bâtis autour du travail et des risques encourus dans le cadre de l’exercice de leur profession. Le statut du mineur est obtenu en 1946, reconnaissant aussi le statut d’ayant droit au conjoint. Le système de Protection Sociale s’est mis en place de façon progressive. Des lois, celle du 29 juin 1894, le décret du 27 novembre 1946 ponctuent ces évolutions intégrant davantage de risques sociaux au fil du temps et des luttes ouvrières. Les deux décrets de 1946 et 1947 créent à l’instar du régime général, un régime spécial de sécurité sociale. Ces années voient l’essor des Houillères dans la région : habitat, structures de loisirs pour les mineurs et leurs familles, organismes de formation etc. Dès 1960, l’exploitation minière connaît la récession, des mesures ont été mises en place afin de gérer la cessation d’activités de ses différents domaines. 59 Chapitre 2 : Depuis 2004, la réforme et son application au niveau national Le Régime Minier a vécu des périodes extrêmement variées voir totalement opposées ou contradictoires. En 2004, une nouvelle façon de concevoir le régime minier fait l’objet d’un texte de loi et les différentes propositions de modifications interpellent les personnels, les dirigeants et les personnes faisant l’objet d’une couverture sociale. Lors d’un entretien avec un cadre de direction, la personne interviewée précise : « Nous sommes passés d’une phase où tout devait disparaître avant le décret de 2004 : extinction progressive, plus de recrutement de médecins, restriction sur des dépenses de fonctionnement notamment des œuvres ; installation psychologiquement dans une démarche de fin de production de santé, on allait progressivement fermer les portes. Puis le 2/11/04, le décret recompose le paysage des différentes SSM et URSSM et surtout et c’est l’essentiel, il donne la possibilité au 1/7/2005 la création des centres de santé et l’ouverture. C’est un électrochoc, depuis on est en position d’ouverture, de modernisation, de regroupement, on est passé d’une phase de ralenti/fermeture à une phase d’ouverture d’abord puis d’expansion par la suite81 ». Depuis 2004, d’importants changements ont été opérés au sein du régime minier, le plus notable étant celui de l’ouverture vers les autres régimes de sécurité sociale avec des conséquences sur l’ensemble de la structure, les personnels et les personnes affiliées au régime minier de sécurité sociale. 2.1 Le fonctionnement après la réforme En France, en 2007, le nombre officiel d’habitants est de 63,6 millions82 dont 182 990 personnes affiliées au régime minier de sécurité sociale, soit 0,28 % de la population française. La réforme de 2004 est l’objet d’une publication dans le cadre de l’après mine et face au repli progressif de l’activité du régime de retraite minier, la Caisse des dépôts s’est rapprochée, à la demande des pouvoirs publics, de la Caisse Autonome Nationale de Sécurité Sociale dans les 81 Entretien n° 1 Ŕ cadre supérieur médical de la CARMI Nord Pas De Calais www.france-info.com/france-societe-2010-01-02-63-6-millions-d-habitants-en-france-au-final-387334-912.html 82 60 Mines (CANSSM) afin d’étudier les modalités de reprise de la gestion du risque vieillesse/invalidité, l’intégration de son personnel et de présenter son offre de service. Le décret n° 2004-1172 qui entérine le transfert de gestion du risque vieillesse/invalidité à la Caisse des dépôts a été signé le 2 novembre 2004 avec, pour date d’effet, le 1er janvier 2005. Depuis le 1er janvier 2005, la Direction des Retraites de la Caisse des Dépôts gère la Retraite des Mines. Elle assure, désormais, le recouvrement des cotisations et la gestion du risque vieillesse Ŕ invalidité des anciens mineurs et de leurs ayants droits. Le rôle de La CANSSM est modifié mais elle conserve la gestion de l’assurance maladie, maternité, décès. Depuis le 1er janvier 2005, elle a la responsabilité des risques maladie et Accident de Travail et Maladies Professionnelles. Elle assure la veille réglementaire et la maîtrise d’ouvrage, accompagne la conception et le déploiement des progiciels pour ces risques, ainsi que la tarification applicable et le suivi et contrôle la politique d’ouverture et de modernisation des œuvres, des établissements sanitaires et sociaux du régime. Elle coordonne les actions de prévention et de promotion de la santé et le financement de nombreux projets destinés à la prise en charge des personnes âgées avec la création de services de proximité, hébergement de moyen et long séjour. Elle gère et organise deux centres de vacances en France. Le régime est piloté (ou dirigé) par le conseil d’administration dont la composition est publiée au Journal Officiel. Suite à la réforme, l’organisation sanitaire et sociale a été modifiée le 1er janvier 2007. Il s’agit ici de l’aspect le plus important. Les 22 organismes locaux ont fusionné pour devenir 7 caisses régionales. Leur activité consiste à organiser le système de soins dans leur circonscription en s’ouvrant à la population non minière. La nouveauté réside dans l’ouverture. Le régime minier, ses structures et son personnel passent d’une perspective de fermeture à l’ouverture et donc une projection vers l’avenir, avec de nouveaux projets. Le système financier est de plus en plus déséquilibré notamment sur le rapport cotisants/cotisés. Le régime minier rencontre toujours des problèmes de financement. En 2006, la branche retraite concerne 362 300 bénéficiaires pour un montant total de 1,2 milliards d’euros. La branche maladie représente 216 500 bénéficiaires en assurance maladie et 59 500 rentes pour un montant de dépenses de 1,6 milliards d’euros83. Le rapport d’activité 2009 du régime minier actualise les chiffres : 182 990 affiliés miniers et 338 713 83 www.secumines.org, site Internet du régime minier, les données chiffrées ci-après ont été établies au 31 décembre 2006 61 pensionnés84. Ces chiffres nous montrent que la diminution est présente : 7 % pour les pensions et 16 % au niveau du nombre de bénéficiaires au titre de la sécurité sociale. Au niveau du budget85, les charges sont essentiellement liées à l’octroi de prestations aux affiliés miniers (plus de 88 %), les produits proviennent essentiellement des transferts entre régime (plus de 68 %) et des subventions de l’Etat (plus de 17%). En 2008 et 2009, le régime minier était déficitaire à plus de 70 millions d’euros. Les centres de santé sont à ce jour intégrés à l’ambulatoire et affichent un résultat négatif de 8,8 millions d’euros.86 En 2009, les effectifs du régime minier87 s’élève à 6 211 salariés. Dans un document réalisé par la Direction des Ressources Humaines du Réseau 88 (Paris), l’effectif global est de 6 204 personnes. La part la plus importante des salariés se situe au niveau des établissements et des SSIAD (2 023) puis dans les œuvres (1 710) et enfin au SAP (1 410). L’âge médian des effectifs se situe dans la tranche d’âge 45-49 ans avec un vieillissement plus accentué pour le SAP (et les aides à domicile), les cadres de santé miniers, les non cadres miniers, avec une tranche d’âge médian89 de 50-54 ans. Une ambitieuse politique de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, axée sur la préparation aux évolutions vers les nouveaux métiers et sur la formation continue, a été déployée en 2009. 2.2 Les outils de pilotage : la Convention d’Objectifs et de Gestion De nouveaux outils de pilotage ont été mis en place au niveau national. Le décret a été complété par une Convention d’Objectifs et de Gestion (COG) qui a été signée entre la CANSSM et les Ministères. Elle renforce le rôle de pilotage du régime par la Caisse nationale : elle détermine la politique générale du régime minier, assure le financement et la trésorerie des risques maladie, accidents du travail et maladies professionnelles, vieillesse et invalidité, coordonne et contrôle l’action des organismes miniers locaux et régionaux. Les COG formalisent dans un document contractuel la délégation du service public de sécurité sociale aux organismes gestionnaires. Elles sont conclues pour une durée minimale de 4 ans entre l’Etat et les caisses nationales des principaux régimes de sécurité. Elles doivent 84 Rapport d’activité 2009 du régime minier, CANSSM, Paris, p40 Annexe 9 : la répartition des effectifs par CARMI et le budget du régime minier 86 Rapport d’activité 2009 du régime minier, CANSSM, Paris, p10 87 Annexe 9 : la répartition des effectifs par CARMI et le budget du régime minier 88 Annexe 10 : état des lieux général des effectifs au régime minier au 31/12/09 89 L'âge médian est l'âge qui sépare les effectifs d'une population en deux groupes égaux 85 62 comprendre une stratégie clairement identifiée, une programmation des moyens ainsi que des objectifs qualitatifs et quantitatifs (suivi et évaluation en cours et fin d’exercice). Elles sont généralement déclinées en contrat pluriannuel de gestion (CPG) entre les caisses nationales et locales. La COG 2004-2005-2006 organise les orientations majeures de la réforme du Régime Minier. La convention suivante90 signée pour la période 2008-2011 comporte trois axes : la performance et l’efficience de la gestion du régime, la consolidation de l’offre de service en direction de la population minière et la promotion d’une offre de soins de qualité pour tous. La performance et l’efficience de la gestion du régime : elle prévoit de dynamiser la gestion immobilière des Caisses régionales, de décliner la COG en contrats pluriannuels de gestion avec les CARMI, de mettre en place une comptabilité analytique ainsi qu’une véritable Gestion des Ressources Humaines (GPEC, formation professionnelle, intéressement), de consolider le partenariat CDC en matière RH et de logistique, de mettre en place la démarche qualité et un véritable contrôle de gestion, de définir des indicateurs adaptés pour chaque activité permettant de mieux piloter le régime, de consolider le contrôle interne, de mieux communiquer (interne et externe) et de renforcer la qualité des comptes. La consolidation de l'offre de service en direction de la population minière : elle se décline sous 4 aspects : la mise en oeuvre du plan national d'action sociale, la gestion des risques AT/MP et des risques vieillesse par la CDC dans le cadre de l'offre de service et le transfert de la gestion du régime de retraite des salariés sous statut CAN à la CDC. Les deux premiers points méritent d’être développés un plus longuement. La mise en oeuvre du plan national d'action sociale : elle entend diversifier l'offre de vacances, ouvrir les centres de vacances et moderniser leur gestion, financer des projets immobiliers en direction des personnes âgées : accord de financement à des structures visant à améliorer, adapter l'établissement aux personnes âgées, développer des modes d'accueil intermédiaires entre le domicile et l'établissement, favoriser le maintien à domicile : le rôle du service social est de veiller à la bonne cohérence des intervenants autour de la personne âgée en développant la coordination des différents intervenants et en utilisant la dynamique des 90 Annexe 12 : COG 2008-2011 63 schémas gérontologiques départementaux. Il passe par la simplification des démarches administratives ainsi qu’une meilleure connaissance des besoins et attentes des personnes âgées : cela nécessite la mise en place d'outils d'évaluation et de suivi des prestations d'Action Sanitaire et Sociale, la mise en place d'outils d'évaluation de la qualité de service rendu, le développement d'études de la connaissance des attentes des retraités. Il s’agit également d’autonomiser et de professionnaliser les SAP et les SSIAD, de renforcer les partenariats (notamment pour le service social) avec les caisses de retraite et les départements, d’améliorer l'information des affiliés (relation de proximité) : pour le service social il s’agit de lancer une expérimentation d'une permanence locale d'informations (guichet unique de renseignement), d’élaborer un guide d'informations de l'action sociale et des prestations de service ainsi qu’une plaquette d'informations nationale sur les grands axes de la politique d'action sociale et de développer de l'information par le biais de l’internet. La gestion des risques AT/MP : il faut achever l'organisation des activités assurantielles (mutualisation, formation, offre de service) et réaliser l'adossement technique au régime général, réfléchir à l'avenir de la branche, consolider la qualité de service : pour le service social par le biais d’une démarche d'évaluation et d'amélioration de la qualité de ses interventions en identifiant les attentes et besoins des personnes âgées et en étant force de proposition, en mettant à disposition des partenaires, son expertise professionnelle. Il faut également maintenir un réseau de proximité adapté à la population minière. La promotion d’une offre de soins de qualité pour tous : il s’agit d’accroître le potentiel des structures d’offre de soins par notamment la mise en place de centres polyvalents (équilibre entre offre et économie), la fermeture de certains points de consultation, de développer l’offre pharmaceutique, de poursuivre la démarche qualité : participation de la CANSSM au Regroupement National des Organismes Gestionnaires des Centres de Santé, utilisation d’un référentiel d’évaluation des centres de santé, recrutement d’un responsable qualité, bilan de réalisation semestriel et actualisation tous les deux ans sur la réorganisation de l’offre de soins. Il faut aussi développer l’activité des établissements dans leur environnement, autonomiser leur gestion au sein d’association de gestion (en lien avec des signatures de convention d’objectifs et de moyens avec l’ARH hier et l’ARS aujourd’hui), coordonner et piloter nationalement la politique hospitalière par la mise en œuvre des plans de recomposition des œuvres adaptées à leur environnement territorial, développer la qualité et la 64 performance, créer des filières et des réseaux de soins, développer des partenariats. Il est également nécessaire d’engager des actions de prévention et de santé publique et des dépistages sur des thématiques telles que l’hypertension artérielle, les cancers, le diabète et solliciter l’Etat pour financer des actions expérimentales et de placer le patient au centre du dispositif avec un projet de dossier partagé par support informatique. Les Contrats Pluriannuels de Gestion (CPG) sont une déclinaison de la COG au niveau local avec les caisses régionales qui tient compte des spécificités territoriales. Ce point sera développé dans la suite de notre écrit. 2.3 Filieris : une offre de santé ouverte à tous Confronté à la diminution des affiliés miniers, le régime minier doit pour vivre compenser la disparition de ses ayants droits en attirant les affiliés des autres régimes de sécurité sociale : soit 4 personnes d’autres régimes pour 1 affilié minier91. Répondant aux objectifs de la COG, le Régime de Sécurité Sociale des Mines a créé en 2009, la marque FILIERIS, la santé en action, pour l’ensemble de son offre de santé. Ce nom devrait remplacer petit à petit celui des structures du régime minier et des CARMI. Cette marque regroupe l’ensemble de ses structures de soins (centres de santé, établissements hospitaliers, de soins de suite et réadaptation, établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes), ses services de soins à domicile et ses services d’aide à la personne, soit un peu moins de 4 000 professionnels. Accessibles à tous quel que soit le régime de sécurité sociale, les structures de santé FILIERIS respectent les tarifs conventionnels (sans dépassement d’honoraires) et leurs patients sont dispensés d’avance de frais. Cette offre de santé assure une prise en charge globale, sanitaire et médico-sociale, du patient intégrant la prévention et le dépistage, les soins et leur suivi dans des structures adaptées ou à domicile. FILIERIS propose : « Un accompagnement sur la durée, centré sur la santé et pas seulement sur les soins, et piloté par le médecin traitant selon un parcours personnalisé. C’est une offre complète, depuis la promotion de la santé, la prévention, le dépistage et l’éducation thérapeutique, jusqu’aux soins à domicile et aux services à la personne en passant par les soins hospitaliers et la réadaptation. C’est aussi un maillage de proximité, regroupant près de 6.000 professionnels qualifiés, convaincus d’être plus efficaces en filière qu’en séquences isolées92 ». 91 Nord Eclair, éditions de Béthune, Bruay du 4/10/10, article de R. CLOUET, interview de Mr MARCHIONI Directeur de la CARMI Nord Pas De Calais, p 23 92 www.secumines.org, site Internet du régime minier, dossier de presse sur Filieris 65 Pour le Président de la CANSSM venu présenter la marque Filieris à Lens le 14 novembre 2009, il précise que : « Nous ne sommes pas ici pour prendre la place des autres. Les problèmes de santé sont tellement importants, notamment dans cette région, que nous n’allons pas nous marcher les uns sur les autres93. » L’adaptation de l’offre de santé est prévue en fonction des contextes dans lesquels évoluent les CARMI. Une offre de santé ouverte à tous, en adéquation avec les politiques actuelles : Moderniser le système de santé, continuer à garantir sa qualité et permettre l’accès de tous aux soins, tels sont les objectifs poursuivis par la loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patient, à la santé et aux territoires, dite « HPST ». Si les trois premiers titres du projet de loi ont peu d’incidences directes sur le secteur médico-social, son titre IV constitue un changement avec la mise en place d’une gestion transversale du sanitaire et du médico-social par un acteur unique, l’Agence Régionale de Santé (ARS). Pour la Ministre de la Sécurité Sociale94, ce sont les ARS qui unifieront le service public régional de santé, en couvrant l’ensemble du champ de la santé et de l’autonomie (santé publique, médecine de ville, hôpital, médico-social), qui permettront notamment de mieux répartir l’offre de soins sur le territoire en fonction des besoins des patients et de faciliter les parcours de soins, champs dans lesquels s’inscrit la CARMI Nord Pas de Calais. Chargée de conclure des Contrats Pluriannuels d’Objectifs et de Moyens (CPOM) avec les établissements de santé, l’ARS peut également le faire avec les établissements de santé et les services sociaux et médico-sociaux ainsi qu’avec les réseaux, les centres, les pôles et maisons de santé. La conclusion de CPOM conditionne le versement des aides financières ou des subventions de l’ARS. Celle-ci peut proposer aux professionnels de santé conventionnés, aux centres de santé etc., d’adhérer à des contrats ayant pour objet d’améliorer la qualité et la coordination des soins. Ces contrats fixent des engagements et la contrepartie financière qui peut leur être associée. La création des ARS s’accompagne d’une réorganisation de la politique régionale de santé. Elle s’appuiera sur un Projet Régional de Santé (PRS), des schémas régionaux de mise en 93 La Voix du Nord, édition de Lens du 14 novembre 2009, propos issus de l’article de P.BESSIN, la CARMI lance la marque Filieris pour assurer son avenir 94 Actualités Sociales Hebdomadaires, 23 octobre 2009, n° 2629, p 48 66 œuvre, une conférence régionale de la santé et de l’autonomie, des territoires de santé et des conférences de territoires. Notre région et particulièrement le territoire de l’ancien bassin minier connaissent des indicateurs de santé défavorables et une sous densité médicale sur certaines communes. Les deux objectifs essentiels du PRS sont de mettre fin à la coexistence de nombreux plans, schémas et programmes sectoriels qui ne sont pas assez articulés entre eux et d’assurer la transversalité de la politique conduite par l’ARS. La CARMI Nord Pas De Calais avec son offre de santé médico-sociale permet de répondre à ces objectifs. Le PRS est constitué d’un plan stratégique régional de santé qui fixe les orientations et les objectifs de santé pour la région, des schémas régionaux de mise en œuvre en matière de prévention, d’organisation de soins (il a pour objet de prévoir et susciter les évolutions nécessaires de l’offre de soins) et d’organisation médico-sociale (dans l’optique de répondre aux besoins de prise en charge et d’accompagnements médico-sociaux de la population handicapée ou en perte d’autonomie), ainsi que des programmes déclinant les modalités spécifiques d’application de ces schémas. La programmation peut prendre la forme de programmes territoriaux de santé (PTS) pouvant donner lieu à des contrats locaux de santé. La CARMI Nord Pas de Calais et Filieris pourront être un des partenaires de la santé de notre région. Les nouvelles orientations nationales après 201195 : Après le basculement de l’assurantiel au régime général, l’offre de santé serait l’activité essentielle du régime. Les directeurs des CARMI proposent de constituer un groupe de santé, dont la forme juridique reste à définir, reposant sur les valeurs fondatrices du régime minier : solidarité, accessibilité, proximité géographique et tarifaire, prévention, éducation thérapeutique. Un tel objectif ne pourra être atteint que si la cohésion entre la CANSSM et les CARMI est notablement renforcée de façon à démontrer que l’efficacité collective du régime garantit sa capacité à évoluer. Le régime doit construire un projet national de santé (PNS) sur la base des projets régionaux de santé déjà élaborés par les CARMI dans lequel chacun pourra se reconnaître et trouver sa place. Ces évolutions doivent faire l’objet d’un large débat avec l’ensemble des acteurs concernés (tutelles, conseils d’administration, organisations syndicales…) et nécessiteront des réflexions plus spécifiques de tous ordres (social, financier, comptable, juridique, informatique…). Le 95 www.secumines.org, site Internet du régime minier, compte rendu de la réunion des Directeurs à la CANSSM les 7 et 8 juillet 2010 67 changement ne pourra être que progressif et une nouvelle COG devrait prendre le relais de la COG 2008 Ŕ 2011. La réforme a amené un nouveau rôle à la CARMI Nord Pas de Calais, celui d’offreur de soins. Le régime minier a créé la marque « Filieris, la santé en action » qui regroupe l’ensemble de son offre de santé. Ce réseau de santé intègre les soins dans une prise en charge plus large reposant sur les valeurs fondatrices du régime minier : proximité, accessibilité tarifaire, éducation thérapeutique, coopération pluri-professionnelle, prise en charge médicosociale à domicile. D’autre part, la population affiliée au régime minier à l’origine captive du système peut maintenant se faire soigner dans le dispositif libéral. L’enjeu est double : apporter une réponse de qualité à ces deux publics dans le cadre d’une politique de mutualisation et de réorganisation. Il y a lieu de considérer la réforme comme élément du changement et comme élément de prolongation de l’activité en fonction des nouvelles responsabilités qui peuvent nous être confiées. Chapitre 3 : la réforme au niveau régional, la CARMI Nord Pas de Calais Si la réforme a eu lieu de façon nationale, il y a également eu des changements au sein de la CARMI Nord Pas De Calais : dans son pilotage, pour les structures et services et donc le personnel et enfin pour la population affiliée au régime minier de sécurité sociale. 3.1 Les outils de pilotage de la CARMI Nord Pas de Calais : les Contrats Pluriannuels de Gestion La CARMI Nord Pas de Calais à travers les CPG96 répond aux principaux enjeux de la COG qui sont la modernisation de la gestion par de nouveaux objectifs, de nouvelles méthodes et de nouveaux outils, la réorganisation des activités en vue de leur pérennisation : recomposition de l’offre, complémentarité et coordination de la prise en charge, recherche des équilibres, développement des partenariats externes, ainsi que la mise en œuvre de solutions d’avenir concernant l’assurantiel. La région Nord Pas de Calais présente comme chacune des régions dans le régime minier des particularités dont il faut tenir compte dans la réalisation de nouveaux projets : infrastructures concentrées, population, données économiques, sanitaires 96 Annexe 12 : CPG 2008-2011 68 etc. Les Contrats Pluriannuels de Gestion tiennent compte de ces éléments. Les CPG reprennent les différents points de la COG. La performance et l’efficience de la gestion du régime se déclinent à travers les objectifs suivants, Piloter le changement : il s’agit de mutualiser les fonctions supports. La CARMI Nord Pas de Calais s’est déjà engagée dans ce type de démarche pour certaines fonctions dans les domaines liés notamment à l’assurantiel. La question posée est la mutualisation jusque où ? N’a-t-elle pas d’impact sur la qualité ? Il est essentiel de faire connaître le régime : dans le cadre de l’ouverture de l’offre de soins, par une communication claire et identifiée à destination de la population du Nord Pas de Calais. Depuis 2004, la CARMI Nord Pas de Calais s’est dotée d’un service communication qui connaît une montée en charge progressive. Il faut également renforcer la qualité des comptes du régime par la production d’informations comptables fiables et poursuivre les efforts de dynamisation de gestion immobilière par notamment la valorisation du patrimoine. Renforcer la performance de la gestion : elle doit être un objectif permanent de l’organisme. Elle conditionne son efficacité, son équilibre économique et donc son avenir. Il convient de mettre en place un véritable contrôle de gestion à l’aide entre autre de la comptabilité analytique et de poursuivre les travaux de mise en place d’un contrôle interne : l’organiser et la formaliser, élaborer des référentiels dans chaque domaine afin de réduire ou de maîtriser les risques. La mise en place une véritable Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) permettant de réduire les écarts entre les effectifs actuels et les effectifs nécessaires s’avère indispensable ainsi qu’une démarche qualité débouchant sur la certification des activités du régime et ce pour tous les domaines. La consolidation de l'offre de service en direction de la population minière Elle s’organise par la mise en œuvre du plan d’action sociale, la modernisation de la gestion des risques maladie et AT/MP. La mise en œuvre du plan d’action sociale : il est nécessaire de favoriser la diversification des structures d’accueil et d’hébergement des personnes âgées et de mettre l’accent sur le maintien à domicile des personnes âgées : vivre à domicile est une aspiration largement partagée par les personnes âgées. La satisfaction de cette aspiration doit être un des éléments majeurs de la politique du vieillissement de la CARMI Nord Pas De Calais. Une réflexion est 69 en cours sur une autonomisation juridique des services d’aides à la personne et des Services de Soins Infirmiers A Domicile (SSIAD). Les CPG précisent que les problématiques de personnel dans cette perspective seront prises en compte. Ils projettent aussi de développer les partenariats dans les domaines d’action du service social : le service social apporte une contribution essentielle à la cohérence de l’action globale de l’organisme. La création des CARMI a permis de rapprocher le médical et le social et de faire partager des objectifs et des actions en commun. La modernisation de la gestion des risques maladie et AT/MP : la CARMI agit en qualité de délégataire pour la gestion de l’assurance maladie. Il convient d’achever l’organisation de l’activité en adaptant les activités en lien avec les moyens disponibles sur les différents sites et leur spécialisation, en réalisant un adossement technique avec le régime général en consolidant la qualité du service rendu aux assurés miniers. La direction de la CANSSM a réuni les membres du CODIR (comité de Direction) les 7 et 8 juillet 2010 pour échanger sur l’avenir du régime et les évolutions envisagées : « des changements progressifs sont envisagés, même si le terme n’est pas connu, il est fort probable que la mission assurantielle sera appelée à être transférée vers le régime général compte tenu de la diminution sensible du nombre d’affiliés. Une réflexion sur les modalités de transfert doit être menée pour que, le jour venu, la situation des personnels concernés soit sécurisée et la qualité des prestations servies soit garantie ». L’accueil est une des priorités de la CARMI Nord Pas De Calais. L’objectif est de réorganiser et d’accroître les lieux d’accueil en les introduisant au niveau de chaque territoire pour augmenter le potentiel de services en l’associant aux autres accueils (SAP, SSIAD, service social). L’action sanitaire et sociale maladie, AT/MP et vieillesse participe à l’approche globale d’aide et de maintien à domicile par l’octroi de prestations. Une réflexion sur de nouvelles prestations est en cours. La promotion d’une offre de soins de qualité pour tous L’action conduite dans les œuvres du 1er et 2ème degré : elle passe par la mise en œuvre du plan de recomposition de l’offre de soins : le découpage du territoire de la CARMI en 5 territoires de santé constituant chacun un groupement d’œuvres permet d’améliorer le maillage territorial et de coordonner l’ensemble des activités. La CARMI Nord Pas De Calais s’engage dans la définition d’une prise en charge médico-sociale des populations. Elle favorisera l’implantation du service social dans les centres de santé et établira un guide des 70 bonnes pratiques applicable à l’ensemble des personnels afin de systématiser et de modéliser une prise en charge médico-sociale coordonnée. Elle prévoit de réorganiser les centres de santé polyvalents : il a été décidé de restructurer l’ensemble des 174 cabinets médicaux existant en 2007 : fermetures immédiates pour les centres de santé non agréés, sans potentiel de développement, maintien et réorganisation interne pour les centres de santé où la patientèle minière est encore importante et où l’environnement laisse augurer un développement à court ou moyen terme, des glissements progressifs avec fermeture à moyen terme pour les centres de santé où la population minière est faible et isolée, des regroupements de plusieurs praticiens dans un même centre, solution préconisée dès que cela s’avère possible, de nouvelles implantations sur des sites plus pertinents, éventuellement en partenariat avec les collectivités territoriales. L’amélioration de la gestion des centres de santé pluridisciplinaires est aussi un des objectifs par le biais d’études de rentabilité, de même qu’un plan de restructuration des laboratoires d’analyses médicales est en cours. Cette recomposition s’appuie sur le projet médical de la CARMI qui s’inscrit dans une optimisation du parcours coordonné de soins du patient, en maîtrisant les coûts et s’appuyant sur une politique de prévention. Pour ce faire, la CARMI Nord Pas De Calais entend renforcer sa politique d’intégration dans les réseaux. Le médecin généraliste est le pivot de l’organisation des soins en lien avec les services internes et externes de la CARMI. De façon globale, il s’agit d’améliorer la qualité financière des œuvres et de développer son image. Au niveau de l’offre pharmaceutique, il faut développer la qualité et déployer le portage à domicile et placer le patient au centre du système d’information. L’action dans les établissements sanitaires et médico-sociaux : il parait judicieux de généraliser la création d’associations de gestion des établissements ; cette action doit s’accompagner du règlement des problématiques de la gestion des personnels et du devenir des structures immobilières. L’ensemble des établissements est entré de façon active dans la procédure de certification ainsi que dans la valorisation de son patrimoine immobilier. Créer et développer des filières et réseaux de soins : la CARMI et les établissements de l’AHNAC envisagent de mettre en commun des compétences et des moyens dans le cadre de la prise en charge des personnes âgées. La CARMI a été à l’initiative de la création du réseau gérontologique Vie l’âge en 2005 avec l’AHNAC et le Centre Hospitalier de Lens. Ce réseau a pour mission de favoriser l’accès aux soins, la coordination, la continuité ou 71 l’interdisciplinarité des prises en charge sanitaires et sociales spécifiques aux personnes âgées en s’assurant de répondre aux besoins de la personne (quel que soit le régime de sécurité sociale) tant sur le plan de l’éducation à la santé, la prévention, le diagnostic ou les soins. Une partie du personnel intervenant dans le cadre du réseau est mis à disposition par la CARMI Nord Pas De Calais. Développer des partenariats : la CARMI a la volonté de contribuer à la mise en œuvre de la politique de santé publique dans la région avec des partenaires associatifs, institutionnels etc. Pour la CARMI Nord Pas De Calais, il s’agit d’inscrire le projet en cohérence avec le plan de recomposition de l’offre de soins, la déclinaison régionale du projet médical national, les projets des établissements qui ont intégré les dispositifs des contrats d’objectifs et de moyens, le projet social, les travaux menés au niveau national sur l’évolution des fonctions administratives du régime et sur la modernisation des méthodes de gestion. 3.2 Le personnel, les structures et services de la CARMI Nord Pas de Calais Si la réforme a été nationale, elle a vu naître de nouveaux outils de pilotage qui ont impacté le personnel, les structures et les services de la CARMI Nord Pas de Calais. 3.2.1 Le personnel En 2009, le personnel97 de la CARMI Nord Pas de Calais est composé de 3 316 personnes : o 1 058 (soit un tiers) sont employés au service d’aide à la personne, o 756 personnes « autres » (non renseigné), nous ne sommes pas en mesure de préciser leur affectation, o 548 sont des techniciens administratifs et de santé, dont le service social (40 personnes), o 524 travaillent auprès de l’Administration Générale, o 398 sont des cadres supérieurs de santé dont 163 médecins spécialistes, 98 pharmaciens, 91 médecins généralistes, 19 médecins généralistes hospitaliers, 17 chirurgiens dentistes et 10 pharmaciens biologistes, o 32 sont des cadres supérieurs administratifs. 97 Annexe 9 : la répartition des effectifs par CARMI et le budget du Régime Minier 72 Dans le cadre de la récession, les pouvoirs publics et les partenaires sociaux, confrontés à la réduction du nombre des affiliés et à la récession minière ont réformé et modernisé plusieurs fois le régime des prestations, abaissant notamment l’âge de la retraite ou mettant en place des avenants aux contrats de travail permettant aux salariés de partir plus tôt. Les salariés, relevant de ces avenants, qui partent à l’issue de leur carrière professionnelle ne sont plus remplacés. L’activité est absorbée par les autres salariés du même service parfois au prix de regroupement pour mutualiser les moyens. Du point de vue de l’acteur, l’étude de M.CROZIER et E. FRIEDBERG nous montre que le changement ne se fait pas individuellement mais dans le rapport à l’autre, dans l’organisation sociale. Le nouveau construit ne peut s’élaborer qu’à partir de l’ancien. Il s’agit de découvrir les contraintes des acteurs, leur marge de liberté et les stratégies qu’ils ont mises en place en fonction de ces éléments. 3.2.2 Les structures et services Conformément aux CPG, la CARMI Nord Pas De Calais est organisée sur le territoire en cinq groupements d’Oeuvres. 126 structures ambulatoires98 (centres de santé, laboratoires, pharmacies etc.) sont réparties sur le territoire de l’ancien bassin minier, contre 174 en 2007. Un projet de restructuration des œuvres est toujours en cours d’étude, proposant la fermeture ou le développement de certains centres de santé en fonction de leur activité et de leur implantation sur le territoire (en lien avec la densité médicale, les besoins de la population, le développement de certaines communes au niveau démographique). Sur le Pas de Calais, des centres de santé et une pharmacie ont fait l’objet d’une fermeture en septembre 2010 malgré l’opposition des élus et des populations. La CARMI a vu se développer de nouveaux métiers tels que celui de responsable de territoire dont la fonction consiste à animer le réseau sur le territoire, manager les équipes de terrain, maintenir l’équilibre financier c'est-à-dire les déficits, saisir les opportunités de financement et proposer à la Direction de développer des territoires. L’offre de santé ambulatoire est aussi composée de services de soins infirmiers à domicile (642 places), des services d’aide à la personne. Elle dispose également de 6 établissements de soins de suite et de réadaptation, 5 98 Annexe 13 : l’offre de santé de la CARMI Nord Pas De Calais 73 structures d’hébergement pour les personnes âgées de plus de 60 ans (foyer logements, domiciles collectifs etc.). Sur les 24 communes99 ciblées du territoire de Lens Liévin, les structures ambulatoires sont au nombre de 54100. Elles sont principalement implantées sur les villes qui regroupent le plus d’affiliés miniers : Lens, Liévin, Avion, Bully les Mines et Grenay. Sur des communes comme Lens et Liévin, on peut voir jusqu’à 10 ou 12 structures réparties sur ces seules communes. Au niveau des établissements, un service de soins de suite est implanté sur Bully les Mines (60 lits), un service de soins infirmiers à domicile (450 places) et 5 structures d’hébergement pour personnes âgées (2 résidences pour personnes âgées sur Lens, à Bully : 1 domicile collectif protégé, 1 foyer logement, 1 maison de retraite), tous sont sur notre secteur d’étude. Les autres services tels le service à la personne (service d’aide à domicile et d’auxiliaires de vie) ou le service social ont une implantation sur chacun des cinq territoires avec des lieux d’accueil sur les principaux sites. Tous ont une nouvelle mission, l’ouverture vers un autre public sauf pour certains services qui sont liés à l’assurantiel comme le service social où l’ouverture est limitée à l’accueil et l’orientation vers les autres services sociaux compétents. En lien avec l’analyse de M.CROZIER et E. FRIEDBERG, la transformation du système d’action concret qu’est la CARMI avec un modèle de régulation intègre-t-il toutes les contradictions, des rapports de force favorables, des capacités cognitives et des modèles de gouvernement suffisants ? 3.2.3 Conséquences de la réforme Récemment, nous avons pu observer les conséquences de la réforme qui entraîne des modifications de la réglementation minière et du statut des salariés. Depuis le 31/12/09, l'article 2.2 B du décret 92-1347 du 24 décembre 1992, a été abrogé par un décret paru au Journal Officiel : il s'agit du décret n° 2009-1787 du 31 décembre 2009 relatif à l'organisation de la sécurité sociale dans les mines. Cet article prévoyait le maintien à titre transitoire des dispositions propres à chacune des sociétés de secours minières en matière de règle de remboursement des prestations d'assurance maladie applicables antérieurement au 1er janvier 1993. Depuis le 1er janvier 2005 et la généralisation de la prise en charge à 100 % ne subsistaient que les règles concernant essentiellement les frais de transport dont le 99 Ces 24 communes sont : Ablain St Nazaire, Aix Moulette, Angres, Annay/Lens, Avion, Bénifontaine, Bouvigny Boyeffles, Bully les Mines, Eleu dit Leauwette, Givenchy en Gohelle, Grenay, Hulluch, Lens, Liévin, Loison/Lens, Loos en Gohelle, Mazingarbe, Meurchin, Pont à Vendin, Sains en Gohelle, Souchez, Vendin le Vieil, Vimy et Wingles 100 Annexe 14 : répartition des œuvres sur Lens Liévin au 31/12/09 74 remboursement n'est pas prévu par la réglementation commune découlant du code de la sécurité sociale, certaines prestations afférentes aux cures thermales, certains frais pharmaceutiques découlant notamment de l'application de l'article 186 du décret du 27 novembre 1946 modifié, lorsque l'assuré se rend dans une officine libérale alors qu'il aurait dû se rendre à la pharmacie minière du fait de la proximité et qu'aucun motif d'urgence ne justifie cette dérogation. Désormais ces frais ne peuvent plus faire l'objet de règles de prise en charge dérogatoires par rapport au droit commun. Concrètement, les actes non remboursables par la législation et la règlementation ne pourront plus être remboursés au titre de l'assurance maladie. Il faut appliquer les dispositions de l'article 186 du décret du 27 novembre 1946 modifié. D'autre part, toute prescription de transport ou de cures thermales prescrites et dispensées à compter du 1 janvier 2010 ne devra plus comprendre de prestations non réglementaires. Il faut s’adosser à la réglementation du régime général. La disparition à terme du régime minier signifie l’arrêt de l’affiliation à ce régime de sécurité sociale. Suite à la parution au Journal Officiel le 28 août 2010 de deux décrets datés du 27 août 2010 référencés 2010-975 et 2010-976 relatifs au régime de sécurité sociale dans les mines, les nouvelles embauches intervenant à compter du 1er septembre 2010 dans une entreprise d'activité minière ou assimilée ne pourront plus ouvrir droit à l'affiliation aux risques couverts par le régime minier. L'affiliation ou non des nouveaux salariés s'appréciera en fonction de la date d'embauche. Ces deux décrets ne remettent pas en cause les droits déjà acquis pour les actifs déjà salariés à cette date, ni ceux des pensionnés à faire valoir leurs droits après cette même date. La réforme a un impact sur la population minière et les droits acquis mais également sur les salariés. Ces différents éléments ont conduit dans le cadre d’une manifestation interfédérale à Paris le 17 mars 2010, sous la houlette des syndicats mineurs, les salariés des CARMI, les retraités mineurs suite à la remise en cause des acquis du Régime. 75 3.3 La population minière, données statistiques et données anthropologiques Afin d’étudier la population minière, il convient de la définir en termes de chiffres mais aussi d’un point du vue anthropologique. La population du Nord Pas de Calais s’élève à 4 018 644101 personnes au 1/1/2006 suite au dernier recensement. La population minière102 est de 65 714 personnes dans notre région soit 1 ,63 % de la population régionale et 35,91 % de la population minière française. Sur les 45 communes représentatives du territoire de la CARMI et du service social de Lens Liévin103, 15 127 personnes sont affiliées au Régime Minier de Sécurité Sociale au 31/12/08. 80 % de cette population a plus de 60 ans et 50 % a plus de 75 ans. Les femmes veuves de mineurs sont représentées de façon majoritaire (les deux tiers de la population minière) et habitent une maison des mines en qualité d’ayant droit. Sur les communes minières les plus importantes104, on dénombre 53 % d’affiliés miniers lensois de plus de 75 ans et 60 % de personnes qui ont plus de 75 ans sur Liévin. L’âge médian105 se situe dans la tranche 75-79 ans. Au niveau du service social, en 2009, les principales problématiques rencontrées étaient la perte d’autonomie et l’accès aux droits. Pour la plupart, les personnes âgées souhaitent continuer à vivre à leur domicile. Outre un accompagnement et une coordination médicosociale, le maintien à domicile d’une personne âgée implique la mise en œuvre d’aides : intervention d’une aide ménagère, d’une auxiliaire de vie, d’une garde de jour/nuit ou la mise en place de la téléalarme, d’un portage de repas à domicile. Sur notre territoire d’intervention, sont présents un Centre Local d’Information et de Coordination (CLIC) ainsi qu’un réseau gérontologique mais aussi une dizaine de service d’aides à domicile. Nous faisons le constat que les personnes âgées et leurs familles éprouvent des difficultés à se repérer dans l’éventail de professionnels intervenant dans la prise en charge de la vieillesse : CLIC, réseaux de santé, spécialisés ou non en gérontologie, filières de soins, services médicaux, sociaux. Les 101 www.insee.fr. Population du Nord Pas de Calais Annexe 1 : répartition des CARMI en France 103 Annexe 7 : la population minière au 31/12/09 104 Les cinq villes les plus importantes de l’antenne au regard du nombre d’affiliés miniers sont Lens, Liévin, Avion, Bully les Mines et Grenay 105 L'âge médian est l'âge qui sépare les effectifs d'une population en deux groupes égaux 102 76 dispositifs sont aussi complexes : Allocation Personnalisé à l’Autonomie, prises en charge différentes en fonction des régimes de sécurité sociale, des caisses de retraite, quel que soit la situation des critères entrent en ligne de compte. Bien souvent les familles ne savent pas vers quel professionnel s’adresser et pour quelle demande. La CARMI permet une prise en charge médico-sociale, globale de la personne sans la « segmenter » en fonction de sa demande. Données anthropologiques Dans l’ouvrage d’Olivier SCHWARTZ intitulé « le monde privé des ouvriers, hommes et femmes du nord »106, résultat d’une recherche en anthropologie urbaine effectuée entre 1980 et 1985 dans une ville du Nord Pas de Calais bouleversée par la crise de l’industrie minière ; il présente cette société ouvrière à l’aide de 3 strates : la strate prolétarienne, celle de la « déprolétarisation », celle de la précarisation. La strate prolétarienne vise l’univers des mineurs107. Il associe au mot « prolétaire » l’idée d’un ouvrier dépouillé de tout autre statut que celui de producteur salarié : il est subalterne à l’usine et dans la division du travail ; il est soumis aux aléas du marché de l’emploi ; il est fortement exclus des diverses catégories de biens qui constituent la richesse sociale. Olivier SCHWARTZ distingue certaines caractéristiques de leur mode de vie sociale 108 que j’observe effectivement dans mon quotidien professionnel. Une très forte soumission de tous les individus au travail : le mineur, en effet n’était pas le seul à travailler, tous les membres de la famille étaient dans ce cas. Dès que les enfants avaient atteints l’âge de quitter l’école, c’était l’embauche. Le bas salaire du père excluait la poursuite d’études des enfants et rendait impérieusement nécessaire leur mise au travail rapide. En ce qui concerne les besoins « de première nécessité », à commencer par la nourriture, ils étaient satisfaits. Le mineur et sa famille étaient logés et chauffés gratuitement ; gratuité également pour les soins médicaux. La reproduction de la vie et des individus était effectivement assurée, dans des conditions de sécurité (en ce qui concerne l’emploi, le logement, la retraite) qui restaient inconnues pour bien d’autres catégories de travailleurs à la 106 SCHWARTZ (O.), 1989, le monde privé des ouvriers, hommes et femmes du nord, PUF, pratiques théoriques, p 62 107 Op.Cit., SCHWARTZ (O.), 1989 , p 63 108 Op.Cit., SCHWARTZ (O.), 1989, p 63 à 74 77 même époque. E. CAMPAGNAC109 observe que parmi les ouvriers d’Usinor, les anciens mineurs (reconvertis) accusent un net retard dans le domaine de l’équipement domestique. O. SCHWARTZ évoque une forme d’ascétisme dicté par les conditions de vie, expression d’un destin accepté pendant des générations comme le seul possible.110 Le mineur présente un enfermement social : les politiques d’encadrement paternaliste que les compagnies minières ont déployées dès la seconde moitié du XIX siècle ont eu pour effet de fixer une population ouvrière stable, tout fut donc mis en place pour empêcher les mineurs de se détourner de leur condition et pour les intéresser à celle-ci. MURARD et ZYLBERMAN111 ont montré comment la conception même des cités minières traduisait toute une stratégie et l’imprimait jusque dans les formes micro politiques de l’espace quotidien. La cité, coupée du monde extérieur était propriété de la compagnie, à celle-ci, tout appartenait, la mine, le logement, l’école, l’église. Il existait une nette distinction des niveaux hiérarchiques par les quartiers et les types d’habitation selon le statut social. Nous le retrouvons sur le territoire de Lens Liévin dans le découpage des cités minières et l’habitat minier différent (plus ou moins grand avec plus ou moins de commodités (jardin) etc. en fonction du poste occupé par la personne : ouvrier, agent de maîtrise ou ingénieur. La forte soumission des individus au travail, la dissuasion constamment exercée par le système de toute ambition sociale, de l’effort pour attacher les ouvriers à la mine par le biais du logement et de la famille, a conduit le monde des mineurs à un monde clos, la communauté de classe. La société minière a été traversée dès le départ par un affrontement entre les politiques patronales et les formes de réinvestissement du territoire par le groupe ouvrier luimême. Très rapidement, à la mine comme au sein des corons, les mineurs se sont appropriés leur univers pour s’y retrouver « chez eux ». Cette réappropriation défensive du territoire est aussi un facteur d’enracinement : c’est par elle que le groupe s’est constitué en sujet actif de sa vie sociale, et que chacun de ses membres, arrimant sa vie à toute la communauté pouvait reconquérir des forces et une identité. Du même coup, le monde des mineurs se soudait autour d’une forte conscience d’appartenance. La communauté s’imposait d’abord dans le travail, comme modalité 109 CAMPAGNAC (E.), TABARY-TAVEAU (L.), 1979, nouveaux quotidiens ouvriers, plan construction, p86 Op.Cit., SCHWARTZ (O.), 1989 , p 68 111 MURARD (L.) et ZYLBERMAN (P.), 1976, le petit travailleur infatigable ou le prolétaire régénéré, recherches, n°25 110 78 indispensable de défense contre le danger, contre la dureté de l’encadrement, et aussi comme la seule méthode pour élever le rendement qui gouvernait directement le salaire. Elle était aussi présente dans le quotidien. Des formes de complicité masculine qui se nouaient dans la production trouvaient leur prolongement au café et dans de nombreux loisirs communs. Quant aux femmes, une grande part de leur vie baignait littéralement dans les pratiques de sociabilité. Un des grands rites d’échange entre les femmes des cités minières est la « tasse de café ». C’est « l’assemblée des femmes », constamment réactivée par l’échange des tasses de café, qui constituait le véritable milieu, la trame du déroulement de la vie quotidienne. Les formes de solidarité immédiates entre femmes vivant de la même manière et confrontées aux mêmes difficultés, expression d’une complicité et d’un contre pouvoir féminin dans une société où les rôles sexuels étaient très nettement clivés, manière aussi de fuir un certain enfermement sur le territoire domestique ; ce corps féminin collectif, à la fois source d’entraide, de connivence et de contrôle social est une particularité forte de la culture résidentielle des mineurs. Conclusion Durant ces trois siècles, notre région a vu se développer puis s’éteindre le régime minier et la protection sociale des mineurs, marquant le territoire et sa population de leur histoire. Depuis 2004, d’importants changements ont eu lieu réformant complètement le régime, l’adossant au régime général et ouvrant l’offre de soins à toute la population. L’enjeu est de faire face à ces changements en maintenant une qualité de service à la population minière vieillissante mais toujours présente pour qui le maintien des droits doit rester une priorité, de s’ouvrir suffisamment à un autre public pour parvenir à un équilibre financier et préserver les emplois. Compte tenu de la COG et des CPG, l’objectif fort et partagé par l’ensemble des domaines de la CARMI est de garantir à l’usager une prise en charge efficiente coordonnée et globale de santé que ce soit sur le plan curatif, préventif ou social mais également en garantissant la meilleure adéquation du projet avec la réalité du territoire. Pour cela il est nécessaire de travailler en transversalité sur les différents domaines. 79 3ème partie : L’étude de terrain Nous proposons de vérifier l’hypothèse à partir des éléments recueillis sur le terrain, sur la base des discours des personnes interviewées mis en relation avec les éléments de l’étude théorique que nous avons développés. Nous apporterons des précisions sur la méthodologie d’enquête choisie avant de passer à l’analyse des résultats recueillis et à des propositions de projet professionnel en lien avec les données précédentes. Chapitre 1 : l’enquête de terrain Nous avons proposé une hypothèse dont les éléments et les concepts sont les suivants : La CARMI de La Région Nord Pas de Calais, est confrontée à un changement profond, elle pourrait franchir cette étape décisive pour son avenir en raison de son expérience dans la prise en charge des personnes âgées. C’est à partir de cet ensemble que nous revenons sur la méthodologie de recherche d’enquête et sur le choix des entretiens et des éléments d’analyse. 1.1 Méthodologie d’enquête et de recherche en fonction des entretiens réalisés En fonction de l’hypothèse présentée, cette recherche va porter sur la façon dont les personnes interviewées appréhendent les changements survenus ou en cours au sein de la CARMI Nord Pas De Calais ainsi que de leurs pratiques professionnelles dans le cadre de la prise en charge des personnes en perte d’autonomie. 1.1.1 les entretiens La prise en charge de la perte d’autonomie concerne divers acteurs : les personnes elles mêmes et les institutions. La prise en charge institutionnelle des effets du vieillissement 80 concerne le Département, en charge de l’Aide Sociale et de l’aide à l’autonomie à travers la délivrance de l’Allocation Personnalisée à l’Autonomie. La dimension sanitaire des prises en charge relève des compétences respectives du Préfet et de l’Agence Régionale de la Santé. Les caisses de retraite comme la CARMI Nord Pas de Calais ont un rôle essentiel dans le suivi médico-social de leurs bénéficiaires. Nous prévoyons d’interroger douze personnes (sept femmes et cinq hommes)112, onze discours seront analysés dans ce document, le douzième rendez vous étant planifié en février 2011. Un complément sera donc apporté lors de la soutenance orale. Tous ont un lien avec la prise en charge des personnes en perte d’autonomie : Sept sont salariés de la CARMI Nord Pas de Calais, à des postes variés dans la hiérarchie (cadre supérieur, cadre intermédiaire, assistant social). Nous avons choisi d’interviewer une majorité de professionnels de la CARMI Nord Pas de Calais car notre sujet de recherche est leur lieu de travail, il nous semblait intéressant de favoriser l’avis de ces professionnels qui « vivent les choses de l’intérieur ». Nous nous sommes attachés à nous rapprocher le plus possible des caractéristiques des salariés au moins en ce qui concerne l’âge. Notre échantillon CARMI a une moyenne d’âge de 51 ans, la tranche d’âge médian des salariés est de 45-49 ans. La différence s’explique par la représentation plus importante des cadres (4) et d’un administrateur. Dans la répartition des effectifs des cadres113 au niveau national (782 personnes), 61 % ont plus de 50 ans (479). Il nous a aussi semblé intéressant d’étudier le discours d’un « jeune professionnel ». Nous nous sommes particulièrement attachés au service social puisqu’il s’agit du service dans lequel nous travaillons. pour le service social : deux assistants sociaux âgés de 32 et 53 ans ont été interrogés, avec une ancienneté différente : 7 et 28 ans soit un début et une fin de carrière, un cadre intermédiaire, un cadre supérieur tous les deux âgés de plus de 50 ans avec une ancienneté importante au sein du régime (plus de 20 ans). 112 113 Annexe 15 : les personnes interviewées Annexe 10 : état des lieux général des effectifs du régime minier au 31/12/09 81 pour la partie médicale : un cadre intermédiaire et un cadre supérieur de 38 et 55 ans, ce qui nous donne aussi deux perspectives différentes en termes de projection dans l’avenir. pour la partie politique : nous avons souhaité interviewé un administrateur qui siège au Bureau et au Conseil d’Administration de la CARMI Nord Pas de Calais et qui représente les affiliés. Deux professionnels du Conseil Général : les dispositions de la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales font du Conseil Général le chef de file de l’action sociale gérontologique sur son territoire. Nous avons opté pour un entretien avec un cadre supérieur, pour avoir une vision stratégique et décisionnelle ainsi qu’avec un professionnel de terrain, assistant social de formation, pour avoir un avis plus « concret » de la mise en place sur le terrain des décisions des cadre dirigeants. Ces deux aspects nous ont semblé complémentaire. Un assistant social qui travaille auprès d’un Centre Local d’Information et de Coordination gérontologique (CLIC) et d’un réseau gérontologique. La loi du 20 juillet 2001 relative à l’Allocation personnalisée d’Autonomie a inscrit les CLIC au cœur des territoires, comme instruments d’information du public et de coordination de l’action gérontologique. La loi n°2004-809 du 13 août 2004 relative aux responsabilités locales, dans un souci de simplification et d’efficacité, met fin au copilotage Etat/département et confie le pilotage de ce dispositif au Président du Conseil Général à compter du 1er janvier 2005. L’avis de ce professionnel spécialisé dans la prise en charge de la personne en perte d’autonomie nous a semblé intéressant. Une personne retraitée, de sexe féminin, veuve d’un mineur, qui habite le territoire de Lens Liévin qui a été affiliée au Régime Minier durant plus de vingt ans et qui est maintenant affiliée au Régime Général de Sécurité Sociale, sans qu’il s’agisse d’un choix personnel (affiliation au régime général de sécurité sociale suite à l’obtention de droits de retraite personnels). Cette personne a été identifiée par le service social suite à sa récente demande d’ouverture de droits. Son âge est représentatif de la population 82 minière114 et l’appartenance aux deux régimes permettra peut être d’avoir un regard croisé sur les deux prises en charge proposées. le Directeur de l’Agence Régionale de la Santé : nous n’avons pas pu le rencontrer dans le délai nécessaire pour la retranscription et l’utilisation de l’entretien. Ces éléments seront probablement discutés lors de la soutenance orale. Les motivations à nous entretenir avec lui repose sur ses attributions. Il dispose de trois fonctions métier au sein de l'ARS Nord - Pas de Calais : la santé publique, l'offre de soins, le médicosocial qui entre dans le cadre de notre recherche. La Direction de l'offre médicosociale vise à assurer la régulation et l'organisation de l'offre médico-sociale suivant une logique d'efficacité et d'efficience ; à veiller notamment au renforcement de l'action au niveau régional, et de l'encadrement juridique, budgétaire, tarifaire et financier du secteur ; et à élaborer et mettre en oeuvre le schéma régional d'organisation médico-sociale. Nous avons opté dans le cadre de ces entretiens pour la constitution d’un corpus diversifié qui résulte du compromis entre la nécessité de contraster au maximum les individus prenant part dans la prise en charge de la personne en perte d’autonomie et « d’obtenir des unités d’analyse suffisantes pour être significatives. Diversifier mais non disperser. Et dans cette diversification, maximiser les chances d’apparition « d’au moins quelques cas capables de perturber notre système et nous pousser à remettre en question ce que nous croyons savoir » (Becker, 2002, p31)115 ». 1.1.2 Les conditions de réalisation Responsable d’une équipe de service social, il me paraissait important de réaliser l’entretien hors du contexte quotidien du travail. Nous avons aussi choisi de ne pas nous entretenir avec des membres de mon équipe. Pour les salariés de la CARMI, après l’accord de la personne interviewée, une salle de réunion en fonction de leurs locaux, jugée neutre, a souvent été utilisée, située à l’écart des passages et des appels téléphoniques. Je me aussi suis adaptée en fonction des conditions environnementales. Les bureaux respectifs des personnes interrogées ont aussi été usités et le domicile pour la personne retraitée qui avait des difficultés de déplacement. Les dates et horaires ainsi que l’enregistrement ont été convenus par avance, 114 115 Annexe 7 : la population minière au 31/12/09 Op. Cit., BLANCHET (A.), GOTMAN (A.), 2e édition 2007, p 50 83 souvent deux semaines avant le rendez-vous, voir plus de deux mois avant pour certains professionnels (comme le Cadre Supérieur du Conseil Général et le Directeur de l’ARS). La prise de rendez vous a été faite soit par téléphone soit par le biais des messageries électroniques. Je me suis présentée en tant qu’étudiante DEIS et salariée de La CARMI Nord Pas de Calais réalisant un mémoire de fin de formation, sur le thème du régime minier. L’anonymat a bien entendu été garanti à chaque personne interviewée. Un report écrit des entretiens a été assuré avec des précautions (situation masquée, changement de nom) et destruction de la bande sonore après usage. La durée des entretiens se situe entre trente et quatre vingt dix minutes. En même temps que le recueil de données, l’attitude, l’écoute, l’empathie doivent être de mise afin de permettre à la personne de s’exprimer. 1.1.3 Les questions posées et les liens possibles avec l’hypothèse et les concepts Le recueil d’informations s’est effectué à l’aide d’une grille d’entretien116 composée de onze questions. Elle représente « l’ossature » de la discussion mais il a bien souvent été impossible de la suivre de façon linéaire. Il fallait laisser les personnes interviewées suivre leurs cheminements de pensée et plutôt rebondir sur leurs propos. Aussi des relances se rapportant aux thèmes recherchés ont été émises permettant plus de fluidité dans les discours, mettant à l’aise nos interlocuteurs, tout en se rapprochant de nos axes de recherche. Les personnes interrogées ont répondu à l’ensemble des questions, sans difficulté constatée. Les thèmes abordés par le biais des questions ont été travaillés en lien avec l’hypothèse : La CARMI de la Région Nord Pas de Calais, est confrontée à un changement profond, elle pourrait franchir cette étape décisive pour son avenir en raison de son expérience dans la prise en charge des personnes âgées Et les trois concepts qui sont l’avenir du régime minier, la prise en charge de la personne en perte d’autonomie et le changement. Il s’agit pour nous de vérifier si dans le discours des personnes interviewées l’expérience des professionnels de la CARMI Nord Pas de Calais dans la prise en charge de la personne âgée constitue un réel atout, en mesurer les enjeux et voir 116 Annexe 16 et 16 bis : grilles d’entretien 84 comment les personnes se sont ou pas appropriées les changements. En fonction des individus interrogés, la grille d’entretien a été adaptée : les questions n’ont pas été posées sous le même angle à une personne salariée de la CARMI ou du Conseil Général, et à un affilié. L’ordre des questions a aussi parfois été modifié abordant les sujets connus plutôt au début des entretiens afin de mettre la personne « à l’aise » et de faciliter la parole. La question une permet une présentation libre de la personne interviewée, lui laissant le choix de son introduction. Toutes les autres questions abordent trois thématiques en lien avec chaque thème et/ou concept : o l’avenir du Régime Minier est traité par les questions deux, trois et quatre, o la prise en charge par les questions sept, huit et neuf, o le changement par les questions six et dix, o plusieurs questions laissent le champ libre à plusieurs thèmes : la question cinq peut entraîner des réponses sur la thématique de la prise en charge de la personne en perte d’autonomie et du changement, la question onze peut ouvrir sur les thématiques du changement et des enjeux. Les trois thèmes ont ensuite été traités en sous thèmes qui en référence à la méthodologie de recherche correspondent aux dimensions des concepts. Nous avons choisi d’ordonner les thèmes en fonction de l’ordre dans lequel ils sont apparus lors des entretiens. Nous avons commencé par la prise en charge de la personne en perte d’autonomie, le changement puis les enjeux du changement. 1.2 La prise en charge de la personne en perte d’autonomie Toutes les personnes interviewées ont apporté des réponses en lien avec ce thème. A partir des onze entretiens réalisés, trois thèmes sont ressortis : la spécialisation du régime minier dans la prise en charge de la personne âgée et la difficulté des autres services à prendre en charge ce type de population ; des professionnels CARMI identifiés par les affiliés miniers et les partenaires, un travail pluridisciplinaire et coordonné. 85 1.2.1 la spécialisation du régime minier et la difficulté des autres services à prendre en charge la personne en perte d’autonomie Sur les onze personnes interviewées, huit dont tous les professionnels de la CARMI voient la CARMI Nord Pas de Calais comme un organisme spécialisé dans la prise en charge des personnes âgées, et ce depuis de nombreuses années : « on est ancré dans la population âgée depuis quarante ans. ». Un des professionnels de la CARMI définit son travail de la façon suivante : « notre cœur de métier c’est l’accompagnement des personnes âgées dans le cadre d’une prise en charge individuelle souvent axée sur le maintien à domicile. » Un autre complète ces propos : « Le régime minier apporte un savoir faire puisqu’on est vraiment spécialisé « personne âgée », un assistant social ajoute : « nous on s’est « perfectionné » entre guillemets dans les retraites, les droits en maintien à domicile (mutuelles, action sanitaire et sociale…). Dans le familial, il faudrait qu’on se remette à jour même si on connaît les grandes lignes des droits des familles monoparentales, des droits en matière de garde d’enfant mais on ne le pratique pas donc on oublie. On suit par l’actualité, les réformes, les changements mais il faut aussi se les réapproprier. Dans l’approche, on ne travaille pas de la même façon avec une personne âgée qu’avec une maman avec 3 enfants qui nous expose ses problèmes de prise en charge, c’est complètement différent. Donc je pense que la technique d’entretien n’est pas la même ». Les assistants sociaux d’autres organismes (CLIC/Réseau et Conseil Général) pointent la même chose : « quand nous recevons une personne du régime minier, nous la réorientons systématiquement vers le service social qui va prendre en charge la situation avec les autres professionnels qui constituent le régime minier. Ils sont experts en gérontologie » » Le second complète : « le régime minier assure une prise en charge globale dans la mise à disposition de ses différents services ». Les professionnels travaillant auprès des personnes âgées (CARMI et CLIC/réseau soit huit personnes) ne font pas de distinction : une personne âgée est une personne âgée quel que soit le régime de sécurité sociale. Ils ne distinguent pas de différence. Seul l’accompagnement proposé se différencie, la précision suivante est apportée : « pour le Régime Général, cela devient de plus en plus compliqué, depuis deux ans suite au positionnement de la CARSAT (Caisse d'Assurance Retraite et de la Santé au Travail) sur de nouvelles missions, il n’y a pas de service social pour les personnes 86 âgées en GIR117 (Groupe Iso Ressources) 1 à 4, hormis l’équipe APA118 qui sur notre territoire n’est pas forcément constituée d’un assistant social. Le CLIC intervient pour de l’information et de l’orientation, il ne dispose que d’un quart temps d’assistant social c’est difficile de faire plus. Pour une admission au réseau, il faut que la situation présente des critères médico- sociaux particuliers. Alors c’est vrai que nous sommes contents de travailler avec les services de la CARMI. » Un professionnel CARMI ajoute : « la CARSAT s’est déjà désengagée et la MDS (Maison De la Solidarité) ne sait pas trop quoi faire de la gérontologie. On a mis des gestionnaires de cas complexes par territoire, une personne pour, je ne sais combien de personnes âgées. Le département renvoie sur le CLIC mais ce n’est pas son boulot. » La professionnelle du Conseil Général précise : « être assez démunie dans la prise en charge des personnes âgées, historiquement ce n’est pas notre créneau, notre priorité c’est la protection de l’enfance.» Un des assistants sociaux CARMI interviewé donne son point de vue sur la question : « je pense que ce n’est pas leur compétence, c’est quand même spécifique. Quand depuis tant d’années on travaille avec des familles, des enfants, des bénéficiaires de minima sociaux, c’est très difficile … on ne peut pas être bon partout et nous pareil notre spécificité c’est la personne âgée ; demain on nous demanderait de travailler avec le familial avec des problématiques complètement différentes, on serait en difficulté ». La personne âgée qui est affiliée au régime général de sécurité sociale parle des personnes du régime minier : « ils sont pris en charge quand quelque chose ne va pas. (…) Pour eux, c’est très bon car ils n’ont rien à s’occuper ». Les professionnels de la CARMI Nord Pas De Calais se disent spécialisés dans la prise en charge de la personne âgée et sont réputés « experts » auprès des autres professionnels qui eux auraient plutôt tendance à être démunis face à ce public spécifique. 117 L'appréciation de la dépendance s'effectue à partir d'une grille nationale appelée AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso Ressources). Elle constitue un outil destiné à évaluer le degré de perte d'autonomie ou le degré de dépendance, physique et psychique, des demandeurs de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), dans l'accomplissement de leurs actes quotidiens. Elle répartit les demandeurs de l'APA en six groupes, des plus dépendants (GIR 1) aux plus autonome (GIR 6) 118 Il s’agit ici de l’équipe médico sociale du Conseil Général qui intervient dans l’évaluation de la dépendance à domicile composée d’un médecin (sur le territoire par délégation d’une infirmière) et d’un travailleur social 87 1.2.2 des professionnels identifiés par les affiliés miniers et les partenaires Pour sept personnes interrogées sur onze, les professionnels de la CARMI Nord Pas de Calais sont identifiés à la fois par les partenaires comme auprès des personnes âgées. L’explication la plus partagée est : « le système minier est identifié par la population minière parce que la population a toujours été captive et ça fait partie de sa logique ». Un autre professionnel complète : « la population minière était formatée, on rentrait dans un moule où on ne pouvait pas trop en sortir maintenant, la seule chose qui les différencie des gens du régime général c’est que les gens du régime général peuvent venir au régime minier voir les spécialistes, là où ailleurs il faut des mois d’attente pour avoir un rendez vous, avec une qualité des soins qui est la même. » La comparaison avec le régime général a été faite par la personne âgée interviewée: « à la sécu, on se débrouille, j’en connais pas beaucoup de personnes qui font appel à l’assistante sociale parce qu’on ne sait pas où la trouver » ; Ainsi que par un professionnel CARMI qui a été interpellé à titre privé pour un membre de sa famille affilié au régime général de sécurité sociale : « la personne âgée erre, heureusement que j’étais là pour aider à préparer la sortie d’hôpital. (…) Le lien hôpital/domicile est inexistant, dans les associations d’aide à domicile le personnel n’est pas formé etc. » La personne salariée du CLIC/réseau précise aussi que « sur le territoire de Lens, la proximité des acteurs médico-sociaux et des structures doit jouer un rôle dans le fait que les gens du régime minier identifient bien le système contrairement au régime général où il n’y a pas d’offre de santé mais une prise en charge par un médecin libéral. » Les professionnels de la CARMI sont identifiés grâce au travail partenarial mené, cinq personnes l’ont exprimé, se retrouvant autour : « on ne peut pas travailler avec des personnes âgées sans partenaires. » Le lien domicile/hôpital a été verbalisé par quatre professionnels sur les onze : « nous travaillons souvent avec les hôpitaux, depuis deux ans nous avons mis en place une nouvelle prestation d’action sociale la Prestation Retour d’Hospitalisation qui aide les personnes âgées à rentrer chez elle, elle favorise encore plus les liaisons entre nos deux services119. » 119 Service social CARMI et service social hospitalier 88 Un assistant social évoque aussi sa participation dans les équipes médico-sociales du Conseil Général dans le cadre des évaluations en vue de l’attribution de l’Allocation Personnalisée à l’Autonomie, et la fluidité dans la prise en charge des aides à domicile apportée aux personnes âgées du Régime Minier : « nous aidons en action sociale les personnes âgées en GIR 5 et 6, quand la situation se dégrade, nous sollicitons l’APA, et faisons le lien avec nos collègues du Conseil Général afin d’assurer la continuité de l’aide pour la personne âgée ». Une autre professionnelle de la CARMI déplore évoluer toujours dans le même réseau : « si on était ouvert120 on aurait vite accès aux réseaux des usagers qui font partie d’autres régimes ». Pour une personne interrogée, l’intérêt est aussi dans la prise en charge : « on soigne mieux les individus dans la mesure où ils sont signalés ». Cependant, le Régime Minier pâtit d’une image négative pour six personnes y compris pour la personne retraitée interviewée : « la renommée, c’est que tout le monde dit que c’est mieux au Régime Général qu’au Régime Minier. Tout le monde est resté avec cette image de marque. » Un professionnel ajoute : « la réputation du Régime Minier en tout cas pour les médecins n’a pas toujours été très bonne ; il faut aussi changer cela, essayer d’enlever l’étiquette « mine » parce que c’est une image vieille, dépassée ; c’est peut être aussi pour ça qu’on emploie Filieris, autre terme qui fait oublier les mines. Pour pouvoir avoir un public de tout régime, plus de personnes, il faut se détacher de cette image ». Une des professionnels précise également que des personnes du Régime Général viennent au Régime Minier par confort de délai d’attente, parce que la qualité est aussi au rendez vous (consultation spécialiste type ophtalmologiste). Les professionnels de la CARMI sont identifiés par les affiliés miniers et les partenaires. Ils sont considérés comme des professionnels compétents, prenant en charge les personnes dans leur globalité. Les avis sur le Régime Minier sont partagés mais la majorité a une image négative du Régime Minier dans son ensemble. 120 Le service social est lié au régime de sécurité sociale, à ce jour l’ouverture n’est pas possible 89 1.2.3 La prise en charge de la personne âgée : un travail pluridisciplinaire et coordonné Neuf personnes sur les onze (dont six professionnels de la CARMI sur les sept) parlent d’un travail pluridisciplinaire et coordonné. Un assistant social le présente comme une pratique ancienne qui a évolué : « il y a vingt ans, le bureau de l’assistant social n’était pas implanté au dispensaire. C’était des permanences au cabinet médical et le docteur qui passait… ce n’était pas très pratique. L’assistant social n’était pas vu de la même façon et on ne parlait pas de coordination sociale. Le médecin appelait pour une situation particulière. Ce n’était pas de la coordination, c’était ponctuel avec une approche différente. Le médecin était prescripteur, même de notre intervention ». Aujourd’hui le fonctionnement du Régime Minier s’apparente à celui d’un réseau, le service des œuvres qui regroupe les principales structures médicales est décrit par les professionnels de la façon suivante : « les centres de santé polyvalente sont des structures avec des médecins, infirmiers qui travaillent en binôme ou trinôme sur un secteur déterminé (180 centres de santé polyvalente), les centres de médecine, des cabinets dentaires, pharmacies et donc tous salariés de La CARMI. Il y a aussi du matériel médical et optique. » La personne retraitée ajoute à cette liste les pharmacies et les ambulances. L’administrateur développe aussi ce point sur les services et structures de la CARMI et leur méthode de travail : « il y a les Oeuvres, le SSIAD, le SAP, les Etablissements, le pôle Santé Publique Développement et Innovation etc. C’est très clair. On ne peut pas faire en sorte dans une chaîne de perdre un maillon sinon il y aura un problème quelque part. Notre offre de soins, c’est le médecin, les spécialistes, les assistants sociaux qui, en fonction des médecins, spécialistes, dirigent vers les établissements, qui maintiennent à domicile, etc. Il y a l’architecture qui fait que s’il manque un maillon, il y a problème ». La réforme a vu apparaître de nouveaux métiers tels que celui de responsable de territoire dont la fonction consiste : « à animer le réseau sur le territoire, manager les équipes, maintenir l’équilibre financier c’est à dire les déficits, saisir les opportunités de financement et proposer à la direction de développer des territoires. » Le travail en partenariat et coordonné a été souligné par plusieurs personnes : « nous avons l’offre de soins qui est globale (…), en amont et en aval de l’hôpital ce qui n’existe pas au régime général. Ce sont des personnels qui travaillent dans le cadre de la santé et appartiennent à une entité. Une personne ne va pas à tel ou tel 90 endroit. Elle arrive, elle est vue par l’ensemble des spécialistes, envoyé par le médecin traitant et à la sortie, s’il y a un problème, il y a l’assistant social ce qui n’existe dans aucun autre régime ». Un travailleur social ajoute : « on ne peut travailler sans partenaires je pense que le bon maintien à domicile se fait grâce à tous les partenaires du social certes mais je dirai surtout du médical parce que la personne en vieillissant a forcément des soucis de santé donc sans les autres professionnels on ne travaillerait pas bien, on aurait des lacunes donc c’est vraiment un travail en réseau qu’on développe au quotidien, je pense que l’on ne s’en rend même plus compte dans notre pratique mais que c’est indispensable ». Ce travail de coordination semble être récent dans le sens de sa pratique actuelle c'est-à-dire avec une vraie complémentarité dans les métiers, sur un pied d’égalité : « la coordination médico-sociale existe ; entre il y a quelques années et aujourd’hui, elle s’est réellement mise en place. Au niveau médical, il n’y a peut être pas tout dans toutes les possibilités de soins mais il y en a pas mal c’est déjà intéressant. Il y a des dysfonctionnements à droite et à gauche mais comme partout, notre avantage c’est d’avoir la structure ! » Un cadre supérieur pointe effectivement des cloisonnements entre les domaines : « on ne pourra jamais continuer à fonctionner si on a des domaines qui sont complètement cloisonnés les uns avec les autres donc moi, je m’installe depuis le début dans la transversalité c’est à dire je pousse pour faire tomber ces cloisons. (…) la dénomination des gens peu m’importe mais ce qui m’importe c’est qu’on puisse travailler ensemble je ne parle pas de difficultés relationnelles, je ne veux plus qu’il y ait de pré carré, de personnes crispées sur leur domaine ça c’est contre productif. C’est toute une démarche mais ça croyez moi le directeur l’a bien compris. » Un assistant social apporte des précisions sur le travail en équipe : « tout le temps qu’on sera séparé de la prise en charge médicale il n’y aura pas de travail en équipe. (…) Je fais la différence entre le pluridisciplinaire et l’interdisciplinaire qui est de s’apporter, de partager des éléments en tant que médecin, assistant social… c’est à dire qu’on crée les moyens et les procédures de façon à apporter des éléments d’informations par rapport à tel patient sans forcément attendre 3 mois qu’il y ait quelqu’un qui le demande. Ça se pratique mais à la CARMI il y a encore du boulot, ce n’est pas de parler de coordination mais travailler sur les territoires sur une dynamique, l’interdisciplinarité etc. » Nous pouvons constater que le travail en partenariat et le travail coordonné, appuyé sur une équipe sont une réalité reconnue par les différents professionnels interrogés. Cependant il faut constater une crainte réelle de conception du travail sur un territoire donné en tenant compte des éléments médicaux et des éléments sociaux pour une intervention coordonnée convergente. 91 1.3 Le changement L’analyse des entretiens sur le thème du changement nous permet de mettre en évidence trois sujets abordés par les personnes interrogées : la fin du régime minier qui semble être une évidence pour la majorité des individus interviewés, l’apparition d’une culture gestionnaire et des acteurs qui se projettent dans le changement et donc dans le devenir, en lien avec le concept développé dans la première partie. 1.3.1 La fin du régime minier, une évidence pour la majorité des personnes interviewées Pour sept personnes interrogées sur les onze, la fin du régime est une évidence : « le Régime Minier en tant que tel est un régime en voie de disparition. Il s’appelle maintenant Filieris ou quelle que soit son appellation dans le futur (…) ». Un autre élément : «la CARMI Nord Pas De Calais disparaîtra au profit d’une offre de santé. » Pour les personnes interrogées, ces éléments sont en lien avec la diminution du nombre d’affiliés : « effectivement tous les ans on a une forte baisse du nombre d’affiliés du régime minier du fait qu’il n’y ait plus d’actifs (…) » ; un cadre supérieur complète : « de toute façon on ne peut pas continuer comme ça, pour le service social ça devient compliqué de justifier les postes. » Un changement majeur semble être le basculement de l’assurantiel vers le régime général. Ce point n’a été abordé que par deux personnes (administrateur et cadre supérieur), bien que pour les professionnels CARMI au travers de leur discours, cela leur semble évident. Ils apparaîtront plutôt au niveau des enjeux relatifs notamment à la sauvegarde des emplois : « le régime minier de sécurité sociale est terminé il va y avoir un transfert de la gestion du régime de sécurité sociale à la CNAM (Caisse Nationale d’Assurance Maladie) ce qui ne veut pas dire pour autant du tout et au contraire que l’entreprise de santé de la CARMI va plutôt s’installer et se développer. Le régime de sécurité sociale va continuer à exister pour ceux qui en relèvent, il sera piloté par la CNAM et non par la CARMI ; la gratuité des soins sera toujours assurée jusqu’au dernier des mineurs. Il faut savoir qu’en France, le régime minier représente 0,3 % de la population française. » 92 La fin du Régime Minier est une conviction partagée par la majorité des personnes rencontrées, cependant, ils considèrent qu’il est possible d’envisager une vie différente après la fin de ce régime. 1.3.2 L’apparition d’une culture gestionnaire Depuis 2004, date de la réforme, et plus encore avec la COG 2008-2011, l’ensemble des professionnels CARMI interrogés pointe l’apparition d’une culture gestionnaire qu’ils ne percevaient pas auparavant : « à ce jour, on sent qu’on est un peu questionné sur le régime minier, son organisation et sa gestion. On sent des options, notre organisation est notre force mais la gestion notre point faible : on ne sait pas si on va être « déshabillé ou pas ». Pour l’administrateur interrogé, il explique son rôle de la façon suivante : « on voit l’aspect technique qui nous est expliqué par les cadres, l’aspect financier mais surtout on fait en sorte de ne laisser personne sur le bord du chemin donc l’aspect social des choses. C’est ce qui a été fait à la Roseraie où nous avons fait en sorte de proposer et d’établir un dossier et qu’au fond notre fonction était celle de garder les lignes budgétaires ». Pour deux cadres intermédiaires interviewés, une de leur mission est de véhiculer la politique de la CARMI et donc de : « faire passer la culture gestionnaire à des personnes qui n’ont pas conscience des équilibres financiers nécessaires. » Les salariés interrogés ne se disent pas choqués par ce changement : « on sent qu’on s’en va vers une prise en charge qui s’oriente vers toutes les populations qui est peut être entre guillemets plus offreur de santé à un client, dans un service plus marchand où le financement a une importance bon ça c’est légitime je ne le conteste pas. (…) Je sens qu’on va de moins en moins vers l’assistanat tout en essayant de prendre en charge les gens globalement. Quand on entend qu’au niveau de la CARMI on va vers une offre de santé avec un service de qualité qui va prendre en compte les besoins des gens mais en maîtrisant les coûts je trouve ça tout à fait normal et en étant efficace, compétent, innovant… avec un service qualité, c’est ce vers quoi il faudrait tendre et c’est l’un des côtés pervers du système de santé minier, il y a de fortes chances que pendant de nombreuses années tous les mauvais côtés du régime minier (assistanat, enfermement) faisait qu’il n’y avait pas de qualité. » Ils estiment que la gestion est nécessaire et la mettent en relation avec la qualité : « il ne faut pas une gestion serrée au détriment de la qualité : forcément puisque les gens reviendront si ils ont satisfaction : bonne qualité des soins, un suivi…pour ça il faut que ça suive derrière. » 93 Cet objectif gestionnaire est présent dans la gestion du personnel, par le non remplacement de certains postes de salariés à qui la préretraite est proposée : « il y’a plus de remplacement ni en personnel, ni en renforcement d’équipe, c’est limite même pour un remplacement maladie ou maternité. » C’est également vrai dans la gestion des structures qui semble liée à l’histoire des mines avec : « des centres qui n’étaient pas adaptés, moches, mal foutus, mal placés… » . Une professionnelle des Oeuvres précise : « il y a des déficits un peu partout mais c’est quand même un poids au niveau de la représentativité et de l’aide apportée à la population. Le plan de recomposition de l’offre de santé vise à une meilleure gestion il passe par le développement et la fermeture de certains centres. » Ce qui signifie aussi des conséquences pour le personnel. Si la culture gestionnaire est un nouvel élément pour la CARMI, elle est aussi présente pour les autres organismes (Conseil Général et CLIC/réseau) : « on réduit tout à l’économique, tout est histoire de sous, de budget » pour l’autre partenaire, « il faut tout faire avec moins de moyens. » La culture gestionnaire s’organise à tous les échelons pas seulement au sein de la CARMI, mais aussi chez les autres partenaires. Les professionnels mettent en valeur leur souhait de maintien de la qualité apportée à l’usager. 1.3.3 Des acteurs qui se projettent dans le changement Pour tous les acteurs CARMI, le changement est nécessaire et ils envisagent de nouvelles missions qui pourraient leur être confiées par une ouverture et/ou un changement de public : « la seule façon de continuer notre travail auprès du public du régime minier c’est à la fois de conserver ses affiliés et pourquoi pas s’ouvrir sur les personnes âgées d’autres régimes parce qu’il y en a de plus en plus. C’est une réalité et le service social des mines est encore fermé sur le public « mines », or on voit que d’autres services sont ouverts. Ce serait idéal qu’on puisse s’ouvrir comme eux pour pérenniser les emplois et continuer à travailler avec le même public. » Une seconde professionnelle précise aussi que pour elle : « il faut conserver les spécificités du régime minier : la prise en charge des personnes de plus de 60 ans mais complétée par une autre population. » 94 Un assistant social ajoute qu’une forme d’ouverture aux personnes des autres régimes est réalisée par le biais des actions collectives : « grâce aux actions collectives on s’ouvre un peu et dans ce cadre là on touche un public tout régime. » Au niveau des Œuvres, certains secteurs sont plus développés que d’autres : « il y a des médecins qui commencent à récupérer de la clientèle du régime général. Sur certains territoires c’est vraiment bouché parce qu’il y a beaucoup de médecins libéraux, sur d’autres ils partent à la retraite, le médecin CARMI commence à récupérer la clientèle. Il y a, à la fois, les besoins de notre population et aussi le contexte concurrent des partenaires, des acteurs locaux sur les terrains.» Le changement a aussi été intégré dans le management, sur les quatre cadres entendus, tous l’ont intégré à leurs missions : « savoir informer les agents, les faire participer, les intégrer dans le processus et les amener aux changements, à modifier leurs missions, leurs fonctions et éventuellement aussi évoluer vers d’autres tâches ou d’autres métiers étant donné qu’au sein de la CARMI, avec la GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences) il peut y avoir des passerelles dont le but est que les agents puissent évoluer au sein de l’entreprise. » Un second ajoute : « on cherche à s’ouvrir, chez nous, tout le monde est prêt à bouger. » Il est aussi intéressant de souligner certains termes employés par différentes personnes, quel que soit le poste occupé, tels que « dynamique extrêmement euphorisante, intéressant etc. » qui laissent à penser un certain entrain, engouement des professionnels. Si les acteurs se projettent dans l’avenir et le changement, certains services ne sont pas encore dans l’ouverture, ce que regrettent les professionnels. Des stratégies sont utilisées pour « contourner » cette difficulté : les assistants sociaux utilisent une méthodologie en travail social (intervention sociale d’intérêt collectif) qui propose d’apporter une réponse collective en lien avec une problématique donnée, à toute une catégorie de population (plus de 60 ans) ; et ce, quelle que soit l’affiliation au régime de sécurité sociale. 1.4 Les enjeux Les discours des personnes interrogées permettent de cibler trois enjeux principaux : la réponse aux besoins de la population, la pérennité des emplois et le maintien des valeurs du régime minier. 95 1.4.1 Un besoin pour la population L’analyse des entretiens nous montre qu’il s’agit des besoins de la population minière mais aussi des besoins de l’ensemble de la population du territoire. Même si le Régime Minier disparaît, il est important pour les professionnels de la CARMI de pouvoir répondre « jusqu’à la fin » aux demandes des affiliés miniers. Suite à l’adossement au régime général, certaines prestations ont été supprimées. L’administrateur précise suite à ces événements : « que son rôle est de rester vigilant sur cette garantie des soins, (…) de faire en sorte de ne pas porter préjudice à nos affiliés. Dans ce contexte, la CARMI a fait en sorte d’utiliser tous les moyens légaux pour y remédier. Certes, malheureusement, tout ne peut pas être égal mais je dois dire que bon nombre d’affiliés du régime minier ont retrouvé leurs droits en matière d’accès aux soins ce qui aurait été préjudiciable. » Il en est de même pour les professionnels (cinq sur six l’ont verbalisé) : « notre mission est aussi d’aider jusqu’au dernier affilié minier. » Cette réponse à la population ne se limite pas à celle du régime minier puisque dans les discours nous retrouvons également toute la population du territoire. L’administrateur précise : « à chaque fois qu’un dossier est établi par les cadres, il y a une décision prise par le conseil d’administration dans la vision du développement de garantie de soins pour notre population et ouvert aux autres populations. » Comme nous l’avons vu précédemment les professionnels interviewés se disent prêts à une ouverture vers une autre population et parlent « d’indicateurs qui sont très bas » pour caractériser l’état de santé des habitants de la Région, l’administrateur apporte le complément suivant : « nous sommes les héritiers de ce qu’ont construit nos anciens et nous souhaitons que cet héritage se développe en même temps que de garantir les acquis miniers. Nous devons faire en sorte de répondre aux besoins de toute une population. » Partant d’une organisation déterminée, la piste choisie est de la développer et de la proposer aux autres populations en fonction de leurs besoins sous la forme d’une offre de santé. 1.4.2 La pérennité des emplois Il s’agit ici d’un point qui a été soulevé par tous les professionnels de la CARMI quel que soit leur perspective de carrière : nous avons interviewé des personnes qui sont à deux, trois ans de la retraite et qui ont verbalisé le fait de ne plus avoir « d’objectifs de carrière. » 96 La sauvegarde des emplois a été un élément perçu dans tous les discours quel que soit le poste occupé sous les formes suivantes : « l’option idéale pour conserver notre emploi », « maintenir l’emploi de nos personnels », « garantie pour le personnel » etc. Il s’agit d’un objectif partagé par l’ensemble de la hiérarchie, un des agents de direction précise : « on fait en sorte de répondre à l’attente de toute une population et cela ne peut se faire que dans un cadre où il y a une réponse à cette sécurité tant soins que personnel. » Un des points obscurs reste le basculement de l’assurantiel et de son personnel. A ce jour, aucun élément n’est avancé en terme d’échéance. Des négociations semblent être en cours au sujet des conventions collectives liant les agents au régime minier ; l’enjeu est important puisqu’en France quatre cents personnes sont concernées. Cette absence de lisibilité dans l’avenir génère une certaine inquiétude pour le personnel qui dans le cadre des entretiens a été peu verbalisé, une seule personne sur les onze a précisé être angoissée par cette question. 1.4.3 Le maintien des valeurs du Régime Minier Trois personnes sur les sept personnes de la CARMI Nord Pas de Calais ont mis en évidence les valeurs du régime qui font partie de la culture institutionnelle. Un professionnel développe son point de vue sur le sujet : « le service qu’on offre en tant que professionnel de la CARMI, le boulot réalisé auprès de la population, cette notion compte beaucoup de « rendre service » aussi bien pour les salariés, les administrateurs que pour les syndicalistes. La CARMI est pilotée par des syndicalistes et beaucoup sont encore dans cette notion là, tout le monde ne l’est pas. Moi je pense que l’offre de santé à venir doit proposer des services de soins et d’aide qui ne passe pas par une affiliation. Ce que je voudrais ne pas perdre ce sont les valeurs qui n’ont pas forcément à voir avec l’affiliation au régime de sécurité sociale mais qui est peut être un lien avec d’autres choses comme la culture minière, la corporation, une histoire. (…) A l’intérieur du système de soins, on a retrouvé des valeurs telles que la gratuité, la solidarité, la proximité, et même l’assistanat. Il y a des valeurs positives et négatives qui ont fait que tout le système de santé du régime minier auprès des populations a été ce qu’il a été avec des points forts et des gros points faibles : gratuité solidarité, valeurs d’entraide, ok c’était certainement très bien mais tout le monde sait que le système de santé régime minier c’était aussi de l’assistanat, une domination des directions des entreprises minières et de tous les acteurs de santé, pendant très longtemps ça a été ça. Qu’on garde les valeurs qui ont fait le système de santé la proximité, solidarité, gratuité, qui servent à former les personnels ; même s’il y a des impératifs dans leur statut… » 97 L’administrateur parle « d’héritage » que nous avons pu voir précédemment. Une des professionnelles interviewées précise que pour elle : « la nouvelle génération et j’en fais partie, on n’a pas les mêmes valeurs, la même façon de vivre tout simplement de part l’époque dans laquelle on a vécu, il y a un certain décalage. Il y a des valeurs qui sont différentes mais certaines sont communes. » Il serait intéressant de savoir quelles valeurs sont restées communes. Cela n’a pas pu être développé dans la suite de notre échange. Lors de notre rencontre avec les onze personnes interrogées, nous nous sommes aperçus que huit d’entre elles ont un lien avec la culture minière : enfant de mineur, petit enfant de mineur. On peut penser que cette culture a aussi pu laisser ses empreintes sur chacun d’entre eux. Conclusion, Sur les trois thèmes abordés, la prise en charge de la personne en perte d’autonomie, le changement, les enjeux du changement ; les entretiens ont mis en valeur d’autres dimensions pour chacun des sujets évoqués : la solidarité, la gratuité, la proximité et l’existence de bâtiments et de structures. Pour la prise en charge de la personne en perte d'autonomie trois sous thèmes se détachent de l’ensemble. La spécialisation du régime minier est reconnue pour les professionnels, les partenaires et la population. La difficulté des autres services à prendre en charge les personnes âgées a été pointée dans l’analyse des discours. Les professionnels de la CARMI sont identifiés par les affiliés miniers : ils disposent de plusieurs portes d’entrée pour solliciter des interventions de natures différentes, médecin, infirmier, assistant social etc. qui feront le lien avec le professionnel adapté à la demande, puisque le travail effectué par ces professionnels se révèle être pluridisciplinaire et coordonné. Il est important de relever que le régime minier bénéficie malgré tout d’une image négative. Le changement le plus important se manifeste par la fin du Régime Minier, qui apparaît comme une évidence pour la majorité des personnes interviewées avec la diminution du nombre d’affiliés qui est une réalité pour chacun. Les individus interviewés soulignent la mise en place d’une culture gestionnaire qui semble relativement bien acceptée. Dans cette période 98 mouvante, les acteurs se projettent dans le changement et donc dans le devenir même si des inquiétudes sont présentes. Les enjeux du changement sont abordés sous différents angles. La pérennité des emplois a été l’élément récurrent aussi bien pour les salariés que pour les cadres. La réponse aux besoins de la population de la région en matière de santé, par une ouverture de toutes les structures du régime, parait importante pour l’ensemble des personnes interrogées. Il s’agit peut être là d’un des moyens possibles pour maintenir effectivement les emplois. Sur l’ensemble des individus entendus dans le cadre de notre recherche les trois quarts sont issus du territoire de l’ex bassin minier, il nous semble légitime de nous interroger aussi sur le poids de la culture dans notre région que nous pouvons mettre en lien avec le souhait de maintenir les valeurs du Régime Minier dans l’offre de santé. Chapitre 2 : notre projet professionnel en lien avec la prise en charge de la personne âgée Nous nous proposons à partir de l’analyse des entretiens, en tenant compte des éléments théoriques et des ressources de la CARMI Nord Pas de Calais, d’élaborer des propositions à visée professionnelle qui ébaucheront des réponses en lien avec la question centrale de notre mémoire : Comment le régime minier pourra exercer de telles responsabilités dans la durée, assurer une gestion équilibrée et une activité de qualité pour les personnes âgées prises en charge ? Les entretiens nous montrent que si le changement est présent, les salariés au travers de leur organisation savent le gérer. Il nous semble essentiel de considérer les possibles évolutions de la CARMI Nord Pas De Calais dans une perspective d’ouverture, dans le cadre de l’offre de santé, en tenant compte des éléments fournis par les liens entre les secteurs du Régime Minier et du Régime Général. Les éléments de changement sont liés à l’existence des textes de lois dont nous devons aussi tenir compte. Notre projet professionnel s’articulera autour de la prise en charge de la personne âgée, de propositions en lien avec les orientations politiques 99 actuelles, avec le territoire et l’apparition de nouveaux métiers ou l’évolution de certaines professions. 2.1 Définition de la prise en charge de la personne âgée par la CARMI Nord Pas de Calais et plus particulièrement par le service social La prise en charge proposée par les professionnels de la CARMI Nord Pas de Calais s’oriente vers la gérontologie, c’est la science des problèmes biologiques, psychiques, sociaux et économiques des personnes âgées121. Il s’agit donc de l’étude des modifications que l’âge engendre sur le fonctionnement humain sur tous les plans : biologique, psychologique et social. Il s’agit d’une approche des problèmes de la vie et du vieillissement qui en constitue une étape. Comme le décrit V.CARADEC122 dans le concept de déprise, il se décline différemment d’une personne à l’autre, il est appréhendé de façon singulière par chacun. L’être humain est un être biologique, pensant, social, affectif. Tous les aspects qui le composent vont subir les effets du vieillissement mais pas forcément en même temps ou différemment. Il pourrait s’agir de vieillissement physique : la perte progressive de la capacité du corps à se renouveler, de vieillissement psychologique : la transformation des processus sensoriels, perceptuels, cognitifs de la vie affective de l’individu, de vieillissement comportemental : résultat des changements exposés précédemment dans un milieu donné et regroupant les aptitudes, attentes, motivations, image de soi, rôles sociaux, personnalité et adaptation etc., du contexte social du vieillissement : l’influence qu’exercent l’un sur l’autre l’individu et la société, cet aspect touche la santé, les revenus, le travail, les loisirs, la famille etc. Le processus de vieillissement est multidimensionnel et sollicite l’intervention de professionnels issus de corps de métiers différents : médecin généraliste, spécialiste, assistant social, infirmier, kinésithérapeute, aide soignant etc. La CARMI Nord Pas de Calais s’est basée sur son expérience dans la prise en charge de la personne âgée pour proposer son offre de santé dont le pivot est la coordination médicosociale. Nous nous attarderons sur le métier d’assistant de service social qui nous concerne plus particulièrement du fait de notre appartenance à ce service qui représente la fonction de « chef d’orchestre » dans le cadre de cette coordination. 121 BLOUIN (M.), BERGERON (C.), 1997, dictionnaire de la réadaptation, tome 2 : termes d’intervention et d’aides techniques, Québec, les Publications du Québec, p 39 122 Ce concept est exposé dans notre mémoire p27-28 100 La fonction d’assistant de service social : L’assistant de service social inscrit son action dans le cadre d'une prise en charge globale, coordonnée, concertée et diversifiée, en faveur des usagers de l’offre de soins et de santé de la CARMI et des affiliés du régime de sécurité sociale minière, en développant la dimension médico-sociale des établissements et centres de santé : en favorisant l’accès aux droits, mais aussi en s'associant avec les autres acteurs de la prise en charge globale et, dans le cadre de ses compétences, aux actions de prévention sanitaire et sociale. Le référentiel professionnel de l’assistant de service social précise que dans une démarche éthique et déontologique, il contribue à créer les conditions pour que les personnes, les familles et les groupes avec lesquels ils travaillent, aient les moyens d’être acteurs de leur développement et de renforcer les liens sociaux et les solidarités dans leurs lieux de vie123. Dans ce cadre, l'Assistant de Service Social agit avec les personnes, les familles, les groupes par une approche globale pour : - améliorer leurs conditions de vie sur le plan social, sanitaire, familial, économique, culturel et professionnel, - développer leurs propres capacités à maintenir ou restaurer leur autonomie et faciliter leur place dans la société, - mener avec eux toute action susceptible de prévenir ou de surmonter leurs difficultés. L’assistant de service social à partir d’une analyse globale et multi référentielle de la situation des personnes, familles ou groupes procède à l’élaboration d’un diagnostic social et d’un plan d’intervention conclu avec la participation des intéressés. L’intervention professionnelle en service social intègre deux dimensions, l’une collective et l’autre individuelle, qui sont complémentaires. L’intervention sociale d’aide à la personne : pour évaluer la situation d’une personne âgée, il convient d’entrer en relation avec la personne et de recueillir des éléments de connaissance permettant la compréhension de sa demande. Pour une personne âgée, il est nécessaire de recueillir les informations concernant tant l’état de santé (pathologie et dépendance), les revenus, que l’environnement de la personne : le logement, son réseau social, les services mis en place ; pour informer la personne sur les procédures, l’accès aux droits etc. 123 Annexe I du décret du 29 juin 2004, référentiel professionnel des assistants de service social 101 Dans le cadre de la démarche d’évaluation des besoins, la mesure de la dépendance tient une place importante : en fonction du degré de dépendance évalué avec la grille AGGIR124, les aides formelles (professionnelles) sont prises en charge, pour partie, par les conseils généraux ou par les caisses de retraite. Cependant, hormis les personnes à très faible revenu, il ne faut pas oublier que le coût de la dépendance est assumé, pour une part non négligeable, par les bénéficiaires eux-mêmes. Les assistants sociaux de la CARMI ont une bonne connaissance de l’application de cette grille dans la mesure où une convention lie la CARMI Nord Pas De Calais et le Conseil Général du Pas de Calais dans la mission d’évaluation de la dépendance à domicile dans le cadre de l’Allocation Personnalisée à l’Autonomie (APA) avec les infirmières du Conseil Général. Sur l’antenne de service social de Lens, sept assistants sociaux sur les neuf participent à cette mission. Le travail de l’assistant social consiste à évaluer la situation de la personne dans sa globalité en s’appuyant sur ses ressources (pas seulement financières) et sur son environnement en tenant compte des potentialités de chacun pour négocier avec elle et son entourage le plan d’aide le plus adapté à sa situation. Au sein de la CARMI, il peut s’appuyer sur le réseau interne : médecin traitant, infirmier etc. pour recueillir d’autres informations, affiner son évaluation et mettre en place un contrat d’action avec la personne, en lien et en cohérence avec les autres professionnels investis dans la situation. Il recherche et mobilise les moyens, coordonne et articule le travail d’accompagnement en lien avec les différents acteurs. La prise en charge des personnes âgées implique une interaction constante des différents acteurs : elle interroge chacun sur son rôle et ses limites. Chacun des professionnels de l’offre de santé peut être à l’initiative de la mise en œuvre de la coordination médico-sociale. Dans la réalité, le service social en est souvent à l’origine. L’assistant de service social accompagne la personne jusqu’à la mise en œuvre du projet, et l’évalue avec elle. Son rôle est aussi important dans le cadre des sorties d’hôpital. C’est souvent ce professionnel qui fait le lien entre l’hôpital et le domicile, préparant avec les équipes soignantes et les services sociaux hospitaliers les sorties d’hôpital. Sur le territoire de Lens Liévin, nous disposons de plusieurs structures d’hospitalisation : le Centre Hospitalier de Lens, la Polyclinique de Riaumont ou 124 L'appréciation de la dépendance s'effectue à partir d'une grille nationale appelée AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso Ressources). Elle constitue un outil destiné à évaluer le degré de perte d'autonomie ou le degré de dépendance, physique et psychique, des demandeurs de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), dans l'accomplissement de leurs actes quotidiens. Elle répartit les demandeurs de l'APA en six groupes, des plus dépendants (GIR 1) aux plus autonome (GIR 6) 102 les services de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) qui disposent tous d’un service social avec qui nous travaillons en étroite collaboration. La majorité des prestations d’Action Sociale du Régime Minier (aide ménagère, prestation retour d’hospitalisation etc.) sont soumises à une évaluation sociale, ce qui constitue souvent la « clé d’entrée » dans la situation. L’intervention sociale d’intérêt collectif : l’application de la méthodologie en travail collectif permet d’identifier les besoins de la population, de poser un diagnostic, d’élaborer un projet d’action, de le mettre en œuvre et de l’évaluer. L’assistant de service social maîtrise la méthodologie de projet. Il peut être à l’origine d’actions sur les territoires en lien avec les besoins repérés auprès de la population. Ses compétences en communication lui permettent d’élaborer, de gérer et de transmettre de l’information, d’établir une relation professionnelle et donc de mobiliser les partenariats nécessaires à la mise en place des actions envisagées. L’application de cette méthodologie suppose des capacités spécifiques comme savoir analyser des phénomènes et des logiques diverses, politique, économique, sociale, institutionnelle. En s’appuyant sur les missions de l’institution, ce professionnel sait mobiliser, innover, s’associer à des actions, faire le diagnostic social des atouts et faiblesses, des opportunités concernant son secteur d’intervention. Le service social est implanté sur chacun des cinq territoires de la CARMI Nord Pas de Calais avec trente assistants sociaux représentant vingt sept Equivalents Temps Plein (ETP). Sur le territoire de Lens, neuf assistants sociaux interviennent à hauteur de 7,60 ETP. Le service social dans le cadre de ses missions élaborent et/ou participent à des actions collectives. Sur le territoire de Lens-Liévin plusieurs actions collectives ont été mises en place. L’une d’elle s’intitule « le réveil des savoirs ». Cette action est partie d’un constat de terrain opéré par les assistants sociaux : les personnes âgées expriment un sentiment d’isolement et stigmatisent leurs pertes de mémoire et oublis. Par une réponse collective (travail de groupe), il s’agit de rompre l’isolement et de développer des stratégies d’optimisation des fonctions cognitives des participants. Cette action les sensibilise à l’intérêt de conserver des activités intellectuelles et sociales. Ces groupes sont mis en place avec les partenaires de terrain (municipalités, centres sociaux etc.) pour qu’à l’issue du cycle de rencontres, un relais soit organisé avec les partenaires. 103 Un des atouts du service social et du régime minier est ce « savoir faire » avec les autres, qui fait lien avec la notion de solidarité et de collectif, valeurs qui se sont développées au sein du régime minier et qui font aussi écho auprès de la population et des partenaires. J.C. RABIER125 parle de la mine et des mineurs de la façon suivante : « aux peines du travail, des accidents fréquents, des crises sociales, répondait une qualité de convivialité et de solidarité, de débats, de disputes, de distractions et de loisirs, qui est le propre d’un milieu social dans lequel les valeurs collectives priment sur les intérêts individuels ». Des améliorations à apporter : nous ne disposons pas d’étude précise sur les liens entre le social et le médical. A ce jour, la coordination médico-sociale pour la prise en charge de la personne âgée au sein de la CARMI Nord Pas De Calais n’est pas formalisée. L’action recherche réalisée par l’IRTS en 2009 montre que les médecins et les assistants sociaux rencontrés nouent des liens fonctionnels selon les modalités internes. Ce rapport pointe qu’il n’y a pas suffisamment de connaissances des métiers respectifs : l’orientation des patients vers le social serait tributaire de la conception des limites de l’intervention médicale et de la connaissance des interventions sociales. Les médecins déplorent le manque de liaisons directes avec les assistants sociaux. Les rencontres assistant social/médecin sont relativement rares alors que les pathologies rencontrées sont souvent complexes et posent le problème et les limites du maintien à domicile. Des liaisons existent mais ne sont pas formalisées ni généralisées, elles se réalisent en fonction de l’évaluation des problèmes rencontrés mais aussi en fonction de la connaissance et de la reconnaissance du service social. Les assistants sociaux appellent les médecins quand les situations sont complexes, quand une intervention globale s’avère nécessaire. En dehors de ces situations, ces professionnels ne s’autorisent pas à appeler pour échanger sur les situations tant ils savent que le temps du médecin est très « précieux » alors que l’étude réalisée par l’IRTS montre que les assistants sociaux aimeraient échanger sur les situations pour avoir des conseils et mieux cibler leurs interventions. Le faible recours au service social de la part des médecins est paradoxal alors que la part du social est parfois estimée à presque la moitié de leur activité. Il est pointé que certains médecins considèrent le service social comme un service peu réactif, et ils ne comprennent pas leurs modalités d’intervention. Un médecin précise également que le temps du médecin ne peut être consacré à des actes « non médicalement purs » pour 125 RABIER (J.C.) sous la direction de, 2002, la remonte : le bassin minier du Nord Pas de Calais, entre passé et avenir, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, p8 104 reprendre l’expression de ce médecin interrogé. Certains évoquent le temps gagné en faisant eux-mêmes plutôt qu’en appelant l’assistant social. Cependant, ce temps occupé à des tâches non attribuées au domaine médical et non reconnues dans le mode de paiement à l’acte pèse et provoque usure et fatigue. Un travail sur la zone d’activité partagée entre le médical et le social permettrait de clarifier les rôles des uns et des autres. Actuellement le flou sur l’attribution des tâches crée de l’insatisfaction. Le médecin se faisant une idée du travail de l’assistant social n’est pas satisfait de l’activité effectivement réalisée. Inversement, l’assistant social n’est pas satisfait des positionnements adoptés par les médecins. Cette zone de partage peut être aussi une zone de confrontation entre deux cultures différentes. Après l’analyse des entretiens, il semble bien que les contacts actuels peuvent se développer et se généraliser si la volonté politique de l’institution prend en compte les différents paramètres qui viennent perturber les échanges entre les deux services réunis aujourd’hui dans la même institution. Durant deux ans, des réunions inter domaines sur la coordination médico-sociale ont été réalisées afin d’identifier les processus mis en œuvre dans ce cadre, de les valider et de les valoriser au sein des pratiques médico-sociales développées au sein de la CARMI et de favoriser la prise en charge globale par des processus articulés complémentaires et systématiques. Un guide des bonnes pratiques est en cours de validation au niveau de la Direction Générale ainsi que la schématisation de la pratique de coordination médico-sociale. Pour construire des objectifs partagés, une connaissance et reconnaissance des spécificités, des limites des champs respectifs sont nécessaires. Or, c’est le bénéficiaire du service qui donne sens à l’existence des métiers. Il est important de bien situer le patient dans l’organisation actuelle. Dans le cadre de notre recherche, nous avons pu voir que l’usager et les valeurs du Régime Minier étaient un point de convergence des professionnels interviewés. Nous pouvons travailler sur l’organisation et les rapports entre les professionnels à partir de l’usager. Il s’agit d’ailleurs d’une des orientations de l’Agence Régionale de la Santé pour 2011. 105 A l’occasion d’une conférence de presse126, Roselyne BACHELOT-NARQUIN, ministre de la Santé et des Sports, a lancé officiellement l’opération « 2011, année des patients et de leurs droits ». Défendre les droits des patients, leur garantir une prise en charge respectueuse de leur singularité, mieux prendre en considération les nouvelles attentes des citoyens vis-à-vis de leur santé : tels sont les sujets à l’agenda à l’occasion de cette année des patients et de leurs droits. Ils nous concernent tous sans exception, pour nous-mêmes ou pour un proche malade ou hospitalisé. La ministre a donc souhaité privilégier trois axes de réflexion et d’action : faire vivre les droits des patients, la bientraitance à l’hôpital, les nouvelles attentes du citoyen, acteur de santé. Cette partie a permis de préciser la prise en charge de la personne âgée proposée par la CARMI Nord Pas de Calais. Elle s’organise de façon pluridisciplinaire : la vieillesse et la perte d’autonomie ayant des répercussions sur plusieurs aspects de la vie de la personne. L’organisation du Régime Minier, avec des structures de proximité, avec des professionnels de santé et du social favorise la prise en compte de la globalité des situations, même si des points de progrès restent à travailler. Le rôle de l’assistant social ne se situe pas seulement dans l’accompagnement individuel mais peut aussi proposer des réponses collectives en rapport avec les problématiques de terrain rencontrées. Il peut aussi être le lien avec les partenaires du territoire intervenant dans le champ de la gérontologie. 2.2 Des propositions d’actions en lien avec l’organisation Précédemment, nous avons essayé de définir la prise en charge de la personne âgée au sein de la CARMI Nord Pas de Calais. Cette deuxième partie se propose d’en étudier l’organisation à la fois interne et externe. L’organisation interne : Elle s’oriente principalement vers les centres de santé qui constitue à la fois le lieu de proximité repéré par les usagers ainsi que la structure dans laquelle travaillent les différents professionnels. La porte d’entrée, le centre de santé la prise en charge de la personne âgée est l’aspect médical, l’affilié minier est suivi depuis sa période d’activité. Les professionnels des centres 126 www.sante-sports.gouv.fr/2011-annee-des-patients-et-de-leurs-droits.html 106 de santé sont donc connus. La CANSSM fait maintenant partie du Regroupement National des Organisations Gestionnaires de Centres de Santé (RNOGCS) qui prévoit une règlementation particulière. La loi 99-1140 du 29 décembre 1999 en définit le cadre général : les centres de santé assurent, dans le respect du libre choix de l’usager, des activités de soins sans hébergement et participent à des actions de santé publique, ainsi qu’à des actions de prévention et d’éducation pour la santé et à des actions sociales. Les centres de santé sont des structures de proximité, enracinées au sein des populations. Ils constituent dans un esprit de service public un atout important dans la lutte contre les inégalités d’accès aux soins. Ils jouent également un rôle d’intégration socioculturelle par la mixité des populations qui les fréquentent. On peut parler d’un véritable rôle d’éducation à la citoyenneté et d’un renforcement du lien social. Ceci relève d’un véritable accueil médicosocial. Le financement des centres de santé est assuré principalement par le remboursement des actes médicaux et paramédicaux qui y sont effectués mais ce mode de financement ne couvre pas l’intégralité des prestations, notamment l’accueil médico-social, les actions de prévention et de promotion de la santé etc. Les professionnels qui y exercent ont un statut de salarié. Ils interviennent dans le champ des soins ambulatoire et offrent à leurs usagers une pratique de santé exercée en équipe pluridisciplinaire, permettant une prise en charge globale des besoins de la personne soignée, alliant les soins et la prévention. L’unité de lieu permet la cohérence des interventions, évite la redondance des examens complémentaires, organise la continuité des soins, rend possible les échanges entre généralistes et spécialistes, favorise la participation des usagers ou de leurs représentants à l’élaboration d’un projet sanitaire de l’organisation gestionnaire (la CARMI Nord Pas De Calais). Le Regroupement national des organismes gestionnaires des centres de santé (RNOGCS) a souhaité s’engager, dans l’esprit du préambule de l’accord national de novembre 2002 signé entre les gestionnaires de centres et l’Assurance Maladie, dans une démarche qualité des centres de santé, fondée sur l’évaluation de leurs pratiques organisationnelles. Cette démarche vise à instaurer ou renforcer une dynamique d’amélioration continue de l’organisation et de la dispensation des soins et services médicaux dans les centres. Elle vise également à contribuer à la reconnaissance de la qualité des prestations en centre de santé, et à la confiance du public. La construction de cette démarche 107 qualité interne aux centres a nécessité d’établir un référentiel et des conseils de mise en oeuvre permettant l’auto-évaluation. Le RNOGCS a bénéficié de l’appui méthodologique et de l’accompagnement de l’Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé (ANAES) dans un premier temps puis de La Haute Autorité de Santé (HAS) dès 2005, comme cela était indiqué dans l’accord national. Sur les 24 communes ciblées du territoire de Lens Liévin, La CARMI Nord Pas de Calais dispose de 54 structures de soins : centre de santé polyvalents, pluridisciplinaires etc. Si nous excluons les pharmacies (6) qui ne sont pas ouvertes à toute la population, nous dénombrons 48 structures de soins ambulatoires. A cela s’ajoute les services de soins de suite et de réadaptation (1), les établissements et les différents services qui interviennent à domicile : SAP et SSIAD et le service social ; soit un vaste réseau et une multitude de professionnels, facilitant la mise en place d’une organisation en réseau permettant des complémentarités avec les autres modes d’exercice (réseau ville hôpital). Il conviendra d’adapter ces structures dans le cadre de la recomposition de l’offre de santé essayant de proposer un juste équilibre entre l’offre et la demande permettant de tendre à l’équilibre budgétaire. L’article 2 du décret n°2010-895 du 30 juillet 2010127 vient compléter notre réflexion en imposant l’élaboration d’un projet de santé, en plus de la démarche qualité. Des professionnels rassemblés autour d’un même projet sur le territoire : les valeurs philosophiques sur lesquelles s’appuie un projet institutionnel mettent en avant une démarche projet envers la personne prise en charge, démarche qui fait écho avec la loi de 2002. Un des éléments relevés dans notre étude met en valeur la place occupée par l’usager dans le dispositif de prise en charge. Il s’agit de réfléchir de façon collégiale à la personne, à la replacer au cœur du dispositif. Cette idée développée dans le paragraphe précédent sur la place de l’usager au sein de la structure raisonne auprès des valeurs développées par le Régime Minier. Il faut écrire ce principe. Il s’agit d’une des lignes directrices et une orientation managériale déterminante, qui pourrait ensuite redescendre dans les centres de santé visant la construction de projets locaux en lien avec les besoins des territoires. 127 Les centres de santé agréés à la date d’entrée en vigueur du présent décret disposent à compter de cette date, d’un délai de six mois pour élaborer leur projet de santé prévu à l’article D 6323-1 du Code de la Santé Publique 108 Pour C.EYNARD, O.PIOU et A.VILLEZ128 : le projet institutionnel définit un cadre de référence pour les professionnels qui leur permet de prendre connaissance des valeurs sur lesquelles appuyer leur pratique professionnelle. Pour les auteurs cités précédemment129, l’un des intérêts majeurs d’une telle démarche de formalisation est qu’elle engage la structure et ses acteurs dans une réflexion collective riche et passionnante mais aussi parfois douloureuse car pouvant amener à des remises en cause de pratiques anciennes. (…) de plus, elle demande un investissement collectif particulièrement important si on veut accomplir ce travail sur un mode participatif large et aborder tous les sujets de façon approfondie. Parmi les finalités d’une démarche de formalisation du projet d’établissement, on retrouve principalement le fait de donner un sens aux pratiques, de remettre l’humain au cœur des pratiques professionnelles et de communiquer sur celles-ci et leurs valeurs. Même si dans cet ouvrage le projet d’établissement est plus orienté vers une structure d’hébergement (avec un projet de soins et un projet d’animation), nous pouvons conserver ces principes pour envisager un projet institutionnel de la CARMI Nord Pas de Calais relatif à son offre de soins ambulatoires et décliné sur chaque site de proximité par les professionnels de terrain. L’organisation du travail par la participation collective de tous les partenaires et l’adhésion volontaire de chacun reste incontournable. Il a été mis en évidence l’intérêt d’associer un plus grand nombre de personnes dans l’élaboration de ces buts et des moyens à mettre en œuvre. Favoriser les réunions d’équipe pour tous reste une démarche nécessaire dans la mesure où elle permet d’abord de diffuser l’information (projet de la structure, orientations, procédures…) et de mieux appréhender l’environnement professionnel. Des professionnels identifiés dont les missions sont à préciser : notre étude montre que la prise en charge de la personne âgée est pluridisciplinaire et nécessite un travail coordonné, celle de l’IRTS met en valeur la méconnaissance des missions des différents professionnels. Les tâches et activités sont à mieux définir, par le biais de la démarche qualité avec des procédures précises. La tâche prescrite représente l’ensemble des buts, consignes, des procédures et moyens définis par le prescripteur. C’est l’aspect formel et officiel du travail. 128 EYNARD (C.), PIOU (O.), VILLEZ (A.), 2009, Conduire le changement en gérontologie, Paris, Dunod, p215 129 Op.cit. EYNARD (C.), PIOU (O.), VILLEZ (A.), 2009, p 216 109 Les discours ne mentionnent pas de mode opératoire. Si le but est défini, les moyens d’atteindre ces objectifs ne sont pas évoqués, l’idée est de développer le « qui fait quoi » en fonction des compétences professionnelles de chaque métier. Des fiches de poste clairement définies pour tous permettraient de définir exactement les modalités de travail de chacun. Ainsi pas d’ambiguïté de rôle due à un manque d’informations peu claires, l’objectif à atteindre est clairement défini, la façon de réaliser son travail, les droits et devoirs de chaque professionnel, ses responsabilités, et enfin les procédures qui permettent de vérifier que le travail est bien effectué. Il s’agit d’éclaircir les attentes employeur/employé : la mise en place et/ou le respect de la fiche de poste oblige l’employeur à clarifier les besoins et les compétences comme au salarié de connaître les attendus de la structure. Un management transversal : nous pouvons constater au travers de notre enquête, que les professionnels de terrain sont impliqués dans les changements, ils sont pilotés par les cadres et notamment les cadres de direction. Il apparaît également que les personnes interviewées vivent ces évolutions positivement même si les changements les bousculent ainsi que les institutions. Cependant, le management et le traitement de l’information à la CARMI Nord Pas de Calais s’organisent de façon cloisonnée, domaine par domaine. C’est ce qui a été pointé dans le cadre des entretiens. Une des pistes avancée sera de mettre en place un management transversal aux différents domaines, avec un pilote identifié par tous sur chacun des sites, avec une délégation possible sur les différents centres de santé, attaché à La Direction Générale et non à un domaine particulier. Il pourrait veiller à respecter la valorisation des compétences individuelles. En gardant une autonomie dans le travail (marche de manœuvre), le salarié pourra biaiser avec les difficultés rencontrées, apporter des solutions au reste de l’équipe et montrer ses compétences. Le travail collectif d’équipe sera alors la résultante des travaux individuels qui ne prive pas l’implication personnelle. Un positionnement de chaque organisation sur son territoire en fonction des besoins de ce territoire sera également plus efficient. S’inscrire dans un management incluant tous les acteurs pourrait être une orientation managériale déterminante. Il peut s’agir de saisir les opportunités mais aussi de répondre aux exigences législatives et d’être à l’écoute des attentes et besoins des usagers afin d’adapter nos réponses ; pour enfin être compétitif et assurer l’équilibre financier de la structure. 110 La gestion de différentes populations, l’une affiliée au Régime Minier l’autre pas, sur une multitude de sites peut aussi s’avérer difficile ; même si pour les personnes interviewées, il n’y a pas de différence dans le traitement. Une réflexion sur les modes de gestion en lien avec la stratégie de l’institution et son organisation peut être aussi développée ainsi que sur la place laissée à chacun. S’appuyer sur les compétences internes : la CARMI Nord Pas de Calais dispose d’un Pôle Santé composé d’une équipe pluridisciplinaire avec des missions de Santé Publique, de communication, de formation médicale, de développement, d’innovation et de qualité. Une approche transversale permet de répondre aux objectifs de prise en charge globale de la personne sur le plan médico-social par : o la mise en œuvre des projets avec l’ensemble des acteurs des domaines impactés et des professionnels de santé, o l’intégration progressive de la démarche qualité dans chacun des projets et chacune des structures, o la déclinaison du plan de communication dans chacun des projets. Un des éléments essentiels de l’accord national du RNOGCS prévoit entre autre la mise en place d’actions de prévention qui peuvent être financées par les fonds nationaux de prévention. Le service social maîtrise la méthodologie de projet acquise par le biais de la formation initiale et développée sur le terrain ainsi que des liens partenariaux avec les différents intervenants dans le domaine de la gérontologie, les professions médicales disposent de connaissances dans leurs champs de compétences respectifs. Nous pourrions imaginer la mise en place de groupe de travail sur les centres de santé avec au moins un trinôme médecin, infirmier, assistant social sur la thématique de la Santé Publique ; des diagnostics de territoire pourraient être réalisés afin de cibler les actions de prévention prioritaires, en lien avec le Programme Territorial de Santé et les besoins des usagers. Une organisation externe : le développement du travail en réseau : la prise en charge de la personne en perte d’autonomie se développe également dans les relations vers l’extérieur. Face à la problématique « personne âgée », des outils sont à développer, des organisations de travail à créer. La pratique de travail en réseau comme mode d’intervention nous semble 111 intéressant. Le réseau est l’outil organisationnel « transversal » de mise en œuvre du partenariat. Pour R.DUMONT130 : « le réseau professionnel est une forme d’organisation transversale rassemblant dans un même « système d’action » des professionnels qui travaillent en lien pour tenter de coordonner leurs actions auprès de la personne en demande d’aide, tout en respectant leurs missions et leurs cadres respectifs d’intervention. » Il peut s’agir d’un réseau composé de professionnels qui appartiennent à des services et des établissements différents et qui tentent de travailler autour d’un problème commun, d’un objet commun, parfois autour de valeurs communes en recherchant : la mutualisation des compétences, la coordination, la cohérence : sens, continuité des interventions menées par plusieurs services et professionnels de métiers différents, une réponse ou une intervention plus adaptée aux besoins des usagers, des outils communs simplifiant les démarches de l’usager. Un réseau professionnel est une organisation transversale composée de professionnels ayant un problème commun. Sur le territoire de Lens, un réseau gérontologique est présent et fonctionne mais il manque un lien, une articulation avec les partenaires pour développer son efficacité. Une réflexion sur l’ensemble du territoire n’est pas encore engagée. Le Schéma Gérontologique du Pas de Calais prévoit l’écriture et la mise en œuvre d’un projet gérontologique de territoire avec des axes de travail prioritaires pour le territoire, repérés lors de la rédaction du diagnostic territorial. La mise en œuvre d’un comité territorial gérontologique est programmée. Il regroupe localement tous les acteurs du champ de la gérontologie ; il a pour mission de décliner localement le schéma au travers de la rédaction d’un projet gérontologique de territoire, de le mettre en œuvre, de repérer les besoins et thématiques complémentaires éventuels, contribuer à la coordination des différents acteurs pour une meilleure articulation des professionnels, rechercher un partenariat élargi. Nous pourrions, en nous appuyant sur les structures existantes (réseau gérontologique et professionnels intervenant dans ce champ), proposer de profiter de ces rencontres pour soumettre cette pratique de partenariat en réseau à l’ensemble du groupe de travail et signer des conventions de partenariat. La déclinaison serait ensuite l’écriture (ou la réécriture) d’un 130 Intervention de R.DUMONT dans le cadre de la formation préparatoire au DEIS, juin 2008, IRTS site métropole lilloise, travailler en réseau et en partenariat 112 projet commun mettant en synergie les professionnels des différentes structures et services, la mise en place d’un fonctionnement interne propre au réseau, la notion de transversalité à maintenir et la mise en place d’un système de communication. A ce jour, ce groupe de travail n’est pas mis en place sur le territoire de Lens, nous attendons sa programmation. Interne et externe : le développement de la communication : la méthodologie de travail axée sur la prise en charge des personnes âgée nécessite un travail pluridisciplinaire et de coordination ce qui suppose une bonne connaissance des différents acteurs de la CARMI, ce qui ne semble pas toujours être le cas. La stratégie de communication pourrait développer deux orientations : l’une interne et l’autre externe. Un élément ressort des entretiens, il s’agit de l’identification des professionnels envers le public minier et les partenaires de la CARMI dans la prise en charge de la perte d’autonomie. L’image négative du régime apparaît également. Il nous semble judicieux de développer un aspect communication. Elle pourrait s’orienter vers le public pour valoriser les structures et le savoir faire des professionnels de la CARMI Nord Pas de Calais, « rajeunir » son image, et aussi vers les partenaires qui « étiquettent » la CARMI Nord Pas de Calais uniquement dans la prise en charge des affiliés du Régime Minier. Nous pourrions imaginer une stratégie de communication en lien avec les nouvelles techniques de communication et d’information, adaptée à notre contexte de travail. Un site Internet est en cours de création, il sera ensuite accessible dans chaque structure de la CARMI, il est important de préciser que dans le cadre d’une activité médicale, toute publicité est interdite 131 : « la médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce. Sont interdits tous procédés directs ou indirects de publicité et notamment tout aménagement ou signalisation donnant aux locaux une apparence commerciale ». Nous pourrions envisager la création de deux types de plaquettes d’information, une en direction de la population, l’autre en direction des partenaires, avec une diffusion associée à une campagne d’informations sur le territoire réalisée en partie, par les professionnels de terrain sur des thématiques telles que la prise en charge de la population ou des actions de prévention ciblées, abordant à travers ses plaquettes les compétences des professionnels de la CARMI Nord Pas de Calais. 131 Article R.4127-19 du code de la santé publique 113 Les propositions d’action en lien avec l’organisation sont orientées de façon interne, externe, voire les deux. La porte d’entrée est le centre de santé pour la prise en charge médico-sociale, avec des propositions de management transversal puisqu’à ce jour, en fonction de la profession occupée : médical, paramédical, social, correspond un domaine. Les professionnels se connaissent entre eux mais les missions respectives doivent être précisées ainsi qu’un travail d’équipe à développer qui pourrait s’appuyer sur le projet de santé. Au niveau des relations externes, le travail en réseau mériterait d’être amélioré avec les partenaires intervenant dans le champ de la gérontologie. L’ensemble de ces actions pourrait avoir des répercussions en terme de communication, sous réserve de mettre en place une réelle stratégie. 2.3 Propositions d’actions en lien avec le territoire Les propositions d’actions en lien avec le territoire nécessitent une étude de ce territoire 132. Si la population âgée minière est connue et doit continuer à être prise en charge, un autre public peut se révéler être une opportunité de développement pour la CARMI Nord Pas de Calais. L’adaptation des différents métiers fait aussi partie de l’évolution de la CARMI Nord Pas de Calais. Pour la population âgée : notre antenne de service social conformément aux territoires de santé CARMI est principalement implantée sur le territoire de la Communauté d'Agglomération de Lens-Liévin (CALL)133. La situation socio-économique de la communauté d’agglomération de Lens Liévin se présente comme « difficile», surtout pour les communes de plus de 10 000 habitants qui sont particulièrement touchées par la précarité134. Les emplois ouvriers restent largement majoritaires et sont révélateurs du niveau de diplôme des habitants de l’agglomération. Les indices de précarité (Couverture Maladie Universelle, Revenu Minimum d’Insertion, Allocation Parent Isolé) connaissent des fluctuations depuis 2002 mais restent néanmoins supérieurs aux moyennes régionales et départementales. Le 132 Annexe 17 : la population du territoire, sur les 24 communes étudiées Créée le 1er janvier 2000, La Communauté d'Agglomération de Lens Liévin (CALL) est une intercommunalité française. Elle comprend 36 communes : 29 de l'arrondissement de Lens et 7 communes de l'arrondissement d'Arras. Ses deux villes principales sont Lens (36 257 hab.) et Liévin (33 022 hab.). Elle couvre tout ou partie de cinq circonscriptions législatives du Pas-de-Calais (2e, 11e, 12e, 13e, 14e) et de treize cantons : Avion, Bully-les-Mines, Harnes, Lens Est, Lens Nord Est, Lens Nord Ouest, Liévin Nord, Liévin Sud, Noyellessous-Lens, Rouvroy, Sains-en-Gohelle, Vimy et Wingles. 134 Données issues du diagnostic réalisé par le Programme Territorial de Santé de Lens Liévin, novembre 2008 133 114 territoire de la Communaupôle connaît un état de santé fragile marqué par une morbidité croissante ainsi qu’une surmortalité précoce marquée chez les hommes. Il existe un déficit de l’offre de personnel, de moyens techniques et du nombre d’établissements d’accueil (notamment pour les personnes âgées). En effet, la densité de médecins généralistes est 40 % plus faible qu’en France. Cela s’avère aussi être le cas pour les médecins spécialistes. L’hospitalisation et les urgences sur le territoire sont fortement développées et sollicitées alors que le recours à la prévention est faible sur le territoire. Ce manque de prévention peut être rattaché, en partie, au maigre effectif des structures de proximité. Le mauvais état de santé peut être également expliqué par un recours aux soins insuffisant et tardif lié à une mauvaise perception de la santé, les consultations médicales étant peu ancrées dans les habitudes de la population. La CALL regroupe des partenaires institutionnels135 qui mettent en place en lien avec le PTS des actions de prévention. Les priorités définies sont les cancers en développant le dépistage et l’accès aux soins, les maladies chroniques en développant l’éducation thérapeutique, les risques liés à l’alcool, les troubles du comportement des jeunes. Les publics prioritaires sont les enfants et les jeunes, les salariés des entreprises moyennes, les apprentis et les personnes en voie d’insertion professionnelle, et surtout les personnes en situation de précarité. Les thèmes transversaux sont l’alimentation et l’activité physique, les pratiques addictives, la santé mentale et la santé environnement. Le développement des actions de prévention dans les secteurs les plus touchés par la précarité s’appuie sur les ressources et dynamiques locales. Dans son diagnostic, le PTS pointe que certaines communes particulièrement touchées par les phénomènes de santé ne possèdent pas ou peu d’actions de prévention (Harnes, Sallaumines, Avion), même s’il faut souligner que le PTS n’est pas sollicité pour toutes les actions développées. Dans ce contexte, nous nous apercevons que le public âgé n’est pas une priorité pour les politiques de santé locales tant les difficultés de la population dans sa globalité sont importantes. Dans le cadre de l’enquête, un cadre supérieur du Conseil Général souligne que : 135 Le Conseil Général, cinq maisons de la Solidarité sont implantées sut le secteur, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, la Caisse Régionale Minière (CARMI), un Centre Local d’Information et de Coordination (CLIC) etc. et des réseaux : CESAME (soins palliatifs), Vie l’âge (réseau gérontologique), réseau Santé Précarité Santé Mentale etc. Sont également présents sur le territoire des associations d’aide à domicile (une dizaine), et un tissu associatif en lien avec la santé, plutôt développé sur les grandes villes, en corrélation avec des problématiques ciblées : aide aux aidants familiaux par exemple avec notamment Pas de Calais Alzheimer. 115 « contrairement aux idées reçues, même si les personnes meurent plus jeunes dans la région, le recours aux aides telles que l’Allocation Personnalisée à l’Autonomie est important, plus que dans d’autres départements. Le budget APA s’élève à 170 millions d’euros dont 140 millions pour les personnes qui sont à domicile. » Sur ces quatre villes ciblées, la population de plus de 60 ans136 représente respectivement pour Avion 19 %, pour Grenay 18 %, pour Lens 22 % et pour Liévin 19%. Même si le public âgé n’est pas un public prioritaire, il peut l’être dans le champ de la précarité ou dans le cadre des thématiques retenues. Néanmoins, une action pourrait être menée par les professionnels intervenants auprès des personnes âgées afin d’intégrer dans les priorités du PTS le travail sanitaire et social indispensable à la prise en charge de ce public spécifique. En fonction de chaque territoire, en s’appuyant sur les ressources dont disposent tous les professionnels médicaux, sociaux et paramédicaux, des actions de prévention pourraient se développer, faisant remonter au PTS les principales problématiques repérées. La priorité pourrait être donnée aux territoires qui ne disposent pas ou peu d’actions de prévention, des financements pourraient être sollicités dans ce cadre. Une fois de plus, la question du pilotage de ces actions territoriales est mise en évidence. Une ouverture, les habitants du territoire : suite au diagnostic du PTS présenté ci-dessus, il nous a semblé intéressant d’étudier la composition de la population de notre territoire et plus particulièrement sur les communes où la CARMI Nord Pas de Calais dispose d’un nombre important de structures137 (supérieur à 5). Les éléments relatifs au dernier recensement montrent que sur ces communes, la population présente de faibles ressources 138, la part des foyers fiscaux imposés est inférieure à la moyenne nationale 139. Un des engagements dans le cadre du RNOGCS est que le centre de santé applique des tarifs conventionnels de base (conformément à la Nomenclature Générale des Actes Professionnels). La pratique du tiers payant proposé par la CARMI peut se révéler être intéressant pour la population en terme de coût mais aussi en terme de santé publique pour une prise en charge médico-sociale des 136 Annexe 18 : Répartition par tranche d’âge de la population globale de l’antenne (sur les 24 communes étudiées) 137 Répartition des structures sur Liévin : 12, Lens : 10, Grenay : 6, Avion : 5 Annexe 19 : taux d’imposition de la population globale de l’antenne sur les 24 communes étudiées 139 La moyenne nationale est de 51,9 % d’après l’INSEE (chiffres de 2001). Sur ces 24 communes la fourchette de foyers fiscaux imposés se situe entre 31,8 % (Grenay) et 61,2 % (Bénifontaine), avec une moyenne de 45,79 de foyers fiscaux imposés. Les cinq communes repérées ont des moyennes inférieures puisque Avion a 34,9 % de ses foyers fiscaux imposés, Grenay 31,8%, Lens 38,1 % et Liévin 36,4 % 138 116 habitants de la région chez qui les indicateurs de santé sont en dessous des moyennes nationales. Un diagnostic plus précis serait une piste à approfondir. L’apparition de nouveaux métiers : la mise en place de la CARMI Nord Pas de Calais a vu se développer de nouveaux métiers. La fonction de responsable de territoire a attiré notre attention. Le recrutement proposait un profil de cadre développeur tel que celui de l’ingénieur social que nous verrons par la suite, pour venir compléter une équipe déjà composé d’ingénieur santé ou de gestionnaire. La fiche de poste précise le métier de la façon suivante : o animer le réseau sur le territoire, o manager les équipes, o maintenir l’équilibre financier, saisir les opportunités de financement, o proposer à la direction de développer des territoires. Le responsable de territoire est attaché au domaine des Œuvres (partie médicale). Il en existe quatre pour la Région Nord Pas de Calais, un dans le Nord et trois dans le Pas de Calais (Bruay, Lens et Hénin Beaumont). La fonction d’animation du réseau sur le territoire ne se limite pas à la partie médicale, elle est transversale à tous les domaines. Nous pensons qu’un rattachement à la Direction Générale plutôt qu’aux Œuvres lui conférerait plus de légitimité dans son intervention. Des réunions inter domaine sur chacun des cinq territoires se sont déclinées durant ce dernier semestre permettant aux professionnels de se rencontrer et d’échanger sur des thématiques communes. Cependant, compte tenu du nombre de structures et du nombre de salariés, l’animation du réseau et le management des équipes sont des tâches qui sont très importantes. De plus, la composition de l’offre de soins est très différente d’une commune à l’autre. Ce type de réunion serait aussi intéressant à un niveau local intégrant les spécificités de chaque site et les problématiques de la population. Dans le cadre de la COG et des CPG, le service social doit développer son accueil dans les centres de santé. Un travail de coordination a été mené afin de cibler les centres de santé susceptibles de mettre en place des accueils sociaux. A ce jour, la réflexion autour de l’axe médico-social est restée à ce stade, faute de temps pour ces professionnels d’y consacrer un temps plus long. 117 La fonction d’ingénierie sociale peut nous éclairer dans ces situations complexes car elle se situe dans l’aide à la décision d’orientations stratégiques. L’ingénierie sociale se : « définit comme une fonction d’ensemblier ou d’«assemblier» qui se situe dans la pratique, l’action, l’intervention, et apporte, ou aide à trouver, des solutions pour favoriser la résolution de problèmes dans un champ « sociétal ». Alors que les administrations et les services, voire les organisations du secteur privé, sont structurés sur un modèle de tuyau d’orgue, l’ingénierie sociale doit aller chercher, aider à regrouper, et utiliser des outils, des techniques qui peuvent venir d’univers différents. Mieux, elle doit contribuer à rapprocher, à mailler des services et des organisations différentes140 ». Exprimé différemment et selon Georges Gontcharoff141, «l’ingénierie sociale est d’abord un art combinatoire, jouant dans la pluridisciplinarité et dans l’interinstitutionnel. De même qu’un ingénieur technique sait combiner et faire collaborer tous les corps de métier concourant à une même oeuvre, l’ingénieur social est un diplomate, capable de faire travailler tous les acteurs si divers et si exclusifs ensemble, en respectant la légitimité de chacun. On peut dire que c’est un agent de passage du sectoriel au global ». L’ingénierie sociale sollicite la notion de compétences collectives, la mobilisation des savoirs (savoirs académiques, connaissance des politiques et des dispositifs, connaissance de terrain et des acteurs). En effet, comme le précise Philippe ESTEBE142, consultant, « l’ingénierie sociale a une fonction politique : elle doit tenir une vision des rapports sociaux et des rôles des institutions dans la structuration de ces rapports. Elle a une fonction technique : dans les situations extrêmes, elle doit pouvoir pénétrer la logique des interventions institutionnelles jusque dans leurs ramifications infimes afin de tendre à les agencer autrement. Elle s’appuie sur des militants de l’action publique qui interviennent dans la perspective de l’intérêt général. Elle implique une capacité transversale : saisir le territoire dans sa complexité et son épaisseur, analyser les politiques sectorielles et pointer leur interdépendance. En bref, il ne peut s’agir que de fonctions assumées par un collectif, dans un cadre territorial, social et institutionnel particulier : l’ingénieur social, figure solitaire, n’existe pas. » Les solutions proposées se tourneront vers l’axe du management, de l’organisation de travail, et du partenariat, la pose d’orientations par le biais de la réalisation d’un projet institutionnel, le développement de la communication à l’interne comme à l’externe et nous terminerons par une réflexion sur une pratique de travail innovante. L’intérêt se fond sur la possibilité d’élargir l’application de ces propositions à d’autres sites et structures. Un pilote à un niveau local, autre que l’ingénieur social, nous parait indispensable. 140 Définition issue du rapport du groupe de travail sur l’ingénierie sociale, présidé par A.MOREL, inspectrice générale des affaires sociales, mai 2009 141 GONTCHAROFF (G.), Informations Sociales n°4, mai juin 1990, de l’ingénierie sociale 142 ESTEBE (P.), Informations Sociales n°4, mai juin 1990, un ensemble de métiers 118 En lien avec la place de l’usager dans les dispositifs, le métier de médiateur social nous semble intéressant, faisant le « trait d’union » entre la population et les structures. Les institutions, les organismes recrutent des professionnels pour animer les dispositifs de formation, pour attribuer ou gérer les aides financières ou pour participer à des projets en partenariat avec les structures locales. Ils accompagnent les usagers dans le cadre des missions qui leur sont imparties. Ces médiateurs ont pour objectif de favoriser l'insertion des usagers dans la société, comprenant les dynamiques économiques, sachant diagnostiquer les ressources et les potentialités de développement d'un territoire, ils facilitent le dialogue entre les entreprises locales et les usagers. La CARMI Nord Pas de Calais pratique, dans le cadre de sa politique managériale, La Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences. Les solutions proposées ne sont pas forcément onéreuses puisque des compétences peuvent être trouvées à l’interne dans les différents domaines de la CARMI. Les propositions d’action en lien avec le territoire s’orientent vers la population âgée qui constitue le principal public de la CARMI Nord Pas de Calais, dans le cadre notamment d’actions de prévention pour une catégorie de population qui n’est pas ciblé comme prioritaire dans les programmes territoriaux de santé alors que la population âgée représente sur certaines communes plus de 20% de la population, il s’agit ici d’un des enjeux qui est de faire reconnaître ce public comme prioritaire. L’ouverture de l’offre de santé de la CARMI Nord Pas de Calais à une autre population est un autre enjeu, plus en termes de perspectives. Ces deux éléments ne peuvent se réaliser que grâce à l’intervention de professionnels. Certains nouveaux métiers sont apparus avec le développement de la CARMI Nord Pas de Calais et d’autres suivront probablement. Conclusion Cette troisième partie avait pour objet de vérifier l’hypothèse à partir des éléments recueillis sur le terrain. Pour cela nous avons utilisé comme outil l’entretien semi directif et nous avons interrogé douze personnes qui ont un lien avec la prise en charge des personnes en perte d’autonomie. Nous avions présenté notre hypothèse de la façon suivante : 119 La CARMI de la Région Nord Pas de Calais, est confrontée à un changement profond, elle pourrait franchir cette étape décisive pour son avenir en raison de son expérience dans la prise en charge des personnes âgées. L’analyse des entretiens a mis en évidence que la prise en charge de la personne âgée était une spécialisation de La CARMI Nord Pas de Calais et que ses professionnels étaient identifiés comme tels par les partenaires et le public. Les autres partenaires interviewés se déclarent en difficulté dans la prise en charge de ce public âgé et dans ce type de prise en charge. Il faut quand même préciser que le régime minier bénéficie d’une image « négative » mais toutes les personnes rencontrées sont unanimes pour en envisager la fin, Les professionnels de La CARMI Nord Pas de Calais abordent ce changement comme une évidence, et se projettent dans l’avenir par le biais de l’expérience développée avec la personne âgée, la prise en charge globale. Les enjeux du changement se situent au niveau de la pérennité des emplois, élément qui est revenu dans la majorité des discours. La situation sanitaire de la Région a aussi été évoquée par les personnes interviewées, l’offre de santé de La CARMI Nord Pas de Calais pouvant répondre à des besoins identifiés. Le projet professionnel dans sa première partie éclaircit la notion de prise en charge globale et son fonctionnement actuel, c'est-à-dire une prise en charge pluridisciplinaire quand elle s’avère nécessaire. Les préconisations dans le cadre du projet professionnel tiennent compte à la fois de l’organisation et du territoire. Le territoire d’appartenance de la CARMI Nord Pas de Calais, la structure elle-même, l’environnement médico-social se transforment ou annoncent des transformations dont nous devons tenir compte, avec la place de l’usager et son accompagnement qui sont le centre des actions à conduire. Les centres de santé sont les structures de proximité repérés sur les territoires. C’est à partir de là qu’il faut bâtir notre stratégie de développement en tenant compte des aspects réglementaires de la question. La loi de 2002143 reprend le principe de l’évaluation de l’institution au regard de l’évaluation du projet de la personne ; le décret n° 2007-975 du 15 mai 2007, souligne que l’évaluation doit porter sur l’effectivité des droits des usagers et notamment « la capacité de l’établissement ou du service à évaluer avec les usagers leurs besoins et attentes ainsi que la réponse qui y est apportée. ». La structure doit se demander si tout a été mis en œuvre, si tous les moyens ont été recherchés afin de répondre aux besoins de la personne tout en répondant aux orientations 143 www.legifrance.gouv.fr, loi n°2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale 120 politiques. Les professionnels interviewés se retrouvent autour de ce discours. La loi de juillet 2010 prévoit un projet de santé pour chaque centre. C’est à partir de là qu’il faut développer nos actions à l’interne comme à l’externe avec une pratique en réseau ; en veillant à mettre aussi en place un programme de communication. L’accueil d’un autre public représente une ouverture dont il faut se saisir, la pratique mise en place dans le cadre de la prise en charge de la personne âgée peut se déployer pour d’autres populations nécessitant une approche médicosociale. 121 CONCLUSION GENERALE Dans la région Nord Pas de Calais, le Régime Minier a laissé de profondes traces dans la vie sociale, dans la culture et sur les différents territoires de la Région. La mine organisait l’ensemble de la vie des mineurs et de leur famille, le travail, les loisirs, l’habitat etc. que le sociologue O.SCHWARTZ qualifie de politique d’enfermement social. Aujourd’hui le Régime Minier est touché par une transformation globale et avec lui toute une organisation autour du mineur et de sa famille. A partir de ce constat, nous entendons étudier les mutations profondes du Régime Minier et nous avons choisi d’explorer le contexte historique pour en comprendre les fondements et saisir l’impact de ces évolutions pour la population et pour la région. Nous avons dans un premier temps étudié la littérature abordant l’histoire et l’évolution du Régime Minier de l’exploitation minière à la création de son système de protection sociale, un système protégeant à l’origine les salariés liés aux seuls risques au travail puis au développement d’une protection sociale à l’égard des familles. Je suis issue du bassin minier, j’ai découvert une histoire riche composée de périodes de conflits, de luttes des populations et des syndicats pour obtenir des droits ; de périodes d’expansion et de récession avec des conséquences sur les sphères politiques, économiques et sociales régionales, nationales et internationales. J’ai de même étudié le système de protection sociale du régime général créé en 1945, inspiré du modèle du Régime Minier qui était né bien avant. Mais en raison des restructurations et des fermetures de puits de mine, le Régime Minier est confronté très tôt au vieillissement de ses affiliés, sans actifs nouveaux. C’est à partir de là, qu’a commencé à émerger l’idée de notre hypothèse de travail : Du fait du vieillissement de son public, la CARMI Nord Pas de Calais a adapté ses structures et s’est spécialisée dans la prise en charge de la personne âgée. Ce réseau de professionnels, confronté à des situations complexes dans lesquelles s’imbriquaient des problématiques médicales et sociales, a mis en place des pratiques particulières, proposant une prise en charge globale, avec la coordination médico-sociale comme pivot de cette pratique professionnelle. Avec le décret de 2004, la CARMI Nord Pas 122 de Calais peut accueillir de nouveaux publics dans ses structures. Il s’agit là d’un des principaux enjeux. Nous avons cherché à comprendre comment s'opère le changement à la CARMI Nord Pas de Calais et comment compte tenu du contexte dans lequel il évolue, le régime minier pourra dans la durée proposer une activité de qualité pour la population âgée prise en charge ? Nos réflexions nous ont amené à émettre l’hypothèse suivante : La CARMI de la Région Nord Pas de Calais, est confrontée à un changement profond, elle pourrait franchir cette étape décisive pour son avenir en raison de son expérience dans la prise en charge des personnes âgées. L’étude de terrain réalisée nous a permis de mettre en évidence la compétence de la prise en charge de la personne dans sa globalité en perte d'autonomie par les professionnels de la CARMI, est identifiée, elle est le fruit d’un travail pluridisciplinaire et coordonné de longue date. Le changement qui s’opère peut conduire à la fin du Régime Minier, mais la CARMI Nord Pas de Calais, structure locale du Régime Minier a les atouts liés à son expérience, sa culture et ses valeurs, qui sont celles de toute une population locale, pour mettre en œuvre d’autres projets. Ces projets peuvent être conduits avec une nouvelle culture gestionnaire compatible avec le maintien les droits des personnes pour « aider jusqu'au dernier affilié » et transmettre notre expérience à l’ensemble du bassin de vie de Lens-Liévin. Les enjeux sont liés à la pérennité des structures et des emplois. A la suite de l’étude que nous avons faite des textes existants et de la confrontation de ces textes à la situation réelle des personnes et du territoire, nous pensons que notre hypothèse est en partie validée : La CARMI Nord Pas de Calais est confrontée à un changement profond, elle pourrait franchir cette étape décisive pour son avenir en raison de son expérience dans la prise en charge des personnes âgées Mais cette démarche nous a permis de dépasser cette approche que nous avions fixée au départ de notre recherche. Nous sommes partis des acquis du Régime Minier, de la pratique construite autour de la prise en charge de la personne âgée. Cependant d’autres éléments sont apparus à l’issue de l’analyse des entretiens tels que des éléments fondamentaux tel que : la solidarité, la gratuité, la proximité. 123 Il s’agit de valeurs qui depuis l’origine de la construction du Régime Minier sont partagés par les habitants du territoire étudié et les professionnels de notre Région, pas seulement par les salariés de la CARMI. Notre étude montre que les valeurs prédominent sur les procédures et les pratiques, et qu’il est important de tenir compte des usagers et des professionnels qui sont attachés à ces pratiques et qui les partagent. Nous avons présenté notre projet professionnel en tenant compte de ces nouvelles données. Nous nous sommes focalisés sur le service social puisqu’il s’agit du service dans lequel nous travaillons. Nous nous sommes plus particulièrement intéressées à l’Assistant de Service Social qui occupe une fonction de coordination dans la prise en charge sanitaire et sociale. Ce professionnel de part ses compétences, expertise sociale, communication, implication dans les dynamiques partenariales, se situe à l’interface de l’usager, des institutions. Dans le cadre de sa pratique professionnelle, il développe des actions individuelles et collectives répondant aux attentes et aux besoins de la population du territoire. Il fait le lien entre les usagers, les professionnels et l’organisation. Il est renforcé dans son rôle par des valeurs partagées par la population et les professionnels. Nos propositions d’actions sont en rapport avec l’organisation et les structures existantes implantées sur le territoire de Lens Liévin et s’articulent autour des Centres de Santé première porte d’entrée de longue date et auquel l’usager tient particulièrement. Nous préconisons la mise en place d’un management transversal en nous appuyant sur les compétences internes, en les déployant différemment pour rassembler les professionnels autour d’un projet de santé sur le territoire en développant la culture institutionnelle fondée sur les valeurs sociales et culturelles du Régime Minier toujours présentes. Cette proximité permettra également à chacun de mieux identifier les collaborateurs et leurs missions. Dans une orientation extérieure, il s’agit de développer le travail en réseau avec les partenaires intervenants dans le champ de la gérontologie et sur d’autres thématiques, en lien avec les problématiques rencontrées, renforçant l’ancrage de la structure sur le territoire. La prise en charge des personnes âgées, dans les années à venir, constitue un des enjeux majeurs de notre société. En exploitant le savoir faire des professionnels de la CARMI, une stratégie de communication est à développer, en mettant en évidence un projet institutionnel défini qui s’appuie sur des valeurs partagées. Il s’agit enfin de « gommer » l’image négative du Régime Minier, lié à son enfermement verbalisée dans le cadre de nos entretiens. 124 Pour l’élaboration de notre projet nous avons tenu compte de la connaissance des éléments relatifs au territoire de Lens Liévin qui font état d’un déficit de l’offre de personnel, de moyens techniques et d’établissements d’accueil, notamment pour les personnes âgées, d’une plus faible densité de médecins généralistes et de médecins spécialistes. Cette situation est plus prononcée dans ce bassin de vie que dans d’autres arrondissements de notre département et de notre Région. Nous proposons de développer particulièrement sur notre bassin de vie l’aspect prévention dans toutes ses dimensions, ce territoire a besoin d’informations et d’aides dans ce domaine. En lien avec ce diagnostic, nous faisons la démonstration qu’il est judicieux de maintenir et de développer la prise en charge de la personne âgée, y compris par des actions de prévention. Les Centres de Santé constituant les structures de proximité pour les habitants qui pourraient les investir en reprenant l’idée des Maisons de Santé, proposées par la Conseil Régional dont nous avons exposés dans notre mémoire les fondements. Il y a bien un enjeu de Santé Publique, où les dimensions collectives et individuelles sont liées à la pratique de tiers payant. Les services et structures de la CARMI Nord-Pas de Calais dans ce cadre pourraient les développer. L’ensemble de ces propositions est à mettre en relation avec l’émergence de nouveaux métiers. Il convient de développer les emplois liés à l’approche locale en répondant aux manques et aux besoins des habitants, en lien avec les usagers et les professionnels du territoire pour adapter l’offre aux besoins en associant la population à cette réflexion. Pour tendre à ce changement en dégageant des points d’équilibre tenant compte des évolutions, nous pensons que la CARMI Nord-Pas de Calais doit dépasser un paradoxe, celui de l’ouverture de l’offre de santé à d’autres publics tout en conservant la population minière. Nous avons tout au long de ce mémoire réfléchit à la conciliation des deux régimes qui n’en font plus qu’un alors que les affiliés miniers ont toujours fait l’objet d’une prise ne charge spécifique. Nous avons formulé des propositions pour que la restructuration qui s’opère soit une nouvelle avancée dans un cadre différent de la prise en charge des personnes âgées. 125 C’est tout l’enjeu d’une offre transversale qui est à concevoir avec l’accueil d’un nouveau public qui pourrait nécessiter une prise en charge médico-sociale dont nous avons l’expérience. Ce critère de faisabilité, s’inscrit dans les valeurs et les savoirs faire des équipes du Régime Minier. D’un Régime Spécial de Sécurité Sociale, le Régime Minier, la structure CARMI Nord-Pas de Calais peut aujourd’hui se marier au Régime Général de Sécurité Sociale. L’enjeu est de conserver ses valeurs autant que de garantir les droits de ses affiliés. Son principal atout est son savoir faire autour de la personne âgée ainsi que la culture de solidarité commune à ses professionnels et aux habitants du territoire. Je pense qu’il serait intéressant de poursuivre cette recherche par la réalisation d’une étude portant sur l’impact de la fin du régime minier dans la population, chez les professionnels axés sur les valeurs véhiculées par ce Régime de Sécurité Sociale et son ancrage dans la culture sociale du bassin de vie de Lens Liévin. 126 BIBLIOGRAPHIE Ouvrages ALBERTINI (J.M.), 1988, Bilan de l’économie française. 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Population du Nord Pas de Calais www.sante.sports.gouv.fr/2011-annee-des-patients-et-de-leurs-droits.html 129 INDEX DES SIGLES AHNAC Association Hospitalière Nord Artois Cliniques ANAES Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé ANGDM Agence Nationale pour la Garantie des Droits des Mineurs APA Allocation Personnalisée à l’Autonomie ARH Agence Régionale de l'Hospitalisation ARS Agence Régionale de Santé AT MP Accident du Travail, Maladie Professionnelle CALL Communauté d’Agglomération de Lens Liévin CANSSM/CAN Caisse Autonome Nationale de Sécurité Sociale dans les Mines CARMI Caisse Régionale Minière CAROM Caisse Autonome de Retraite des Ouvriers Mineurs CARSAT Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail CDC Caisse des Dépôts et Consignations CDF Charbonnages De France CEEA Communauté Européenne de l’Energie Atomique CEE Communauté Economique Européenne CECA Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier CLIC Centre Local d’Information et de Coordination CNAM Caisse Nationale d’Assurance Maladie CODIR Comité de Direction COG Convention d’Objectifs et de Gestion CPG Contrat Pluriannuel de Gestion CPOM Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens 130 CROMAL Caisse de Retraite des Ouvriers Mineurs d’Alsace Lorraine DEIS Diplôme d’Etat d’Ingénierie Sociale EDF Electricité de France EHSPAL Etablissement d’Hébergement et de Soins pour Personnes Agées de Liévin GPEC Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences GIR Groupe Iso Ressources HAS Haute Autorité de Santé HBNPC Houillères des Bassins du Nord Pas de Calais HPST Loi « Hôpital, Patients, Santé et Territoires » INSEE Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques IRTS Institut Régional du Travail Social MDS Maison De la Solidarité PMI Protection Maternelle et Infantile PNS Projet National de Santé PRS Projet Régional de Santé PTS Programme Territorial de Santé RH Ressources Humaines RNOGCS Regroupement National des Organisations Gestionnaires de Centres de Santé SAP Services A la Personne SSAD Service d’Aide à la personne A Domicile SSIAD Services de Soins Infirmiers A Domicile SSM Société de Secours Minière SSR Soins de Suite et de Réadaptation URSSM Union Régionale de Sociétés de Secours Minières 131 LISTE DES ANNEXES Annexe 1 : schéma du Régime Minier et organigramme de la CANSSM Source : rapport d’activité du Régime Minier 2009, CANSSM, Paris Annexe 2 : Répartition des CARMI en France Source : rapport d’activité du Régime Minier 2009, CANSSM, Paris Annexe 3 : organigramme de la CARMI Nord Pas De Calais Source : livret d’accueil des stagiaires, document en projet, 2010 Annexe 4 : le découpage des territoires de la CARMI Nord Pas De Calais Source : document interne, 2008 Annexe 5 : grille d’entretien exploratoire Annexe 6 : le territoire de Lens Liévin Source : document interne, 2008 Annexe 7 : la population minière au 31/12/09 Source : CARMI Nord Pas De Calais, Lens Annexe 8 : le bassin houiller à la fin du XIXè siècle Source : les trois âges de la mine, avril 2007, collections Les Patrimoines, la Voix du Nord Editions, Centre Historique Minier de Lewarde Annexe 9 : la répartition des effectifs par CARMI et le budget du Régime Minier Source : rapport d’activité du Régime Minier 2009, CANSSM, Paris Annexe 10 : Etat des lieux général des effectifs au régime minier au 31/12/09 Source : Direction des Ressources Humaines du réseau, CANSSM, Paris, 21 juillet 2010 132 Annexe 11 : Convention d’Objectifs et de Gestion 2008 - 2011 Source : CANSSM, Paris Annexe 12 : Contrats Pluriannuels de Gestion 2008 Ŕ 2011 Source : CARMI Nord Pas De Calais, Lens Annexe 13 : l’offre de santé de la CARMI Nord Pas De Calais Source : rapport d’activité du Régime Minier 2009, CANSSM, Paris Annexe 14 : Répartition des Oeuvres sur Lens Liévin au 31/12/09 Source : CARMI Nord Pas De Calais, Lens Annexe 15 : Les personnes interviewées Annexe 16 : Grilles d’entretien et 16 bis Annexe 17 : La population du territoire de l’antenne sur les 24 communes étudiées Annexe 18 : Répartition par tranche d’âge de la population globale de l’antenne sur les 24 communes étudiées Source : INSEE, 2006 Annexe 19 : Taux d’imposition de la population globale de l’antenne sur les 24 communes étudiées Source : INSEE, 2006 133 134 135 136 137 138 139 140 ANNAY 214 Célibataire H F Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F H F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F 00 - 1 an F F 1 1 - 4 ans 5 - 9 ans 1 10 - 14 ans 15 - 19 ans 9 1 Total H F 0 1 0 0 1 1 2 0 2 4 9 4 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 1 35 - 39 ans 40 - 44 ans 1 45 - 49 ans 3 50 - 54 ans 1 4 1 1 0 1 0 4 1 5 9 3 6 2 60 - 64 ans 1 4 3 2 5 5 65 - 69 ans 1 4 8 3 5 11 70 - 74 ans 1 9 10 6 10 16 75 - 79 ans 4 16 12 11 7 4 1 1 1 1 1 0 1 85 - 89 ans 1 1 0 55 - 59 ans 80 - 84 ans 1 0 18 20 30 20 12 27 15 6 16 141 90 - 94 ans 95 - 99 ans 1 1 1 5 2 1 1 1 0 0 81 133 100 ans et + Total 20 6 56 51 2 ANNEQUIN Célibataire H F 0 2 71 0 F H 0 0 2 1 3 0 0 5 109 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 1 0 0 2 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 0 0 10 - 14 ans F 1 15 - 19 ans 2 35 - 39 ans 40 - 44 ans 1 45 - 49 ans 50 - 54 ans 1 1 1 0 0 1 1 0 0 1 2 3 1 7 7 8 9 11 6 16 55 - 59 ans 60 - 64 ans 0 1 1 1 65 - 69 ans 1 4 70 - 74 ans 7 2 75 - 79 ans 6 5 80 - 84 ans 7 4 1 16 9 21 85 - 89 ans 3 1 2 10 5 11 90 - 94 ans 3 0 3 95 - 99 ans 3 0 3 1 100 ans et + Total 1 1 1 0 0 26 18 0 ARLEUX EN GOHELLE Célibataire H F 5 54 1 F H 1 0 1 1 2 0 0 1 0 33 76 16 Marié H 0 F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 0 0 10 - 14 ans 15 - 19 ans 1 0 1 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 0 0 40 - 44 ans 45 - 49 ans 1 1 50 - 54 ans 55 - 59 ans 1 1 60 - 64 ans 65 - 69 ans 1 70 - 74 ans 142 1 1 0 0 1 1 0 0 0 1 0 0 75 - 79 ans 80 - 84 ans 1 85 - 89 ans 1 2 1 0 1 3 1 2 1 2 2 90 - 94 ans 1 0 2 95 - 99 ans 0 0 100 ans et + 0 0 6 10 Total 4 1 2 4 0 AUCHY LES MINES Célibataire H F 0 5 0 F H 0 0 0 0 0 0 0 208 Marié H 0 F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 0 0 5 - 9 ans 10 - 14 ans 1 15 - 19 ans 20 - 24 ans 1 0 1 0 0 0 1 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 40 - 44 ans 0 0 45 - 49 ans 0 0 0 2 3 0 3 6 50 - 54 ans 1 55 - 59 ans 60 - 64 ans 1 1 65 - 69 ans 70 - 74 ans 1 3 4 75 - 79 ans 4 1 1 1 7 6 1 5 8 11 9 10 2 11 15 21 14 12 5 17 19 29 80 - 84 ans 5 8 3 4 22 17 25 85 - 89 ans 1 3 3 4 26 8 29 7 1 7 2 0 2 90 - 94 ans 1 95 - 99 ans 100 ans et + Total 11 2 46 39 1 AVION 16 91 0 F H 0 0 1 0 0 0 0 H F 1 1 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F 1 - 4 ans 5 - 9 ans 0 0 74 134 1358 Célibataire 00 - 1 an 1 2 10 - 14 ans 16 15 - 19 ans 22 17 20 - 24 ans 6 2 4 Total H F 1 1 0 0 4 2 2 2 18 2 3 1 25 18 1 6 3 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 1 0 1 35 - 39 ans 1 0 1 40 - 44 ans 2 45 - 49 ans 1 50 - 54 ans 55 - 59 ans 1 1 14 1 4 19 4 16 27 7 1 2 2 1 143 0 2 1 15 4 25 20 36 60 - 64 ans 2 39 56 65 - 69 ans 2 58 36 70 - 74 ans 14 68 53 1 1 1 3 16 2 1 26 1 10 60 1 2 75 - 79 ans 16 63 52 11 123 80 - 84 ans 24 48 31 12 134 85 - 89 ans 10 15 6 8 102 90 - 94 ans 1 4 2 8 34 95 - 99 ans 1 2 1 49 1 1 1 1 1 1 6 100 ans et + Total 115 24 317 300 2 BAILLEUL SIRE BERTHOULT Célibataire H F Marié H F 0 53 512 8 2 4 3 12 6 0 0 73 63 62 94 113 94 176 85 166 33 108 13 37 1 6 0 0 511 847 10 Concubin H F Veuf H Séparé F H F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 40 - 44 ans 0 0 45 - 49 ans 0 0 50 - 54 ans 0 0 55 - 59 ans 0 0 60 - 64 ans 1 1 1 1 0 0 1 1 1 1 0 1 1 1 65 - 69 ans 70 - 74 ans 1 75 - 79 ans 80 - 84 ans 1 1 85 - 89 ans 0 3 90 - 94 ans 3 0 0 95 - 99 ans 0 0 0 0 3 7 100 ans et + Total 0 0 3 2 0 0 BENIFONTAINE Célibataire H F 0 5 0 F H 0 0 0 0 0 0 0 7 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 40 - 44 ans 0 0 144 45 - 49 ans 0 0 50 - 54 ans 0 0 55 - 59 ans 0 0 60 - 64 ans 1 1 65 - 69 ans 1 1 0 0 70 - 74 ans 1 0 1 75 - 79 ans 3 0 3 80 - 84 ans 1 0 1 85 - 89 ans 0 0 90 - 94 ans 0 0 95 - 99 ans 0 0 100 ans et + 0 0 1 6 Total 0 0 1 1 0 BILLY BERCLAU Célibataire H F 0 0 5 0 0 0 0 0 0 0 0 72 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F H F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 40 - 44 ans 0 0 45 - 49 ans 0 0 50 - 54 ans 0 0 55 - 59 ans 1 60 - 64 ans 65 - 69 ans 70 - 74 ans 0 2 1 0 3 2 5 7 2 7 1 14 7 16 2 15 4 15 5 0 6 3 0 3 1 1 1 75 - 79 ans 80 - 84 ans 1 0 2 2 2 2 4 85 - 89 ans 2 2 90 - 94 ans 1 95 - 99 ans 100 ans et + Total 1 3 0 11 7 0 BOUVIGNIES BOYEFFLES Célibataire H F 3 48 0 F H 0 0 0 0 0 0 0 0 1 17 55 115 Marié H 0 F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 145 30 - 34 ans 35 - 39 ans 1 40 - 44 ans 1 45 - 49 ans 1 0 0 0 1 0 1 0 1 50 - 54 ans 1 1 1 1 55 - 59 ans 2 3 2 3 60 - 64 ans 2 2 3 3 65 - 69 ans 2 1 8 12 3 10 9 14 8 2 15 9 17 3 1 13 4 14 90 - 94 ans 7 0 7 95 - 99 ans 2 0 2 1 75 - 79 ans 1 80 - 84 ans 85 - 89 ans 1 1 4 7 9 1 5 70 - 74 ans 2 1 3 1 100 ans et + Total 2 3 31 21 0 BULLY LES MINES Célibataire H 3 53 2 0 0 0 0 0 0 0 0 38 77 1137 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F H F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F H F 0 0 1 - 4 ans 0 0 2 10 - 14 ans F F Total 00 - 1 an 5 - 9 ans F 0 0 1 3 1 2 1 1 3 10 15 - 19 ans 8 10 8 20 - 24 ans 3 1 3 1 0 0 0 0 0 2 25 - 29 ans 30 - 34 ans 35 - 39 ans 1 40 - 44 ans 1 45 - 49 ans 1 50 - 54 ans 55 - 59 ans 60 - 64 ans 2 65 - 69 ans 1 1 2 1 4 1 2 1 6 1 13 4 12 1 1 4 14 14 14 1 16 19 16 18 1 11 2 18 33 23 22 3 12 1 28 34 1 56 99 1 87 187 70 190 1 1 1 1 1 70 - 74 ans 1 49 48 4 51 75 - 79 ans 3 75 48 8 138 80 - 84 ans 5 2 53 26 12 162 85 - 89 ans 1 1 30 17 7 123 38 142 90 - 94 ans 1 6 2 4 27 11 29 13 1 13 95 - 99 ans 1 3 1 1 1 100 ans et + Total 24 21 272 213 2 CAMBRIN Célibataire H F 1 39 544 2 F H 1 5 11 0 1 1 0 0 0 345 792 36 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 146 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 40 - 44 ans 0 0 45 - 49 ans 0 0 50 - 54 ans 1 55 - 59 ans 60 - 64 ans 1 65 - 69 ans 1 2 1 1 0 0 0 1 2 2 0 1 3 0 4 1 4 2 5 7 0 7 3 1 3 1 4 2 95 - 99 ans 1 0 1 100 ans et + 1 0 1 11 25 70 - 74 ans 75 - 79 ans 2 80 - 84 ans 85 - 89 ans 1 90 - 94 ans 1 Total 2 1 0 7 1 5 2 0 CUINCHY Célibataire H F 0 2 20 0 0 0 0 0 0 0 0 68 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F H F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 0 0 0 2 2 0 40 - 44 ans 45 - 49 ans 2 50 - 54 ans 2 55 - 59 ans 2 2 2 2 60 - 64 ans 1 2 1 2 0 0 65 - 69 ans 70 - 74 ans 1 4 1 75 - 79 ans 1 3 3 4 1 7 4 11 80 - 84 ans 6 3 1 9 7 12 2 1 10 2 11 1 2 1 3 1 0 1 0 0 23 45 85 - 89 ans 90 - 94 ans 1 95 - 99 ans 100 ans et + Total 2 0 19 15 0 DOUVRIN Célibataire H F 0 2 30 0 F H 0 0 0 0 0 0 0 100 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F 00 - 1 an 147 Total H F 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 0 2 20 - 24 ans 15 - 19 ans 2 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 1 0 1 0 0 2 0 2 1 0 1 1 1 1 2 1 2 40 - 44 ans 45 - 49 ans 50 - 54 ans 55 - 59 ans 1 60 - 64 ans 1 65 - 69 ans 1 4 4 70 - 74 ans 1 8 3 5 3 3 3 75 - 79 ans 80 - 84 ans 2 85 - 89 ans 2 1 90 - 94 ans 3 22 19 0 ELEU DIT LEAUWETTE Célibataire H 20 6 23 18 3 18 1 5 1 5 2 0 2 6 45 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 33 67 146 Marié F H Séparé F H F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total F 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 1 0 1 1 1 1 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 1 0 35 - 39 ans H Veuf 0 1 F Concubin H 15 - 19 ans H 3 00 - 1 an 10 - 14 ans F 0 3 5 1 95 - 99 ans 5 4 2 100 ans et + Total 5 11 1 40 - 44 ans 0 0 2 0 2 1 1 1 2 45 - 49 ans 50 - 54 ans 1 55 - 59 ans 60 - 64 ans 1 65 - 69 ans 70 - 74 ans 1 2 3 4 1 3 1 2 3 4 5 1 1 3 4 9 12 15 1 11 13 21 1 19 7 19 4 13 6 17 6 1 12 6 75 - 79 ans 4 8 10 80 - 84 ans 2 4 85 - 89 ans 6 90 - 94 ans 1 0 7 95 - 99 ans 0 0 100 ans et + 0 0 49 97 Total 8 FARBUS 3 37 38 1 0 3 55 0 0 0 1 0 0 0 0 17 148 Célibataire H F Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F H F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 40 - 44 ans 0 0 45 - 49 ans 0 0 0 2 0 0 1 0 1 50 - 54 ans 1 1 55 - 59 ans 60 - 64 ans 1 65 - 69 ans 1 0 70 - 74 ans 1 0 1 4 0 0 4 1 1 1 75 - 79 ans 1 2 1 80 - 84 ans 85 - 89 ans 4 1 1 90 - 94 ans 1 0 95 - 99 ans 1 0 1 0 0 6 11 100 ans et + Total 2 0 3 4 0 GIVENCHY EN GOHELLE Célibataire H F 1 6 0 1 0 0 0 0 0 0 66 Marié H 0 F Concubin H F Veuf H Séparé F H F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 0 0 0 1 0 1 40 - 44 ans 45 - 49 ans 1 50 - 54 ans 1 55 - 59 ans 1 1 60 - 64 ans 1 1 65 - 69 ans 70 - 74 ans 1 75 - 79 ans 1 80 - 84 ans 85 - 89 ans 1 1 1 2 3 2 1 0 4 2 3 5 5 3 4 5 3 10 8 3 9 9 12 3 1 7 1 4 8 90 - 94 ans 0 0 95 - 99 ans 0 0 100 ans et + 0 0 23 43 Total 1 1 2 2 20 15 0 0 1 25 0 0 0 1 0 0 0 0 149 GIVENCHY LES LA BASSEE Célibataire H F Marié H F 14 Concubin H F Veuf H Séparé F H F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 40 - 44 ans 0 0 45 - 49 ans 0 0 50 - 54 ans 0 0 55 - 59 ans 0 0 60 - 64 ans 0 0 65 - 69 ans 0 0 1 1 1 1 0 1 4 1 7 1 70 - 74 ans 1 75 - 79 ans 80 - 84 ans 1 85 - 89 ans 2 3 2 1 90 - 94 ans 0 0 95 - 99 ans 0 0 100 ans et + Total 0 0 4 3 0 GRENAY 0 7 0 F H 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4 10 285 Célibataire H 0 Marié F H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 0 1 3 0 15 - 19 ans H Concubin H 10 - 14 ans F 1 3 20 - 24 ans 1 0 1 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 40 - 44 ans 0 0 0 3 45 - 49 ans 50 - 54 ans 2 1 55 - 59 ans 5 4 5 13 1 1 2 1 4 60 - 64 ans 2 12 16 8 1 65 - 69 ans 1 29 21 3 24 1 70 - 74 ans 3 30 22 7 46 75 - 79 ans 2 38 31 5 81 80 - 84 ans 1 31 18 6 91 9 5 6 62 1 1 1 15 85 - 89 ans 90 - 94 ans 1 1 1 1 1 6 8 5 18 17 24 35 45 1 41 68 1 46 112 38 110 16 67 3 16 1 1 150 95 - 99 ans 2 0 100 ans et + Total 14 3 160 133 1 HAISNES Célibataire H 28 335 4 2 2 1 1 0 0 0 0 210 475 203 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F H F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans F 1 2 0 1 1 0 0 0 3 0 0 1 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 0 1 40 - 44 ans 0 0 45 - 49 ans 0 0 10 - 14 ans 15 - 19 ans 3 20 - 24 ans 1 35 - 39 ans 1 50 - 54 ans 4 1 0 5 5 55 - 59 ans 4 4 1 4 60 - 64 ans 5 4 1 5 5 65 - 69 ans 5 6 1 9 6 15 70 - 74 ans 3 8 9 5 11 14 75 - 79 ans 3 12 9 1 25 16 34 80 - 84 ans 2 7 7 2 27 11 34 85 - 89 ans 2 4 1 20 7 20 2 1 3 1 0 1 0 0 65 138 90 - 94 ans 1 1 95 - 99 ans 100 ans et + Total 14 1 46 45 0 HULLUCH Célibataire H F 0 5 92 0 F H 0 0 0 0 0 0 0 232 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé Divorcé Non rens. Orphelin H H H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 1 0 15 - 19 ans F F F Total H 10 - 14 ans F 1 3 0 20 - 24 ans 3 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 40 - 44 ans 0 0 0 0 1 3 45 - 49 ans 50 - 54 ans 1 3 55 - 59 ans 3 4 3 3 7 4 60 - 64 ans 3 2 2 3 65 - 69 ans 1 8 4 5 9 9 70 - 74 ans 2 9 10 3 8 14 18 75 - 79 ans 2 15 13 2 28 20 41 1 151 80 - 84 ans 2 85 - 89 ans 90 - 94 ans 13 3 4 30 19 34 2 2 1 23 3 25 7 2 7 1 5 2 95 - 99 ans 1 1 5 100 ans et + Total 12 0 55 41 0 LENS 0 10 111 1 1 0 0 1 0 0 0 H F Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F H F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F 00 - 1 an F F 1 1 5 - 9 ans 8 10 - 14 ans 15 - 19 ans 20 - 24 ans 153 Total H F 1 0 1 2 2 2 5 4 1 12 6 25 30 3 28 30 59 63 4 1 63 64 15 11 2 2 17 13 0 0 0 2 0 1 25 - 29 ans 30 - 34 ans 1 1 35 - 39 ans 1 40 - 44 ans 7 45 - 49 ans 1 50 - 54 ans 3 2 2 29 12 52 1 1 1 1 4 1 2 1 1 1 45 77 60 - 64 ans 5 1 90 79 1 2 48 5 1 2 1 65 - 69 ans 6 118 76 1 5 66 2 3 1 2 70 - 74 ans 37 150 89 12 139 4 3 3 75 - 79 ans 51 1 117 115 18 259 80 - 84 ans 59 7 110 88 20 316 85 - 89 ans 35 2 52 28 22 250 90 - 94 ans 1 1 9 2 2 95 - 99 ans 1 3 55 - 59 ans 1 18 1 100 ans et + Total 0 79 3125 Célibataire 1 - 4 ans 0 307 125 706 643 4 LIEVIN 81 36 18 58 46 97 105 131 137 143 206 231 188 377 193 412 109 281 69 12 72 19 1 19 1 0 1 1142 1983 1 1 1 1 1 3 1 1192 14 F H 1 10 10 20 9 0 0 F Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F 00 - 1 an 1 - 4 ans 1 5 - 9 ans 7 4 2375 Célibataire H 3 1 0 2 10 - 14 ans 10 11 15 - 19 ans 34 18 20 - 24 ans 3 5 2 1 25 - 29 ans Total H F 0 0 1 0 0 2 12 11 34 19 3 5 0 0 1 30 - 34 ans 1 0 35 - 39 ans 1 0 1 3 7 40 - 44 ans 1 3 2 45 - 49 ans 1 2 13 50 - 54 ans 2 2 11 36 18 47 3 1 54 60 55 - 59 ans 60 - 64 ans 1 3 2 1 4 9 1 1 4 29 1 1 1 1 2 3 15 1 15 45 21 57 66 94 1 3 4 152 65 - 69 ans 5 70 - 74 ans 30 71 47 5 38 3 103 84 4 121 1 5 75 - 79 ans 40 95 93 22 236 2 1 80 - 84 ans 56 85 - 89 ans 25 2 87 67 20 266 1 3 40 28 14 215 1 90 - 94 ans 6 4 7 4 95 - 99 ans 1 1 1 1 100 ans et + Total 1 2 84 88 143 208 161 329 164 338 81 246 67 14 74 25 2 25 1 1 1 1 1 1 3 216 46 489 486 2 LOISON 74 1014 10 F H 2 9 14 7 3 0 0 0 3 807 1568 223 Célibataire H 3 F Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 1 1 1 15 - 19 ans 2 1 2 0 20 - 24 ans 1 1 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 0 0 40 - 44 ans 45 - 49 ans 50 - 54 ans 1 1 55 - 59 ans 60 - 64 ans 1 65 - 69 ans 1 0 1 3 4 2 3 3 7 4 7 5 3 4 6 7 7 4 4 7 8 9 8 10 15 18 1 70 - 74 ans 5 75 - 79 ans 9 8 11 20 17 31 80 - 84 ans 7 10 10 1 28 18 38 85 - 89 ans 2 3 2 3 22 8 25 1 1 1 90 - 94 ans 0 1 95 - 99 ans 0 0 100 ans et + 0 0 82 141 Total 29 2 47 49 0 LOOS EN GOHELLE Célibataire H F 5 90 0 F H 0 1 0 0 0 0 0 316 Marié H 0 F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F 00 - 1 an 1 - 4 ans 1 5 - 9 ans 1 10 - 14 ans 1 15 - 19 ans 1 20 - 24 ans 1 1 25 - 29 ans 30 - 34 ans 1 1 35 - 39 ans 40 - 44 ans 1 45 - 49 ans 153 Total H F 0 0 1 0 0 1 1 0 1 1 1 0 0 0 0 2 0 0 0 1 0 0 50 - 54 ans 1 55 - 59 ans 1 6 60 - 64 ans 9 4 8 5 1 3 1 7 1 10 5 1 8 9 65 - 69 ans 2 4 8 4 7 12 70 - 74 ans 4 12 9 16 16 25 75 - 79 ans 7 18 15 1 33 26 48 80 - 84 ans 6 9 7 3 40 18 49 85 - 89 ans 2 2 1 3 3 39 8 39 90 - 94 ans 2 2 10 4 10 95 - 99 ans 1 4 1 4 100 ans et + Total 26 4 66 56 0 MAZINGARBE Célibataire H F 0 9 150 1 F H 0 0 2 1 1 0 0 0 0 103 213 697 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 0 0 1 0 1 1 1 00 - 1 an 1 - 4 ans 1 5 - 9 ans 1 10 - 14 ans 1 1 1 1 15 - 19 ans 1 3 1 3 0 0 0 0 20 - 24 ans 25 - 29 ans 30 - 34 ans 1 0 1 0 0 3 0 4 4 0 4 3 14 3 11 17 19 35 - 39 ans 40 - 44 ans 1 45 - 49 ans 50 - 54 ans 2 2 9 55 - 59 ans 1 2 6 60 - 64 ans 1 65 - 69 ans 70 - 74 ans 3 75 - 79 ans 1 80 - 84 ans 1 85 - 89 ans 2 1 90 - 94 ans 2 1 1 1 4 12 11 2 8 17 19 4 12 1 28 20 6 40 1 46 31 7 85 31 19 11 96 12 6 1 2 3 1 1 2 22 31 40 60 54 118 44 115 75 13 82 1 1 15 3 18 95 - 99 ans 11 0 11 100 ans et + 1 0 1 203 494 Total 9 13 152 131 2 0 MAZINGHEM Célibataire H F 32 349 3 F H 0 3 1 2 0 0 0 1 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 154 35 - 39 ans 0 0 40 - 44 ans 0 0 45 - 49 ans 0 0 50 - 54 ans 0 0 55 - 59 ans 0 0 60 - 64 ans 0 0 65 - 69 ans 0 0 70 - 74 ans 0 0 75 - 79 ans 0 0 1 0 85 - 89 ans 0 0 90 - 94 ans 0 0 95 - 99 ans 0 0 0 0 1 0 80 - 84 ans 1 100 ans et + Total 0 0 1 0 0 MEURCHIN Célibataire H F 0 0 0 0 F H 0 0 0 0 0 0 0 96 Marié H Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 0 1 0 0 0 2 40 - 44 ans F 1 45 - 49 ans 50 - 54 ans 2 55 - 59 ans 2 1 0 3 1 2 2 60 - 64 ans 2 1 65 - 69 ans 3 3 6 6 1 4 7 2 6 3 1 1 70 - 74 ans 2 75 - 79 ans 80 - 84 ans 4 85 - 89 ans 3 3 9 10 7 6 14 11 10 14 13 1 14 2 4 90 - 94 ans 0 2 95 - 99 ans 0 0 100 ans et + 0 0 31 65 Total 6 0 22 26 0 NOYELLES LES VERMELLES Célibataire H F Marié H F 0 3 39 0 F H 0 0 0 0 0 0 0 110 Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 1 0 15 - 19 ans 1 155 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 0 0 35 - 39 ans 40 - 44 ans 1 45 - 49 ans 2 50 - 54 ans 55 - 59 ans 1 0 0 0 1 2 2 1 1 2 3 3 65 - 69 ans 1 2 1 2 2 4 70 - 74 ans 9 5 2 9 7 75 - 79 ans 3 2 11 5 11 80 - 84 ans 13 2 8 15 17 3 16 5 16 4 0 5 1 0 1 9 2 90 - 94 ans 1 95 - 99 ans 1 1 2 60 - 64 ans 85 - 89 ans 1 0 100 ans et + Total 1 2 32 18 0 PONT A VENDIN Célibataire H F 0 9 47 0 F H 0 1 0 0 0 0 0 1 5 - 9 ans 1 10 - 14 ans 1 0 67 82 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F 00 - 1 an 1 - 4 ans 0 43 1 1 Total H F 0 0 1 1 1 1 1 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 1 35 - 39 ans 1 40 - 44 ans 45 - 49 ans 50 - 54 ans 1 0 1 1 0 0 0 0 0 0 1 1 0 55 - 59 ans 1 60 - 64 ans 2 2 2 2 65 - 69 ans 2 3 2 2 5 3 6 8 9 70 - 74 ans 1 6 75 - 79 ans 1 9 80 - 84 ans 1 1 1 6 11 7 2 1 13 1 15 1 9 1 9 1 0 1 0 0 85 - 89 ans 90 - 94 ans 95 - 99 ans 100 ans et + Total 5 1 21 11 0 SAINS EN GOHELLE Célibataire H F 3 39 1 F H 0 0 0 0 1 0 0 F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F 00 - 1 an 1 - 4 ans 0 0 30 52 350 Marié H 0 2 156 Total H F 0 0 0 2 5 - 9 ans 2 0 2 2 2 2 2 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 0 4 1 0 1 1 10 - 14 ans 2 15 - 19 ans 2 40 - 44 ans 4 45 - 49 ans 1 50 - 54 ans 1 55 - 59 ans 60 - 64 ans 1 65 - 69 ans 1 2 2 1 11 6 7 1 1 4 1 1 5 1 3 3 15 8 12 70 - 74 ans 1 22 17 2 27 25 45 75 - 79 ans 1 25 16 6 39 32 55 80 - 84 ans 19 10 4 43 23 53 85 - 89 ans 6 2 5 23 90 - 94 ans 2 95 - 99 ans 100 ans et + Total 1 3 12 25 11 1 2 11 5 0 5 1 7 6 85 69 2 SOUCHEZ Célibataire H F 0 19 159 0 F H 0 1 1 1 0 0 0 1 0 115 235 120 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 0 1 15 - 19 ans F Total H 10 - 14 ans F 1 1 1 20 - 24 ans 1 1 0 0 25 - 29 ans 0 0 0 0 1 0 1 1 30 - 34 ans 35 - 39 ans 1 40 - 44 ans 1 1 45 - 49 ans 0 0 2 1 3 3 2 3 2 60 - 64 ans 1 2 1 2 65 - 69 ans 3 4 3 4 70 - 74 ans 4 8 1 5 9 50 - 54 ans 1 1 55 - 59 ans 1 1 75 - 79 ans 3 10 11 9 13 21 80 - 84 ans 5 6 5 10 11 15 85 - 89 ans 5 1 2 8 8 10 90 - 94 ans 2 0 2 95 - 99 ans 1 0 1 0 0 48 72 2 100 ans et + Total 16 3 29 37 THELUS Célibataire 0 0 3 31 0 0 0 0 0 1 0 0 28 Marié Concubin Veuf Séparé Divorcé Non rens. Orphelin 157 Total H 00 - 1 an F H F H F H F H F H F H F H F 1 H F 0 1 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 0 1 40 - 44 ans 0 0 45 - 49 ans 0 0 50 - 54 ans 0 0 35 - 39 ans 1 55 - 59 ans 1 60 - 64 ans 0 1 1 0 1 0 2 1 65 - 69 ans 1 70 - 74 ans 2 75 - 79 ans 1 1 80 - 84 ans 1 2 85 - 89 ans 2 2 3 2 3 3 3 5 1 3 0 0 95 - 99 ans 0 0 100 ans et + 0 0 9 19 2 1 6 8 1 2 90 - 94 ans Total 1 1 3 0 VENDIN LE VIEIL Célibataire H F 0 2 1 10 0 F H 0 0 0 0 0 0 0 460 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F 00 - 1 an F F 1 1 - 4 ans 5 - 9 ans 1 1 Total H F 1 0 1 0 1 1 1 2 10 - 14 ans 4 2 4 2 15 - 19 ans 7 8 7 8 20 - 24 ans 1 1 1 1 0 0 25 - 29 ans 30 - 34 ans 1 35 - 39 ans 1 40 - 44 ans 2 45 - 49 ans 1 50 - 54 ans 2 6 55 - 59 ans 8 10 1 1 0 1 1 0 0 2 0 2 2 6 1 9 11 12 60 - 64 ans 1 16 8 4 17 65 - 69 ans 2 10 11 7 12 18 70 - 74 ans 2 25 22 1 26 28 48 75 - 79 ans 6 20 11 3 32 29 44 1 80 - 84 ans 6 13 7 2 53 22 61 85 - 89 ans 10 9 5 4 53 23 58 90 - 94 ans 1 1 1 13 2 14 7 2 7 1 0 1 161 299 95 - 99 ans 1 1 100 ans et + Total 40 13 106 85 1 0 11 198 1 1 1 1 0 0 2 2 0 0 158 VERMELLES Célibataire H Marié F H F Veuf H Séparé F H F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 15 - 19 ans H Concubin H 10 - 14 ans F 318 1 1 20 - 24 ans 25 - 29 ans 30 - 34 ans 1 35 - 39 ans 40 - 44 ans 45 - 49 ans 1 50 - 54 ans 55 - 59 ans 1 60 - 64 ans 65 - 69 ans 1 1 1 1 1 4 6 7 2 0 1 1 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 2 1 2 1 1 6 3 8 10 11 12 2 5 13 17 70 - 74 ans 2 23 14 1 18 26 32 75 - 79 ans 1 22 12 5 26 28 38 15 10 4 42 19 53 6 2 3 33 10 35 1 3 7 3 8 3 0 3 0 0 110 208 80 - 84 ans 85 - 89 ans 1 90 - 94 ans 95 - 99 ans 1 100 ans et + Total 5 2 85 64 0 VIMY 20 139 0 F H 1 0 0 0 1 0 0 179 Célibataire H 1 F Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 40 - 44 ans 0 0 1 1 0 0 2 0 2 1 45 - 49 ans 1 1 50 - 54 ans 55 - 59 ans 1 1 60 - 64 ans 1 1 65 - 69 ans 1 3 5 70 - 74 ans 4 5 11 75 - 79 ans 5 17 10 80 - 84 ans 3 9 5 2 23 85 - 89 ans 4 3 2 1 25 1 90 - 94 ans 95 - 99 ans 1 1 2 1 4 7 11 15 22 24 14 29 8 27 7 2 7 2 0 2 4 1 14 1 159 100 ans et + Total 19 0 41 34 0 VIOLAINES Célibataire H F 0 5 78 1 F H 1 0 0 0 0 0 0 0 0 66 113 62 Marié H Concubin F H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans 0 0 10 - 14 ans 0 0 15 - 19 ans 0 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 40 - 44 ans 0 0 45 - 49 ans 0 0 50 - 54 ans 0 0 55 - 59 ans 0 0 65 - 69 ans H Veuf H 60 - 64 ans F 1 0 1 1 2 1 2 6 4 70 - 74 ans 2 3 1 75 - 79 ans 1 3 5 80 - 84 ans 1 6 1 85 - 89 ans 1 1 3 90 - 94 ans 1 2 4 7 1 10 8 11 1 10 3 10 1 3 1 3 1 0 1 0 0 23 39 95 - 99 ans 100 ans et + Total 5 0 14 10 0 WILLERVAL Célibataire H F 0 3 29 0 F H 0 1 0 0 0 0 0 20 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 0 0 5 - 9 ans 10 - 14 ans 2 15 - 19 ans 1 1 2 1 1 0 20 - 24 ans 0 0 25 - 29 ans 0 0 30 - 34 ans 0 0 35 - 39 ans 0 0 1 0 1 1 1 1 50 - 54 ans 0 0 55 - 59 ans 0 0 60 - 64 ans 0 0 40 - 44 ans 45 - 49 ans 1 65 - 69 ans 1 1 0 70 - 74 ans 1 1 0 1 2 1 4 75 - 79 ans 1 2 80 - 84 ans 1 1 3 160 85 - 89 ans 1 2 90 - 94 ans 1 2 0 0 95 - 99 ans 0 0 100 ans et + Total 5 1 4 5 0 WINGLES Célibataire H 0 5 0 F H 0 0 0 0 0 0 0 0 0 9 11 545 Marié H F Concubin H F Veuf H Séparé F Divorcé Non rens. Orphelin H H H F F F Total H F 00 - 1 an 0 0 1 - 4 ans 0 0 5 - 9 ans F 0 3 2 0 5 1 6 9 23 15 10 - 14 ans 6 8 15 - 19 ans 21 15 20 - 24 ans 6 1 2 25 - 29 ans 6 1 0 0 1 30 - 34 ans 1 0 35 - 39 ans 1 0 1 40 - 44 ans 2 0 3 45 - 49 ans 1 5 50 - 54 ans 5 12 3 55 - 59 ans 9 15 1 60 - 64 ans 15 7 65 - 69 ans 14 8 1 0 6 1 5 16 9 17 1 16 10 1 18 13 30 45 1 3 1 1 1 4 1 1 70 - 74 ans 3 25 20 1 25 75 - 79 ans 12 23 12 4 46 39 58 80 - 84 ans 9 19 21 8 54 36 75 85 - 89 ans 6 9 5 8 45 23 50 2 5 3 5 1 0 1 0 0 214 331 90 - 94 ans 1 95 - 99 ans 100 ans et + Total 63 27 120 109 1 1 24 188 0 1 2 0 4 5 0 0 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 ANGRES 0% 10% 0 à 14 ans 18% 15 à 29 ans 15% 30 à 44 ans 45 à 59 ans 16% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 22% 19% 90 ans et + ANNAY SOUS LENS 12% 7% 0% 0 à 14 ans 19% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 19% 24% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 19% 90 ans et + 183 AVION 12% 7% 0% 0 à 14 ans 22% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 60 à 74 ans 19% 20% 20% 75 à 89 ans 90 ans et + BENIFONTAINE 12% 4% 1% 0 à 14 ans 19% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 15% 28% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 21% 90 ans et + BOUVIGNY 12% 6% 0% 0 à 14 ans 20% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 16% 25% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 21% 90 ans et + 184 BULLY LES MINES 9% 1% 0 à 14 ans 19% 12% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 20% 19% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 20% 90 ans et + ELEU DIT LEAUWETTE 15% 5% 0% 0 à 14 ans 19% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 19% 22% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 20% 90 ans et + GIVENCHY EN GOHELLE 13% 6% 0% 0 à 14 ans 20% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 16% 24% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 21% 90 ans et + 185 GRENAY 11% 0% 7% 0 à 14 ans 24% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 60 à 74 ans 18% 20% 20% 75 à 89 ans 90 ans et + HULLUCH 11% 6% 0% 0 à 14 ans 22% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 17% 60 à 74 ans 20% 24% 75 à 89 ans 90 ans et + LENS 9% 1% 12% 0 à 14 ans 20% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 60 à 74 ans 18% 22% 18% 75 à 89 ans 90 ans et + 186 LIEVIN 11% 1% 7% 0 à 14 ans 21% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 60 à 74 ans 21% 21% 18% 75 à 89 ans 90 ans et + LOISON SOUS LENS 11% 5% 0% 0 à 14 ans 20% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 23% 22% 19% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 90 ans et + LOOS EN GOHELLE 12% 7% 0% 0 à 14 ans 20% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 20% 21% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 20% 90 ans et + 187 MAZINGARBE 8% 1% 11% 0 à 14 ans 22% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 60 à 74 ans 18% 19% 21% 75 à 89 ans 90 ans et + MEURCHIN 5% 0% 12% 0 à 14 ans 21% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 19% 20% 23% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 90 ans et + PONT A VENDIN 9% 5% 0% 24% 17% 0 à 14 ans 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 60 à 74 ans 23% 22% 75 à 89 ans 90 ans et + 188 SAINS EN GOHELLE 11% 5% 0% 0 à 14 ans 21% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 22% 20% 21% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 90 ans et + SOUCHEZ 13% 7% 0% 0 à 14 ans 19% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 16% 22% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 23% 90 ans et + VENDIN LE VIEIL 11% 6% 0% 0 à 14 ans 22% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 60 à 74 ans 19% 20% 22% 75 à 89 ans 90 ans et + 189 VIMY 1% 7% 13% 0 à 14 ans 17% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 18% 60 à 74 ans 75 à 89 ans 26% 18% 90 ans et + WINGLES 11% 7% 0% 0 à 14 ans 20% 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 60 à 74 ans 21% 21% 20% 75 à 89 ans 90 ans et + 190 191 AVION 35% 65% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés BENIFONTAINE 39% 61% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés 192 BOUVIGNY BOYEFFLES 45% 55% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés BULLY LES MINES 41% 59% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés ELEU DIT LEAUWETTE 47% 53% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés 193 GIVENCHY EN GOHELLE 40% 60% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés GRENAY 32% 68% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés HULLUCH 42% 58% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés 194 LENS 38% 62% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés LIEVIN 36% 64% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés LOISON SOUS LENS 44% 56% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés 195 LOOS EN GOHELLE 44% 56% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés MAZINGARBE 34% 66% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés MEURCHIN 45% 55% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés 196 SAINS EN GOHELLE 40% 60% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés SOUCHEZ 44% 56% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés VENDIN LE VIEIL 44,8 55,2 Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés 197 VIMY 41,2 58,8 Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés WINGLES 41% 59% Foyers fiscaux imposés Foyers fiscaux non imposés 198 NOM : CUVILLIER Ep.HERBAUT PRENOM : VALERIE JANINE DATE DU JURY : 18 mars 2011 FORMATION : Diplôme d’Etat d’Ingénierie Sociale (DEIS) TITRE : « l’avenir du Régime Minier et de son expérience en matière de gérontologie » RESUME : L’histoire de l’exploitation minière s’étend dans la Région Nord Pas de Calais de 1720 à 1990. Ce sont les mineurs qui obtiennent la mise en place du Régime Minier. Le système de protection sociale s’est développée avec une offre de santé médico-sociale prenant en charge initialement les travailleurs, puis les familles et plus récemment les populations âgées. Depuis 1960, l’industrie charbonnière est en récession. C’est en 1990 que le dernier puits de mine dans la région est fermé, et la question du financement du régime est posée. Comment le Régime Minier pourra dans la durée proposer une activité de qualité pour la population âgée prise en charge ? Les réformes mises en place par l’Etat conduisent à la restructuration de l’organisation du régime au niveau national, régional et local. Nous sommes à présent confrontés à l’ouverture de la majorité des structures et services à toute la population modifiant aussi le rôle de chacun dans l’organisation. Les enjeux sont importants pour la pérennité du Régime Minier dans de nombreux domaines, particulièrement en terme d’emplois, de patrimoine culturel et historique, mais aussi pour la Région Nord Pas de Calais qui connaît les indicateurs de santé les plus mauvais en France. Les changements liés à la transformation du Régime Minier touchent sa structure, son personnel et les affiliés miniers. Nous passons d’un Régime de sécurité sociale autonome, à un organisme étroitement lié au Régime Général de Sécurité Sociale dont les habitudes et les méthodes sont différentes. A partir de ces éléments, nous avons posé l’hypothèse suivante : La CARMI Nord Pas de Calais est confronté à un changement profond, elle pourrait franchir cette étape décisive pour son avenir en raison de son expérience dans la prise en charge de la personne âgée. Nous nous appuyons sur quatre concepts : l’avenir, le Régime Minier, la prise en charge de la personne en perte d’autonomie et le changement. Nous faisons des propositions d’action permettant de mettre en perspective la question de recherche dans un contexte de changement organisationnel et fondamental en lien avec la population sur un territoire. MOTS CLES : Régime Minier, avenir, prise en charge de la personne âgée, changement NOMBRE DE PAGES : 121 VOLUME ANNEXES : 63 CENTRE DE FORMATION : Institut Régional du Travail Social Nord Pas de Calais 199