Tailleur de pierre
Transcription
Tailleur de pierre
9 24 heures | Vendredi 8 mars 2013 Formation En collaboration avec le Centre patronal et la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie Avenir assuré Le travail à la boucharde, pour piquer légèrement la surface. L’apprenti avec un marteau pneumatique. En pleine action à la «reparoi» sur une surface lignée Aubonsoindesfaçades Apprenti tailleur de pierre, Rayan Koch adore le toucher de cette matière. Mais le métier demande du physique L e hasard des recherches sur internet a conduit Rayan Koch chez un tailleur de pierre, après des stages peu concluants en menuiserie et en électricité. «J’y ai découvert un toucher de la matière qui m’a plu. J’adore ça», confie-t-il aujourd’hui, en troisième année d’apprentissage chez Lachat et Fils SA à Crissier. Rayan, 17 ans, enchaîne ainsi les chantiers de rénovation d’immeubles anciens et de restauration de monuments historiques. Taille de blocs, façonnage de moulures ou d’éléments ornementaux, pose de pièces, jointoyage, rhabillage et finitions l’amènent à travailler la molasse à 90%, un grès tendre argilosilicieux employé pour bâtir les façades. Le moment que je préfère La taille, qui représente le mieux notre métier. Egalement les finitions, qui déterminent le rendu final de la pierre voulu par le client: le rabot (surface lisse), le reparoir (surface lignée), le bouchardage (surface légèrement piquée). Le moment que j’aime le moins: Le ravalement. Enlever la pierre pulvérulente des façades, parfois sur 1 à 2 cm, afin de retrouver un parement sain est fastidieux et génère beaucoup de poussière. On s’y colle surtout l’hiver, lorsque la pose de pierre sur le chantier est rendue impossible à cause du froid – le mortier gèle! Pour faire ce métier, il faut: Aimer les métiers manuels en extérieur, bien sûr, ne pas souffrir du vertige et posséder une bonne condition physique. On a déjà dû poser des pier- Rayan Koch utilise le maillet et le ciseau. PHOTOS ALAIN ROUÈCHE res de 200 kg, et même une pierre de 350 kg au château de Cheseaux. Deux treuils l’ont soulevée, mais il a fallu s’y mettre à plusieurs pour la pousser dans l’emplacement prévu… me permettra d’élargir mes compétences et de travailler sur tous les types de pierre – grès, calcaire, marbre, granit, gneiss. Puis, qui sait, ouvrir ma propre entreprise? Ma plus grande surprise: Je ne voyais pas la molasse aussi fragile, et pourtant c’est de la pierre. Mon conseil: Maintenir sa condition physique et commencer par le métier de tailleur de pierre – les compléments (marbrier, sculpteur) sont possibles par la suite, moyennant une année supplémentaire par métier. Camille Bozonnet Comment je me vois dans cinq ans: J’envisage une année supplémentaire pour être marbrier et encore une année pour devenir sculpteur, ce qui Informations pratiques Formation En apprentissage dual: 4 ans, 4 jours dans une entreprise, 1 jour de cours théoriques au Centre d’enseignement professionnel de Morges (CEPM), 35 jours de cours interentreprises. Plus Possibilité d’obtenir une maturité professionnelle qui donne l’accès à une HES. Possibilité d’effectuer un apprentissage complémentaire de marbrier(ère), U Président de la formation professionnelle, Daniel Lachat, tailleur de pierre depuis vingt-cinq ans, s’inquiète de l’absence de visibilité de son métier et, partant, du manque cruel d’ouvriers qualifiés: «Il n’y a actuellement qu’une vingtaine d’apprentis, répartis sur les quatre métiers de la pierre et les quatre années d’apprentissage! Or un bon tailleur de pierre ne sera jamais au chômage», affirme-t-il. Plusieurs raisons fondent cette «sécurité» de l’emploi: un savoir-faire ancestral de la taille à la main toujours recherché, parce que les machines ne peuvent être utilisées sur les façades de chantier et que 80% du métier s’exécutent sur les échafaudages en façade; une polyvalence qui permet de réaliser toutes les étapes de la restauration. Cependant, souligne Daniel Lachat, une grande vigilance est de mise. Aujourd’hui, certains corps de métiers liés à la construction essaient de récupérer certaines parties du métier. «Il nous faut donc être irréprochables et préserver notre savoir-faire. C’est pourquoi, martèle-t-il, le nerf de la guerre, c’est l’apprenti, la relève de demain. Alors oui, on travaille dur, à 90% en extérieur, dans la poussière. Mais pouvoir encore admirer le résultat de son travail des dizaines d’années après, c’est réellement beau, n’est-ce pas?» sculpteur(trice) sur pierre, marbrier(ère) du bâtiment, de poursuivre avec un diplôme fédéral de maître sculpteur sur pierre/marbrier, ou un bachelor of arts HES-SO en design industriel et de produits/HES en conservation. En chiffres Premier salaire: 68328 francs annuels selon la convention collective de travail. Pour en savoir plus: www.armp.ch et www.cepm.ch «On travaille dur. Mais pouvoir encore admirer le résultat de son travail des dizaines d’années après, c’est réellement beau» Daniel Lachat, maître d’apprentissage