Full Text-1 - African Index Medicus
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Rev. Int. Sc. Méd. Vol. 8, n°2, 2006, pp. 18-22D.A., GNIONSAHE D.A., TIA W.M. LAGOU © EDUCI 2006 L'INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE CHEZ L'ENFANT EN MILIEU HOSPITALIER EN CÔTE D'IVOIRE : ÉTUDE DE 24 CAS LAGOU D.A.1, GNIONSAHE D.A.2, TIA W.M.1 1- Assistant chef de clinique 2- Maître de conférence, chef de service Service de Néphrologie, CHU Yopougon, Abidjan-Côte d'Ivoire Correspondance : Dr LAGOU Delphine Amélie, Service de Néphrologie, CHU de Yopougon 21 BP 632 Abidjan 21 Côte d'Ivoire Tel : (225) 23 53 75 69 / Fax : (225) 23 53 75 60 E. mail : [email protected] RESUME SUMMARY L'insuffisance rénale chronique est peu fréquente chez l'enfant. Les traitements de suppléance que sont la dialyse et la transplantation ont amélioré le pronostic de cette affection. L'objectif de ce travail princeps ivoirien était de décrire les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, biologiques de l'insuffisance rénale chronique chez l'enfant afin d'évaluer les possibilités de prise en charge. C'est une étude rétrospective (Janvier 1992 à Décembre 1997) réalisé dans le service de néphrologie du CHU de Yopougon à Abidjan. Le diagnostic d'IRC a été posé devant l'élévation permanente de la créatinine plasmatique observée sur une période 2 mois et définie comme une valeur supérieure à 80 mol/l pour les enfants de 0 à 2 ans et supérieure à 115 mol/l pour les enfants de plus de 2 ans. Les enfants âgés de 0-15 ans sans distinction de sexe ont été inclus dans l'étude. 24 cas d'IRC (11 garçons et 13 filles) dont l'âge moyen était de 12,91 2,34 ans (8-15 ans) ont été colligés. 87,5% de ces enfants ont été reçus au stade terminal de l'IRC. L'étiologie principale était représentée par les néphropathies glomérulaires (75%) suivies des néphropathies interstitielles (8,33%) et enfin 16,67% de causes indéterminées. Seulement 5 enfants sur les 21 en IRC terminale, soit 23,8% ont pu bénéficié de l'épuration extra rénale. L'acquisition de moyens humains, de méthodes et techniques adéquates pour le traitement de l'IRC permettra à l'enfant ivoirien de bénéficier des progrès actuels en matière de traitement et de prise en charge de l'IRC. The chronic renal failure (CRF) is less frequent in children. The progresses of dialysis and kidney graft improve the prognosis of this disease. The aim of this Ivorian first study was to describe epidemiological, clinical, biological features of CRF in children and identify particularities for possibilities of management. That retrospective study was carries out from January 1992 to December 1997 in the Department of Nephrology -CHU de Yopougon, Abidjan. CRF diagnostic was made to detect permanent increase of plasmatic creatinine observed over a period 02 months and greater than 80 µmol/l for children from 0 to 2 years, greater than 115 µmol/l for children over 02. Children from 0 to 15 years were included in the study without sex distinction. 24 CRF cases (11 boys and 13 girls) aged 8-15 (mean age: 12.91 2.34 years) cases were collected. CRF frequency in children was 17.39% of infant pathologies.87.5% of those children received were at end-stage renal disease (ESRD). Main aetiology was represented by glomular nephropathies (75%), interstitial nephropathies (8.33%), and eventually 16.67% of undetermined causes. Only 5 children out of 21 in TRF, 23.8% could benefit from the extra renal epuration treatment Acquisition of human resources, methods and thorough techniques for CRF treatment in order could help Ivorian children take advantage of current progress as regards CRF treatment and management. KEY WORDS : CHILDREN, CHRONIC RENAL FAILURE (CRF), HEMODIALYSIS MOTS-CLÉS : ENFANT, INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE, HÉMODIALYSE. Rev. Int. Sc. Méd. Vol. 8, n°2, 2006, pp. 18-22 © EDUCI 2006 18 L'insuffisance rénale chronique chez l'enfant en milieu hospitalier en côte d'ivoire : étude de 24 cas INTRODUCTION II- RESULTATS L'insuffisance rénale chronique (IRC) se définit comme une altération progressive et irréversible des fonctions rénales et se traduit par la baisse du débit de filtration glomérulaire. Elle peut survenir chez l'enfant, même très jeune 7. L'IRC est un problème peu courant en pédiatrie6, cependant son diagnostic est important compte tenu des progrès importants réalisés dans le traitement de cette affection avec les méthodes de suppléance que sont la dialyse et surtout la transplantation rénale. Ainsi, le développement des programmes de dialyse et de transplantation rénale dans les pays occidentaux a conduit à des études évaluant surtout la fréquence de l'IRC terminale chez les enfants. Les diverses statistiques en France et aux USA s'accordent pour estimer l'incidence annuelle à 6 à10 cas d'insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) par million d'enfant avec un pic d'incidence chez les enfants de plus de 9 ans1,2,6,7. Nous avons colligé durant la période d'étude 24 cas d'IRC chez les enfants soit en moyenne 4 cas par an. L'IRC représentait 17,39% des pathologies des enfants hospitalisés dans le service de Néphrologie et 2,85% de l'ensemble des 841cas d'IRC colligés dans le service de Néphrologie durant cette période. Parmi ces patients, 21, soit 87,5% étaient en IRC terminale. En Côte d'Ivoire, aucune donnée n'existe. Nous avons donc entrepris ce premier travail sur l'IRC de l'enfant dont l'objectif était d'identifier les particularités afin de dégager les possibilités de prise en charge. I- PATIENTS ET METHODES Il s'agit d'une étude rétrospective, réalisée à partir des dossiers des patients hospitalisés dans le Service de Néphrologie du CHU de Yopougon entre janvier 1992 et décembre 1997, soit une période de 6 ans. Cette étude a porté sur les enfants atteints d'IRC. Les critères de diagnostic de l'IRC ont été les suivants : une augmentation permanente de la créatininémie observée pendant une période 2 mois définie comme une valeur 80 mol/l (9 mg/l) pour les enfants de 0 à 2 ans et 115 mol/l (13 mg/l) pour les enfants de plus de 2 ans, associée ou non à des signes cliniques rénaux. Lorsque la créatininémie était 500 mol/l (57mg/l) chez les enfants âgés de 0 à 2 ans et 800 mol/l (90 mg/l) chez les enfants de plus de 2 ans, alors l'IRC était dite terminale. Les enfants âgés de 0 à 15 ans, sans distinction de sexe, présentant une IRC ont été retenus pour cette étude. Les paramètres étudiés ont été : la fréquence de l'IRC, l'âge et le sexe des patients, l'étiologie, les traitements effectués et l'évolution de l'IRC. Rev. Int. Sc. Méd. Vol.8, n°2, 2006, pp. 18-22 © EDUCI 2006 L'âge moyen de nos patients était de 12,91 2,34 ans (8-15 ans). La tranche d'âge la plus touchée était celle de 10-15 ans avec 83,33% des cas, suivie de celles de 5-9 ans (16,67%) des cas. Il n'y avait pas de cas dans la tranche d'âge de 0-4 ans. Notre série comportait 13 enfants de sexe féminin et 11 enfants de sexe masculin (sexratio = 0,84). L'étiologie principale était représentée par les néphropathies glomérulaires (18 cas, 75%), suivie des néphropathies interstitielles (2 cas, 8,33%) dont 1 cas de pyélonéphrite chronique et 1 cas d'uropathie obstructive d'origine bilharzienne, et enfin dans 4 cas, soit 16,67%, l'étiologie n'a pas été retrouvée. Les patients en IRC non terminale ont reçu les traitements suivants : 2 patients qui présentaient un syndrome néphrotique corticorésistant ont été mis sous Cyclophosphamide (1mg/kg/j) par voie orale et le 3è me patient qui avait une uropathie obstructive d'origine bilharzienne a bénéficié d'un traitement chirurgical. Seulement 5 patients sur les 21 en IRC terminale (23,8%) ont pu bénéficier de l'hémodialyse chronique comme traitement substitutif. La transplantation rénale n'a été effectuée chez aucun patient. En ce qui concerne l'évolution des patients en IRC non terminale : le patient porteur d'uropathie obstructive bilharzienne a été perdu de vue. Les 2 autres présentaient une augmentation progressive de la créatininémie dans le temps. Les décès sont survenus après un délai moyen de 8,8 mois (2-24 mois) après le début de l'hémodialyse. L'insuffisance cardiaque était la principale cause de décès (3 cas/5). 19 LAGOU D.A., GNIONSAHE D.A., TIA W.M. Figure 1 : Courbes d'évolution de la créatininémie chez les 2 patients en IRC non terminale présentant un syndrome néphrotique cortico-résistant. On notait une augmentation progressive de la créatininémie. Douze patients en IRC terminale ont été perdus de vue. 4 sont décédés sans traitement spécifique. La durée du traitement et les causes de décès des 5 patients hémodialysés sont présentés dans le tableau n°1. Tableau n° I : Causes et délais de survenue du décès des patients en hémodialyse Délais de survenue après le début de la mise en hémodialyse (mois) Patients Causes du décès N°1 Septicémie 4 N°2 Insuffisance cardiaque 12 N°3 Insuffisance cardiaque 2 N°4 Arrêt de la dialyse 2 N°5 Insuffisance cardiaque III- DISCUSSION L'incidence et la prévalence de l'IRC globale chez l'enfant ne sont pas encore clairement connues. Il existe peu de données à ce sujet. Les enquêtes menées en Occident et rapportées par l'Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation Rev. Int. Sc. Méd. Vol. 8, n°2, 2006, pp. 18-22 © EDUCI 2006 24 en Santé (ANAES)1 indiquaient une incidence de l'ordre de 7,7 à 10,5 enfants/million d'enfants de moins de 16 ans par an avec une prévalence de 21 à 29 cas/million d'enfants par an. En Afrique, Tabanne (12) en Tunisie a retrouvé une incidence de 5,28 cas/ million d'enfants entre 1979 et 1983. 20 L'insuffisance rénale chronique chez l'enfant en milieu hospitalier en côte d'ivoire : étude de 24 cas L'incidence de l'IRC au stade terminal chez l'enfant est publiée régulièrement en Europe de l'ouest et en Amérique du Nord. Les données sont issues des enquêtes ou des registres concernant les enfants qui suivent un traitement de suppléance par dialyse et transplantation 1. Cette incidence se situait entre 6 et 10 cas/million d'enfants/an et le nombre total d'enfants vivant grâce à un traitement de suppléance variait entre 34 et 53 cas/million d'enfants selon les pays. Nos chiffres qui traduisent la prévalence hospitalière dans le Service de Néphrologie du CHU de Yopougon sous estiment sûrement la réalité en Côte d'Ivoire. En effet, les enfants atteints d'IRC ne sont pas tous systématiquement pris en charge par ce service pour plusieurs raisons parmi lesquelles le manque d'information au niveau du personnel médical, l'absence de néphrologue pédiatre et l'absence d'une unité pédiatrique spécialisée pour la prise en charge de ces enfants. La forte prévalence de l'IRCT au moment du diagnostic chez nos patients (87,5% des cas) est liée au fait que les patients sont adressés au service de néphrologie à un stade avancé de l'IRC. Ce retard dans la prise en charge pourrait être le fait de plusieurs facteurs dont le retard dans la fréquentation des structures sanitaires, le retard au diagnostic, la mauvaise orientation et/ou l'orientation tardive des patients et enfin le mauvais suivi des patients porteurs d'affection rénale dans les structures sanitaires non spécialisées. L'âge moyen de nos patients au moment du diagnostic de l'IRC était de 12,91 2,34 ans (8-15 ans) et la répartition selon l'âge a retrouvé une prédominance des cas dans la tranche d'âge de 10 à 15 ans (83,33%), ce qui est conforme aux autres études1,2, 10. Par contre , l'absence de cas entre 0 et 4 ans est inhabituelle comparativement aux autres études et pourrait s'expliquer par la taille réduite de notre échantillon. En effet les enfants âgés de moins de 5 ans représentaient 17%,23% et 25% des cas respectivement en France en 1981 2, en République fédérale d'Allemagne 10 et en Tunisie 12. La prédominance féminine dans notre série n'est pas retrouvée dans les autres études où le sex-ratio est habituellement voisin de 15,12. L'étiologie de l'IRC a été identifiée dans 20 cas (80,33%). Les néphropathies glomérulaires représentaient la principale étiologie de L'IRC de l'enfant dans notre étude avec une fréquence de 75%. Nous n'avons pas étudié leur répartition selon le type histologique car la biopsie rénale Rev. Int. Sc. Méd. Vol.8, n°2, 2006, pp. 18-22 © EDUCI 2006 n'a pas été effectuée. En Tunisie, T ABANNE12 a retrouvé aussi une prédominance des néphropathies glomérulaires dans sa série avec 28% des cas. En Occident1,3,5,6,7 par contre, ce sont les malformations des reins et des voies urinaires qui viennent en tête. La fréquence élevée des infections notamment streptococciques pourrait expliquer le pourcentage élevé des glomérulopathies dans l'ensemble des causes de l'IRC dans notre série. Un meilleur contrôle de ces infections pourrait réduire la fréquence des glomérulopathies et donc de l'IRC comme cela a été noté par divers auteurs occidentaux cités par BROYER 2. En effet, dans ces pays les glomérulopathies représentent un groupe de facteurs étiologiques en diminution dans l'ensemble des causes de l'IRC de l'enfant et sont classées actuellement en deuxième position après les malformations des reins et des voies urinaires3. Par ailleurs, C OFFI 4 en Côte d'Ivoire, a révélé la fréquence élevée des affections glomérulaires (87,5%) parmi les autres affections rénales. Il serait donc important de préciser l'épidémiologie des affections glomérulaires, d'établir leur relation avec les infections streptococciques ainsi que toutes les mesures prophylactiques qui en découlent. L'absence de malformation des reins et des voies urinaires, et des néphropathies héréditaires dans notre série contrairement aux autres auteurs5,9,10,12 pourrait s'expliquer, outre la taille réduite de notre échantillon, par un défaut de diagnostic vu le stade avancé de l'IRC chez la plupart de nos patients et enfin par l'absence d'une stratégie de recherche systématique de ces affections à un stade précoce en milieu hospitalier en Côte d'Ivoire. En ce qui concerne l'évolution des patients, les 5 patients mis en dialyse sont tous décédés dans un délai moyen de 8,8 mois (2-24 mois), soit un taux de survie nul à 2 ans. En Europe, la mortalité en dialyse chez l'enfant est faible 7,8. Le taux de survie est de 95% à 2 ans. La cause principale du décès dans notre étude était l'insuffisance cardiaque. Elle s'explique par la décompensation d'une myocardiopathie liée à l'HTA et aggravée par l'anémie. L'érythropoïétine actuellement disponible pour les enfants dialysés devrait résoudre ces problèmes comme l'a confirmé SINNASSAMY11. Le nombre élevé de patients IRCT perdus de vue (12/21) et ceux décédés (4/21) sans avoir pu bénéficier de la dialyse rend compte des difficultés d'accès au traitement de suppléance en Côte d'Ivoire à cause de l'insuffisance de postes de dialyse dans le seul centre public, du coût élevé de la dialyse dans les 21 LAGOU D.A., GNIONSAHE D.A., TIA W.M. structures privées et enfin de l'absence de couverture sociale chez la plupart de nos patients. Chez les patients en IRC non terminale, l'absence de donnée histologique ne permet pas de se prononcer sur l'évolution ultérieure de la fonction rénale. Toutefois, l'observation biologique peut permettre de dire qu'à long terme ces enfants vont évoluer vers le stade terminal. CONCLUSION Cette étude sur l'IRC de l'enfant en milieu hospitalier en Côte d'Ivoire nous a permis de nous rendre compte des problèmes qu'elle pose. L'IRC représentait 17,39% des pathologies des enfants. Parmi ces patients, 21, soit 87,5% étaient en IRC terminale. L'âge moyen de nos patients était de 12,91 ± 2,34 ans (8-15 ans). 23,8% ont pu bénéficier de l'hémodialyse chronique comme traitement substitutif. La transplantation rénale n'a été effectuée chez aucun patient. En effet, la prise en charge tardive dans le service de néphrologie, l'absence de néphrologue pédiatre, les difficultés d'accès au traitement par dialyse, et l'absence de possibilités de transplantation rénale actuellement en Côte d'Ivoire sont autant de raisons qui grèvent le pronostic de cette affection chez l'enfant. De ce fait, il s'avère indispensable de mettre l'accent sur les moyens préventifs, le diagnostic précoce et le traitement adéquat des affections rénales chez l'enfant. Il faudrait aussi former des néphrologues pédiatres et mettre en place une structure spécialisée de prise en charge de ces enfants. Dans tous les cas, la réhabilitation de l'enfant en IRC en Côte d'Ivoire doit passer nécessairement par la mise en œuvre de la transplantation rénale qui est le meilleur traitement de l'IRCT de l'enfant. Rev. Int. Sc. Méd. Vol. 8, n°2, 2006, pp. 18-22 © EDUCI 2006 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1- Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé (ANAES). Recommandations pour la pratique clinique : Indication de l'épuration extra rénale dans l'insuffisance rénale chronique terminale (Aspects pédiatriques de la dialyse et la transplantation rédigés par C. Loirat). Néphrologie, 1997 ; 18 : 6 (N° Spécial) 2- BROYER M. Fréquence et causes de l'insuffisance rénale chez l'enfant. In : Néphrologie Pédiatrique, Paris : Flammarion, 1983 : 425-430. 3- BROYER M. Insuffisance rénale chronique. Encycl. Méd. Chir. (Paris- France). 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